[Geôles de l'Etat Major] Mémoires d'un Témoin | Grayle & Viconia

Hiver - 5e ennéade de Karfias
14e année du XIe Cycle

Le lendemain de leur retour au Puy, en guise de réveil et de petit déjeuné, Grayle pu entendre la clef de sa chambre-geôle tourné dans la serrure.

La silhouette puissante d'une femme assez moyenne pour une drow, entra par l'encadrement sans la moindre gêne. Une armure de cuir noire renforcée en plusieurs endroits par un curieux métal noir volontairement terni. Deux longues dagues et un corbin pendaient à un large ceinturon d'arme. Une capeline floutait les épaules de la guerrière, cachant son crane sous une capuche visiblement fixée à sa chevelure. Mais le plus étrange était sans hésité le masque d'argent qui remplaçait son visage. Deux fentes noires traversaient la surface de métal poli sans qu'il ne puisse apercevoir les yeux de cette étrange apparition. Campée sur ses appuis, sa posture criait l'assurance et la rigueur d'un vétéran mais chaque mouvement était d'une souplesse surprenante.

L'Renor n'était pas en vue, mais l'apparition vint saisir Grayle pour le pousser dehors, le dirigeant d'une main de fer jusqu'à la porte de service. Ils glissèrent de ruelles en tunnels, usant d'une minuscule sphère renfermant des champignons luminescents pour s'orienter. Des chemins qu'un esclave tel que lui n'avait certainement jamais vu ni même imaginé. Beaucoup de détours. Et au bout du chemin, un pan de mur escamotable.

Ils pénétrèrent dans un couloir large. L'apparition regarda d'un côté, de l'autre, et l’entraîna jusqu'à une porte. Bois massif sans décoration. Derrière, un escalier descendait. D'ailleurs, ils n'avaient fait que descendre depuis qu'ils avaient quittés la propriété de L'Renor.

En bat des escaliers, le couloir plus étroit avait des relents plus souffreteux, comme si la circulation de l'air avait été volontairement mal faite. Ils débouchèrent dans une salle. Deux garde en livrée noire, portant un uniforme sans aucun rapport avec celui de l'apparition, se levèrent pour se mettre au garde à vous.

- Sesmika Viconia est déjà dans la deuxième salle. " 'inclina l'un des gardes, laissant passer les deux étrange individu sans opposer de résistance. l'apparition masqué poussa Grayle en avant, toujours prête à le frapper s'il montrait le moindre signe de résistance. Ils passèrent devant plusieurs geôles aux barreaux épais et plusieurs portes mystérieuses. Le seul prisonnier ne leva même pas la tête à leur approche, il s'enfuit le plus loin possible des barreaux, pelotonner contre le mur du fond de sa cellule en gémissant. Sa peau sombre et ses cheveux blancs le désignaient comme drow, mais il était si maigre et déformé qu'il n'avait plus que ça pour le désigner comme tel.

Ils continuèrent ainsi jusqu'à ce que la dernière porte ne s'ouvre.

La salle dans laquelle ils pénétrèrent était de taille tout à fait respectable et parfaitement éclairée pour la vision eldéenne. Une odeur de savon, de détergeant, d'eau fraîche et d'encens. Confortablement équipée et disposée à la convenance de la grande femme qui y était déjà, les rigoles sur le sol et les grilles d'évacuation désignaient l'endroit comme une salle de torture.

La femme masquée referma la lourde porte derrière Grayle, tira le verrou, s'empara à nouveau de son épaule et le jeta à genoux devant cette très haute femme... qu'il connaissait déjà.

- C'est lui. " Pour la première fois, la voix de l'apparition masquée s'éleva. Chaude. Autoritaire... Avec une pointe d’excitation et d'anticipation. " Alors ? Tout est prêt pour notre petit rituel ? "

La veille au soir, Viconia avait pu voir débarquer dans son bureau une Krish au sourire débordant d'une joie extatique... Au point d'en être effrayante. Enthousiaste au dernier degré, elle s'était accrochée à sa cadette en trépignant, lui demandant si elle pensait pouvoir récupérer les souvenir d'un esclave qui disait avoir voyagé avec Haldren Baenfere et la troupe de mage qui avait libérer le Karkal à Nisetis. Elle se foutait de ce qui pouvait arriver à la psychée du jeune homme, elle voulait seulement qu'une personne de confiance récupère jusqu'au plus petit souvenir concernant Haldren et son voyage. Le moindre détail, la moindre expression. Et si ce n'était pas possible, au moins avoir l'apparence actuelle du traître qui était allé jusqu'à ce cacher auprès des sylvains.

Dans un coin, un phoenix de sa garde se tient. Un mysticiste spécialisé dans la neutralisation de la magie… Et un bon. C'est un des premier qu'elle a été chercher lorsque Lolri a commencé à recruter les Phoenixs. Il lui servira de filet de sûreté, au cas où.

Au centre de la pièce, un cercle parfait tracé avec de la craie. Autour, aux quatre coins, un Autel dédié aux éléments au Nord, l'air représenté par de l'encens à l'odeur entêtante, lourde. Au sud par un bol rempli de sel noir, à l'est un bol d'eau fraiche et pure. A l'Ouest, un brasero qui représente le Feu … Elle n'en a pas réellement de besoin, mais il faut toujours une certaine mise en scène pour les crédules et les impressionnables. Ca permet d'ouvrir la voie pour une exploration plus facile. De plus, ca la met elle-même en condition et lui permet de se concentrer.

En cet événement, la chevelure de neige de l'Enchanteresse est tarabiscotée, sertie de talismans à l'effigie de valas, et de divers cristaux. Sa poitrine opulente n'est cachée que par une multitudes de colliers qui cliquètent à tout ses mouvements. A ses oreilles, de longs, tres longs ornements serpentins. A son bras gauche une multitudes de bijoux cliquetants. Au droit celui celui qu'elle affectionne particulièrement. L'ouroboros qui monte le long de son bras, magnifique pièce d'orfèvrerie Eldéenne. Une ceinture basse de cuir soutient une multitudes de jupons multicolores qui ondulent et bougent à chacun de ses mouvements. Nu pied, deux chainettes de chevilles avec des clochettes tintent doucement lors de sa marche, laissant une mélodie à chacun de ses mouvements.

Assise au centre du cercle, un bol devant elle, Viconia chante une mélodie préparatoire, pour la mettre en condition. Elle en est là de ses préparatifs quand ils arrivent enfin. Elle se tourne gracieusement dans un cliquetis hypnotiques vers les nouveaux arrivants. Droite, altière… Elle devrait toujours se promener ainsi vêtue plutôt que dans ses robes de prêtresses simples. Elle a de la prestance, du charisme. Ne ressemble en rien à la jeune prêtresse de Valas que tout le monde prend de haut.

Elle a une prestance d'Enchanteresse. En ce moment, le nom lui va comme un gant. Mystérieuse, la drow regarde l'humain du haut de son presque deux mètres en ondulant doucement. Dans les prunelles vertes, les paillettes sanglantes dansent langoureusement.

C'est lui. Alors ? Tout est prêt pour notre petit rituel ?
Viconia, ondulant toujours, sourit à la femme masquée.

Oui… Comme ej t'ai promis hier, si tu promet de te taire, tu peux assister. Mais tu n'interfère pas s'il te plait...

Puis, elle son regard sur l'esclave. Il doit être avisé de ce qui va se passer pour éviter quelques retours intempestifs et dangereux pour elle. Un esprit qui accepte une exploration est moins enclin à ruer qu'un récalcitrant. Et elle risque moins de se retrouver prisonnière. Krish a été avisée la veille qu'il faudrait sans doute une ennéade, peut-être deux, pour en arriver au résultat souhaité.

D'une démarche souple qui prend toute son ampleur dans le mouvements des jupes et du cliquetis de ses chevilles, Viconia va vers Grayle, s'arrête au bord intérieur du cercle. Sa voix mélodieuse traverse l'air tandis qu'elle invite l'humain à entrer dans le cercle de rituel.

Esclave Grayle… Entre… Je t'expliquerai ce que tu dois faire… [/justify]

Comme tous les soirs, Grayle rêve.

En position foetale sur le sol froid, son esprit dérive vers le passé et ses origines. L'odeur de la rosée du matin, les épis de blés glissant sous ses mains, le ciel bleu et le soleil éclatant. Qu'il était bien chez soi !

Un simple clic met fin à son rêve, son sommeil et son sourire. Le clic fut suivi par l'ouverture d'une porte, qui laissa apparaître une silhouette sombre, noire comme la nuit et féminine.

Pas un seul mot entre les deux. Grayle se leva sans résistance et la laissa le guider avec force au milieu de couloirs tortueux. Tels deux acteurs talentueux, ils connaissaient chacun leur rôle, et ne firent rien qui pouvait troubler leur partition. Le visage baissé vers le sol, Grayle se concentrait.

Droite, gauche, tout droit, droite, droite, en bas, tout droit, gauche, droite, en bas, encore en bas, porte, en haut, droite, gauche... parfaitement concentré malgré son réveil récent et brutal, il essayait de retracer le chemin parcouru. Peut-être qu'un jour, cela lui serait utile...

Lorsqu'ils passèrent devant des cellules, Grayle échangea un regard avec la pauvre apparition enfermée dans sa cellule. Guère de pitié dans le regard du paysan. Il était difficile d'en éprouver pour eux.

La dernière salle était une salle... de torture. Grayle aurait été paniqué s'il n'avait pas appris que Viconia s'y trouvait. Peut-être qu'elle serait un allié dans cette situation ? Grayle ne comprenait guère ce qui se passait, ne voulant pas réfléchir en essayant de comprendre la psyché des drows, et quelques informations n'auraient pas été de mal.

Il fut jeté pour être à genoux devant elle, tandis que derrière lui... la drow d'hier soir prenait la parole. Elle ne lui avait toujours pas donné son nom.

Lentement, pendant un temps incertain qui semblait être une éternité, les yeux de Grayle remontèrent le long des interminables jambes de Viconia, admirant la géante, dont la nudité n'était masquée que par un amas de chaines, de colliers et de bijoux, ainsi que de quelques jupons. Le tout devait être absolument hors de prix, mais Grayle, beaucoup trop détaché de sa propre situation, se surprit à désapprouver ce choix esthétique qui n'était pas à son goût.

Il n'aime pas son regard. Ce n'est pas le regard de quelqu'un qui vous veux du bien, ou compte vous aider. Encore une fois, la réalité de son statut : lui, esclave de moins que rien, elle, drow dominante, lui revient en pleine face.

Tout comme l'autre drow derrière lui, Viconia compte jouer son rôle à la perfection, et il n'y a aucune place pour les quelconques et pitoyables bribes de sentiments ou d'affection qu'elle pourrait éprouver pour lui. Point de salut. Etait-ce la fin ?

" Avec un peu de chance, oui. " lui chuchota Graïnne, penché contre son dos, invisible création de l'esprit du jeune homme, le rassurant envers et contre tout. Et il fut rassuré. Il ne voulait pas mourir. Il voulait vivre ! Encore tant de choses à faire et à découvrir loin de ce Puy et de ses hideux habitants. Mais s'il devait mourir ici... et bien, sa vie, globalement, n'avait pas été si mal. Beaucoup n'avaient pas sa chance.

- Triumvir Viconia dit-il avec déférence, sans la moindre hésitation dans sa voix. Il savait à qui il avait affaire.

Acceptant son invitation, il avança au milieu du cercle tracé à la craie, obéissant instinctivement à l'ordre de la triumvir.

Pas de peur, ni d'excitation en lui. Dans ses prunelles grises vrillées celles de la drow, seule la curiosité était présente. Et dans ce corps plus grand, plus large, plus fort que lors de leur première rencontre, une assurance surnaturelle et indomptée, celle de ceux qui se sont paisiblement résignés à leur sort.

Viconia guide Grayle jusqu'au centre du cercle, devant le bol. Puis, dansant légèrement, elle s'assied devant lui, sur les talons dans un cliquetis mélodieux. Elle lui donne plusieurs phrases simples pour être certaine qu'il comprend.

Bien, je vais t'expliquer le but du rituel Grayle. Je ne suis pas L'Renor… Je ne te veux pas de mal. Mais tu as une information dans la tête… Et je dois aller la chercher. Nous ferons plusieurs séances jusqu'à ce que je trouve. Je ne veux pas t'abîmer, fais moi confiance. Si tu me résiste, ca va faire mal pour rien, tu me suis? Nous ferons autant de rituels que nécessaires pour aller chercher tout ce que tu sais au sujet d'Haldren.

Elle attend un signe d'assentiment dont elle n'a en fait cure, puis commence le rituel. Prenant le bol entre eux, Viconia se met à chanter d'une voix suave, douce, tut en faisant tourner le récipient sur lui-même. Puis, trempe ses lèvres dedans avant de le tendre à Grayle. Le liquide est doux, goûte un peu comme le jus de pomme de chez lui. Il peut sentir une douce chaleur descendre le long de son œsophage avant de remonter et exploser dans sa tête. Les yeux de l'Enchanteresse brillent comme milles pierres précieuses.

Bois tout… Et laisse toi porter par la musique…. L'entend tu? C'est chez toi… Nous y rentrons… Amène moi chez toi.

Se relevant, Viconia se synchronise dans un bruit de colliers et de clochettes sur la mélodie de Grayle. Restant à l'intérieur du cercle, elle se met à danser voluptueusement au son d'une musique que seule elle et Grayle peuvent entendre.

*************************************************

Un ciel bleu, un champ de blé… A perte de vue… A côté d'elle, un Grayle qui lui semble grand, plus grand que ce qu'ile st réellement. Une mèche rousse passe devant les yeux de Viconia qu'elle repousse d'un air impatient. Elle est petite, peut-être un mètre soixante, avec une opulente chevelure auburn. Il n'y a que ses yeux qui restent toujours pareils, deux joyaux d'émeraude rougeoyants. Sa peau, pâle, chauffe sous les rayons du soleil.

Dans l'esprit de Grayle, elle parle un oliyan parfait.

Bonjour Grayle… Ou est on?

Il ne faut jamais exiger de prime abord… Délicatesse ou finesse. La méthode bourrin ne donne que des informations plus ou moins fiable et abîme la source. Non, la patience et le psychotrope que l'esclave a ingurgité sont ses alliés. Il connait son but. Alors laissons le montrer le chemin.

Grayle ne fit aucune difficulté. Face aux mots de Viconia, ces mots rassurants qu’il assumait immédiatement comme étant faux, il n’opposa toutefois ni résistance, ni commentaire. Comme tout jeune homme de son âge, un profond esprit de contradiction se faisait entendre quelque fois. Il était esclave, pire, humain inférieur aux drows. Il le savait, et l’avait accepté. Son corps et sa réflexion était à eux. Mais fouiller dans son esprit ? S’introduire en lui ? Une part de sa personnalité détestait ceci.

Mais, sans discuter, il accepta de se prêter au jeu. Et, aussi rapidement que Viconia, embrumé par les psychotropes baignant dans l’air, il tomba dans une semi-inconscience.

*************************************************

La chaleur du soleil était forte, sans être aussi écrasante qu’au Puy, aidé en cela par une petite brise tiède absolument idéale. Les couleurs étaient vives, un contraste puissant entre le ciel bleu, l’herbe verte et les blés dorés. Elles étaient changeantes également, comme si la mémoire de Grayle peinait à recoller les morceaux de ses souvenirs. Parfois, les couleurs pâlissaient, avant de briller de mille feux. une douce et discrète musique se faisait entendre

- Où ? demanda t-il à haute voix, en écho à la question de la rousse. Sa voix était mielleuse, apaisante, chargée de bontée, et non de mélancolie ou de la résignation habituelle qui se faisait entendre chez lui, dans le monde réel.

Si Viconia était différente, Grayle l’était également. Entièrement nu, sans que cela ne semble le préoccuper, son corps ne portait aucune trace des sévices infligés par L’Renor, ou même par qui que ce soit d’autre. Sa peau de miel était absolument parfaite, sans cicatrice, ni éraflure, ni blessure. Sa main gauche avait retrouvé son doigt manquant. Ses cheveux étaient coupés plus courts, sa barbe inexistante. Sa stature était de même, complètement différente. Il était large d’épaule et de corps, robuste, avec des jambes épaisses et puissantes. Il était ce qu’il aurait du être, sans les carnages, la torture et les peines.

Mais il ne répondit pas. Une autre le fit à sa place. Une voix douce, féminine, mais chargée d’une d’une détermination défiante qui n’était pas présente dans celle du placide paysan.

- Vous êtes à Donzenac. Chez nous.

Viconia dût se retourner pour visualiser son interlocutrice. C’était une jeune et belle adolescente. Contrairement à eux deux, elle n’était pas nue, vêtue d’une chaste et simple robe de lin clair, qui descendait jusqu’à ses mollets, n’exposant que ses avant-bras et ses clavicules. Son corps, en opposition à celui de Grayle, ne semblait pas marqué par l’effort. C’était une vraie beauté, pure, simple, mais irréaliste et surnaturelle. De longs cheveux bruns descendant jusqu’à ses pieds nus flottaient doucement derrière elle, portés par un vent qui semblait la suivre.

Chose troublante, là où le rêve, Viconia et Grayle lui-même semblaient légèrement flous et indéfinis, cette jeune femme était extrêmement nette et solide. Comme si elle se trouvait dans le monde réel.
Des yeux gris acier soutenaient sans la moindre difficulté le regard de Viconia. En observant cette jeune femme, l’intrue pouvait voir à quel point elle ressemblait à Grayle. Les similitudes étaient difficiles à définir, imperceptibles au début, avant de devenir presque choquantes. Elle lui ressemblait plus qu’une cousine ou qu’une sœur.

Une version féminine de Grayle.

Ce dernier, d’ailleurs, commença à s’évanouir dans les airs, avant de disparaître.

- Je m’occupe d’elle, Grayle. Elle reporta son attention sur l’intrue, dont elle pouvait entendre les interrogations internes.

- Je suis Graïnne. Je suis sa sœur jumelle.

Elle pencha doucement sa tête sur le côté. Ses mains se rejoignaient derrière son dos, invisibles aux yeux de la rousse.

*************************************************

Un rire se fit entendre au milieu de la pièce. Grayle, englouti dans le rêve et affecté par l’illusion, venait de rire. Mais la voix, loin d’être la sienne, était indubitablement féminine, comme si quelqu’un d’autre venait de s’inviter dans la pièce. Un rire joyeux, mais légèrement malsain.

Dans le même instant, pendant un battement de cœur, la température de la pièce chuta brusquement, avant de revenir à la normale. Invisibles, autour de Grayle et de Viconia, les esprits de sa famille commençaient à s’agglutiner.

*************************************************

- Il ne vous a pas parlé de moi, n’est-ce pas ? Elle répondit à sa propre question. Non. Non, naturellement. Pourquoi ? Il ne parle jamais de moi, et ne le ferait pas à quelqu’un comme vous.
Le dernier mot était chargé d’une hostilité oppressante, brûlante comme des milliers de soleils.

- Grayle est quelqu’un de très gentil, vous savez ? Il n’aime pas décevoir, ni faire de mal. Contrairement à… vous.

La jeune fille, trop nette pour être un simple souvenir, s’exprimait plus fortement, et semblait posséder plus de maîtrise sur le rêve que Grayle lui-même.

- Je suis maîtresse en ce domaine. Alors surveillez bien vos paroles.

Silence.

- Qu’allez-vous faire de mon frère une fois que vous aurez ce que vous voulez ? Pas de mensonges.

*************************************************

- S’il vous plaît demanda Grayle, cette fois avec sa propre voix

Vous êtes à Donzenac. Chez nous.

Ah, grayle n'A que faire de vêtements semble t'il. Avec un sourire, la petite rousse passe un œil distrait sur ses formes humaines. Si ca prend ca et une nudité complète pour pouvoir passer, soit! Tant que le chemin mène à Haldren au final.
Mais il semble que ce n'est pas le cas de tous ici. Viconia se retourne gracieusement, sans paraitre affectée par l'avatar dont l'a gratifié Grayle ni par sa nudité. Une adolescente humaine, ayant tout les morceaux où il faut et respirant la santé physique lui fait face, elle la reconnait comme une habitante des lieux. esprit, fantasme, personnalité alternative? Trop tôt pour le dire. En attente, le non verbal neutre, Viconia attend. Soutenant sans peine avec une placibilité exemplaire les prunelles d'acier. Ceux là pas plus qu'un autre ne réussira à lui faire baisser le regard. Mais une évidence lui saute aux yeux.
La sœur, ou la version féminine de Grayle, concentrée dans ces prunelles grises.
Ou…
L'arcaniste sourit intérieurement… Une personnalité alternative. Confirmé par la dissolution du mâle humain dans l'air.

- Je m’occupe d’elle, Grayle. ... Je suis Graïnne. Je suis sa sœur jumelle.

Enchantée, je m'appelle Viconia Elthiriel X'Ianxin. .

*************************************************
Le rire ne perturbe pas Viconia… Elle continue de danser, même lorsque la température chute. En toute réponse, le phoenix alimente le brasero et reste dans son coin, impassible. La connexion est faite, maintenant le plus dur reste à faire.

*************************************************

- Il ne vous a pas parlé de moi, n’est-ce pas ? Elle répondit à sa propre question. Non. Non, naturellement. Pourquoi ? Il ne parle jamais de moi, et ne le ferait pas à quelqu’un comme vous.

A l'hostilité de la femme, Viconia n'oppose qu'un calme et une placidité sans pareille. C'est une épreuve. Il est normal qu'un être veuille défendre ce qui fait de lui ce qu'il est. Détruire un corp est facile. Toucher ;a un esprit est autrement plus complexes.
- Grayle est quelqu’un de très gentil, vous savez ? Il n’aime pas décevoir, ni faire de mal. Contrairement à… vous.

J'aimerais bien voir, je vous prie, les moments où j'ai fait mal à Grayle…

- Je suis maîtresse en ce domaine. Alors surveillez bien vos paroles.
Viconia surveille ses paroles, ses pensées. Dans un compartiment de son propre esprit, hors d'accès et de perception de la "maitresse" des lieux par contre, elle commence à amasser son arsenal de guerre mental. Mieux vaut être préparée.

- Qu’allez-vous faire de mon frère une fois que vous aurez ce que vous voulez ? Pas de mensonges.

Un sourire éclaire les traites de la rousse…
Merci beaucoup de m'accorder le droit de parole... La réalité est que vous avez deux options. NOUS allons chercher ensemble l'information essentielle... Je ne ferai rien, là n'est pas mon intérêt. Je ne suis pas comme certains de mes confrères qui balaient les gens et qui els laisse en friche comme après une guerre.
D'un pas, Viconia s'approche. Les ombres virevoltent autour d'elle jusqu'à lui faire une robe de tén;ebres liquides, mouvantes et vaporeuses... Maitresse en son domaine? Certe... Peut-être.
Prenez moi comme une émissaire qui veut traiter de bonne Foi. J'ai besoin de savoir à propos d'Haldren. Nous pouvons discuter de comment ca va se passer. Si j'ai ce que je veux, je ne ferai rien d'autre que de vous laisser un souvenir de moi. Je viens en observatrice, non en conquérante.
Elle s'Arrête, toujours aimable. non, elle n'aimerait mieux pas, les combats mentaux sont épuisants… Mais elle n'Arrêtera devant rien pour accomplir sa mission. La maitresse des lieux a un choix difficile à faire, ou non. Elle collabore ou non… Est elle prête à en assumer les risques?

La paysanne fronce les sourcils et, les poings sur les hanches, dévisage la rousse, désormais habillée. Une robe de ténèbres. De la magie. Rien de naturel.

- Ca manque un peu de couleurs non ? Ce n'est pas très bon pour l'esprit de ne porter que du noir...

Juste après la remarque de Graïnne, les robes de Viconia s'immobilisèrent, et la vapeur devint textile. Le noir devint gris, avant de virer peu à peu au vert. Une simple robe de prêtresse verte, comme l'herbe qui se trouvait sous leurs pieds.

- Et voilà ! Avouez que vous êtes mieux ainsi non ? dit-elle d'une voix chantante avant de devenir plus sérieuse, mais d'un ton plus adouci que précédemment, avec un sourire aimable et amusé sur ses lèvres. Elle aurait fait penser à un Grayle souriant, mais l'esclave, même dans ses rares moments d'impertinences, ne souriait que très rarement, et ne rigolait jamais. Ca donne même envie de vous faire confiance.

- Marchons un peu ensemble Viconia. Je ne sais d'autre de vous que ce que connais Grayle. Faisons connaissance... le temps qu'il puisse se rappeler d'Haldren.

Elle s'éloigna, invitant la visiteuse à marcher à ses côtés. Elles empruntèrent un large chemin de terre au pied d'une colline,, qui rapetissait au fur et à mesure que les deux femmes avançaient sur ce dernier. En contrebas, Viconia pouvait apercevoir les champs s'étendre à perte de vue, et même remarquer, au loin, une mer scintillante et limpide, sur laquelle se reflétait les rayons du soleil.

- Comment était votre enfance ? Est-ce que vous en aviez de bons souvenirs ?

D'autres questions s’enchaînaient, pour rythmer la marche.

- Qu'est ce que vous vouliez faire quand vous étiez petite ? Triumvir ? Vous avez déjà eu envie de partie de chez vous ?

Un jeune homme maniant une faux, à la fois tout près et extrêmement loin, fauchait avec régularité les épis. La sérénité de ses mouvements semblaient se transmettre au reste du paysage, au point que la drow elle même pouvait la ressentir, de la même manière que communiquent les fous rires.

En haut de la colline, de grandes statues étaient disposées en cercle, étant apparues d'un seul coup, le rêve se reconstituant au fur et à mesure de leur avancée. Chaque statue, faite en pierre recouverte de mousse et de lichen, représentait une divinité, avec une fidélité louable. Les dieux humains, Néera, Tyra, Othar, Kyria et Arcam y étaient naturellement représentés, avec des offrandes correspondantes disposées devant les statues.

- Les mêmes que chez nous commenta Graïnne. Et celles-ci... sont comme celles de chez vous dit-elle en en désignant un autre cercle de statues.

Dans le monde de Grayle, les dieux drows aussi avaient droit à leurs autels. Uriz, Teiweon, Natha, Isten, Meingal, Tesso, Kiel, Valas, Kiran & Leetha ainsi que Zhak'Bar étaient tous là. Leurs offrandes, exception faite de Natha, n'étaient pas aussi nombreuses ou généreuses que pour les dieux humains, mais étaient néanmoins présentes. Majoritairement le produit de ses récoltes, de l'argent, et des cadavres d'agneaux sacrifiés. Et du sang. Tout ce qu'un enfant de la terre pouvait offrir, avec sincérité, aux dieux du pays dans lequel il vivait.

- S'il n'avait pas été exilé, Grayle aurait voulu être prêtre. Pensez-vous qu'il en aurait fait un bon ?

Grayle, après de nombreuses introspections, s'était converti aux cultes drows. Pour lui, les dieux drows existaient autant que les siens. Et, s'il devait vivre au Puy, mieux valait se les mettre de son côté.

- Les combats à morts, sacrifices et autres... orgies ne sont pas souhaitables ici, reprit-elle pour commenter ces offrandes que certains dieux auraient jugés décevantes.

Elle poussa un rire léger, avant de tendre une main fine vers Viconia, ses yeux brillants. Nulle manipulation, nulle manœuvre, nulle tromperie dans sa proposition.

- Mais je crois que Natha apprécie la danse. M'en accordez vous une, pour lui rendre hommage ?

Le noir et les ténèbres n'ont pas court dans cet esprit… Etrange, humain. Viconia se laisse faire et laisse sans problème la robe virer au vert… Au moins ce n'est pas blanc, ou pire… Rose… Si ca prend ca pour ne pas massacrer son sujet , elle s'y plie de bonne grâce. Laisse couler le sarcasme de Graïnne avec un stoïcisme déconcertant. Plutôt elle emboite le pas de la personnalité alternative qui la guide de plus en plus loin dans la psychée de Grayle.

Ce paysage bucolique, inconnu de l'arcaniste, s'étale devant ses yeux. Concentrée, Viconia enregistre tout mais ne montre aucun signe d'émerveillement. Il est vrai que la paisible sérénité de la scène est apaisante, très loin de ce qu'elle connait ou a connu en la magnifique et ténébreuse cité d'Elda.

- Comment était votre enfance ? Est-ce que vous en aviez de bons souvenirs ?

************************

Dans la réalité, Viconia fait deux pas de travers en ondulant comme un serpent, avant de se pencher lentement vers l'arrière, bougeant langoureusement les poignets. Les hanches ondulent en rythme lent, apaisant

************************

Des fenêtres s'ouvrent dans le paysage… Par celle ci on peut voir ce que nous pourrions appeler films.

Une gamine qui danse, seule dans les ruelles coupe-gorge. Sans craindre ni les ombres ni les ténèbres.

Des jeux entre gamines… Innocents, la cache-cache… Un dortoir, des confidences sur les oreillers… Les premiers émois amoureux… Ryth'Ten qui la regarde danser pour lui, une fleur d'Amaranthe dans les cheveux

Une drow minuscule, agée, balafrée aux yeux verts et aux cheveux aux reflets ensanglantés qui bercent une fillette aux yeux identiques qui trouve un réconfort certain dans ses bras. à la cuisse de la vieille drow, Graïnne peut reconnaitre la dague de Viconia. .

J'en ai pleins d'autres semblables, mais voici ce qui résume la majorité d'entre eux.

Répond Viconia d'un ton réjouit. L'un après l'autre, les fenêtres se ferment… Gagner la confiance certe, mais ne pas exposer plus que nécessaire… Etre un vernis, un bel emballage qui se conforme à ce que les autres souhaitent voir, elle sait faire, y excelle… La brunette aux yeux gris semble ravie de ce qu'elle voit. Et elle en demande plus.

Qu'est ce que vous vouliez faire quand vous étiez petite ? Triumvir ? Vous avez déjà eu envie de partiR de chez vous ?

Viconia répond, sybilline.

Je suis exactement où je dois être, de la façon dont il doit être. Les dieux en ont décidés ainsi… Pour partir, non, je suis une fille du Puy, forgée par les flammes et la pierre. Grayle a été façonné par l'herbe, l'air et la terre…

La prêtresse de Valas regarde Grayle, parce qu'elle devine que c'est lui, faucher ses épis… C'est ici qu'il se retranche quand tout va mal. Une contrée avec milles points d'évasion, avec du blé à faucher mentalement pendant qu'on le torture… Intéressant. La psychée humaine est… fascinante. Tournant les yeux, l'enchanteresse aperçoit les Autels… Regarde avec une déférence parfaitement feinte les dieux humains, avant de se tourner avec une déférence plus sincère vers les autres. Ses dieux. Même si le Nahali sera refusé à un humain, il les vénère… à sa façon. C'est mignon...

Je ne sais pas s'il aurait fait un bon prêtre… Mais nous avons chacun notre façon d'Aborder notre Foi. Il a la sienne et c'est aux seuls dieux de juger si elles leur conviennent ou non

Puis la proposition de danser... Il y a deux options... Accepter ou refuser. Refuser ferait aller sa mission plus vite, certes, mais par méfiance l'humain gardera des informations peut-être essentielles.... Accepter sera plus long de temps, mais elle sera gagnante sur le long terme. Le choix se fait en un tourne main, aucune hésitation.

Comment pourrais je refuser d'honorer Natha? Mon temps est compté cependant... Dansons et nous reprendrons notre conversations plus tard Graïnne... Les dieux priment.

Et la main fine de la rousse de prendre la main fine de la brunette… Miroir en miroir, serpentines, voluptueuse, les deux psychées dansent de concert en un hommage privé pour la déesse de la Fertilité. Le vert et le gris s'entremêlent, les poignets ondulent et montent et descendent… Les hanches se frôlent en une danse lascive mais retenue. Il se passe un moment ainsi avant que la jeune rousse se retire, se dissolvant dans l'air chaud de la colline aussi doucement qu'une brise emporte une feuille.

***************************************************

Viconia s'arrête de danser. Les prunelles reprennent leur teinte d'origine, d'émeraudes rougeoyants tandis que dans un bruit de colliers et de clochettes elle reprend sa position d'origine. Le premier rituel est terminé.

Alors que le rituel finissait, Grayle tomba vers l'avant sur le sol. Un petit "bonk" se fit entendre, suivi d'un "aie" un peu pitoyable. Grayle se releva, les yeux injectés de sang. Il se sentait... fatigué, vidé de son essence et de son énergie. L'épuisement total. Ce n'était pas quelque chose que l'endurant jeune homme avait l'habitude de sentir. Il regarda Viconia avec un air abasourdi.

- Il... s'est passé quoi ?

Il n'avait absolument aucun souvenir. Le rituel avait commencé, et l'instant d'après, il se réveillait et se retrouvait là. La drow semblait passablement épuisée. Il s'inclina.

- J'espère que vous avez eue ce que vous cherchez.

Mais, hélas ! Déjà on le traînait par la peau du cou pour le jeter dans une cellule voisine. Crevant de sommeil, Grayle eut la surprise de voir que la cellule était bien fournie. Cossue même, avec des poufs de toutes les couleurs, de l'eau, et de la nourriture à foison.

Combien de temps allait-il y rester ? Il n'en savait rien.

* Si on me laisse ici... c'est qu'on a encore besoin de moi. Et donc, qu'elle n'a pas ses informations. *

Il se sentit triste. Inutile. Etait-il donc d'aucun secours, même pour ce genre de choses ? Il se promit de se concentrer afin de faciliter le travail de Viconia.

Mais, profitant de l'instant présent, il mangea absolument tout passant par la main, et s'endormit comme un sac, en position foetale, après avoir réunis tous les poufs en un seul tas.

********

Un " muah ? " fut sa seule réponse alors que la porte de la cellule s'ouvrit à la volée, et qu'il fut amené encore une fois près du rituel. On le forca à s'agenouiller, encore une fois, alors qu'il restait silencieux, écoutant bien les instructions.

- J'espère que ca marchera dit-il avec sincérité, avant de boire le liquide, et de tomber, encore une fois, avec une scandaleuse facilité, sous la coupe du produit et des effluves.

********

La drow, sous sa forme réelle, se retrouve au milieu d'un champs de blé. Ce dernier, loin d'être aussi massif que lors du précédent "rêve", est néanmoins de taille raisonnable, mais réaliste. Le ciel bleu est tacheté d'épais nuages blancs inoffensifs, alors que le soleil, au zénith, tape fort sur la terre fertile qu'il illumine.

Elle est seule. Personne n'attend la visiteuse.

Ce n'est qu'après de longues minutes qu'une silhouette fait son apparition devant elle. Graïanne est revenue, toujours aussi mutine et rayonnante de fraîcheur. Ses prunelles grises se fixent sur Viconia.

- Bonjour. Déjà de retour.

Entre ses bras se trouve un panier garni de plusieurs bouquets de fleur. Elle sourit.

- Je dois apporter ça à Grayle. Vous me suivez ?

Lentement, elles se mettent en marche. Elles traversent le champs de blé. La terre est brûlante, ni trop dure, ni trop molle. Les épis semblent caresser le corps des deux femmes, alors que Graïnne passe doucement ses mains à travers les épis.

Une fois sorties du champs, elles avancent vers une grande maison. Une ferme, grande, ancienne, en bois, en brique et en terre, au toit de chaume et de tuile. On peut sentir l'histoire avec un grand H se dégager de ce bâtiment, construit, modifié, agrandi, reconstruit décennies après décennies, siècles après siècles. Un mélange bâtard mais harmonieux de techniques de construction successives. Il y a de quoi abriter une bonne trentaine de personnes à l'intérieur, au bas-mot.

La porte d'entrée est éclaboussée de sang.

Toutefois, la ferme est animée, avec un verger de pommiers et de cerisiers, et une basse-cour avec porcs, canards, poules et même quelques petites brebis bêlantes qui sautent autour de Viconia. Aucun animal ne semble se soucier des traces de sang sur la porte.

Mais outre les deux femmes et les animaux, personne. Ni à l'intérieur de la maison, ni dehors, ni même au loin.

Elles passent par une petite cour. Droit devant à quelques dizaines de mètres, se trouve Grayle. Agenouillé et immobile devant un grand arbre, un énorme amandier aux fleurs roses, il prie. Il n'a pas remarqué la présence des deux femmes.

- Tenez chuchota Graïnne à Viconia en lui mettant le panier de fleurs entre les mains. Elle désigna Grayle d'un mouvement de la tête.

- Apportez les-lui.

Au moment où Viconia repose son regard sur Graïnne, cette dernière a déjà disparue.

Ca va esclave Grayle… Détend toi.

Susurre doucement Viconia le lui faisant boire le breuvage dans un bruit de colliers

L'important n'est pas le temps pris pour y parvenir, mais d'y parvenir…

*******************************************

Un champ de blé, un ciel avec de doux nuages blancs… Ah? Elle est dans une autre partie de l'Esprit de Grayle… Et il l'a accepté telle qu'elle est. Les doux épis effleurent les genoux de la grande drow tandis qu'elle évolue, dans un bruits de clochettes, au travers du blé. Il y a quelques minutes où elle évolue tranquillement, sentant le soleil chauffer sa peau, se dirigeant délicatement vers l'endroit où elle pressent qu'il y a les souvenirs de l'humain. Puis, la personnalité alternative apparait, identique qu'à leur première rencontre. Bon point, ca veut dire qu'elle na ni effarouché, ni irrité le sujet.

- Bonjour. Déjà de retour.

Bonjour, certes… J'ai toujours besoin de ces informations. Des vies en dépendent. Outre cela, ca me fait plaisir d'être ici… C'est paisible.

Entre les bras se trouve un panier garni de plusieurs bouquets de fleur. L'humaine sourit.

- Je dois apporter ça à Grayle. Vous me suivez ?

Bien sûr! Ce n'est pas une option…

Répond aimablement Viconia avant d'emboiter le pas. Elle laisse l'esprit de Grayle mener où il souhaite la mener. Quand elles se remttent en marche de concert, Viconia enregistre mentalement la disposition des choses. En cas de force majeure, il lui sera alors possible de forcer le passage qui a déjà été ouvert et ca sera plus facile envahir l'esprit par les brèches que l'Arcaniste déverrouille très discrètement lors de ses passages.

La grande ferme fait sourire Viconia… Manifestement, il est un humain pour qui les racines sont importantes. Venant d'un être aussi éphémère, cela a de quoi surprendre. Le sang sur la porte, l'Enchanteresse l'analyse comme une symbolique de drame… Manifestement, tout n'a pas été très paisible en la demeure… Mais elle ne relève pas plus, Graïnne a manifestement un autre but en tête. Et, de totue façon, les racines de l'esclave, ce n'est pas ce que Viconia est venue explorer.

Aussi traverse t'elle la basse cours, caressant les animaux à sa portée, les analysant de son toucher délicat, prenant la connaissance de leur place et de leur signification pour l'humain…

Elles arrivent enfin dans la cours. Un énorme arbre aux fleurs roses, un homme qui prie.

Elles passent par une petite cour. Droit devant à quelques dizaines de mètres, se trouve Grayle. Agenouillé et immobile devant un grand arbre, un énorme amandier aux fleurs roses, il prie. Il n'a pas remarqué la présence des deux femmes. Penchant la tête de côté, Viconia l'examine attentivement. Mais Graïnne a d'autres plans en tête. Enfin la laisse t'elle s'approcher de la personnalité principale des lieux.

- Tenez... Apportez les-lui.

Bien, l'arcaniste sait ce qu'il lui reste à faire. Une caresse sur les fleurs de la surface, elle y rajoute un bouquet de fleurs eldéennes en surplus. Un beau bouquet de lys noirs. Puis, elle s'approche de l'homme et s'agenouille à côté de lui.

Bonjour Grayle... Je t'apporte ceci de la part de Graïnne, j'ai rajouté un petit quelque chose. Dis moi... Qui prie tu ainsi?

Grayle resta muet un bref instant, avant de pivoter son visage vers elle. Il n'avait pas l'air juvénile du dernier rêve. Le Grayle devant ses yeux était celui d'aujourd'hui, plus grand, plus âge, plus mince.

- Bonjour Triumvir Viconia. C'est gentil d'être venue.

Voyant le panier, il tendit les bras afin de le prendre entre ses mains. Il caressa les fleurs d'une main appréciatrice, avec la tendresse d'un père pour son enfant. Il se saisit du lys noir, qui détonnait au milieu du bouquet multicolore de roses, de coquelicots et de pensées.

- Ca me touche. Merci. Il le porta à son nez et l'huma délicatement. Il sent bon.

Doucement, il déposa le panier. Devant l'énorme arbre se tenaient 9 tombes, faites en pierre. Sur chacune étaient inscrites un nom, ainsi qu'une date de naissance et de mort.

Maria Gardair : 996 Xe cycle – 998 Xe cycle
Graïnne Gardair : 994 Xe cycle – 999 Xe cycle
Dewen Gardair : 995 Xe cycle – 4 XIe cycle
Cervie Gardair : 997 Xe cycle – 8 XIe cycle
Adrian Gardair : 3 XIe cycle – 10 XIe cycle
André Gardair : 4 XIe cycle – 12 XIe cycle
Callagh Gardair : 2 XIe cycle – 12 XIe cycle
Camelia Gardair : 970 Xe cycle – 12 XIe cycle
Kurok Gardair : 964 Xe cycle – 12 XIe cycle

Il n'y avait besoin d'aucune explication pour que Viconia sache pour qui Grayle était en train de prier. Les tombes, amalgamées les unes contre les autres tel une meute d'animaux se tenant chaud en hiver, étaient généreusement fleuries. Il sorti délicatement les fleurs du panier et les déposa près des tombes, sur celles qui étaient déjà présente. Le lys noir fut déposé sur la tombe de Camelia Gardair.

- Même s'ils sont avec moi, ici, je leur rend quand même visite. Je ne peux pas le faire au Puy.

Il resta silencieux.

- Je suis un mauvais frère et fils.

Ils discutèrent un peu, entrecoupés de longs silences qui ne gênaient personne.

- Je sais pourquoi vous êtes là. Haldren n'est-ce pas ? Je crois... que je peux me souvenir.

Il referma les yeux, reprenant sa prière. Puis, d'un seul coup...

Ils plongèrent dans l'eau. Dans la mer.

Il n'y avait plus la lumière du soleil. Juste l'impression de s'enfoncer dans une boue dense et irrésistible. Elle les entraînaient vers le fond en cherchant à les étouffer. Le sentiment d'être tombé dans une sépulture remplie de vers, alors que le corps craqueit, enserré par des êtres inconnus en testant la résistance. Puis, elle crut passer au travers d'une chute d'eau, et ils basculèrent d'un monde à l'autre.

Il eut d'abord le noir, puis une chaîne argentée de silhouette se dessina. L'eau déferla et les emportèrent. Elle pouvait apercevoir Grayle, qui dégringolait dans le vide. Des lueurs vacillantes apparurent, puis l'obscurité laissa place à des formes étranges, vertes, brunes et grises. Couleurs de la pourriture, du fumier et de l'eau croupie. De la ferme, de la mer et de la mort.

Des silhouettes inquiétantes se tortillaient tout autour d'eux : des guivres pâles et batraciens sombres, d'autres créatures à l'apparence cauchemardesque, aussi vastes que des îles englouties ou minuscules comme des grains de poussière. Des entités de toutes formes -ou informes - passèrent autour d'eux, alors qu'ils continuaient de couler. Un pilier incurvé d'écailles irisées la frôlait à toute vitesse, avant de disparaître au dessus d'elle. Au loin, un oeil aussi grand qu'une montagne la fixait. Une mâchoire aussi large que des continents, chaque dent assez grande pour emplir l'horizon, s'ouvrit lentement, l'aspirant vers une mort certaine.

Une voix, si forte qu'elle en était indiscernable, remonta des profondeurs. L'appelait. Impossible d'en distinguer les mots, mais tout aussi impossible de ne pas comprendre, instinctivement, ce qu'elle disait.

La main puissante de Grayle se saisit du poignet de Viconia, et il la tira brusquement hors de l'eau.

Ils se retrouvèrent dans l'enceinte d'une forteresse. La pluie tombait à verse, et un groupe de voyageurs, les visages encore masqués par les capuches, se présentaient à l'entrée. Les couleurs étaient mornes, et changeaient parfois de teinte, comme un souvenir qui avait du mal à se préciser. Personne ne faisait attention à Grayle, ni à Viconia, invisible au milieu de tous ces gens.

- Cet endroit s'appelle l'Aurore. C'est ici que j'ai rencontré Haldren, pour la première fois...

A genoux, côte à côte, devant les tombes, l'arcaniste garde la position de convenance, patiente et attentive. Lisant les noms sur les épitaphes. Un silence simple envahit les lieux. Qu'elle finit par briser d'une voix douce.

C'est ta famille? Je vois le nom de Graïnne

L'humain pointe les tombes correspondantes à sa réponse.

Mes frères, soeurs et mes parents

Tu es le dernier? Il y a beaucoup de gens... je t'offre mes condoléances Grayle.

Le blond soupire.

Oui, il n'y a plus que moi. C'est pour ca que j'ai été chargé d'aller au Puy...

Relevant la tête, Viconia voit l'Elda à l'horizon, lointain, splendide… Son chez elle… Il ne dépare pas dans ce paysage bucolique, trônant, dominant la ferme en quelque sorte, mais sans l'écraser.

Je sais ce que c'est que d'être la Dernière... Elle lui prend la main et la serre brièvement en signe de réconfort Quel est le lien entre tes racines et ma demeure?

L'humain prend doucement la grande main fine et glisse ses doigts entre ceux de la drow

C'était l'endroit le plus éloigné possible où m'envoyer.

Grayle regarde le Puy, mais avec une haine farouche, ardente. La drow acceuille cette émotion et la dévie habilement pour qu'elle ne contamine pas sa psychée.

Chez nous, tuer le Père est puni par la mort. Mais j'étais apprécié, alors j'ai simplement été envoyé chez vous

Ahhhhh…. La nature de son tourment. Il a commis un parricide donc. Rien de bien traumatisant pour un Eldéen. mais pour un humain à la vie si courte, il est vrai que ca peut causer moults dommages. Surtout pour quelqu'un dont le monde mental est si attaché à ses racines. Ils l'ont condamné à mort… Surtout qu'il est entre les mains de la Rose Noire.

Ils auraient mieux fait de te tuer tout de suite, ca aurait été plus charitable.

Peut-être... mais ce n'est pas à moi de discuter le choix des dieux et des ancêtres. Et je n'en mérite pas moins. On a été assez généreux pour me laisser une porte de sortie... a moi de la saisir...

Elle fronce un sourcil dubitatif, regardant toujours son chez elle…

Une porte de sortie chez les miens?

Oui...

Manifestement, il n'a pas envie d'en parler et essaie doucement de retirer sa main, mais elle lui serre une dernière fois la main immatérielle de son esprit qui lui est ouvert, avant de dénouer doucement ses doigts. Il ne faut pas trop forcer la note.

Désolée Grayle, je ne voulais pas être indiscrète. Je respecte ton intimité.

Puis contemple les tombes fleuries, sentant le changement chez son sujet d'exploration. Et il lui fait prendre un raccourcit l'enfoiré. Sans l'avertir. Ce qui est très dangereux. L'eau, la mer… Chez les siens, les transitions se passent plus volontiers dans les murs de flammes… Etendant une main, Viconia laisse aller un ruban immatériel la liant à l'incarnation de l'esprit de Grayle. D'un autre mouvement, elle se crée une bulle, une genre de capsule transparente pour se protéger de ce chaos. Bien èa l'abrit, elle contemple donc l'envers du décor de l'esprit de Grayle… qui descend dans le vide, l'emportant avec lui, le lien de ténèbres absolues de Viconia ne déparant pas ces visions qui feraient frémir n'importe qui d'autre qu'un Eldéen.

Les miasmes de l'esprit torturé de l'humain se révèlent alors dans toute sa sombre splendeur. Guivres et batraciens tournant leur morne attention sur l'intruse… D'autres minuscules allant par volées, d'autres immenses… Et le seigneur des lieux… L'Oeil…

Dans sa bulle, la mage de l'esprit plisse des yeux, affrotnant le regard mais sans montrer signe d'hostilité. Deux compartiment plus loin, elle ramasse en vitesse ses forces, les faisant tenir prêtes. La mâchoire veut l'engloutir. La perdre pour l'éternité dans l'Esprit de l'humain.

********************

A l'extérieur, il y a des fluctuations arcaniques. Le phoenix se tend soudainement, attentif. Mais totu se stabilise rapidement, Viconia continue a danser

********************

Fermant les yeux un instant, invoquant Valas, Viconia se prépare… Mais la poigne puissante de Grayle la ramène ailleurs. Un ailleurs meublé d'une forteresse et où il pleut. L'image est floue… Aussi Viconia ne dit pas à Grayle que la prochaine fois, ses raccourcis il peut se les garder. Elle garde un silence digne, royal.

- Cet endroit s'appelle l'Aurore. C'est ici que j'ai rencontré Haldren, pour la première fois...

Alors s'avance t'elle dans le souvenir… De deux pas. Puis se tourne vers L'humain.

Guide moi dans ton souvenir… Et, s'il te plait. pas de raccourcis.

- Un raccourci ?

Il la regarda sans comprendre, avant d'hausser les épaules. Il passait simplement d'un souvenir à l'autre. C'était normal. Quelle était cette histoire de raccourci ? Grayle, peu expérimenté dans le domaine des voyages oniriques, se concentra sur la scène qui se déroulait devant leurs yeux.

- Nous sommes partis de Diantra pour arriver à l'Aurore. Il y avait des mages, et notre chef, Cécilie de Missède, voulait demander conseil.

Grayle donnait beaucoup de détails qu'il n'aurait jamais livré en temps réel. Mais ici, dans sa mémoire et dans son subconscient, lorsque le sujet ne le touchait pas personnellement, le jeune homme avait du mal à faire la part entre ce qu'il devait révéler et devait cacher.

Ils avancèrent, aussi bien physiquement que temporellement. Si les environs et les personnes étaient figés dans le temps, parfois, tout devenait flou, alors que le temps accélérait. Ils se retrouvaient quelques instants dans le futur, avant de revenir à la situation précédente, Grayle y ajoutant un détail, comme une personne du groupe qu'il avait oublié. Parfois, Viconia pouvait observer ce qui se passait sous toutes les coutures. Parfois, elle voyait tout du point de vue du Grayle du passé. Le groupe avanca dans l'enceinte du château, avant de se trouver devant l'archimage Nakor ainsi que l'elfe Dunraël. Entre eux, Cécilie de Missède, la demi-drow T'sisra et le jeune mage itinérant Shematt, il y avait une grande concentration de magie, que Viconia peut distinguer par de vives couleurs autour de chaque magicien, d'intensité variable en fonction de la "puissance" que Grayle estimait chez chacun d'entre eux.

Grayle pointa chacun du doigt avant de dire leur nom, avant de désigner la petite silhouette avec eux.

- Elle, c'est Elia. La fille d'une guerrière qui nous accompagnait. Mais elle est morte en chemin.

Brusquement, une porte s'ouvre, et un déluge d'eau se déverse à l'intérieur du couloir d'entre de bois et de pierre de la forteresse. L'eau de mer s'écrase contre les murs, renverse tables et chaises, mais est proprement ignorée par les personnes, qui continuent de discuter comme si de rien n'était, l'eau jusqu'au cou.

- Hung...

Grayle se met à gémir, et se tient la tête.
La mer charrie avec elle des épaves, ainsi que des cadavres, et du sang. Beaucoup de sang. Avant de se retirer magiquement, et de disparaître derrière la porte de bois, qui se referma. Tout était désormais humide et poisseux de sang.

- Désolé... j'ai failli... me laisser envahir par le souvenir...

Il dégluti.

- Haldren n'est.... pas encore là.

Tout s'accellerre, devient flou. Ils se retrouvent au dîner. Tout le monde est assis autour d'une immense table pleine à craquer de nourriture et de boisson. C'est un dîner luxueux et exceptionnel, digne des rois. On peut d'ailleurs voir le Grayle du passé absolument dévorer tout ce qui lui passe par la main. Les mages parlent et débattent. La discussion est animée, presque houleuse, voir haineuse.

- Blablablablabla !
- Blabla ?
- BLA !
- BLALALALABLABLA !

Grayle soupire et offre un sourire peiné à Viconia.

- Ca parlait de magie et de souffles. J'en pigeais pas un mot, donc je n'ai pas vraiment de souvenir de ce qu'ils disaient.

La discussion et le dîner continue d'avancer. Puis, d'un seul coup, une faille apparaît au dessus de la table... et un grand elfe, aux longs cheveux noirs de jais, et au beau visage d'elfe, s'écrase avec fracas sur la table, envoyant de la nourriture partout.

- Et voilà Haldren...

La scène devient apocalyptique. La moitié de l'assistance se retrouve recouverte de nourriture et de vin. Haldren se lève lentement, époussetant ses robes, avant d'insulter l'archimage

- Par les couilles atrophiées d’Uriz le Maudit ! Nakor, qu’avez-vous encore fait comme bêtise ? Oui je suis sur que c’est de votre faute ! A rayonner ainsi de magie, vous agissez comme un aimant qui a attiré à lui mon sortilège de téléportation. Bon sang, vous avez vos vapeurs ou quoi ? Pourtant vous ne devriez pas être touché par la ménopause, à moins que vous ne me cachiez des choses !

Grayle détourna un peu le regard, honteux de se souvenir avec perfection de cette insultante tirade. Mais il ne put s'empêcher de ricaner un peu, chose surprenante tant le Grayle du monde réel ne montrait que très rarement d'émotion telle que l'humour ou la joie. Mais avec le recul, il trouvait que c'était une sacrée tirade. La gêne et la colère qu'elle avait fait naître chez lui à l'époque étaient depuis longtemps oubliées.

Il avait accepté que les mages, aussi, pouvaient être des têtes de cons.

Nakor répondit alors, l'insultant d'un air visiblement plus amusé, avant de présenter l'invité.

"Nonnnnn! Bien sur que non Haldren! Espèce de dégénéré congénital en perruque! Vous tombez là au milieu d'un table, vous fichez en l'air toutes les victuailles mais nonnnnnn, vous ne nous dérangez pas non! Et cela serait de ma faute? De ma faute? Alors que c'est vous le plus grand incapable de ce monde! Vous ne maîtrisez pas votre satanée magie!"

"Mesdames, Messieurs, je vous présente Haldren Umbarion, archimage de son état, ancien drow, nouvel elfe! Jean?

- Bon, j'en ai assez, je me casse

Le Grayle du passé se leva, tourna les talons et, ses pieds épais résonnant sur le sol, sortit de la pièce avec une fureur contenue, disparaissant derrière la porte. On entendit ses pas s'éloigner, puis se rapprocher, et il revint dans la pièce, se saisit de son assiette, d'un morceau de pain, d'une pomme et d'un verre de vin et, son butin dans les bras, repartit dans un silence parfait.

Et avec son départ, le souvenir commença à s'évanouir...

Levant la main, Viconia fais un mouvement de travers arrêtant le souvenir alors qu'il se dissipe. Elle se met alors à danser dans la tête de Grayle, faisant rembobiner le bout de souvenir qui l'intéresse. es deux Viconia, celle dans la réalité et celle dans la tête de l'humain se mettent à évoluer différemment, ressemblant soudainement plus à un cobra ondulant qu'une danseuse. Un sourire éclaire les traits sombres de la jeune drow tandis que clochettes et colliers s'entrechoquent rythmiquement.

Adroitement, elle extirpe le bout qu'il faut et le flanque sans ménagement dans un compartiment étanche de son esprit. Parfait, absolument parfait. Elle n'attendait pas un résultat positif si rapidement.

Je te remercie Grayle… Continue de chercher, je reviendrai. Je dois y aller maintenant.

Et l'Enchanteresse de se dissoudre, terminant la séance.

*************************************

Pour réémerger dans la réalité, le souffle court. Et de se tourner vers Krish sans se soucier de l'état de l'humain. Non, elle ne l'a pas abîmé, de ca elle est certaine.

Krish, j'Ai une part de ce que tu cherches. Veux tu que je te le décrive ou que je te montre?

Le feu d'Uriz réfléchit un moment, le regard doré terni par ce dilemme intérieur. Puis, finit par soupirer de frustration.

- Ce serait trop dangereux pour toi de me le montrer. Décris moi tout ce que tu as aussi précisément que possible.

Viconia inspire profondément avant de commencer sa description. Aussi épuisant cela puisse t'il être, vaut mieux raconter pendant que c'est "chaud"

Il est allé à l'Aurore avec une Cécilie de Missède, pour demander conseil. Si tu veux me demander sa description à elle ou celle des lieux, je peux te la donner. Ils se sont retrouvé autour d'un banquet. Ca discutait ferme, mais Grayle n'a rien compris d'autre que ça parlait de Souffles et de Magie, je ne peux en dire plus sur ce point malheureusement… Tout le monde mangeait et buvait sur le fond de cette discussion houleuse quand un portail s'est ouvert. Et celui que tu recherche s'est vautré dans les mets, envoyant de la nourriture partout. de ma taille quand je marche, de longs cheveux noirs et des yeux verts pâles, plus pâles que les miens, le visage mince, dédaigneux. Une bouche à la lèvre supérieure mince, inférieure légèrement plus ourlée. Un nez droit de petite taille, déformant l'harmonie générale du visage soulignée par deux pommettes proéminentes. Le front haut, sans plis. Le menton volontaire, légèrement proéminent. Deux sourcils bien dessinés, arqués en position de colère. La mâchoire est un peu trop carrée pour un elfe mâle je dirais. Mais je n'ai peut-être pas les bonnes références pour en juger… La peau pâle, ma constitution je dirais même si sous ses robes riches, je ne peux jurer de rien. Tu ne m'avais pas dit que c'était un elfe?

Il se lève et s'époussette avant d'invectiver un humain. Un vieil humain à la barbe longue. Et il lui dit, mot pour mot, que je te relaye afin que tu puisse vérifier son identité par toi-même. Puisse Uriz pardonner mon blasphème.

Viconia frissonne. Puis reprend son récit.

Par les couilles atrophiées d’Uriz le Maudit ! Nakor, qu’avez-vous encore fait comme bêtise ? Oui je suis sur que c’est de votre faute ! A rayonner ainsi de magie, vous agissez comme un aimant qui a attiré à lui mon sortilège de téléportation. Bon sang, vous avez vos vapeurs ou quoi ? Pourtant vous ne devriez pas être touché par la ménopause, à moins que vous ne me cachiez des choses !

Le vieil humain répond, amusé. Je présume qu'il s'agit du dit Nakor.

Nonnnnn! Bien sur que non Haldren! Espèce de dégénéré congénital en perruque! Vous tombez là au milieu d'un table, vous fichez en l'air toutes les victuailles mais nonnnnnn, vous ne nous dérangez pas non! Et cela serait de ma faute? De ma faute? Alors que c'est vous le plus grand incapable de ce monde! Vous ne maîtrisez pas votre satanée magie!Mesdames, Messieurs, je vous présente Haldren Umbarion, archimage de son état, ancien drow, nouvel elfe! Jean?

La voix mélodieuse de la mage de l'esprit s'éteint. Attendant le verdict de Krish Al'Serat. Est ce assez? Doit-elle chercher plus avant? Dans la pièce à l'atmosphère parfumée et lourde, elle attend

Grayle était encore groggy sur le sol, mais bien conscient. Peu désireux de se faire remarquer, il resta silencieux, laissant la triumvir Viconia parler à la triumvir Krish. Il frissonne en entendant ses paroles : une description absolument parfaite d'un de ses souvenirs vécus. A quoi d'autre a t-elle eu accès ? A t-elle modifié ses souvenirs ? Sa personnalité ? D'une voix pateuse, il ne put s'empêcher de prendre la parole.

- Triumvir viconia... qu'avez vous vu... dans ma tête ? Il était effrayé et son ton semblait presque accusateur.

Elle lui fait un signe de se taire pour le moment et, comme la fois précédente, le silencieux et stoïque phoenix le ramena en cellule.

Il y resta prostré, seul et silencieux, le temps défilant de manière anarchique. Il se rappella de sa vie. Sa courte et paisible existence, devenue d'un seul coup pleine d'agitations et d'horreur. Avec soulagement, il vit qu'il n'avait rien oublié.

Mais que quelqu'un avait accès à son esprit. Pire. Une drow. Que ce soit Viconia, une des très rares noiraudes qu'il ne détestait pas, n'était qu'une très mince consolation.

Ignorant, Grayle n'était pas bête. Il savait que la gentillesse, ou plutot, la cordialité de Viconia, était plus ou moins feinte. Il n'était qu'un humain. Il n'avait pas le feu d'Urzir. Un chien valait plus que lui.

*Elle est gentille avec moi car elle y gagne.* se répéta t-il encore et encore. La drogue se dissipa peu à peu, mais il resta ainsi, passif.

Vivre chez L'Renor lui avait appris que tout allait bien quand rien ne lui arrivait. Pour vivre heureux, vivons cachés. Ne rien faire, rien tenter, était une question de survie. Lorsqu'il pouvait rester quelques heures seul, dans le calme, alors, c'était une bonne semaine. Ici, dans cette cellule, il était en sécurité. Il aurait pu y rester un mois entier sans voir personne, il s'en serait presque réjoui.

Il détestait le Puy. Mais lui qui s'était résigné à y finir ses jours, en étant de plus en plus dégoûté et ecoeuré.

Tuez moi maintenant ou laissez moi partir.
Elle va l’y rejoindre plus tard

Après une attente indéfinie, la porte s'ouvrit. Viconia entra, suivie de son phoenix. Toujours vêtue de son pagne, dans sa glorieuse nudité, recouverte de bracelets et colliers clinquerants.

Grayle, se mit à genoux et s'inclina tête contre le sol afin de la saluer, avec le plus de servilité possible. Si son visage était, comme toujours, entièrement fermé, il était aussi évident qu'il était peu confiant.

- J’ai besoin d’informations complémentaires Grayle. Et je suis certaine que tu peux me les donner sans que j’aille fouiller aujourd’hui. Mais en premier lieu: comment te sens tu?

" Qu'est ce que ca peut lui faire ? " siffla Graïnne, mi étonnée, mi hostile, mais curieuse quand même.

Grayle hésita entre honnêteté et flatterie, avant d'opter pour la première, qui lui a toujours réussi avec Viconia.

- Inquiet sur ce qui va m'arriver. Tout de suite, dans une heure, quand maîtresse L'Renor me reprendra.

Il la regardait, ou la contemplait plutot, se concentrant ardemment sur son visage qu'il jugeait parfait, afin que ses yeux gris ne glissent par sur son corps noir.

Elle aussi souffrait de ces rituels. Aussi, avec sincérité, faisant preuve de sa fichue compassion qui le caractérisait, il lui demanda à son tour.

- Et vous ?

Pas de réponse. Ou plutot, elle ne répondit pas à cette question.

- Elle voudra sûrement savoir ce que nous cherchions. dit-elle en parlant de L'Renor.

- Que dois-je répondre, Triumvir Viconia ?

- La vérité, elle est ta maîtresse de toute façon tu mens mal. dit-elle en souriant. Grayle se mit à rougir, alors qu'elle reprenait.

- J’ai besoin de savoir qui était avec Haldren et toi. T’en rappelle tu? Tu pourra me poser une question par la suite.

il réfléchit et répondit lentement, citant les noms de tous ceux et celles présents à l'aurore, ainsi que ceux étant arrivés après, lors du reste du voyage, comme suri et grimeldha.

- Il va me falloir les descriptions mon cher , précises. Tu en es capable?

" Elle les a déjà. " lui chuchota Graïnne. " Elle nous teste. "

* Tu ne l'aime pas ? * demanda t-il à lui même.

" Plus que les autres. Elle ne te veux pas de mal. Je pense. Mais elle cache ses intentions. N'oublie jamais Grayle... tu ne peux faire confiance qu'en moi. "

Il déglutit, répondant à Viconia, après ces longue secondes de silence, où il avait articulé des mots sans exprimer le moindre son.

- Vous comptez les tuer ?

Elle poussa un rire clair, enchanteur, séduisant, lui affirmant que non. Alors, il s'executa, décrivant chaque personne, de manière moins détaillée que dans le rêve, sans toutefois mentir. Il a du mal,même dans sa langue natale, à décrire précisément le physique de quelqu'un qu'il n'a pas vu depuis 3 ans, voir 4 ans. Le phoenix, silencieux, prenait des notes.

Grayle devint tout gêné en sentant, peti à petit, qu'il ne donne pas satisfaction. Il jette des regards en coin nerveux au phoenix, regardant parfois le corps exposé et les formes de la triumvir, luttant difficilement contre sa nature.

- C'est tout ce que je peux faire triumvir Viconia on sent qu'il déteste la séparation par les titres, frustré qu'il est de n'être l'égal de personne ici. Il supportait d'être un simple paysan au service d'un noble, autrefois. Mais esclave à triumvir... même pour lui, c'était beaucoup de degrés de séparation.

- Ca va Grayle.... calme toi ce que tu fais est très bien

Il hocha la tête, jouant son rôle, yeux baissés sur le sol, se demandant s'il pourra poser sa question, sans oser demander

- C’est ton tour. Je t’ai promis.

Son coeur rata un battement.

- Qu'avez vous vu dans mon esprit ? uniquement ce qui est lié à Haldren ? je n'ai aucun souvenir...

- Parfois c’est bien ne pas se souvenir. J’ai vu la finalité de ta famille

Sa famille. Ses frères et soeurs. Son père.

Sa maman.

Il revit l'incendie, la faux du pater fendre son corps, le sang partout, l'aldrénaline. La bile monta à ses lèvres aussi vite que les larmes rejoignirent ses yeux.

- Je...

Sa voix devint un peu plus assurée malgré la peine. Le jeune homme, jour après jour, malgré les épreuves, continuait de renforcer sa résolution.

- Je préfère les garder

Il se rendit compte qu'elle est l'unique personne au monde à presque tout savoir sur lui, désormais et ne sait pas comment le prendre. Il n'avait rien révélé de tout ceci. Même à Cécilie de Missède. Mais elle, Viconia, Triumbir des Drows, savaient désormais tout de ses plus noirs secrets.

- Je n’ai pas vu ce qui leur est arrivé par contre. Veux tu m’en parler où ca te rassure?

Il resta silencieux, hochant simplement la tête, avant de renifler.

- N’ai pas honte de tes larmes.

" Un homme ne pleure pas " lui avait dit son père. Et, peu importe le mal qu'il ai fait... Grayle préférait suivre les conseils de ce dernier que ceux de la drow.

Toujours silencieux, il lutta contre ses larmes naissantes. D'un coup de manche, il s'essuya le visage, et ses yeux redevinrent secs.

- Quand allons nous reprendre ?

Les humains, parfois, souvent, l'ennuie profondément. Grayle est évasif dans ses descriptions. Il veut trop bien faire en fait. Il est méfiant et son esprit se ferme instinctivement. Une réaction intéressante qui, en temps normal, mériterait étude. Krish, par contre, n'a pas le temps de la laisser faire mumuse avec le jouet.

Le sourire engageant, l'oeil de velours, Viconia songe un instant, un cours instant, à détruire cet esprit. Miette par miette, L'étaler sur une planche de dissection mentale pour comprendre le fonctionnement. Ca lui donnerait les informations dont elle a besoin ainsi qu'un modus operandi pour approfondir ses recherches. Cependant, il y a deux hics..

Le premier, cet esclave n'est pas à elle. Mais au C'Nros, sous la férule de L'Renor. Même s'il n'est qu'un vulgaire humain, montrer qu'on fait attention aux choses des autres… De plus, elle pourrait avoir une utilité à celui là… La façon dont il la regarde, malgré sa méfiance, présente une faille à exploiter. Il se force pour la regarder dans les yeux, ne pas la déshabiller du regard. Bien… Il sait quelles créatures sublimes sont les femelles X'Ianxin. Placide, avec une innocence consommée, une compassion marquée face au sort de l'esclave, un sentiment d'inquiétude flagrant, les prunelles d'émeraudes rougeoyantes rencontrent le gris.

Dans un cliquetis de colliers, un froufroutement de jupes et un léger tintements de clochettes, la drow prend l'humain par la main. De sa jeune personne, de sa beauté sculpturale émane simplement des vibrations de calme, de douceur et de paix, un sanctuaire qu'elle lui offre mine de rien. Une oasis de paix où il peut ventiler des horreurs que son esprit humain n'est pas apte à apprécier dans leur glorieuses et glauques splendeurs de la culture Eldéenne. Un esprit ne se soumet que difficilement par la douleur. Charmez le, et il égorgera vos ennemis pour vous, s'il vous croit en danger. Et la fascination que ce mâle lui voue, il y a de quoi faire avec… Un espion dans le C'Nros. Personne ne prête une attention particulière aux esclaves. Et celui là est négligé, il va où il veut presque. Il connait des secrets dont il n'a même pas conscience.

L'Enchanteresse s'étend sur les poufs, faussement lasse. Sa voix mélodieuse traverse l'air de la chambre avec une note lasse. Elle est plus fatiguée qu'il n'a pu voir de prime abord.

Demain. Ce soir est congé pour nous deux. Viens t'asseoir avec moi un peu… Laisse moi t'écouter.

Inquiétude et peine s'évanouirent lentement lorsqu'elle lui prit la main, avec la douceur marquée d'une amante. Il regarda leurs doigts entremêlés. On ne lui avait pas pris la main depuis... 1 an et demi ? 2 ans. Il renforça légèrement sa poigne sur celle de la triumvir, comme s'il ne voulait pas la laisser s'échapper.

Dans un mouvement las mais d'une époustouflante sensualité, parfaitement maîtrisée -il le savait- Viconia s'étendit sur les poufs, offrant aux yeux du jeune homme la vision de ce corps aussi imposant que parfait, mis en valeur et caché -à sa grande frustration- par cet attirail de vêtements et de bijoux.

Il la contempla, silencieusement, pendant quelques instants, avant de se rappeler son rôle, sa place, sa tâche. Celle d'esclave, et, il fallait en prendre conscience, de simple... sujet. Elle voulait ses souvenirs. Elle l'utilisait. Rien d'autre. Il se saisit d'un des nombreux plateaux de nourriture et de boisson, qu'il déposa doucement près d'elle, à portée de main, sans pour autant gâcher l'espace personnel de la drow. Il ne fallait surtout pas qu'elle manque de quoi que ce soit. Son bien-être était, à ce moment précis, la seule chose comptant aux yeux de l'humain.

- Mettez vous à votre aise Triumvir...

Puis, obéissant, il s'assit près d'elle, avec toutefois un certain espace, ne voulant pas trop s'imposer, même s'il crevait d'envie de se coller contre elle.

Elle voulait l'écouter, alors, il se mit à humer quelques airs de son enfance. De doux sons nostalgiques qui lui rappelaient avec mélancolie son pays natal.

Un pays qu'elle n'avait jamais connu, mais qu'elle, étrangement, commençait elle aussi à regretter.

Elle avait vu ce qui était arrivé à sa famille.

Sa famille...

Son père...

En position foetale, tournant le dos à la déesse à la peau d'ébène à moitié nue se trouvant à côté de lui, l'esclave s'endormit.

*****

Une autre nuit, un autre rituel... et une autre vision.

L'après midi est sur sa fin. A demi-caché par un nuage, le soleil commence sa course descendante, et les ombres des arbres se font de plus en plus grandes sur le sol.

Un homme, jeune, est en train de marcher sur un petit chemin de terre. Il ne va pas quelque part. Il rentre quelque part. Il rentre chez lui. Grayle rentre à la ferme, une canne à pêche d'une main, un panier de l'autre. Une odeur de poisson est derrière lui.

Encore une fois, le passé de Grayle refait surface. Viconia peut remarquer une chose ici. Tout d'abord, qu'elle est seule. Ni Graïnne, ni Grayle, ne sont là pour l’accueillir, ou lui parler. Le Grayle qu'elle voit, n'a pas conscience d'elle, de son entrée, de sa présence, sifflotant un air qu'il lui avait tendrement humé le soir précédent. Insouciant. Ses yeux gris sont plein de vie et de flamme, alertes et agiles.

Pour la première fois, Viconia a réussi à entrer dans l'esprit de l'esclave sans qu'il s'en rende compte. Du moins, pas encore...

Un autre détail c'est... justement, les détails de la vision. Si elle peut reconnaître la ferme, même dans l'obscurité grandissante, les formes, les couleurs sont bien moins floues que d'habitude. Point de vision onirique de l'esprit de Grayle. Il s'agit d'un souvenir, sous sa forme la plus pure. L'attention porté à tout, du moindre défaut de la route, aux odeurs de nature pouvant flatter son nez irréel, est déstabilisante, et fait naître une question évidente.

Combien de fois doit-on répéter un souvenir pour s'en rappeler dans les moindres détails ? Malgré tous ses efforts, impossible d'attirer l'attention du subconscient de Grayle. Ce n'est pas que l'esclave n'est pas coopératif. Il est tout simplement...

Préoccupé. Trop pour penser à des souvenirs plus récents... malgré sa promesse, quelques instants plus tôt, avant le début du rituel, de faire des efforts.

Arrivé sur le pas de la porte, Grayle déposa son attirail, avant de l'ouvrir.

- Je suis là !

Pas de réponse. L'intérieur de la maison, faite de bois et de pierre, était assez mal éclairé. La porte d'entrée donnait directement sur une grande pièce principale, longue de quelques dizaines de mètres. Deux tables de bois solides, assez grandes pour acceuillir un banquet, sont collées l'une contre l'autre. Les murs sont remplis au point d'être surchargés. Armoire, commode, équipement de ferme, même une botte de foin, quelques tabouret. Un fatris-fatras de biens matériels, témoignant plus d'un héritage générationnel plusieurs fois centenaire que d'une richesse monétaire.

Deux personnes sont assises, mais ne sont guère plus que des silhouettes à cause de l'ombre prédominante.Les bougies n'ont pas été encore allumées. La première est celle d'une femme, manifestement aux cheveux long. La tête légèrement baissée sur la table, elle ne réagit pas à la présence de Grayle, comme si elle dormait.

L'autre est celle d'un homme. On ne peut non plus distinguer son visage, si ce n'est qu'il est manifestement chauve, tant le dessus de son crâne est rond. Il est manifestement grand et large d'épaule.

- Tu es en retard, fiston.

- Désolé père. Le ton de la voix de Grayle n'est pas amical, sans être directement hostile. Celui du pater n'est pas non plus très chaleureux. On peut distinctement sentir un conflit larvé entre les deux hommes. Grayle détourne le regard.

- Où est Callag ?

- Dans la cuisine. Il t'attend.

Sans dire un mot, Grayle tourne vers la gauche et fait quelques pas le long du couloir. La cuisine est constituée de plusieurs tables et d'établis pleins d'instruments de cuisine, avec une fenêtre donnant sur la forêt alentour.

Et, au centre, un cadavre.

Un jeune garcon. 8 ans ? 10 ans ? Il est assis, tel une poupée désarticulée, le regard vague et mort, son visage paralysé dans une expression d'horreur absolue et de surprise. Un de ses bras a été arraché, reposant sur le sol, et son ventre est ouvert. Ses tripes coulent paresseusement sur le sol. Ses vêtements verts sont gorgés de sang, un sang rouge, encore chaud, tâchant son visage juvénile et inondant le sol. Le corps a été frappé de nombreuses fois. A la hache ? La pioche ? Les os brisés sont visibles, ici et là.

La scène était jusque là détaillée. Elle en devient photoréaliste. L'odeur est absolument insoutenable, au point que Viconia peut sentir la frontière entre rêve et réalité se fragiliser, tant son corps dans le monde réel est secoué de hauts le coeur, ceux que Grayle ressentit à ce moment même, devant la vision de son petit frère massacré.

Un silence de plomb, rendant distinct un bruit subtil, mais néanmoins présent, d'un esprit et d'un coeur brisé.

Le visage de Grayle ne laisse transparaître aucune émotion. Son visage est plus neutre qu'une statue de pierre. Ses yeux gris deviennent clairs, et semblent regarder dans le vague. Ce regard, Viconia le connaît mieux. C'est celui du Grayle d'aujourd'hui.

Il reste là, hagard, détaché, regardant le cadavre de son frère. Puis, il revient sur ses pas, revenant dans la pièce principale. Son père est toujours là. Il n'a pas bougé. Sa mère non plus. Et pour cause. Les yeux habitués à l'obscurité peuvent voir qu'elle a été égorgée, le sang coulant doucement sur la table et sur ses vêtements.

Les deux hommes se fixent. La légère tension qu'on pouvait deviner entre eux vient d'exploser. Grayle tremble, comme un volcan sur le point d'entrer en éruption. Sa voix douce et mielleuse est devenue aussi grave et lourde que les profondeurs de l'océan. Il expire longuement.

- Où est Andréa ?

- En haut.

Il reste immobile, et sort de la pièce. Chaque pas est une épreuve. Son cœur bat à toute vitesse, percutant ses tempes avec force, alors que Viconia peut entendre un son oppressant et irréel commencer à envahir la pièce.

Il trouva vite sa soeur, étendue le long des escaliers. Morte elle aussi. l'enfant, à peine plus âgée que Callagh, a été massacré avec violence et acharnement. Face contre terre, sa tête a été écrasée, répandant sa cervelle sur le sol. Les deux jambes furent brisées, l'une étant tordue dans un angle impossible. Une hache est enfoncée entre ses omoplates.

Du sang, absolument partout.

Lentement, Grayle tendit la main, et se saisit du manche de la hache. Dans un bruit absolument ecoeurant, il l'enlève du corps de sa soeur, et comme un zombie, descend les escaliers, tenant l'arme si fort que les jointures de ses doigts sont aussi blanches que la neige.

Les deux hommes se retrouvent l'un face à l'autre.

Le Pater se lève alors. Pour la première fois, Viconia peut juger de sa taille.

Il n'est pas grand. Il est immense.

Non, pas immense... colossal est plus approprié.

Quoi que. Ca ne rend pas justice au golem qui se trouve en face de Grayle. Pas colossal.

Titanesque.

Grayle, qui est pourtant large et fort, n'arrive même pas à l'épaule de son père. A vue de nez, il dépasse allègrement les 7 pieds et demie. Un cou de buffle, deux jambes épaisses comme des arbres centenaires, des épaules tellement larges qu'on se demande comment il passe les portes. Son visage ridé, cerné par les ans et les efforts, est déformé dans une expression mêlant amusement, haine et une infinie tristesse. Et des yeux gris presque blancs.

- Pourquoi ?

Silence.

- Pourquoi pas ?

Viconia oberve et apprend. Et, dans la réalité, au son de sa danse, elle sourit. Le sang et la mort, ainsi donc même les humains peuvent y passer… Passant dans le souvenir, elle en atténue les effets juste ce qu'il faut pour ne pas se retrouver prisonnière. Elle pourrait oblitérer ce souvenir, mais la drow le trouve intéressant et très révélateur sur la psychée de Grayle. Il est, comment nous pourrions nommer cela, un souvenir pilier. Un événement définissant la personnalité de l'individu. Si elle voulait le remodeler, elle jouerait avec cet événement.

Ce n'est pas son but. Marchant dans le sang de sa famille, Viconia laisse ses Empreintes de pas dans L'esprit de Grayle tandis qu'elle se place pour mieux voir.

Une petite Empreinte discrète. Une marque de son passage. Un souvenir qui rappelle les jambes interminables. Les yeux d'émeraudes rougeoyants, de velours… Une gentillesse non feinte. Juste pour lui rappeler qu'elle la vu comme personne ne l'a vu.

Ce genre de souvenir est unique chez un humain. Aussi Viconia regarde t'elle de tout ses yeux. Elle pourra aller chercher les photos des compagnons d'Haldren après. Que va t'il faire le jeune homme?

L'homme et l'enfant se fixaient sans bouger. La tension était tellement palpable qu'on aurait pu la trancher au couteau. Grayle tremblait, des pieds à la tête, fixant chaque partie du corps de son père, hésitant sur laquelle frapper en premier.

Le Pater, lentement, se mit enfin à bouger, colossale silhouette sombre dans l'obscurité. Il écarta ses immenses bras, comme une araignée défiant sa proie de venir.

Et il vint. Le jeune homme, large et musclé se précipita avec une vitesse terrifiante vers son adversaire, essayant de le frapper de sa hache, quelque part, n'importe où.
Peu importe où, tant qu'il le frappait.

Le coup ne vint jamais. Le père stoppa net la course de l'arme, se saisissant du manche. Les deux homme s'en disputèrent le contrôle un bref instant. De la seule force de ses bras, le géant, en s'agitant dans tous les sens, souleva son fils au dessus du sol, le cognant contre la table, lui arrachant la hache des mains. Il la leva en l'air, avant de l'enfoncer d'un geste sec et brutal dans l'épaule de Grayle. Il hurla de douleur, des morceaux d'os s'envolant dans l'air alors que son père retirait la hache.

- RAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH !!!

Un rire cruel lui répondit, avant de prendre fin en un instant. Grayle avait frappé. Levant sa jambe épaisse comme un tronc d'arbre avec une vitesse proche de l'injustice, il enfonca son pied dans l'entrejambe du père avec une telle force que ce dernier fut légèrement soulevé du sol. Le talon explosa les couilles de l'homme, dont le pantalon devint rouge alors que le sang coulait à flots.

- GRAAAAAAAAAAAAAAAH !!!

La maison n'était plus qu'un concert de hurlements de rage douloureuse et de douleur rageuse. Cette ode à la haine et à la violence continua crescendo lorsque le poing de Grayle s'enfonca dans le torse du colosse qui lui faisait face. Le jeune homme, dans une posture inhumaine, s'était tordu comme un élastique, avant de se détendre d'un seul coup, pivotant de la plante des pieds jusqu'au bout de ses doigts, pour frapper avec toute la force que pouvait déployer son corps vigoureux bourré d'aldrénaline, dépensant en un seul coup de poing plus d'énergie qu'en une journée d'efforts. Il sentit avec délice la chair se tordre, les muscles s'écraser, les os de la cage thoracique du géant en face de lui se briser.

Il avait frappé sans la moindre retenue, même inconsciente, avec l'intention, pure et véritable, de tuer. Et il l'aurait fait.

S'il n'affrontait pas Lui.

Lui, repoussé avec une telle force contre le pilier porteur de la maison que le bois craqua et se fendit sous l'impact. Ivre de douleur, il se saisit d'une faucille qui trainait sur la table proche, et frappa son fils. Viconia put voir avec lenteur la lame récemment aiguisée et déjà pleine de sang s'enfoncer légèrement à l'arrière du crâne de Grayle, avant de glisser jusqu'à l'oreille droite de ce dernier, laissant une traînée carmine qui aspergea la table, le sol et le plafond, mais sans interrompre la charge du jeune homme.

Il percuta son père, de la tête, des épaules, du coude et du genou, l’enfonçant, l'écrasant, le martelant contre le bois. Il fut repoussé d'une ruade, avant que la lame de la faucille ne brille encore dans l'obscurité. Blessé, hagard, le Pater n'avait pas sa précision habituelle, ne tranchant qu'un doigt au lieu d'une main entière, qui lui revint au visage. Une main pleine de sang, dont le pouce s’enfonça dans son orbite, écrasant un globe oculaire, privant définitivement le vieux colosse de la vue droite.

Et la guerre continua. Même pour deux pauvres individus se battant dans une ferme isolée, guerre n'était pas un terme trop fort pour ce qui se passait. Des années de haine larvée et d'insondable tristesse étaient évacuées dans chaque coup porté. D'autres hommes moins puissants, moins déterminés, auraient été tués.

Mais eux deux étaient encore en vie.

Car après tout, quels sont les piliers de la vie, si ce n'est le sang, la colère et la haine ?
Chaque vie arrive aux couleurs du sang. Le premier acte de chaque enfant est de hurler de rage. Et ce premier cri fait écho au fil des ans et remplit nos têtes. L'homme naît dans le sang, et quand son sang ne coule plus, il meurt.
Ceux qui vivent se définissent par ceux qu'ils détestent. C'est la haine qui nous maintiens debout, la haine qui nous sauve, notre haine qui nous protège des choses obscures de la nuit. La haine qui pousse les hommes à la conquête et au progrès.

La haine qui faisait tenir debout ces deux hommes, ou plutot, ces deux animaux tous deux haïssant la même chose.

Le combat fut court, mais sans jamais diminuer en violence. La faucille continua d'arracher la chair de Grayle par filets entiers. Le bruit mat de la chair arrachée, des os brisées, était de plus en plus fort. Une bougie renversée, consumant les rideaux et les tissus, incendia la maison. Un aperçu de l'enfer, où deux démons faisaient de leur mieux pour se massacrer l'un l'autre. Grayle se saisit d'une chaise, la brisant sur le visage de son père, défigurant sa joue. Ce dernier riposta en soulevant l'intégralité de la table, martelant Grayle avec cette dernière.

Elle finit par se briser sur l'invincible dos du jeune homme.

Peu à peu, malgré la différence de taille, d'expérience, une chose devenait évidente.

Grayle gagnait.

Aujourd'hui était son triomphe. Contre cet homme, contre dix, contre cent, contre n'importe qui d'autre, Grayle aurait gagné, aussi inéluctablement que le jour se lève toujours. Chacun de ses coups faisant trembler jusqu'aux fondations de la terre. Il était une tornade de vie, hurlant, frappant, se déchaînant comme jamais il ne l'avait fait depuis sa naissance.

Et c'est la faux des Gardair qui fut la clé de sa victoire.

Comment était-elle arrivée là, entre ses mains ? Hasard, ou destin, tel ces épées légendaires se retrouvant près de leur roi lorsqu'ils doivent triompher du mal ? Peu importe. A un moment, Grayle Gardair se saisit de sa faux, et ce combat, qui semblait parti pour durer des siècles, s'arrêta en un instant. L'arme tournoya entre ses mains, et la lame effilée émergea du sol pour se transpercer le ventre du Pater.

Alors que Grayle le soulevait au dessus du sol, l'empalant de plus en plus profondément le long de la lame, alors que les tripes de l'homme tombaient mollement contre le sol, il hurla, et l'envoya valser au dessus de lui, des morceaux d'intestins s'écrasant sur ses épaules. La tête s'écrasa contre le mur, dans un craquement sinistre, avant que le corps ne tombe contre le sol dans un "plotch" ecoeurant.

Et, devant le cadavre de son père et sa maison en train de partir en fumée, du sang dégoulinant absolument partout le long de son corps mutilé, il se mit à rire et à pleurer en même temps.

Assise dans les escaliers, au pied du cadavre d'un des membres de la famille de Grayle, Viconia regarde de tout ses yeux. Un souvenir reste un souvenir et sujet aux mêmes subjectivité que toute chose. Une blessure peut avoir l'air terrible ou minime pendant un combat.

Par contre, l'étincelle de rage parricide de l'humain titille sa curiosité. Serait-il possible de reproduire cette étincelle? Et est elle présente chez les autres humains? Une telle haine, seraient ils capable de la détourner à leur avantage? Et s'ils y arrivent, serait il possible de retourner les humains contre les autres humains en leur nom? La puissance des convictions n'est pas à négliger. S'ils adoraient les drows… Deviendraient ils des fanatiques prêt à tout?

Quelque part dans un compartiment à l'abri, Viconia prend des notes mentales, échafaudant un plan de recherche à long terme. La haine et la rage se le disputent dans les yeux du jeune homme … Et l'éclair dans les yeux acier ne ment pas.

Il adore ca. Tuer… Il a adoré prendre la vie de son paternel. Mis dans des dispositions optimales, recommencerait il? Ca fait parti des bases de son esprit. La placidité et la docilité ne sont qu'une épaisse couche sur ce qu'il est réellement. Il pourra toute sa vie durant se cacher sous ses airs, elle l'aura vu réellement.

Un court instant, l'Enchanteresse envisage jongler avec ce souvenir pour faire ressurgir artificiellement l'instinct du tueur en lui. Elle se retient cependant, l'idée étant d'arriver à influencer les humains pour leur profit avec le minimum d'effort.

N'empêche que c'est un fort joli spectacle. Il y a tout, du sang, des entrailles, de l'agonie, un grand homme qui se pense tout puissant, écrasant la jeunesse du poid de sa soi-disant expérience, oubliant que les jeunes ont la peau plus dure, il ne faut jamais qu'elle ne l'oublie. Si par hasard elle atteint son 300e anniversaire ou son 900e, ne jamais sous estimer les jeune. Ils regorgent de potentiel inexploités.

… Mais toute bonne chose a une fin. La ruse de l'expérience finit par tomber sous la fougue de la jeunesse… Devant le cadacre de son père, Grayle pleure et rit à la fois. Cet esprit est en piteux état. Aussi Viconia décide t'elle d'intervenir. Se levant de ses escaliers qui tombent en fumée, elle s'avance vers le dos large, les épaules qui tressautent. Délicatement, elle effleure l'esprit de l'esclave, réarrange légèrement les notes pour qu'il puisse passer au travers de ce souvenir, le rendant plus stable mentalement. Il n'était pas dans son idée de jouer dans ses partitions, cependant il y a de quoi faire. Ce n'est qu'une intervention mineure qui lui permettra éventuellement, si il le souhaite, de faire plus facilement la paix avec cet épisode tumultueux de sa vie. Puis, son avatar entoure les larges épaules de ses bras, lui offrant un soutien face à ce traumatisme. Elle reste ainsi le temps qu'il faut pour qu'il se reprenne et qu'il s'aperçoive qu'il n'est plus seul désormais avec ce secret et un fardeau est bien moins lourd quand il est partagé.

Spoiler:

La respiration de Grayle se calme petit à petit alors que l'enchanteresse derrière lui l'enlace tendrement. Malgré sa présence, il est encore dans son souvenir, l'ignorant complètement.

Le cadavre remue.

Les poings de Grayle se ressèrent, prêt à frapper. Le corps titanesque du paternel se retourna, comme un mort-vivant. Sa colonne vertébrale était brisée, et il fixait son fils d'un oeil hagard. Sa bouche articula un seul mot.

- Merci...

- Hein ?!

Cette fois, il mourrut, définitivement, laissant son fils la tête pleine de question, et le coeur emplit de tristesse. Il reprit la parole, d'une voix que connaissait Viconia. Celle du Grayle d'aujourd'hui.

- Je lui ai pardonné. Mais ca me reste encore en tête...

La ferme s'évanoui, et ils tombèrent dans le vide. Un vide infini sans couleur, sans forme, sans rien, seuls, entourés d'un horizon à la blancheur crémeuse. Cette dernière s'évanoui pour être remplacé par un tourbillon d'images et de sensations. Naissance, enfance avec Graïnne, le premier calin avec un mouton, la mort de sa soeur, sa mère enceinte, ses cours de religion avec la prêtresse, ses premiers travaux aux champs, la pêche avec son père, les blessures, la pluie, la souffrance de la famine, le Voile, son père partant à la guerre, revenant avec le regard vide, l'alcool fort, les disputes entre ses parents, le soleil...

En quelques instants -ou était-ce une éternité ? - Viconia eu un aperçu complète de l'enfance -relativement heureuse et paisible, bien que non dénuée d'efforts et de peines- de Grayle... avant qu'ils ne tombent, sans bruit et sans choc, au milieu d'un campement. Une douzaine de personnes étaient affairées autour de ce dernier. Grayle était en train de faire la cuisine, accompagné d'une naine, Grimeldha.

Les autres membres du groupe étaient présents. Cécilie de Missède, T'sisra... et Haldren. Tous discutaient, débattaient, préparaient le campement. Tous bien visibles et clairs dans leurs mouvements, même si leurs paroles étaient brouillées, flous, montrant que Grayle ne se souvenait guère des mots échangés à ce moment.

Le père de Grayle prend la parole, et ensuite, le kaléidoscope de l'histoire de l'esclave. L'enfance, l'adolescente, le moment pivot ou son père a disjoncté. Tant d'informations qui pourraient éventuellement être utile plus tard… Même si elle aurait adoré plus de morts et d'actions. Manifestement l'humain est en train de se réorganiser dirait elle… Qui sait ce que sera le résultat? Une curiosité toute scientifique l'anime. Non pas ce qui a été, mais ce qui sera l'intéresse.

Ce n'est pas le moment, se morigène l'arcaniste. Il y a une quête à accomplir

Alors atteint t'elle son but ultime. Enfin… La fin de sa mission.
**********************************

Dansant voluptueusement dans l'air glacé, Viconia commence à réciter les informations que Grayle lui donne, avec ce qu'elle voit, les paupières fermées sur ses prunelles de rubis verdoyants.

Viennent les noms, récités en une douce litanie pour les oreilles du Feu d'Uriz et de son mysticiste qui, flegmatique, grave sur des tablettes de cire ce qu'elle dit d'une voix vaporeuse, absente, éthérée.

Haldren Baenfere….
Cécilie de Missède….
Grimelda Long-Nez...
T'Sisra…

Tout les membres qu'elle voit, elle en fait le tour dans la psychée de Grayle, détaillant dans la réalité d'une façon clinique, tellement qu'on pourrait en faire un portrait selon description. Une fois tout els protagonistes détaillés, Viconia se retire t'elle de son sujet… La température se réchauffe sensiblement tandis que, reprenant sa position d'origine, Viconia se donne un moment de repos pour reprendre contenance, cachant la fatigue causée par cette incursion prolongée dans l'esprit de l'humain.

Veux tu que je continue mes investigations plus avant Krish? Par contre, s'il a une bonne mémoire visuelle, l'Esclave Grayle a une mémoire auditive lamentable. Je ne peux déchiffrer ce qui a été dit, juste ce qui a été fait concrètement.

» Squatteur (Grayle-Viconia)
» [Etat-Major] Wouaf |Viconia
» Changement de propriétaire (Grayle-Viconia)
» [Valmonè] Dans les geôles. [Clos]
» [Geôles de la Doth'Ka] Un cadeau pour la Reine

Rechercher

Résultats par : Messages Sujets
Recherche avancée