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| Geresh: La chute des loinvivants [Solo][Clos] | |
| | Auteur | Message |
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Aerianna Hiisi
Ancien
Nombre de messages : 584 Âge : 31 Date d'inscription : 18/10/2018
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 28 ans Taille : 1m70 Niveau Magique : Eveillé / Néophyte.
| Sujet: Geresh: La chute des loinvivants [Solo][Clos] Sam 26 Jan 2019 - 21:07 | |
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Neuvième jour de la troisième ennéade de Verimios, douzième année du onzième cycle.
La cité blanche était généralement paisible mais la violence couvait depuis plusieurs ennéades. L’été avait à peine commencé et une chaleur lourde pesait sur tous, avec un soleil omniprésent, bien qu’il soit invisible à ce moment même et ait laissé sa place à la lune, qui se mouvait à côté de la forme immobile dans le ciel. Avec une petite escorte, j’avais arpenté les rues de la cité presque tous les jours, vaquant à mes occupations, toutes liées à la promesse faite à mon père, à qui je n’avais pas adressé la parole depuis l’incident. Ses regards assassin se faisaient légion, mais il était trop confortable dans sa vie pour faire n’importe quel effort qui pouvait me nuire. Cela confirmait accessoirement tout ce que je pensais de lui, alors qu’Aethka, qui n’avait au final jamais été menacée, m’accompagnait dans tous mes déplacements et me motivait lorsque j’avais l’impression que ce que je faisais ne menait nulle part. J’étais celle qui avait poussé la situation à en arriver là, bien aidée par le comportement du conseil qui la dirigeait. J’avais agi au début dans l’ombre, rappelant à tous ceux qui possédaient des terres que si Geresh était en déclin ce n’était qu’à cause de ceux qui ne faisaient rien à sa tête, que confier le destin d’une cité à des immortels leur faisait complètement oublier le court terme, et que celui-ci était alarmant : Depuis la mort des Akar’Demlir, Thaar ne nous regardait plus comme une cité importante politiquement, et comment justifier des taxes qui ne baissaient pas lorsqu’on ne pouvait plus assurer une solidité politique ? Je m’avançai un peu plus lorsque j’affirmais que les semi-elfes et elfes du conseil agiraient contre les intérêts de leur cité en interdisant tout commerce avec les eldéens qui semblaient vouloir se rapprocher, ou s’ils ne les interdisaient pas, ils tenteraient peut-être de les limiter, dans une sorte de loyauté envers les leurs en Anaëh. Naturellement, ils n’allaient pas accepter de fournir les rations nécessaires à une armée eldéenne qui se retournerait contre les leurs. Et que se passerait-il si on refusait ça à des drows sanguinaires ? J’avais laissé chacun d’eux arriver à la conclusion évidente. Mais pour qu’un soulèvement survienne, je ne pouvais seulement m’appuyer sur les propriétaires, ceux qui s’occupaient des terres aussi devaient contribuer au désordre, et j’avais engagé des hommes pour leur tenir le même discours, avec des mots plus simples évidemment. L’impossibilité de m’appuyer sur les esclaves était frustrante mais je n’aurais de toute façon jamais pu compter sur eux, ils se soulèveraient probablement autant contre moi que contre leurs maîtres, et ce n’était pas l’idée, clairement. Il restait une certaine frange de la population que je ne pouvais convaincre, et tout allait se jouer sur leur capacité à contredire mes messages, puis, si tout fonctionnait à merveille, à s’armer. J’avais réussi à identifier la plupart des loyalistes les plus proéminents pour ne pas par mégarde m’adresser à trop d’entre eux et les laisser s’organiser pour trouver des contre arguments, ou même s’attaquer à moi. Ils étaient heureusement facile à trouver, la plupart étaient justement des elfes ou hybrides, et ils faisaient des pieds et des mains pour plaire à Azhijreet et le reste du conseil. Au final, je les pensais assez négligeables pour m’opposer une réelle résistance, mais je me forçais à les prendre en compte. N’ayant pas les moyens de mon père sans son support, il m’était impossible de compter sur quelques mercenaires, et tout devait se passer de la manière la plus organique possible. Surtout, sans affrontement armé classique. Surprise par la sensation une main glacée se poser sur une épaule. « Encore en train de revivre tous les scénarios dans ta tête ? » La voix accusatrice d’Aethka se fit entendre alors que je détachai mon regard de la vue sur Geresh éclairée par la lune que j’avais devant moi. Je ne l’avais pas entendue arriver. Elle venait de l’intérieur, et ses pieds nus sur le marbre ne faisaient aucun bruit. La main glissa vers ma poitrine et une autre entrait aussi en contact avec ma peau nue. Je frissonnai, où était-elle allée mettre ses mains pour qu’elles soient si froides ? « Je… » Elle ne me laissa pas finir. « Arrête, ça va bien se passer, et qu’est ce que tu risques ? » Un gloussement lui répondit. « Mon héritage, peut-être ? » Elle s’appuya sur mon dos en me serrant plus fort encore. « Il n’a que toi, il ne fera pas ça. Et vraiment, qu’est ce que tu as fait ? Tu as simplement accéléré les choses, tous pensaient déjà comme toi. » Elle avait raison, c’était ridicule. Les signaux que les individus m’avaient envoyé pendant cette campagne étaient clairs, le conseil devait tomber. « Azhijreet parle demain, pas vrai ? Je te parie que ça commencera là. » Elle m’entraina vers la couche au coin de la chambre et je ne résistai pas. *** L’hybride était au centre d’une foule de mécontents, et un autre hybride, Azhijreet, membre du conseil de Geresh et son ambassadeur, se tenait debout sur une estrade, les mains tendues vers la foule. Il appelait au calme, et une multitude d’hommes au visage de marbre encadraient sa présence. Ils étaient armés, mais l’hybride jugeait qu’ils seraient incapables de défendre quoi que ce soit si la cité était assez mécontente. Azhijreet avait-il sous-estimé la dangerosité de la situation ? Ou, songea-t-il, encore mieux, il ne pouvait pas se permettre d’avoir plus d’hommes ? L’orateur ne montrait en tout cas aucune signe de peur, même si ses mots n’arrivaient pas à calmer. Certains hurlaient des insultes, d’autres hurlaient on ne savait quoi, d’autres encore débattaient à voix haute, mais peu restaient vraiment silencieux. Ce n’étaient pas des demandes auxquelles faisait face le conseil de Geresh, il faisait face à des craintes auxquelles il ne pouvait vraiment rien répondre, et c’est là où Aerianna avait réussi son coup. Que répondre à quelqu’un qui affirmait que le statut perdu à Thaar ne serait jamais recouvré sous votre règne ? Que répondre à quelqu’un qui pensait que sa composition raciale était un danger pour la survie de la cité dans un environnement aussi divers que l’Ithri’Vaan ? Que répondre à quelqu’un qui accusait l’immortalité dont vous jouissiez d’enlever toute possibilité de voir les conséquences de vos actes à leur échelle du temps ? Et surtout, que répondre à quelqu’un qui accusait l’un des vôtres d’avoir assassiné ceux qui avaient dirigé la ville avant votre arrivée, quand ils doutaient déjà de tout ce que vous êtes ? Lorsque ces hordes de mécontents demandaient au conseil de se dissoudre et de disparaître, ils avaient un nom à leur opposer, celui des Hiisi.
Dernière édition par Aerianna Hiisi le Lun 11 Mar 2019 - 14:30, édité 2 fois |
| | | Aerianna Hiisi
Ancien
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| Sujet: Re: Geresh: La chute des loinvivants [Solo][Clos] Mar 29 Jan 2019 - 18:35 | |
| La réponse qu’Azhijreet fournit à toutes ces questions n’était pas la bonne, finalement. Et la vague promesse que la foule avait entendu était la dernière vague promesse qu’elle voulait entendre. Les cris étaient plus forts, le débats plus houleux, et l’hybride envoyé par la maîtresse de Geresh jugea le moment opportun de tirer une lame et de la brandir. Un silence s’abattit alors que le raclement de la lame contre son fourreau retentissait. Azhijreet tremblait maintenant. Et il gesticulait comme pour ordonner à ses hommes d’attraper le coupable, alors qu’eux restaient calmes. Une prière traversa l’esprit de l’hybride, non pas dédiée à un dieu, mais à une personne toute autre. On y est maitresse, en ce jour, je vous livre Geresh ou je meurs en essayant. Les hommes se rapprochaient mais n’avaient pas encore atteint la foule. L’un d’entre eux dégaina son arme également, faisant face à un cultivateur mécontent qui refusait de le laisser passer. Dans la foule, quelqu’un d’autre fit de même, puis un autre, et encore un autre, le sentiment de révolte se propagea comme une trainée de poudre, et l’hybride avait disparu.
*** L’hybride avait rayonné comme lui seul savait le faire lorsque je lui avais donné ses ordres, il avait été complètement dévoué dès la première heure, voyant en moi quelque chose que je ne pouvais même pas voir. Il n’y avait que lui pour respecter ces ordres à la lettre, Aethka aurait tenté de les adoucir, et Ulk de les corrompre. Il était venu me voir seul après que les troubles aient cessé et au moment de me faire un compte rendu je l’avais interrompu pour lui faire une demande très spéciale. S’il avait écarquillé les yeux au début, il comprenait, le compte rendu attendrait. Il avait rassemblé quelques hommes et s’était lancé au pas de course dans les ruelles de Geresh. Lorsqu’il était revenu, c’était quelques heures plus tard, et avec une révérence il m’avait enjoint à rassembler ceux que je voulais à mes côtés lors de la démonstration de ma puissance auprès de Père.
C’est à la tête d’un petit groupe composé d’Aethka, Ulk, Magyaok et Père que je me présentai à la porte derrière laquelle attendait Esteldur, dont je n’avais appris le nom que récemment au détour d’une conversation. En entrant dans la pièce, un spectacle intriguant nous attendait dans un éclairage tamisé. Les quelques rideaux près des fenêtres avaient été tirés et c’est dans la semi-obscurité que je m’avançai. L’hybride, vêtu plus richement que je ne l’avais jamais vu, nous accueillit tel un maître de cérémonie. Au centre de la grande salle trônait une gigantesque table, et six sièges semblaient déjà occupés. Un sourire invisible dans la pénombre s’étala sur mon visage. Devant chaque forme une bougie était installée. Si quelqu’un remarqua quoi que ce soit, il n’en dit rien. Esteldur me prit par la main et m’amena à la première forme, alors que le reste suivait.
L’individu était d’assez haute taille, même assis, et vêtu de façon ostentatoire, de nombreux bijoux accrochés partout où ils pouvaient l’être. Toutes ces couleurs brillaient sous la flamme de la bougie mais il était impossible de déceler ses traits. Devant lui se trouvait une assiette argentée autour de laquelle étaient disposés des couverts provenant du même service, elle était presque vide et on pouvait y trouver deux objets à la forme triangulaire et effilée, enroulés dans des bandelettes de tissu blanc. Esteldur se pencha au dessus de la table et récupéra la bougie qui s’y trouvait avant de l’approcher de l’homme. D’un coup tout devint clair pour ceux qui en doutaient encore. La forme était intégralement recouverte de bandelettes noires et je devinai la forme de celui qui avait un jour été Azhijreet, membre du conseil de Geresh. Des cheveux blonds s’échappaient dans des cascades de filaments dorés et il lui manquait les oreilles. « C’est le premier à avoir succombé à la colère de Geresh, pendant son discours. Azhijreet. Le mieux conservé, aussi, même si dix minutes ont été nécessaires pour recouvrer ses oreilles sur la place. » Seuls Magyaok et Ulk ne poussèrent pas de hoquet de dégoût en comprenant de quoi Esteldur parlait, et ce que l’assiette contenait.
L’hybride n’hésita pas à reprendre sa marche pour nous amener à la prochaine forme, après avoir posé la bougie et repris ma main pour me guider. Il nomma les elfes et hybrides un par un, décrivant avec autant de détails qu’il pouvait la façon dont ils avaient perdu leur immortalité, tout en rajoutant une information supplémentaire sur le contenu de l’assiette qui se trouvait devant chacun. L’un se trouvait assit devant sa propre tête, un autre un pied, et autant de morceaux de leur anatomie dont ils avaient eu besoin de leur vivant. Une assiette était vide, et Esteldur l’expliqua d’un ton presque trop désinvolte. « Le plus goûteux des six, probablement, le fragment qui aurait dû être dans cette assiette est resté quelque part dans Geresh, dans l’estomac d’un de vos sujets. » Il avait parlé autant à moi qu’il l’avait fait à Père, et celui-ci, déjà dégoûté par ce qu’il avait vu jusque là, ne daigna pas répondre. « Vos meilleurs hommes sont en train d’essayer de la récupérer. » Il avait prononcé ces mots comme si son assemblée était outrée de son absence et n’attendait que ça pour être comblée. Esteldur nous mena tous vers un espace loin de la table et me laissa me placer devant la petite assemblée.
« Père, les foules qui ont déferlé aujourd’hui sur Geresh ont choisi quels dirigeants ils voulaient. Alors qu’ils anéantissaient le conseil, ils ne scandaient pas notre nom, mais maintenant que les foules se sont dispersées, ils vont retrouver leur place, ils se rendront compte qu’il ne reste que nous. Il ne reste qu’à ne plus faire les mêmes erreurs que nos prédécesseurs, mais je peux compter sur vous pour me supporter, pas vrai ? » Si le musée ne lui avait pas plu il n’en dit rien, il acquiesça simplement, alors que je savais très bien qu’il ne m’en voudrait pas longtemps pour cette petite visite. Ce qu’il pensait des elfes n’avait jamais été un secret, et si j’avais pu mettre un drow dans le lot il l’aurait encore plus apprécié. Ma promesse avait été tenue et s’il ne l’admettait pas très vite, il allait tout de même me réaccepter comme j’étais. Aethka elle me promettait une relation conflictuelle qui durerait plus longtemps, alors qu’Ulk et Magyaok ne disaient mot.
Dans les quelques jours qui viendraient, comme lorsqu’Eïnad et son père avaient perdu la tête, les marchands les plus riches de Geresh se réuniraient et arriveraient à une conclusion sur qui était à même de prendre la tête de la cité blanche. Ils pouvaient à nouveau vouloir tenter l’expérience du conseil, mais c’était très peu probable, si des têtes devaient être à nouveau perdues, ils préféreraient probablement qu’elles soient moins nombreuses.
Alors que tout le monde se retirait, je restai seule avec Esteldur quelques instants pour le féliciter, alors qu’il me répondait d’un ton plein d’humour. « Les loin-vivants ? C’est plutôt des proche-morts maintenant, vous ne trouvez pas ? » Il avait beau être docile, son humour n’en était pas plus riche.
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| | | Aerianna Hiisi
Ancien
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| Sujet: Re: Geresh: La chute des loinvivants [Solo][Clos] Sam 2 Fév 2019 - 21:05 | |
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« Pourquoi ? » La question poussée dans un seul cri avait succédé à un claquement de porte. J’étais presque impassible mais la furie me tournait autour comme si elle cherchait un nouvel angle pour me frapper. Pourquoi ? La réalité était que je n’en avais aucune idée, ce que j’avais fait me paraissait logique en réalité, même maintenant. J’avais promis à mon géniteur que je lui offrirais Geresh sur un plateau, c’est ce que j’avais fait. Et pour le lui montrer, quoi de mieux que de le mettre en scène ? Toute autre preuve aurait été trop ridicule. Toute autre preuve n’aurait pas été prise au sérieux. Aethka était la furie en question, et elle avait abhorré ma démonstration de puissance. Je ne savais quoi répondre, je ne comprenais simplement rien à sa réaction. Elle sembla comprendre ma position, à l’inverse, et c’était pour ça que sa présence me rassurait, pour ça que je ne pouvais lui en vouloir. Était-elle la seule en ce monde à être dans cette position ? Probablement. « Où est mon erreur ? Explique moi, je ne comprends pas. » J’essayai, simplement. J’avais réussi en une unique question à détruire la tension, elle me regardait maintenant avec de grands yeux marrons. Ils semblaient me demander : Comment fait-elle pour ne pas comprendre ? Elle osa tout de même une réponse. « Tu ne peux pas régner avec la terreur. Si tu continues sur cette voie tu vas finir comme eux. » Qui ce eux désignait était assez évident. « Je ne veux pas régner. C’était pour respecter ma promesse. » Dis-je en guise d’excuse. « Ta promesse n’impliquait pas ça. » Encore une fois, le ça ne faisait aucun doute. « Mais ça a fonctionné, je lui ai livré Geresh. Tu as entendu la foule ? Il doit déjà être en train de négocier des termes juteux pour nous. » Elle commençait à nouveau à s’impatienter mais resta calme. « Ce n’est pas de ça que je parle. Pourquoi tu crois qu’on te suit ? » La question me prit de court. Elle me suivait parce qu’elle m’aimait. Ulk me suivait parce que nous partagions une vision du monde. Magyaok parce que… j’étais la seule à m’être préoccupée de lui et à lui offrir un toit. Mon père lui ne me suivait pas du tout. Et Esteldur… Je m’étais déjà posée la question plusieurs fois, mais je n’en avais aucune espèce d’idée. « Parce que je suis la meilleure chose qui vous soit arrivée ? A part du point de vue de mon pèr… »Mauvaise réponse, à priori. Avec un gros soupir d’agacement elle s’était redressée, avait parcouru la pièce en neuf pas, avait saisi la poignée d’argent de la lourde porte pour la tirer, et l’avait claquée derrière elle. Je n’étais pas bien avancée. J’étais restée debout tout le long de la discussion, figée. Je m’assis dans un des fauteuils et fit tinter une sorte de cloche en se faisant. Au bout de quelques minutes, Magyaok entrait sans un bruit d’un pas feutré, il était aussi discret que d’habitude et habillé dans une tenue de soie complète toute noire. Malgré le soleil sur son torse, il ne souriait pas et se plaça sur un petit tabouret derrière mon dos, me posant ses mains sur la tempe. Je fermai les yeux et sombrai dans un monde de sa création. Les images étaient un peu ennuyeuses, mais il semblait trop heureux pour que quelque chose d’autre ne filtre. Je n’allais le laisser continuer que parce que sa bonne humeur me confirmait que j’étais la meilleure chose qui soit arrivée dans sa vie. *** Plusieurs heures plus tard, alors que Magyaok s’en était allé depuis bien longtemps et que ni Aethka ni Esteldur n’étaient venus m’importuner pour autre chose, je me retrouvai assise en face de l’immensité de la nuit. On continuait encore et toujours d’appliquer sur moi des valeurs que je ne comprenais pas, même quand les résultats étaient là. Qu’importait le sort des quelques malheureuses dépouilles qui se trouvaient dans un de mes salons ? Ils avaient montré leurs limites, ils n’étaient plus, c’était aussi simple que ça. Et j’avais maintenant offert leur bien à un père qui n’acceptait pas qui j’étais, même s’il n’avait rien demandé. Je m’attendais à ce qu’il trahisse cette confiance, mais ce n’était pas très grave, que signifiait une trahison dans un monde aussi vaste ? S’il venait à se comporter comme le faisait un enfant sans responsabilités qui laissait l’animal qu’on lui avait offert dépérir, je lui reprendrai son bien, aussi simplement que je venais de le faire. J’ai le temps. Lui par contre, de temps, il devait beaucoup moins lui en rester. Comme si mes pensées l’avaient invoqué j’entendis mon père entrer en trainant des pieds. Il avait probablement bu, ce qui arrivait souvent dans ces soirées de négociations à Geresh. Mais à ma surprise, il s’exprima dans une voix qui ne semblait être sous aucune influence. « C’est fait. Geresh est à nous. » L’affirmation resta en suspens dans l’air presque léger de la nuit. C’est fait, et il a même dit « nous ». Il reprit avec un souffle rauque. « Nous avons saisi la moitié des propriétés des traîtres, leurs familles ont été exilées, et l’autre moitié reviendra au reste des marchands. » Je ne répondis rien d’abord, mais tiquai tout de même. C’était peu probable depuis le début mais j’aurais préféré une autre issue, plus avantageuse, ou encore de nouveaux individus pour mon salon, il manquait cruellement de femmes et d’enfants. « Je ne pensais pas que ça arriverait de mon vivant. » Encore, encore un peu plus, tu y es presque, le compliment qui te brûle la gorge !Rien n’arriva, forcément. Il se retira en silence, je ne lui avais pas répondu, et il allait s’effondrer sur son lit, sans même faire attention à rajouter une présence plus féminine à ses côtés. Mon opinion de lui n’avait pas changée, son opinion de moi non plus, et je n’aurais rien gagné à faire l’excitée. Restait à l’observer et voir ce qu’il allait faire de cette nouvelle situation. J’ai le temps, me répétais-je intérieurement.
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