[Missive]Cher beaux parents... | Nöldorion

Aux Nöldorion de Malereg

1^ere ennéade de Barkios
Automne de l'an 11:XI
des Racines d'Ardamir

Salutations,

Je ne vous ferai pas l'affront de prétendre que nous sommes en assez bon terme pour vous demander des nouvelles. J'espère seulement que vous vous portez bien.

J'imagine qu'une missive de ma part doit infiniment vous surprendre, je ne ferai donc pas durer l'attente. Fenris et moi avons décidé de nous marier. La cérémonie est prévue pour la 6e ennéade de Verimios cette année.

Étant donné l'opinion que vous aviez déjà de moi lors de notre rencontre, les déboires que j'ai rencontré ces derniers mois et les trésors de diplomatie que vous avez employés à refuser mes demandes d'entrevues à Alëandir, je ne peux que deviner à quel point cette nouvelle doit vous bouleverser. Peut-être même avez-vous déjà jeté cette lettre au feu et ne lirez jamais les lignes suivantes. C'est un risque que je prends.

Tout comme je prends celui - bien peu couteux je vous l'accorde - de vous demander votre bénédiction.

Quoi que vous puissiez en penser, j'aime sincèrement votre fils et il m'aime en retour. Nous sommes heureux ensemble. Je comprends que les moments difficiles que Fenris et moi avons partagés - par ma faute - puissent vous faire considérer notre avenir avec inquiétude. Je comprends aussi que le chaos de ma vie passée fasse plané le doute sur mon engagement. Il est vrai que j'ai renoncé à bien des choses au cours de ma vie, mais je ne peux renoncer à lui.

Je ne m'excuserai pas d'être celle que je suis, mais parmi tous les défauts que vous pouvez me trouver, accordez moi au moins la franchise. Je ne souhaite que son bonheur et il vous porte tout les deux dans son cœur. C'est pourquoi j'espère toujours que vous en viendrez à accepter ma présence à ses côtés, même si ce n'est que d'un silence cordial.

Et pour lui je ferai un dernier pas.

Que vous nous accordiez ou non votre bénédiction, venez au mariage. Soyez là pour lui pendant l'ennéade de séparation. Partagez son bonheur, aussi fugace soit-il à vos yeux.


Je vous prie de considérer cette demande avec toute l'affection que vous avez pour votre fils. Puissiez-vous trouver la force de vous réjouir pour lui.

Que Kÿria vous garde et qu'Arcamenel vous ouvre la voie,

Halyalindë Yasairava

A Halyalindë Yasairava
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5^ème ennéade de Barkios
Automne de l'an 11:XI

Halyalindë,

Je constate que votre perfidie est plus grande encore que je ne le pensais. Vous étiez déjà parvenue à ce qu'il demande à être rattaché au quartier général des Aigles d'Ardamir pour l'avoir au plus près de vous. Vous avez obtenu que vous emménagiez ensemble afin de l'avoir entièrement sous votre coupe lors de ses rares passages dans la cité. Et maintenant cela...
J'avais raison de commencer à douter de sa capacité à vous percer à jour et de m'inquiéter pour lui. Votre emprise sur Fenris est bien plus grande que ce que j'imaginais. La demande vient de vous j'imagine ? Vous avez su choisir votre moment et la forme pour qu'il se sente contraint d'accepter ou qu'il pense que c'est ce qu'il souhaite lui aussi.

Vous demandez notre bénédiction ? Bien sûr que nous vous la refusons. Nous ne voulons pas nous retrouver complices de cette mascarade que vous appelez un amour sincère et réciproque.

Vous souhaitez nous voir nous déplacer pour la cérémonie ? Il en est hors de question. Eölir ne peut faire un tel voyage et encore moins pour la vipère que vous êtes. Quant à moi, je préfère ne pas me montrer de peur que l'on me pense souffrante tant cette union me donne la nausée.

Vous êtes peut-être à demi Taledhel mais vous avez tout hérité des talents de votre sang Noss. Vous êtes une sorcière avide et manipulatrice. Vous ne méritez ni notre fils, ni notre rang. Je vous commande une dernière fois d'abandonner cette folie ou je veillerai personnellement à faire de vot...

L'épreuve de la lecture de cette lettre était aussi terrible pour Halyalindë que pour Fenris. Certes, il n'était toujours pas mis en cause, ses parents le plaçant au rang de victime et non comme partie prenante. Ils avaient pourtant toujours été confiants concernant ses capacités. Ils le savaient intelligent et plus qu'adroit dans les interactions sociales. Il savait lire dans les attitudes, décrypter les sens cacher, identifier les non-dits... Ils lui avaient appris à maîtriser ses émotions si bien qu'il lui avait fallu apprendre à devenir spontané avec la femme qu'il aimait. Comment pouvaient-ils un seul instant penser que tout ceci était de la "faute" d'Halyalindë ?
Il avait eu beau le leur dire, il n'était pas parvenu à leur faire entendre qu'il était aussi responsable et impliqué qu'elle dans cette relation. S'il avait réussi, il se serait sans doute attiré les foudres de ses parents à son tour. Certes... Mais il aurait pu partager le fardeau de sa fiancée. Au lieu de cela, c'était elle qui se prenait toute la colère des aînés Nöldorion en plein visage.
Ce n'était pas juste.

Alors qu'elle lisait encore, les propos de Melian devant insultants, Fenris se décolla du mur contre lequel il était appuyé et s'approcha d'elle. Il saisit la lettre entre son pouce et son index. Lorsqu'Halie leva les yeux vers lui, il esquissa un sourire puis, doucement, il prit possession du parchemin. Il fit ensuite demi-tour et, alors qu'il tournait le dos à sa compagne tout en s'éloignant, celle-ci pu entendre le bruit d'un papier que l'on froisse peu avant qu'une boule chiffonnée ne soit jetée dans les flammes du foyer du salon. L'Aigle regarda la missive brûler un instant avant de faire à nouveau face à Halyalindë. Il soupira, ses épaules se relâchant comme pour se libérer d'un poids.

-Nous n'avons pas besoin d'en connaître la fin, je pense que le message est clair. Nous pouvions nous attendre à cette réaction.

Il n'y avait que peu de chances qu'ils approuvent et bien moins encore qu'ils acceptent. Quant à être un tant soit peu heureux pour leur fils... Cela tenait plutôt du rêve. S'ils soient choqués par les propos tenu par Melian, ils n'avaient pas vraiment de quoi être surpris.
Fenris s'avança vers elle, posa un genou à terre et caressa sa joue pour la prendre dans la paume de sa main.

-Ce sera notre journée et quoi qu'ils en pensent, elle fera partie de celles que nous n'oublierons jamais. Nous ne parviendrons pas à les convaincre d'ici-là, alors oublions-les. Il sera toujours temps de nous en soucier plus tard. Il appuya un peu plus sur sa joue et lui adressa un sourire heureux et sincère. Ils ne gâcheront pas notre bonheur.