[rps solos flashbacks] Fragments d'une vie paysanne

-- an 994 du Xe Cycle, il y a 17 ans --

- RAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAaaaaaaaaaaaah !

La jeune femme en plein accouchement poussait un nouveau cri, qui ressemblait plus à un brâme qu'autre chose. En sueur, ses longs cheveux blonds étaient collés sur son visage exténué. Une de ses mains s'accrochait au sommier du lit, tandis que l'autre broyait presque la main de son mari. Ce dernier, l'air déterminé mais inquiet, beaucoup plus vieux qu'elle, le crâne dégarni, l'encourageait.

- Courage chérie ! Encore un effort... notre bébé arrive...

Ses yeux gris inquiets allaient de sa femme à la prêtresse Nessala, qui était, comme toujours, soucieuse mais parfaitement concentrée. Elle avait accrochée ses longs cheveux blonds en chignon afin de ne pas se gêner dans ses gestes.

- Poussez madame. Je le vois.

- RAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH !

Contraction. On peut voir le gros ventre bouger alors que la mère pousse des gémissements et des sanglots, ravagée par la douleur.

- Nessala, qu'est ce que ca donne ? demande le père, de plus en plus inquiet.

Le cri d'un nouveau né lui répond, et un sourire illumine le visage des parents, alors que Nessala leur montre un bébé, hurlant, moche, humide, mais qui est à leurs yeux la plus belle créature du monde. Ne se départissant pas de sa flegme, la prêtresse coupe le cordon ombilical, avant de le présenter au père.

- Félicitation madame Gardair. C'est un garçon.

Elle le leur donne avec précaution. Le bébé se retrouve entre les mains énormes du pater, qui le présente à sa femme, en nage, qui sourit un peu bêtement.

- Il est magnifique...
- C'est enfin fini chérie...
- Je ne crois pas, non ?

Ils regardent Nessala d'un air surpris, et pour la première fois, la prêtresse sourit.

- Il y en a encore un autre.

La femme resta interdite. L'enfant était couché sur son sein, caressé par le père.

- Je... je le sens...
- Reposez vous. Il ne faut pas le faire à la suite. Savourez votre fils. Son frère ou sa soeur arrivera bien vite...

*****

Une demi-heure plus tard, les cris s'étaient tus. La ferme des Gardair, pour la première fois depuis le matin, était redevenue calme. La prêtresse sage-femme apporta la second enfant à la mère.

- C'est une fille. Félicitations encore. Ce sont de beaux enfants. Ils ont l'air en forme...

Elle donna l'enfant au père, qui, avec soin, le déposa contre la peau nue de sa femme. Un bébé sur chaque sein, elle caressa ces derniers de ses mains fatiguées. Les deux bébés semblaient d'être calmés, de façon presque surnaturelle. Lorsque la fille fut placée contre sa mère, le fils sembla s'exciter, et les deux jumeaux touchèrent leurs mains, maladroitement, avant de poser leurs mains l'une cntre l'autre, échangeant des babillements. La mère se mit à sangloter, touchée par la fraternité qui semblait déjà habiter ses deux enfants.

- Bienvenue chez nous...

Nessala déposa un linge blanc sur les bébés, avant de s'incliner.

- Je vais vous laisser entre vous. Je viendrais recueillir le placenta plus tard...

Elle sorti de la pièce, laissant l'homme et la femme ensemble, couvant d'un oeil fatigué les deux bambins, qui se regardaient avec fascination.

- Ils vont bien s'entendre... je le sens dit la Mère, qui caressait d'un air absent le crâne du petit. On reste sur les prénoms que nous avions décidés ?

- Oui... chuchota le père, comme s'il avait peur de réveiller les bébés qui hurlaient il y a quelques minutes. Lui aussi posa sa main sur les deux bambins.

- Bienvenue Grayle... Bienvenue Graïnne.