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| Un prêtre en vadrouille [Solange] | |
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Lünn Fût-De-Chêne
Nain
Nombre de messages : 50 Âge : 30 Date d'inscription : 20/09/2020
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 191 ans (An 826:Xème cycle) Taille : 1,43m Niveau Magique : Non-Initié.
| Sujet: Un prêtre en vadrouille [Solange] Sam 8 Avr 2023 - 20:43 | |
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3ème jour de la 5ème ennéade de Vérimios – Premier mois de l’Eté – Année XX | XI cycle. Cité d’Odélian – Un marché bondé par un jour radieux.
Ah ! Que voilà un voyage bien inspirant ! Et bien inspiré ! Des mois, des années même, que je n’avais point pu quitter les frontières antiques de notre Zagazorn bien aimé, pour pouvoir satisfaire à me besoins de voyages, et ma sainte mission qu’est celle de propager la voie et la parole du Ripailleur ! Lui rendre homme, à lui, le Sixième Fils, qui nous apporta à nous, les Nains, l’art de la Ripaille, de brasser la bière comme personne en ce monde et de développer l’amour de cette boisson, bien plus que tout autre peuple ! L’art de bien manger, et en quantités s’il-vous-plaît ! Un art du bien vivre, du bien profiter, car les dieux savent ô combien nous travaillons dur, les Nains. La Péninsule m’avait presque manqué ! De tous les Nains du Nord, je dois être le seul à y avoir autant voyager et à avoir autant franchit les frontières des deux peuplades. Mais, si je suis habitué à provoquer l’inquiétude, la curiosité, l’interrogation… Cela n’est pas le cas face à ce que je découvre depuis l’arrivée en Oësgard. Ça et là, je ressens les regards dardant quelques insultes et quelques incompréhensions à l’égard des miens. Des regards de colère, de rancœur et de dégoûts, des regards d’intérêts aussi… Depuis l’incident diplomatique qui eut lieu à Langehack, l’accueil fait aux Nains est mitigé… Mi-figue, mi-raisin… Et pourtant, les deux sont délicieux ! Mais je peux comprendre le pourquoi de ces réactions négatives, et de ces trognes renfrognées… Après tout, des Nains furent tués, un Marquis fut exécuté, et ce, sur l’ordre de la couronne Péninsulaire elle-même, face aux menaces fomentées par la couronne Naine. A leur place, je nous détesterais aussi… Je ne peux pas leur en vouloir. Et, à dire vrai, je ne veux pas leur en vouloir. Toute cette histoire, née de ce qui semblerait être un énorme quiproquo et une suite malencontreuse d’évènements tragiques, a déjà fait trop de morts, fait couler trop de larmes, provoquer trop d’émules… Nous qui nous targuons d’être supérieurs aux Humains, car peuple plus ancien que ces derniers, plus développé, capable… Ou tout ce que nous cherchons pour pouvoir prendre le dessus sur eux, nous devrions, justement, faire preuve de supériorité. Tendre la main. Un acte de charité, pour enterrer la hache de guerre… A la place, conformément aux accords noués entre les deux souverains, des comptoirs s’érigent. Nous nous y sommes arrêtés, car, je dois l’avouer, cela faisait du bien de parler ma langue natale à d’autres Nains que ceux de mon escorte, mes fidèles. Mais à chaque fois, les mêmes regards… Dédain, colère, haine même… Rancœur, regrets, souffrance parfois… Mais je dois me réjouir ! Me voici en Odélian ! Ödiin, Kongrim, Rodnar et moi, nous délectons de la vision qui s’offre à nous. Et on dirait que nos béliers aussi ! Les quatre montures qui tirent le char qui nous transporte, semblent dévier leurs museaux à droite et à gauche, alors qu’un marché semble non loin. Il devient même difficile de les faire avancer, eux qui, d’ordinaire, sont si dociles et obéissant. Nous ? Nous sommes enfermés dans notre char, véritable boite d’acier percée de fentes ; cube de métal capable de résistant à n’importe quel assaut, et de se sortir de situations difficiles. Tels des Nains retranchés sous leur montagne, nous sommes inexpugnables ! Mais nous ne passons point inaperçu… Si mon message ce veut pacifique, je ne peux sacrifier notre sécurité, et voyager sur une simple charrette… Alors… Tâchons de faire bonne impression. « Teh ! Corniauds ! » Peste Kongrim, seul Nain dehors, qui pilote l’attelage. « J’crois qu’faut qu’on s’arrête m’Père. L’bestiaux n’veulent plus avancer, pô assez d’place et bin’ trop d’odeurs par ici. J’crois qu’les estomacs parlent plus qu’les ordres et l’fouet, par l’ventre d’Girdon ! »
« C’est vrai qu’commence à faire faim m’Père ! » Me dit ensuite Rodnar, confortablement couché dans un pouf de velours, loin de son armure, fumant une bonne herbe à pipe. « En plus, on a presque béqueter toutes l’provisions qu’on avait fait y a qu’ques jours. Il n’reste plus qu’nos spécialités qu’on garde pour les grandes occasions et l’cérémonies. »
« Hors d’question d’taper d’dans, hein mon Père ? » Dit ensuite Ödiin, qui ce voulait à la fois voix de la raison, et à la fois défenseur de ce combat commun : manger. « En plus, l’marché est pô loin. Et Odélian est fameusement réputée pour c’boustifaille ! On est pô loin d’la flotte, j’sens l’air iodé ! Et j’ai envie d’poiscaille. »
« Bien ! Bien ! » Dis-je, levant alors les mains vers eux en signe d’abandon, presque de drapeau blanc. Riant alors sincèrement, je retire finalement la pipe de ma bouche, bougeant mon fessier pour me réinstaller dans mes coussins. Décidément, ce char est peut-être effrayant vu du dehors, mais à l’intérieur, nous sommes comme des coqs en pâte ! « Puisque vous tous ici, et les bestioles aussi, mettez bon entrain à rassasier vos gosiers et vos entrailles, plutôt que de poursuivre notre voyage, j’y vois là un signe du Ripailleur ! Il est temps de communier. » Dis-je, alors que les trois compères laissent échapper des éclats de voix approbateurs, et quelques « hourras » d’empressement. « Kongrim, mon Fils ! Hèle donc nos bestiaux que nous dégagions la voierie avant que la garde de la ville ne vienne prendre d’assaut notre beau chariot ! Garons nous là où nous aurons la place de communier, et de restaurer les bêtes ! Puis, avec Rodnar… Déployez tentures et bancs, pierrades et charbons de bois. Je m’en va faire les courses avec Ödiin et revenir avec d’quoi festoyer et rendre hommage au Ripailleur ! » Les béliers du Zagazorn sont-ils plus intelligents que nous l’avions cru ? Ou l’horizon d’un repas bien venu fait-il son office ? En tous les cas, à peine eu-je terminé de distiller mes ordres que voilà le char reparti avec zèle, les quatre béliers étant déterminés à s’arrêter et à manger, eux aussi. Nous trouvons finalement un terrain dégagé. Dans la ville, à quelques rues du marché. L’odeur est toujours là, ce qui, je dois l’avouer, me met l’eau à la bouche ! Girdon bénisse les Humains qui savent cultiver et élever de succulents ingrédients pour de divines recettes ! L’endroit nous permet de nous installer : les bêtes sont détachées de l’attelage, et nous fermons un petit coin de pavé afin de leur permettre de gambader sans embêter les Humains, qui nous dévisagent de haut en bas. Nous ouvrons un des côtés du char, de sortes d’aérer, mais aussi, de pouvoir profiter de tout le confort intérieur de nos coussins, nos alcools et nos brule-gueules, tout en nous dorant la pilule au soleil du Médian. Quelques petits caillebotis pour grimper, un plan de travail, des tranchoirs et autres racloirs affutés, et un coin où l’on peine à allumer un feu à charbons, pour faire griller la viande à venir. De nous quatre, seul Kongrim garde son armure. Moi, j’opte pour une tenue plus légère ! Nous ne sommes point là pour provoquer quelques problèmes que ce soit. « C’est l’heure des courses ! »
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| | | Solange d'Escault
Humain
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| Sujet: Re: Un prêtre en vadrouille [Solange] Ven 14 Avr 2023 - 13:23 | |
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La Régente d'Odélian avait reprit ses habitudes. Malgré son inquiétude pour la pauvre dame Adélina, la vie continuait, et ses obligations aussi. Mais à sa table de travail, Solange souriait rêveusement. Elle songeait à son cher mari qu'elle avait épousé si récemment ; à sa fille qu'elle pouvait voir à nouveau chaque jour. Elle se sentait plutôt excitée. La distillerie, installée dans un bâtiment rénové, était prête à l'emploi, et elle avait chargé un de ses serfs, qui administrait une ferme attenante, d'y bâtir un verger. Des plants avaient même été importé du sud d'Odélian et du Médian pour que les fruits soient les plus frais possibles avant de devoir subir le processus de transformation. L'année prochaine, ils auraient les premiers fûts, ce qui ne manquait pas de l'enthousiasmer. La question du comptoir odéliannais avait également requis son attention. En collaboration étroite avec son Grand Argentier et son assistant - le premier devenant sérieusement gâteux avec l'âge - elle avait sélectionné soigneusement les marchandises à y vendre - des chevaux de race, du fromage et des objets en cuir. Il avait fallu réunir soigneusement le matériel que nécessitait le comptoir et s'enquérir des logements des marchands impliqués, ainsi que de leur famille. C'était une excellente opportunité dont la jeune comtesse douairière se réjouissait, et terminait d'ailleurs d'écrire une missive à l'intention des notables à la tête de ses guildes marchandes, pour les encourager à envoyer régulièrement des marchandises au nouveau comptoir quand elle fut interrompue par l'arrivée d'un messager. Elle le remercia poliment, lut le pli, soupira. Elle aurait aimé prévenir immédiatement Aurel ; mais elle le savait occupé avec sa visite de la caserne d'Odélian. Rapidement, la noble péninsulaire trempa sa plume dans l'encrier, s'empara d'un nouveau vélin. - Citation :
- "Messires nains,
En vertu du désir du Bon et Saint Roy Bohémond, Béni par Néera, qui prône la bonne entente entre Humains et Nains, je vous convie gracieusement à faire ripaille, en fin d'après-midi, en mon château d'Odélian.
Vous serez les bienvenus, et nous pourrons ainsi faire connaissance, en espérant profiter d'un moment festif et amical. Pour des raisons de sécurité, vous pourrez confier vos armes à mon capitaine, qui vous les rendra bien évidemment lorsque vous exprimerez le désir de prendre congé.
En attendant avec impatience de vous rencontrer, Que vos Dieux vous bénissent.
Solange d'Escault, Régente d'Odélian Comtesse Douairière d'Odélian" Elle y appliqua son seau d'un geste agile, puis confia enfin le parchemin au messager. - "Confiez cette missive au premier Lieutenant des Sergents de Ville, et qu'il se charge de leur apporter cette missive."A peine le jeune homme parti, elle convoqua la cuisinière. Elle avait un diner plantureux à préparer. N'était-il pas de notoriété publique que les nains mangeaient et buvaient énormément ? Au moins, fallait-il l'espérer, la soirée serait animée et joyeuse - du moins, la jeune femme y plaçait-elle beaucoup d'espoirs...
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| | | Lünn Fût-De-Chêne
Nain
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| Sujet: Re: Un prêtre en vadrouille [Solange] Dim 16 Avr 2023 - 21:28 | |
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Usant de nos tarins comme de véritables détecteurs à effluves et à fragrances ; humant l’air comme le ferait l’ours à la recherche de sa proie ; dardant des regards curieux et avides sur le sol à la recherche d’étales comme le ferait le groin d’un cochon à la recherche de truffes, Ödiin et moi avançons à travers les flux des longues-jambes, trouvant notre chemin à force d’insistance et de renâclements bruyants. Forts satisfaits de nos odorats assurément développés, nous arrivons bien rapidement au fameux marché, lequel avait, plus tôt, neutralisé la docilité de nos montures pour leur ouvrir l’appétit ! Tels des êtres affamés et prêts à faire bombance comme si nous n’avions plus connu de véritable nourriture depuis des siècles, nous avançons à tâtons, lorgnant viandes, légumes, fruits et mets divers, humant le doux parfum des épices importées d’Ithri’Vaan, salivant face aux bouillons cuits à même l’échoppe, pleurant presque face aux sauces qui mijotent au-devant de poulets déjà déplumés et tout prêt à rôtir. « Par ma barbe ! » Dis-je, frottant mes mains à l’idée de faire ripaille avec de si beaux mets. « Des voyages en Péninsules, j’en ai réalisé, et plus souvent qu’à mon compte ! Et pourtant, rarement ai-je miré tant d’étales qui fleurent bon les épices et qui proposent tant de variété ! L’on dirait que le commerce est florissant par ici ! »
« Pour sûr mon Père ! » Répond alors Ödiin, lequel avait les yeux qui allaient et venaient d’un trottoir à l’autre, s’empêchait Girdon-savait-comment de ne point fondre sur la première volaille à manger dans son jus. « Pour être honnête, j’m’attendais pas à c’que les Umgis aient tant d’choses à faire cuir et à faire rissoler ! Assurément, c’est l’influence de not’ peuple et du Ripailleur qui les accompagne, qui aura ouvert leurs panses ! »
« Les voies d’Girdon sont nébules d’volutes et glissantes comme la graisses d’canard ! Mais oui, mon Fils, j’y vois là l’influence bénéfique de not’ peuple ! Allons, une épiphanie vient d’émerveiller ma caboche : ce midi, nous mangerons ces magnifiques poiscailles que nous feront cuir dans un sauce grasse à souhait dans laquelle mijoteront quelques pommes-de-terre et tomates farcies à la viande hachée. Avec ceci : ces délicieuses cèpes, que je vois ici ! Et pour arroser la tout, un vin blanc des côtes Suderonnes, que je vois trôner là-bas. Par les dix mille poils de la barbe de Girdon, que voici bien belle communion ! » Dis-je, tout heureux qu’il était possible de l’être. Ainsi ai-je décidé, ainsi avons-nous acheté ! Produits frais et autres concoctions Péninsulaires, nous fûmes de bien bons clients pour les escarcelles de ces courageux producteurs et agriculteurs. Les bras chargés de victuailles, nous reprenions la route de notre bivouac, lequel était déjà prêt à ce que nous nous attelions à la préparation d’un festin succulent. Affublé de ma plus belle toge liturgique, je suis tout à la préparation de nos poissons lorsqu’arrivent au pas de course, un officier local, et quelques soldats peu ragoutés par la vision qui s’offre à eux. Le tranchoir affuté dans ma main, je préparais de beaux filets lorsque l’un d’eux, l’officier vraisemblablement, m’invectiva avec empressement. Lui offrant une révérence, j’accepte, les doigts gras, la lettre qu’il me tend. Je l’ouvre sans délicatesse, et en lit les lignes, mon sourire grandissant à mesure que je comprends la portée de ce message officiel. « Eh bien ! » Dis-je, dans un Péninsulaire grammaticalement juste, à l’accent toutefois tranchant comme un rasoir. « Dites à la Comtesse que c’est avec plaisir que nous serons ses invités ! Prévenez là que, ce serait un honneur moi, ainsi que pour mes frères, de lui faire goûter quelques spécialités de mon peuple ! Et un plus grand honneur encore, que de pouvoir cuisiner pour elle. » Puis, encore une révérence, et voilà l’heure du repas.
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| | | Solange d'Escault
Humain
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| Sujet: Re: Un prêtre en vadrouille [Solange] Jeu 20 Avr 2023 - 12:59 | |
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- "Ils désirent... faire à manger ? Dans nos cuisines ? - Oui, votre Grâce. ...Que doit-on faire ?"
La jeune femme exhala un soupir discret, se redressa de son fauteuil pour déambuler lentement et nerveusement dans la bibliothèque. Cette exigence l'irritait fortement, tout autant qu'elle l'inquiétait sur les risques potentiels que cela pouvait engendrer. Déjà au sein de sa maisonnée, dont les membres risquaient d'être surpris ; mais aussi pour sa propre sécurité. N'allait-elle pas finir empoisonnée par des nains, pour leur avoir offert l'hospitalité ?
Puis elle songea à sa propre attitude, celle qu'elle avait eu au Banquet, en présence des Trois Rois. Elle s'était tournée alors vers la nourriture pour tenter d'exprimer sa culture et faire un pas pacifique dans la direction de ces autres races qu'elle ne connaissait pas, et l'idée que ces nains tentaient de faire de même lui traversa brusquement l'esprit.
Il aurait été déshonorant et étrange qu'elle se mette aux fourneaux à leurs côtés - mais il était en son pouvoir de leur autoriser la démarche, à condition, évidemment, qu'ils fussent surveillés.
La régente revint se poster devant son intendant, et lui offrit un sourire un peu contraint.
- "Je suis d'accord, mais laissez un homme d'armes en leur présence, et faites-leur goûter la nourriture dans une chaque plat une fois qu'il sera terminé. Que la cuisinière et ses aides se tranquillisent, elles sont évidemment encouragées à préparer également leurs meilleurs plats. Nous devons montrer que la nourriture péninsulaire est la meilleure du monde ! Vous pourrez nous servir dans la salle à manger près de la bibliothèque : celle d'apparat est vraiment grande, et je ne voudrais pas qu'ils se sentent mal à l'aise. - Bien, votre Grâce."
L'Intendant quitta la pièce, laissant la comtesse douairière d'Odélian passablement songeuse. elle était sceptique quant à la tournure des évènements ; et alla prier Néera dans sa chapelle, afin de s'apaiser là la fois le cœur et l'esprit.
Le soir venu, la Régente avait l'estomac noué. Elle se sentait terrifiée à l'idée de se trouver pratiquement seule avec deux nains, mais en l'absence de son époux, il lui fallait absolument faire preuve de courage. Elle s'assura que les quatre gardes gardaient bien les issues, que la musicienne avait déjà pu manger et était en état de jouer ; et envoya finalement plusieurs serviteurs aux cuisines afin de s'enquérir du souper. Heureusement, la présence de ses deux dames de compagnie et de sa chère servante lui faisait du bien, et enfin, Solange s'assit sur le siège central.
L'hospitalité péninsulaire, et particulièrement odéliannaise était manifeste, et devait être connue dans le monde entier, y compris chez les nains. N'étais-ce pas la meilleure occasion pour les connaitre ?
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| | | Lünn Fût-De-Chêne
Nain
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| Sujet: Re: Un prêtre en vadrouille [Solange] Jeu 20 Avr 2023 - 15:04 | |
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Quel repas, mes aïeux ! Quel repas ! Je me dois de l’avouer : la nourriture humaine est tout de même succulente ! Non seulement les ingrédients sont frais, et visiblement péchés, élevés et cueillis avec professionnalisme, mais, couplés aux épices et méthodes de cuisine Naines… Le tout est tout simplement sublime ! Ces poissons poêlés revenus à la graisse animale et assaisonnés d’un bouquet d’herbes et de laurier, assortis de pommes-de-terres rissolées et de tomates farcies, étaient succulentes. De plus, durant la cuisine, nous avons pu rendre hommage à Girdon, ce qui fut une source de grande joie pour nous.
Plus tard dans la journée. Au château de la Comtesse douairière.
Repus, la sieste fut bonne, et l’herbe à pipe meilleure encore. Nous pûmes profiter d’un repos bien venu, et, dans notre char protégé et remboursé de coussins… Oui, nous étions bien heureux, tels des volailles en pâtes ! Mais bien rapidement vint le temps de se rendre à l’invitation de la Comtesse de ces lieux. Invités d’honneurs que nous étions, il était impensable de nous présenter en retard, pour quelques raisons que ce soit. Non, il fallait être à l’heure… Et même, peut-être, un peu avance. En tout cas, nous avions essayé. Et vu l’accueil qui nous fut fait, nous étions, en effet, attendus au plus tôt. Abandonnant notre char et nos Béliers, confiés tous ensemble aux bons soins des écuries Odélianes, nous étions menés à vers la Comtesse. Comme convenu, nous étions tous vêtus de nos toges blanches et grises, réhaussée, pour mon cas, de quelques fils d’ors et de quelques coutures représentant les runes de Girdon. Désarmés, sans armures, le mot d’ordre était simple, mais bien connus de mes Fils : pas de politique, pas de menace, pas de participation aux discussions terrestres ! Seule la propagation de la parole ouverte et bienveillante du Ripailleur, et l’ouverture d’esprit, devaient motiver notre venue. Aussi avais-je rappelé une de nos règles : à part pendant la cuisine, nous ne parlerions que le Péninsulaire, que nous connaissions tous les quatre. L’on fit également descendre les paniers d’osiers, les sacs en toiles de jutes, et les caisses runées que j’avais désigné. Ces caisses, dotées de runes de froid, gardaient à basse températures nos élixirs, nos liqueurs, mais aussi la viande venue du Nord, le lait de nos chèvres, et nos précieuses denrées que la chaleur de l’été altérerait en quelques heures. Conscient que tout ce qui était runé ne pouvait finir entre les pognes d’une autre race que la nôtre, au risque de m’attirer les foudres de nos estimés runistes, cette caisse était tenue par nous, et nous seuls. Enfin, nous voici devant les pieds de la Comtesse. Je suis tout d’abord… Etonné de voir ce petit bout d’humaines, dotée d’autant de pouvoirs, et qui se montre dans une telle position de puissance. Au milieu, sur son trône, entourée de servantes et de nobles, elle à l’air… Sérieuse, forte, et presque à craindre. Pourtant, ses joues rosées et ses pommettes hautes me donnent ensuite une impression de douceur insoupçonnée. Je me rends compte… Du moins, je crois me rendre compte que sa position n’est point aussi aisée que je l’aurais cru… Mais cela, j’aurais dû y penser. Depuis l’incident de Langehack, et plus encore depuis la rencontre des trois couronnes, les tensions entre Nains et Humains ont atteint un nouveau sommet. Nul doute que, pour la Comtesse, nous recevoir revêt davantage de pression politique que ce que j’avais en tête… « Votre Grâce… » Lui dis-je en Péninsulaire, lui offrant non point une révérence protocolaire, mais une inclinaison de tête suivie d’une inclinaison du buste. « En mon nom, et au nom de mes Fils, je vous remercie de votre bienveillance, et de votre invitation. Je me prénomme Lünn. A mes côtés se trouvent Ödiin, Kongrim et Rodnar. Dis-je, présentant tour à tour lesdits Nains, en ouvrant une pogne vers eux. « Nous sommes des voyageurs, et nous avons dédié notre vie à Girdon le Ripailleur, demi-dieu de la Ripaille et de la pensée. Nous voyageons en Péninsule depuis bien avant le Voile, afin de rencontrer le monde, et de promouvoir la bonne entente et la philosophie, le tout, au travers de la parle et de la Ripaille. Votre invitation, Votre Grâce, est une véritable bénédiction. » Puis, ensemble, nous nous inclinions encore, laissant le temps à la Comtesse de prendre la parole. La maîtresse des lieux devait être la personne qui, au final, aurait toujours le dernier mot.
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| | | Solange d'Escault
Humain
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| Sujet: Re: Un prêtre en vadrouille [Solange] Ven 28 Avr 2023 - 9:57 | |
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Assise sur le trône comtal, la jeune péninsulaire carra légèrement ses épaules, tandis qu'elle observait les nains entrer dans la pièce. Elle ne pouvait oublier les derniers évènements politiques autour des rencontres nains-humains, de tout ce qui en avait découlé jusque là, et elle se trouva soudainement extrêmement téméraire. Elle avait une conscience aiguë du risque qu'elle prenait, de ce qui se passerait pour elle si l'entrevue se déroulait mal, des cris que pousseraient ses vassaux ; mais elle était de même là, à sourire à ces inconnus à l'apparence disgracieuse, en priant les Cinq de ne pas avoir commis une erreur monumentale.
Solange ne pouvait plus reculer, et elle offrit un sourire aussi sincère que possible, tandis que les nains s'avançaient pour la saluer. ils eurent la grâce et l'esprit de se présenter en péninsulaire - elle préférait que toute sa cour puisse les comprendre, plutôt que de converser en olyan.
Avec autant de grâce qu'elle put, la jeune femme se redressa, reprenant une position naturellement droite.
- "Par le vœu de sa Majesté le Roy et de sa Grâce la Comtesse Elisabeth d'Odélian, ma fille, vous êtes les bienvenus au château. J'ai hâte d'écouter le récit de vos voyages et de mieux découvrir la culture naine, dont je dois admettre ma curiosité à son égard. Pour ce faire, je vous propose de me suivre dans la salle à manger : mon plus cher désir est de passer une soirée de meilleure compréhension mutuelle."
Dans un bruit d'étoffe, elle descendit la petite marche qui la séparait du plancher, puis, déposant une main sur sa robe de soie, les engagèrent de l'autre à venir à ses côtés. Docilement, ses gardes les escortèrent, tandis que ses dames de compagnie se positionnèrent derrière elle. La Régente s'aventura dans les couloirs d'un pas un peu plus serein, contemplant d'un oeil fier les tableaux et les trophées de chasse qu'ils dépassaient. C'était la demeure de sa fille, et la sienne aussi, dans une certaine mesure ; en tout cas, elle était heureuse de prouver à une autre race, à des étrangers, qu'elle était digne de son rang et qu'elle incarnerait Odélian aussi bien que ce que tout le monde en attendait.
Enfin, ils arrivèrent dans la salle à manger.
La large table de noyer massif avait été couverte d'une longue nappe de lin immaculée, qu'illuminait une large cheminée de pierre, ornée des blasons originels du comte et de la comtesse qui avait fait bâtir leur château. Deux majordomes les attendaient, armés de leurs aiguières d'argent ; et dans un coin, deux femmes en robes blanches positionnaient leurs instruments de musique et s'inclinaient devant leur maitresse. Plusieurs serviteurs attendaient déjà avec des plateaux de nourriture pour servir les hors d’œuvres et les entrées, tandis que Solange invitait les nains à s'installer.
- "Je vous en prie, prenez place. Mais avant toute chose, comment puis-je vous nommer ? Bien que cela soit contre toute convenance, je vous propose que nous mettions de côté, exceptionnellement, les conventions. Appelez-moi Dame Solange... Je crains que Votre Grâce ne soit trop pompeux, alors apportons-y un peu de simplicité. Les Nains que j'ai rencontré au mariage de la Duchesse d'Erac ne se formalisaient pas d'étiquette, même si les humains trouvent cela importants. Les femmes péninsulaires sont très surveillées, je le crains."
Elle esquissa un sourire empli de retenue, les dévisagea avec une moue amicale, et regarda les serviteurs disposer la nourriture devant leurs assiettes de porcelaine et les services en argent.
- "Alors, désirez-vous m'éclairer sur le repas que vous avez préparé ? Malheureusement, je dois avouer ma totale ignorance en la matière, tout comme la boisson. J'ai donc fait préparer du vin, mais aussi de la bière, et quelques boissons traditionnelles locales."
Dans son regard, l'ingénuité de la jeune comtesse douairière brillait à la lueur des chandelles. Elle se sentait si tendue qu'elle avait envie de s'évanouir, et non de ripailler toute la soirée - mais c'était elle qui s'était mise dans ce pétrin. Et il lui faudrait l'assumer jusqu'au bout.
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| | | Clothaire de Chtoll
Humain
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| Sujet: Re: Un prêtre en vadrouille [Solange] Sam 29 Avr 2023 - 18:08 | |
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Dire qu'il est nerveux n'est pas trahir la vérité, car il l'est. Mais depuis son enfance, il a appris à le cacher, tout comme il lutte quotidiennement pour que ces maux apparaissent le moins possible. Durant un voyage ou le jour qui suit, celui lui est compliqué et il a souffert du voyage à Diantra puis du retour en Odelian, mais ce voyage remonte à loin et il est remis. Remis est un bien grand mot. Son bras droit reste quasi totalement paralysé, sa démarche ralentie et ses tics sont présents, dont celui qui a l'instant lui a déformé le visage...
- Votre Grâce ! Maîtres nains !
Répond-il simplement au moment des présentations communes. Il mémorise rapidement les noms des nains car pouvoir nommer un potentiel interlocuteur par son nom est toujours apprécié et signifie pour l'autre qu'on lui porte estime et intérêt. Mais pourquoi la Comtesse douairière a-t-elle exigé sa présence. Il reste l'assistant grand Argentier, donc moins important que le Grand Argentier lui-même et peut apporter quelques lumières en tant que Bibliothécaire Comtal. Mais, et il l'a expliqué à Solange d'Escault quand elle l'a interrogé, on a peu d'informations sur les nains, aucune information provenant des nains eux-mêmes, et aucun ouvrage permettant de traduire le péninsulaire en langue naine. Ces êtres sont adeptes du secret à un niveau assez impressionnant.
- ... !
Le temps du déplacement vers la salle à manger, il a l'occasion de les observer. Il devrait être satisfait, enfin, à l'exception des enfants, il a des gens à sa taille, lui qui a été petit toute sa vie et qui ne grandira plus. Sauf que lui est rachitique, là où les nains dégagent une impression de puissance. Puis il est glabre, là où les nains ont des barbes impressionnantes. Eux dégagent une virilité impressionnante et ça n'est pas vraiment le premier mot qui viendrait pour définir notre assistant argentier. Et puis, question pour laquelle il n'a pas la réponse, comment sont accueillis les "contrefaits", donc les porteurs d'une malformation ou d'un handicap, dans le monde des nains. Sa présence à lui ne sera-t-elle pas vécue comme une insulte par Lünn et ses fils ? Possible que comme ils sont en territoire odelianais les nains ne se considèrent pas comme insultés car ils ne sont pas hôtes mais que si une délégation odeliane devait se rendre en Zagazorn il soit demandé que Clothaire n'en fasse pas partie ? Il ne se voit pas poser la question, aussi parce qu'il craint la réponse.
- ... !
Toujours mû par un silence de bon aloi qui permet d'éviter tout impair, Clothaire vient de sourire à la Comtesse douairière pour marquer son approbation. Elle ne réalise probablement pas, elle qui a toujours vécu ici, à quel point les arts de la table sont impressionnants en Odelian et il ne doute pas que même des nains pourront être impressionnés, disons plutôt qu'ils apprécieront probablement, pour la qualité du service et des mets. Pour les alcools, il a un doute. Le Comté n'a pas encore acquis une réputation dans ce domaine, la production d'un alcool local démarrant à peine, sur l'idée de la Comtesse justement, qui ne cesse de le surprendre. Elle a profité de son mariage pour tenter d'apaiser les événements avec la Baronnie de Missède, l'accueil fait à la diplomate arétane indique une volonté de s'inscrire dans une pacification des rapports avec le Comté d'Aretan. Elle a toutes les qualités pour être une grande dirigeante et son nouvel époux a une excellente réputation en tant qu'officier. Si la Comtesse était consciente de ses atouts, cela serait un plus, mais depuis son mariage, Clothaire a l'impression qu'elle gagne un peu en assurance, ce qui n'est pas plus mal.
Avec son appétit de moineau qui mange pas, Clothaire craint encore de faire tache lors de cette rencontre, d'autant qu'il se retrouve assis à côté d'un des fils nains, peuplade dont l'appétit est légendaire. Et de ce qu'il a entendu, cette légende est totalement justifiée. C'est la première fois depuis longtemps que Clothaire n'a pas le sentiment de pouvoir compenser ses faiblesses par son intellect, car concernant les nains il en sait autant que les autres, à savoir... pas grand chose.
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| | | Lünn Fût-De-Chêne
Nain
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| Sujet: Re: Un prêtre en vadrouille [Solange] Dim 30 Avr 2023 - 7:57 | |
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Quelques heures auparavant, dans les cuisines Comtales.
Nous étions affairés. L’accorde la Comtesse quant à ma requête, était extraordinaire ! Nous pouvions, suite à un contrôle ô combien poussé, réaliser la cuisine dans les locaux du château, sous la garde d’une domestique – ou serait-elle cuisinière – qui devait contrôler nos faits et gestes, tout en réalisant, elle aussi, quelques plats locaux que nous serions sans doute invités à goûter plus tard. Nous tous, nous sommes si happés par cette occasion unique, que nous ne nous inquiétons guère de cette présence inquisitrice ! Ils peuvent bien tout regarder, tout suivre, tout goûter : rien ici ne sera poison, tout ne sera que délice ! J’en fais le serment devant le Ripailleur ! Nous avions fait les courses avant de nous rendre au château. Ne connaissant pas le nombre de gourmets qui nous serions, je fis un rapide calcul : nous quatre, plus la Comtesse, et sans doute quelques nobliaux invités pour les bienfaits de la discussion et la sécurité de celle-ci, cela porterait sans doute à huit, le nombre de convives. Aussi fis-je des courses pour dix… Evidemment. « Mes Fils ! » Dis-je, repassant mes doigts boudinés sur les plis de ma toge blanche réhaussée de fils d’ors traçant quelques runes bien choisies, et de beaux motifs géométriques. Je regardais ensuite mes ouailles, eux aussi délestés de leurs armures, et revêtant quelques toges de lins blanc par-devant lesquels se trouvaient des tabliers tâchés. Autour du mien – de tablier – je viens nouer une large ceinture de satin couleur moutarde, exquisement décorée aussi de runes liturgiques, avec un flot dans le dos. « Il est l’heure de communier ! » Repris-je, invitant ainsi mes ouailles à présenter leurs petits ciboires dans lesquels je verse une liqueur forte à l’odeur fruitée, laquelle devait normalement ouvrir l’appétit. D’un trait, nous la vidons ensemble, sous le regard hagard et désabusé des serviteurs Umgis qui, eux, ne savent point trop quoi penser de cette scène qui se produit en une langue inconnue. « N’oublions point l’honneur qui est nôtre en ce jour ! Ne rougissons, qu’à cause des assauts de la liqueur bénite par Girdon ! Ne faiblissons, que face aux mets gargantuesques lorsque nos panses seront trop pleines pour accueillir ne serait-ce qu’une autre bouchée ! Jamais, nous ne cesserons de garde l’œil rieur et l’esprit ouvert, car aujourd’hui, mes Fils, sur cette terre Odéliane, nous répandrons la parole ivre et joyeuse du Ripailleur ! Devisons avec les Umgis, philosophons, rions, et, si le Sixième Fils de veut, nouons de sincères amitiés dans le gras et les volutes de quelques herbes à pipes bien tassées ! » Répondant quelques expressions typiques que les fidèles connaissent par-cœur et qui clôture ce préambule à la prière, nous attaquons la cuisine. Dans les cageots ramenés par les gardes, trônent de magnifiques poulets dodus à souhait ! Je reconnais là quelques volailles grassement nourries à des fins gustatifs, qui gambadèrent la cambrousse sur leurs fières petites pattes, prenant allégrement quelques onces tous les jours, sous un regard bienveillant d’un paysan passionné. Les rôles étaient déjà bien distribués. Rodnar préparait déjà les desserts, lesquels seraient ensuite gardés au frais dans nos caisses runées. Habile pâtissier, sa gourmandise sucrée me dépassait toujours ! Fredonnant quelques airs musicaux que nous aimions à faire jouer parmi nous durant les plus royaux des festins, il s’adonne tout entier à son art à lui, préparant de succulents dessert qui, j’en suis sûr, raviront les papilles de nos hôtes de nobles ascendances. Kongrim, lui, était missionné aux sauces et accompagnements. Excellent saucier, il avait compris la gourmandise du plat principal, tout en graisse et en goûts, et voulait accompagner la volaille d’une sauce forestière parfaitement assaisonnée. Sur une planche à découpée, il manipula la lame comme le bretteur manipule le sabre : du tranchant du tranchoir, il découpa de très fines lamelles d’ail, qu’il remplaça bien vite par de la ciboulette fraîche, découpée en dés. Vinrent ensuite les pousses de thym, des feuilles de lauriers, et de l’origan séché. Dans un mortier, il fit choir le tout, broyant ensuite les épices de sorte d’en extraire tous les principes actifs. Régulièrement, il humectait le tout de quelques gouttes d’une eau claire comme de l’eau de roche, laquelle fit bien vite son office en tant que liant humide. Pour rendre la chose plus gourmande, dès lors que la base de ce bouillon fut prêt, il brisa quelques œufs sur le côté du mortier de pierre, séparant les blancs qu’il offrit à Rodnar, et gardant le jaune, pour épaissir sa base de sauce. A l’aide d’un fouet, il battait la mesure de la même musique fredonnée par Rodnar. Bien vite, lorsque la base fut prête, il échangea le mortier pour une grande et profonde casserole, dans laquelle il ajouta tour à tour de la graisse de canard et de la crème, dans de généreuses proportions, avant de faire réduire le tout. Il entreprit alors de réaliser sa seconde sauce : une sauce fromagère ! Par la Barbe du Ripailleur, si vous pouviez humer l’air qui se dégageait de ses casseroles, vous voudriez nous rejoindre sur le champ ! Pour cette sauce, rien de plus simple ! Beaucoup de crème, et de généreuses portions d’un fromage fort, maturé dans des caves humides permettant la pousse de moisissures lui donnant un fort goût en bouche et une tenue longue sur le voile du palais. Avec un autre fouet, il battait généreusement cette mixture qui devait réduire suffisamment pour concentrer les saveurs, sans brûler pour autant, au risque de tout gâcher. C’était un travail fastidieux que de jongler ainsi entre les mixtures, mais le saucier n’était point du genre à fuir face aux responsabilités. Ödiin, lui, m’aidait à la préparation du plat principal. Mais, en plus de cela, il était celui qui devait trouver les meilleurs alcools pour l’apéritif, l’entrée, le plat, et le dessert. Et aussi, il devait préparer l’instant que j’appelle « la contemplation », à savoir, une péroraison de repas où, repus, nous offrons nos songes et nos réflexions au Sixième Fils, à l’aide de quelques herbes à pipes bien choisies invitant à la philosophie et la contemplation du monde. Pour ma part, donc, j’attaquais le plat principal. Si les plans de travail n’étaient point très adaptés à notre petite taille, nous ne manquions pas d’imaginations et d’inventivité pour pouvoir œuvrer en paix. Les domestiques ayant eu le nez fin, nous offraient quelques rehausseurs nous permettant de travailler de manière tout à fait agréable, sans porter atteinte ni au ventre, ni au dos. J’entrepris donc de retirer la peau de la viande, pas quelques incisions bien réalisées. Ainsi déplumés, et écorchés, la viande blanche s’offrait à nous… Pour finir au four, à haute température. La peau, placée au fond d’une poil, allait recevoir l’onction du beurre et de la graisse, et un traitement à la poêle, pour lui fournir un croquant exquis ! Quelques herbes vinrent ensuite parsemer le tout, agrémentant le croquant d’une touche épicée subtile mais présente. Tandis qui cuisait la volaille baignant dans un jus de cuisson préparé par mes soins, nous nous attelions, Ödiin et moi, à faire cuir quelques pommes-de-terres tranchées en lamelles sur une autre poêle, qui furent ensuite confites dans le bouillon de cuisson préparé en plus, dans le four, aux côtés des volailles. Puis vint le temps des champignons ! Cueillis le jour même – selon les dires de l’artisan qui nous les avait vendus – ils étaient charnus à souhait et fleuraient bon la terre fraîche. Découpés en lamelle, ils furent cuits à feux doux, avant d’être rehaussés d’un léger bouillant aux truffes du Zagazorn, qu’il nous restait encore en faible quantité. Moi aussi, je fredonnais. Ensemble, nous nous regardions, les joues roses, le ventre gargouillant, les sourires gourmands et l’esprit ouvert, priant Girdon intérieurement là où, d’ordinaire, nous aurions chanté à voix haute, tout en le louant sans ménagement. De temps à autre, quelques mots nous échappaient dans notre langue, recueillant alors le doux fredonnement d’un air lent et entêtant de nous autres, qui accompagnions le chanteur transcendé. La tablée s’offrait à nous. Encore vêtus de nos tenues liturgiques tâchées de nos jus de cuissons et autres reliquats culinaires, nous nous avançons, sous le regard à la fois médusé et inquiet des nobles, des gardes et des fonctionnaires qui furent invités pour ce souper. La table semblait solide, suffisamment pour supporter quelques quintaux trop gras qui désiraient danser dessus ! L’idée me traversa l’esprit… Mais les convenances, tout de même, devaient être respectées. Prenant place chacun notre tour, j’entreprends de répondre à la Comtesse, laquelle semble vouloir se débarrasser des étiquettes pour offrir plus de légèreté à ce repas à venir. « En effet, ma Dame, vous avez l’œil observateur et l’oreille attentive. Il n’existe pas d’étiquette chez nous autres, et presque aucun prédicat. Nous tutoyons notre Grand-Roi, tout comme le simple artisan ! » Lui dis-je, un sourire dans la voix et sur le visage. Toujours avenant, je sens aujourd’hui le rire et le sourire m’assaillir avec tant d’impétuosité, que je ne me vois point me départir ni de l’un ni de l’autre de toute la soirée. « Mon peuple pense que le respect ne se trouve point dans l’étiquette, ni le dictat d’une bienséance codifiée. Nous valorisons la spontanéité, et reconnaissant l’honneur et les accomplissements. Mais aussi, nous vouons un culte à nos anciens. Plus la vie est longue, plus la barbe blanchie, et plus la parole fait valoir de loi. Ainsi, un thane dans la force de l’âge recevra et écoutera toujours les conseils de ceux qui l’ont précédé et qui approchent l’âge vénérable du troisième siècle de vie. Ainsi, la jeunesse d’un artisan doué est-elle éclipsée par la maîtrise de ses créations. Un de nos meilleurs forgerons est encore loin de son premier siècle de vie, et pourtant, son expertise et sa parole sont mandées par tous, même le Grand-Roi ! » Dis-je, pensant évidemment à Thordril, dont le nom était déjà entré dans la légende. Le Fils de la Fournaise avait beau être encore très jeune, selon nos coutumes, il était déjà aussi respecté qu’une barbe de deux siècles de vie. « Si vous le désirez, vous et les vôtres pouvez nous appeler par nos prénoms. Autrement, vous pouvez m’appeler « Mon Père », car je suis prêtre. » Un des seuls prédicats respectés chez les Nains, était le prédicat religieux. Peuplade croyante et dévouée au panthéon qui est le nôtre, les affaires religieuses sont souvent prises avec une extrême rigueur. Et, je dois avouer que ce prédicat me permet de me rapprocher des ouailles avec lesquelles je souhaite communier. Cela invite à la fraternité et à la confiance, ne trouvez-vous pas ? « Puis-je vous proposer de découvrir les surprises culinaires que nous vous avons préparer, lorsque le temps sera venu ? » Demandais-je, doucement et gentiment. « C’est-à-dire que l’honneur qui fut nôtre, en œuvrant dans vos cuisines, ne saurait être complet si nous devions dévoilé le fruit de notre travail avant même que vos yeux ne purent se poser dessus, et notre nez, sentir les effluves et les parfums. » Lui dis-je, regardant toutefois les alcools disposés, et inclinant la tête en signe de remerciements. « Il est vrai que mon peuple est un peuple de Ripaille et de bombance. Un adage Nain dit toujours : « Il faut toujours commander deux bières au tavernier ! Une pour goûter, et une pour la soif ! » Dis-je, provoquant l’hilarité des miens alors que je viens frapper ma pogne contre mon cuissot. « Mais nos liqueurs sont bien trop fortes, et nos bières, bien trop alcoolisées, houblonnées et amères, pour le palais Humain. Mais certains de vos compatriotes ont essayés, à Thanor et à Kirgan. Je crois savoir que ce repas fut digne d’un banquet de Roi ! » Avouais-je, un peu déçu de ne point y avoir été présent à l’époque. « J’ai hâte de découvrir vos spécialités ! Pouvez-vous nous décrire ce qui se trouve devant nous, avant que n’arrive le repas ? »
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| | | Solange d'Escault
Humain
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| Sujet: Re: Un prêtre en vadrouille [Solange] Jeu 4 Mai 2023 - 9:51 | |
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Solange d'Escault regrettait la présence de son époux, mais elle se détendait malgré tout petit à petit.
Elle était, après tout, accompagnée du sieur Clothaire, sur lequel elle comptait pour lui écrire un rapport sur les nains, de manière à enrichir leurs connaissances sur le sujet ; et contrairement au Grand-Roi, les hommes qui se trouvaient à ses côtés semblaient amicaux et désireux de conserver au moins l'apparence de la bonne entente. Il lui était évidemment exclu de ne pas garder une réserve prudente, mais du moins avait-elle désormais l'espoir de passer une bonne soirée.
Ce fut ainsi que la Régente prêta la plus grande attention aux propos de son invité ; et qu'elle écarquilla les yeux de stupeur, devant ses déclarations pour le moins originales - et pourtant si proches de ses convictions. Elle était également rassurée, car malgré les différences, la noble péninsulaire en saisissait aussi les similitudes. N'y avait-il pas là des bases pour mieux se comprendre ?
Aussi esquissa t-elle un sourire, et même un petit rire poli plus gai malgré elle, devant l'enthousiasme et l'hilarité des Nains à leurs propres plaisanteries. Malgré elle, malgré ses aprioris, la jeune femme appréciait leur compagnie, et passait, pour l'instant, un fort agréable moment.
- "Voyez-vous, nos repas de fête sont très codifiés dans la société humaine. Nous avons abondance de plats, d'abord d'entrée de table, puis les viandes et les accompagnements, ainsi que le poisson. Enfin, sont distribués les dessertes. Cela se suit dans cet ordre précis, et les invités sont servis par ordre de rang, qui détermine également la quantité de nourriture allouée à chacun. Sans connaitre votre rang dans la société naine, vous êtes mes invités d'honneur. Maintenant que je vous sais prêtre, ce que je respecte profondément, je suis heureuse d'avoir pris la bonne décision, et d'avoir l'honneur de vous avoir à ma table."
D'un geste gracieux, elle leva sa main, et désigna alors les plats disposés sur la table un par un.
- "Nous avons donc un potage de courge au lait d'amande, une tourte au cerfeuil, patate douce et pigeonneau, un pâté de gigot d'agneau en pot, et des saucisses de porcs aux herbes pour commencer. Mais avant, nous devons nous laver les mains, afin d'être propre avant de manger."
Un regard suffit aux serviteurs pour s'approcher, porteurs de larges bols en vermeil, dans lequel flottait une eau parfumée aux pétales de tulipes. La noble procéda à ses ablutions, surveillant d'un œil distrait que son bibliothécaire en fasse de même ; puis esquissa un sourire alors qu'on les servait généreusement.
- "Malgré tout, j'aurai été très heureuse de goûter à vos alcools, et je ne tiens pas d'impatience pour goûter ce que vous nous avez préparé ! En tout cas, j'espère fort que vous apprécierez la bière. Elle vient directement de la ville de Prademont, la ville de mon futur beau-fils et cousin, et est agrémentée d'épices. J'ai également un vin chaud à la cannelle qui nous vient du sud de la Péninsule, de Soltariel. Il est assez fort, bien que liquoreux, ce qui lui donne la réputation d'être fort traitre. J'ai coutume de ne pas boire, parce qu'une dame péninsulaire doit toujours se maitriser en toute circonstance. Il serait mal vu que je me mette à chanter aussi librement qu'un homme le ferait ! ...Mais si je puis vous l'avouer, Lünn, certains évènements m'ont poussé à mieux réfléchir sur la condition de chacun, et je crois profondément que le respect ne devrait pas s’acquérir en fonction de notre rang dans la société, mais plutôt grâce à notre mérite : ainsi, à ma cour, celui qui se démarquera des autres sera t-il toujours mieux considéré que son voisin qui se sera donné moins de peine. Toute la question est malheureusement de savoir comment accéder au mérite, mais c'est là un développement philosophique sans doute ennuyeux, surtout aujourd'hui !"
La jeune femme se rendait compte qu'elle avait sans doute plus de questions encore depuis l'intervention de son interlocuteur. Elle ne pouvait, cependant, pas harceler le pauvre nain ; aussi la noble dame se contenta t-elle de dévisager son Bibliothécaire, avant de recroiser le regard du prêtre à sa droite.
- "D'ailleurs, j'ai grossièrement oublié de vous présenter un de mes plus fidèles conseillers, mon Bibliothécaire et futur grand Argentier, le seigneur Clothaire de Chtoll. C'est un esprit aiguisé et brillant, et il est extrêmement cultivé. Je suis sûre qu'il vous serait d'un précieux secours afin de mieux connaitre les us et coutumes d'Odélian, mais aussi si vous pouviez nous éclairer sur vos dieux, et votre religion en particulier ?"
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| | | Clothaire de Chtoll
Humain
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| Sujet: Re: Un prêtre en vadrouille [Solange] Sam 6 Mai 2023 - 8:33 | |
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Le prêtre nain pratique le beau parler, étant attentif au respect dss convenances humaines tout en nous informant des choses pratiquées par chez eux et l'idée est excellente car ainsi on pourra éviter quelqu'impair diplomatique. Et si je n'ai pas un détecteur de mensonge intégré qui me permettrait de cerner l'instant où un nain pourrait mentir ou travestir la réalité, j'ai l'étrange sentiment qu'il semble ravi d'être ici. Et c'est un excellent point. Lui, par son bagout et la Comtesse douairière, par l'excellence de sa réception, font de prodigieux efforts pour que tout se passe bien.
- Que la paix soient sur les personnes de bonne volonté
ne puis-je m'empêcher de murmurer alors que nous nous installons à table. Mais un voile sombre apparaît lorsque la Comtesse nous enjoint de nous laver les mains. Rien de surprenant à cela, à une exception près. Mon bras gauche est quasiment paralysé, ma seule mobilité se limite à un court déplacement et à un maintien de la position dans laquelle je suis parvenu à le placer. Et se laver les mains, en autonomie, ne m'est pas toujours possible. Alors, en présence d'une délégation naine et de quelques autres personnes triées sur le volet, je crains de paraître ridicule. Crainte... augmentée par le fait qu'elle me regarde, moi, à cet instant précis. Le fait que l'interlocutrice m'observe va attirer les regards sur moi ! Que s'est-il passé ? Ai-je loupé un épisode quelque part ? Car à cet instant, je suis convaincu que la volonté de Solange d'Escault est de me stigmatiser. Ensuite, pour avoir nui à la rencontre, il lui sera simple de justifier mon départ sans préavis ni indemnité...
- ... !
On se calme, mon bon Clothaire. D'abord, ce n'est pas le genre de la Comtesse douairière. Et ensuite, ce regard est plutôt amical, comme quand on ressent le besoin de regarder une personne de confiance pour se donner du courage. Je l'ai fait, à notre arrivée à Diantra, j'ai cherché le regard d'Alicia pour ne pas m'effondrer. Cette rencontre serait-elle difficile pour elle ? Autant ne pas rajouter du stress au stress. Je plonge ma main handicapée dans le grand bol et me sert de ma main valide pour bien frotter les deux. Parfois il me faut réclamer de l'aide, mais ici la largeur des bols m'a sauvé la mise. Mais lorsqu'on nous sert nos plats, généreusement, je me dois d'intervenir.
- Cela suffira largement pour moi, merci. Les autres pourront en profiter un peu plus.
L'homme a très peu d'appétit, la chose est connue, et il déteste gâcher. Et pourtant, il apprécie les bons repas et semble avoir un bon palais. C'est vraiment un problème d'appétit. Quand on est petit et rachitique, on a peu de besoins en nourriture. C'est l'un des domaines où il ne coûte vraiment pas cher. Sur ce point, il s'assume pleinement. Les rares fois où il s'est forcé à manger plus que nécessaire, il l'a payé les prochains jours. Et il estime que même ici, le jeu n'en vaudrait pas la chandelle. En se forçant, il mangerait au maximum le double de la portion ridicule qu'il a dans son assiette et ne pourrait manger une bouchée de plus, et cette double portion semblera ridicule comparée à ce que mangerait une donzelle qui fait attention à son poids car elle veut pouvoir entrer dans la robe qu'elle mettra à son mariage.
- Pas d'alcool pour moi.
Plus surprenant, mais on n'a jamais vu Clothaire boire une goutte d'alcool. Il prétexte que c'est pour avoir les idées claires et la chose est sans doute vraie. Mais la réalité est plus basique encore : il ne tient pas l'alcool et ce dernier lui est interdit. Ses troubles à la naissance pourraient se réactiver s'il buvait, la chose a été dite par de nombreux guérisseurs. Et les injonctions médicales, il les respecte presque comme des injonctions religieuses. Et tant pis si cela attire sur lui la méfiance des humains et des nains. Il en a trop bavé pour récupérer ce qu'il a récupéré jusqu'à aujourd'hui que pour risquer de tout perdre histoire de boire un vin ou une liqueur.
- ...
La discussion est sympathique et il se serait bien vu intervenir, car tout est plutôt détendu, même Solange d'Escault semble s'apaiser. Mais heureusement, sa bonne éducation lui rappelle son rang, il ne parlera que si il y est invité, et pas avant. Et c'est le moment où la Dame le fixe à nouveau, avant de le présenter à la délégation naine.
- Merci, votre Grâce, mais je crains qu'il ne me faille modérer votre enthousiasme. S'il est vrai que j'ai beaucoup étudié et que j'ai un plaisir infini à découvrir et lire, je reste fort jeune en regard d'une vie humaine. J'imagine le savoir que pourrait emmagasiner un homme qui aurait pu étudier 60 années. Cela a de quoi donner le vertige. Alors, imaginez si comme vos invités je devais vivre 200 ans. Je n'oserai jamais me qualifier d'extrêmement cultivé en comparaison de cet humain ou de ce nain que je vous ai décrit. Et tout aussi aiguisé que puisse vous sembler mon esprit en ce jour, il me faut humblement reconnaître que si les gens remarquables sont ici, je n'en fais pas partie.
Mon laïus me semble clair et complet et je m'apprête à attaquer mon repas quand je sens sur moi des regards interrogateurs. C'est donc qu'il me faut préciser ma pensée.
- Il y a quelque temps de cela, un grave incident a eu lieu en Langehack, créant des tensions terribles entre votre peuple et le nôtre, chers invités. Tendre la main pour une réunion de paix demande un courage que, je l'avoue sans honte, je n'aurais pas eu s'il m'appartenait d'en décider. Non point que votre civilisation ne mérite pas d'être étudiée, je le ferais avec plaisir si j'en avais l'opportunité, mais parce qu'il me faut avouer que nous en savons fort peu sur vous. Les habitants du Zagazorn cultivent le secret avec un art consommé et tout ce que par ici nous pourrions savoir sur eux est sujet à caution, bien que je tienne certaines informations pour vraies. Vos artisans sont des surdoués qui travaillent toute une vie pour atteindre un degré de perfection que le meilleur des nôtres ne pourra atteindre, faute de temps. Et c'est fort peu que pour pouvoir négocier, n'est-ce pas ?
Je lève mon verre et fixe chaque personne qu'il nomme.
- Buvons à la santé du Père Lünn, de Maître Ödiin, Maître Kongrim et Maître Rodnar, pour saluer leur courage et l'effort de paix dont il témoigne, ainsi que sa Grâce Solange d'Escault pour avoir accepté une rencontre que nombre de péninsulaires, moi le premier, aurions refusée. C'est un immense honneur pour moi que de participer à cette rencontre et si mes connaissances peuvent servir à ce que tout se passe dans le meilleur des mondes, qu'il en soit ainsi. Paix aux gens de bonne volonté !
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| | | Lünn Fût-De-Chêne
Nain
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| Sujet: Re: Un prêtre en vadrouille [Solange] Dim 7 Mai 2023 - 14:54 | |
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Face à la réponse de la Comtesse et cheffe de ces lieux et de ces terres, je ne peux esquisser un sourire doux. Mes pommettes se haussent, le rouge me monte aux joues, point par honte, ou par coquetterie… Mais simplement parce que la chaleur amicale ambiante me va droit au cœur. Elle est heureuse de pouvoir déposer quelques armes politiques, nobiliaires et protocolaires, et libérer quelque peu ce carcan qui l’enserrait tant. « Je comprends, ma Dame. » Dis-je, sincère sans me départir de mon sourire et de mes grosses joues. « Je dois avouer avoir parcouru la Péninsule du Nord au Sud, sur de nombreuses années, et depuis de nombreuses années. Mais rarement, par le passé, m’avait-on reçu à la cour d’un dirigeant, d’un noble de haute lignée. Je ne suis donc que peu aux faits de vos coutumes, sans doute aussi peu que vous à propos des nôtres. Toutefois, j’accueille avec bénédiction et honneur, l’opportunité que vous nous faites de pouvoir déguster un dîner préparé par nos pognes, mais aussi les vôtres, avec simplicité et sans enjeux politiques. » Avouais-je, sincèrement, dans un petit rire gloussé. « Que Girdon vous bénisse. » Puis vint la présentation des plats, présents devant nous. Ödiin, Rodnar et Kongrim se lèvent doucement de leurs assises, posant non loin des plats, leurs groins qu’ils animent de légers renâclements peu gracieux. Moi aussi, je m’y mets. Sans doute est-ce là une autre différence culturelle qui ne manquera pas d’étonner les Humains. En tous les cas, les odeurs semblent alléchantes. Je regarde la cuisson des pommes-de-terre, reluque la viande, juteuse et visiblement bien cuite, et plonge dans le potage des mires gourmandes. Si, bien-sûr, je m’attendais à plus de viandes, plus de graisse, plus d’odeurs gouteuses… Je ne suis pas déçu. Je savais d’ores-et-déjà que les coutumes culinaires Péninsulaires étaient résolument plus légères, plus adoucies, moins lourdes sur l’estomac, que les nôtres. A cela, je dis : « Bienvenue ! » Car Girdon nous apprends l’ouverture d’esprit, et l’esprit s’ouvre souvent via l’estomac, bien évidemment ! Le lavage de main m’étonne, toutefois. Point que nous ne connaissions pas l’hygiène, bien-sûr. Mais d’ordinaire… Nous ne le faisons pas à table. Nous le faisons avant, bien-sûr. Mais, voici encore une ouverture culturelle qui vaut le coup ! Un peu curieusement, donc, nous procédons à nos ablutions, à notre tour, avant d’écouter la maîtresse des lieux. La description des alcools est fort satisfaisante ! Le vin Suderon me plaît, je le sais déjà ! Bien que très – peut-être trop – sucré à mon goût, ce côté liquoreux me plaît sur le palais, tout comme le retour en bouche. Les bières Humaines, toutefois, sont… Un peu trop douces à mon goût. Comme aux goûts des miens, de manière générale… Mais la soif qui m’assaille saura être satisfaite par ces bières douces et peu alcoolisées. Toutefois, le fait que la jeune Solange soit déçue par l’absence de nos alcools à nous, Nains, me fait encore plus sourire ! Ma bouche décrit alors un « O » alors que je comprends que cette déception peut être levée en un claquement de doigt ! « Vous… Vous désirez goûter notre alcool, ma Dame ? » Demandais-je alors, tel un innocent nanillon auquel on venait d’autoriser d’apporter son jouer favori. Je me tourne finalement vers Kongrim, plus proche de moi. « Kongrim, mon Fils ! Va donc chercher nos élixirs dans nos chambrées. Dame Solange désire en apprendre plus sur nos liqueurs et nos produits des maîtres brasseurs de nos terres ancestrales. Je sens l’influence de Girdon ici, autour de ces merveilleuses personnes. Vas-y, mon Fils ! » Ce dernier se lève, et, accompagné d’un garde – ou serait-ce un serviteur – prend le chemin de nos loges. J’écoutes alors les dires de la Comtesse de ces lieux, intéressé, même stupéfait ! Du peu que je connais des mœurs Humaines, se débarrasser de l’étiquette semble impossible, et fortement déconseillé si l’on souhaite garder sa position nobiliaire. Toutefois, l’ouverture d’esprit de la jeune Dame me semble passionnante ! Elle parle d’honneur, de se démarquer, de faire valoir les réussites, les capacités et les actions d’un individu… A peu de choses près, les valeurs claniques et de notre peuple. Puis… Elle parle de philosophie… Et là, ma bouche et mon visage ce font encore plus illuminés et ouverts que jamais. « Philosophie ? Mais, par Girdon, nous adorons philosopher ! » Dis-je, heureux, levant même les pognes vers les cieux tout en souriant, rigolant même, comme un petit enfant encore une fois. Elle nous présente son futur Grand Argentier, lequel prend ensuite la parole. Si j’avais remarqué qu’il avait un appétit d’oiseau, par ses positions, et qu’il ne souhaitait point boire d’alcool, j’avoue ne point lui avoir accordé grande attention jusqu’ici. Et pourtant… Son esprit semblait pétiller et foisonner d’une intelligence incroyable et d’une capacité à philosopher, raisonner et faire valoir ses réflexions intellectuelles. Lorsqu’il désire boire à notre santé, je lève le verre offert par la maîtresse de maison. « Paix aux gens de bonne volonté ! » Répétais-je alors, convaincu. N’oubliant point la question de la jeune Dame, j’entreprends alors une réponse. « Je souhaiterais vous dire une chose, avant de poursuivre le repas. » Je vide d’un trait la coupe de bière qui, bien que trop peu alcoolisée pour le palais d’un Nain, avait tout de même de bonnes notes de terre et de céréales. « Les évènements de Langehack n’ont rien à voir avec notre venue, aujourd’hui. Bien que je déplore la mort de deux des nôtres, je déplore aussi la mort des Langecins. Depuis des décennies, mes Fils et moi parcourons les terres qui sont ouvertes aux voyageurs. Mes Fils et moi vénérons Girdon, le Ripailleur. Sixième Fils de la Première Forge, celle qui vit naître tous les dieux du Panthéon sous la pogne infernale de Mogar, le Père de tous les Nains. Comme les Nains étaient d’excellents travailleurs, dans le Monde du Dessous, le Père décida d’envoyer Girdon, le Ripailleur, pour leur apprendre l’art de la Brasserie, de la Cuisine, de la Ripaille… Et la philosophie. Pour que les Nains puissent se récompenser après de dures journées de travaux passés à maîtriser tous les tenants d’un art, pour en devenir maîtres, Girdon leur permit de faire Ripaille. Ainsi, nous ne sommes point ici pour parler politique, mais uniquement pour profiter de l’ouverture d’esprit offerte par Girdon. » Dis-je, un sourire toujours présent sur mon visage, heureux comme un prédicateur pourrait l’être, lorsqu’il lui est possible de parler de sa divinité. « Autour de la Ripaille, nous, fidèles de Girdon, promouvons l’ouverture d’esprit, la philosophie, le partage de la connaissance et la critique sur le monde, le tout… Dans un esprit de bonté partagé. Bien manger, bien boire, bien fumer… Bien parler. »
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| | | Solange d'Escault
Humain
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| Sujet: Re: Un prêtre en vadrouille [Solange] Mar 16 Mai 2023 - 8:50 | |
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Le cœur de Solange faillit rater un battement.
Son conseiller venait d'aborder un sujet délicat avant même d'avoir commencé à ripailler, et elle se tendit immédiatement. Très droite, les épaules crispées, elle tenta de diluer la boule dure qui s'était formée dans son estomac ; pour déposer ses mains, dont la gauche restait gantée, sur la table de bois sculptée, avant d'arborer un sourire où pointait sa vulnérabilité.
A dire vrai, la noble péninsulaire savait bien que cette rencontre serait contestée, mise en doute, et longuement commentée de ses vassaux. Néanmoins, elle restait persuadée du bien-fondé du banquet improvisé, et elle exhala un soupir de soulagement, tandis que Maître Lûnn prenait la parole. Il ne voulait pas parler politique ? Son Dieu ne demandait donc qu'à ripailler et à philosopher ?
Elle songea rapidement que c'était idéal pour l'heure ; car avant d'entamer des sujets plus sérieux, connaitre des nains, mieux appréhender leurs manières de pensées et d'agir, lui semblait une bonne première approche. Sans doute la seule qu'elle aurait jamais, mais qui serait peut-être le premier pas que le Roy avait tant attendu.
- "C'est entièrement ce que j'attends de cette soirée. Les enjeux politiques engendrent la méfiance et nous éloignent les uns des autres. Aujourd'hui, je désire deviser, philosopher, et me régaler en votre présence."
Elle offrit une grimace amicale aux serviteurs qui les servaient tous largement, et leva sa coupe, en réponse aux souhaits de son conseiller. L'enthousiasme du sieur Clothaire était communicative, tout comme celle du nain, et finalement, la jeune femme pouffa de rire, les joues rosies et les yeux brillants à la lueur des chandelles.
Les bardes entonnèrent une musique sautillante, légère et envolée, et tout en goûtant son potage, Solange d'Escault embrassa tous ses invités du regard.
- "Vous avez tous raison. Bien parler, bien manger, bien boire, et en bonne compagnie, dans un esprit de bonté, est sûrement ce que les dieux attendent de nous. C'est la paix et l'esprit de partage qu'ils tentent de susciter en nous, ce en quoi je viens de comprendre que vos dieux ne sont pas si éloignés des nôtres, tout compte fait. Vous avez beaucoup de chance, d'ailleurs, d'avoir l'occasion de goûter la vie durant des centaines d'années. ...Nous, les humains, avons une vie fugace, au cours duquel nous tâchons d'apprendre le plus possible, ce que nous sommes obligé de faire vite. Certains d'entre nous sont brillants, comme le seigneur de Chtoll, malgré ce qu'ils en disent, et quant à moi... eh bien... je suis encore fort inexpérimentée. Je suppose que l'art que vous maitrisez le mieux est la cuisine ? Pourquoi avoir choisi cette voie ?"
La Régente d'Odélian se tourna en direction de son conseiller, ses yeux d'azur emplis d'interrogation.
- "D'ailleurs, messire Clothaire, avez-vous toujours désiré travailler parmi les livres ? Comment vous êtes venu cette grande passion ?"
Elle se tourna vers Lünn, les yeux fiers et assurés.
- "Bien que notre existence soit courte du point de vue des vôtres, nous avons une vie très riche également, peut-être d'autant plus que nous n'en avons pas vraiment le temps. Voilà un bon sujet de philosophie, n'est-ce pas, messire Clothaire ? Qu'en pensez-vous, Maitre Lünn ?"
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| | | Clothaire de Chtoll
Humain
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| Sujet: Re: Un prêtre en vadrouille [Solange] Jeu 18 Mai 2023 - 5:04 | |
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Il me faut avouer que mes sens sont particulièrement en éveil. Cette délégation naine est étonnante, et qu'elle parvienne à détendre à ce point sa Grâce tient de l'exploit. Si elle craint toujours la faute et l'impair, elle perd petit à petit son masque protocolaire pour dévoiler certains aspects de sa personnalité que j'ignorais. Est-ce l'effet de la bonhommie naine... ou l'alcool ? C'est intéressant à observer en tout cas.
- ... !
J'ai toujours le bon réflexe de ne pas lancer mes réflexions et ici l'avertissement que je comptais émettre. Si l'alcool nain a les effets que les légendes racontent, c'est un poil inquiétant. Mais elle est la Dame et si elle estime que goûter l'alcool nain fait partie de son devoir d'hôte et je présume, surtout depuis ses noces qui sont un moment où on boit beaucoup, qu'elle sait sa propre résistance à l'alcool. Et je suis d'autant moins inquiet qu'aucun membre de la délégation naine ne s'est offusqué de mon refus de boire ni ne s'est même interrogé à ce sujet. L'échange entre le prêtre et la noble attise mes propres réflexions et ces dernières ne sont pas totalement abouties quand Solange d'Escault m'interroge.
- Pardonnez mon sourire un peu trop épanoui, votre Grâce, mais j'ai un immense plaisir à partager ce moment. Même avec mes pairs bibliothécaires, j'ai rarement eu des échanges d'une telle richesse. Tout ceci est assez neuf pour moi. Chez ce qu'on nommerait ici les "intellectuels" ou les mangeurs de livres, on ne ripaille pas et c'est un tort. Nos réflexions sont intenses, certes, mais personnelles. Il appert cependant, et clairement, que les échanges disons "informels" ont du bon et j'avoue que je me régale. Alors, si vous me le permettez. Pendant que vous profitez du repas, je vais partager ce que vos échanges ont soulevé comme réflexions chez moi.
C'est osé, sans doute, de prétendre pouvoir philosopher de vive voix, sans la réflexion qu'impose la lenteur qu'implique la mise en écrit de nos pensées, qui permettent de les reformuler. Le côté plus direct de la chose est un art qu'il ne maîtrise pas. Son analyse sera certainement plus brut que s'il l'avait mise par écrit.
- Les êtres immortels ou ceux qui ont une longue vie potentielle ont plus de temps pour peaufiner et perfectionner des arts, quels qu'ils soient ou même pour trouver leurs voies j'imagine. Mais quelque part, je me dis qu'ils doivent nous envier, au moins autant que j'envie le savoir qu'ils pourront accumuler et que je n'aurai jamais. Car, quand on est conscient de sa mortalité et de sa mortalité proche, inéluctable et parfois soudaine, les instants qu'on vit sont plus précieux, parce que nous savons que l'instant qu'on vit peut être le dernier. J'ai la faiblesse de penser qu'on vit plus intensément, et nos moments de bonheur, et nos échecs qui impliquent ce sentiment que vous ignorez peut-être, celui du temps perdu. Le temps coule à la même vitesse, quelle que soit notre espérance de vie. Mais, pour des êtres qui peuvent vivre plusieurs siècles, s'être trompée de voie un an ou deux pourra être vécu comme une pause, ou un apprentissage, là où j'aurai conscience que ce temps perdu ne se rattrapera plus.
Peut-être pas ma réflexion la plus joyeuse, mais la philosophie est là aussi, pour permettre de se poser d'étranges questions. Il est l'heure de faire un aveu.
- Je n'ai jamais étudié les arts de la table et pour la première fois, je réalise que c'était une erreur, car votre Dieu, Maître Prêtre, est aussi pourvoyeur de paix. Savoir accueillir, choisir les bons mets, mettre en avant sa culture via les plats que l'on cuisine ou la façon dont on les présente permettent aussi de découvrir l'autre. Sa Grâce la Comtesse douairière a un art consommé de savoir choisir ses plats, je n'ai jamais été déçu quand j'ai été convié à sa table, mais je n'avais jamais réalisé ce talent car je n'y avais simplement jamais réfléchi. J'avoue que cela m'ouvre un nouvel horizon d'études... et une façon originale de promouvoir l'Odelian.
Fin de mes réflexions personnelles dont l'intérêt ne saura être jugé que par mes interlocuteurs. J'ai étrangement un peu de mal à expliquer ma passion pour les livres, pas parce que j'en ignore l'origine, mais parce qu'elle est tellement "intime" qu'elle me semble complexe à expliquer.
- Votre Grâce, pour comprendre ma passion pour les livres, il me faut vous conter quelqu'élément de mon propre vécu. Je ne m'en suis jamais caché, pour la simple raison qu'il m'est impossible de le cacher, je suis né malformé. Si je n'avais été fils aîné d'un seigneur qui venait de perdre son épouse, l'on m'aurait abandonné en forêt et l'acte aurait été perçu par tous comme charitable. Le simple fait de me voir rappelait à mon père le décès de ma mère et la malédiction divine ayant frappé sa famille. J'ai passé les premiers mois de ma vie caché de tous, avec pour seul horizon les murs de ma chambre. Puis on m'a envoyé à Diantra sous l'égide d'un formateur aretran et ce voyage a été l'occasion pour moi de voir des lieux sans murs, la nature, les arbres, les monts puis l'architecture de notre capitale, magnifique. Cela a semble-t-il éveillé mon esprit, fasciné par ses découvertes. Je vous avoue que j'étais encore fort petit, en âge aussi, que pour m'en souvenir. Mon précepteur, constatant cet éveil, a travaillé dur pour me pousser à progresser et a fini par m'emmener dans un lieu qui pour moi est immédiatement devenu magique.
Je l'ignore, mais mes yeux pétillent à l'instant où j'en parle.
- Maîtres nains, j'ignore si vous avez eu l'honneur de pénétrer dans la bibliothèque royale, mais pour y avoir travaillé des années, je peux vous certifier qu'elle impressionne ceux qui la découvrent, et que ceux qui comme moi y ont passé des années ne cessent d'être surpris par la majesté des lieux. Pour moi, et j'espère que tous les dieux pardonneront ce propos impie, elle a le côté sacré d'un Temple : le Temple du Savoir. C'est mon premier souvenir clair. Je sais pour en avoir parlé qu'on n'a pas tous des souvenirs de notre enfance, ou certains qui sont vagues. Ma première entrée dans une bibliothèque est un souvenir d'une clarté absolue, comme si je la revivais comme à l'époque. J'ignore comment, mais j'ai compris que chaque livre, chaque reliure, chaque parchemin, contenait un savoir et j'ai voulu l'emmagasiner. Mon corps était limité, mon esprit pas encore éveillé, mais j'ai fait le choix d'aiguiser mon esprit comme un guerrier aiguise ses armes et ses gestes. Alors qu'intellectuellement j'étais en retard, j'ai pu le résorber jusqu'au moment où mon retard n'était plus visible et je n'ai eu de cesse de l'aiguiser encore et encore. Mais...
J'hésite un court instant, puis finalement me lance :
- Ce ne sont pas que les contenus, les écrits, qui m'ont fasciné. Durant des siècles et des siècles, les bibliothécaires et autres archivistes ont sauvegardé ce savoir, l'ont recopié, traduit, pour les générations futures. Ils ont peaufiné un système de classement complexe mais compréhensible pour les initiés. Si une bibliothèque fonctionne aujourd'hui comme elle fonctionne, c'est aussi parce qu'il y a dix siècles et plus, un ou une Clothaire de son époque a voulu classer, au mieux, le savoir qu'on pouvait se transmettre, protéger les parchemins, permettre que celui ou celle qui a besoin d'un élément de ce savoir du passé puisse le trouver sans avoir besoin de plusieurs vies pour trouver le bon ouvrage ou le bon parchemin.
J'ai probablement trop parlé, il est temps pour moi de clore mon "discours improvisé".
- Alors, oui, le manque de temps fait que sans doute, certains parmi nous peuvent vivre les choses plus richement. Mais, peut-être est-ce réservé aux gens qui ont vu la mort en face, c'est aussi là notre part d'immortalité. Quand un architecte démarre la construction d'un temple, il sait qu'il ne verra pas ce temple fini car sa construction occupera plusieurs générations. Mais il a le sentiment qu'en offrant cet ouvrage au monde, ainsi que l'ouvrier, le maître d’œuvre ou le tailleur de pierre, en formant des apprentis, en transmettant, il atteint l'immortalité, non pas personnelle, mais collective. Certains œuvrent pour bâtir, d'autres pour détruire, et c'est ainsi qu'ils apportent une contribution au monde. Et ceci est vrai pour tous les corps de métier, passés, existants ou à venir. Notre immortalité est là, il suffit d'observer les villes, les campagnes et la vie. Le monde continuera sans nous, et avec un peu de chance nous y aurons contribué. J'espère que je l'aurai fait et que je partirai avec ce sentiment quand nos dieux se souviendront qu'ils m'ont oublié ici bas.
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| | | Lünn Fût-De-Chêne
Nain
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| Sujet: Re: Un prêtre en vadrouille [Solange] Ven 19 Mai 2023 - 13:25 | |
| Décidément, cette journée est une journée pleine de surprise ! Les voies de Girdon sont grasses et glissantes et aucun d’entre nous ne pourrait décemment penser pouvoir les comprendre… Nous ne pouvons qu’accepter et tenter de comprendre les signaux qui sont les siens, au travers de repas gargantuesques, de boissons enivrantes, de fêtes abracadabrantes. Et la jeune Dame d’Escault est, à elle seule, une représentation inattendue des surprises qui apparaissent à mes yeux et à mes oreilles ! En mon for intérieur, je remercie Girdon pour tout ce qu’il m’apporte, et pour la bénédiction d’une telle journée. La question de Solange montre un intérêt grandissant pour la culture Naine. Certains verraient ça d’un mauvais œil… D’autres, dont moi, pourraient y avoir une ouverture pacifique, une ouverture raciale sans précédent. « Eh bien… Ma Dame, votre question, bien que simple en apparence, est d’une grande complexité… » Dis-je, cogitant grandement alors qu’il me fallait lui expliquer en quelques lignes, l’étendue du fonctionnement de notre civilisation millénaire. « Notre société repose sur un fonctionnement à très petite échelle. Nous n’avons pas autant de cités que vous, car nous, les Nains, vivons en clans. Le clan représente la base de notre société : certains sont plus célèbres que d’autres, issus de grandes lignées fondatrices de notre royaume… » Dis-je, tentant de débuter une explication périlleuse. « Chaque clan se spécialise dans un seul art… La guerre, l’agriculture, la forêt, la nourriture, les runes, l’artisanat, la mine, la forge, l’ingénierie… » Je m’arrête ici, bien-sûr, mais la liste est longue. « Il est possible pour un Nain de changer de voie, mais ce dernier devra généralement rejoindre un autre clan… Mon clan à moi, est un clan de brasseur et tonnelier de longue date. Voyez, j’ai toujours baigné dedans… » Lui dis-je, désireux d’aller plus loin. « Je possède une des auberges les plus connues du royaume. Mes fils, mes vrais enfants, y travaillent et fabriquent les meilleurs tonneaux, les meilleures bière et liqueurs, et cuisinent les meilleurs plats… » Je rêve à nouveau de ma famille, qui me manque. « Alors… Outre ma dévotion pour Girdon, j’étais prédestiné à cuisiner pour tout le monde. » Expliquer tout cela ne me dérange absolument pas. Les Humains ne savent presque rien de notre culture, j’en suis conscient. Peut-être que ce secret global est une chose que le Roi lui-même tente de conserver, ou que d’autres, souhaitent maintenir afin que, si une guerre devait éclater un jour, nous puissions compter sur ce brouillard pour surprendre les Humains, qui ne nous connaitraient absolument pas. Mais cela ne me plaît pas. Je veux de la paix, de l’entente, de la compréhension. Girdon lui-même m’envoya sur les routes, avec les Fils de la foi, pour répandre la bonne humeur, la bonne entente, la paix et la joie. Aujourd’hui ne fera pas d’exception. Et la suite des réflexions, des partages et des mots échangés autour de cette tablée, m’emplissent de joie et de bonheur ; de fierté et de compassion. Mes Fils, eux aussi, sourient, face à tant d’échanges. Eux ont toujours été plus soucieux que moi quant à la notion d’échanges pacifiques avec les autres races. Oh, ce sont de bons croyants, de bons pacifistes. Mais, contrairement à moi, ils ne possèdent point cet aspect… Candide, de la vie. Je ne leur en veux pas, et je ne suis pas envieux de leurs capacités à regarder les choses avec un peu plus de balance que moi. Je devrais leur en être reconnaissant, toutefois : leurs haches m’auront sauvé à plusieurs reprises de quelques bandits de grands-chemins. Pour revenir à notre dîner, ce Clothaire de Chtoll m’impressionne au plus haut point. Le fait qu’il ne lâche rien, qu’il cherche à toujours apprendre, encore et encore, de plus en plus, pour devenir, non point parfait, mais seulement un érudit à l’esprit aiguisé qui cultive l’ouverture culturelle et sans doute spirituelle… Me rappelle presque le chemin de pensée que j’ai pu faire, et que mes ouailles, depuis des décennies, font pour pouvoir suivre le chemin de Girdon. Souriant, je l’écoute, acquiesçant par moments, buvant cette bière trop claire mais préparée avec de charmante attention, comprenant chaque cheminement de pensée qui secoue la caboche de l’érudit. Par les dix mille poils de la barbe du Ripailleur ! Ô Sixième Fils de la Premier Forge, je te remercie pour m’avoir guidé jusqu’à la rencontre de ces adorables gens ! Puissions-nous communier ensemble, dans la joie et l’acceptation mutuelle ! J’allais prendre à nouveau la parole… Afin de philosopher plus avant… Mais voilà que revient bien subitement Kongrim, portant les coffres sécurisés protégeant les élixirs. Les déposant devant nous dans de grands bruits sourds, j’entreprends de les ouvrir avec la clé que je garde toujours sur moi. Sitôt fait, de douces volutes s’élevèrent du coffre d’acier. Glacées, vaporeuses, s’élevant doucement depuis l’alcôve avant de redescendre pour finalement venir mourir sous le bois de la table, elles étaient produites par des runes de glace, gravées par un maître graverune, dans l’acier du coffret. Sortant les bouteilles de leurs écrins, je les présentes à celles et ceux qui ont la chance de s’assoir à cette tablée. « Voici quelques-uns de nos meilleurs élixirs, réalisés par les miens. Tout d’abord : cette bière noire. Ce sont nos bières les plus fortes de tout le Zagazorn : elles sont très amères, très houblonnées, très alcoolisées… Certains des vôtres ont dormi sous nos tablées, après seulement une seule gorgée de ces bières-là ! Mais, rassurez-vous ! Voici une bière brune, et une bière blonde. Plus légères, la brune est très houblonnée aussi mais moins alcoolisée. Son goût est plus fort que la blonde, laquelle est à la fois douce, moins alcoolisée, et moins riche en céréale. Elles restent toutefois plus fortes que vos bières à vous… Les élixirs, ensuite. Ce sont typiquement nos eaux de vies : la plus ancienne est cette bouteille faite de cristal, dans laquelle mâture une liqueur de Frongol, un champignon aussi gros que le bouclier d’un guerrier ! Un seul frongol est capable de rassasier un Nain dans une mine : en faire une liqueur est difficile, mais, par Girdon… Leur goût ! Leur odeur ! Et leur bouquet… Gare, toutefois : ça se boit d’un cul sec, et en petites quantités… » Dis-je, leur décrivant avec passion ce qui se trimballait là, devant nous. « Goutez ! Vous nous feriez honneur ! »
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| | | Solange d'Escault
Humain
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| Sujet: Re: Un prêtre en vadrouille [Solange] Lun 19 Juin 2023 - 12:27 | |
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Solange se trouvait bien aise de savoir que son Bibliothécaire prenait du plaisir à la discussion et au repas. Il s'agissait aujourd'hui d'une entrevue bien particulière, une de celles qui nécessitait un banquet joyeux et de l'alcool en suffisance ; et bien que son Conseiller ne buvait pas, son entrain et sa bonne humeur, presque inhabituelle, lui donnait le courage de continuer de sourire, et de sembler détendue - même si ce n'était pas complètement le cas, car elle ne pouvait s'empêcher de redouter un quelconque accident.
Elle approuvait entièrement les propos de Clothaire, qui étaient à la fois intelligents et sensés. La bonne chère était la pierre angulaire de la diplomatie : durant un repas, le Souffle se détendait et s'ouvrait un peu à l'autre, ce qui laissait parfois entrevoir des solutions qui n'avaient jamais été envisagées. C'était d'ailleurs ce qui se passait en ce moment-même ; et elle adressa un sourire sincère, heureuse de mieux le connaître.
- "Ce que vous dites, messire de Chtoll, est extrêmement intéressant, et je suis reconnaissante à votre précepteur d'avoir si bien su stimuler votre intellect. Il a fait de l'excellent travail, et vous savez que je salue votre pugnacité. D'ailleurs, je dois dire que bien que votre père se soit montré fort dur, j'espère que vous vous sentez désormais comme chez vous ici. Vous êtes très précieux à cette Maison. Il est vrai que nous avons une existence brève aux yeux des autres races, mais nous profitons de ce laps de temps pour continuer de bâtir et de construire sans relâche, pour les générations à venir."
La Comtesse Régente se tourna vers le prêtre, en penchant légèrement sa tête. Elle était extrêmement intriguée par leurs réactions, par leurs manières mais aussi par leurs mœurs - non point dans un but de défense martiale, mais parce qu'ils ne pourraient jamais cohabiter sans mieux se comprendre. Si elle voulait obéir au Roi, il faudrait accepter de se détacher partiellement de sa propre conception de la vie. Elle était d'ailleurs intriguée par ce que leur racontait le prêtre. Ainsi, la noblesse ne comptait pas, voir n'existait pas ? C'était incroyable - tout comme savoir que la société naine était divisée entre des espèces de castes spécialisées.
- "Je n'avais jamais imaginé une société aussi différente de la nôtre, Maître Lünn, et je suis surprise de savoir que votre famille tient une auberge !"
Voilà bel et bien la première qu'un tenancier mangeait à sa table d'honneur ! Mais la noble péninsulaire était plus amusée que gênée, et tâcha de garder l'esprit ouvert, ce qui n'était pas si simple au vu des circonstances.
- "Je comprends mieux pourquoi vous avez donc tenu à cuisiner, mais votre Foi envers Girdon semblait prédestiné par vos talents. Il n'a pas dû être facile pour vous de quitter votre clan pour faire un autre choix, fut-il aussi honorable. J'aurai aimé pouvoir voir cette auberge de mes propres yeux, mais on peut dire que vos fils mettent désormais en application vos enseignements. Vous devez être fier."
Solange d'Escault se sentait très excitée. Elle vivait une opportunité unique et passionnante, et pour une fois, elle se réjouissait de se trouver la Régente, à cette place et en cette heure. Elle écarquilla ses yeux d'un bleu d'azur devant la boite apportée par les nains, et sentit comme un mouvement de la domesticité présente, alors que son interlocuteur principale ouvrait le coffret avec sa clé. Si elle ne pouvait percevoir la magie, il semblait évident qu'elle était à l’œuvre, là, devant elle, dans ces volutes glacées qui lui chatouillaient le visage. Il sortit les bouteilles de leur écrin - qu'elle aurait voulu toucher, ce qu'elle n'osa pas faire - et dû faire appel à tout son sang-froid pour conserver une physionomie calme.
La magie était interdite en Péninsule, et voilà qu'aujourd'hui, on transportait des coffres de cette nature dans son château. Cela pouvait se trouver dangereux si cela se savait : c'était une donnée qu'il faudrait prendre en compte si des problèmes se présentaient. En attendant, elle avait un alcool nain à goûter.
Avec distinction, elle mangea d'abord une large tartine de bon pain et de pâté, en faisant signe à deux serviteurs de présenter des verres adéquats.
- "Eh bien, voyons cela alors. J'espère que vous me pardonnerez ensuite si je perds la raison, car j'ai bien peur de n'avoir qu'une expérience limitée dans le domaine des spiritueux. Voyons si je puis goûter à la bière blonde, et à la liqueur de ... frongol ? Je voudrais rendre honneur au travail de vos brasseurs. Nous développons actuellement dans le comté nos premiers alcools. Bientôt, nous aurons des liqueurs que nous pourrons peut-être même vendre à Diantra, et à notre comptoir commercial dans un autre Comté. Quel dommage que vous ne puissiez les goûter à votre tour... Cela sera de la bonne qualité, notre verger est déjà mis en place. Ils produiront bientôt de beaux fruits ! D'ailleurs, Messire de Chtoll était en charge de développer notre distillerie, mais aussi de choisir les fruits. Il pourra vous en parler mieux que moi !" Un échanson remplit leurs verres avec précaution, non sans jeter un regard curieux au fameux coffret bien mystérieux ; et la noble dame saisit sa coupe de vermeille avec un grand sourire, avant de la tendre à bout de bras.
- "La tradition humaine veut que l'on souhaite quelque chose d'agréable avant de boire la première gorgée d'un alcool raffiné. Alors à notre belle et longue amitié entre personnes de bonnes volontés !"
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| | | Clothaire de Chtoll
Humain
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| Sujet: Re: Un prêtre en vadrouille [Solange] Ven 23 Juin 2023 - 6:41 | |
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Je m'étais détendu et excellente nouvelle, j'avais même l'impression d'être à ma place à cette tablée et que mes discours fort longs étaient perçus comme intéressants. D'ordinaire, je saoule quand j'étale mes réflexions ou mon savoir mais pas aujourd'hui. Et c'est sans doute cette détente qui explique ma réaction quand la boîte dégageant du froid a été ouverte. Je me suis dressé sur mes jambes et ai reculé vivement.
- Par les Cinq ! De la magie ?
La peur, instinct premier. Sans doute excessive aux yeux de tous. Mais j'ai une bonne excuse. Mais après l'instinct, la réflexion. Toujours !
- J'ai... été témoin direct de l'explosion magique de la Tour de l'Arcanium, en l'an 8 à Diantra. Un accident semble-t-il, mais aussi une tragédie. Depuis, et même si j'ai bénéficié de soins magiques via les prêtres de Néera, dès que je suis témoin de l'apparition d'une magie, j'ai le sentiment que tout va exploser à une lieue à la ronde...
Quel étrange sortilège. A moins que ça soit leur magie runique dont il a un peu entendu parler ? Mais il semble qu'un froid continu permette de garder ces bouteilles à bonne température. Je ne peux m'empêcher de me pencher pour mieux observer, la curiosité domine désormais mes angoisses.
- Vous imaginez, une grande pièce qui bénéficierait en permanence d'une température basse, voire glaciaire ? On sait que les aliments se détériorent moins vite, comme s'ils étaient protégés par le froid. Cela pourrait permettre de stocker autre chose que les aliments séchés et pourrait permettre de lutter contre les famines ou les catastrophes agricoles.
La magie pourrait avoir un aspect bénéfique ? Je me vois mal défendre un tel point de vue.
- Mais cela reste de la magie. A proscrire malgré tout. Du moins par chez nous. J'ose imaginer que vous n'avez pas connu de graves incidents magiques par chez vous. Ou du moins je l'espère.
Ma réaction forte n'a pas trop perturbé la tablée, la curiosité semblant dominante du côté "humain", là où la Comtesse douairière est restée impassible. Et si elle s'apprête à boire, elle émet aussi des regrets quant au fait qu'on ne puisse pas encore faire un échange avec nos propres productions... Et elle me laisse la main pour en parler.
- En effet, votre Grâce, la distillerie est fabriquée et si les productions des bières ne poseront aucun problème et ne devraient rencontrer aucune difficulté, car notre distilleuse souhaite fabriquer tant bières fortes, du moins pour les humains, et bières plus légères, diverses expérimentations sont testées, parmi lesquelles des bières fruitées. Des alcools forts sont prévus aussi, dont des eaux-de-vie et là aussi elle compte miser sur l'originalité, histoire de démarquer l'Odelian. Malheureusement, nous en sommes encore aux phases de test et le palais du couple comtal sera sollicité, puisque l'alcool m'est interdit. A regret car il m'aurait plu de goûter une boisson glacée. Peut-être qu'à votre prochaine visite aurez-vous l'occasion de tester des alcools aux goûts qui sont inconnus de vos palais ? Ce serait un honneur également.
La Comtesse est à peu près certaine d'être saoule après avoir testé les alcools nains. Heureusement, il y a assez de domestiques pour gérer la situation. Mais on entre désormais dans un domaine où notre bibliothécaire est mal à l'aise.
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| | | Lünn Fût-De-Chêne
Nain
Nombre de messages : 50 Âge : 30 Date d'inscription : 20/09/2020
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 191 ans (An 826:Xème cycle) Taille : 1,43m Niveau Magique : Non-Initié.
| Sujet: Re: Un prêtre en vadrouille [Solange] Ven 23 Juin 2023 - 11:54 | |
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La stupeur envahi la pièce. De prime abord, je crois, un peu trop naïvement, que la stupeur vint de la présence sur la table d’un vulgaire coffret duquel furent extraites plusieurs bouteilles alcoolisées. Après tout, ne s’agit-il point de la tablée officielle de la Dame de ces lieux ? Aux côtés de nobles qui, dois-je le rappeler, ne boivent pas d’alcool ? En plus, ledit coffret de bois et d’acier, n’avait point été déposé de la manière la plus gracieuse… … Mais non. La stupeur envahissant la pièce était née de la magie. Ces volutes fraîches, glacées même, qui s’élevaient de l’intérieur du coffret pour ensuite venir s’évaporer sur la table comme meurent les mots d’un poète aux creux des oreilles de ceux qui l’écoutent. J’avais connaissance, bien-sûr, de l’inquiétude que les Péninsulaires cultivaient contre la magie… Mais j’avoue ne pas avoir réellement compris cela avant aujourd’hui. Non seulement les Humains étaient peu doués avec la magie, mais en plus, ils la détestaient… Même cet universitaire, Clothaire, était en train de s’émerveiller des possibilités qu’offrirait une magie de froid sur le maintien des légumes, des viandes et de la nourriture en général… Avant de finalement proscrire la magie, quoi qu’il en coûte. « Vous savez… Chez nous, la magie fait partie intégrante du paysage et… De nos habitudes. Presque toutes les auberges possèdent leurs chambres froides faites de runes comme celles-ci. » Dis-je, comme pour défendre la magie. Je ne ressens point particulièrement de colère ou d’orgueil blessé. Comme tous les Nains, je suis fier de ma culture et de la magie qui est la nôtre. Mais… En lieu et place de ces sentiments, j’ai simplement l’impression qu’il est de mon devoir, aujourd’hui, de leur permettre de réviser leurs jugements afin d’aider à leur ouverture d’esprit. « La magie runique est une magie à part entière… Seuls les Nains peuvent la maîtriser et… Elle est d’une grande stabilité. Vous ne devriez pas abhorrer la magie, juste apprendre à la respecter. » Je sais, ou du moins, je sens que cette prise de position est la première qui pourrait porter à confusion ou qui pourrait me mettre en porte à faux. Toutefois, si cela devait nous permettre d’obtenir plus de discussions philosophiques encore, alors cela serait une véritable bénédiction. Bénédiction que je recevrais avec aménité, bien-sûr ! Puisse Girdon nous éclairer de ses lumières éthérées. Et d’ailleurs, voici que reviens sur le devant de la scène, les liqueurs et élixirs houblonnés offerts par le Sixième Fils et l’opportunité future de pouvoir déguster ceux qui seront distillés ici, en Odélian. « Ce serait un honneur partagé, ami ! » Dis-je à Clothaire, le remerciant de son invitation pour goûter, dans un futur plus ou moins proche, les futurs élixirs du cru. « Comment trouvez-vous l’alcool ? Les liqueurs ? » Demandais-je, curieux de connaître leurs avis sur des alcools qui, par le passé, avaient terrassés quelques-uns de leurs guerriers les plus impressionnants. « Et, quand vous serez prêts, je crois qu’il sera bientôt temps de goûter à notre succulent repas. »
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| | | Solange d'Escault
Humain
Nombre de messages : 261 Âge : 38 Date d'inscription : 19/02/2020
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 23 ans Taille : 152 cm Niveau Magique : Non-Initié.
| Sujet: Re: Un prêtre en vadrouille [Solange] Lun 7 Aoû 2023 - 19:26 | |
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Solange d'Escault se sentait partagée entre deux devoirs.
D'un côté, elle désirait en apprendre plus sur la magie naine - ou l'art des runes semblait-il - mais également sur le sujet en général. Pour l'avoir vu expérimenté alors qu'elle se trouvait alors en fuite, elle savait qu'il n'était pas toujours maléfique, et qu'il faisait même parti du quotidien dans certaines sociétés. Elle se trouvait en face de l'une d'entre elles, et la politesse voulait également qu'elle se montre courtoise, car il s'agissait là de la base de la diplomatie, ce qui se trouvait fort à propos.
D'un autre côté, la jeune femme savait évidemment le sujet tabou. S'y trouver associée pouvait même mettre en danger sa chère Elisabeth ; aussi hésita t-elle lorsqu'elle vint saisir le verre, pour en humer les volutes glacés et alcoolisées, avec un doux sourire esquissé sur ses lèvres. Enfin, elle se décida à en boite une gorgée, puis deux - avant d'écarquiller les yeux. Elle sentait bien le goût de l'alcool ; mais surtout, et avant tout, sa brûlure. Le visage écarlate, elle ne put s'empêcher de s'étouffer, toussant très fort en positionnant sa main devant sa bouche, tandis qu'elle se retenait d'une autre main à la table de bois sculpté. Elle déglutit, et émit un petit rire gêné.
- "Hm! Veuillez m'excuser. C'est... C'est ... un peu fort, mais je sens bien les arômes. Vous êtes de fins distilleurs, mais je ne souhaite que goûter les plats que vous avez préparé. Mes cuisinières ont aussi préparé quelque chose... Je crois qu'elles se sont senties un peu en concurrence avec vous."
La comtesse douairière toussa à nouveau, passa sa main sur sa gorge, et reprit la parle d'une voix intéressée.
- "Je serai bien aise de connaitre votre avis sur les incidents magiques. Voyez-vous, depuis le terrible incident de l'Arcanum, une tour de magie qui était située dans notre capitale, et depuis la mort du sa Majesté le Roy Eliam ainsi que sa sœur, le nord de la Péninsule se méfie grandement de l'utilisation des mages. Il y avait autrefois un Conseil Magique dans notre Comté, mais c'est le passé, désormais. Avez-vous également un conseil ? Comment se passe t-il, chez vous ? Avez-vous également une sorte de conseil qui en régit les lois ?"
Avec politesse, Solange dédia un sourire plus niais à Clothaire. Sa tête commençait à tourner, mais pour autant, elle se força à terminer son verre.
- "Messire Clothaire, vous auriez certainement des anecdotes sur le sud de la Péninsule ? Il semble qu'ils aient moins de préjugés que le nord sur le sujet. Savez-vous exactement ce qui s'est passé à l'Arcanum au moment de l'explosion ? Vous pourriez l'expliciter à notre cher invité."
Elle était complètement grise, mais continuait de se tenir droite, quand bien même le monde tanguait devant ses yeux - et elle saisit une dernière portion de pâté avant que la servante ne retire les restes, en prévision de la suite du banquet.
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