[Temple d'Isten] Joie et euphorie, au retour de sa Maîtresse | Krish

8^ième jour de la 9^ième ennéade du mois de Karfias de la 10^ième année

Quelques âmes seulement combattaient encore et toujours la fatigue, la nuit s’étant amorcée depuis longtemps déjà. Dans les quartiers menant au temple de la plantureuse Déesse, à cette heure tardive, un silence d’or agrémentait le mysticisme de cet endroit de recueillement. C’est donc dans le plus grand des respects, sans causer le moindre bruit ni le moindre son, qu’Hayath conquit les marches du parvis menant à l’entrée du temple. Étrangement, avec l’habitude de s’y rendre à plusieurs occasions par ennéade, Hayath développa quelque chose de plus profond que le simple respect voué aux dieux seconds, comme s’entendait à tenir envers eux la grande majorité du sombre peuple. En s’y rendant pour y livrer secrètement son compte rendu ou en faire la rédaction, elle s’était faite tradition d’arborer une garde-robe qui était loin de s’apparenter à son genre habituel. Plutôt que d’espérer passer inaperçue, la pauvreté de toilette inspirait le contraire, mettant franchement l’accent sur la volupté de son corps féminin. Son derme –toujours rembrunit de fard- était simplement et tout bêtement recouvert d’un unique morceau de tissus ; une robe si légère, qu’on pouvait en apercevoir percer au travers sa matière les lueurs des chandelles et des braseros, laissant au final, une fresque imparfaite de sa si délicieuse silhouette. Et ce tissu, chassé par la moindre brise, léchait la chute de ses reins pour mieux définir les courbes de son corps alléchant. C’était pour elle, une offrande à la luxurieuse déesse, que de lui faire cadeau de son agréable charpente, dont elle connaissait désormais les charmes.

Quelques clins d’œil sous-entendus, une poignée de sourires enjôleurs aux rares âmes nocturnes, Hayath enfourcha le couloir qui menait au salon où elle s’était amourachée de l’endroit pour y coucher ses comptes rendus. La salle, munie de trois canapés d’apparence bien moelleuse, inspirait la détente et la relaxation par son âtre crépitant. Rien de très auguste, simplement un nid, au travers la pierre travaillée, prête à accueillir quelques menus carcans de bois pour en faire grésiller les flammes. Dos au couloir d’où elle venait, elle s’assit les deux jambes repliées sous son séant, s’accoudant contre le rebord de sa confortable assise et se saisit d’une plume, ainsi que d’un bout de papier, qui traînait encore là de sa dernière visite.

Et elle avait du cœur au ventre, la petite, pour continuer ses rapports aussi fidèlement, aussi clairement et aussi précisément, même si elle se doutait que sa maîtresse n’en ait jamais eu connaissance. Certaines informations vitales, qu’elle avait étalé sur ces vélins pourtant, en aurait fait réagir plus d’un. Surtout elle. Alors, une seule raison, unique et certaine persistait : Krish s’était absentée et ce, depuis fort longtemps. Tout le monde au Manoir n’y voyait que du feu et sa copie, quant à elle, lui avait toujours refusée la moindre information à son sujet. Qu'à cela ne tienne, elle persistait. On lui avait donné une tâche et elle s'y rattacherait, quoi qu'il lui en coûterait. Elle n'avait plus que ça pour elle. Une mission, certes complexe, mais qui lui ouvrirait un chemin tout dessiné vers la liberté.

Sa place dans le manoir aux lanternes bleues était restaurée à présent. Elghinn occupait la chambre d'honneur et avait toutes les clefs du domaine. Le voir explorer l'intégralité des passages secrets, des pièces et des recoins avait été tout un spectacle, mais elle avait aussi de menues affaires à régler au-delà de ça. Les dandy qui avaient côtoyés sa doublure pendant des mois ne le lui pardonneraient pas facilement mais ils blâmeraient trop leur propre bêtise pour clamer en publique l'affront qu'elle leur avait fait. Bien sûr, la quasi totalité d'entre eux savaient depuis le début que ce n'était qu'une doublure. Ils savaient toujours tout de toute façon. Par contre, la dite doublure avait du s'éclipser de nuit pour quitter le Puy et retourner en Ithri'Vaan dans la foulée. Même ainsi, Krish doutait qu'elle arrive à destination en un seul morceau. Ce serait une vengeance mesquine de la part de ses voisins, mais qui n'était mesquin quand tout s’effondrait alentours ?

Le temps des masques était révolu pour elle. T'Challa rodait dans les ombres alentours et les ombres, ce n'est pas réellement ce qui manque dans une Cité souterraine. Si quelqu'un voulait la tuer, il n'avait qu'à ajuster son tir et croiser les bras pour que personne ne l'abatte... De préférence avant qu'il n'ait le temps de tirer mais à quoi bon vivre sans risque ?

C'est donc seule, ne portant qu'une brassière métallique et un sarouel rouge sang que la forgeronne quitta sa demeure ce soir là. A sa ceinture pendait un marteau de forge et un surin dépourvu de garde, plus pour la forme qu'autre chose. Même si elle était suivit, la destination n'étonnerait personne : le temple d'Isten dans lequel elle avait été initié, à plusieurs siècles de cela. Qui ne rêverait pas d'une bonne nuit de détente après des mois loin du Puy ?

Elle entra dans le temple par la grand porte, respirant avec délectation les encens entêtant qui prenaient à la gorge et tournaient les têtes. Tout ici était beau, raffiné, élégant... Pourtant, de façon si discrète que les visiteurs occasionnels n'avaient pas la moindre chance de les remarquer, des alcôves laissées vides et des fresques symétriques soudainement arrêtées donnait une impression de manque, d'imperfection manifeste dans tous l'émerveillement que produisait le décor. Elle s'arrêta un instant dans la nef bordée de soie et de satin, T'Challa se roulant dans le coin le plus sombre et le plus frais. Elle aurait pu y disparaitre complètement si le grondement par lequel elle aimait à exiger des caresses n'avait pas attirer l'attention. Elle les obtint sans mal de la part de son amie bipède, mais sans pour autant avoir toute son attention. Les yeux de la drow flirtaient avec des souvenirs. Elle s'était bien des fois écorché les genoux sur le pavé de ces salles labyrinthiques, pour prier à pleine bouche. Mais il n'était pas l'heure de se laisser aller à la sensiblerie. Posant un baiser sur la toison fraiche de l'immense panthère, elle partie seule dans les couloirs plus étroits .

Furetant de droite et de gauche, Krish saluait, souriait, demandant toujours ou était la même sœur. Malheureusement, elle était occupée avec des fidèles. Le coup du sort il fallait croire. Et bien elle avait du temps à tuer. De quelques minutes à quelques heures selon sa chance du moment. Cela ne la gênait pas, surtout dans un lieu comme celui-ci... Et elle ne pensa même pas à se jeter sur le premier prêtre qui passerait par là.

Depuis son retour, elle se prenait à s'émerveiller devant tout ce que le monde avait de beau. Les corps, les lumières, les couleurs, les odeurs, les goûts, les musiques. Bien sûr, elle trouvait toujours que la passion et l'émulation perpétuelle rendait ce monde encore plus attrayant, mais les détails sans importances avaient plus de saveur qu'autrefois. La Vie avait plus de saveur qu'autrefois. Flânant le long des peintures et des sculptures, elle s'en mettait pleins les yeux et laissaient courir ses mains sur les tentures de soie.

De couloirs en salles de toutes sortes, ses pas la menèrent vers un certain petit salon. Depuis le couloir, on ne distinguait que des banquettes  confortable et une atmosphère douillette. Une jeune femme pliée en deux sur un morceau de papier écrivait avec application. Les couleurs chaudes de la pièce flambaient avec le feu de la cheminée. Krish allait passer son chemin lorsque le profile se redressa un instant, dévoilant un éclair violacé. Intriguée, la daedhel resta quelques instant dans l'encadrement de la porte, s'appuyant sur le linteau pour contempler le visage fin. Décidément, il lui disait quelque chose... Mais quoi... Gracile et gracieux... Il lui évoquait... une sorte de naïveté rafraichissante et volontaire. Elle connaissait cette fille. D'où... De quand.... Uriz, son dernier passage ici datait de si loin dans sa mémoire qu'elle ne parvenait pas à remettre un nom sur ce visage...

Après un moment de contemplation, elle décida d'en avoir tout simplement le cœur net. Sans bouger de son linteau, un sourire félin sur les lèvres, elle lança doucement :

- Et bien... Qu'avons-nous là ? "

Elle déposa ses outils de gratte, puis ferma les poings pour mieux les soulever et s’étirer de tout son long, à l’instar d’un chat qui s’était fait grillé pendant des heures devant le poêle. Elle écrivait bien depuis plus d’une heure et elle s’était franchement méritée une pause. Ainsi elle déposa ta tête contre le haut de son assise et ferma les yeux pendant un moment ; si la majorité des âmes du Puy s’étaient assoupie, elle, résistait encore, mais ne tenait plus qu’à un cheveu. Seule sa tâche la maintenait toujours éveillée, son besoin insatiable de mener à bon terme les missions qu’on lui avait confié. Et chaque mémo pour son illustre maîtresse demandait plus de temps, comme si sa concentration commençait à manquer. Elle se devait de réitérer parfois l’écriture de ses vélins, tant les fautes arpentaient le texte. Parfois, même, elle en oubliait quelques faits, quelques noms, quelques détails qui a priori ne semblait pas important, mais qui dans le contexte, permettrait de faire certains liens. Et puis, elle l’avait habituée à tant de précision, pouvait-elle seulement commencer à offrir des rapports de moindre qualité ? Son problème, elle le savait pertinemment, mais n’avait pour le régler aucune solution. Sa double, voire même sa triple vie était pour elle une charge mentale si pesante, qu’elle en était hanté par les détails jusqu’aux petites heures du matin. Le sommeil manquant, elle commettait des erreurs, était moins prudente, perdait en réflexes …

En sursaut, elle se réveilla, une sueur froide arpentant son front et qui en chassa sur un demi-pouce le foncé de son fard. Après avoir repris ses esprits, elle continua sa tâche là où elle l’avait laissé, révisant toutes ses affirmations dans ses moindres détails, jusqu’à ce qu’une sensation étrange ne l’assaille. Silencieusement, elle déglutit. Cette sensation, elle l’avait une fois vécue, une fois de trop, lorsqu’on l’avait trahie dans le temple de Tesso afin de la livrer à la glaciale reine des glaces, la Haute-Prêtresse de Teiweon.

On l’espionnait, c’était certain.

Aussi calmement que si elle ne s’était aperçue de rien, elle chassa sa chevelure de sa main senestre, de sorte à barrer la vue sur ce qu’elle pouvait faire de sa main jumelle. Elle s’empara de l’encrier qui était disposé tout prêt d’elle, puis le déversa sur son vélin afin d’en masquer l’entièreté de son contenu. Sur le coup, l’écrit était bel et bien noyé d’ébène et la légende qu’il racontait, n’était à l’œil plus visible. Cependant, le surplus de liquide s’écoula contre elle, contre le tissus de sa robe et des coussins sur lequel elle était confortablement assise. Elle n’en fit aucun cas, même si au fond d’elle, elle bouillonnait, puis, secoua le chef pour reproduire le même mouvement fluide de sa main gauche. Cette fois, ce ne fût pas pour quérir un second objet, mais une arme, qu’elle avait dissimulé entre les coussins de son divan fétiche. C’était une lame recourbé, toute menue et discrète, qui s’installait à l’index. Parfaite pour la dissimuler sous une manche et frapper sèchement lorsqu’on ne s’y attendait pas.

Oh, sa restriction d’esclave, elle en avait pleinement conscience. Mais qu’était-ce qu’une punition, comparé à sa vie, alors qu’elle pouvait à tous moments être la prochaine cible d’un prêtre libidineux, d’une prêtresse au cœur noircit de jalousie ou même d’un esclave désirant s’épanouir des doutes à son sujet? Lorsqu’elle entendit les premiers sons, lancés avec amusement et sur un ton mielleux, elle se dressa de tout son long tout en laissant retomber au sol le vélin, la plume et l’encrier vide. La patte armée légèrement de profile afin de ne pas en faire la découverte de l’espion, elle resta complétement pantoise lorsqu’elle aperçut le regard flamboyant de sa maîtresse. Son souffle se coupa net, comme si elle apperçevait un fantôme, un esprit moqueur, qui venait lui rappeler son rang et surtout, sa bêtise.

Hayath se laissa tomber sur les genoux et lécha le sol des deux mains, arc-boutant le dos de sorte à la saluer en bon et due forme. Décidemment, la belle en avait oublié les derniers rapports qu’elle avait eu avec sa maîtresse, alors qu’elles se tenaient de plus intimes politesses que celle dont Hayath lui témoignait actuellement. Son arme, quant à elle, ne trouva d’occasions pour vanter sa présence, toujours adroitement dissimulé dans le creux de sa patte féline. C’est que la coquine, depuis, s’était bien dressée à ce tour de passe-passe.


« Les Dieux sont miséricordieux envers nous, notre maîtresse à tous nous revient. » Chuchota pieusement Hayath, comme si elle parlait au nom de tous les repentis et de tous les esclaves qu'elle possédait. Son souffle était à ce point toujours un brin affolé, ce qui soulevait avec un bel accent son poitrail à peine recouvert de ce simili-tissus. Ses yeux, finalement, se redressèrent du sol, pour mieux l'admirer de leur éclat d'améthyste. Elle lui était revenue, enfin.

Et une de chute !

Lorsque la jeune femme se retourna en envoyant balader tous ses accessoires, Krish ne put s'empêcher de faire la moue en voyant la longue marque d'encre imbibé le tissus de sa tenue légère. Elle n'eut cependant pas le temps de laisser tomber le moindre mot à ce propos que la jeune femme s'étalait sur le sol. Mais... Son front était couvert de fard... Cette voix... et le titre qu'elle lui donnait...

L'eldéenne plissa les yeux, essayant d'imaginer cette frimousse pâle dans un autre contexte. Maîtresse... Wik. Les forges. Les forges... Les repentis ? Euh... Pas loin. Pas loin mais quoi ? La jeune femme semblait sur le point de se pâmer tant sa respiration s'était affolée en un instant. Elle releva enfin les yeux, croisant le regard inquisiteur et concentré de cette apparition du passé. Ses grands yeux mauves scrutaient la noire elfe par en-dessous avec une lueur d'admiration et de... de quelque chose d'un peu flippant étant donné que Krish ne parvenait pas à se souvenir ce qui pouvait bien les lier.

Qu'est-ce qu'une de ses esclaves pouvait bien faire dans ce... et mais !

- Hayath... " murmura-t-elle enfin avec un sourire.

L'esclave qui avait rejoins les Repentis et qu'elle avait envoyé chez les Xaran. Dieux... C'était peu après la mort de Velkyn. Elle pouvait remercier tous les piliers de lui avait conféré une bonne mémoire malgré ses dix siècles bien tassés. Fière de son exploit, même si elle n'était plus certaine des détails, le sourire de la forgelâme s'étira encore davantage.

Elle entra dans le salon et plaisanta tout en fermant la porte derrière elle.

- Fait attention. A force de jouer un double jeu, tu te crois plusieurs. " a force de donner du 'nous' elle allait finir syndicaliste... ou Haute-Prêtresse.

Deux pas et elle allait s'asseoir sur le sofa que la jeune drow venait de quitter, lorsqu'elle aperçu l’ampleur réelle des dégât. Bon courage pour ravoir les coussins... Après un froncement de sourcil, elle se dirigea plutôt vers l'une des deux autres banquettes et s'y laissa tomber. Ses airs nonchalants n'avaient pas réellement changer, contrairement à sa silhouette et aux cicatrices qui ornaient à présent sa peau. Mais c'était surtout quelque chose dans son regard qui avait profondément changé.

- Viens t'asseoir. Je suis certaine que j'ai une foule de choses à rattraper. J'ai été totalement absente ces derniers temps... deux mois c'est ça ? Enfin peu importe. Comment ça se passe pour toi ? "

Ce temps d’attente, où Krish l’observa de plus haut, bousculant l’entière majorité de ses neurones pour se souvenir de qui elle était, la blessa au moins autant qu’une lame entre les omoplates. Avait-elle autant soit peu de valeur à ses yeux, qu’en deux mois elle ne se souvienne d’elle ? Un atroce coup de pied dans son estime personnelle, qui s’était tranquillement relevée depuis son arrivée chez les repentis. À moins que …

Hayath se issa de nouveau sur ses guiboles, tandis que sa maîtresse, elle, glissa jusqu’au salon en prenant soin de refermer derrière elle. Sans un mot, l’esclave se permit d’admirer les nouvelles marques décoratives qu’arborait fièrement la charpente de sa maîtresse. C’est que, durant son absence, icelle s’était mis les pieds dans les plats! Ou avait-elle délibérément cherché les problèmes ? Il est vrai que c’était tout de même dans son genre, de piquer les autres dans l’espoir d’être piquée à son tour … Qu’à cela ne tienne, au-delà de son physique un poil différent, son regard lui, n’avait plus rien du même qu’elle avait dévoré si savoureusement dans les thermes de sa demeure …

Un regard vers Krish, un acquiescement vers Hayath, et elle prit sagement place à côté de la tâche d’encre qui avait désormais bel et bien imbibé tout le tissu du coussin. Et il ne fallut guère de temps pour que la forgelâme n’enchaîne sur un sujet sensible, plus encore que l’était vraisemblablement ces deux derniers mois d’absence, où Krish omit complétement de décrire ses aventures.

« D’abord, comme vous me l’aviez demandé avant votre absence, j’ai réussi à m’infiltrer dans la maison des Primas Xaran, où j’y œuvre matin et soir à titre de camérière pour le frère cadet de Velkyn. J’imagine qu’après plusieurs siècles aux côtés de votre époux, vous connaissez d’avantage cette famille que je ne le puis en deux mois, mais voici, comme l’indiquent méticuleusement mes rapports, tous les détails concernant cette famille. Désormais le chef de famille, Vazdran Xaran occupe la place de Faern d’Hosse au C’nros. Cet homme, calculateur et posé, possède un talent considérable pour l’art des éléments. De surcroît, on dit que l’eau est d’entre tous, son élément préféré, dont il peut modeler à son vouloir et en faire usage aussi aisément qu’il ne respire. »

« Sa sœur Kel’Zora, quant à elle, plus jeune encore, détient un rôle de prêtresse au sein du culte d’Uriz. On dit d’elle qu’au travers son tempérament bouillant, impétueux et fougueux, plusieurs y aperçoivent la présence du feu Haut-Prêtre. Son manque d’expérience et la rage qui lui dévore le cœur ne laissent que peu de place à la sagesse, faisant d’elle un être imprévisible et complétement incontrôlable. C’est de là qu’elle tire pour certain le respect de ses pairs et pour d’autres, la soumission par le combat, car c’est également une bretteuse hors pairs. À tous les coups, Uriz s’est pris d’attachement pour cette femme, dont l’épée n’enchaîne que des victoires. » Hayath prit un temps de repos, s’humectant les lèvres pour mieux poursuivre.

« Et c’est là qu’il me faut vous prévenir de mes découvertes. Récemment, profitant du chaos du Puy, alors que ni le C’nros, la Dotkha et l’armée ne s’entendent, Kel’Zora s’est auto-proclamée Haute-Prêtresse d’Uriz … Une émeute s’est pratiquement déclenchée parmi les décombres du temple, mais s’est vue prestement matée par la Haute-Prêtresse qui promettait mort à ceux qui aboieraient contre elle. De plus, quelque chose de plus étrange encore se trame dans la sanguette, où une bicoque a été achetée et retapée par la famille Xaran. Des gardes veillent les portes jours et nuit, tandis qu’icelles ne sont franchies que par la Haute-Prêtresse, le Faern d’Hosse, ou quelques encapuchonnés dont le visage reste tapis de manière permanente dans l’anonymat. À ce moment, je n’ai pas su trouver le moyen de m’y infiltrer, mais à coups sûr, quelque chose d’inquiétant s’y trame. »

Pour le moment, Hayath tut l’échauffourée qu’elle eut avec la Haute-Prêtresse de Teiweon, question que Krish puisse avaler la précédente histoire avant de passer à la première.

Si peu de chose... Il s'était passé si peu de chose depuis son départ. Le culte était toujours à terre avec des freluquets violents et incapables dans ses sphères les plus remarquées. Les Xarans créaient leur petit complot personnels. Pour éliminer les derniers Tirumvir surement ? Ou crée la plus belle couverture patchwork en peau d'esclave que le Puy ait connue depuis sa création ? C'était forcément l'une des deux solutions. Ou peut-être comptaient-ils s'en prendre aux Repentis. A leur chère et abhorrée Maîtresse des Forges ? Histoire de purifier un bon coup la famille de ses anciennes tâches.

- Uriz a autant d'attachement pour elle qu'il en avait pour Velkyn. " railla la drow en se renfonçant dans les coussins. Elle ne put cependant retenir son poing droit de se fermer, le gauche de nouveau orné de ses griffes. " Sauf qu'à la différence de son frère, elle mourra jeune. " Cette sale petite idiote qui risquait de fragiliser encore plus leur peuple.  Salope inconséquente dont elle dévorerait le cœur avec plaisir... Elle inspira, ravalant l'un des accès de violences qui la faisaient de tressaillir depuis quelques temps. " Continue. "

Haute Prêtresse !!!

Cette fois, le visage de la daedhel se pétrifia. Ses yeux vrillés dans ceux de la conteuse, elle buvait ses paroles avec une intensité qui l'empêchait de respirer. Une maison dans la Sanguette. Et la trainée qui d’auto-proclamait Haute-Prêtresse en tuant encore, en troublant ce qui l'était déjà trop. Ils voulaient prendre la couronne. Au bas mot. Ils auraient du tenter leur coup plus tôt. Avant qu'elle ne remette les pied dans leur foyer à tous. Désormais, chaque vie valeureuse était importante et il était hors de question de laisser bêtement crever de bons croyants dans des querelles de bébé en manque d'attention.

On ne coupe pas ses deux bras avant de provoquer le reste du monde en duel.

- Continue. " assena-t-elle.

Sur le coup, elle ne sût s’il était vraiment avisé pour sa santé qu’elle continue comme on lui ordonna … Il est vrai que vu ses antécédents avec la famille de Prima, elle possédait toutes les raisons du monde de montrer sur ses grands chevaux, alors qu’Hayath lui déblatérait toutes ces informations. Mais la voir secouée de telles émotions, provoquait inévitablement chez la petiote aux yeux violacés un sentiment d’inconfort, comme si elle ne pouvait prévoir ses réactions. Enfin, pas totalement … La colère, certes, lui incendiait le fond de la gorge, mais jusqu’où elle la laisserait éclater si la suite des nouvelles venaient à la courroucer d’avantage ? Hayath se racla légèrement la gorge, secoua son popotin pour mieux raffermir sa position assise, puis continua sans laisser transparaître le trouble qui plannait à son adorable bouille. Il faut croire, que depuis, elle était rendue assez douée à ces jeux de masques …

« Je pense également que cet endroit, en plus de renfermer quelque chose de précieux à leurs yeux, pourrait nous causer du tort à tous. Je suis une fois tombé sur un contrat qui stipulait que la famille Xaran monnayait les services d’un groupuscule de mages et qu’iceux, en plus, se rendaient par moment dans cette cabane abandonnée. » Ses yeux dérivèrent parfois de ceux de sa maîtresse, s’en voulant sur le coup de ne pas en savoir d’avantage, mais surtout pour éviter de voir le feu qui faisait rage dans le creux de ces derniers.

« Sur un autre sujet, j’ai … J’ai eu quelques problèmes. » Elle savait bien que le moment pour livrer ses problèmes n’était pas le plus opportun, mais de lui cacher une telle vérité pourrait lui coûter gros. Surtout depuis qu’elle savait qu’il était devant elle, nuls secrets qui soient à l’abri.

« Une fois, j’ai été piégée. Quelqu’un avait des doutes sur ma basse extraction et sur mes véritables origines. Allez savoir comment, mais cette personne m’a dénoncée à la Haute-Prêtresse de Teiweon. Il s’en est suivit un interrogatoire duquel je n’oublierai jamais et où, elle a deviné non pas mon statut d’esclave, mais ma peau pâlote. Elle en a déduit que mon sang était gorgé d’impureté, mais elle m’a octroyé la vie tout de même, en l’échange de quoi je dois désormais la servir … Et son premier service, fût de me débarrasser du gênant colporteur qui m’a dénoncé, chose que j’ai fait sans broncher. Mais maintenant, voilà, je … » Elle avait tout sorti d’une traite, comme si la chose lui apparraissait comme la manière la plus efficace. Au moins, si elle devait subir le courroux de sa maîtresse, elle ne le ferait qu’une fois. « Je porte un peu deux colliers … » Évidemment, la chose était dite au sens figuré, mais la finalité restait la même. Et elle ne savait fichtre pas quoi faire de cette épineuse situation …

Vise toujours l'émetteur, jamais le messager. C'était un principe de base lorsqu'on voulait avoir de bonnes informations, surtout celles qui étaient difficiles à entendre. Il ne fallait jamais se défouler sur le messager. Même quand ça démangeait sacrément.

Krish nota mentalement de faire surveiller de près cette demeure par Eshk'Oroth et les autres Repentis. Un ou deux mages ne seraient pas de trop en plus. Il fallait vraiment qu'elle en parle à Vals'. Elle irait aussi voir les Xaran en personne histoire de voir ce que ça donnait officiellement. Si elle en ressortait couverte de sauce et des morceaux de tartes qu'on lui aurait jeté au visage, elle saurait à quoi s'en tenir.

La suite par contre... Au mot 'problème', elle savait déjà que ça n'allait pas lui plaire. Étrange, non?

Les yeux froncés, elle pris sur elle pour ne pas interrompre la jeune femme qui en plus de s'être fait prendre, avait choisi une personne d'importance pour cela. C'est avec une sorte d'hésitation peureuse qu'elle avoua avoir accepter de servir la Haute Prêtresse. Quelques secondes de silences s'égrainèrent, mais au lieu d'un rugissement ou d'une colère froide, la forgeronne se fendit d'un sourire.

- Parfait ! Rapporte lui ce que font les Xaran et fait en sorte qu'elle commence à percevoir l'étendue de ce que représentent les Repentis sans parler ni du C'nros, ni de la Dothka, ni du clergé de Valas. Ça tiendra son gros nez en dehors de mes affaires avec le rejeton Baenfere et de l'autre prêtre blanc à la voix grave. " Elle se renfonça dans le divan moelleux et soupira, de nouveau détendue. " Tant qu'elle ne sait pas que tu es liée à moi, tu n'es pas obligée de me faire des rapports sur elle mais je te demande de me communiquer les informations que tu lui donneras. Histoire que je garde un peu le fil. " Et ce serait parfait. Elle s'étira et posa la tête sur son poing pour regarder la grisonne. " Dis-moi. Qu'est-ce que tu feras quand tu seras libre ? "

Eh bien … Si elle crut son heure venue, l’heure de la punition pour son inaptitude, voir même son incompétence, le masque d’indifférence posté contre son doux visage ne sut retenir son étonnement. Non seulement sa maîtresse ne lui en voulait pas, mais en plus, elle l’encourageait en lui confiant de nouvelles tâches et directives. Pour la chance, elle se devrait bien de sacrifier un petit animal pour souligner le coup! Suite à son étonnement, un sourire discret, mais non feinté, illumina son adorable faciès à la peau coloriée de sombre. La voyant prendre ses aises en se calant d’avantage, l’asservie lissa les plis de sa robe en désordre, faisant fi de la souillure d’encre qui nacrait son tissu.

« Je le ferai, oui, sans problèmes … Si un jour elle vient à se manifester de nouveau. » Elle croisa une jambe par-dessus sa jumelle, soulevant le peu de matière que composait sa robe, laissant ainsi l’air libre à d’avantage de peau. « C’est que la Haute-Prêtresse s’est bien subtile ces dernières ennéades. Elle brille même par son absence, si je puis me permettre. » Elle ne se permit guère de sourire, la chose ne s’y prêtant pas trop. La suite, par contre, avait de quoi donner vie à l’ombre d’un sourire, les yeux plus pétillants de vie.

« J’aimerais voir du pays, connaître, voir et vivre ce qui entoure le Vatna. J’aimerais goûter, apprendre et parfaire mes connaissances des autres cultures. » Son regard retourna vers celui de Krish, duquel elle lui cacha que l’éclat l’intimidait plus qu’à l’ordinaire. « Le Vatna n’est pas assez vaste pour nos aussi longues vies, un Drow se doit de savoir et de connaître d’avantage que ce qui peut se présenter devant ses yeux. » Mais ces paroles, d’une matière à débat, n’étaient guère lancées dans ce but, mais servaient plutôt à répondre à l’interrogation de sa maîtresse.

- J'y penserai pour la Haute-Prêtresse, mais les ouailles de Teiweon ne sont pas ma priorité en ce moment. " Elle donna une petite tape sur la cuisse de la jeune femme comme si elle s'adressait à une connaissance de long terme. " Tu veux un conseil ? Commence par voyager dans le désert avec une petite troupe d'esclavagistes. La Chasse. La Chair. Le soleil brulant qui pose sur ta peau la puissance d'Uriz lui même. Si tu veux profiter de la vie, c'est vraiment une belle expérience, même si les plus grandes passions se trouvent sur le Front, comme toujours. Tu n'as pas idée de l'intensité de tout ce qui se passe dans les camps en campagne, surtout quand la période est difficile. " Deux mois en Zurthanie et elle avait tiré un trait sur son mariage et sur sa fille. Les hommes du désert se défendaient si bien que cela vous donnait une nouvelle jeunesse. Mais les marches dans un but supérieur faisaient vibrer à un tout autre niveau... Soudain, elle se demanda quand est-ce qu'elle avait elle-même suivit une telle marche victorieuse... Peut-être ne l'avait-elle jamais fait. Ce n'était pas bien grave tant les choses étaient évidentes.

Avec un sourire rayonnant, elle prit le temps d'observer la jeune drow. Elle appréciait ses traits, ses courbes, les raccords visibles de son maquillage, ses yeux clairs, ses manières séductrices, et même la tâche qui décorait sa tenue légère. Ses mains ne bougèrent pas, mais ses yeux les caressaient délicieusement.

- Même sans aucune nouvelle tu as continuer à travailler... " Combien de temps aurait-elle encore continué ainsi ? Cette obstination... Elle était entré sans soucis au service de primas et avait survécu à une entrevue avec une vieille rombière de Teiwon. " Tu devrais commencer à te préparer pour l'arène. Que ce soit toi ou un champion. Tu n'auras qu'à me dire quand tu penseras être prête à combattre pour ta liberté. "

Elle ne sut pourquoi ni comment, mais même après avoir côtoyé cette famille de primas, un clan dont les membres se targuaient d’être sous les bonnes volontés d’Uriz lui-même, jamais elle n’avait ressentit l’impression qui lui habitait la peau en présence de sa maîtresse. L’occultisme, le mysticisme, qu’en savait-elle ? Rien sinon que Krish dégageait une énergie plus forte que les autres, une aura qui exigeait le respect. À moins que la chose ne fut que pour elle ? Cela, c’est sans doutances aucunes qu’elle ne saurait le dire. Et tous ces regards à lui donner de la fièvre, tant elle ne savait plus comment se placer ni réagir, n’étaient rien à côté de la douceur de ses paroles. Encore, elle faisait miroiter devant elle la possibilité de sa liberté et ceci, était divin. Tout ce qu’elle avait à faire, c’était de prendre les armes, ou de choisir un champion, puis d’affronter l’un de ses sbires … C’était somme toute … faisable, se dit-elle.

Hayath but les paroles de la forgelâme, puis cambra l’échine vers l’avant pour mieux se redresser, s’approchant de l’âtre encore crépitant de ses braises, pour mieux contourner la Princesse Marchande. Évidemment, elle ne la contourna guère seulement, le bout de son index, accompagné de son majeur, lissaient le tissu du canapé sur lequel elle s’était tantôt avachie. Elle gagna son ombre, puis s’installa à son dos, osant hisser timidement ses frêles mitaines le long des épaules de sa maîtresse. Elle ne s’y engageât guère plus loin, pas avant de lui avoir dit ces quelques mots.

« Je me doute bien que mon adversaire ne sera pas un petit puceau, mhm ? » Pas plus de deux secondes suffirent pour y apercevoir les nœuds qui harassaient très certainement sa musculature. En fait, c’était simple, peu importe ou elle s’y glissait, une tension subsistait.

« Tu pourrais être surprise de ce que certains puceaux ont dans les tripes. » Dit-elle en riant à demi, sa tête se retournant de manière à l’apercevoir du coin de l’œil.

« Pour en avoir dépuceler plus d’un, je crois comprendre ce que vous entendez. » Elle lui répondit de ce même sourire goguenard, l’œil brillant de malice. Ses mains s’engagent au labeur, venant triturer sommairement les tensions les plus apparentes, seulement de quelques pressions préliminaires. Cet aura, très certainement, c’était exactement pour cette raison qu’Hayath obéissait et servait, sans même qu’on ait à le lui exiger. Et pour le moment, cela lui allait très bien. Ses pressions, après un certains moments, à y voir l’effet bénéfique que cela causa à sa maîtresse qui laissa aller sa tête aux rebords du divan, s’accentuèrent en crescendo. Elle y allait plus fermement, plus durement, mais toujours en gratifiant la zone meurtrie par de chaleureuses et tendre caresses.

« Et si vous étiez ma Championne ? » Elle l’avait soufflé après quelques minutes de traitement, maintenant que sa peau à elle s’était enflammée sous la chaleur de ses paumes. Elle savait bien la nature de la réponse qu’elle recevrait et au fond, elle n’était pas si sérieuse. Constater par contre à quel point ses muscles étaient serrés et noués, lui indiqua qu’elle dut drôlement s’être battue et qu’au fond, même si personne ne l’apercevait jamais combattre, elle devait adorer ça.

Lorsque les mains de la belle atterrirent sur son derme, elle soupira jusqu'à ce qu'il ne reste plus une once d'air dans ses poumons. Elle était douée. Elle dénouait et délassait le sac de nœuds qu'était devenu le corps de la forgeronne depuis des siècles. Soudain, Krish se rappela pourquoi elle avait toujours un esclave préposer à la masser dans son palais de Thaar. Elle avait tendance à se nouer facilement les épaules à force de travailler sans s'hydrater ni se reposer. Toutes ces crampes et ses courbatures laissées en plan depuis tant d'années. Toutes ces fractures simplement ressoudées. Même après avoir été traitée par les adeptes de Natha, elle n'avait pas pris soin d'elle. Elle avait oublié à quel point un massage pouvait être délicieux.

Si délicieux qu'elle aurait pu répondre oui à bien des choses. Une nouvelle demeure ? Un mois de vacances tous frais payés à Thanor ? Un repas cuisiné maison ? L'assassinat d'un ex ? Une chaise portée par quatre étalons ? Oui. Oui. Et re oui. Mais de toutes les boutades qu'elle aurait put lancer, celle là fit frisonner la daedhel. Un sourire de chat se fraya un passage jusqu'à ses lèvres et ses yeux se rouvrirent à demi pour chercher Hayath du regard.

- Et si j'étais ton adversaire ? "

Consciente de la grande emprise dont ses jeux de séduction étaient capable d’obtenir, jamais elle n’aurait été en mesure d’affirmer qu’iceux assuraient d’aussi bons résultats avec son illustre maîtresse. La réalité, elle était simple. Ou bien elle se mangeait une tarte en pleine gueule, ou bien elle lui soutirerait des feulements de ravissement, en quel cas, elle pourrait, un temps au moins, s’élever hors de sa condition d’asservie pour devenir son amante. C’était comme lancer une pièce dans les airs et espérer qu’elle tombe sur la bonne face. Et, bien que les apparences fussent trompeuses, Hayath ne sut dire si la pièce était tombée d’un côté comme de l’autre, ou qu’icelle était maintenue en place dans un dangereux jeu de funambule. Elle savait que sa maîtresse était adepte de ces jeux d’équilibre, où tout pouvait basculer dépendamment des paroles et actions des deux partis. Et la forgelâme put se repaître avec délectation de la bouille que tira son esclave, tant son visage se paralysa par la stupéfaction que suscita sa réponse. Son regard débordant de malice dévia, pensif, sans être en mesure d’en masquer toute la surprise. Ses mains se paralysèrent aux épaules devenues fiévreuses de leurs passages répétitifs. Se battre contre elle, sérieusement ? Si l’idée venait à plaire à Krish d’elle-même prendre les armes pour devenir le prix de sa liberté, c’est qu’icelle désirait vraiment qu’Hayath reste à sa botte pour le restant de ses jours. La confronter, ce ne serait ni plus ni moins qu’un acte de suicide, qu’un désir de défaite cuisant. Alors, toujours sur ce ton d’intimité, plus bas et doux, malgré les propos moins suaves que les derniers, elle protesta.

« J’entends obtenir ma liberté un jour … Vous avoir comme adversaire, c’est un peu me tenir à vos côtés pour toujours, parce que je n’entends pas y laisser ma peau dans l’arène. Du coup, comme ma championne, je préfèrerais … » Ses propos, bien que véritable, mais un peu déplacé pour l’esclave qu’elle était, furent adoucis par l’un de ses sourires charmeurs, ceux qui eurent raison de Krish dans les bains. Son regard bien qu’encore légèrement troublé, récupéra de sa malice habituelle.

« Sacrifies des champions dignes de ce nom et j'en ferai autant. Tes charmes doivent bien pouvoir trouver quelqu'un d'une valeur acceptable, non ? » Répondit-elle, sans toutefois tourner dos à cet air félin qui toujours, arpentait les reliefs de son faciès. Et bien que sa réponse se gardait de tout dire de la vérité, qu’elle lui préservait très certainement une surprise, un soulagement certain fit souffler l’asservie. Ses pattes reprenaient du labeur, retournant triturer les tensions qui tenait ses muscles en otages.

« Des pièges à ours n’auraient pas provoqué de telles tensions … Vous revenez de loin. » Sautant du coq à l’âne, alors qu’elle laissa à l’une de ses deux mitaines un peu plus de latitude à chacun de ses passages, s’éloignant de sa nuque, puis de ses épaules, pour dégringoler graduellement vers le devant de sa silhouette.

« J'ai traversé l'Anaëh seule avec mon fils, erré dans le noir et perdu l'usage de mes jambes. Alors on peut dire ça oui. » Son ton de voix n’en démordait pas d’être aussi moqueur et amusé. Et elle s’y prêtait tellement fidèlement, qu’à ce point, Hayath ne sut dire si elle se moquait d’elle via l’ironie ou si elle lui disait carrément la vérité toute crue, sans la mâcher une seconde. Qu’à cela ne tienne, elle ne lui donnerait plus l’occasion de se moquer d’elle, après qu’elle en ait terminé avec elle. La succube se cambra légèrement derrière elle, de sorte à ce que la pointe de ses cheveux parfumés viennent caresser le derme de Krish, couvrant de ses épaules à son ventre. Sa bouche se tut, mais ce ne fût que pour mieux couvrir d’attentions la nuque endolorie de sa maîtresse. Ses muscles ravagés de tensions, maintenant douloureusement déliés, méritaient maintes attentions auxquelles Hayath étaient à même de satisfaire.

La pièce vacillait toujours, menaçant de tomber sur une face comme sur l’autre. Au fin fond, elle espérait qu’elle tombe du même côté qu’elle s’était échouée jadis, lorsqu’elle prit son bain en sa compagnie.

Krish profitait des questions et des attentions avec la même passion. Cette petite chose fragile usait de ses charmes pour avoir l'avantage, quel que soit le prix. C'était délicieux. Ses caresses la délaçaient. Elle aurait voulu que cela continue des heures durant... Mais les lèvres de la suave pâlichonne se posèrent sur elle pour l'émoustiller. Son expression ne changea pas un instant lorsque, la tête toujours confortablement appuyée et les yeux clos, la forgeronne intercepta des doigts qui s'aventurait dangereusement bas sur son décolleté.

- Tes attentions me vont droit au cœur, mais ce serait trop bête de me tendre à nouveau alors que je sens de nouveau mes épaules. Pour l'instant je rêve surtout de te séquestrer pendant deux ou trois jours jusqu'à ce que tous mes muscles soient aussi mous que du beurre. " Elle posa un baiser sur le dos de la gracieuse main. " Une autre fois, tu veux ? " Une idée lui vint soudain et elle rouvrit un œil. " Mais puisque tu m'y fait penser. Tu accepterai d'initier mon fils à l'art de la chair ? Je le confierai à des amis du clergé d'Isten si tu préfères mais comme je connais ton talent dans cet art, je me dis qu'il serait entre de bonnes mains. Il connait la théorie mais la pratique c'est autre chose. A cause d'un problème magique il est beaucoup plus âgé qu'il ne semble l'être et quand sa libido commencera à le travailler, je n'ai pas envie que ce soit avoir moi qu'il traite le problème. Qu'en dis-tu ? Ah et puis tien. Est-ce que tu me conseillerais de voir d'abord le frère ou la sœur Xaran si je souhaite conclure une alliance qui ne pourra être profitable qu'à l'un des deux ?"

Elle y était presque et s’y brûla pratiquement du bout des doigts, avant que ces derniers ne furent emprisonnés des siens. Elle se refusa à sa repentie, mais la gracia de quelques flagorneries. Pas ce soir, pas maintenant, lui dit-elle, avant de redonner sa liberté à sa mitaine qui retourna toute penaude, là où elle pouvait librement s’exprimer, c’est-à-dire à la nuque de sa maîtresse. De la pointe de ses deux pouces, de petits ronds se dessinèrent à même son derme, bifurquant à quelques moments pour repasser sur ces points endoloris ou parfois complètement noués.


« C’est évident que si vous préférez me le confier plutôt qu’aux adeptes d’Isten … C’est là un honneur que je me verrais mal de refuser. » Vraiment ? D’elle aux adeptes des délices, aux seigneurs de la chairs, aux maîtresses de la luxure, c’est à ses bon soins qu’elle était prête à confier la chair de sa chair ? Elle accentua ses mouvements à sa nuque, qu’elle était d’ailleurs en train de ramollir comme une bille de fer chauffée au charbon, rapportant parfois ses dix doigts autour de son cou qu’elle serra tendrement. Une pression, à peine plus forte que les autres démontra l’ampleur de son excitation face à cette nouvelle.


« En ce qui attrait de vos besoins avec la famille Xaran, c’est avec le frère qu’il vous faudra converser si vous voulez négocier, ou avec la sœur si vous voulez vous battre … » Un sourire, tout simple et rêveur, plana sur ses lèvres félines, l’œil amusé. « Malgré ces nombreux jours où j’errais chez eux, je n’ai pas su découvrir ce qu’ils pensaient de vous. Vous êtes après tout, leur belle-sœur … » Elle en termina avec ses épaules, qu’elle couvrit d’un baisé lent, et interminable entre les deux omoplates. Elle quitta le corps de sa maîtresse des mains, mais ce ne fût que pour mieux revenir devant elle, alors qu’elle ploya le genou pour lui demander du regard, si elle pouvait poursuivre son traitement, cette fois-ci à ses pieds.


« Je ne suis pas certaine que la jeune sœur Xaran ait déjà passé une journée sans rien casser dans leur maison … À dire vrai, j’essaie de me tenir loin d’elle, elle a tendance à se passer les nerfs sur les esclaves de la maison. »

Ouais leur belle sœur... Encore faudrait-ils que ces gamins se souviennent ne serait-ce que de son visage. Elle gloussa en imaginant la soit disant haute prêtresse incapable de régler ses problèmes autrement que par la force et casser bras et objets pour se passer les nerfs. Si elle était si puissante que ça, il faudrait mieux en faire un leader guerrier qu'un chef de culte. Elle verrait comment cela pourrait se passer.

- Continue de te tenir loin d'elle. C'est très bien. "

Ronronnant presque sous les mains expertes de la jeune esclave, elle la laissa faire tant qu'elle le souhaita, sans ajouter une parole. Si elle n'avait plus ni information ni questions, un remerciement s'imposerait puis la forgeronne disparaitrait à nouveau dans les couloirs du temples pour retourner à ses affaires du jour.