3ème énnéade de Favrius de l'An 14 du XIème cycle
Comté d'Arétria - Vers les Pyks d'Ortheim - aux alentours d'un village sans nom
Sept heures et trente minutes
"Vous pensez vraiment que ces soiffards de paysans disaient la vérité, seigneur ?" Demanda une voix grave, une voix qui n'était pas faîte pour la discrétion ... et le physique qui l'accompagnait non plus, en effet, son propriétaire était un géant sur un cheval de guerre, affublé d'une armure de plates et de son heaume entre ses rênes et sa main gauche.
Il était au côté de son seigneur, le nouveau comte Arétan, Leudaste de Sorosd dit le Jeune. Il n'aimait pas spécialement l'homme mais il respectait le seigneur ... si cela n'avait pas était le cas, il ne serait point dans cette expédition montée à la va-vite puisque le Comte avait voulu avoir au plus vite des hommes prêts à partir pour la position que des paysans leur avaient donné en disant que des peaux-vertes auraient était aperçu et Magnus, Seigneur de Terresang était à Arétria-la-Ville accompagné d'une dizaine de soldats Terresanguins après avoir accompli une mission de dératissage de bandit sur une route.
Ils étaient donc accompagné de dix piétons Terresanguins, de cinq reîtres de la Garde Comtale, et du fils du Comte d'Arétria, expédition plutôt restreinte si l'information s'avérait vraie mais qu'importe, les gobelins n'étaient pas connu pour leur courage et dix-huit soldats lourdement armés étaient bien trop imposant pour leurs petites têtes vertes.
"Si l'information s'avère vraie, eh bien ... nous n'auront pas perdu notre temps, si cela est faux ... eh bien ... tu auras le loisir de te défouler mon cher Magnus." rétorqua alors le vieux seigneur sur son propre destrier.
Magnus se mit à grogner, on le prenait pour un boucher mais il n'en était pas un. Il n'était juste qu'un seigneur qui aimait la guerre, un chevalier -certes peu honorable- qui rendait justice sans pour autant rentrer dans l'excès ... comme le viol, ça il n'aimait pas ça, il défendait ses soldats de le faire, il n'y avait rien à gagner à violer une gamine ou une jeune femme ! Mais là n'était pas la question, la petite troupe avançait lentement, d'après celui qui avait récupéré l'information, un reître du nom de Raoul-Panse-à-Bière, un cavalier qui était tout sauf un gras-du-bide vu qu'il avait une assez bonne carrure pour un soldat ... non, son surnom venait du fait qu'il arrivait à avaler sept pintes de bières sans s'écrouler ... un exploit.
Ils virent alors une fumée au loin, le fils de Leudaste pensait avoir à faire à un feu de cheminée mais que nenni ... cette fumée était bien trop noire, non cette fumée était le signe que les paysans n'avaient pas fait perdre le temps du comte et de ses hommes.
"Hm'pf, on dirait qu'ils n'avaient pas abusé de la bibine, ces deux là ... qu'est ce qu'on fait ?" Demanda t-il alors qu'il mettait son heaume sur la tête et qu'au lieu de prendre sa hallebarde en travers de sa monture, il se préparait à dégainer son épée à son flanc droit.
"Que veux-tu que l'on fasse ... on y va au triple galop et tes hommes nous rejoignent pour massacrer ce qu'il reste.""Seigneur, ce sont des gobelins ... , si les villageois n'ont pas pu les faire fuir c'est qu"ils sont nombreux." dit alors la voix métallique du vieux seigneur de Terresang.
"C'est un petit village isolé, il n'y a pas plus de vingt personnes ... si ils se sont fait surprendre, ils n'ont pas dû faire grand chose ! Alors, ne discute pas mes ordres Magnus. Allons y !" Il visa alors la visière de son heaume et partit au triple galop avec ses gardes et son fils pendant que Magnus resta là encore une dizaine de seconde, ne voulant pas partir dans un guet-apens mais il avait reçu des ordres et même si il ne vénérait pas Leudaste, il était son seigneur ... il se mit à soupirer, donna des ordres à ses piétons et partit lui aussi au triple galop.
Le seigneur de Terresang n'était pas un lâche, il était même heureux de partir à la bataille qu'elle soit gagnée ou perdue d'avance mais là, cela sentait le piège à plein nez et il ne voulait pas mourir aussi bêtement qu'au bout d'une pique gobeline.
La galopée fut alors rapide, les sept cavaliers étaient arrivés avant Magnus et Leudaste semblait soucieux, il descendit de son cheval accompagné de son fils et de ses cinq gardes pour inspecter le carnage que les huit hommes avaient face à eux. Un charnier, voilà ce que Magnus voyait devant lui, une maison était en flamme et des cadavres parsemaient les "rues'' du village, dans un enclos là où il y avait eu autrefois du bétail, ce dernier était réduit à un tas de tripes à l'air voir une tête ou deux en mois, les mouches bourdonnaient autour de tout cela ... Magnus démonta et s'approcha de la troupe qui était arrêtée devant une telle vision d'horreur de la guerre qui n'en était finalement pas une
"ça était fait il y a pas longtemps, seigneur... la baraque crame encore.""Merci, Seigneur Magnus, je ne m'en étais pas aperçu, heureusement que tu es là."Magnus se mit à grogner et s'approcha d'un cadavre adossé au mur d'une masure, sa main droite manquait à l'appel et il avait trois larges trous béants dans le torse, il avait semble t-il goûté à la fourche de quelqu'un. Son visage était sanguinolent et le corps était encore chaud... ils n'étaient pas passé il y a bien longtemps à supposer qu'ils étaient même encore là.
"Que fais-tu, Magnus ?"Il ne répondit pas à son seigneur, non, il avait d'autre chose à écouter, en effet, au loin, il entendit un claquement ... un bruit de vaisselle ou autre dans une maison ... il dégaina alors son épée longue à son flanc et eut un mouvement de recul lorsqu'il aperçu une silhouette sur le toit enflammé, il semblait le fixer de ses petits yeux malicieux et il prit de l'élan pour envoyer quelque chose ... il eut juste le temps de faire un pas de côté qu'une longue pique longue de plusieurs pouces lui rasa alors l'armure pour se ficher dans le dos d'un des gardes comtaux dans un hurlement sourd.
"Merde !"Ce fut alors le signal pour les autres individus qui devaient être embusqués ou alors entrain de piller des maisons alentours de sortir pour attaquer les nouveaux arrivants.
"Qu'avais-je dis ?!" Demanda alors le seigneur de Terresang au comte en signe de reproche.
Il vit alors un gobelin s'approchait de lui avec ... euh ... un bras humain ? D'accord. Il fit alors un pas de côté, son armure l'entravait plus qu'elle ne le protégeait mais qu'avait-il à faire d'un bras sanguinolent qui servait d'arme ? Avant que le gobelin ne peut ré-attaquer, il lui prit le crâne de sa main valide et avec rapidité, il lui envoya un coup de pied dans la face dont il pouvait aisément atteindre dû à sa taille ... la pauvre créature ne sut ce qu'elle lui arrivait, qu'elle sut le goût du fer et le fait d'avoir quelques chicots en moins... elle tomba à terre dans un spasme ridicule.
Il se retourna alors pour voir comment se passait la bataille pour ses compagnons, l'un des reîtres avait toujours sa pique dans le dos mais il semblait bien vivant vu qu'il hurlait à la mort sur le ventre pendant que Enguerrand et son père se battait dos à dos contre trois gobelins et que les quatre gardes restants se battaient autant qu'ils pouvaient face à la dizaine de gobelins qui déferlaient.
"Bordel ! D'où est-ce qu'ils viennent ?"Il n'attendit pas de réponse, il savait parfaitement mais ils devaient à tout prix partir pour revenir avec du renfort même si une dizaine de soldats étaient en approche ... ils auraient le temps de mourir deux fois.
Il envoya son épée fendre le crâne d'un gobelin qui avait décidé de foncer vers lui en gueulant puis il reporta son regard sur le lanceur de piques sur le toit ... Magnus savait qu'il existait des peaux-vertes tenaces et malignes mais là ... ça frisait l'intelligence, la créature avait trouvé un excellent emplacement pour balancer ses projectiles de mort. Il le vit alors reprendre son élan et envoyé une autre pique non pas vers Magnus mais vers le groupe de soldats comtaux ... eh bé ... c'est qu'il savait viser en plus de ça.
En effet, la pique décapita littéralement l'un des gardes tellement que la force de jet était puissante, ouais nan ... là, c'était plus un gobelin, c'était autre chose. Une gerbe de sang effleura le visage d'un de ses compagnons avant que la tête ne roule et que le corps ne tombe mollement avec une pique dans ce qui restait du gosier.
Il entendit l'un des reîtres gueulait ... bordel, à quoi ils servaient ? Le pauvre gars s'était prit trois gobelins dans la face, déstabilisé par la mort de son camarade, ils n'avaient pas vu la fourche lui pénétrer la jambe gauche pendant que deux coutelas lui farfouillaient les entrailles... ils n'étaient plus que quatre et les soldats Terresanguins devaient arriver d'une mine à l'autre.
Il attrapa alors un gobelin par la gorge alors qu'il s'approchait pour envoyer un gnon à Magnus et prit son élan pour envoyer la bestiole verte grognant tout son saoul vers le lanceur de javelot ... le coup atteignit son but. Peut être trop surpris par la manoeuvre, le gobelin n'avait pas daigné se reculer ou se mettre de côté pour éviter son camarade ... il reçut alors un de ses congénères en pleine face et tomba tête la première en contrebas mais Magnus ne fit pas attention derrière au Gobelin qui était armé d'un petit marteau de ... apprenti forgeron ? Oui, peut être.
Il reçut alors un coup sur son heaume, ce dernier encaissa le coup mais cela résonnait dans sa tête, il reçut alors un autre coup derrière sa protection ... bon sang ... il envoya alors un coup de poing derrière lui qui fit mouche et enleva la caisse de résonance ... ce qui était peut être une grave idée, car un gobelin lui fonça dessus avec une fourchette et planta cette dernière dans la joue du seigneur, il grogna alors de toute ses forces, envoya le gobelin sur le sol d'un mouvement de la tête et le piétina sa tête de monstre vert avec sa grève en fer.
"Bordel !" Dit-il en subissant la douleur dû au coup de fourchette qu'il venait de prendre et dont la blessure commençait à saigner.
Il se retourna alors en entendant un hurlement, Enguerrand était penché sur le corps du vieux Leudaste, une lance dans l'abdomen et son propriétaire décapité à côté, bordel de chiottes ! Il envoya valdinguer heaume en arrière qui fit mouche en envoyant un Nez-Crochu au sol et s'approcha rapidement du comte agonisant en tranchant dans le vif les gobelins qui s'approchaient.
"Bon sang ! Hubert, couvrez nous ! Il faut sortir le comte d'ici. Jon, suivez nous." Dit alors le Seigneur Magnus qui semblait avoir retrouvé une certaine humanité, on ne reconnaissait même pas le vieux Terresang sanguinaire qui aimait tant voir du sang ... il faut dire qu'avec l'âge, il semblait s'assagir.
"Père ...""Fils ...""Stoooop, Enguerrand ... votre cheval, dépêchez vous !" Dit-il alors en voyant le reître à la hache d'arme trancher dans tout ce qui bougeait pendant qu'ils entendaient des pas près d'eux ... enfin ! Les archers arrivaient et les gobelins semblaient avoir duré une éternité alors que seulement cinq minutes s'étaient écoulées.
"Archers, feu, bon sang !" Dit-il alors au cinq archers qui bandaient déjà leurs arcs défendu par sept épéistes.
Les projectiles de mort firent leur office, en effet, alors que Magnus portait le vieux Leudaste qui semblait sur le point de mourir avec une lance dans le bas-ventre et qu'Hubert tuaient ses derniers monstres, personnes ne virent les trois gobelins derrière une maison qui profitaient de la retraite forcée des piétons Terresanguins et du reste de la garde rapprochée du comte pour attraper les jambes du jeune Enguerrand qui tomba sous la panique.
"Par les Cinq !""Je m'en occupe !" Annonça alors le cavalier qui voulait jouer au héros avant de s'apercevoir qu'il avait une fourche plantée dans la jambe et de tomber à terre.
Ce fut un véritable carnage, Magnus vit alors Enguerrand se faire emporté plus derrière les maisons en hurlant tout son saoul , il voulait partir mais il n'allait pas laisser le gamin se faire massacrer. Il ordonna alors la charge sur les gobelins restants et ce fut la débandade.
Les gobelins restants (cinq au bas mot) déguerpirent quand ils virent les humains revenir au pas de course et Magnus pouvait voir un véritable massacre ... les reîtres de la garde comtale avaient était massacré, Hubert était quant à lui à terre entrain de pisser le sang mais sa vie n'était pas en jeu, les trois autres étaient morts sur le coup et Jon s'en assurait au cas où.
Magnus avait mis le comte qui était sur le point de mourir à terre loin des flammes et des corps pour aller voir si il pouvait trouver Enguerrand derrière les maisons et il le trouva effectivement... couvert de griffures en tout genre et d'une plaie béante à la gorge, ces sauvages l'avait tué. Apparemment, le comte n'a plus de descendant et ce gamin n'en avait plus, cela allait être le bordel pour le trône mais Magnus voyait là une occasion pour enfin monter sur le trône comtal.
Il fit brûler les corps des Reîtres et demanda aux autres de construire des civières de fortune pour amener les corps du seigneur comtal et de son descendant. C'est alors dans une certaine émotion mélangée de tristesse, de joie et d'appréhension qu'ils retournèrent à Arétria-la-Ville.
Arétria-la-Ville
Neuf heures et quarante cinq minutes.
La chevauchée fut longue, Magnus arriva alors devant la capitale du comté ... comment allait-il annoncer cela ... il ne le savait pas mais il trouvera bien. Il arriva alors devant les portes de la citadelle et annonça.
"Je suis Magnus, Seigneur de Terresang et j'amène une bien triste nouvelle ... le comte est mort..." Il se fit alors ouvrir les portes de la cité sous le regard méfiant des gardes qui pensait à une plaisanterie mais quand ils virent les corps, sous l'ordre de Magnus ils accompagnèrent le seigneur et les gardes comtaux restant jusqu'au château où les corps allaient être prit en charge.
Il entra alors dans la grande salle en compagnie des deux gardes ainsi que trois de ses propres hommes et annonça à l'intendant.
"Informez les seigneurs Arétans que l'heure est grave, sa Grandeur Leudaste, Seigneur de Sorosd et Comte de Arétria a était tué ce matin à sept heure et quelques minutes face aux gobelins qui avaient investi un village. Il nous faut prévoir l'avenir du comté, que les seigneurs se réunissent sans tarder, envoyez également une missive au Marquis Louis de Saint-Aimé pour l'informer de la mort de son futur gendre, lui aussi tombé au combat ..."