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| Geresh: Le mouvement des citrons jaunes [Solo] | |
| | Auteur | Message |
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Aerianna Hiisi
Ancien
Nombre de messages : 584 Âge : 31 Date d'inscription : 18/10/2018
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 28 ans Taille : 1m70 Niveau Magique : Eveillé / Néophyte.
| Sujet: Geresh: Le mouvement des citrons jaunes [Solo] Dim 21 Avr 2019 - 16:59 | |
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Verimios, cinquième jour de la huitième ennéade An quinze du onzième cycle Le ciel était d’un gris rare en Ithri’Vaan, comme s’il voulait refléter l’ambiance maussade qui était tombée sur Geresh, et plus particulièrement le palais des Hiisi. Ce jour là, j’étais assise au bureau de mon père, contemplant les nuages par la grande ouverture qui donnait sur le jardin loin en contrebas. Lui était tombé malade l’ennéade précédente et si tous les signes étaient bons, il ne retournerait pas tout de suite aux affaires, et ses serviteurs les plus fiables s’occupaient de ses différents rôles dans leurs bureaux, sans jamais se concerter avec moi. Aethka elle devait être quelque part dans le palais, sous l’emprise de multiples drogues, c’était sa façon de gérer la situation dans laquelle je l’avais laissée, alors qu’elle ne voulait pas pour autant abandonner le confort de cet endroit. Je n’avais pas eu la force de me confronter à elle, et je laissais faire lâchement. Esteldur était devenu moins loyal depuis qu’il m’avait vue aussi faible, il passait plus de temps avec les différents gardes et même certaines servantes. Ulk était sur le chemin du retour d’un voyage à Thaar pour ses gladiateurs et ne rentrerait que le lendemain. Magyaok était quelque part, resté aussi loyal qu’il l’avait toujours été, mais j’avais du mal à le regarder en face alors que je savais qu’il avait mémorisé ce symbole de ma défaite. Tout était parti de ce tournoi frustrant, ou plutôt, j’essayais de me convaincre que c’était le cas. Je m’étais autorisée à imaginer maintes célébrations quand l’espoir était encore vivant, je m’étais autorisée à imaginer la construction de l’arène de Geresh, je m’étais autorisée à imaginer son inauguration par Hanegard. Le Tueur de Roi, le Tueur de Triumvir, le Tueur de Shyn’tae ? Au final, il n’avait ni tué de roi, ni de triumvir, ni de Shyn’tae. Il avait juste tué un archiduc, quoique ce titre signifie, et ce n’était pas quand il avait été à mon service. La frustration laissa place à la réalité, il n’y aurait pas de telles célébrations. Il y en aurait, alors qu’Azhijreet reprendrait du service prochainement pour ses célébrations d’Arcam, mais rien pour célébrer la grandeur de Geresh. Je prenais un risque avec les célébrations d’Arcam qui arrivaient, un risque non contrôlé, basé sur des mots venus de Krish Al’Serat avant même que les jeux ne débutent, alors qu’elle était entre ces murs. Ce n’était pas une façon de rendre hommage aux eldéens, loin de là, ni à Krish, c’était juste l’absence de meilleure idée pour sortir de cette morosité ambiante. Il fallait que je fasse quelque chose, n’importe quoi. Pour moi plus que pour les autres. Et alors que je me sentais la personne la plus solitaire d’Ithri’Vaan, les idées ne pouvaient pas venir d’autre part que des mots que la dernière personne qui m’avait fait me sentir importante m’avait sussuré. La surprise faite aux habitants de Geresh était en deux partie. D’abord, alors que tout le monde se rappelait de la mort violente d’Azhijreet, il ferait un retour au premier plan, alors que son corps embaumé descendrait la plus grande avenue de la cité blanche pour faire un retour sur cette place qui l’avait vu être destitué. Comme dans les festivals de Teiweon dont l’eldéenne m’avait parlé, finalement, mais sans l’aspect religieux qui n’avait même pas été mentionné lorsque je lui avais présenté les cadavres préservés. La deuxième surprise lierait ces célébrations à une autre divinité alors que le temple de Kiel de Thaar enverrait certains de ses représentants à Geresh. Le symbole était peut-être fort, mais à aucun moment je n’entendais aller plus loin que la vénération des dieux façon Vaanie, prenant souvent ce qui était le plus intéressant et délaissant l’aspect fanatisant, et je m’accrochais à ça pour me dire que tout se passerait bien. Le doute existait maintenant que j’avais compris que je pouvais échouer, mais je n’étais pas encore certaine de mon influence sur cette réalité, et de toute façon, si l’univers devait me surprendre une nouvelle fois, il ne me préviendrait pas. *** Verimios, septième jour de la huitième ennéade An quinze du onzième cycle Esteldur dirigeait les efforts d’un petit groupe d’hommes, d’hybrides, d’elfes et de drows aux couleurs du soleil d’or. Quatre d’entre eux portaient délicatement une forme enfermée dans un sac de toile et la faisait passer par la porte de derrière du palais. Le semi-elfe arborait un grand sourire, alors que celle qu’il servait avait finalement décidé de faire quelque chose de sa vie. Cela faisait plus d’un an qu’il remettait en question beaucoup de choses, dont son service et sa loyauté, plus d’un an qu’elle était restée inerte, plus d’un an que cette finale était passée. Il lui avait laissé le temps au début, mais l’impatience se faisait de plus en plus forte et il avait évité Aerianna de plus en plus pour que son comportement cesse de lui porter sur les nerfs. Mais quelque chose avait changé, et il guidait aujourd’hui un cadavre vers l’ancienne salle de trône des Akar’Demlir, le centre névralgique de Geresh avant d’être abandonné en l’an treize. Le palais avait été complètement délaissé et il s’était retrouvé être la propriété des Hiisi lorsque le conseil s’était désagrégé, mais ils n’avaient pas encore décidé de ce qu’ils en feraient. Il y avait des théories mais rien de plus, et le sujet n’intéressait pas tellement de monde. Esteldur lui imaginait bien des choses, mais il savait bien que les Hiisi pouvaient être dans une impasse. Le palais était plus petit que celui qu’ils avaient fait construire mais restait un symbole de Geresh, et à moins qu’ils ne veuillent mettre en place un nouveau type de conseil, celui qui le possèderait se retrouverait aussi avec une influence non négligeable sur la zone. Il y avait d’autres possibilités aussi, dont une qu’il présenterait prochainement à Aerianna. Ses pensées n’allaient clairement pas lui ôter le sourire des lèvres, et un de ses hommes tourna une clé dans une énième porte avant de la pousser. Elle donnait directement sur la salle du trône. Une salle majestueuse de marbre blanc. Le trône original avait été posé sur des bras de bois pour lui permettre d’être porté. Toujours aussi délicalement les quatre hommes qui supportaient le poids de l’embaumé l’allongèrent sur le sol. Esteldur se pencha en avant pour défaire les liens et ouvrir le sac de toile. Un sac dans un sac, il pensa, avant qu’Ulk ne sorte de derrière une colonne. Il aida le corps sans vie à lutter contre sa rigidité cadavérique en lui posant une main dessus pour qu’Esteldur le positionne sur le trône. Tout avait été fait silencieusement pour la simple raison qu’il n’y avait que deux personnes qui n’étaient pas dégoûtés par ce qu’ils faisaient, et qu’ils ne s’appréciaient pas vraiment. Mais le silence renforçait l’ambiance solennelle du moment, et tous savaient qu’Aerianna serait fière d’eux. Ou plutôt d’elle-même, pour les avoir choisi eux pour cette tâche.
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| | | Aerianna Hiisi
Ancien
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| Sujet: Re: Geresh: Le mouvement des citrons jaunes [Solo] Lun 22 Avr 2019 - 16:13 | |
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Verimios, huitième jour de la huitième ennéade An quinze du onzième cycle Le jour le plus important de l’année était arrivé. Je ne le pensais pas si important que ça en réalité, mais quand le reste de l’année avait été aussi vide de sens, ce n’était pas si compliqué d’être le plus important. Et puis, pour Geresh, il y avait quelque chose d’unique, ces festivités qui avaient été confinées aux demeures d’Azhijreet en sortaient enfin, peut-être deux ans après que le semi-elfe ne périsse aux mains de la foule. Les plus cyniques pensaient probablement que les deux ans d’interruption s’expliquaient par le temps qu’avaient mis les Hiisi à créer quelque chose de plus adapté à un peuple qui ne méritait pas les réelles célébrations. C’était partiellement vrai, et puis organiser quelque chose d’aussi luxueux pour tout un peuple nécessitait des moyens que personne ne devait avoir. Mais surtout, personne n’avait fait l’effort de récupérer le rôle d’Azhijreet pendant tout ce temps. Je descendais l’avenue qui reliait le palais des Hiisi à la grande place de Geresh, et par symétrie, un corps faisait de même en partant de l’ancien palais des Akar’Demlir. J’étais confortablement assise dans un trône monté sur un chariot tiré par deux chevaux de guerre guidés par un homme massif au tabard noir et or, et j’arborais un sourire froid mais digne destiné à mes sujets. Le trône et le chariot brillaient tous deux de mille feux même sous le soleil d’hiver qui nous surplombait. Je répondais aux acclamations du mieux que je le pouvais et sentais faire mouche à plusieurs reprises. Mais cette partie de la journée n’était pas censé être la plus compliquée et je n’avais eu que peu de doutes sur l’accueil que j’allais recevoir. *** De l’autre côté, un silence de mort régnait alors que les huit hommes aux armes des Hiisi portaient le trône au cadavre, deux par bras. Esteldur guidait la petite procession suivi par deux noirelfes vêtus de robes noires à capuches alors que des masques de fer à la gueule grande ouverte couvraient leur visage. De ces visages hurlants ne sortaient aucun son, ce qui renforçait finalement l’horreur du spectacle. Il y avait bien quelques courageux dans la foule qui continuaient de discuter, certains de l’identité de l’embaumé, d’autres de celle de ces deux prêtres, et si les plus intéressés par la politique pouvaient deviner qu’il s’agissait d’Azhijreet, leur hôte en ce jour, les seuls qui reconnurent les représentants de Kiel furent les noirelfes de Geresh. Et même parmi ceux-là, il y avait plusieurs camps, ceux qui étaient ravis, ceux à qui la déesse rappelait des mauvais souvenirs, et ceux qui n’avaient jamais vécu sous une influence qui louait les bienfaits de Kiel. Mais il n’y eut pas de débat, juste de l’observation en silence de ce spectacle particulièrement lourd de sens. Esteldur ne fut pas surpris de voir des têtes disparaître de la foule, il n’avait plus été choqué par quoi que ce soit pendant si longtemps qu’on pouvait croire qu’il en avait oublié ce qui était normal, mais ce n’était pas le cas. Il avait conscience qu’à part les eldéens peu avaient l’habitude de ces parades morbides, que le cadavre avait déjà une paire d’années, ce qui ne laissait pas imaginer de belles choses sur son état actuel, que la tension était retombée depuis une éternité et que certains regrettaient peut-être d’avoir pris part à un tel massacre… Il avait conscience de beaucoup de raisons pour lesquelles Aerianna se mettait en danger avec une telle démonstration, mais pour une fois qu’elle faisait quelque chose, il n’allait pas entretenir son doute, il allait la laisser faire et l’aider du mieux qu’il le pouvait. Et puis, lui aussi avait eu une certaine expérience de Kiel, souffrir un peu – pour quelqu’un ou non – ne le dérangeait pas plus que cela. *** Lorsque les deux processions s’étaient réunies on me fit part de cette foule silencieuse. Je ne montrai cependant pas ma frustration et continuai à agir comme je l’avais répété tant de fois ces derniers jours. C’est-à-dire ne rien faire, sourire, et rester affalée sur le trône. En dehors de quelques mots de bienvenue je n’avais pas grand-chose à faire, ma présence suffisait à faire de moi le centre de l’attention tout en me laissant le droit de me perdre dans mes pensées en observant le spectacle dans le dos des intervenants. Quand l’un d’entre eux me mentionnait de temps en temps, il s’écartait en tendant une main vers moi et je sentais les yeux de la foule me transpercer. Le premier intervenant fut un ancien serviteur d’Azhijreet, et son discours était celui que prononçait quatre fois par an l’ancien membre du conseil de Geresh de son vivant. Il était quelque peu modifié, rendu un peu plus comique et plus accessible par cet homme qui n’avait mis que trois jours pour abandonner toute loyauté et se ranger sous mes ordres en revêtant mes couleurs. Aujourd’hui, il arborait les mêmes vêtements que l’embaumé assis sur le trône à mes côtés plutôt que sa tenue de serviteur des Hiisi, encore un symbole de la déchéance de ceux qui avaient dirigé Geresh. Pour ne pas avoir l’air d’être une simple épouse aux côtés de la dépouille de son mari, je portais mon armure habituelle ainsi qu’une couronne ouvragée qui me donnait l’impression d’être leur reine. Puis vinrent les deux prêtres de Kiel, qui au lieu de partir dans un discours de leur crû avaient décidé de démontrer de manière plus pratique ce qu’ils prêchaient. Ils tombèrent les robes de prêtrise, laissant apparaître ce qui avait l’air d’être la version eldéenne de tenues de bourreaux et s’approchèrent du serviteur d’Azhijreet repenti alors qu’on leur tendait des ustensiles que je ne reconnaissais pas, même après ces cours que m’avait donnés Krish Al’Serat. Mais leur démonstration n’irait pas plus loin alors que quelqu’un criait quelque chose dans la foule. Quelque chose par rapport à des eldéens, une guerre, quelqu’un qui couchait avec eux, Sol’D… C’est de moi qu’il parle ? Je me redressai légèrement sur mon trône avant d’apercevoir une tâche jaune sortir de la foule dans une trajectoire de cloche et se placer à contre-jour alors que je levai la tête. La surprise m’empêcha d’esquiver quoi que ce soit alors que l’objet non identifié qui se dirigeait droit sur moi fit mouche. Un caillou jaune un peu plus petit que la taille d’un poing, je pensai, avant de ressentir une vive douleur au niveau de la pommette gauche, comme si elle venait d’éclater. Mon faux sourire s’élargit en un vrai alors que la douleur réveilla en moi quelque chose que je n’avais pas activé depuis longtemps, une main se referma sur le projectile qui était venu s’échouer sur mes genoux et je me redressai. Du sang commença à s’écouler sur ma joue alors que je présentai le projectile aux yeux de tous. Esteldur ne bougea pas lui-même mais envoya sept de ses hommes désarmés – un détail très important – se frayer un chemin et attraper le coupable, priant pour que cette fois la foule ne devienne pas aussi meurtrière que la fois où on était venu l’y chercher lui. Moi, je fixai mon regard dans celui de l’homme avec un air aguicheur alors que les parties visibles de mon corps voyaient des lignes bleues apparaître sous ma peau diaphane. « Tu sais toutes les choses qu’un prêtre de Kiel peut faire avec des citrons ? »
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| | | Aerianna Hiisi
Ancien
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| Sujet: Re: Geresh: Le mouvement des citrons jaunes [Solo] Lun 29 Avr 2019 - 15:23 | |
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Favriüs, huitième jour de la quatrième ennéade An seize du onzième cycle Ce que je ne savais pas en libérant le premier à me lancer un citron au visage sous le conseil d’Esteldur qui savait exactement comment faire dégénérer un mouvement de foule, c’est qu’il serait le premier d’une longue série. On me fit au bout de quelques ennéades des rapports de patrouilles attaquées par des lanceurs de citrons aux visages dissimulés, de toutes les races. Mais ce n’étaient pas les premières. Les vraies premières attaques furent passées au silence par ceux de mes couleurs qui n’assumaient pas les blessures provoquées par des jets de citrons. Et d’ailleurs, tous ceux qui acceptaient de voir la fille de leur employeur blessée mais avaient honte lorsqu’il étaient en étaient les victimes furent renvoyés chez eux. Il n’y avait pas de place pour cette forme de déloyauté dans les rangs des Hiisi. Bien sûr, certains d’entre eux joignirent les rangs des Citrons Jaunes, comme on commença rapidement à les appeler. L’homme qui avait été libéré était le fils d’un marchand qui vendait entre autres des citrons, le projectile symbolique fut choisi pour la simple et bonne raison qu’à Geresh tout le monde devait en posséder quelque part. Ils commencèrent sans chef et le restèrent bien longtemps alors qu’ils continuaient de tourmenter le Soleil de Geresh et de paralyser la place centrale à chaque ennéade. Des commerçants de tout genre vinrent faire part de leurs doléances régulièrement alors que les marchands de citrons bienheureux peinaient à respecter leurs transactions avec l’extérieur de la ville. Et quand ils le faisaient, ils profitaient de l’excuse de la demande locale pour faire hausser les prix, et surtout, pour faire hausser un sourcil de chaque partenaire, parfois même les deux. Il n’y avait pas non plus de demande particulière, même si les quelques membres du clergé de Kiel venus pour les festivités rentrèrent à Thaar, conscients qu’ils n’étaient plus les bienvenus. Si pour l’instant les dégâts étaient moindres, ceux sur l’image de Geresh me préoccupaient légèrement. Elle était déjà catastrophique, mais ne pouvait-elle pas encore empirer ? Et surtout, avec la pression qu’exerçait Esteldur, je m’empêchais encore toute réponse létale, au risque de passer pour quelqu’un de faible. Les restes de maladie de Rauast suffiraient à expliquer son inaction un temps, mais ne risquais-je pas de partir avec un malus s’il venait à ne plus être ? Au moins sa disparition ne semblait pas être pour tout de suite, mais j’étais néanmoins responsable aujourd’hui, au moins pour lui prouver à lui que je n’avais pas besoin d’être destituée. Aucune réponse létale ne signifiait pas pour autant aucune réponse, et chaque ennéade des hommes vidaient l’esplanade, emportaient les plus virulents et les laissaient croupir au moins jusqu’à l’ennéade suivante. L’idée était de retirer l’envie de se rassembler à ceux qui ne pouvaient pas se permettre de disparaître et de laisser leurs femmes et enfants seuls trop longtemps. Cela ne fonctionna qu’à moitié, mais il fut rapidement évident qu’il fallait que je m’attaque aux quelques têtes de l’hydre qu’étaient les Citrons Jaunes. Trois types de têtes allaient attirer mes interventions, ceux qui finançaient les achats de citrons de ceux qui n’en avaient pas les moyens, les marchands de citrons qui profitaient le plus de la situation et prenaient de moins en moins de commandes de l’extérieur et de Thaar, et finalement, des quelques champions du peuple qui luttaient sur la place et organisaient les mouvements. Les premiers étaient principalement des riches marchands, souvent elfes, qui clamaient leur innocence alors que j’avais décidé de les assigner à résidence le temps que tout s’arrête. Ensuite, je décidai de saisir certains stocks de citrons des marchands du maudit fruit pour les envoyer à Thaar directement, ne leur octroyant qu’un tiers de la somme amassée, une portion qui augmentait s’ils apportaient de l’aide au Soleil. Les derniers étaient enlevés sur place et détenus un mois chacun. Il n’y avait qu’Esteldur qui soit satisfait de la situation. Tout se calma un temps, si bien que le printemps revint avec des rassemblements de moins en moins nombreux. Je crus à ce moment-là qu’Esteldur avait été d’aussi bon conseil qu’à son habitude, que tout allait finalement se calmer, que cette histoire de Citrons Jaunes subsisterait deux ou trois ennéades tout au plus avant de disparaître d’elle-même. On me fit même rire en disant que les derniers citrons qui avaient été jetés venaient de la Péninsule et de Missède. Quelqu’un avait décidé de gaspiller tant d’argent pour faire venir une cargaison d’aussi loin juste pour bafouer cette interdiction en vigueur. Et le pire, ou, dans ce cas, ce qui avait déclenché l’hilarité de certains, c’est qu’à peine était-elle entrée dans le port et mes hommes tombaient déjà dessus pour la saisir. Dans l’ensemble donc, très peu d’accidents, beaucoup de bleus de chaque côté, une situation qui se calmait, des hommes qui arrivaient même à rire de la situation, et j’allais me montrer publiquement pour la première fois depuis bien longtemps. Les mots d’un père désormais bien portant résonnaient encore à ce moment, et il exigeait que je finisse ce que j’avais commencé. Et si je ne risquais pas de m’excuser auprès de Geresh pour cet écart culturel de cette fin de quinzième année, me montrer serait peut-être un message de paix qu’ils pouvaient accepter. Et un apaisement de la situation serait un deuxième message lancé à mon père. *** Un Arcamenel, le même jour que lorsque tout avait commencé, il avait été annoncé que j’apparaîtrais sur cette place, et forcément, cela allait attirer les foules. L’avenue qui me guiderait vers la place du Citron – comme beaucoup voulaient maintenant l’appeler – était vide cette fois, et de nombreuses patrouilles s’y déplaçaient sous mes couleurs. Je me demandais ce qu’ils craignaient jusqu’à m’être suffisamment rapprochée pour entendre une clameur. Quelques hommes qui remontaient l’avenue semblaient sous pression mais ils n’allaient pas prendre le temps de mentionner quoi que ce soit à Esteldur qui guidait ma conséquente escorte ou à moi-même. Je relayai au semi-elfe mon envie de continuer après qu’il émette un doute et la colonne reprit, jusqu’à arriver à un peu moins d’une centaine de mètres de la foule. Ils brandissaient des objets vers le ciel que je ne discernai pas tout de suite avant que ne voie un de ces objets briller. C’étaient des armes, et il y en avait beaucoup.
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| | | Aerianna Hiisi
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| Sujet: Re: Geresh: Le mouvement des citrons jaunes [Solo] Mar 30 Avr 2019 - 9:13 | |
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La colonne continua quelques instants vers la place avant qu’autre décision soit prise et qu’elle s’immobilise. Un fragment de la colonne se détacha pour remonter jusqu’au palais et Esteldur en guida un autre vers la place. Ce qui me laissait avec un peu plus d’une vingtaine d’hommes comme escorte, et aucun interlocuteur pour essayer de comprendre ce qu’il se passait. Je regardais dans la direction d’Esteldur avec un peu de crainte, la foule voulait autre chose que de jolies déclarations, et si tous ne portaient pas d’armes, je ne pouvais que voir les morceaux d'acier briller, reflétant par moment le soleil de Geresh. Si le semi-elfe semblait savoir ce qu’il faisait depuis le début de la crise, là était la preuve que tout ne se passait pas si bien et que quelqu’un voulait tout de même ma peau. Mon protecteur me dirait plus tard qu’elle n’était pas aussi assoiffée de sang que la dernière fois, mais à ce moment là, je la craignais réellement.
Entre l’arrière garde de la colonne qui m’avait protégée jusque là et ma position, un autre groupe armé apparut, sortant d’une ruelle. Celui-là semblait plus professionnel et c’était le signal que mes hommes choisirent pour essayer de m’exfiltrer de la situation. L’arrière garde se retourna vers eux alors qu’à l’avant Esteldur continuait de contenir des habitants en colère. Un doeben sous mes couleurs me tira par le bras pour m’embarquer dans une ruelle. « Lâchez moi. » Une voix froide répondit au geste et les yeux rouges vinrent se fixer dans les miens. « Princesse, nous sommes-là pour vous protéger, laissez-nous faire et tout va bien se passer. » Et aussi simplement que ça je le laissais m’embarquer dans une ruelle qui nous éloignerait du conflit. La moitié de mon escorte me suivait tandis que le reste sécurisait l’entrée en rangs serrés. J’entendais derrière moi la clameur des combats alors et les cris des blessés. Mes hommes avaient engagé les mercenaires au corps à corps et essayaient sûrement de les forcer à se rendre.
La main du doeben était douloureuse, accrochée comme elle l’était à mon bras, mais la tension rare à laquelle j’étais soumise eut raison de tout le plaisir que j’aurais pu en éprouver. Je tremblais alors qu’on me forçait à courir dans les rues vides, fuyant un ennemi invisible qui pouvait nous tomber dessus à tout moment, et quand je m’arrêtais, le même doeben continuait de me brusquer, expliquant à mi-voix pourquoi il faisait ce qu’il faisait, et comment je devais vraiment l’écouter. Au bout de longues minutes alors que je ne pouvais plus entendre aucun affrontement à cause de notre distance toute l’escorte s’arrêta dans une petite cour. Un habitant osa une tête par-dessus un balcon alors qu’un humain prenait la parole. « J’ai peur que nous soyons poursuivis… vous deux, postez vous à l’entrée de cette cour, ne laissez passer personne. » Deux semi-elfes firent la moue mais obtempérèrent, ils n’avaient pas de meilleure idée et l’humain semblait avoir pris les commande de l’escorte au moins temporairement, aidé du doeben.
Et la course folle reprit à travers les bâtiments de Geresh. Je pouvais reconnaître un peu les lieux, avant que l’avenue ne soit construite il nous fallait traverser cette zone de la ville pour rentrer chez nous. Contrairement aux bâtiments le long de l’avenue, ceux là étaient principalement en un seul étage, et il y en avait un de temps en temps qui dépassait et permettait à une famille un peu plus riche que les autres de dominer le quartier. Mais pourquoi pensais-je à ça ? Je n’avais pas vu une arme dégainée depuis que j’avais quitté l’avenue mais la tension maintenue par mes protecteurs était telle que j’essayais pathétiquement de trouver des distractions. Et comme pour confirmer mes dires, le doeben me poussa dans le dos pour me forcer dans une ruelle plus étroite que celle de laquelle nous venions. Lui et l’humain discutèrent rapidement en position accroupie, à moitié avec les mains à moitié en murmurant, et ce dernier soupira audiblement comme agacé avant de se redresser. « Il nous faut quelques éclaireurs, vous quatre, continuez dans cette direction et revenez sur la rue qu’on vient de quitter dans cent mètres. » Il désigna la petite ruelle. « Le doeben, moi, et vous deux, on y va. »
Et le groupe se dispersait encore une fois, me maintenant encore un peu plus dans un état de stress. Et si quelqu’un nous tombait dessus maintenant ? Si je portais mon armure, je n’étais même pas armée, et je devais me reposer entièrement sur des hommes que je ne connaissais pas le moins du monde. Mon pas était ralenti maintenant que personne ne me tirait par le bras, mais continuai de suivre les quatre hommes. Au moins nous nous rapprochions du palais, et je connaissais une entrée dérobée non loin, à travers l’ancienne maison d’Ulk. Je comptais même me dérober à mon escorte si nous passions assez près. Quelque chose clochait. Et j’avais l’impression qu’un dénouement approchait alors que de moins en moins d’hommes me protégeaient. Et mon doute deviendrait une certitude bien assez tôt alors que nous revenions sur la rue mentionnée par l’humain avant qu’il ne nous quitte.
Au milieu de la petite cour dans laquelle je débouchai il y avait deux corps qui jonchaient le sol. Deux éclaireurs, et le temps de lever la tête que deux arbalètes fichaient leurs traits dans deux des hommes de mon escorte qui s’écroulaient. L’humain et le doeben derrière les arbalètes tiraient leurs lames au clair, se ruant vers les deux survivants. Ils eurent raison en quelques instants de mes deux protecteurs, les surpassant largement dans leur force et leur agilité. J’étais effrayée, mais au lieu de rester tétanisée je ramassai une arme au sol. Le doeben était aussi grand que cet eldéen que j’avais rencontré chez Ascanio et il se rapprocha tranquillement de moi, me désarmant en quelques coups brûlants dans le bras aux endroits où la protection était la plus faible. Un sourire carnassier étira son visage et cette fois c’en fût trop pour que je résiste à cette peur. « Il paraît que tu aimes bien les drows ? » Il demanda, d’un ton empli de sous entendus. L’humain nous observait sans bouger et son complice glissa une grande main sous mon plastron pour préciser ces formes qu’il cherchait. De l’autre main il avait trouvé une façon d’enlever certaines des pièces de l’armure qui le dérangeaient.
L’humain lui s’éclaircit la voix avant de déclarer un peu à la ronde. « Tu sais ce qui est le plus frustrant pour les mercenaires ? » Pas de réponse, le doeben garde une main collée contre ma poitrine à travers le lin épais mais s’arrête dans ses gestes et commence à sourire, comme s’il s’attendait à un nouveau trait d’humour de la part de son partenaire. « C’est que si on veut manger, quand un contrat est sur la tête d’un ami, on n’a pas trop le choix. » Il produit un couteau de sa manche et le fiche dans le cou de mon agresseur sans sourciller, ce dernier s’écroule dans quelques tintements, tandis que l’humain arbore un faux air de tristesse sur son visage et se détourne de moi. Une erreur. La panique m’a déjà prise aux trippes et je saisis l’arme du doeben tombé, donne un coup de taille dans le dos de l’humain et le fait suivre d’un coup d’épaule qui provoque. Un autre coup, d’estoc cette fois, le cloue définitivement au sol, le laissant là pour se vider de son sang.
Complètement contrôlée par la peur je n’avais pas eu l’impression d’avoir une autre option que celle-ci, et des larmes se mirent à couler. Il n’était pas important, je ne savais même pas qui il était, je ne savais pas pourquoi il m’avait trahi, ni pourquoi il avait trahi mon complice, et je l’avais tué alors qu’il me tournait le dos. C’était la première fois que j’ôtais moi-même la vie de quelqu’un et j’y étais étrangement insensible, comme temporairement anesthésiée par cette peur qui guidait mon bras. J’en tremblais encore, même après que les deux menaces aient rejoint les cadavres de mon escorte, et je n’arrivais pas à lâcher cette arme sur laquelle ma main était crispée. J’eus un instant l’impression d’entendre une nouvelle critique de la condition de mercenaire de la part du mourant. « Tu sais ce qui est le plus triste quand on est mercenaire ? Personne ne nous fait jamais confiance. » Et la seule pensée qui vint en réponse fut un tu m’étonnes. Mais je l’avais probablement imaginée.
Sans escorte, le bras droit sanguinolant, le bras gauche armé, et en doutant même que des poursuivants existent, il n’y avait plus que ce passage qui me mènerait à Ulk dans mon esprit, et je ne devais plus être très loin. Je n’avais qu’une pensée en tête qui tournait à l’infini. Il faut que je rentre, il faut que je rentre, il faut que je rentre, il faut que je rentre…
Dernière édition par Aerianna Hiisi le Mar 30 Avr 2019 - 16:36, édité 1 fois |
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| Sujet: Re: Geresh: Le mouvement des citrons jaunes [Solo] Mar 30 Avr 2019 - 16:34 | |
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Favriüs, huitième jour de la huitième ennéade An seize du onzième cycle De tous les affrontements, celui contre la foule manœuvré par Esteldur avait été le plus court. Quelques laboureurs de métier s’étaient jetés avec des armes sur lui et ses hommes mais lorsque les premier furent arrêtés par le fer le reste de la foule se rappela du massacre plusieurs années plus tôt. Personne ne voulait vivre ça à nouveau, et il n’y avait pas de remplacement évident à placer sur le trône de Geresh. L’option unique – un adversaire affiché du Conseil de Geresh lorsqu’il régnait encore – était sans surprise à l’origine de cette nouvelle escalade du conflit et était celui qui avait payé ces mercenaires. Il ne fut pas exécuté tout de suite et en privé à ma demande, il était devenu l’ennemi de tous ici dans la Cité Blanche, et il méritait une mort plus symbolique. Il serait la hache de guerre que le peuple comme les Hiisi enterreraient ensemble, pour se pardonner mutuellement. Tout Geresh espérait que cet après midi infernal servirait de leçon. Pour ce qui était de la Princesse de Geresh, beaucoup de choses avaient changé. J’avais mis du temps à me remettre de ce premier meurtre et sans le soutien d’Ulk dans les premières heures, un soutien inattendu, je ne pourrais pas avoir aussi vite oublié la sensation de la main qui me touchait, et de cette peur viscérale qui m’avait contrôlée. Esteldur combla les vides en me racontant comment il s’était servi de ses informations pour retourner un des assassins contre l’autre et je perdis ce jour là toute confiance en le semi-elfe. Il m’avait utilisée comme appât, il s’était servi de moi pour forcer la main de ceux qui voulaient me tuer, et ça avait fonctionné, mais tout son plan s’était appuyé sur la déloyauté d’un mercenaire. Et il avait le culot aujourd’hui de me dire que sa mort nous sauvait à nous tous une somme d’argent bien rondelette. Encore une fois, tout était question de loyauté, et un de mes premiers soutiens se révélait être encore plus dangereux que les autres. J’étais resté muette, il ne se douterait de rien lorsque je frapperais. *** Oubliée la place du Citron, une petite foule était rassemblée au centre d’un verger, celui qui avait abrité le premier citronnier, devant le maintenant fameux arbre. Ce n’était peut-être pas exactement cet arbre là, c’était peut-être même un de ceux qui avaient été retirés pour faire de la place, voire un des voisins auquel nous ne toucherions pas tout de suite, mais ce n’était pas si important, encore une question de symboles en fait. Nous avions seulement pris garde de rétribuer grassement celui à qui appartenaient ces terres pour ne pas le froisser. Je m’attendais d’ailleurs à des arbres plus grands, et je dus réviser certains plans en le voyant pour la première fois, mais tout était prêt maintenant. Une reconstitution de l’estrade sur laquelle je m’étais retrouvée le jour du premier citron trônait là, et pas de cadavre embaumé cette fois, juste un deuxième trône, celui de Rauast qui voulait prendre la parole aujourd’hui. Pour parachever la structure, on pouvait voir derrière l’estrade deux poteaux de bois étaient plantés assez proches. Esteldur s’exprima d’abord, je saluai la foule, puis mon père se releva pour entamer un long discours qui durerait peut-être une grosse demi-heure. Bien sûr, je n’étais pas assez patiente pour ça et très rapidement je me retrouvai à l’ignorer dans sa quasi totalité, pour changer. Je saisis tout de même quelques mots. Et ils parlaient de succession et de mariage. Et il tendait une main dans ma direction. Et j’aurais vraiment dû tout écouter. Je ne montrai rien extérieurement bien sûr, j’étais au dessus de ça. Il faudrait tout de même que j’éclaircisse ça alors qu’Esteldur me regardait bizarrement. Le discours s’éternisa et au bout de quelques minutes j’en perdais à nouveau le fil. Pourquoi fallait-il tout le temps des discours ? Pourquoi devions-nous nous impliquer à ce point dans la vie des faibles de cette cité ? Au moins ne faisais-je que me montrer, mais c’en devenait presque insupportable. Des sons de chaînes interrompirent les bruits de la foule qui répondaient à l’intervention de Rauast et Ulk ramenait d’une main celles de l’ennemi de Geresh pour le faire grimper sur l’estrade. Esteldur reprit la parole et condamna vivement celui qui avait engagé des mercenaires pour porter atteinte à la sécurité de la Princesse de Geresh et faire escalader les conflits déjà présents. Il avait les mots justes, et comme il l’avait appuyé, que Geresh se soulève était déjà arrivé et personne ne voulait revoir ça, mais qu’ils le fassent à cause d’influences extérieures était quelque chose qu’ils pouvaient encore moins accepter. Mais encore un discours au final, et j’arrêtais de l’écouter jusqu’à un signal qui me plut. L’ordre avait été donné de couper le citronnier, et il fut suivi à la lettre, jusqu’à ce qu’il heurte le sol et qu’on lui retire ses branches. On le hissa sur les deux poteaux prévus à cet effet. Je fermais les yeux lorsqu’un humain aux couleurs du Soleil de Geresh lança une corde au dessus tronc qui formait la partie horizontale de l’échafaud improvisé avant d’en faire un nœud qu’il glissa au cou du marchand. Je fermais les yeux lorsqu’un doeben aux couleurs du Soleil de Geresh agrippa fermement le bout de la corde. Je fermais les yeux lorsqu’Esteldur me tapota sur l’épaule pour attirer mon attention. « Je pense que c’est à toi de le faire. » Je ne protestai pas malgré cette preuve qu’il n’avait rien compris, je me levai, je me positionnai devant le gros homme qui pleurait… et poussai. Un humain, un grand doeben, une mort que je provoquais et Esteldur derrière tout ça. Il me forçait à vivre une deuxième fois la même situation, il me forçait à tuer. Et la décision fut prise à ce moment là. *** Le mouvement des citrons jaunes avait duré deux mois pleins, et il se termina avec une seule déclaration. Il n’y aurait plus une seule récolte de citrons autorisée à Geresh.
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