Grimeldha Long-Nez / Vieille naine en vadrouille [TERMINEE]
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Grimeldha Long-Nez
Ancien
Nombre de messages : 239 Âge : 34 Date d'inscription : 03/10/2018
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 260 ans Taille : 1m29 Niveau Magique : Maître.
Sujet: Grimeldha Long-Nez / Vieille naine en vadrouille [TERMINEE] Mer 3 Oct 2018 - 23:50
Possessions & Equipements :
Vivant sur les routes depuis son départ de Zagazorn, quelques mois après la Malenuit, la vieille naine emporte tout ce qu'il faut avec elle pour vivre, exercer l'art de son clan qu'elle pratique dans le secret de son véhicule, et fabriquer les plus humbles créations dont elle fait commerce.
• Rurk, un bélier des plaines de Zagazorn lui fait office d'animal de bât, de compagnon... Et de chien de garde, toute main non-invitée se voyant sévèrement châtier par un coup de corne ou de robustes molaires. Une présence intruse est aussitôt par de hargneux bêlements rauques. L'animal a 23 ans en 11.XI, fait 1m36 au garrot et pèse 385 kilos.
LE BÉLIER DU ZAGAZORN:
• Une humble chariote est sa maison (sur roues) ainsi que sa devanture quand vient l'heure de se poser dans un village, le temps de conclure quelques affaires. S'y trouvent son nécessaire à gravure, sa pipe à herbe, et puis le nécessaire à vivre d'une vieille dame en chariote : couchette, vêtements, chauffe-pied, nécessaire pour cuisiner, tricoter...
• Toujours à portée de poigne, un makangaz, marteau à une main de Lante, dont elle se sert aussi bien pour cogner sur les clous que les têtes des curieux aux intentions douteuses.
• Un humble bâton de marche, court et rustaud, finement parcouru de ce que peu d'êtres intelligents sauraient reconnaître comme étant des runes naines. Certains individus peu recommandables se sont déjà effondrés après un seul coup porté à la jambe par la vieille naine outrée, beuglant de douleur, ne récoltant qu'un : "Change donc de métier si tu es si fragile, Umgi !" pour seule marque de compassion. Remarque : son jumeau demeure caché dans un creux du bois, sous la couchette de la naine, celle-ci prenant garde a toujours avoir un bâton de rechange, les runes de ces derniers s'usant à chaque usage jusqu'à ne plus contenir la moindre magie. Le bâton de secours devient alors le principal tandis qu'elle en grave un nouveau.
• Une pierre simple, lissée par le courant d'un ruisseau, désormais gravée de runes naines, que Grimeldha garde dans une bourse autour du cou. Appliquée sur des chairs douloureuses ou une plaie, elle soulage les premières et accélère la cicatrisation de la seconde. Remarque : comme pour le bâton, Grimeldha en garde quelques-unes de réserve, cachées dans la chariote.
Apparence :
Taille : 1m29.
Couleur des yeux : Vert passé.
Comme ton manteau est épais... C'est pour me protéger de l'hiver, petit Dawi. Comme tes poches sont nombreuses... C'est pour mieux y cacher mes trésors, petit Dawi. Comme tu es petite... C'est pour mieux surprendre les coquins, petit Dawi. Comme tu es trapue... C'est pour que le vent ne m'emporte pas, petit Dawi. Comme tes mains sont calleuses... C'est pour mieux tenir mon marteau et mon burin, petit Dawi. Comme tu as un long nez... C'est pour mieux sentir le métal et les joyaux, petit Dawi. Comme tu as de longues tresses... C'est pour que tu puisses t'y balancer, petit Dawi. Comme tes cheveux sont gris... C'est pour mieux rester avec toi, petit Dawi. Comme tes yeux sont petits... C'est pour ne pas que le feu de la forge m'aveugle, petit Dawi. Comme ton visage est ridé... Mes sourires y ont creusé des vallées, mes larmes des rivières, et mes colères des falaises, petit Dawi. Comme ton sourire est grand... C'est pour mieux te croquer, petit Dawi !
- Discussion classique entre la naine et l'un de ses petits enfants, avant le Voile.
Personnalité :
Protectrice. Grand-mère de nombreux nains, Grimeldha a déjà élevé et veillé sur de nombreuses jeunes barbes, la prunelle de ses yeux… Cela lui fut d’autant plus déchirant que de revenir de la folie du Voile, la tête remplie des souvenirs du mal qu’elle avait fait à certains. Peu importe le coût, la dawi protège ceux auxquels elle tient. Sa famille, pour la plupart… Ainsi que ceux qu’elle place sous son aile, avec ou sans leur consentement.
Loyale. Qu’attendre d’autre d’une vieille naine ayant vécu honnêtement au sein de son clan pendant deux siècles, avec amour pour celui-ci, son art, ses valeurs… ? L’honneur n’est pas un vain mot, de même que l’honnêteté. Une naine dans tout son entêtement à suivre un code transmis pendant des cycles et des cycles.
Emportée. Il en faut peu pour mettre le feu aux poudres de la vieille naine butée. Intraitable sur bien des sujets, très sensibles à d’autres, la dawi est soulevée par d’intenses émotions très rapidement.
Têtue. Têtue comme une enclume : les arguments la martèlent sans que rien n'y fasse. Quand Grimeldha a une idée en tête, elle s'y tient, qu'il vente, neige, pleuve, qu'une roue se brise, qu'un dragon rugisse ou qu'un volcan se réveille.
Pieuse. Comme tout bon nain, Grimeldha révère le panthéon Dawi depuis toujours, et plus particulièrement le Père des Batailles. La Malenuit a cependant ébranlé sa foi, sans la faire complètement disparaître. La naine se questionne et cherche des réponses, refusant de considérer les catastrophes survenues comme une simple "manifestation du mécontentement de Mogar". Quelle acte aurait pu leur valoir de telles souffrances ? Sans avertissement ni semonce ? Grimeldha doute mais n'oublie pas les rituels ayant accompagné ses deux siècles et demi d'existence.
Berserk. Un autre trait développé suite au passage du Voile. Qu'une émotion particulièrement violente la saisisse, dans ses moments les plus sombres, peut amener Grimeldha à sombrer dans une rage semblable à celle des berserks, comme si cette folie dont elle était revenue avait réussi à prendre racine en son coeur. Aveugle à tous liens, avide de violence, la naine est alors méconnaissable.
Méfiante. C'est bien connu, ce qui n'est pas nain et à considérer avec la plus grande prudence. C'est peut-être doué d'intelligence et d'empathie, ça a peut-être une tête, deux bras et deux jambes, mais "ça" n'a pas le code d'honneur nain pour en faire un être civilisé digne de ce nom. Enfin, c'est ce que pensait Grimeldha du temps de Kirgan. Avoir côtoyé des humains ces dix dernières années l'a amené à réfléchir sur cette mentalité. Les habitudes d'une vieille naine n'en sont pas moins tenaces.
Particulièrement méfiante à l'égard des elfes... Le clan "Long-Nez" a longtemps été reconnu pour son "art" dans la traque et l'exécution des elgi, notamment via des objets et pièges gravés, couplés à un esprit retord. Cette renom s'est étiolée au fil des cycles au profit d'une réputation d'excellents runistes, les Long-Nez se focalisant sur le perfectionnement de leur art au dépend de ses applications martiales. Si la haine suscitée par la Première Guerre, ou encore la Guerre des Traîtres, n'a pas traversé intacte les cycles, elle n'a pas moins marqué durablement les descendants de ce clan d'une irrépressible aversion raciale.
Capacités magiques :
En bonne naine, Grimeldha n'en a aucune. Cependant, il est a noté qu'en tant que graverune, elle a développé la capacité d'attirer, de capturer la magie dans les runes qu'elle grave dans divers matériaux (bois, cuir, os, pierre, métal...), au cours d'un long et laborieux processus appris et perfectionné durant plus de deux siècles au sein de son clan. La spécialisation de ce dernier étant les runes de Vie, voici quelques-unes que cette Gnomtrommi Long-Nez maîtrise :
Runes simples • Rune de destruction (os) : quand frappés par un objet gravé, même à travers la chair, les os sont au mieux fissurés, au pire, brisés en plusieurs fragments. • Rune de destruction (chair) : nécrose à l'importance et à la profondeur variable selon la force du coup et la durée du contact. • Rune de destruction (sang) : hémorragies à l'importance et à la profondeur variable selon la force du coup et la durée du contact. • ...
[sera enrichi au fil du temps]
Runes complexes • Rune de création (chair et sang) : accélère la régénération des tissus lésés et la résorption des hémorragies. • Rune de maternité : transmise de génération en génération, cette amalgame de runes, s'entremêlant autour d'une rune de contrôle du métabolisme, sert à faciliter l'accouchement des naines. Les Ancêtres y liaient des runes amoindrissant la sensation de douleur, décontractant les muscles, soignant les potentielles hémorragies, redonnant de l'énergie... En plus de cette complexité de composant, cette rune était souvent adaptée au cas par cas. En effet, les naines se renseignaient au préalables auprès des naines les plus proches par le sang de la future mère pour en savoir plus sur les problèmes récurrents (comment l'a vécue une telle... ? Est-ce vrai qu'une autre a perdu conscience... ?). Le savoir s'est transmis mais les conditions nécessaires pour recréer s'est runes sont devenues plus difficile à réunir, loin du clan. • ...
[sera enrichi au fil du temps]
Histoire
Chronologie:
756:X _ Naissance. 787:X _ Débute son apprentissage auprès des graverunes de son clan. 802:X _ A 46 ans, scelle un Pacte de fidélité avec Fímbor Main d'Or. 807:X _ Met au monde, à 51 ans, sa première fille. 828:X _ Devient Altrommi graverune. 844:X _ Son dernier rejeton naquit au crépuscule de ses 88 ans. 876.X _ Devient Langktrommi graverune. 956:X _ Devient Gnomtrommi du clan Long-Nez Fin du Xe _ Est à Kigran avec son clan lors du Voile. Est prise de folie et massacre plusieurs de ses proches, avant de revenir à elle et de s'enfuir pour retrouver les siens. 1:XI _ Passe quelques mois avec les siens, réfugiés à Landre, puis prend la route et quitte les terres naines.
Les petits pisse-lait et les petites pisseuses restaient toujours dubitatifs, la première fois que Grimeldha évoquait ses jeunes décennies. "Tu courrais vite ? Tu leur amenais leur armure ? Tu as travaillé dix jours et dix nuits sans dormir ?! Mais Grima', tu es si vieille !" Le dernier rejeton à prononcer ces mots recevait bien souvent une gentille taloche. "Mais dis-donc l'torche-grognar, tu vas m'laisser y v'nir ? grommelait alors l'ancêtre. Son apparent agacement laissait rapidement place à une tendresse à peine dissimulée. Et pour "y venir", elle y venait, quand les descendants Long-Nez prenaient le temps d'écouter.
La Famille
Grimeldha Long-Nez naquit en 756:X au sein du clan Long-Nez, en tant que deuxième née de Hrímbur Blanc-Marteau et de Wulga Long-Nez. Ces premières années, la jeune naine les employa à apprendre tout ce que les membres bienveillants, à la patience infini, de son clan voulurent bien lui expliquer, avec l'appréciation de sa mère : les moeurs de leur peuple, leurs codes, leurs rituels, leur histoire... Le sujet était bien vaste et nombre de ses subtilités ne prirent sens qu'au fil des décades qu'elle passa au sein de son clan, à observer les graverunes Long-Nez, penchés sur leur velin, gravant la pierre ou frappant avec détermination le métal. Cet Art qui berça son enfance l'attira tout naturellement, l'amenant à embrasser sans hésitation la carrière de runiste, son Kumenouth passé. Ainsi fut-elle emmenée à la Gransalle des Scriberunes, où elle se soumit au Thinthrynaz, la Loi du Silence, sans hésiter. Ainsi s'éveilla en elle cette passion platonique propre aux nains, à l'égard de son Art, qui emplie son existence et son esprit pendant bien des décennies.
Cependant, ses devoirs lui furent rappeler, avec une subtilité toute nanesque, alors que ses proches évoquaient à diverses reprises les propositions de Pacte d'autres clans. Plongée dans ses études, Grimeldha n'en tint pas compte... Un temps. De guerre lasse, elle finit par y prêter attention, allant jusqu'à rencontrer les prétendants. Son choix s'arrêta sur un jeune nain (autant qu'elle) dénommé Fímbor Main d'Or : quelque chose dans la froideur de l'intéressé, froideur qui s'évanouit sitôt qu'il fut question de l'Art de la forge, la charma, d'une certaine manière. Le Pacte de Fidélité fut ainsi scellé lors de ses 46 ans. Bien que non-initié à l'Art runique, les connaissances de la forge de son compagnon s'avérèrent bienvenues au sein du clan Long-Nez. Cinq année plus tard, les dieux bénirent cette union d'une première fille. D'autres enfants suivirent, jusqu'au dernier garçon, aux 88 ans de la naine.
En parallèle de sa vie de famille, Grimeldha persévéra dans la voie de Graverune, se retrouvant bien souvent avec une pisse-lait ou une pisseuse dans les jambes alors qu'elle gravait. Elle considérait ces moments comme bénis pour leur enseigner la patience, mais aussi l'amour pour l'Art de leur clan. Et aussi qu'il ne faut pas mettre la main entre le marteau et sa cible. Quand ses petits eurent grandis, elle transmit ce même enseignement à ses apprentis, une fois devenue Altrommi. Si elle s'avéra être une professeur d'une grande sévérité et exigence, la maîtresse runiste n'était pas avare en louange quand "ses" jeunes barbes réussissaient leurs créations. Les décennies s'écoulèrent, Grimeldha se consacrant toujours plus à son Art. Avec l'expérience, ses visites à la Gransalle des Scriberunes se firent de plus en plus nombreuses, motivée qu'elle était à aller y demander l'avis et le conseil des ancêtres y siégeant.
A ses 120 ans, elle connut l'immense fierté de devenir Langktrommi de son clan... Enfin, aux yeux de tous, cela devait être une fierté pour elle. De son point de vue, focalisée sur ses créations et leur perfectionnement, ce fut surtout une bonne raison pour "tous les pisse-laits du clan" de venir lui demander encore plus de conseil et d'avis, même les adultes. Autant dire que ce surplus d'attention l'agaça dans un premier temps au plus haut point, habituées qu'elle avait fini par être à passer ses journées en la seule compagnie de ses apprentis et de ses confrères. Cependant, à force de parole avec ses proches plus âgés et son compagnon, plus raisonnable qu'elle, la naine finit par apprécier cette nouvelle "voix" qu'elle avait au sein du clan, y prenant même goût. Non sans grommeler, elle répartit son temps entre son Art, les affaires du clans et ses enfants.
Ainsi s'égrena plus d'un demi-siècle, avant que son rythme ne soit à nouveau perturbé par le titre nouvellement acquis de Gromtrommi. Presque malgré elle, Grimeldha avait peu à peu acquis en pouvoir décisionnaire et en expérience en la matière, sa présence était donc requise au sein du Thryng, le conseil des Anciens Long-Nez. Mais que l'un de ses enfants eut l'audace de suggérer qu'il était peut-être temps pour elle de poser son marteau et son burin... Le "pisse-lait" s'enfuit à la vitesse de son siècle passé, poursuivit par le marteau furieux de sa mère, sous les regards hilares des autres runistes. Ces derniers se firent néanmoins plus discrets par la suite quand la naine fit craquer ses vieux os.
A l'approche de la fin du Xe cycle, cette routine toute naine n'empêcha pas Grimeldha de remarquer le discret changement de mentalité dans les innombrables couloirs de Kirgan : de plus en plus de nains envisageaient d'aller à la rencontre des autres races. Focalisée sur son clan et son Art, elle salua d'un haussement de sourcil glabre la volonté du Grand-Roi Bromar Sansoif de renouer le contact avec les elfes et les humains, et en fit de même pour l'initiative du suivant, Garmin, qui amena les nains à s'allier aux humains au sein de l'Alliance de la Lumière. L'idée l'effleura que cette histoire pourrait peut-être amener de nouveaux débouchés commerciaux... Mais cette pensée n'alla guère plus loin.
Car la Malenuit survint.
Le Voile
Dans le chaos, Grimeldha revint à elle. Comment ? Elle ne sut jamais comment l'expliquer et fut seulement capable de témoigner qu'elle avait comme "repris conscience", comme sortie d'un mauvais rêve, tout en ayant souvenir de ce qui s'était passé : qu'elle avait versé le sang d'un autre nain; qu'elle avait voulu frapper à mort un proche; que sa masse avait trouvé le crâne de l'un de ses petits-enfants et qu'elle l'avait vu tomber raide mort. Choquée, la naine parvint néanmoins à se focaliser sur sa survie, partant à la recherche des siens encore sains d'esprits pour fuir avec eux la cité ravagée.
Parvenus épuisé à Lante, le clan Long-Nez put trouver refuge auprès de clans cousins. Ils avaient pu alors panser leur plaie, compter leurs morts... Et ceux qu'ils manquaient. Nombreux avaient péris dans le chaos, les flammes et l'attaque gobeline, certains avaient été aperçus dans un état de folie guerrière et d'autres encore étaient restés pour couvrir la fuite des survivants. Il en était plus aisé de lister les visages encore présents et de considérer tous les autres comme morts. Grimeldha ne trouva pas trace de ses parents, ni de Fímbor, ni de plusieurs de ses enfants et petits-enfants. De mémoire de nain, le clan n'avait jamais connu de telles pertes.
Endeuillée, Grimeldha ne s'en affaira pas moins auprès des siens, allant réconforter les plus jeunes, organiser les adultes et écouter les nains les plus âgés. Quand le Voile se dissipa enfin, le soulagement se fit à peine sentir, les nains levant des yeux cernés et vacillant vers Silène, la nouvelle lune à l'apparition mystérieuse. Le Haut-Roi était mort, Kirgan était tombée... En un sens la civilisation naine était à genoux. Tout ce que le clan Long-Nez avait créé, bâti, rassemblé, gisait dans des ruines, aux mains des gobelins. Les Karumgrothi, les plus grands et anciens maîtres runistes, avaient disparu, et une partie du savoir du clan avec eux. Les nains Long-Nez, comme tant d'autres, entamèrent un long processus de reconstruction, à la recherche de nouveaux repères, d'une nouvelle vie... D'un nouveau départ, en une cité qui n'était pas la leur.
Les ennéades s'égrenant, Grimeldha ne parvint pas à passer outre les souvenirs du Voile. Un reflet sur une lame nouvellement forgée lui rappelait celle qu'une cousine avait manier en tentant de lui porter un coup mortel; au faible sourire d'un nain fatigué se superposait le faciès déformé d'un nain Long-Nez rendu fou; le moindre stridence d'une bête lui rappelait le cri d'épouvante qu'elle avait poussé au souvenir de son arme perforant la tête d'une pisseuse qu'elle avait elle-même commencé à former. Au milieu des autres nains survivants, ces images et sensations du passé altéraient sa perception du présent, la forçant à s'isoler pour reprendre contenance. Toute la compassion et ces mêmes fantômes qu'elle voyait dans le regard de ses proches ne changèrent en rien le poids de son fardeau.
Ce poids était d'autant plus lourd que l'un des piliers de leur existence à tous avait été remis en question : Mogar. Qu'avait pu attirer ainsi sa fureur ? Était-ce bien lui derrière cette catastrophe ? La naine était troublée. Là où une prière aurait autrefois raffermi sa détermination, elle hésitait désormais au moindre mot, l'esprit tourmenté par ces doutes auxquelles les nains répondaient de multiples manières, aucunes ne la satisfaisant. Le plus souvent, elle se tournait alors vers Yaron le Scribe, celui qui, à l'origine du monde, avait donné aux nains l'écriture et sa magie. Un pilier toujours debout, mais qui était bien mince pour soutenir seul la voûte de son esprit épuisé. Grimeldha alla jusqu'à aller mettre la main sur l'un des prêtres de Mogar, ces derniers tâchant désormais le plus souvent de se faire oublier afin d'éviter les foudres des plus déchainés sur la question religieuse. Le nain en question écouta ses interrogations et lui répondit. Mais alors qu'elle l'écoutait, la Vieille Barbe sentit son espoir flétrir : les sentences autrefois si rassurantes étaient désormais bien creuses et poussiéreuses. Il ne sait pas. réalisa-t-elle avec désespoir.
Le Départ
Une année ne s'était pas écoulée que Grimeldha prit sa décision. Rassemblant ses possessions, la Gromtrommi annonça au sien qu'elle allait prendre l'air, loin des terres naines. De la stupeur à l'indignation, en passant par la colère, les réactions furent dans la majorité négatives. Elle se devait de rester avec les siens dans cette période de crise; qu'espérait-elle trouver en partant au loin; elle était irresponsable de... Grimeldha tint bon, jusqu'à ce qu'elle n'en puisse plus. Dans une explosion de colère, elle invectiva sans retenue les nains présents, les repoussant avec violence et quitta les lieux avec ses rares biens. Elle traversa la ville dans ce même état de fureur, jusqu'à ce que quelqu'un ose la retenir. Sa rage s'éteignit quand elle découvrit le visage inquiet d'un pisse-lait. "Tu reviendras plus vite avec lui." fit-il en lui tendant la longe de l'une des bêtes offerte en soutien par le clan les ayant accueilli. Tremblante, elle l'accepta.
Les badauds les plus attentifs découvrir alors à quoi ressemblait une vieille naine en pleurs. Puis elle s'en alla, et passa les ennéades suivantes à prendre de la distance avec Lante. Marchant d'abord auprès de sa bête, se mêlant aux caravanes marchandes, apprenant peu à peu l'oliyan en s'éloignant du Zagazorn, la Long-Nez créa de petits liens avec les voyageurs, puis les villages où elle fit halte. Se contentant d'abord de vivre de "broutilles" taillées, qui n'en laissaient pas moins ses acheteurs bouches-bée, Grimeldha put peu à peu se créer une petite échoppe nomade, une fois qu'elle eut pu acquérir une chariote à laquelle elle attacha Rurk, le bélier du Zagazorn. Cette nouvelle vie l'amena à fouler du pied des terres humaines, et même elfiques ! A en apprendre plus sur ces races voisines qu'en deux siècles de vie au sein de Kirgan. A sa grande surprise, ces découvertes ont "rajeuni" la Gromtrommi, comme du temps où elle ne connaissait pas encore, jeune Knublstubi qu'elle fut, tous les niveaux de Kirgan la Ravagée... Ce furent même des humains, chez qui elle avait fait halte pour la nuit, qui lui apprirent, avec des mois de retard, les progrès des nains pour reprendre leur royaume à la folie du Voile. Grimeldha cacha ses larmes de fierté dans une gorgée d'alcool.
Mais alors qu'elle contemple des visages comme elle n'en avait jamais croisé lorsqu'elle vivait parmi les siens, Grimeldha s'interroge... "Les Dieux se sont réveillés." disent les indécis. Cette réponse ne satisfait pas non plus la naine à la foi branlante. Alors, la vieille dawi cherche les religieux des autres races. Que pense les autres foi du Voile et de ses "miracles"... ? Quelles réponses apportent-elles à l'inexplicable ? Y a-t-il un seul mortel dans tout Miradelphia pour avoir compris quelque chose à l'intervention des Dieux ?
Développement RP:
Dans les décombres An 1 du XIe cycle
Dans les entrailles de la défunte cité, au milieu des kilomètres de galeries autrefois somptueusement sculptés, dans les restes de ce que fut pendant de nombreux cycles l'une des demeures du clan runiste Long-Nez, reposait un livre à la couverture couverte de runes naines. La première page noircie de symboles commençait ainsi :
"Ceci est le journal de Grimeldha Long-Nez, deuxième née de Hrímbur Blanc-Marteau et de Wulga Long-Nez, née au cours de la septième ennéade de Favrius, en automne de la 756ème année du Xe cycle, Altrommi graverune du clan Long-Nez, ayant conclu un Pacte avec Fímbor Main d'Or, mère de..."
Parmi les nombreuses et sombres créatures ayant envahi la carcasse de la cité brisée, il y eut un gobelin pour fouiller ces parages. Sa recherche hasardeuse amena ses doigts crochus a heurté, sous la caillasse, une surface étonnamment douce. D'entre les décombres, la créature extirpa cet objet si atypique : un livre. A peine en découvrit-il la couverture de cuir finement gravée que le livre se décomposa entre ses doigts, feuilles de velin comprises. Les charnières qui en avaient jusque-là verrouillé le contenu chutèrent dans la poussière, désormais inutiles.
Sur les routes An 5 du XIe cycle
A la tombée du jour, la chariote avait fait halte pour la nuit, non loin de la route, auprès d'une roche massive sortant du sol, ayant comme transpercé la plaine herbeuse. Le bélier, libéré du poids qu'il tirait de longues heures chaque jour, broutait à son aise, l'oreille attentive. La nuit arriva à toute allure, couvrant les lieux de son obscure manteau. Il n'y avait qu'un mince fil de lumière, au pied de la porte de la chariote, pour concurrencer les innombrables lueurs de la voûte céleste.
A l'intérieur, une bougie illuminait doucement la petite pièce encombrée et les traits tirées de l'occupante. Les outils d'ordinaire éparpillés sur le minuscule établi avait été rangés, déplacés, laissant leur place à un mince livre, un encrier et une plume. Ces objets attiraient sans cesse l’œil de la vieille naine vivant là qui, pourtant, n'avait de cesse d'aller à droite et à gauche dans le petit espace de la chariote. Déplaçant un bibelot, se coupant un morceau de viande séchée, allumant sa pipe, maugréant, vérifiant que tout était à sa place... Et cela plusieurs fois, pas toujours dans le même ordre.
Se sentant soudainement éreintée, Grimeldha laissa son séant choir sur la seule chaise, petite et trapue, de la chariote, sa pipe fumante entre ses lèvres minces et tirées. Elle exhala une mince fumée aux courbes tortueuses. Son regard perdu dans le vague revint dans le présent, avant de dériver lentement vers le livre. Après une minute d'hésitation, sa main ridée s'en rapprocha, soulevant avec précaution la couverture vierge. Elle se saisit de la plume, la trempa dans l'encrier et en apposa enfin la pointe sur le vélin délicat. Puis elle ne bougea plus.
Infime, un frémissement prit naissance sur les lèvres de la naine. Il se répandit sur son menton, ses joues, monta dans ses yeux humides qui ne parvinrent plus à rester fixe, alla contracter fébrilement ses sourcils glabres, créa mille rides sur son large front. Ses dents mordirent dans le bois de la pipe. Les jointures de sa main calleuse blanchirent, tandis qu'elle se crispait sur la fine plume.
Le silence mourut lorsque la tige craqua.
Grimeldha rangea plume et encrier, referma le livre puis se leva pour aller le glisser dans une étagère, à côté de son nécessaire à tricoter. Soudainement, ses doigts se raccrochèrent au bois, la vieille naine vacillant. Elle baissa la tête et laissa échapper d'entre ses lèvres pâles une plainte rauque. Des larmes coulaient dans le dédale de rides couvrant son visage. Elle enfouit ce dernier dans ses mains tremblantes.
"Que les Ancêtres aient pitié... Pourquoi, Père des Batailles ? Pourquoi avoir jeté dans un tel feu tes enfants ?"
Parmi les Umgi An 8 du XIe cycle
Certains voyageaient en famille. D'autre avec leur marchandises. Certains juste avec leur monture. Les raisons étaient variées, les origines diverses mais tous partageaient le même but : voyager en sécurité en direction sud, soit en groupe. Ainsi la caravane s'étalait au rythme du pas pesant des bêtes de bat. La majorité était humaine, à quelques exceptions près : quelques elfes... Et une naine. Cette dernière guidait tranquillement son bélier tout en fumant sa pipe, observant non sans amusement une matrone rabrouer sa marmaille agitée.
La journée s'écoula ainsi en toute tranquillité , au détail près que la naine échangea quelques vulgarités avec la mère d'un marmot qui, ayant tenté de caresser un certain bélier, malgré les avertissements de sa propriétaire, avait cru perdre quelques doigts dans l'affaire. Le soir vint, le convoie fit halte et monta le camp à l'orée d'un bois. Des feux furent allumés, de multiples odeurs venant bientôt titiller les narines sensibles et réveiller les ventres vide, tandis que les discussions allaient bon train. Puis le cri d'une sentinelle fit chuter les écuelles.
Soudain, les arbres proches frémirent d'une vie imprévue, hérissée de fourches, au regard fou. Des dizaines d'inconnus, hommes et femmes, menacèrent les voyageurs et marchands stupéfaits, les plus téméraires se figeant à la vue des longs centimètres de métal qui n'attendaient qu'une occasion pour se planter dans leur chair. L'un des assaillant s'avança.
- Résistez-pas ! Lâchez vos armes et tout ira bien ! - Qu'est-ce que vous nous voulez ?!piailla la matrone évoquée plus haut, étreignant ses rejetons. - Ca s'voit pas ?répondit pour l'autre une voix à l'oliyan incroyablement rocailleux.
Ayant attiré l'attention et bénéficiant de la stupéfaction de l'assaillant à la vue d'une naine, Grimeldha désigna de sa cuillère l'un des bandits qui, lâchant son arme, s'était jeté sur le contenu fumant d'une petite marmite renversée.
- M'est avis...continua la naine.Qu'vous creviez d'faim la bouche ouverte dans les buissons, là, pis qu'l'odeur vous aura ranimés. J'ai t'y pas raison ?fit-elle en s'appuyant d'une main sur son bâton. - La.. La ferme la vioc' ! On prend c'qu'on veut, vous nous laissez faire, et tout... ! - Et rien du tout !tonna brusquement la naine, à la stupéfaction générale.Garçon, t'arrête de faire ton fier avec ta fourchette et tu poses ton cul sur une pierre le temps qu'ça cuise. On doit bien avoir quelques gibiers d'réserve qu'on peut r'mettre sur le feu... - Quoi ? Mais il est hors de question que nous...commença l'un des marchands. - Tu la fermes aussi s'tu veux pas t'prendre mon bâton dans ta couillerie !
Estomaqué, l'individu s'insurgea dans l'indifférence de son entourage, alors que le temps reprenait non sans surprise son souffle. Les nouveaux-venus restèrent indécis, certain s'asseyant, d'autres serrant leurs armes de fortunes avec nervosité. Les feux furent ravivés, de nouveaux morceaux de viande mis à cuir. Non sans hésitation, certains voyageurs proposèrent aux affamés leurs restes : ces derniers se jetèrent dessus, prenant à peine le temps de dire merci. Sans trop comprendre comment, les uns comme les autres se retrouvèrent à manger ensemble. Le porte-parole des bandits en haillons regarda avec un certain malaise la naine s'approcher. Celle-ci s'assit à un peu plus d'un mètre, écuelle en main.
- Le banditisme, ça vous est v'nu comment ?fit-elle de son oliyan agressif pour des oreilles non-naines. - Les drows... Ils tiennent Oesgard. Ils font des raids sur les villages alentours...souffla l'homme, le regard fuyant.
Après un temps d'absence, il se mit à parler. Évoquant l'attaque, les flammes, les lames étincelantes, les cris, la fuite... Toujours sur un ton bas, comme craignant d'être entendu. Grimeldha ne dit mot, écoutant d'abord la peine de l'humain, avant de tomber dans la sienne. Aux flammes se superposèrent la lave, venue ravager sa cité. Aux lames, les armes immondes des gobelins. A la fuite, cette chute dans l'obscurité d'une folie tout sauf naturelle. Les visages qui défilaient, hurlant, pleurant, riant, disparaissant dans des gerbes écarlates... Un frisson d'horreur fit trembler le corps fatigué de la naine.
- M'dame...?fit une voix.
Grimeldha revint brusquement à elle. Surprise, en voyant le regard troublé de son interlocuteur, elle réalisa à quel point il était jeune, sous ses plaies et sa crasse. Cette umgi... L'a pas eu l'temps d'avoir une famille... De voir grandir ses mômes... De leur fracasser le crâne... Sa bouche se tordit alors qu'un souvenir remontait, malgré ses réguliers efforts pour le maintenir enfoui.
- C'est derrière toi, garçon.Se força-t-elle à dire, repoussant les images.La suite, c'toi qui la décide. Si tu propages le feu ou qu'tu l'éteins... Mange temps que c'est chaud.
La naine enfouit son nez dans son ragout, sous le regard songeur de l'humain. Elle ne dit plus rien par la suite et s'empressa de retourner dans sa chariote une fois son écuelle vide. Elle s'y enferma. Qui eut tendu l'oreille dans cette direction cette nuit-la aurait pu entendre jusqu'à l'aube résonner de petits coups de burin dans le bois. Sans interruption.
A présent, tout ce qui suit a été RP.
Questionner le divin
Au hasard de ses pérégrinations commerciales, la vieille dawi croisa la route d’un groupe particulièrement hétéroclite. Pourquoi s’attarder sur leur cas ? Car une attaque survint, de même que des révélations surprenantes quant à leur objectif : la déesse des morts humaine, Tyra, avait fermé les portes de son royaume aux Souffles humains. On ne peut plus intriguée par la question divine, Grimeldha se joignit à l’étrange compagnie, côtoyant ainsi humain, sang-mêlés… Ainsi qu’une drow. Qui parlait le khazalide, par les aïeux !
Ainsi, ils allèrent jusqu’aux ruines de Nisétis. Là, en présence d’innombrables souffles prisonniers, un rituel fut réalisé… Amenant Tyra à apparaître aux yeux des voyageurs assemblés. Grimeldha fut mise à genoux face à la vision du fantôme de l’une de ses petites-filles, qu’elle avait elle-même tué, au cours de la folie du Voile. La tête basse, Grimeldha et bien d’autres implorèrent Tyra d’accueillir à nouveau les Souffles humains… La déesse accepta, et la mort jaillit de la roche. Les voyageurs fuirent face à la créature titanesque qui fut lâchée sur eux. La dawi crut sa fin arrivée, alors qu’elle se retrouvait accrochée au dos d’un umgi, suspendu dans le vide… Cela n’arriva pas, et elle put fuir encore, retrouvant les rares survivants plus loin dans le désert, après une chevauchée éperdue. Là, ils purent se remettre, malgré les graves blessures infligées par le monstre, et la précarité de leur situation.
De ce chaos, elle ne tira que le souvenir doux-amer de la vision de sa descendante défunte… Ainsi qu’un morceau des piliers, désormais brisés, où s’était tenu le rituel.
Revenue à la civilisation, Grimeldha retrouva Rurk, sa chariote, ainsi que la routine commerciale. Cependant, une rencontre pour une commande se révéla être le guet apens d’une drow. Cette dernière exigea des réponses de la naine, quant à une certaine marque. Cette marque, Grimeldha l’avait vu sur la poitrine de l’apparition de Tyra. En récompense, la dénommée Krish Al’Serat lui donna des réponses sur Mogar qu’elle n’était pas prête à entendre. Sous le choc, la vieille dawi perdit connaissance… Et se réveilla dans la demeure de la drow, quelques jours plus tard, sautant à la gorge de ses soigneurs. Redevenant elle-même, la naine se retrouva face à sa dette. Elle ne quitta la sombre compagnie qu’après avoir réparé la jambe d'un sbire noirelfe, qu’elle avait elle-même brisé au moment en réalisant la tromperie.
Maîtresse runiste
Perturbée par ces révélations, ainsi que par les propos tenus à son encontre par l’apparition de Tyra, Grimeldha se décida à retourner auprès des siens, à Lante. Ses secrets demeurèrent un mur la séparant des siens, incapable d’apprécier leur sollicitude. Elle repartit rapidement avec un nouvel apprenti, le jeune Bruloth Long-Nez.
Parcourant à nouveau les routes du Zagazorn, Grimeldha eut la surprise de recroiser T’sisra Do’ath, et de rencontrer enfin celui qui lui avait appris le khazalid. Cette rencontre n’était cependant pas le fruit du hasard : T’sisra cherchait de l’aide afin d’atteindre le Grand Roi nain… Avec l’aide de son père adoptif, elle avait découvert la cité légendaire du clan Molgrunn. La naine aida la sombre… Et, quand le temps vint, fit partie de l’expédition qui fut envoyée vérifier les dires de la drow. En bonne runiste, la vieille naine ne pouvait résister à l'envie de découvrir la salle des runes de la cité.
HRP:
Dernière édition par Grimeldha Long-Nez le Dim 14 Oct 2018 - 12:28, édité 9 fois
Grimeldha Long-Nez
Ancien
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Sujet: Re: Grimeldha Long-Nez / Vieille naine en vadrouille [TERMINEE] Sam 13 Oct 2018 - 21:46
Fiche re-terminée ! L'histoire a été réécrite pour couvrir toute la vie de Grimeldha.
Artiön Laergûl
Modérateur
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Sujet: Re: Grimeldha Long-Nez / Vieille naine en vadrouille [TERMINEE] Dim 14 Oct 2018 - 17:39
J'espère que pour toi ça aura valu le coup d'attendre, parce que pour moi en tout cas, une histoire aussi bien écrite, je suis pas déçu de t'avoir poussé à la rédiger !
Code:
[Métier] : Artisane itinérante
[Sexe] : Féminin
[Classe d'arme] : Corps à corps
[Alignement] : Neutre Stricte
Foire au RP ~ Pour tout ce qui est recherche de compagnons RP. En bref, que du bonheur ! Journal de bord ~ Pour archiver tes liens de RP qui content l'histoire de ton personnage {Vivement conseillé}. Et enfin, si tu as des question, n'hésite surtout pas à demander l'aide d'un parrain, ou à tout simplement poser tes questions dans la partie créée à cet effet.
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Sujet: Re: Grimeldha Long-Nez / Vieille naine en vadrouille [TERMINEE] Lun 15 Juil 2019 - 12:34
Fiche remise dans le présentoir pour mise-à-jour.
Ancienne fiche:
Possessions & Equipements :
Vivant sur les routes depuis son départ de Zagazorn, quelques mois après la Malenuit, la vieille naine emporte tout ce qu'il faut avec elle pour vivre, exercer l'art de son clan qu'elle pratique dans le secret de son véhicule, et fabriquer les plus humbles créations dont elle fait commerce.
Rurk, un bélier des plaines de Zagazorn lui fait office d'animal de bât, de compagnon... Et de chien de garde, toute main non-invitée se voyant sévèrement châtier par un coup de corne ou de robustes molaires. Une présence intruse est aussitôt par de hargneux bêlements rauques. L'animal a 23 ans en 11.XI, fait 1m36 au garrot et pèse 385 kilos.
LE BÉLIER DU ZAGAZORN:
Une humble chariote est sa maison (sur roues) ainsi que sa devanture quand vient l'heure de se poser dans un village, le temps de conclure quelques affaires. S'y trouvent son nécessaire à gravure, sa pipe à herbe, et puis le nécessaire à vivre d'une vieille dame en chariote : couchette, vêtements, chauffe-pied, nécessaire pour cuisiner, tricoter...
Toujours à portée de poigne, un makangaz, marteau à une main de Lante, dont elle se sert aussi bien pour cogner sur les clous que les têtes des curieux aux intentions douteuses.
Un humble bâton de marche, court et rustaud, finement parcouru de ce que peu d'êtres intelligents sauraient reconnaître comme étant des runes naines. Certains individus peu recommandables se sont déjà effondrés après un seul coup porté à la jambe par la vieille naine outrée, beuglant de douleur, ne récoltant qu'un : "Change donc de métier si tu es si fragile, Umgi !" pour seule marque de compassion. Remarque : son jumeau demeure caché dans un creux du bois, sous la couchette de la naine, celle-ci prenant garde a toujours avoir un bâton de rechange, les runes de ces derniers s'usant à chaque usage jusqu'à ne plus contenir la moindre magie. Le bâton de secours devient alors le principal tandis qu'elle en grave un nouveau.
Une pierre simple, lissée par le courant d'un ruisseau, désormais gravée de runes naines, que Grimeldha garde dans une bourse autour du cou. Appliquée sur des chairs douloureuses ou une plaie, elle soulage les premières et accélère la cicatrisation de la seconde. Remarque : comme pour le bâton, Grimeldha en garde quelques-unes de réserve, cachées dans la chariote.
Apparence :
Taille : 1m29.
Couleur des yeux : Vert passé.
Comme ton manteau est épais... C'est pour me protéger de l'hiver, petit Dawi. Comme tes poches sont nombreuses... C'est pour mieux y cacher mes trésors, petit Dawi. Comme tu es petite... C'est pour mieux surprendre les coquins, petit Dawi. Comme tu es trapue... C'est pour que le vent ne m'emporte pas, petit Dawi. Comme tes mains sont calleuses... C'est pour mieux tenir mon marteau et mon burin, petit Dawi. Comme tu as un long nez... C'est pour mieux sentir le métal et les joyaux, petit Dawi. Comme tu as de longues tresses... C'est pour que tu puisses t'y balancer, petit Dawi. Comme tes cheveux sont gris... C'est pour mieux rester avec toi, petit Dawi. Comme tes yeux sont petits... C'est pour ne pas que le feu de la forge m'aveugle, petit Dawi. Comme ton visage est ridé... Mes sourires y ont creusé des vallées, mes larmes des rivières, et mes colères des falaises, petit Dawi. Comme ton sourire est grand... C'est pour mieux te croquer, petit Dawi !
- Discussion classique entre la naine et l'un de ses petits enfants, avant le Voile.
Personnalité :
Bonne vivante. La Malenuit n'a pas réussi à altérer cette part de la vieille naine. Ainsi demeure son amour pour la ripaille, la bière, l'herbe à pipe, les banquets et les combat en famille ! Elle ne dit jamais non à une bonne occasion de remettre le couvert.
Têtue. Têtue comme une enclume : les arguments la martèlent sans que rien n'y fasse. Quand Grimeldha a une idée en tête, elle s'y tient, qu'il vente, neige, pleuve, qu'une roue se brise, qu'un dragon rugisse ou qu'un volcan se réveille.
Impulsive. L'étincelle qui met le feu au poudre... La vieille naine fonctionne bien souvent à l'instinct. Que son petit burin lui souffle quelque chose, que Rurk renâcle plus que d'habitude, qu'un chemin hasardeux s'offre à elle... La vieille peut remettre ses projets en question sans y penser, si une part d'elle-même la pousse à s'y risquer, même quand il manque des indications sur lesquelles s'appuyer. Elle le sent dans ses vieux os : elle le sait. Quoi ? C'est encore à déterminer.
Malicieuse. Un trait pour le moins surprenant chez une vieille naine, c'est son goût pour les farces et les (petites) manipulations. En un sens, elle n'a pas perdu son âme de jeune barbe. Aller à l'encontre des interdictions, faire des nœuds dans la barbe d'un nain endormi, agiter une plume sous le nez d'un Rurk ronchon... Tout est bon pour secouer son quotidien (et ses malheureux compagnons de route).
Méfiante. C'est bien connu, ce qui n'est pas nain et à considérer avec la plus grande prudence. C'est peut-être doué d'intelligence et d'empathie, ça a peut-être une tête, deux bras et deux jambes, mais "ça" n'a pas le code d'honneur nain pour en faire un être civilisé digne de ce nom. Enfin, c'est ce que pensait Grimeldha du temps de Kirgan. Avoir côtoyé des humains ces dix dernières années l'a amené à réfléchir sur cette mentalité. Les habitudes d'une vieille naine n'en sont pas moins tenaces.
Particulièrement méfiante à l'égard des elfes... Le clan "Long-Nez" a longtemps été reconnu pour son "art" dans la traque et l'exécution des elgi, notamment via des objets et pièges gravés, couplés à un esprit retord. Cette renom s'est étiolée au fil des cycles au profit d'une réputation d'excellents runistes, les Long-Nez se focalisant sur le perfectionnement de leur art au dépend de ses applications martiales. Si la haine suscitée par la Première Guerre, ou encore la Guerre des Traîtres, n'a pas traversé intacte les cycles, elle n'a pas moins marqué durablement les descendants de ce clan d'une irrépressible aversion raciale.
Pieuse. Comme tout bon nain, Grimeldha révère le panthéon Dawi depuis toujours, et plus particulièrement le Père des Batailles. La Malenuit a cependant ébranlé sa foi, sans la faire complètement disparaître. La naine se questionne et cherche des réponses, refusant de considérer les catastrophes survenues comme une simple "manifestation du mécontentement de Mogar". Quelle acte aurait pu leur valoir de telles souffrances ? Sans avertissement ni semonce ? Grimeldha doute mais n'oublie pas les rituels ayant accompagné ses deux siècles et demi d'existence.
Mélancolique. Le naturel optimiste et joyeux de Grimeldha a été perturbé par les évènements survenus au cours de la Malenuit. Elle passe désormais du rire aux larmes, de la joie au chagrin en un battement de paupières, si les "mauvais" souvenirs lui reviennent. Arguments, attentions, chaleur d'un être aimé... Peu de choses parviennent à l'arracher à ces tristes pensées quand elle y succombe. Le plus souvent elle trouve refuge dans le travail des runes, sa concentration lui faisant oublier tout si ce n'est les petits coups réguliers de son burin, comme de nouveaux battements de coeur.
Berserk. Un autre trait développé suite au passage du Voile. Qu'une émotion particulièrement violente la saisisse, dans ses moments les plus sombres, peut amener Grimeldha à sombrer dans une rage semblable à celle des berserks, comme si cette folie dont elle était revenue avait réussi à prendre racine en son coeur. Aveugle à tous liens, avide de violence, la naine est alors méconnaissable.
Capacités magiques :
En bonne naine, Grimeldha n'en a aucune. Cependant, il est a noté qu'en tant que graverune, elle a développé la capacité d'attirer, de capturer la magie dans les runes qu'elle grave dans divers matériaux (bois, cuir, os, pierre, métal...), au cours d'un long et laborieux processus appris et perfectionné durant plus de deux siècles au sein de son clan. La spécialisation de ce dernier étant les runes de Vie, voici quelques-unes que cette Gnomtrommi Long-Nez maîtrise :
Runes simples • Rune de destruction (os) : quand frappés par un objet gravé, même à travers la chair, les os sont au mieux fissurés, au pire, brisés en plusieurs fragments. • Rune de destruction (chair) : nécrose à l'importance et à la profondeur variable selon la force du coup et la durée du contact. • Rune de destruction (sang) : hémorragies à l'importance et à la profondeur variable selon la force du coup et la durée du contact. • ...
[sera enrichi au fil du temps]
Runes complexes • Rune de création (chair et sang) : accélère la régénération des tissus lésés et la résorption des hémorragies. • Rune de maternité : transmise de génération en génération, cette amalgame de runes, s'entremêlant autour d'une rune de contrôle du métabolisme, sert à faciliter l'accouchement des naines. Les Ancêtres y liaient des runes amoindrissant la sensation de douleur, décontractant les muscles, soignant les potentielles hémorragies, redonnant de l'énergie... En plus de cette complexité de composant, cette rune était souvent adaptée au cas par cas. En effet, les naines se renseignaient au préalables auprès des naines les plus proches par le sang de la future mère pour en savoir plus sur les problèmes récurrents (comment l'a vécue une telle... ? Est-ce vrai qu'une autre a perdu conscience... ?). Le savoir s'est transmis mais les conditions nécessaires pour recréer s'est runes sont devenues plus difficile à réunir, loin du clan. • ...
[sera enrichi au fil du temps]
Histoire
Chronologie:
756:X _ Naissance. 787:X _ Débute son apprentissage auprès des graverunes de son clan. 802:X _ A 46 ans, scelle un Pacte de fidélité avec Fímbor Main d'Or. 807:X _ Met au monde, à 51 ans, sa première fille. 828:X _ Devient Altrommi graverune. 844:X _ Son dernier rejeton naquit au crépuscule de ses 88 ans. 876.X _ Devient Langktrommi graverune. 956:X _ Devient Gnomtrommi du clan Long-Nez Fin du Xe _ Est à Kigran avec son clan lors du Voile. Est prise de folie et massacre plusieurs de ses proches, avant de revenir à elle et de s'enfuir pour retrouver les siens. 1:XI _ Passe quelques mois avec les siens, réfugiés à Landre, puis prend la route et quitte les terres naines.
Les petits pisse-lait et les petites pisseuses restaient toujours dubitatifs, la première fois que Grimeldha évoquait ses jeunes décennies. "Tu courrais vite ? Tu leur amenais leur armure ? Tu as travaillé dix jours et dix nuits sans dormir ?! Mais Grima', tu es si vieille !" Le dernier rejeton à prononcer ces mots recevait bien souvent une gentille taloche. "Mais dis-donc l'torche-grognar, tu vas m'laisser y v'nir ? grommelait alors l'ancêtre. Son apparent agacement laissait rapidement place à une tendresse à peine dissimulée. Et pour "y venir", elle y venait, quand les descendants Long-Nez prenaient le temps d'écouter.
Grimeldha Long-Nez naquit en 756:X au sein du clan Long-Nez, en tant que deuxième née de Hrímbur Blanc-Marteau et de Wulga Long-Nez. Ces premières années, la jeune naine les employa à apprendre tout ce que les membres bienveillants, à la patience infini, de son clan voulurent bien lui expliquer, avec l'appréciation de sa mère : les moeurs de leur peuple, leurs codes, leurs rituels, leur histoire... Le sujet était bien vaste et nombre de ses subtilités ne prirent sens qu'au fil des décades qu'elle passa au sein de son clan, à observer les graverunes Long-Nez, penchés sur leur velin, gravant la pierre ou frappant avec détermination le métal. Cet Art qui berça son enfance l'attira tout naturellement, l'amenant à embrasser sans hésitation la carrière de runiste, son Kumenouth passé. Ainsi fut-elle emmenée à la Gransalle des Scriberunes, où elle se soumit au Thinthrynaz, la Loi du Silence, sans hésiter. Ainsi s'éveilla en elle cette passion platonique propre aux nains, à l'égard de son Art, qui emplie son existence et son esprit pendant bien des décennies.
Cependant, ses devoirs lui furent rappeler, avec une subtilité toute nanesque, alors que ses proches évoquaient à diverses reprises les propositions de Pacte d'autres clans. Plongée dans ses études, Grimeldha n'en tint pas compte... Un temps. De guerre lasse, elle finit par y prêter attention, allant jusqu'à rencontrer les prétendants. Son choix s'arrêta sur un jeune nain (autant qu'elle) dénommé Fímbor Main d'Or : quelque chose dans la froideur de l'intéressé, froideur qui s'évanouit sitôt qu'il fut question de l'Art de la forge, la charma, d'une certaine manière. Le Pacte de Fidélité fut ainsi scellé lors de ses 46 ans. Bien que non-initié à l'Art runique, les connaissances de la forge de son compagnon s'avérèrent bienvenues au sein du clan Long-Nez. Cinq année plus tard, les dieux bénirent cette union d'une première fille. D'autres enfants suivirent, jusqu'au dernier garçon, aux 88 ans de la naine.
En parallèle de sa vie de famille, Grimeldha persévéra dans la voie de Graverune, se retrouvant bien souvent avec une pisse-lait ou une pisseuse dans les jambes alors qu'elle gravait. Elle considérait ces moments comme bénis pour leur enseigner la patience, mais aussi l'amour pour l'Art de leur clan. Et aussi qu'il ne faut pas mettre la main entre le marteau et sa cible. Quand ses petits eurent grandis, elle transmit ce même enseignement à ses apprentis, une fois devenue Altrommi. Si elle s'avéra être une professeur d'une grande sévérité et exigence, la maîtresse runiste n'était pas avare en louange quand "ses" jeunes barbes réussissaient leurs créations. Les décennies s'écoulèrent, Grimeldha se consacrant toujours plus à son Art. Avec l'expérience, ses visites à la Gransalle des Scriberunes se firent de plus en plus nombreuses, motivée qu'elle était à aller y demander l'avis et le conseil des ancêtres y siégeant.
A ses 120 ans, elle connut l'immense fierté de devenir Langktrommi de son clan... Enfin, aux yeux de tous, cela devait être une fierté pour elle. De son point de vue, focalisée sur ses créations et leur perfectionnement, ce fut surtout une bonne raison pour "tous les pisse-laits du clan" de venir lui demander encore plus de conseil et d'avis, même les adultes. Autant dire que ce surplus d'attention l'agaça dans un premier temps au plus haut point, habituées qu'elle avait fini par être à passer ses journées en la seule compagnie de ses apprentis et de ses confrères. Cependant, à force de parole avec ses proches plus âgés et son compagnon, plus raisonnable qu'elle, la naine finit par apprécier cette nouvelle "voix" qu'elle avait au sein du clan, y prenant même goût. Non sans grommeler, elle répartit son temps entre son Art, les affaires du clans et ses enfants.
Ainsi s'égrena plus d'un demi-siècle, avant que son rythme ne soit à nouveau perturbé par le titre nouvellement acquis de Gromtrommi. Presque malgré elle, Grimeldha avait peu à peu acquis en pouvoir décisionnaire et en expérience en la matière, sa présence était donc requise au sein du Thryng, le conseil des Anciens Long-Nez. Mais que l'un de ses enfants eut l'audace de suggérer qu'il était peut-être temps pour elle de poser son marteau et son burin... Le "pisse-lait" s'enfuit à la vitesse de son siècle passé, poursuivit par le marteau furieux de sa mère, sous les regards hilares des autres runistes. Ces derniers se firent néanmoins plus discrets par la suite quand la naine fit craquer ses vieux os.
A l'approche de la fin du Xe cycle, cette routine toute naine n'empêcha pas Grimeldha de remarquer le discret changement de mentalité dans les innombrables couloirs de Kirgan : de plus en plus de nains envisageaient d'aller à la rencontre des autres races. Focalisée sur son clan et son Art, elle salua d'un haussement de sourcil glabre la volonté du Grand-Roi Bromar Sansoif de renouer le contact avec les elfes et les humains, et en fit de même pour l'initiative du suivant, Garmin, qui amena les nains à s'allier aux humains au sein de l'Alliance de la Lumière. L'idée l'effleura que cette histoire pourrait peut-être amener de nouveaux débouchés commerciaux... Mais cette pensée n'alla guère plus loin.
Car la Malenuit survint.
Dans le chaos, Grimeldha revint à elle. Comment ? Elle ne sut jamais comment l'expliquer et fut seulement capable de témoigner qu'elle avait comme "repris conscience", comme sortie d'un mauvais rêve, tout en ayant souvenir de ce qui s'était passé : qu'elle avait versé le sang d'un autre nain; qu'elle avait voulu frapper à mort un proche; que sa masse avait trouvé le crâne de l'un de ses petits-enfants et qu'elle l'avait vu tomber raide mort. Choquée, la naine parvint néanmoins à se focaliser sur sa survie, partant à la recherche des siens encore sains d'esprits pour fuir avec eux la cité ravagée.
Parvenus épuisé à Lante, le clan Long-Nez put trouver refuge auprès de clans cousins. Ils avaient pu alors panser leur plaie, compter leurs morts... Et ceux qu'ils manquaient. Nombreux avaient péris dans le chaos, les flammes et l'attaque gobeline, certains avaient été aperçus dans un état de folie guerrière et d'autres encore étaient restés pour couvrir la fuite des survivants. Il en était plus aisé de lister les visages encore présents et de considérer tous les autres comme morts. Grimeldha ne trouva pas trace de ses parents, ni de Fímbor, ni de plusieurs de ses enfants et petits-enfants. De mémoire de nain, le clan n'avait jamais connu de telles pertes.
Endeuillée, Grimeldha ne s'en affaira pas moins auprès des siens, allant réconforter les plus jeunes, organiser les adultes et écouter les nains les plus âgés. Quand le Voile se dissipa enfin, le soulagement se fit à peine sentir, les nains levant des yeux cernés et vacillant vers Silène, la nouvelle lune à l'apparition mystérieuse. Le Haut-Roi était mort, Kirgan était tombée... En un sens la civilisation naine était à genoux. Tout ce que le clan Long-Nez avait créé, bâti, rassemblé, gisait dans des ruines, aux mains des gobelins. Les Karumgrothi, les plus grands et anciens maîtres runistes, avaient disparu, et une partie du savoir du clan avec eux. Les nains Long-Nez, comme tant d'autres, entamèrent un long processus de reconstruction, à la recherche de nouveaux repères, d'une nouvelle vie... D'un nouveau départ, en une cité qui n'était pas la leur.
Les ennéades s'égrenant, Grimeldha ne parvint pas à passer outre les souvenirs du Voile. Un reflet sur une lame nouvellement forgée lui rappelait celle qu'une cousine avait manier en tentant de lui porter un coup mortel; au faible sourire d'un nain fatigué se superposait le faciès déformé d'un nain Long-Nez rendu fou; le moindre stridence d'une bête lui rappelait le cri d'épouvante qu'elle avait poussé au souvenir de son arme perforant la tête d'une pisseuse qu'elle avait elle-même commencé à former. Au milieu des autres nains survivants, ces images et sensations du passé altéraient sa perception du présent, la forçant à s'isoler pour reprendre contenance. Toute la compassion et ces mêmes fantômes qu'elle voyait dans le regard de ses proches ne changèrent en rien le poids de son fardeau.
Ce poids était d'autant plus lourd que l'un des piliers de leur existence à tous avait été remis en question : Mogar. Qu'avait pu attirer ainsi sa fureur ? Était-ce bien lui derrière cette catastrophe ? La naine était troublée. Là où une prière aurait autrefois raffermi sa détermination, elle hésitait désormais au moindre mot, l'esprit tourmenté par ces doutes auxquelles les nains répondaient de multiples manières, aucunes ne la satisfaisant. Le plus souvent, elle se tournait alors vers Yaron le Scribe, celui qui, à l'origine du monde, avait donné aux nains l'écriture et sa magie. Un pilier toujours debout, mais qui était bien mince pour soutenir seul la voûte de son esprit épuisé. Grimeldha alla jusqu'à aller mettre la main sur l'un des prêtres de Mogar, ces derniers tâchant désormais le plus souvent de se faire oublier afin d'éviter les foudres des plus déchainés sur la question religieuse. Le nain en question écouta ses interrogations et lui répondit. Mais alors qu'elle l'écoutait, la Vieille Barbe sentit son espoir flétrir : les sentences autrefois si rassurantes étaient désormais bien creuses et poussiéreuses. Il ne sait pas. réalisa-t-elle avec désespoir.
Une année ne s'était pas écoulée que Grimeldha prit sa décision. Rassemblant ses possessions, la Gromtrommi annonça au sien qu'elle allait prendre l'air, loin des terres naines. De la stupeur à l'indignation, en passant par la colère, les réactions furent dans la majorité négatives. Elle se devait de rester avec les siens dans cette période de crise; qu'espérait-elle trouver en partant au loin; elle était irresponsable de... Grimeldha tint bon, jusqu'à ce qu'elle n'en puisse plus. Dans une explosion de colère, elle invectiva sans retenue les nains présents, les repoussant avec violence et quitta les lieux avec ses rares biens. Elle traversa la ville dans ce même état de fureur, jusqu'à ce que quelqu'un ose la retenir. Sa rage s'éteignit quand elle découvrit le visage inquiet d'un pisse-lait. "Tu reviendras plus vite avec lui." fit-il en lui tendant la longe de l'une des bêtes offerte en soutien par le clan les ayant accueilli. Tremblante, elle l'accepta.
Les badauds les plus attentifs découvrir alors à quoi ressemblait une vieille naine en pleurs. Puis elle s'en alla, et passa les ennéades suivantes à prendre de la distance avec Lante. Marchant d'abord auprès de sa bête, se mêlant aux caravanes marchandes, apprenant peu à peu l'oliyan en s'éloignant du Zagazorn, la Long-Nez créa de petits liens avec les voyageurs, puis les villages où elle fit halte. Se contentant d'abord de vivre de "broutilles" taillées, qui n'en laissaient pas moins ses acheteurs bouches-bée, Grimeldha put peu à peu se créer une petite échoppe nomade, une fois qu'elle eut pu acquérir une chariote à laquelle elle attacha Rurk, le bélier du Zagazorn. Cette nouvelle vie l'amena à fouler du pied des terres humaines, et même elfiques ! A en apprendre plus sur ces races voisines qu'en deux siècles de vie au sein de Kirgan. A sa grande surprise, ces découvertes ont "rajeuni" la Gromtrommi, comme du temps où elle ne connaissait pas encore, jeune Knublstubi qu'elle fut, tous les niveaux de Kirgan la Ravagée... Ce furent même des humains, chez qui elle avait fait halte pour la nuit, qui lui apprirent, avec des mois de retard, les progrès des nains pour reprendre leur royaume à la folie du Voile. Grimeldha cacha ses larmes de fierté dans une gorgée d'alcool.
Mais alors qu'elle contemple des visages comme elle n'en avait jamais croisé lorsqu'elle vivait parmi les siens, Grimeldha s'interroge... "Les Dieux se sont réveillés." disent les indécis. Cette réponse ne satisfait pas non plus la naine à la foi branlante. Alors, la vieille dawi cherche les religieux des autres races. Que pense les autres foi du Voile et de ses "miracles"... ? Quelles réponses apportent-elles à l'inexplicable ? Y a-t-il un seul mortel dans tout Miradelphia pour avoir compris quelque chose à l'intervention des Dieux ?
Développement RP:
Dans les décombres An 1 du XIe cycle
Dans les entrailles de la défunte cité, au milieu des kilomètres de galeries autrefois somptueusement sculptés, dans les restes de ce que fut pendant de nombreux cycles l'une des demeures du clan runiste Long-Nez, reposait un livre à la couverture couverte de runes naines. La première page noircie de symboles commençait ainsi :
"Ceci est le journal de Grimeldha Long-Nez, deuxième née de Hrímbur Blanc-Marteau et de Wulga Long-Nez, née au cours de la septième ennéade de Favrius, en automne de la 756ème année du Xe cycle, Altrommi graverune du clan Long-Nez, ayant conclu un Pacte avec Fímbor Main d'Or, mère de..."
Parmi les nombreuses et sombres créatures ayant envahi la carcasse de la cité brisée, il y eut un gobelin pour fouiller ces parages. Sa recherche hasardeuse amena ses doigts crochus a heurté, sous la caillasse, une surface étonnamment douce. D'entre les décombres, la créature extirpa cet objet si atypique : un livre. A peine en découvrit-il la couverture de cuir finement gravée que le livre se décomposa entre ses doigts, feuilles de velin comprises. Les charnières qui en avaient jusque-là verrouillé le contenu chutèrent dans la poussière, désormais inutiles.
Sur les routes An 5 du XIe cycle
A la tombée du jour, la chariote avait fait halte pour la nuit, non loin de la route, auprès d'une roche massive sortant du sol, ayant comme transpercé la plaine herbeuse. Le bélier, libéré du poids qu'il tirait de longues heures chaque jour, broutait à son aise, l'oreille attentive. La nuit arriva à toute allure, couvrant les lieux de son obscure manteau. Il n'y avait qu'un mince fil de lumière, au pied de la porte de la chariote, pour concurrencer les innombrables lueurs de la voûte céleste.
A l'intérieur, une bougie illuminait doucement la petite pièce encombrée et les traits tirées de l'occupante. Les outils d'ordinaire éparpillés sur le minuscule établi avait été rangés, déplacés, laissant leur place à un mince livre, un encrier et une plume. Ces objets attiraient sans cesse l’œil de la vieille naine vivant là qui, pourtant, n'avait de cesse d'aller à droite et à gauche dans le petit espace de la chariote. Déplaçant un bibelot, se coupant un morceau de viande séchée, allumant sa pipe, maugréant, vérifiant que tout était à sa place... Et cela plusieurs fois, pas toujours dans le même ordre.
Se sentant soudainement éreintée, Grimeldha laissa son séant choir sur la seule chaise, petite et trapue, de la chariote, sa pipe fumante entre ses lèvres minces et tirées. Elle exhala une mince fumée aux courbes tortueuses. Son regard perdu dans le vague revint dans le présent, avant de dériver lentement vers le livre. Après une minute d'hésitation, sa main ridée s'en rapprocha, soulevant avec précaution la couverture vierge. Elle se saisit de la plume, la trempa dans l'encrier et en apposa enfin la pointe sur le vélin délicat. Puis elle ne bougea plus.
Infime, un frémissement prit naissance sur les lèvres de la naine. Il se répandit sur son menton, ses joues, monta dans ses yeux humides qui ne parvinrent plus à rester fixe, alla contracter fébrilement ses sourcils glabres, créa mille rides sur son large front. Ses dents mordirent dans le bois de la pipe. Les jointures de sa main calleuse blanchirent, tandis qu'elle se crispait sur la fine plume.
Le silence mourut lorsque la tige craqua.
Grimeldha rangea plume et encrier, referma le livre puis se leva pour aller le glisser dans une étagère, à côté de son nécessaire à tricoter. Soudainement, ses doigts se raccrochèrent au bois, la vieille naine vacillant. Elle baissa la tête et laissa échapper d'entre ses lèvres pâles une plainte rauque. Des larmes coulaient dans le dédale de rides couvrant son visage. Elle enfouit ce dernier dans ses mains tremblantes.
"Que les Ancêtres aient pitié... Pourquoi, Père des Batailles ? Pourquoi avoir jeté dans un tel feu tes enfants ?"
Parmi les Umgi An 8 du XIe cycle
Certains voyageaient en famille. D'autre avec leur marchandises. Certains juste avec leur monture. Les raisons étaient variées, les origines diverses mais tous partageaient le même but : voyager en sécurité en direction sud, soit en groupe. Ainsi la caravane s'étalait au rythme du pas pesant des bêtes de bat. La majorité était humaine, à quelques exceptions près : quelques elfes... Et une naine. Cette dernière guidait tranquillement son bélier tout en fumant sa pipe, observant non sans amusement une matrone rabrouer sa marmaille agitée.
La journée s'écoula ainsi en toute tranquillité , au détail près que la naine échangea quelques vulgarités avec la mère d'un marmot qui, ayant tenté de caresser un certain bélier, malgré les avertissements de sa propriétaire, avait cru perdre quelques doigts dans l'affaire. Le soir vint, le convoie fit halte et monta le camp à l'orée d'un bois. Des feux furent allumés, de multiples odeurs venant bientôt titiller les narines sensibles et réveiller les ventres vide, tandis que les discussions allaient bon train. Puis le cri d'une sentinelle fit chuter les écuelles.
Soudain, les arbres proches frémirent d'une vie imprévue, hérissée de fourches, au regard fou. Des dizaines d'inconnus, hommes et femmes, menacèrent les voyageurs et marchands stupéfaits, les plus téméraires se figeant à la vue des longs centimètres de métal qui n'attendaient qu'une occasion pour se planter dans leur chair. L'un des assaillant s'avança.
- Résistez-pas ! Lâchez vos armes et tout ira bien ! - Qu'est-ce que vous nous voulez ?!piailla la matrone évoquée plus haut, étreignant ses rejetons. - Ca s'voit pas ?répondit pour l'autre une voix à l'oliyan incroyablement rocailleux.
Ayant attiré l'attention et bénéficiant de la stupéfaction de l'assaillant à la vue d'une naine, Grimeldha désigna de sa cuillère l'un des bandits qui, lâchant son arme, s'était jeté sur le contenu fumant d'une petite marmite renversée.
- M'est avis...continua la naine.Qu'vous creviez d'faim la bouche ouverte dans les buissons, là, pis qu'l'odeur vous aura ranimés. J'ai t'y pas raison ?fit-elle en s'appuyant d'une main sur son bâton. - La.. La ferme la vioc' ! On prend c'qu'on veut, vous nous laissez faire, et tout... ! - Et rien du tout !tonna brusquement la naine, à la stupéfaction générale.Garçon, t'arrête de faire ton fier avec ta fourchette et tu poses ton cul sur une pierre le temps qu'ça cuise. On doit bien avoir quelques gibiers d'réserve qu'on peut r'mettre sur le feu... - Quoi ? Mais il est hors de question que nous...commença l'un des marchands. - Tu la fermes aussi s'tu veux pas t'prendre mon bâton dans ta couillerie !
Estomaqué, l'individu s'insurgea dans l'indifférence de son entourage, alors que le temps reprenait non sans surprise son souffle. Les nouveaux-venus restèrent indécis, certain s'asseyant, d'autres serrant leurs armes de fortunes avec nervosité. Les feux furent ravivés, de nouveaux morceaux de viande mis à cuir. Non sans hésitation, certains voyageurs proposèrent aux affamés leurs restes : ces derniers se jetèrent dessus, prenant à peine le temps de dire merci. Sans trop comprendre comment, les uns comme les autres se retrouvèrent à manger ensemble. Le porte-parole des bandits en haillons regarda avec un certain malaise la naine s'approcher. Celle-ci s'assit à un peu plus d'un mètre, écuelle en main.
- Le banditisme, ça vous est v'nu comment ?fit-elle de son oliyan agressif pour des oreilles non-naines. - Les drows... Ils tiennent Oesgard. Ils font des raids sur les villages alentours...souffla l'homme, le regard fuyant.
Après un temps d'absence, il se mit à parler. Évoquant l'attaque, les flammes, les lames étincelantes, les cris, la fuite... Toujours sur un ton bas, comme craignant d'être entendu. Grimeldha ne dit mot, écoutant d'abord la peine de l'humain, avant de tomber dans la sienne. Aux flammes se superposèrent la lave, venue ravager sa cité. Aux lames, les armes immondes des gobelins. A la fuite, cette chute dans l'obscurité d'une folie tout sauf naturelle. Les visages qui défilaient, hurlant, pleurant, riant, disparaissant dans des gerbes écarlates... Un frisson d'horreur fit trembler le corps fatigué de la naine.
- M'dame...?fit une voix.
Grimeldha revint brusquement à elle. Surprise, en voyant le regard troublé de son interlocuteur, elle réalisa à quel point il était jeune, sous ses plaies et sa crasse. Cette umgi... L'a pas eu l'temps d'avoir une famille... De voir grandir ses mômes... De leur fracasser le crâne... Sa bouche se tordit alors qu'un souvenir remontait, malgré ses réguliers efforts pour le maintenir enfoui.
- C'est derrière toi, garçon.Se força-t-elle à dire, repoussant les images.La suite, c'toi qui la décide. Si tu propages le feu ou qu'tu l'éteins... Mange temps que c'est chaud.
La naine enfouit son nez dans son ragout, sous le regard songeur de l'humain. Elle ne dit plus rien par la suite et s'empressa de retourner dans sa chariote une fois son écuelle vide. Elle s'y enferma. Qui eut tendu l'oreille dans cette direction cette nuit-la aurait pu entendre jusqu'à l'aube résonner de petits coups de burin dans le bois. Sans interruption.
HRP:
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Sujet: Re: Grimeldha Long-Nez / Vieille naine en vadrouille [TERMINEE]
Grimeldha Long-Nez / Vieille naine en vadrouille [TERMINEE]