[Temple de Valas] Fils de Valas | Vals

Automne - 4e jour de la 4e ennéade de Favrius de l'an 11:XI
temple de Valas, quartiers de Viconia


Un flottement. Un long flottement, comme tu dis, tu es là, tu entends tout, les mages de la Vie qui essaye de te stabiliser, les mysticistes qui essayent de tempérer et de remettre ta magie, mais ca ne marche pas. Pas du tout même. La Chimère mord et griffe tout ceux qui se pointent autour de toi et qui veulent t'aider. Ta force vitale s'éclipse, fuie tes veines et ton âme jusqu'à ce que il y ait un choix à faire, ta vie ou ton Art.

COUPEZ LA CONNEXION DE SA MAGIE TOUT DE SUITE!

Il y a come un déclic, un moment de flottement dans ta tête… Et tout sombre dans le néant

… Toucherez pas!

Cette voix, c'est celle de Viconia, qui te défend bec et ongles. Tu peux sentir sa présence autour de toi. Droite et fière, tu la sent faire face à ceux que tu devine vouloir t'emmener dans les cryptes de Teiweon. Tu sent une autre présence, celle d'une guerrière si on en juge par l'odeur d'acier qui te parvient aux narines. Elle te protège comme elle sent devoir le faire, comme tu l'a déjà fait pour elle. Sous sa voix mélodieuse, un ton dur, impérieux, sous entendant une volonté de fer. Malgré son rang modeste, peut-être à cause de ce qu'elle a accompli avec toi dans les profondeurs du palais de l'Etat-Major, tu sens les autres reculer. 

Il a été touché par Valas. Je m'en occuperai moi même, peu importe le temps que ca prendra. Si vous voulez vous rendre utile, portez le dans mes quartiers plutôt. Lolri! S'il te plait, supervise la chose. 

Encore du noir… 

Une voix douce, mélodieuse résonne à ton oreille chante une prière à ton dieu, une prière l'enjoignant de t'Aider à ta guérison, le bruit de l'eau, le doux frisson de ta peau nue qui baigne sous l'éponge qui te caresse la peau tandis que d'autres mains te donne de l'eau goutte à goutte, laissant les réflexes de déglutition faire leur œuvres pour t'hydrater.  

Encore du noir… 

Tu t'éveille enfin, avec l'odeur du parfum de Viconia à ton oreille… Tu es propre, tes plaies sont pansées.. Tout contre ta joue, le souffle chaud que tu devine être celui de la jeune prêtresse qui s'est endormie pendant qu'elle te veillait sans relâche.

Trop longtemps. Beaucoup trop longtemps. Ils t’avaient laissé trop longtemps en proie à l’épreuve de la Chimère. Ton corps n’est pas prêt, pas encore. Il ne t’est pas encore temps d’assumer les arcanes de Tal’Berith, mais malgré tout le Gardien t’a offert d’y goûter, pour le meilleur et pour le pire. Sans sentir, sans entendre, sans ressentir, sans voir et sans goûter. Avec le chaos qu’avait été fait ta magie pour seule perception du monde, tu les as suivi alors qu’ils tentaient tout pour te sauvegarder, sans succès. L’une s’est tenté à assommer celui qui dort. L’autre a voulu te livrer à qui n’est pas digne de cet honneur. Mais elle a veillé au grain. Elle a rendu leur solennité à ces instants qui menaçaient de la perdre.

Et puis le néant t’a avalé. Rien. Plus rien. Ni le Nahali, ni l’Elginyrr ni les P’leiks. C’est ainsi que ta Flamme sut que son temps n’était pas arrivé. Patiemment elle attendit. Elle attendit durant une éternité mesurée que la lumière lui revienne… mais la lumière ne revint jamais. Perdu, privé de l’un des repères auxquels tu es habitué, l’agréable fraîcheur sur la peau de ton torse nu fut métamorphosé en froide agression, l’odeur bien connue du parfum de celle qui t’a gardé t’est faite présage de mauvais augure, le souffle chaud qui devrait être rassurant n’est plus qu’une menace silencieuse. Ton cœur bat la chamade, tes oreilles se soulèvent, s’abaissent, et demeurant paralysé tu cherches de l’ouïe, tu renifles en quête d’odeurs, tu essaies de reconnaître sans ta vue l’endroit où tu es.
Tes mains se soulèvent, elles ne sont pas liées. Tes paumes parcourent ton corps pansé, mais malgré cette constatation tu te retrouves dans l’impossibilité de te calmer. Tu es épuisé. Tu es toujours épuisé. Plus que tu ne devrais l’être après un pareil sommeil. Tu es épuisé et ton esprit est plus épuisé encore que ton corps. Tu as mal. Tu as mal. Tu as beaucoup trop mal.

Ta respiration se coupe dans un bruit d’étranglement. Tu retombes dans ta couche sans autre forme de sommation.

Tu as essayé de voir à ta manière, mais la magie t’a été refusée. La magie t’a fait mal, comme elle ne t’a jamais fait aussi mal. L’épreuve de la Chimère, tu pensais l’avoir déjà traversée, tu pensais y avoir déjà échoué pour cette fois, mais elle ne faisait que commencer. Son don, Tal’Berith te l’a repris, l’a souillé, te l’a rendu. Et maintenant il est là, douloureux au point de t’être inaccessible. Tu sanglotes. Tu pleures. Tu hoquètes. Tant que ton corps sera affaibli, tant que ton esprit ne sera pas plus fort, tu resteras privé de ta magie. Privé de ton seul talent.

- Nu. et ton ton laisse comprendre que tu n’aimes pas du tout ça Je me sens nu.

Au sens propre comme au sens figuré. Privé de deux de tes organes sensoriels. Certes au fur et à mesure des années tu avais appris à de moins en moins compter sur ta vue déclinant inexorablement, mais tu n’étais pas encore prêt à la perdre. Et tu étais encore moins prêt à te séparer de ce qui finalement était ton principal outil de localisation. Privé de ta sensibilité magique, tu étais comme un chiot perdu parmi les Morgals. Sans valeur et sans défenses. Livré aux caprices de ton entourage. Être physiquement nu ne faisait que rendre la sensation plus dérangeante encore.

- Je me sentirai moins mal avec un pantalon.

Ta main glisse hors de la sienne, et douloureusement, tu ramènes tes membres à toi dans une vaine tentative de te protéger. Allongé nu… la dernière fois que tu t’étais retrouvé allongé nu… Ton esprit rendu plus vivace encore qu’à son habitude par l’absence de ton constant exercice de concentration se joue de ton corps aux sens affolés. Les souvenances de la grande main rude t’écrasant le sternum te coupe le souffle comme si l’affaire fut encore en cours. La douleur qui existait encore dans ton corps même pansé et sommairement soigné devint un rappel de cet autre mal ; de cet autre mâle, de cet agresseur.
Tu fais front, car tu sais – ou du moins tu oses espérer – la prêtresse de Valas être la seule personne en ta présence, mais ta nudité te rappelle Ran’Lyn. L’égo de Ran’Lyn. La violence de Ran’Lyn. La torture que t’infligeait Ran’Lyn pour s’assurer que jamais ni tu ne prennes pouvoir sur lui, ni tu ne l’abandonnes. Parce qu’ainsi il s’était fait partie de toi. À jamais ancré dans ta mémoire. Y fusse-t-il un cauchemar. Tu fais front, tes yeux vitreux grands ouverts, sourcils froncés, te tentant à dissimuler ton malaise derrière ta sarcastique façade habituelle, seulement tu n’avais pas l’énergie ou la patience d’empêcher les larmes de couler.

Le regard invisible de Viconia n’est plus à tes yeux que le conséquent que ton imaginaire fait de ses gestes. Le regard que te porte Viconia n’est plus à tes yeux que le miroir de celui de Ran’Lyn. Parce que ce genre d’affections, ce genre de petites tendresses, ce phrasé suave, mélodieux… agréable… il n’avait jamais été pour toi que l’apanage de ton meilleur ennemi au cours de ses belles humeurs.

Et ses belles humeurs n’étaient jamais que l’occasion de le fuir assez loin pour que la tempête qui surviendrait lors des mauvaises ne te soit pas fatale.

Tu recules un peu sur ta couche, tâtant tes environs des coudes, des doigts, de l’arrière du crâne, de la moindre partie du corps t’offrant des repères pour le peu de mouvement que tu pouvais t’autoriser. Tu cherches des appuis pour pouvoir t’asseoir, te trouver moins exposé, te protéger. Ce n’est que lorsque tu les auras trouvé que tu reprendras la parole, d’autant plus décidé à dissoudre ta gêne.

- Qu’est-ce qui s’est passé après que La Chimère m’ait pris ?

Je me sentirai moins mal avec un pantalon.

Dans un léger bruissement, tu lève ton corp fourbu du lit. Tu n'as pas assez dormi semble t'il. Mais les vêtements propres attendent le pâle, sagement posés sur le coffre au pied du lit. De tes longs doigts fins, tu prend les pantalons et tu les lui met doucement dans ses mains à lui, te détourne tranquillement pour le laisser se vêtir. Pour te donner contenance et lui laisser son intimité, tu remet de l'ordre dans tes longs cheveux, en déloge une poussière distraitement. Le retrait de Valsrik lors de ton toucher te surprend, mais tu y décèle un passé qui est, pour le moment, hors de ta portée.

Un jours tu saura ce qui lui est arrivé. Un jour, mais pas aujourd'hui. Tu range cette manifestation de faiblesse dans un recoin de ton esprit calculateur. Aussi mignon qu'il soit, aussi touché par La Chimère qu'il soit, cette démonstration ne peut que lui attirer des ennuis si cela se produit devant d'autres que toi. Valas a mis cette Flamme sous ta responsabilité. Et tu ne faillira pas.


Tu le laisse se débrouiller pour s'asseoir, sentant instinctivement qu'il ne tolérera pas ton toucher. Tu le laisse aussi mettre tant bien que mal ses pantalons seuls. Aussi bien apprendre tout de suite à se débrouiller, pendant qu'il le peut. Attendre qu'il parle pour préserver un mimimum sa dignité. Après tout, il a vaincu Malag'Ey, lui. 


- Qu’est-ce qui s’est passé après que La Chimère m’ait pris ?

La chimère m'est apparue dans la chambre du dernier triumvir. Valas m'a intimé la mission sacrée de veiller sur toi. Laisse moi t'expliquer comment cela s'est passé.   

Dans un nuage de délicate fragrance, tu reviens et t'assoit à côté du fils de Valas, sans le toucher cette fois. Ressentant son besoin de ne pas avoir de contact physique, tu respectera son souhait. 

Et toi de narrer, avec le pragmatisme et la conscience des détails que t'a inculqué Valsharess, tout ce que tu sais de ce qui s'est passé. De ton arrivée, jusqu'à ce que tu le fasse porter dans tes humbles quartiers de prêtresse. N'omettant rien, même pas ta nomination au titre de Triumvir ni la réaction d'un Urgoll aux affres de l'agonie à cette annonce. 

Malgré toi, ta voix se trouble légèrement avant de s'éteindre dans une angoisse. Tu es jeune, sans expérience. Sans réelle influence hors de ton clergé et même encore, on t'a bombardée sur un siège éjectable. Sans poste ni titre, sans soutient. Le Feu d'Uriz a ordonné que tu brigue la place de Prime Sorcier… Et que tu l'obtienne. 

Ce n'est pas cette promotion qui te fait peur, ni de mourir, c'est de faillir à cette tâche et de décevoir Krish, de décevoir les prêtres de La Chimère… D'être indigne de ta lignée… De décevoir ton peuple… De décevoir les Dieux. 

Mais comment le dire sans passer pour faible?  Toutes ces craintes qui t'assaillent, en temps normal tu les repousserait d'un coup d'épaule. Il faut croire que le manque de sommeil te perturbe. Une profonde inspiration, et tu reprend, calmement… Tout le monde attend tellement de toi. Ça a toujours été. 

La vérité est que je n'ai aucune idée de par où commencer.  

Les mots suivants t'écorchent la langue, de l'aide, tu en a très rarement demandé au cours de ta vie. Se placer en position de débitrice, tu ne le goûte pas trop. Mais bon…  

Tu peux m'aider?  

Enfiler un pantalon. La plus simple des tâches, et malgré tout un véritable combat lorsque l’on peine autant à se repérer qu’à se mouvoir. Tu pestes silencieusement, ne sachant pas réellement si tu apprécies ou pas le fait que Viconia ne se soit pas donné la peine de t’aider, soucieux tout de même de ne pas t’avouer vaincu par quelques bouts de tissus. D’autres Eldéens seraient morts pour moins que ça. Louée soit la Chimère de t’avoir pris sous sa protection. Honneur soit de Viconia faisant taire son ambitieuse nature pour obéir à son Dieu.

Tu trouves enfin position qui ne t’échine pas trop, et tu t’y écrases sans demander ton reste, attendant de la prêtresse qu’elle te compte ce que ta folie arcanique t’a fait manquer. Et il s’en est passé des choses que tes yeux n’ont pu voir. Et si ton visage ne te faisait pas autant souffrir, tu en aurais probablement ri à gorge déployée. Savoir le destructeur psychorigide accueilli par le Feu qu’il servait en tant que Triumvir ne t’étonnait pas le moins du monde, mais Viconia… Viconia était encore beaucoup trop jeune pour ça. Il lui restait encore beaucoup trop de choses à découvrir dans son domaine pour se lancer dans une quelconque carrière de décideur. Elle venait à peine de commencer à étudier l’Œil…

- Est-ce que tu penses vraiment l’aide d’un mage estropié privé de son Art judicieuse ?

C’est avec toute la gravité du monde que tu prononces ces mots. Le titre d’Ust’Melzar, voilà des années maintenant que tu le convoites, voilà des années maintenant que tu collectionnes les accolades, t’impose en tant que pilier de l’Etude Noire et de la Zho’Us Rhagar à travers tes recherches, même cantonné au sein du Puy d’Elda par ta peau trop sensible à la brûlure du soleil qui brille là-dehors. Voilà des années que tu travailles à accéder aux secrets cachés dans les tiroirs des Bibliothèques réservés à un siège actuellement vide. Voilà des années maintenant que tu cherches à te nourrir. Peut-être d’ailleurs qu’elle pourrait t’y aider.

- Pour ça il faudrait déjà que tu arrives à justifier qu’on me garde en vie assez longtemps.

Est-ce que tu penses vraiment l’aide d’un mage estropié privé de son Art judicieuse ?



Tu te lève soudainement de ses côtés, faisant craquer le matelas juste avec l'énergie que tu met à bondir. Avec la nervosité d'un félin en cage, tu passe et repasse à côté de Valsrik'Hrae, te tortillant une mèche de cheveux. Il peut sentir l'énergie que tu dégage. Ton cerveau carbure à toute vitesse, réfléchissant à plusieurs choses en même temps, évaluant les risques, les possibilités, les ressources que tu as et les ressources que tu dois obtenir pour faire cohabiter les différentes missions qui te sont confiées.  

Et tu étourdit le pâle avec ta réflexion à haute voix. Tu pense, autant pour toi que pour qu'il suive ton chemin de pensée. Tu as très peu dormi, tes cuisses t'élancent agréablement par contre, mais tu as un de ces mal de crâne!

Bon, pour récapituler, je suis triumvir. Je sais que j'ai peu, voir aucune expérience dans le domaine. Je n'ai pas d'alliés, je n'ai pas de poid politique. Je ne me voyais pas dans une situation telle, ni une situation si haute avant une bonne troiscensaines années et même encore, je ne me serais jamais vu ou j'en suis aujourd'hui…


Ta chambre, contrairement à tout ce que les gens peuvent bien penser, est nue. Murs de pierre basaltique, un lit tenturé de noir et d'argent, un coffre au pied du lit, deux grands gardes robes, Une lampe dans chaque coin de la pièce et… c'est tout. Les gens se font de toi une idée tellement erronée et tu  ne les détrompe pas. Ton antichambre est un vrai appel à la luxure et à l'émerveillement des sens, certes, mais il y a juste Lolri pour avoir accès à ta chambre, au vrai toi.

Et maintenant lui… Pour le moment, tu ne t'en fait pas trop, tu es habituée de croiser ce regard étrange aux pupilles dilatées malgré la lumière. Mais que pensera t'il en voyant cette chambre austère? La réalité derrière l'illusion que tu maintiens depuis des siècles?  Les gens ont la manie de ne jamais trop gratter sous le vernis. Qui sait quelle flamme, quelle rage peut couver dans ton coeur battant cette douce symphonie magique pour tes oreilles.  

Je n'ai que moi et le soutien des miens à apporter comme dot à la cité d'Elda et c'est nettement insuffisant. L'Etude Noire ne m'appuiera pas je ne le crains, majoritairement dû à mon âge, soyons en certains. Bien sûr, il y a Valas qui me soutient. Mais il y a une condition, veiller sur toi. L'apparition du Palais Major, alors que tu était inconscient m'était adressée. La Chimère m'a regardée dans les yeux et moi seule ait pu t'approcher pour faire de mon mieux sans qu'Elle ne tente de me mettre en pièce. Les autres prêtres et prêtresses l'ont vu et m'ont cataloguée digne de confiance.  


Le Feu D'Uriz, Krish, Continue tu respectueusement, m'a donné des instructions. Tu te dis coupé de ta magie, mais tu reste toi. Tu as l'expérience, la connaissance, le poid politique que je n'ai pas. J'ai le Feu, la Volonté certes. Mais je sais que je n'ai pas les connaissances pour y arriver seule. Mon statut de Triumvir peut peser dans la balance, mais je ne crois pas cela bon d'en user tout de suite pour m'imposer à ce poste. Cela doit-être fait selon les règles pour ménager les susceptibilité et montrer que je suis respectueuse des règles et coutumes de notre peuple. Sinon, si J'agis trop vite, je passerai pour une parvenue et le triumvir s'en trouvera décrédibilisé. Je n'ai pas eu le temps comme les deux autres de me bâtir une réputation. 

En gros, tu es sur un siège éjectable et tu le sais.  

- Pour ça il faudrait déjà que tu arrives à justifier qu’on me garde en vie assez longtemps.

Il y a des Eldéens qui ne sont pas sensibles à ta magie, Tu as d'autres talents, des connaissances. Je t'ai vu aller, tu es perspicace et intelligent. Tu as pris la décision de protéger ma vie contre mon gré, et Valas m'a assignée la mission de te rentre la pareille… Les gens t'on vu sortir, ils ont vu ce dont tu était capable avant d'entrer. Ils savent que tu as combattu et vaincu Malag. Ils ne chercheront pas trop loin. Ils ne chercheront pas à provoquer ta colère. JE connais les gens, je les observe, et je peux compter sur les doigts d'une seule main en étant généreuse, ceux qui ont essayé de voir au delà de mon sourire, mon visage et de mon corp. Je sais que tu brigue le poste de Prime-Sorcier. Si tu le désire, je t'aiderai à l'obtenir. Krish comprendra… sûrement…. Je prendrai de force alors la tête des miens.

Tu t'arrête, étourdie d'avoir trop parlé. Tu parle rarement autant pour répéter deus trois pensées qui te tournent en rond. Et tu termine en un murmure songeur en t'appuyant au mur, étourdie.

Ca ne serait pas l'idéal pour la stabilité du triumvir ni pour la stabilité de la cité d'Elda, mais je ne me mettrai pas sur le chemin des ambitions du Fils de Valas, Valsrik'Hrae Zezxyra.

- Alors tu as deux options.

Peut-être ces derniers jours lui auront-ils été particulièrement riches d’enseignements, ou alors peut-être n’as-tu jamais su voir la véritable Viconia avant ce jour, mais elle te paraît bien loin la prêtresse dont les désirs tenus à moitié secrets relevaient de l’orgueil plus que de l’ambition. Au contraire l’état d’esprit de l’Eldéenne que tu entends aujourd’hui te plaît beaucoup, et te rassure quant à ta volonté de la garder en vie. Elle sait ce qu’elle vaut. Elle sait son talent. Elle sait ce qu’une fois le temps venu elle sera capable de réaliser. Mais elle a aussi conscience de ce qui la sépare de ses buts.

- J’ai un cercle d’alliés à l’Etude Noire et au sein de la Zho’Us Rhagar auquel je fais assez confiance pour ne pas se débarrasser de moi comme d’un esclave usagé. tu soupires En tant que nouveau triumvir, en intégrant publiquement le groupe, et en faisant valoir le produit de leurs recherches, tu m’offres une certaine légitimité ton oreille se tourne, à défaut de tes yeux, vers la sorcière qu’il faudrait que tu m’aides d’autant plus à asseoir maintenant que je suis à la fois privé de mes yeux et de ma magie. Je ne peux peut-être pas créer de sortilège, lire ou écrire, mais pour peu que tu me fasses valoir auprès des bonnes personnes, je peux me concentrer sur la mise en application du produit de mon travail par d’autres.

Parce que contrairement à beaucoup de mages du civile, et en particulier de ton petit groupuscule, dont les recherches s’accentuaient autour de l’étude de sorcelleries qu’ils pouvaient se permettre d’aller chasser au dehors, les tiennes plongeaient profondément dans la racine de la technique Eldéenne. C’étaient les brutes du C’nros l’un de tes sujets d’études principaux, et c’est à partir de leur approche que tu as conjecturé nombre de tes théories. Pour peu que tu forces ton travail à arriver à fruition, tu obtiendrais des mages de guerre une approbation que jusque-là les Prime-Sorciers de l’Etude Noire n’ont jamais eu avant de prendre le titre.

- Sinon, tu pourrais simplement compter sur tes collègues triumvirs et sur leurs appuis pour prendre le titre pour toi, et de force. Les mages qui oseraient aller contre une décision même implicite du Feu d’Uriz mettraient leur intégrité en danger, ce qui même sans t’assurer une régence tranquille, limitera grandement l’adversité. tu fronces les sourcils À ce moment-là par contre, j’attendrai de toi que tu me donnes accès aux documents traditionnellement réservés à la consultation du Prime-Sorcier. Le titre ne m’intéresse pas. Ce sont les savoirs qui m’importent.

Tu t’étires douloureusement, fatigué d’avance d’avoir tant à faire dans un état aussi diminué.

- Et dans tous les cas, il sera aussi important que l’on obtienne le soutien de nos frères et sœurs du clergé de Valas. Mais je ne m’en fais pas pour ça. Ils ne me reconnaissent peut-être pas tous pour ce que je suis, mais ils savent mon talent de mage et mon respect pour La Chimère. Quant à toi, ils n’ont rien à te redire quand le Feu d’Uriz t’a prise à sa droite. tu souris sombrement Et d’ailleurs, il serait temps que je t’apprenne quelques secrets de l’Œil...

Tu réfléchis un court moment, portant grande attention aux paroles du prêtre.

Il est certain que la deuxième semble avantageuse à court terme, par contre il ne sert à rien de siéger sur un poste aux assises instables. Pour harmoniser le poid du dessus, il me faut avoir des bases solides. Sinon tout s'écroulera. Si l'Etude Noire, si la Zho’Us Rhagar n'ont pas confiance en moi, ils m'écraseront sans sourciller. Non, je dois penser à long terme. Si je survis à la course au Prime Sorcier, il me faut des alliés valables et compétents… Et quand j'y serai, il me faudra aussi un mentor. Il me fera plaisir d'apprendre avec toi les ficelles du métier. Tu auras accès aux documents.

Et tu te tais soudainement,  une évidence venant frapper ton front délicat. Tu te tourne vers le prêtre, assommée par sa révélation.

Il est aveugle? Ca explique beaucoup de chose. Comment fera t'il? se faire lire des secrets? Une idée germe dans ton crâne douloureux. Tranquillement, tu laisse la mélodie de Valsrik'Hrae envahir ton oreille… C'est triste, très triste. Mais les partitions sont là, il y a de l'espoir.

Les secrets de l'Oeil attendront un peu, je suis fatiguée et incapable d'y prêter l'attention qu'ils méritent pour le moment. Je m'en voudrais…  Je ne veux pas que les gens sachent pour ta cécité. Ca ne parait pas tant. J'aurais peut être une solution…. Ca pourrais aussi t'aider pour avancer toi même tes recherches.

Tortillant sa mèche, tu lance quelques notes dans la musique du prêtre-mage. Essayons vois s'il est réceptif à cette magie. Tu t'insinue doucement, tendrement dans Sa Musique, goûtant avec un plaisir non dissimulé la complexité de ton Art. Le plus dur n'est pas d'y entrer, c'est d'en sortir parfois.

Tu envoie au fils de Valas ce que tu vois par tes yeux. Il peut se voir, vêtu de pantalons simple, torse nu, la chevelure dévalant son dos pâle. Son torse et ses mains crispés, les murs nus de la chambre, la désarmante simplicité de la couverture de lit d'un gris unis, froissé. Comme une simple photo qui s'impose en son esprit avec une clarté étonnante.


T'envoyer une image mentale comme celle là, ca ne requiert pas beaucoup d'énergie et, dans le bon angle, je serais capable de faire en sorte que personne ne sache pour ta cécité. Je pourrais t'illusionner la réalité, mais il me faut danser pour ca, je ne suis pas encore maître. Tu pourrais lire les documents qu'ils te sied sans avoir à éventer les secrets. Il y a des clercs qui sont capables d'écrire à l'aveugle. Je pourrai copier ensuite proprement, moi même, tes notes. 

Et ca minimiserais les impacts de sa perte, et la cité d'Elda n'aurait pas à subir les impacts de sa perte à lui. La magie et la vue… Effectivement, si ca se sait, il sera un drow mort. L'importance de ta mission sacrée s'impose de plus en plus à toi.

Non seulement incapable de ressentir les appuis de Victoria à travers les énergies, mais incapable de résister à son emprise sur tes sens, tu vis ce que tu sais intellectuellement être un début de solution à tes problèmes comme une cuisante défaite. Voilà de longues années, plusieurs siècles à vrai dire, que tu as oublié ce que c’est que de voir clair, d’avoir la vue acérée comme tout Eldéen bien portant digne de ce nom, seulement tu as trop honte de ce que tu vois et de ce que tu vis pour y trouver le moindre plaisir.

- Malvoyant ou aveugle, quelle différence ? tu souffles avec dédain Ça fait des siècles déjà que personne n’attend plus rien de mes yeux. Je ne serais pas contre une paire de pupilles substitution une fois qu’il s’agira de lire, mais dissimuler ma cécité serait lâche et stupide.

Si tu as passé ta vie entre laboratoire et bibliothèques, ce n’était pas pour te cacher. C’était pour travailler. L’Elda ne te fait pas peur. La violence des tiens ne t’effraie pas le moins du monde. Qu’ils essaient de s’en prendre à toi s’ils le veulent. Qu’ils essaient de t’éliminer tant qu’ils en ont l’occasion, parce que lorsqu’Uriz te jugerait, il ne pourrait jamais te faire les plus hauts des honneurs. Et alors, tes meurtriers n’auraient plus qu’à pleurer une nouvelle strate aux terres stériles en constatant ce qu’avec toi le Puy perdait.

-  Les mages de l’Etude ne sont pas tous des imbéciles. Ils se rendront vite compte que tu n’es pas juste là pour jouer les potiches. Cacher à des sorciers – dont beaucoup sont versés dans l’immatériel – que tu es devenue mes yeux, et que mes arcanes ne me sont plus accessibles est peine perdue.

Tu te contorsionnes dans le lit, à la recherche d’une meilleure assise, espérant pouvoir prendre une posture un semblant plus assurée. Elle avait raison : tu es peut-être actuellement faible, mais tu restes intelligent. Et l’intelligence est une puissance que l’on sous-estime trop souvent. Il te reste une carte à jouer pour asseoir ton importance, accroître ton savoir, et sauver ta vie.

- Quel que soit le choix que tu fais pour la suite, sache que je préfèrerais mourir humilié pour ma faiblesse actuelle qui survivre en tant que lâche. Je suis la Reine, pas le Pion, alors s’il faut que je meure pour donner victoire au Roi… ce n’est pas moi que tu prendras à hésiter à me jeter de l’autre côté de l’échiquier. tu tournes l’oreille vers Viconia à nouveau J’ai besoin que… tu soupires et grognes, parfois intellectualiser était l’ennemi de l’intelligence Tu sais quoi… oublie tout ça. Contente-toi juste de protéger un aveugle du précipice. Je ferai le reste. tu souffles du nez Si l’Elda refuse que ma carcasse handicapée prenne le siège de Prime Sorcier, c’est qu’il y a plus aveugle que moi dans ce volcan.

Je ne te propose pas d'être une reine Valsrik'Hrae… Je ne te propose pas un rôle de pion ou de reine. Je te propose que nous soyions deux rois côte à côte. Un travail d'équipe, une égalité. Je t'ai froissé en te proposant de ne pas crier ta cécité sur les toits. Je me suis mal exprimée et ce n'est pas mon habitude. je m'en excuse. Je crois que nos qualités réciproques sont complémentaires et que nous formerions une équipe du tonnerre. Toi les connaissances et l'expérience des livres, moi l'énergie et l'expérience sociale. Et je veux que tu m'apprennes s'il te plait. Que je maitrise ce savoir sur papier, pour développer mes talents. J'aimerais que tu me montre ces secrets de l'Oeil que tu maîtrise tant… J'aimerais que tu me parle se symphonie et de partitions magiques…  

Réprimant soudain un baillement, tu se sent fatiguée, très fatiguée. Tu l'a veillé des heures durant, tu as combattu pour lui sauver la mise, les prêtres de Teiweon s'en seraient occupés et ca t'aurait simplifié la vie notablement pour accomplir les volontés du Feu D'Uriz.

Mais, le gros mais, c'est que le message de Valas est clair. Valsrik'Hrae Zezxyra doit vivre, doit passer par dessus Son Epreuve. Et toi, Viconia Elthiriel X'Ianxin, est ce que ton Epreuve à toi est de survivre au triumvirat? D'apporter enfin la sagesse de Valas à ton peuple?

Tu te frotte les yeux, épuisée. Tu n'as dormi que trois heures depuis la chute de Malag

Ecoute,

Dis tu en t'étendant de nouveau sur le lit, les yeux soudainement lourds de sommeil. tu as froid, tu es glacée par l'épuisement. Tu as beaucoup puisé dans tes énergies la veille. Tu trembles légèrement, mais tu essaye très fort de te contrôler pour qu'il ne s'en aperçoive pas.  Tu es aussi vulnérable que lui en ce moment. Sauf qu'il ne te voit pas… Du moins, tu espère que non. Tu es tout sauf présentable. 

C'est ce que je t'offre, et si tu crains pour tes omoplates, je suis prête à signer un pacte de non agression avec toi. Je m'excuse… Je suis vannée…