En amont des festivités d’Erac | Renaud d’Erac

Les maux de tête étaient devenus le lot quotidien de Renaud, qui n'arrêtait pas de se poser des questions. D'abord repenser aux erreurs qu'il avait commises, puis réfléchir à la façon de les réparer, si c'était possible. Cette fête serait un premier test, pour voir les personnes qui viendraient, et aussi le ton des discussions qui ne manqueraient pas de fleurir. Les préparatifs étaient déjà en cours alors qu'il restait deux ennéades avant le début, Renaud ne voulait aucun raté, et il avait pioché dans le trésor pour que tout se déroule du mieux possible. Le repas devait être parfait, et tout ce qui l'entourait encore mieux. Des troubadours, des danseuses, des jongleurs, il y en aurait pour tous les goûts. Il avait laissé sa mère et ses sœurs diriger cela dans les détails, avant de lui faire des comptes rendus pour plus de facilités.

Le Duché était donc en effervescence quand on vint lui annoncer qu'une ambassade royale se rapprochait de la citadelle. Renaud attendait une réponse, et il se morfondait dans l'attente de celle-ci, mais il ne s'était pas attendu à ce que cela se traduise par une délégation, et non un courrier, et encore moins autant en avance sur la date. Comme il se devait, il avait envoyé les coursiers au sein de la capitale, courant aussi vite qu'ils le pouvaient afin de prévenir les principaux concernés de faire diligence. Quand la troupe arriva, Renaud se trouvait en haut des marches de la citadelle, attendant l'ambassade, sa mère à ses côtés, et ses deux sœurs en retrait juste derrière. Une haie d'honneur avait été faite par l'Ordre du Merle, sa garde rapprochée. Les trente n'étaient pas tous présents malheureusement, certains étant en mission, mais ils étaient plus de vingt, de part et d'autre des escaliers, leurs tenues d'apparats faisant honneur au Duché.

Quand tout le beau linge diantrais commença à monter, Renaud chercha du regard le Régent, voir le Roy en personne, mais aucun des deux ne fut en vue. En tête du cortège, il reconnu le frère d'Aymeric, Evrard, qu'il avait rencontré lors de la campagne du median. A ses côtés se tenait une jeune femme, et à leur suite, une ribambelle de personnes. Arrivé en haut, alors que Renaud s'attendait à ce que ce soit Evrard qui prenne la parole, ce fut la demoiselle qui le fit, et en l'écoutant, le Duc comprit tout de suite, quand elle parla de son frère pour parler du Régent, qu'il s'agissait de l'une de ses soeurs, mais laquelle ? Il n'était pas bête, et il réalisa rapidement que le plan d'Aymeric se mettait en place. N'avait il pas dit qu'il enverrait ses sœurs ? il avait dit "sous peu", mais le fourbe, étalant tout son talent, avait attendu que les prétendantes auxquelles le Duc pensait ne soient éliminées. Renaud repensa à la discussion qu'il avait eut avec Robert, et il se dit que c'était la une main tendue vers lui de la part d'Aymeric, sans doute la dernière. Le pauvre était bien en mal de savoir ce qu'il devait faire dans l'immédiat, n'oubliant pas qu'on lui avait mit la possibilité d'un mariage avec Hautval sous le nez. Mais celui-ci pourrait il seulement voir le jour alors que le Baronne était sous la coupe du Régent, et que les sanctions étaient promptes à tomber.

Renaud se dit qu'il devait gagner du temps fin de pouvoir réfléchir, et si on lui accordait deux ennéades avant la fête, il devait les employer au mieux. Il salua comme il se devait, du haut de son titre, et de celui que représentait la sœur d'Aymeric

"Vous me voyez navré d'apprendre que sa Majesté le Roy et le Duc ne pourront pas venir à cette fête en leur honneur. Je suis honoré de votre présence, et je vous souhaite la bienvenue à Erac. Tout sera mis en oeuvre pour que votre séjour soit le plus agréable possible, et que vous ne manquiez de rien."

Renaud souriait à la belle, charmeur comme il avait l'habitude de le faire, et en bon hôte.

"Si vous me permettez, laissez moi vous présenter ma mère, Cyrielle, et mes deux sœurs, Roxanne et Alcippe. Pardonnez l'absence de mon père, il n'est pas au mieux de sa forme, vous ne tarderez pas à faire sa connaissance"

Léandre s'était reclus depuis sa libération, le pauvre homme n'était plus ce qu'il était. La torture l'avait grandement éprouvé, et il avait même perdu la vue durant sa captivité à Hautval. Il se montrait rarement, et uniquement lors des grandes occasions. Renaud jeta un regard en biais à Evrard quand il présenta Roxanne, les deux étant promis l'un à l'autre.

"Le voyage n'a pas du être de tout repos depuis Diantra,aussi si vous le souhaitez, nous pouvons vous conduire à vos chambres, pour que vous puissiez vous reposer."

Tout le monde n'aurait pas une chambre immédiatement, mais un certain nombre étaient toujours prêtes pour ce genre d'imprévu. Les principaux participants n'auraient donc pas à attendre. Dans le groupe, Renaud avisa également la présence de Lohie de Brandevin, ce qui le surprit au sein de l'ambassade royale.

Renaud trouvait presque dérangeant qu'Evrard reste en retrait, alors que ça devrait être lui qui soit mis en avant. Cela augurait il de l'importance de Neyrelles aux yeux d'Aymeric ? alors qu'il la laissait diriger l'ambassade royale. Le respect, et surtout le silence de la troupe derrière la damoiselle était surprenant, intensifiant encore l'importance qu'elle semblait avoir. Il fallait noter également l'insistance avec laquelle la
sœur du Régent fixait Renaud, c'en était presque perturbant. Le Duc commençait à penser qu'il avait raison quand il avait songé que c'était un test. Les mots d'Evrard était des plus surprenants, amenant Renaud à le dévisager, ne voyant pas la réaction de Neyrelles. Les deux jumelles échangèrent un regard perplexe, avant que Roxanne, sa promise ne réponde de manière protocolaire, ne relevant pas l'allusion

"Messire, vos faits d'armes vous précèdent, il semble qu'aucun champ de bataille n'ait échappé à votre emprise. C'est un honneur de vous rencontrer."

Comme première rencontre, l'on pouvait faire mieux. Neyrelles ayant accepté de se retirer pour se reposer, cela allait permettre à Renaud de réfléchir à la situation. Puis, elle présenta Lohie, le Vicomte de Scylla. Le Duc le connaissait fort bien, l'homme ayant envoyé un messager voila peu avec la merveilleuse idée de racheter les velteriens pour les rallier à sa cause.

"Messire de Brandevin, votre présence est une surprise, mais je suis honoré de vous voir en ces murs"

Renaud ne s'attendait pas à le voir en présence d'une ambassade royale, cela voulait il dire qu'il avait prit un ascendant sur les autres Seigneurs auprès du Roy ? alors certes, Scylla était une terre appartenant à sa Majesté, mais Renaud se demandait s'il n'avait pas perdu un temps précieux, la ou il aurait dû cultiver les liens entre la Royauté et Erac, comme il le désirait. Il faudrait remédier à cela rapidement.

Après quelques palabres des plus protocolaires, tout le monde se retire dans les chambres respectivement allouées, des collations étant prévues pour ceux qui le désireraient. Renaud devait réfléchir, et il se retira dans sa chambre, malheureusement tout se heurtait dans sa tête en même temps, et il était compliqué de ressortir quelque chose de bon de tout cela. Le lendemain, naturellement, le Duc expédia rapidement les affaires courantes, déléguant tout ce qui était possible, et dégageant du temps pour Neyrelles, et l'ambassade, de nouveaux Seigneurs eracons ayant faits leur apparition durant la nuit sur invitation ducale. Rapidement, la soeur d'Aymeric fit comprendre qu'elle désirait un entretien plus privé, voila qui n'était pas surprenant. Restait à savoir s'il y aurait un chaperon ou s'ils seraient tout à fait seul. Renaud l'emmena dans un bureau des plus confortables, dans lequel il y avait canapés, fauteuils, et un bureau avec de quoi écrire si le besoin s'en faisait ressentir.

"J'espère que l'endroit vous convient, je suis tout ouïe"

Renaud faisait belle figure, comme à son habitude, dissimulant tout ce qu'il pourrait ressentir, mais intérieurement, il brûlait de savoir ce qu'elle allait lui rapporter de la part de son frère.

L'insistance avec laquelle Neyrelles regardait Renaud était une fois de plus dérangeante, mot qui revenait. Elle restait de marbre, et là ou elle le scrutait de haut, elle était maintenant fuyante, ne fixant son attention nulle part. Les nouvelles à apporter étaient elles si désagréable qu'elle n'osait pas se lancer ? La chaleur du stress commença à envahir le Duc, qui n'en montra bien évidemment rien. Il pensait que sa présence était dans le but d'enfoncer le clou pour l'union que le Régent souhaitait, mais le doute s'installe, et au vu de ce qu'il s'est passé avec Soltariel et Odélian, la crainte peut s'enraciner. Puis les mots tombent enfin, tranchants, lapidaires. Renaud s'attend à une question, ou à ce qu'elle continue, mais non, Neyrelles s'arrête, et semble attendre une réponse. En la regardant, elle est maintenant pleine de défi, peut être impatiente, mais il est difficile de savoir. Le silence s'installe alors que le Duc réfléchit, à toute vitesse, se demandant s'il répond franchement, ou s'il se lance dans des mensonges abracadabrants. Finalement, il décide de jouer la franchise, qu'il lui doit au moins ça, car il n'avait pas pensé que cela pourrait affecter Neyrelles, lui qui voyait le mariage comme un simple instrument.

"Est-ce que je me méfie de votre frère ? Pour tout vous dire, au début, absolument pas. J'ai cru, et j'espère pouvoir continuer de croire, tout ce qu'il m'a dit et promis. Je l'ai vu comme un mentor prêt à me guider, et à m'aider.

Je vais être franc avec vous, Neyrelles, parce que vous le méritez. Si j'ai cherché à nouer des liens ailleurs, c'est purement politique. J'ai pensé, apparemment à tort, que le mariage de ma sœur avec Evrad serait suffisante pour sceller l'alliance entre Erac et Serramire. Je me suis tourné vers Langehack parce que j'ai vu une opportunité qui aurait pu renforcer notre alliance. Ce n'était pas du tout pour fuir un mariage avec vous."

Quitte à décider d'être franc, autant y aller à fond, il verrait ce que ça donne, et si le choix était judicieux, ou s'il venait de se planter un couteau dans le pied.

"Si j'avais voulu me défier de lui, pensez vous que j'aurais été le premier à le soutenir lors du Concile ? Certes non.

Je vous disais que je ne me méfiais pas, au début, la raison est qu'aujourd'hui, je ne sais que penser. Votre frère semble vouloir forger une alliance avec ma famille, mais les sanctions ne m'ont pas épargné. Votre frère m'a tendu la main, mais par exemple, il garde mes terres de juré sous sa coupe. Il m'a dit d'être patient, et je veux bien le croire, mais avouez que cela amène à douter."

Renaud jouait avec le feu, il ne fallait pas qu'il s'aliène la sœur d'Aymeric, ni qu'elle retourne voir son frère en lui expliquant que l'alliance était morte, ce qui n'était absolument pas le cas.

"Aujourd'hui, j'ai conscience que j'ai fais des erreurs, et je suis prêt à m'amender, si toutefois, c'est toujours possible de le faire. Si Aymeric désire toujours que nous nous unissions, j'y consens."

En retournant les évènements depuis l'avènement à la Régence, il était stupide de tourner le dos à Aymeric, et il valait mieux l'avoir de son côté. Il venait donc d'accepter de s'unir à Neyrelles, comme si de rien n'était.

"Mais dites moi, vous dites que je n'ai plus la confiance de votre frère, êtes vous ici juste pour m'annoncer cela, ou pour m'expliquer qu'il est encore possible de la récupérer ? Et j'aimerais aussi savoir ce que vous en pensez, vous-même ? Je n'avais pas conscience que tout cela pouvait vous faire du tort, je tiens à vous présenter mes excuses si je vous ai fait du mal."

Voilà une discussion étrange, à laquelle Renaud n'était pas habitué. La franchise de but en blanc était une chose qu'il partageait rarement, même avec sa fratrie. Seul Robert avait le luxe d'avoir eu quelques conversations de ce style.

Renaud avait laissé tout son côté séduction de côté, conscient de l'intensité de la discussion, et restant le plus sérieux possible. Le voir consentir au mariage aussi rapidement, sans même discuter, ne semblait pas être ce à quoi s'attendait Neyrelles, et au travers d'elle, Aymeric. Il aurait accepté également si le Régent lui avait demandé en personne. Elle était bien difficile à jauger, tantôt débordant d'un charisme digne de son statut de sœur du Régent du Royaume, tantôt semblant perdue, se demandant presque ce qu'elle faisait en ce lieu. Le Duc se demandait si elle avait même une pensée propre, ou si elle avait été brimé, obligé de taire son être profond pour devenir le réceptacle de l'ambition d'Aymeric. Il était impossible, pour le moment, de savoir ce qu'elle-même en pensait, ou ce qu'elle désirait intérieurement, même si elle se plierait sans nul doute à la volonté de son frère. Elle était une énigme, et Renaud en arrivait à se demander si elle n'était pas la juste pour espionner son futur époux pour le compte d'Aymeric. Il espérait bien entendu se tromper, et de toute façon, même si l'on avait toujours le choix, certains s'imposaient d'évidence, et c'était le cas ce coup-ci. Il fallait dire qu'il avait eu beaucoup de mal lorsqu'il avait appris ce qu'il s'était passé pour Madeleyne d'Ancenis, et Gaston Berdevin, même si cela l'arrangeait au final. Le message que semblait vouloir faire passer la couronne était "Suivez moi sans rien dire, ou je vous écraserais", et c'était inquiétant. Même si pour l'instant, c'est le Régent qui dictait cela, il ne le resterait pas à vie, et alors l'alliance scellée verrait son utilité. Il avait également d'autres idées, et désirs, mais cela viendrait en temps et en heure.

La grande surprise vint du fait que Neyrelles, non seulement, venait de demander à Renaud d'annoncer les fiançailles dès le lendemain, mais surtout d'organiser le mariage pour dans deux toutes petites ennéades. Etonné, il ne réagit pas de suite, mais quand elle commença à vouloir le quitter, il retrouva sa voix.

"Restez s'il vous plait...Vous ne me dérangez pas, ma soirée vous est réservée. Je suis heureux de vous entendre dire que votre frère est un homme de parole, il m'avait bien semblé que c'était le cas. Mais dites moi, même si je comprends l'empressement à vouloir faire l'annonce, je comprends moins la précipitation concernant le mariage. Y a-t-il quelque chose que je devrais savoir concernant cette union ?"

Aymeric avait déjà demandé à sceller les mariages rapidement, en parlant de la fin du mois, mais vu les derniers évènements, c'était précipité. Peut-être avait-il peur que Renaud ne change encore d'avis ? Ce délai était juste intenable, ne serait ce qu'avec les temps de trajet des invités, par exemple. Et pourtant, c'était terriblement tentant, les mots de Neyrelles laissant penser que sa suzeraineté sur Hautval et Ancenis lui serait rendu lors de la cérémonie.

"Comprenez que je ne me défile pas, mais deux ennéades, c'est un délai vraiment minime quand on sait toute l'organisation que cela demande."

Elle n'avait pas répondu à l'une de ses questions à laquelle Renaud souhaitait avoir une réponse.

"Vous ne m'avez pas dit ce que vous-même, vous en pensiez ? Ce mariage vous convient il ? Avez-vous quelques animosités à mon encontre ?"

Il essayait de savoir ce qu'elle pensait, elle-même, et pas ce que son frère lui avait dit de faire.

Neyrelles se mit en devoir de répondre du tac au tac, et de moucher Renaud en lui expliquant que c'était de sa faute si le temps leur manquait. Et puis il vit le sourire plein de moquerie qu'elle lui adressa.

*Est ce que je rêve ou elle vient de faire un trait d'humour ?*

Décidément, cette femme était pleine de surprises, et indéchiffrable pour le Duc qui ne la comprenait pas. Mais était-ce une surprise que de ne pas comprendre quelqu'un que vous venez à peine de rencontrer. C'en était encore plus hilarant de se dire que ces deux là allaient se marier seulement deux ennéades après s'être vu pour la première fois, l'on ne voyait cela que dans les mariages arrangés de la noblesse. Renaud était en train de penser que peut être, il se trompait, et qu'elle saurait faire preuve de spontanéité, ou du moins d'une volonté propre, et pas seulement celle que son frère désirait. Il réfléchit alors, se demandant si elle serait un allié pour lui, et pourquoi pas même plus, ou juste un arrangement politique pour sceller une alliance. Neyrelles relâcha ce sourire qu'elle avait peut-être laissé transparaître sans le vouloir, et qui avait été salutaire, pour reprendre le rôle qu'on lui avait appris. Le "nous" qu'elle venait d'employer laissait comprendre qu'elle resterait bien jusqu'à la fête, et qu'elle s'emploierait à la tâche,aux côtés du Duc. Et enfin, pour la première fois, elle exprima ce qu'elle ressentait elle-même. Le fait de savoir qu'elle ne lui en voulait pas pour ses frasques fut...étonnement...un soulagement pour Renaud, sans savoir pourquoi il ressentait cela. Le cœur endurcit comme jamais, le mariage était pour lui un instrument, et à aucun moment, il n'avait songé à l'amour. Lui aussi devrait être apprivoisé par sa future compagne, si elle désirait faire ce voyage.

Perdu par l'attitude et les mots de Neyrelles, ainsi que le moment, et l'évènement qu'il s’apprêtait à contracter, Renaud était complètement déstabilisé, ce qui était suffisamment rare pour le souligner. Etrangement, il se sentait aussi pris au piège, sachant qu'il jouait peut-être sa peau. Le second sourire qu'elle lui adressa confirmait qu'elle savait jouer avec les mots si elle le souhaitait, c'était interessant. Renaud ne pu s'empêcher de répondre, bêtement et sans réfléchir.

"Et voilà bien une réponse de femme."

Voilà pour son trait d'humour d'un pathétique affligeant. Pour se donner bonne figure, il lui renvoya un sourire dénotant sa volonté de jouer sur l'ironie, et que ce n'était pas du tout une critique. Il reprit ensuite son sérieux.

"Pour vous prouver que je ne souhaite pas me défiler, j'accepte. Nous nous unirons donc dans deux ennéades. J'espère que nous ne froisserons personne, et que tout se passera pour le mieux, je compte sur vos talents en la matière, je suis plutôt médiocre, et je laisse d'ordinaire les préparatifs aux bons soins de ma mère, et de mes sœurs."

Renaud avait perdu sa première épouse, chose dont peu de personnes se rappelaient. Conscient de son devoir une fois devenu Duc, il avait cherché à contracter un mariage, d'abord en acceptant l'offre d'Aymeric, puis en allant chercher au Langehack, Linaëlle, puis Antonia. Toutefois, jamais il n'avait pensé être ainsi mis au pied du mur, et n'avoir qu'aussi peu de temps pour se préparer. Il devait bien avouer qu'une vague de panique, qu'il dissimula tant bien que mal, le submergea l'espace d'un instant avant de se ressaisir. Si Neyrelles l'apercevrait, comprendrait elle que ce n'était nullement à cause d'elle, mais bien le vertige de l'évènement qui l'avait envahit

"Dès demain, nous ferons l'annonce de notre mariage, puis nous devrons songer à tout ce que nous allons devoir faire afin de ne rien oublier."

Pragmatique, c'était un trait qu'il cultivait, détestant les imprévus, et l'inconnu. Voilà qu'il venait d'être servi. Il se demandait ce qu'elle ressentait de son côté, si elle avait des attentes, tout en sachant que bien entendu, elle devait en avoir.

"Comme je vous le disais, je vous ai réservé la soirée, est ce que vous accepteriez de rester pour discuter, et apprendre à mieux nous connaître ?"

Ce n'est pas parce que ce mariage était arrangé, et qu'il n'y avait pas d'amour, qu'il devait ignorer sa future compagne pour la vie, du moins si Néera décidait de ne pas revenir une nouvelle fois.