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 [Grandsalle] De la maîtrise des runes (solos)

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MessageSujet: [Grandsalle] De la maîtrise des runes (solos)   [Grandsalle] De la maîtrise des runes (solos) I_icon_minitimeVen 15 Jan 2021 - 13:12


Kÿrianos, septième ennéade de Favrius.
Premier mois du Printemps - An XVIII du cycle XI
Dans la Grandsalle des Scriberunes de Molgrunn.


Dix-sept. C’était le nombre d’ennéades qu’il avait fallu pour achever tous les travaux commandités par les runistes auprès de l’architecte envoyé par le Groman-Rik. Dix-sept ennéades, durant lesquelles les ouvriers construisirent d’abord la fameuse Tour des Archirunistes, avant de s’atteler aux agrandissements et ajouts à la Grandsalle des Scriberunes. Tour et Grandsalle étaient liées par un étroit corridor, mais l’entrée de la tour, elle, était tout à fait unique.

La salle d’entrée était circulaire, sur les trois-quarts de sa construction. Le corridor reliant la Grandsalle disposait d’une porte creusée dans cette partie circulaire, qui n’en n’interdisait donc nullement l’accès. L’entrée avait disposé de toutes les attentions de quelques-uns des plus formidables sculpteurs et graveurs de pierres. Les reliefs étaient magnifiques, brutes, et finement ciselés. Des runes rendaient hommage aux runistes passés, présents et à venir. D’autres, rendaient hommage à Yaron. Et pour lier tout cela, de magnifiques formes géométriques s’emmêlant, s’enchevêtrant, s’entremêlant. La partie droite – comprendre le dernier tier de mur qui n’était pas circulaire, mais aussi droit que les côtés d’un carré – elle, comprenait une porte. Mais pas n’importe quelle porte. Taillée dans le roc, elle disposait d’une serrure sans poignée. Une serrure carrée, peu profonde, dans laquelle aucune clé ne pouvait entrer. Au centre, légèrement luminescente, une rune interdisait l’entrée à quiconque n’aurait point la rune jumelle à présenter, laquelle était la seule capable de déverrouiller les lieux. Seuls les archirunistes du conseil nouvellement reformer, pouvaient posséder cette rune, et entrer dans la tour.

La tour, d’ailleurs. Moins une tour qu’un puit, diraient les autres races, puisqu’elle s’enfonce dans le sol plutôt que de s’en extraire et de toiser les cieux. Mais pour un peu troglodyte adepte des pierres et des profondeurs, il s’agit bel et bien là, d’une tour.

Sitôt passée l’étrange porte d’entrée, on se retrouve au niveau zéro de la tour. Là, il s’agit surtout d’espaces communs, de peu de conforts, menant aux étages inférieurs où se déroulent alors toutes les choses intéressantes. Au premier étage, on trouve une bibliothèque correctement agencée, contenant quelques-uns des savoirs runiques les mieux gardés, les plus secrets, les plus sombres, ou les plus impressionnants. Une des curiosités qui trône en ce lieu : la plaque gravée de runes qui servit de cœur à un des golems de roc qui sévit à Almis, durant l’épisode des Mares Noires. Offerte par la Narundi d’Almis, Inga Chante-Roche, Yggdar s’était promis à lui-même – autant qu’à la Narundi – d’étudier les runes afin d’en percer les mystères. Mais la magie, qui fut si sombre – le golem manqua de détruire la cité toute entière – ne devait point être offerte à la vue de tous. Et la tablette, bien que brisée, était donc gardée en lieu sûr.

Le second étage, était la salle du conseil des archirunistes. Dotée d’un confort tout à fait agréable pour les vieux postérieurs des runistes qui y siègent – tous âgés de plus de deux siècles, certains approchant le troisième – on trouve, trônant sur un piédestal, un exemplaire du Thinthrynaz, la « Loi du Silence », le code des runistes. Tout autour de l’immense table rectangulaire, les murs sont recouverts d’alcôves et de meubles accueillants des vélins et des tablettes inscrites de runes. Mais point magiques cette fois : ces runes, ces vélins, ces tablettes, étaient les comptes-rendus et les archives de ce nouveau conseil, ainsi que toutes celles qui furent retrouvées lors des travaux à Kirgan, ou celles possédées par les nouveaux archirunistes, ou partagées par les clans de la cité. Un véritable travail de rassemblement des savoirs, des témoignages et des écrits.

Et enfin, un dernier étage. Un luxe, si l’on pouvait dire. Car cet étage était réservé… A Yggdar Frappe-Rune. Un présent, un gage en nature, pour celui qui avait fait tant et tant pour la cause runique, et celui qui était un des derniers archirunistes de ce monde. Une chambre spacieuse, agréable, pour ses vieux os. Si agréable… Qu’il n’en sortait presque plus !
 

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MessageSujet: Re: [Grandsalle] De la maîtrise des runes (solos)   [Grandsalle] De la maîtrise des runes (solos) I_icon_minitimeSam 16 Jan 2021 - 22:28

Kÿrianos, septième ennéade de Favrius.
Premier mois du Printemps - An XVIII du cycle XI
Dans la Grandsalle des Scriberunes de Molgrunn. [suite]


La nouvelle Grandsalle des Scriberunes. Si elle n’était point capable, en aucune manière, de rivaliser avec l’ancienne Grandsalle qui exista jadis à Kirgan, avant le Voile, elle avait au moins le mérite d’avoir bénéficié de toutes les attentions des runistes, et des ouvriers.

Plusieurs salles furent rajoutées. Des salles d’études, des salles de travail, de petites salles dédiées à des entretiens privés entre maître et apprenti, ou entre archiruniste et quiconque viendrait puiser dans ces puits de savoirs, la volonté était claire : les savoirs devaient être collectés, et dispensés aux futurs runistes. Le renouveau des rangs runistes devait être favorisé par le retour de la Voie du Mentor, disparue en toute ou partie depuis l’Ire de Mogar.

Les murs des salles communes de la Grandsalle, et des salles préexistantes, étaient creusés à même la roche. Une multitude d’alcôves se trouvaient du sol au plafond, possédant chacune plusieurs étages horizontaux sur lesquels s’empilaient des tablettes en pierre, en argile, en marbre, en granit, en pierre-ponce et autres éléments telluriques, gravées de runes renfermant certains savoirs, des plus communs aux plus spécifiques. D’autres alcôves, elles, formaient un « X » de plus ou moins grande taille. Cette disposition, en forme de croix, permettait d’accumuler les vélins les uns sur les autres.

Car ils furent nombreux – autant qu’ils purent l’être dans cette petite ville – les runistes à jouer le jeu du rassemblement. Les moins prompt au partage, gravèrent plusieurs tablettes et écrivirent plusieurs vélins, dispensant quelques savoirs « communs » dans le monde des runes, des choses sans secret, les fondements même de l’art. D’autres, plus prompts au partage encore, conscients des enjeux, de leurs rôles, de leurs tâches de conservation du savoir, acceptèrent d’en livrer plus encore, consignant – gravant ou écrivant – le patois de leurs clans, des runes simples ou complexes inventées, propres à leurs clans, leurs magies, leurs maîtrises. Quelques-uns encore – une petite poignée seulement, à peine autant que les doigts d’une seule main – poussèrent l’abnégation, et le sacrifice, jusqu’à offrir à la Grandsalle quelques-unes des tablettes et quelques-uns des vélins parmi les plus anciens, et les plus secrets de leurs propres clans. Des écrits, des témoignages qui, jusqu’ici, reposaient dans les coffres-forts des loges des clans runistes, dont les runes ne devaient être lues que par les anciens de ces mêmes clans.

Répondre aux appels des runistes de Molgrunn, ne fut point chose évidente. Et d’ailleurs, cette mission demeure encore ô combien difficile. Car parmi tous les Nains, les runistes demeurent les plus secrets, les plus opiniâtres, les plus obtus et les moins compliants. Partager leurs savoirs, laisser autrui accéder aux secrets, aux maîtrises, aux patois, aux sorts et runes uniques créées par un clan, était presque impossible. Car tout cela – les savoirs, les patois et les autres choses – étaient propres à un clan, et ils étaient gardés et sauvegardés avec la férocité, la jalousie et l’opiniâtreté d’un grand dragon gardant ses œufs.

Cette mission fut encore moins évidente, que le conseil des archirunistes n’avait toujours pas été reformé. Véritable entité dirigeante, fédératrice dans le monde des runes, son inexistante sapait toutes les chances d’obtenir une collaboration des clans de runistes du Zagazorn, qui refuseraient de répondre à l’appel d’un « simple » maître runiste. Quand bien même ce maître runiste, à l’origine de l’appel, fut un maître forgerune, un des derniers de ce monde.

Mais aujourd’hui, le conseil des Archirunistes avait été reformé. Plusieurs barbes et bavettes, parmi les plus vieux, les plus expérimentés, et les plus perfectionnistes dans leurs arts, siégeaient dorénavant, faisant renaître la seule entité de pouvoir dans le monde des runes. Avec la renaissance du conseil, le « Thinthrynaz », littéralement la « Loi du Silence », redevenait le code d’honneur des runistes, que tous devaient appliquer. Et avec la renaissance de ce conseil, le monde de runistes bénéficiait enfin d’une réelle autorité fédératrice et exécutive, car personne, pas même le Groman-Rik du Zagazorn, ne pouvait ordonner à un runiste de partager un quelconque savoir. Seul le conseil des Archirunistes pouvait avoir ce pouvoir sur ses ouailles. Et le voici, renaissant.

Un nouvel âge pour le monde des runes.
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MessageSujet: Re: [Grandsalle] De la maîtrise des runes (solos)   [Grandsalle] De la maîtrise des runes (solos) I_icon_minitimeLun 18 Jan 2021 - 8:28

Arcamenel, huitième ennéade de Favrius. Premier mois du Printemps – An XVIII du cycle XI.
Dans la bibliothèque de la tour des Archirunistes.


Yggdar était seul, dans cette bibliothèque au premier étage de la tour des Archirunistes. Seul, au milieu de toutes ces étagères, de toutes ces alcôves où trônent des dizaines, peut-être même des centaines de vélins de scribes et de tablettes gravées. Tous les archirunistes n’étaient pas toujours présents au cœur de cette tour, contrairement à Yggdar, qui y avait ses propres quartiers, au dernier étage de la tour. Aussi se retrouvait-il souvent seul, perdu au-delà des rivages et du temps, les heures se confondant, les jours et les nuits disparaissant pour ne faire plus qu’un long et unique espace-temps, temps durant lequel il s’adonnait à sa passion, à son art : celui des runes.

Seul, dans cette bibliothèque fournie, qui recevait de nouveaux vélins et de nouvelles tablettes presque quotidiennement, Yggdar apprenait. Il étoffait sa propre culture des runes. Grâce au partage des autres runistes, la somme des savoirs collectés dans cette bibliothèque – et encore plus dans toute la nouvelle Grandsalle des Scriberunes – le forgerune élémentaliste du feu et de la terre, pouvait peaufiner ce qu’il savait déjà des éléments du vent et de l’air. Son but ? Devenir un élémentaliste confirmé, et pouvoir forger des runes des quatre éléments. Une toute nouvelle maîtrise, digne d’un archiruniste.
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MessageSujet: Re: [Grandsalle] De la maîtrise des runes (solos)   [Grandsalle] De la maîtrise des runes (solos) I_icon_minitimeMer 24 Mar 2021 - 13:46


Arkuisa, 1ère ennéade de Bàrkios, second mois du Printemps – An XVIII du cycle XI.
Dans la Grandsalle des Scriberunes de Molgrunn



Trois ennéades complètes. Trois ennéades qu’Yggdar, Zagaskroni du clan Frappe-Rune, œuvrait sans relâche à parfaire ses connaissances sur la magie des éléments. Le maître des runes de terre et de feu, désirait être aussi le maître de l’eau et du vent. Le but ? Devenir un élémentaliste complet, un élémentaliste de qualité, et forger les armes et les armures les plus puissantes de ce monde. A côté, la hache forgerunée forgée pour feu Hardrek Poing-de-Fer, serait une vulgaire brindille. En tant qu’archiruniste, et un des derniers forgerunes de ce monde, Yggdar désirait être à la hauteur.

Les nains – et plus particulièrement les runistes – sont des créatures difficiles à suivre, et pour lesquels la confiance s’érige parfois en trésor, en joyau même. La quête des savoirs nécessite plus encore qu’une nouvelle Grandsalle des Scriberunes, et le renouvellement du conseil des Archirunistes. Il faut des héros, des runistes qui peuvent faire naître toute la confiance, la plus grande confiance, et que les runistes – les nains les plus obtus et les plus fiers qui soient donc – puissent se reposer sur quelqu’un. Une image, des hauts faits, une réputation… Et là, seulement là, les savoirs couleraient à nouveau à plein torrents et les vélins, les tablettes et les témoignages, inonderaient la nouvelle Grandsalle, comme ils inondaient l’ancienne Grandsalle des Scriberunes de Kirgan, qui comptait 11 000 ans de savoirs, de runes, de patois et d’expériences des runes naines.

Alors, Yggdar lisait les tablettes et les vélins. Il les lisait, les décryptaient encore, et encore, et encore.


Dernière édition par Yggdar Frappe-Rune le Mar 14 Sep 2021 - 23:00, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: [Grandsalle] De la maîtrise des runes (solos)   [Grandsalle] De la maîtrise des runes (solos) I_icon_minitimeMar 30 Mar 2021 - 16:06


8ème ennéade de Bàrkios, second mois du Printemps – An XVIII du cycle XI.
Dans la Grandsalle des Scriberunes de Molgrunn.

Le mariage royal avait été une pause bienvenue pour l’esprit de Yggdar. Oh, il adorait faire son rat de bibliothèque, passer d’innombrables heures à lire et relire les vélins écorchés par les multiples manipulations des précédentes lectures, enorgueillis par les témoignages d’anciens auteurs, d’anciens runistes annotant les résultats d’expériences ou leurs nouvelles trouvailles, brunis par le temps qui passe. Il adorait aussi lire les tablettes gravées aux poinçons, qui, souvent, recélaient des savoirs plus anciens encore. Les dogmes de Yaron rythment la vie de Yggdar, et le Scribe a dit qu’il fallait accueillir la connaissance et les savoirs comme on accueille la Braise-Vie, et que la connaissance devait être un secret du peuple Nain, mais sauvegardée à tout prix par celui-ci, consignée, et perpétuée, pour qu’elle puisse perdurer au travers des âges. Et, après la perte de la Grandsalle des Scriberunes de Kirgan, cet adage prenait encore plus de sens et de vérité.

Yggdar travaillait au sein de la Grandsalle des Scriberunes, depuis plusieurs heures déjà. Combien ? Il ne pourrait le dire précisément, pas plus que Yaknüt, qui partage de plus en plus ses journées – et ses nuits – de recherches. L’ancien du clan Frappe-Rune, âgé de 271 ans, s’était donné pour mission d’aider Yggdar dans sa quête d’achèvement de sa maîtrise des éléments. Maître du feu et de la terre, très initié aux éléments de l’eau et de l’air, Yggdar devait tout de même poursuivre certaines phases de son perfectionnement, et Yaknüt pouvait l’y aider. Et le vieux nain s’y employait corps et braise-vie.

Face à Yggdar, Yaknüt regardait avec une curiosité tout à fait Naine, les runes que le Zagaskroni du clan dessinait sous ses yeux sur un vélin corné. Après avoir passé des ennéades et des ennéades à lire, relire, et rechercher des savoirs, des écrits, des explications du passé, après avoir passé des nuits entières à échanger avec quelques-uns et quelques-unes des plus éminents runistes de ce monde, après avoir discuté tant et tant autour de ces tables de pierres, au-dessus de vélins et de tablettes éclairées par les flammes dansantes des torches et par les pulsations lentes et douces des runes de lumière, Yggdar était maintenant prêt à dessiner les runes d’eau et d’air, dans son propre patois, en plus de celles qui existaient d’ores-et-déjà, empruntées ou gracieusement cédées par des clans volontaires et bienveillants.
« Hmm… » Huma Yaknüt, regardant avec toute l’expertise d’un runiste, le tracé des runes qui prennent forme devant lui. « Non, Yggdar, non. Regarde, ce trait. Il y a une imperfection, juste ici. » Il pointe du doigt la fameuse zone, avant d’en pointer une seconde. « Et ici, je pense que cette partie de la rune n’est pas viable. Elle dénature le sort qui y est renfermé. Si je la gravais dans une arme, le sort s’estomperait à la première utilisation. Réessaie. »

Yggdar, comme à son habitude, grogna et gronda dans sa barbe. Déplaçant le vélin de ses doigts cornés, il choisit une zone laissée libre, et il recommence son tracé. Le vieux forgerune se transforma alors en l’enfant apprenant à dessiner des traits sans interruption, sans déformation ni sans imperfection. Les mires du vieillard s’écarquillent avant de s’affaisser sous l’assaut des sourcils broussailleux. Les pupilles se font alors plus petites, signe d’une intense concentration cérébrale, alors que sa respiration se fait plus lente, plus posée, plus contrôlée. Malgré sa vieillesse, ses douleurs articulaires, le vieux Dawi est parfaitement immobile. Tracer des runes dédiées à l’écriture basique ne prend point autant de temps d’ordinaire. Tracer des runes de feu ou de terre, qu’il maîtrise parfaitement, dans le but de créer des sorts, ne prend que quelques minutes. Mais ici, les runes sont des runes d’air et de vent, des éléments qu’il connait, qu’il peaufine, et dont il approche la perfection.

Les minutes défilent, mais le bon Yaknüt reste patient. Son sourire se dessine, s’étire et se rétracte, à mesure que la pointe de graphite tenue par le Rhunki dépose sur le vélin les traits d’une rune qui est sur le point d’être maîtrisée. Et finalement, toutes ces recherches, tout ce travail, fini par payer.
« Et voilà ! Parfaite ! Cette rune est tout simplement parfaite ! Si elle était déposée avec de la Yaronite, nous aurions été électrisés tous les deux sur place ! Dit Yaknüt devant un Yggdar satisfait, croisant les bras devant son travail enfin achevé. Beau travail Yggdar ! Te voir à l’œuvre est un privilège ! »
« Et c’est un privilège que d’œuvrer avec toi. Notre clan peut être fier de voir tout cela ! Et j’ai grande hâte de forger cette rune. Un marteau projetant de puissants éclairs serait une arme grandiose ! Puisse Yaron guider ma pogne durant ces futures ennéades de travail ! »

Ce n’était qu’un tracé, bien-sûr. Le tracé d’une rune complexe, qui, si elle était un jour correctement forgerunée au cœur d’une arme, provoquerait des dégâts impressionnants dans les rangs adverses. Si cette arme n’avait point de propriétaire encore décidé, elle en trouverait un, un jour, lorsqu’il le faudrait.


Dernière édition par Yggdar Frappe-Rune le Mar 14 Sep 2021 - 22:58, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: [Grandsalle] De la maîtrise des runes (solos)   [Grandsalle] De la maîtrise des runes (solos) I_icon_minitimeDim 30 Mai 2021 - 18:43


7ème ennéade de Verimios, Premier mois de l’Eté – An XVIII du cycle XI.
Dans le quartier des Forges – La Forge d’Yggdar.

La chaleur était étouffante. Le feu rougeoyant du foyer éclairait le moindre recoin de la forge d’Yggdar, les flammes devenant plus rouge encore à chaque mouvement du soufflet. Le vieux forgerune, qui allait bientôt atteindre sa 253ème année d’existence – alors que l’an XIX approchait à grands pas – se trouvait là, derrière sa forge. Habillé d’un long, large et épais tablier de cuir roussi par des décennies de labeur, sa barbe correctement nouée en une seule longue tresse afin de la protéger derrière le tablier, le vieux Rhunki était à l’œuvre depuis plusieurs ennéades déjà.

Cela faisait des jours qu’il frappait ce morceau de métal d’une très grande qualité. Un acier trempé, plusieurs fois rabattu sur lui-même afin d’en augmenter l’épaisseur, et le mélange des atomes, le rendant plus solide que n’importe quel autre métal de la même sorte. Le foyer était si brûlant, que le métal chauffé à blanc dans le premier creuset avait été purifié de toutes ses impuretés, et chaque coup de marteau ne produisait presque aucune étincelle. Point d’étincelle, cela signifiait point d’impureté à extraire du métal, et donc, une future arme d’exception.

Les plis et les replis ainsi martelés se formaient et se déformaient, la lame s’épaississant, avant d’être coupée, pliée sur elle-même, et de nouveau allongée et affinée par des centaines de coups de boutoirs. D’un épais mais petit lingot de métal, le vieux forgeur de runes produisit un marteau de guerre. Une tête carrée et épaisse d’un côté, contrebalancée – en son poids notamment – par une tête ronde, à l’opposée. Un moyen de garder un équilibre parfait, mais aussi de pouvoir multiplier les sources de frappes. Car après tout, même runé, un marteau reste un marteau !

Car là était un des caractères qui faisait des forgerunes, des êtres exceptionnels. En plus d’être des runistes d’exception, ils étaient des artisans à la renommée dépassant toutes les pensées et les imaginations. Un apprentissage strict, rude, et long, leur avait permis de maîtriser les runes et la forge, un artisanat et l’éther, une double compétence rarissime mais ô combien puissante. Dans tout le Zagazorn, on recherchait avec avidité et respect les compétences des forgerunes, y compris les maîtres forgerons, désireux de peaufiner leurs techniques de forges.

Le marteau prenait forme, de jour en jour. Nanillons, Altrommi et vieilles barbes, se pressaient chaque jour devant la forge d’Yggdar, pour observer le maître à l’œuvre. Personne, à dire vrai, ne comprenait comment les choses se déroulaient, mais ils en étaient les témoins privilégiés, et rien que pour cela, ils rendaient hommages et prières à Yaron le Scribe.

Les jours passaient, et alors que l’arme prenait forme, il fut bientôt temps d’employer cette double compétence si unique. L’arme n’était point encore totalement prête, mais suffisamment pour que le processus de forgeage des runes puisse débuter. Une forge, dans la forge. Un forgeage, dans le forgeage. Alors que le marteau faisait grandir la lame, lui donnait sa forme, les outils runés – car il fallait des outils déjà forgerunés pour pouvoir réaliser cela à son tour – venaient forger les runes au cœur de la lame incandescente. Un double forgeage.

Mais ce qui arrivait souvent, arriva à nouveau. Nombreux sont les échecs vécus par les forgerunes. Forger des runes au milieu de la création d’une arme, demande une grande habileté, et un immense savoir-faire : faire grandir la lame sans dénaturer les runes, forger les runes sans affaiblir la lame… Entre autres choses autrement plus complexes encore.
« Kruti ! » Hurla alors Yggdar, laissant choir l’arme rougeoyante sur son enclume. « Les runes sont dénaturées. Par Yaron ! Je dois tout recommencer ! »

Enervé, il l’était. Il venait de passer presque un mois complet sur cette arme, quand l’échec survint. Tout ce temps, tous ces efforts, tout ce métal… Pour rien. Enfin non, pas pour rien : pour l’apprentissage. Car les runistes apprennent tout au long de leurs vies. Mais un échec reste un échec… Et en cet instant, personne n’osait venir réconforter le très énervé forgerune…

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MessageSujet: Re: [Grandsalle] De la maîtrise des runes (solos)   [Grandsalle] De la maîtrise des runes (solos) I_icon_minitimeMar 14 Sep 2021 - 22:57


8ème jour de la 6ème ennéade de Karfïas, second mois de l’Eté – Année XIX du cycle XI.
Dans le quartier des forges de Molgrunn – La forge d’Yggdar.




La colère, le flamboyant et ô combien impétueux Yggdar l’avait ressentie pendant plusieurs jours, après la perte de son début de marteau de guerre. Après un mois d’un travail acharné, le métal s’était tordu sous la chaleur, et une rune avait été dénaturée. Cette dénaturation fut trop profonde, trop expressive, pour qu’elle puisse être retravaillée et reformée. Yggdar aurait pu essayer, durant des jours et des jours, mais il aurait tout au plus la retravailler juste ce qu’il fallait pour que le sort puisse tenir quelques temps. Peut-être quelques jours, peut-être quelques années… Mais tôt ou tard, le sort finirait par imploser, ou exploser, mais dans les deux cas, le porteur de l’arme ne pourrait s’en sortir en vie, tant le sort enfermé était puissant.

Alors, il avait tout abandonné. Il avait détruit sa propre création, le laissant fondre à nouveau dans les flammes bleutées d’une forge excessivement chaude. Le métal fondit, encore et encore, et Harald pu en faire un nouveau lingot, sans runes. Et, une fois la colère dépassée, le forgerune se remit au travail. Mais pas seul.

Yörl, son propre fils, avait décidé de l’épauler dans cette création qui allait sans doute être la plus difficile et la plus osée de la vie d’Yggdar. Rarissimes sont les armes créées pour renfermer un sort produisant des éclairs. Car ce sont des runes complexes, parce que le sort extrêmement puissant peut être létal pour le porteur de l’arme. Il n’en existe que très peu, et la plus puissante d’entre elle allait sans doute être celle de Yggdar Frappe-Rune, un des derniers forgerune du monde.

Connaissant le tempérament flamboyant de son paternel, Yörl s’était donné pour mission d’essayer de le contrecarrer. A chaque fois que le vieux runiste pestait, Yörl était là pour lui servir un peu de bière, pour apaiser sa fougue, ou tout simplement… Pour râler avec lui. Car le fils savait que les phrases basiques, du style « Ne t’énerve pas » avaient l’effet tout à fait inverse, et ravivaient la flamme avec autrement plus d’intensité ! Alors qu’au contraire, râler avec Yggdar permettait à ce dernier de relativiser, ou simplement d’évacuer sa frustration assez rapidement pour qu’il se remette d’autant plus vite à l’œuvre.

Huit ennéades plus tard, l’ancien lingot transformé en marteau puis retransformer en lingot, avait maintenant une forme suffisamment satisfaisante pour pouvoir être forgeruné. S’emparant de ses outils, eux aussi exceptionnels, le vieux Rhunki s’attela à l’immense tâche. Patiemment, méticuleusement, professionnellement, il frappait de son marteau les minces poinçons avec une précision chirurgicale, forgeant au cœur du forgeage, ces runes qui jamais ne s’éteindront. Il en avait pour des jours, des ennéades encore… Ce n’était qu’un début… Mais au moins, cette fois, la première étape semblait réussir !
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MessageSujet: Re: [Grandsalle] De la maîtrise des runes (solos)   [Grandsalle] De la maîtrise des runes (solos) I_icon_minitimeJeu 14 Oct 2021 - 11:50


6ème jour de la 8ème ennéade de Favriüs – Premier mois de l’Automne – Année XIX du cycle XI.
Dans le quartier des forges – Forge d’Yggdar Frappe-Rune.




L’art de la forgerune. Un art ancestral, à part entière. Un art qui, dans le monde des Nains, était aussi exceptionnel qu’il était auréolé d’une lumière étincelante, d’un honneur immense, d’un respect incommensurable. De tous temps, ils furent peu nombreux, les Nains et les Naines suffisamment braves, patientes et érudits, suffisamment ouverts à l’art de l’Ether, pour pouvoir entamer l’apprentissage du forgeage des runes. De tous temps, l’on pouvait compter le nombre de forgerune sur les doigts de quelques mains, même aux temps jadis, lorsque la population Naine était débordante de vie, et possédait son nombre plein et entier. De tous temps, les forgerunes jouissaient d’une place bien à part dans al population naine, y compris celle des runistes. De tous temps, leurs créations inspiraient le respect, et les yeux des Nains qui pouvaient se poser, et plus encore ceux qui pouvaient manier de telles créations forgerunées, étaient toujours empli de la même surprise, de la même émotion.

L’art de forger les runes est un art ô combien difficile. L’initié doit maîtriser l’art de la forge. Puis, lorsque cet art-ci est suffisamment maîtrisé pour que l’on ne soit point enclin à douter de la solidité d’une pièce forgée, l’initié doit apprendre le tracé des runes. Le patois de son clan, ou de son maître, qu’il doit ensuite transcrire encore et encore. Une fois le tracé maîtrisé, l’initié peut alors apprendre l’art du forgeage des runes, au cœur du forgeage du métal. Au sein du métal rougeoyant, le forgerune modèle, forge et fait naître des runes qui, jamais, pas même au moindre coup de marteau, ne devront être altérées. Jamais.

Yggdar, en était là. Durant des ennéades complètes, le vieux Rhunki martela l’acier qu’il forgeait. Il alternait les épisodes de chauffage à blanc, de martelage flamboyant, et de minutie, durant des jours et des jours. A mesure qu’il forgeait les runes au cœur du métal, à mesure qu’il étirait la lame sous les assauts de son marteau, le Rhunki devait sans cesse réajuster ses tracés, encore, et encore, tout en temporisant régulièrement afin de pouvoir, au travers des flammes rougeoyantes, attester de la stabilité desdites runes.

Son tablier de cuir était brûlé ça et là, à mesure que s’échappaient de sa création les scories fumantes et brûlantes. Toute une vie d’expérience, avait fait qu’il n’avait besoin que d’un seul regard pour décider de la marche à suivre, et qu’il n’avait besoin d’aucun coup d’œil lorsqu’il s’agissait de choisir ses outils dans sa besace. Rien qu’au toucher, de ses doigts calleux, il pouvait distinguer tel ou tel poinçon, tel ou tel marteau, et surtout, s’il s’agissait d’un outil lambda, ou d’un outil forgeruné.

Contrairement aux autres étapes, Yggdar avait souhaité demeurer seul. Ni son fils, ni ses amis, ni même les autres archirunistes, n’étaient autorisés à pénétrer sa forge, dont l’air ambiant était saturé d’humidité, et dont la température ferait fondre n’importe quelle peau, sauf celle du très habitué forgerune.

Dix neuf ennéades qu’il martelait cette création inspirée par Yaron lui-même. Dix neuf ennéades, et quelques jours supplémentaires, qu’il façonnait cette matrice portée à blanc, pour en faire un marteau de guerre aux puissantes runes. Si l’on compte la précédente démarche, qui s’était soldée par un échec, la création de cette arme avait demandé 8 ennéades de plus, soit, au total, vingt sept ennéades complètes, trois mois, presque une année calendaire complète sur ce bon vieux continent de Miradelphia… Tout ce temps passé à forgeruner une seule arme… Mais tels étaient les lois de la forgerune.

Le marteau de guerre possédait un manche aux dimensions légèrement plus longues qu’un marteau traditionnelle, afin d’offrir une plus grande allonge. Ainsi, le porteur pouvait être plus sûr d’être protégé dès lorsque le sort était activé. Le pommeau était protégé dans un cuir d’exception, tanné dans une peau d’un bœuf du Brissalion. Une lanière de cuir le tenait en place, tressé de sorte à ce qu’un doigt puisse s’y placer, favorisant ainsi la prise en main du porteur. Le bout du pommeau avait été taillé dans le même acier que l’arme, et avait été façonné de telle manière qu’il ressemble à la pointe d’un diamant, pour servir d’arme secondaire en cas de combat trop rapproché.

Le marteau possédait une double tête – une sorte de marque de fabrique d’Yggdar qui affectionnait les armes lourdes – et toutes les deux étaient gravées de runes rendant hommage aux sagas du Zagazorn, ainsi qu’à Ikthor. Puisqu’il s’agissait d’une arme de guerre, qui de mieux que Le Puissant pour en être l’entité tutélaire ?

La vie d'un forgerune est faite de telles créations. Pour Yggdar, les armes, armures, et pièces forgerunées, sont l'essence de sa vie, là où cette essence revêt l'aura de l'exception pour le commun des Dawis. Tel était le travail d'Yggdar, tel était son but. Mais ce dernier n'était point uniquement altruiste : de telles créations seraient portées devant les yeux d'Heidum, lorsque la Braise-Vie d'Yggdar chercherait son chemin jusqu'au Monde du Dessous. Ainsi, l'existence du marteau se devait d'être connue de tous. Sa légende, quant à elle, devait encore être écrite.

Alors, lorsque la dernière lanière de cuir fut nouée, lorsque la dernière rune d’hommage fut polie, lorsque le dernier pouce de métal fut astiqué, le vieux Rhunki entreprit de déambuler depuis le quartier des forges jusqu’à la Grandsalle des Scriberunes. Alors qu’il claudiquait, il suivait de prêt une jeune barbe, apprentie runiste, qui tenait haut et fièrement au-dessus de sa tête, cette arme massive et impressionnante.

L’arme vint ensuite trouver sa place au cœur de la Grandsalle, trônant sur un piédestal minutieusement ouvragé, lequel pulsait aussi d’une douce lumière passive, comme on la trouve régulièrement dans cette salle. De petites runes de lumières, éclairant faiblement la zone, mais d’une lumière si cristalline qu’aucune mire ne se trouvait blessée, pas même après des heures d’étude. Là, tous pouvaient admirer cette création du forgerune, Archiruniste de Molgrunn…

…Lequel s’était tout simplement écroulé de fatigue, sitôt retrouvé sa couche. Son âge ne l’aidait point à faire face à toute cette fatigue, et tout ce travail. Le vieux runiste, dont l’âge vénérable dépassait les deux siècles et demi, s’usait un peu plus à chaque création, réussie ou ratée. Cette arme avait considérablement puisé dans ses réserves et dans son esprit, et la fatigue n’était point que physique.

Le forgerune disparût pendant trois jours et quatre nuits, dormant tout son saoul. Il n’ouvrit pas un seul instant les yeux, ne s’alimentant point, et ne buvant point non plus. On fit venir des runistes guérisseurs, mais ceux-ci furent d’un bien piètre secours… Il fallait attendre, surveiller. Nul doute que le vieux Rhunki avait forgeruné là l’une de ses dernières créations.
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