[Etat-Major] Wouaf |Viconia

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Barkios de l'an 13:XI
Quelques jours plus tard

Au sein de l'Etat-Major, l'activité se réduit. La soirée est bien entamée, la nuit s'annonce pour de nombreux, les allez et venus se réduisent. Comme de coutume, le bureau du Haut-Prêtre de Zhak'Bar, de même que ses appartements, sont demeurés innocupés, à l'exception des gardes en veilant sur l'entrée. A présent, ce sont bien ses pas qui se font entendre dans les longs couloirs. De son antre, il ne prend pas la direction, bien au contraire. Les grands pas puissants l'emmènent ailleurs.

Parcourant ainsi les étages familiers, Urgoll'Ven rejoint les portes menant aux appartements de la benjamine du triumvirat. En saluant les gardes, il en frappe le battant et s'annonce, d'une voix profonde et neutre. Laissant un temps pour réagir, il entre ensuite sans grande hésitation. Ces lieux, il les connait. Trop bien, peut-être. Là n'est ependant pas le sujet. C'est un Gobelin dans un état commun, puissant et assuré, qui s'avance au sein du domaine de la X'Ianxin, vêtu de cuir, d'une chemise et de son plastron, constellés par endroit d'un peu de sang et de poussière. Sur ses talons, un chien-ours, de la couleur d'une terre riche fraichement retournée, dont les mires d'ambres suivent les gestes de son maître tout en détaillant ce nouvel environnement.

Agacé par l'absence de sa consœur, le Gobelinreporta son attention sur la sombre l'ayant accueilli, aperçue aux côtés de la benjamine du triumvirat, sans l'avoir jamais côtoyée. L'ombre d'un sourire amusé étire ses lippes, dévoilant la forme atypique d'un croc, en réaction aux intonations qu'il a perçu.

"Non. Nous serons deux à l'attendre en ce cas." répond-t-il de sa voix de basse, posée.

Entrant davantage, il demeure debout, n'escomptant pas s'attarder plus que nécessaire. D'un geste de la main, il désigne le sol près de lui. Le chien-ours obéit aussitôt et s'y assied, ses oreilles se tournant tour à tour vers le Gris ou l'autre daedhel. Les mires sanglantes font un tour, reconnaissent, alors qu'il inspire l'odeur des lampes et celle de la maîtresse des lieux, dont ils sont imprégnés, puis se détournent, revenant à la sombre aux allures guerrières.

"Ton nom ? De quel entraînement s'agit-il ? demande-t-il, sans prendre de gants, avant de croiser les bras et de la toiser, joueur. Si tu as quelque chose à redire sur ma présence, dis-le."

De son regard sanglant, il voit le cuir comme les lames, les scarifications comme le métal sur sa figure. Faute de pouvoir faire ce qu'il a à faire et s'en retourner, c'est sur cette sombre, que Viconia laisse garder ses appartements, que pèse son attention.

La guerrière croise les bras aussi, parfait miroir de la position du colosse. Elle n'aime pas cette brute. Non pas qu'elle ne respecte pas ses capacités martiales. Mais depuis qu'ils ont commencé à fricoter ces deux là, Viconia revient régulièrement avec des bleus, a parfois même des contusions qui la limite quelques jours. Et il faut aller chercher un mage pour soigner tout ca sinon ca diminuerait son efficacité.

. Avec son mépris pour son enveloppe corporelle et sa vie, son amie-coeur prends tout ca à la légère, bien sûr!

Effectivement qu'elle aime ca. Lolri le conçoit et sait que c'est son genre d'étreinte. Mais elle voit au delà que de la satisfaction imédiate de la triumvir. Elle essaye de lui en parler d'ailleurs mais se fait proprement rembarrer avec une désinvolture frisant l'inconscience.  

Mon nom c'est Lolri, Un entrainement qui ne vous regarde pas… Et oui j'ai quelque chose à redire.  Ca te tente de te tempérer, triumvir, avant de proprement la tuer? Au rythme où ca va, je sens venir la fracture et elle galère déjà assez pour se hisser à ton niveau. T'a pas besoin de la traiter en vide-poche si tu me suis… Je sais bien aussi que j'ai pas ton niveau ni ton rang, mais mon boulot c'est de veiller dessus, même si elle veut pas veiller sur elle-même. Et je peux pas toujours être là. Elle mène un train d'enfer et même moi j'ai besoin de dormir des fois.  

Passant sa langue sous sa lèvre inférieure, la petite et musculeuse drow joue sans y penser avec ses piercings de lèvres.

En deux pas furieux, il fut sur elle. Son battoir se referma sur sa gorge, négligeant toute défense, ce dont elle profita. Avant qu'il n'ait pu s'arquer pour la jeter à travers la pièce, une brusque tension le fit gronder, sa poigne se défaisant malgré lui sous la pression des mains de la guerrière. Aussitôt, son autre poing s'anima pour venir la frapper au visage... Et fut dévier par un coude. C'était une guerrière, lui un ancien mage du C'nros. Sa colère se teinta d'une sombre satisfaction, avant que son faciès buriné ne s'écrase contre le sien. Son front heurta violemment le sien, tendit que ses morceaux de métal lui entaillaient profondément les arcades sourcilières. Aussitôt, le sang se mit à couler. Profitant de sa position, il la projeta contre le mur le plus proche, s'écrasant de tout son poids contre elle avec un grondement.

Aussi brusquement qu'il avait attaqué, il recula, son sang se répandant sur son faciès. Il n'était pas venu pour ça, mais la fureur pulsait dans sa poitrine comme un brasier, rageur, exigeant sa mort, exigeant... Plus que de raison. Ses mires sanglantes se fondaient dans le masque écarlate qui se répandait en rigoles le long de son nez, de ses pommettes, de sa gueule aux crocs exposés par un rictus rageur.

"Ni camarade ni amant, ih'ara*. Rappelle-t-en, quand tu t'exprimes. Un autre mauvais usage de ta langue, et je l'arrache pour en nourrir Ses bêtes. gronda-t-il, les poings serrés. Avec une brutale inspiration, il reprit d'une voix sourde. Tel est son choix. Qu'elle ait à y redire et je l'entendrai. De sa bouche. C'est à elle de connaître ses limites, pas à toi de demander à ce qu'elle soit cajolée."

Traduction:

Se réceptionnant avec adresse, la guerrière marque un moment de pause. Lolri s'essuie le front d'un geste lent, une lueur excitée dans ses yeux pâles. Une lueur du même acabit que celui du haut-prêtre traverse ses prunelles. Un rictus traverse les lèvres de la guerrière.

Et la porte s'ouvre sur Viconia, qui arbore une épaule en rade et une multitudes de bleus sur ses épaules nues. L'enchanteresse s'arrête net et contemple le carnage qui s'offre à elle.

Par les douzes! Que se passe t'il ici? Urgoll ! Lolri!?

S'avançant, dépassant Urgoll'Ven, l'arcaniste  se met à triturer une mèche de cheveux, fixant la guerrière d'un air courroucée. La femelle semble se recroqueviller sur elle-même. Comme en proie à certaines affres… Les prunelles roses semblent fixer le sol tandis qu'elle retraite vers la porte de la chambre… Comme si elle se faisait crier dessus à plein poumons. La porte de la chambre s'ouvre et Lolri quitte la pièce, pleine de remord… Ce qui attise visiblement la colère de Viconia… Si elle avait été dans son droit, elle lui aurait tenu tête et envoyée balader.

Puis, la triumvir se tourne de nouveau vers le grand mâle. Elle est abîmée, certe… Elle ne se ménage vraiment pas. Il n'y a pas de leçons sans douleur. Elle a les yeux pâles, les oreilles à moitié couchées, la crinière hérissée. Elle a vu le chien ours, a d'ailleurs failli proprement s'enfarger dedans.

La voix mélodieuse est comme la surface d'un lac placide cependant pendant qu'elle fait face au Triumvir, abîmée et superbe…

Bonjour Urgoll. Ravie de voir que tu va beaucoup mieux.

Qu'il en profite avant que ca ne soit effacé demain. Que personne ne sache comment elle travaille fort pour s'endurcir… Qu'ils la pensent toujours plus faible qu,elle est.

Montrant les crocs à la nouvelle venue, le Gobelin se ravisa cependant, profitant de son entrée en coup de vent pour se détourner de l'insolente sombre. Faisant fi des plaies qui le picotaient, plus agacé par le liquide poisseux qui lui collait à la peau et aux paupières, il chauffa en un tour de poignet son index, puis l’appliqua sans fioritures sur les plaies. Avec un grondement contenu, il frémit tandis que s'élevait l'odeur de chair et de sang brûlés. Avec un claquement de mâchoire, il secoua la tête, en ayant fini. Relevant les yeux, dégagés du flot constant de sang, il constata que Lolri avait déserté les lieux et que Viconia lui faisait face, aussi charmante qu'à l'accoutumée, parée de contusions récentes. Son 'entraînement' journalier... Les questions qu'il aurait pu poser moururent avec le flamboiement de colère qui revint dans ses mires sanglantes, entourées du chaos sanglant s'étant répandu sur son faciès gris, au son du mordant de la jeune triumvir'.

"Viconia. gronda-t-il, son sentiment perçant, accentuant la rudesse de son timbre. Si nos étreintes te déplaisent, dis-le au lieu de laisser ton ih'ara s'en plaindre à ta place. Sinon, prend garde à ce qu'elle ne te fasse pas passer pour une enfant en le faisant, incapable de t'exprimer comme de mesurer tes limites."

Expression de son énervement comme véritable conseil... Les deux s'entremêlaient. Sans davantage s'attarder sur l'incident, Urgoll'Ven fit venir à lui le jeune chien ours. Circonspect, après l'affrontement éclair qui avait eu lieu, l'animal renifla avec curiosité la jeune daedhel. Attentif à ce dernier, le Gobelin l'imita, inspirant profondément, tourné vers Viconia... Par ce geste mécanique, il s'apaisa quelque peu. Rouvrant les yeux, il regarda sa semblable, au lieu de seulement s'agacer de sa présence. Prenant conscience de ses blessures comme de la contrariété qui habillait ses traits, malgré la politesse de ses mots. Blessée et tenace. Un grondement autre voulut lui remonter dans la gorge, qu'il réprima, se focalisant sur la raison de sa venue. Du menton, il indiqua l'animal à ses pieds.

"Son dompteur l'a nommé Varg. dit-il d'une voix plus posée, quoique légèrement rauque. Il pourra te suivre lorsque la compagnie d'autre daedhel te sera indésirable."

Et, avant qu'elle n'ait eu le temps de se plaindre, le Gobelin se mit à enchaîner les sifflements, claquements de langue et gestes de la main servant à ordonner au jeune chien-ours.

Elle va lui arrracher la langue à Lolri si ca continue… Viconia ne répond rien aux reproches d'Urgoll parce qu'elle sait qu'il a raison. Le vert reste placide, les oreilles droites et parfaitement contrôlées.

J'en prend bonne note. Merci de m'en aviser Urgoll'Ven, je réglerai la situation.

Le grondement étrange qui monte dans la gorge d'Urgoll, vite réprimé, fait redresser les oreilles de la perspicace Viconia. Mais il a été trop calme et trop court pour être interprété correctement.

La X'Ianxin a toujours adoré les bêtes. Moins difficiles à décoder que ses pairs, leur émotions sont toujours plus pures, franches et nette. Un peu comme celles du triumvir… Pour qui sait écouter, il est d'une simplicité désarmante.

"Son dompteur l'a nommé Varg. Il pourra te suivre lorsque la compagnie d'autre daedhel te sera indésirable."

Le ton de sa voix rauque la touche… C'est quand même un comble que cet expert des bêtes sauvages ne sache pas que quand il lui parle de ce ton, il pourrait lui dire quasiment n'importe quoi. L'oreille de la jeune Eldéenne se détend. L'oeil devient de velours. Elle l'observe attentivement, écoutant les instructions, enregistrant les claquements de langues et les commandements à retenir.

Merci beaucoup… La compagnie des autres m'étant difficile ces temps ci, je te le dit, entre toi et moi. Je rendrai grâce à Zhak'Bar comme il se doit pour Son Don. Je m'en montrerai digne… J'irai le remercier à Son Temple dans les plus brefs délais.

Elle ne va pas au devant de lui… Ne va pas l'embrasser… Telle est l'entente. Il vient… Il exige quand il désire et, elle accepte ou non (ce qui ne s'est encore jamais produit). Elle est émue, honorée devant son cadeau. Et n'ose pas demander pourquoi il lui offre…

Parce qu'elle n'attendais pas réellement de paiement pour son "service" à Urgoll quelques jours avant

Nulle plainte ni cri ni récrimination ni agacement. Simplement... Une acceptation, l'écoute, et un remerciement. Non sans un froncement de sourcils, le sombre balaya ce dernier d'un geste de la main, reprenant là où elle l'avait interrompu, énonçant à la suite : d'autres prêtres sauraient ordonner au chien mais, le temps passant, il serait plus enclin à ne lui obéir qu'à elle; qu'il se nourrissait de telle quantité de viande; que pour le maintenir en bonne forme, des exercices réguliers étaient requis, que ce soit pour son endurance, sa force, sa vélocité...

Malgré ces explications, ô combien familières, la tranquillité de la benjamine et le regard qu'elle portait sur lui ne l'aidait pas, ni la vision de ses blessures, ni le lieu où ils se trouvaient, ni la docilité de ses réponses... Aux pieds du géant, le chien-ours regardait les daedhels avec grande attention, la langue pendante. De lui comme de la sombre, le Haut-Prêtre de Zhak'Bar avait une conscience accrue, que ne ménageait pas l'apaisement de sa colère. Maudite femelle.

Finalement, il eut fini d'expliquer. A la moindre de ses questions sur le sujet de l'animal, il répondrait. Cependant... Le regard orageux, le Gobelin demeura un instant silencieux, renfrogné. De plus en plus tendu au fil des secondes. Pourtant, il finit par soupirer profondément. Ne quittant Viconia des yeux qu'un bref instant. D'un claquement de langue, il ordonna au canidé de ne pas bouger, ce que fit celui-ci alors que le grand sombre s'avançait à pas lents vers la jeune daedhel.

L'ombre d'un rictus fait de crocs sur le visage, le Gobelin baissa ses mires sanglantes vers elle. Lentement, avec un calme forcé, la large main vient se poser sur l'épaule contusionnée, qu'enveloppa naturellement la paume calleuse du Haut-Prêtre. Faisant ployer sa haute stature, il vint effleurer de ses lèvres et de son souffle chaud la tendre gorge, avant de poser les crocs sur la peau d'ébène, colorée par un coup. Du coin de l'oeil, le daedhel observait... Un grondement grave roulant dans sa gorge. Ne pas s'attarder semblait lui avoir quitté l'esprit.

Varg:

La tension, son repli sur lui-même n'échappe pas à Viconia. Elle attend… Calme, le repli ou l,Attaque du triumvir. Et elle ne se trompe pas vraiment. Le haussement d'un sourcil accueille le claquement de langue qui intime au canidé de rester là.  

Le vert acceuille les mires sanglantes avec patience et franchise. La grande main se pose sur la contusion de son épaule. Un frisson de douleur parcoure la peau d'ébène marbrée. Il effleure sa jugulaire qu'elle lui laisse de bon gré, sachant que de toute façon il ne reculera pas. D'excitation, elle frissonne. De douleur, elle tressaille imperceptiblement. Les tributs de ses séances d'entrainement se font de plus en plus lourds au fur et à mesure qu'elle

J'ai une dernière question.

Hoquète t'elle tandis qu'il explore un hématome plus marqué qu'un autre.

Qui dois je remercier personnellement pour Varg, Toi?

Avec une légère grimace, elle lève son bras blessé pour pouvoir caresser la joue de son amant. Ce qui amène un autre hoquet de douleur. Mais elle bouge quand même bien même si elle donne l'impression d'avoir été battue comme plâtre.

Nul recul, seulement une question, des frissons. Ces derniers suspendent les gestes du Gobelin, dont les mires s'étrécissent. Si proche, l'odeur de sueur et de musc, fraiche, lui monte au nez. Cette peau, toujours, si douce sous ses cales... Une question. L'être massif se recule pour répondre, un sombre écho s'élevant en lui, sans qu'il n'en taise les reflets dans ses yeux.

"Le triumvirat. gronde-t-il, sa voix tombant peu à peu, d'octave en octave, plus lourde, enveloppante, vibrante. Entraîne-toi... A ta guise. Il veillera sur tes arrières quand tu ne le pourras plus."

Jugement ? Accusation ? Difficile à dire, étrange, cela sonnait. Cependant, le sombre ne s'attarda pas la dessus, ne s'y intéressant guère. Il était allé au bout de son idée, la suite ne dépendait pas de lui. Du moins, pas la suite qui s'annonçait là, maintenant, tout de suite alors qu'il se rapprochait à nouveau. Non, celle qui adviendrait. Plus tard. Dans les jours, les ennéades, les années à venir. Mais à cela, il ne pensait plus non. Il n'y avait en l'instant que ce corps frémissant et proche, que cette jeune sombre vers laquelle il baisse ses yeux à la tranquillité mensongère, vers qui il porte une main précautionneuse, exploratrice.

Il ne s'empare ni ne ravit, non, il est aux aguets. Ses battoirs se font caressant, explorateurs, légers presque, alors qu'ils repoussent le tissu qui la vêtit, exposant davantage la peau marquée. Elle, dont le corps femelle porte si peu de marque, malgré leurs dieux, malgré... Suffit. Son choix, ses affaires, sa chair. Pourtant, voir ainsi de nouvelles couleurs fleurirent... Quelque chose s'agitait, qui le faisait gronder. Chaque frémissement que ses découvertes faisaient naître amplifiait ce son, durcissait son rictus qui dévoilait ses crocs, étrécissait son regard. Lent, étrangement délicat malgré la brutalité qui imprégnait ses battoirs, le Gobelin gardait une distance dans ses attouchements.

Il ne la regarde plus, c'est sa chair qu'il contemple. Dénudant avec attention une épaule, puis l'autre, ne la caressant que du regard et de son souffle attentif, le grand sombre en a les mâchoires crispées. Plus... Elle ne refuse ni ne recule. Soit. Fasciné, il semble l'être. Les lacets sont défaits, le tissus tirés encore... Avant de bloquer. Ample, mais pas assez. Contrariété. Le visage se crispe, ses mains sur le chemisier, qu'il déchire, avec une puissance contrôlée... Cette nouvelle vue le fait frémir, intensément soupirer. Traces de lames, bosses, bleus, l'immaculée n'est plus. Le souffle du sombre se fait plus court.

Il tressaille, de voir ses gestes se joindre aux siens, non pas car elle est d'ordinaire passive, mais parce que ses yeux ne manquent du coût de ses gestes, des tressaillements de sa gorge, des frémissements de de derme... Et il se tend à cette vue, le Gobelin, il se tend... ! Ses mains se referment sans violence, mais ferme, sur les siennes, alors que s'extrait de sa gorge un grondement brute, presque incompréhensible.

"... Lai...sse..."

Crispé, il abaisse ses bras. Son regard à elle, il ne le cherche pas car, sous ses paupières à lui, ses mires sont égarées, échevelées, allant de ci, de la, n'en manquant rien, se régalant. Sur son faciès figé, dérangeant, une contraction né pourtant, à la vue d'une irrégularité à l'un de ses bras. Un son rauque, bestial, contenu, d'où rampe de nouveaux mots, toujours plus déformés, alors que l'une de ses mains vient indiquer la blessure non soignée.

"... Prê...tres... Ki...Ran..."

Cette tonalité sombre, bâtarde, a des échos de gémissements. Pourtant, son regard n'est en rien suppliant, bien au contraire. Il parcourt, dévale, escalade, s'accroche, agrippe... D'anticipation, le Gobelin, figé, s'étrangle, déglutit difficilement. Bizarrement, ses mains trouvent encore à s'agiter. Trouvent, les sangles, les défont, ouvre sa chemise à lu, sans que, jamais, son regard ne se décroche de sa chair à elle. De ses vallons. De ses vallées. De ses cratères. De ses artères. Pulsantes.

Torse-nu à son tour, il ne la laisse pas le toucher, venant se plaquer brusquement contre elle. Sa tête se love, rageuse, dans sa nuque, alors que ses battoirs se plaquent sur ses cuisses. Son souffle se fait impérieux au son de son être, qui a mal. Raide, il la soulève ainsi, sans élégance ni naturel, son torse se contractant violemment, et la porte jusqu'à la méridienne où il la dépose avec précautions.

Suspendu. Penché sur la femelle, sur le confort de sa méridienne, le Gobelin hésite. Son souffle puissant se fait plus court, son regard plus intense... Et perdu. Son rictus s'est réduit, ses lippes recouvrant à nouveau en grande partie ses crocs. Des blessures de la X'Ianxin, ses mires sanglantes se sont détournées, venant agriper l'émeraude, la fixer, la sonder... Cherchant quelque chose. Un moment où il n'est que tension, arrêté dans son élan, sans faire de nouveau pas, quel qu'il soit. Son large torse est agité, les pierres de phish oura accrochées à son cou scintillent, balancent, ses mains ne sont plus agripées à la daedhel mais au rembourrage du meuble qui les surélève.

Brusquement, son regard se voile. Se contractant d'une émotion orageuse, le faciès du Gobelin se détourne... Alors qu'il revient à son intérêt premier : la chair de sa consoeur, marquée. De son souffle, il descend jusqu'aux lobes pleins de sa semblable, tandis que l'un de ses batoirs vient se poser sur son flanc, la caresser, en pressant les contours. Plutôt que de peser entièrement sur sa semblable, il s'appuit d'un genoux sur le rebord, gardant une distance entre leurs deux corps, leur torse dénudé, où il peut pleinement agir... Et voir. Ainsi, de ses crocs, il mordille peau et bleus, jusqu'à atteindre l'une des auréoles sombres. Là, il n'aguiche pas seulement, il mord. Perle le sang. Gronde le sombre. Son souffle se fait plus rauque, ses gestes plus brustes.

Sa main qui rôde se glisse dans le dos de sa semblable, l'aggripe, la griffe légèrement, alors qu'avec une obscure rigueur, il poursuit sa descente, s'attardant sur les plaies, caressant de plus en plus violemment ses blessures, avec une lenteur assumée... Jusqu'à tomber sur la marque, le faille dans la peau qu'il a cautérisé, quelques jours auparavant. Le roulement dans sa gorge se fait plus lourd. Il y presse ses lèvres... Avant d'y planter ses crocs.

Un corps qui gémit et se tord sous lui. Le goût métallique, riche, qui devrait le rendre avide. Qui devrait... Une profonde inspiration, rauque, enivrée... Levant ses yeux de sang, le Gobelin ne voit qu'une daedhel blessée. Se défaisant du bras affaibli qui s'accroche avec peine à sa coiffe de cendres, le sombre se redresse, à nouveau figé, les lèvres rouges de la chair qu'il a gouté. Face au spectacle du jeune corps frémissant, marqué comme jamais, mais qui reste tristement allongé de faiblesse, le regard du grand sombre s'éteint... Sa gorge se fait silencieuse.

Se penchant, il revient au visage de la jeune daedhel, en observe la fièvre, les lèvres rouges... A ce baiser, il ne résiste pas. Ses lippes rudes s'emparent de celles, plus charnelles, de Viconia. Le goût de son sang dans leur bouche, son souffle qu'il engloutit, son être qui frémit... Aussi soudainement qu'il est venu, le Gris se redresse, délaissant la femelle.

"Va voir les prêtres de Kiran." assène-t-il froidement, distinct, contrôlé.

Sans autre égard, il se relève tout à fait, s'arrachant à sa vue, la laissant là, à demi-nue et sanglante. Sous le regard curieux de Varg qui s'est couché, le grand sombre ramasse son plastron, présentant son large dos au regard émeraude.