Dormir, sans se coucher, mourir, sans s'écouter | Viconia

Le 6 ème jour de la troisième ennéade de Barkios de l’An 14:XI
Profondeurs de l'arène de Thaar

L'esclave n'était aucun de ceux que Krish Al'Serat avait chassé, deux jours auparavant. Il était pourtant autant à fleur de peau que ses prédécesseurs. Sous ses yeux chassieux, le grand sombre alité, au dos toujours couvert de cataplasmes, ne récitaient plus ni ne faisait apparaître flamme, sable, roche ou mini éclair. De ce que l'esclave avait saisi, selon toute vraisemblance, le sombre dormait. Il se basait sur les paupières closes, cachant enfin l'immonde regard écarlate, vide ou empli d'un fanatisme sans nom; il se basait aussi sur la régularité de sa respiration, qui ne souffrait plus des aléas du à l'intensité de ses prières; il observait aussi le balancement du torse massif, en conséquence, qui parfois descendait, parfois remontait. En un sens, reposant à observer... Peut-être.

Le moins que rien se méfiait. Impossible pour lui de savoir combien de temps l'eldéen resterait ainsi avant de reprendre son inquiétant manège. Il n'était là que depuis peu, mais il avait déjà vu se succéder moult soigneurs et mages, qui ne faiblissaient pas dans leur va-et-vient. Et pourtant, pas d'amélioration notable. Pauvre héritier de la situation, l'esclave dormait avec encore plus d'irrégularité que celui qu'il veillait, et son temps d'éveil était tout entier dédié à supporter la présence pesante du blessé fanatique. Fichu drow. Dans son inquiétude épuisée, l'esclave ce demanda si cette simple pensée pourrait éveiller le fou. Mais non... Il restait à respirer fortement... A se balancer un peu... De ci... De la... Sans trop y prendre garde, convaincu d'être encore aux aguets, berné par son cerveau éreinté, l'humain sans valeur s'affala contre le mur, ses paupières s'abaissant lentement.

Au pied du lit, gisait les restes du cadeau de l'aînée du triumvir'. La nourriture avait disparu, les fleurs avaient dépéri, les couteaux prenaient la poussière... Et la pierre/jouet n'était nulle part en vue. Égaré dans une strate indéfinie du sommeil, le triumvir' vacillait, le souffle restreint mais régulier, l'inconscience seule l'empêchant de reprendre sa psalmodie et l'incantation de sorts, aussi mineurs soient-ils.

Toujours massif, le Gobelin est pourtant resté inerte entre les mains qui l'ont lavé. Frémissant seulement quand elles s'approchèrent de la plaie, cachée sous les cataplasmes, restant sinon les paupières closes, ses globes s'agitant derrières elles. Alors que l'odeur se répand, que la voie susurre... Peu à peu, sa conscience semble revenir en surface... En partie. Le réveil ne semble que partiel, ou du moins, il est totalement sous l'emprise de l'illusion. Le regard écarlate se plonge dans l'émeraude... Sans la voir.

Lentement, il contemple le reflet qui lui est imposé. En effet, nul désir, nulle contrariété signifiant qu'il a percé l'illusion, prenant conscience de la présence de sa cadette... Il n'y a qu'une profonde fatigue, à une vue que la daedhelle ne peut qu'imaginer, par la lassitude, l'absence de précipitation dans son inspection. Le grand eldéen semble familier avec ce qu'il voit, n'en tire ni joie ni rage, seulement un abattement las, sans surprise. Pourtant, plus son observation se poursuit, suivant les épaules, le torse, les jambes, puis remontant vers le visage... Plus ce vide se teinte de douleur, contractant le visage, le rendant plus livide.

Toujours silencieux, l'écarlate revient se plonger dans celui de son reflet. Miroir de fatigue. Miroir de douleur. Miroir d'abattement. Plutôt que de s'y plonger davantage, Urgoll'Ven se détourne, sa tête se rabaissant, ses paupières se refermant sur les abimes de faiblesse qui s'y lisent. Lentement, malgré l'attraction, l'eldéen cherche à reculer, à se renfermer.

Douleur… Une douleur profondément ancrée dans cette vieille chair. Dans cette peau. Dans ces crocs… Dans ces yeux. Il ressemble à une corde trop usée, sur le bord de casser. Il se voit faible. Impassible, imperturbable, caressant sa longue mèche blanche, l'arcaniste maintient l'envoûtement sur l'esprit du grand gris. Elle ne le juge pas, ce n'est pas son rôle. La musique change, évolue… Et essaye de se mettre en sourdine, hors d'atteinte.

Ne fuis pas.

Reste l'injonction qui lui revient, une force qui le retient. Mais Viconia comprend, à le voir se crisper, se débattre pour retraiter en lui. Encore une fois…  Carrant la mâchoire, la mage de l'esprit essaye de le retenir. Se rendant bien compte que ca ne marchera pas…  Il ne veut pas sortir… Parfait. Ce n'est pas prévu, c'est très risqué, il va probablement la tuer quand il va s'en apercevoir…

Le compartiment miroir se referme, dissipant l'illusion. Ouvrant son esprit, Viconia accroche celui du grand gobelin et le suit. En lui. Dans cet esprit voué à la destruction. Renforçant ses défenses mentales, elle coupe ses émotions, se glisse entre les notes et entre… Entre…

Au sol, il n'y a plus que Viconia et Urgoll qui sont face à face. Les prunelles de rubis verdoyants posés sur le mâle qui évite son regard…

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Il n'y a que le noir… Un noir absolu. Au milieu de ce noir, un pied d'une blancheur de nacre se pose au milieu de tout ce néant. Il n'était pas prêt à la recevoir, mais l'Eldéenne persiste et signe. Pour lui, elle fait fi de toutes les notions de la plus élémentaire sécurité.

Parée de voiles noirs l'enserrant, l'enlaçant, suggérant plutôt que cachant, ils sont un écrin d'obsidienne à la blanche tendresse, agrémentée d'une parure d'or, que laisse admirer une ouverture. Maître de ce royaume étrange, aussi dur qu'elle apparait douce, son visage finement taillé et poli, siégeant au cœur d'une tempête sauvage et pâle et dont on ne voit que les lèvres pleines et noires, et les mires écarlates.

Et la belle d'évoluer calmement au milieu de toutes ces ténèbres, attendant que l'esprit d'Urgoll prenne note et connaissance de sa présence. Qu'il se dévoile. S'il ne le fait pas, trois compartiments plus loin, Viconia fourbit son arsenal lourd pour fracasser les portes de ce récalcitrant.  En espérant ne pas en avoir de besoin.

Plus de résistance. Plus une attraction qu'il refuse, contre laquelle lutter. Avec une profonde inspiration, le grand sombre se détend, retournant à son calme. Son oubli.

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Peu à peu, le rien de l'obscurité se condense sous le pied blanc. Peu à peu, sa solidité se fait douceur... Sèche. Peu à peu, le gris succède au noir, et il ne semble plus y avoir d'obscurité nul part. Un horizon terne... Pour une étendue de cendres, aux nuances imperceptibles, annihilant toute perception de distance. Chaque pas de la drow blanche en soulève, qui s'élèvent et tournoient, avant de retomber, froides. L'air est comme suspendu, sans vie. Nulle odeur, si ce n'est celle d'un feu éteint.

"Valsharyss..." murmure une voix familière.

A distance respectueuse de la sombre parée de voiles obscurs, Urgoll'Ven la regarde, las. Si la daedhelle est voluptueuse de vie, lui parait un mort qu'un nécromancien aura relevé... Ou s'amuse à maintenir aux bordures de la vie. Grand, le sombre en parait d'autant plus émacié. L'ombre de sa musculature réelle habille encore sa carcasse de quelques volumes, mais si peu. Sa peau semble être d'un gris se fondant avec les cendres qui couvrent le sol, ses veines transparaissent de manière maladive, ses yeux ressemblant à des bulles de sang enfoncées dans les creux. Ses cheveux ressemblent à de la paille plutôt qu'une crinière, aussi usée soit-elle, et ses mains... Des os, maintenus ensemble par des tendons, recouverts de peau. Plutôt que l'ombre d'un vivant, il ressemble à un mort qui marche.

"Je reviendrai. Tu le sais. Pourquoi es-tu venue ? Son timbre est rauque, usé.
- Je viens pour toi... Pour qui d'autre le ferais-je ? susurre la voix caressante. Et toi, pourquoi es tu mort ?"

Il fronce légèrement les sourcils.

"Ceux que tu inities, ceux que que tu apprécies, ceux que tu surveilles... Ceux qu'Isten a placé sous ta garde."

Il se tait un temps, baissant les yeux sur sa propre carcasse, portant la main à sa gorge. Grave, lourde et sans détour, la sentence tombe, tandis que sa main retombe.

"J'ai échoué. Dans ma volonté de Les servir, je me suis détourné de Leur voie... Et j'en ai payé le prix. Je ne veux que Les servir à présent."

Cela dit sans soulagement dans cette simplicité, bien au contraire. Chaque mot semble lu étirer le visage en un masque mortuaire, tandis qu'il écarte les bras, ses mains d'os s'ouvrant larges, pleine de perplexité.

"Ce n'est pas assez. Je ne comprend pas pourquoi."

Le gris, les cendres… Il ne reste plus grand chose de cet esprit jadis fier et sauvage. Comment a t'elle pu seulement rater ça? Le feu… Il ne reste que du gris et des cendres… Et lui… Si… intangible.

Ceux que tu inities, ceux que que tu apprécies, ceux que tu surveilles... Ceux qu'Isten a placé sous ta garde.

L'arcaniste ne marque aucune émotion particulière. Ainsi la voit t'il comme une servante d'Isten. Déesse qu'elle honore presqu'autant que Valas. Elle a d'ailleurs hésité entre les deux. Mais ca, ca lui appartient en propre. Impassible, elle écoute ces lamentations. En cracherait de dépit. Mais elle n'est pas là pour juger 

"J'ai échoué. Dans ma volonté de Les servir, je me suis détourné de Leur voie... Et j'en ai payé le prix. Je ne veux que Les servir à présent."

Le pâle visage se tord d'un mépris  justifié  

"Ce n'est pas assez. Je ne comprend pas pourquoi.

Elle se redresse de tout son haut, de tout son long, parée de ses voiles noirs. Les prunelles écarlates flamboient sauvagement de colère. Elle s'avance, grandissant dans l'esprit du grand Gobelin. Dominatrice, vindicative… La voix reste toujours égale par contre.

N'a tu jamais été brisé, Urgoll'Ven dans ta vie ou es tu resté si longtemps sans l'être que tu as oublié? Ou, plutôt, ne t'es tu jamais réparé de tes bris?

Tu courrouce Isten par ton manque d'Ambition, Tu courrouce Valas Talberith par ta fuite dans la magie, tu courrouce Uriz par ta servilité, Tu courrouce Teiweon par ta Flamme qui n'est plus que braise.

Un doigt fin se lève pour appuyer sur le thorax du colosse directement où le coeur bat. 


Tu courrouce Kiran et Leetha pour le gaspillage des dons qu'elles t'offrent malgré tes blessures. Tu courrouce Natha de par ta nature destructive, alors même que tu courrouce Zhak'Bar par ton apathie! Tu courrouce Kiel en fuyant son Epreuve. Meingal en refusant d'être honnête avec toi même.

Pour Tesso, il pourrait bien être aise, du mensonge que tu te fais toi même. Si ce mensonge ne servait pas Kerhel en personne… 

La Blanche relève le menton, souveraine. 


Ton Epreuve n'est pas de servir les dieux aveuglément. Nos dieux n'ont que faire  de viles brutes. Tu as vécu près d'un cycle en suivant Ta Flamme et Ta Passion, en relevant les défis envoyés sur ton chemin… Es tu si fragile, Urgoll'Ven pour qu'un simple échec te brise ainsi comme un vulgaire fétu de paille?  

La véritable Epreuve que ces derniers nous envoient. Ce n'est pas pour nous voir réussir du premier coup. C'est pour que nous nous relevions. Tout le monde peut tomber et faillir, les Forts se relèvent. 

Un vent chaud balais les lieux, secouent les voilages noirs et les cheveux immaculés de la Prêtresse. Le vent de la colère et de la détermination de Viconia… 

Les échecs, elle les connait et les redoutais… Jusqu'au moment ou elle devint Triumvir et que l'échec s'annonçait inévitable. Plier pour ne pas casser. Milles fois brisée, de corp et d'esprit. Milles fois remodelée pour devenir ce qu'elle est. Et Urgoll'Ven en a une part de responsabilité dans ce quelle est devenue. 

Les cendres s'envolent sous le vent chaud. La prêtresse soutient le regard du grand gris, du mâle.

Le grand sombre, las, a écouté et frémis, son regard suivant la daedhelle blanche sans faillir ni se détourner, se troublant à certains mots, s'assombrissant surtout, alors que son visage se renfermait, se crispait. Il ne semblait plus tenir debout que par sa volonté, son corps se réduisant à vue d'oeil, plus maigre encore, plus effacé. La charpente demeurait mais la vie... La vie s'en effaçait. Le simple contact du doigt fin à l'ongle noir suffit à percer la peau... Et nul sang n'en coula. La chair, sous le parchemin qui la cachait, était noire. Aussi décharné semble-t-il être, le regard vacillant du grand sombre se fixe soudain, se plantant dans l'écarlate de sa semblable, le transperçant... Pour voir, au delà.

"Tu n'es pas Valsharyss." souffle-t-il durement, l'ombre d'une stupeur, l'ombre d'une douleur teintant sa voix.

La chaleur du vent augmente sensiblement. Malgré l'absence de roches, d'un quelconque relief par lequel être modelé, il se fait sifflant, plus agressif. Des cendres sont soulevées qui les balayent, les cachent l'un à l'autre. Quand le rideau gris et mort retombe, de la prêtresse d'Isten, il ne reste aucune trace. L'intruse a désormais l'apparence qui lui est propre, un corps bien familier pour le sombre, jeune, voluptueux, arrogant et si peu marqué... Mais pas ici. Ici, la peau d'ébène s'avère tantôt intacte, tantôt couverte des bleues et des marques qu'il lui vit une fois, vestiges d'un entraînement secret, ou encore les traces de ses propres coups, de sa propre violence. L'apparence change, se module, au gré du ressenti du sombre, qui la fixe à présent. Lui aussi a changé.

Alors que sa bouche s'ouvre sur sa dentition, que son amaigrissement toujours plus marqué laisse d'autant plus visible, presque immonde dans sa perfection au sein d'un corps qui meurt, la voix qui s'extirpe de sa gorge, rampe et la déchire, semble être le produit d'une gorge détruite, qui ne devrait plus permettre de parler. Dans ce lieu sans logique autre que l'esprit dont il est issu, la carcasse devant Viconia parvient à parler.

"Viconia. Le nom suinte et crisse. Tu parles en enfant qui a bien écouter les prêtres. Tu parles en enfant qui veut être digne de ses parents. Tu parles en enfant qui n'a vécu que deux siècles. Soit. Soit fière, arrogante, entêtée, méprisante, hautaine. C'est ainsi que tu as avancé, enfant devenue triumvir', enfant dont tant attendent la chute prématurée. Soit. Tu n'en restes pas moins une fillette qui répète sa leçon en la clamant sienne. Une leçon que je répète depuis des siècles."

La température monte, alors que l'environnement reste d'un gris morne et indifférent. Pourtant des bourrasques les secouent, tirant sur leurs cheveux, agaçant leurs yeux, griffant leur peau. Sous les yeux de la jeune triumvir, le corps maigre se noircit, se craquèle, comme si un feu invisible, sans fumée, le rongeait. Le sombre ne semble pas s'en inquiéter, ses yeux ne cillent pas, seul élément encore vivant dans cette vue d'horreur. Deux sphères écarlates, fixent avec une intensité sans nom la daedhelle, alors qu'autour d'eux, la chair noircit et se racornit.

"Tu as osé. A nouveau. Après tout. fut-il grincé avec une fureur froide, et l'écho d'une douleur hurlante, étouffée. Qu'espères-tu faire, Viconia X'Ianxin ?"

La grande silhouette racornie ne domine ni ne s'impose. Il n'y a que ce regard fixe et sanglant, cette chaleur devenant étouffante, cette pression grattant, pressant les oreilles, l'agression de l'infinité de lames lui servant de voix, qui râcle les os pour atteindre la Flamme de la daedhelle sans hésitation ni retenue, sans pitié, cruelles.

"QUE VEUX-TU, X'IANXIN ?" crie en silence la gueule carnassière, cadavérique d'Urgoll'Ven.

"Pourquoi veux-tu cela ?" Les mots rampent d'entre les lèvres noircies.

Le corps intégralement noirci tel le charbon, à l'exception des yeux sanglants et fixes, n'a plus rien de drow. De la chair calcinée, ratatinée, sur un squelette massif, des restes noirâtres en couronnant le crâne cadavérique, le tout qui tient debout contre toute logique. Face à lui, il y a ce corps, vivant, mais marqué bien des fois... Qu'il observe, rester debout, lui rendre son regard, sans jugement. Le silence est la seule réponse. Un silence que ne brise plus le vent, retombé, l'air se faisant à nouveau froid, les cendres reposant à nouveau. L'horizon n'a pas bougé, l'étendue est toujours sans fin et grise... A présent, le grand sombre n'est plus qu'une ombre calcinée, dont les globes sanglant fixent, sans expression, faute de paupières.

"Marqué... Brisé... souffle-t-il, amer, avec un infime haussement d'épaule. Quel drow ne l'est pas ? Un temps, où il la fixe encore. Puis... Adieu, dalhar*."

Assez. Elle n'avait plus à être là. Elle partait. Maintenant. Ce qu'elle fit, sans opposer de résistance.

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Avec une brusque inspiration, suivit d'une grimace, le grand sombre reprit conscience. Un moment égaré, il se situa rapidement, jetant un oeil à la ronde : l'esclave, disparu, le panier du Feu d'Uriz aussi, à la place... A la place... Ses mires sanglantes se posèrent, comme à regret, sur la femelle à ses pieds. Ses mains à lui demeurent ouvertes, inertes, sur ses genoux, alors que son faciès gris n'exprimait que lassitude... Et un vague mépris.

"Prend tes babioles et quitte cette pièce, X'Ianxin." souffla-t-il froidement.

Traduction:

Exactement, quel drow ne l'est pas… Il ne reste plus grand chose du mâle. Ca attriste infiniement Viconia, mais elle ne bouge pas. Se laisse pousser au dehors, emmenant avec elle une belle part de la solitude d'Urgoll'Ven. Le travail de l'intérieur est terminé…

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Seule. Elle s'est toujours sentie seule, mais en ce moment, ce sentiment lui étreint le coeur comme si le haut-prêtre lui même avait détruit son coeur dans sa poigne puissante. Chaque battement lui fait un mal de chien. La Solitude avec un grand S vient de s'abattre sur elle… 

Prend tes babioles et quitte cette pièce, X'Ianxin.

Dans les prunelles vertes, une solitude criante et apparente. Le rejet l'affecte plus profondément que de raison. Mais elle relève le menton et le fixe dans les yeux, les prunelles reflétant la solitude d'Urgoll et une détermination faite d'acier drow.

Non.

Ah, il y a bien quelque chose qui reste au final. Le battoir d'Urgoll'Ven l'Attrappe à la gorge. La douleur traverse les jolis yeux. Mais elle ne faiblit pas. Elle voit bien ces crocs, ces yeux sanglants qui la toisent, qui la repousse autant de dehors que de dedans. La solitude se fait plus dévorante.

Il la hait. C'est indubitable. En lui sauvant la vie, Viconia a la certitude qu'elle l'a perdu. Mais elle reviendra encore et encore, alimentant la haine de cet individu souffrant qui se relève de son lit, la poigne lourde se serrant davantage sur la gorge fine à chaque pas qu'il fait vers la porte avant de la flanquer dehors. Alors la relâche t'il enfin, sa grande main aura fait sa marque sur la peau sombre. A l'idée qu'il ne pourrait plus en faire d'autres, Viconia se sent étrangement au bord des larmes. Essayant de compartimenter ses émotions, elle n'y arrive plus. Ce n'était pas ce qui était prévu au départ, elle n'était pas préparée… Il souffre… Il la hait… Parfait. Si ca alimente cette Flamme… Au battant fermé, Viconia a un sourire étrange, satisfait et triste. Avant de se tourner vers l'esclave.

Attend un peu avant de rentrer. Ensuite ne le laisse plus seul. Je reviens demain.

Elle a besoin de se reposer. Elle veut être seule… En apparence tranquille, intérieurement démolie par cette solitude dévorante, Viconia retourne à l'auberge…

Ce jour-la, l'esclave ne put obéir, de la roche avait comblé l'accès à la pièce. Par contre, le jour suivant, ce n'était plus le cas... Et la X'Ianxin put rentrer dans la pièce. Accueillie par un silence froid, furieux. Le jour suivant, les cataplasmes ne furent pas remis, laissant la plaie respirer... Exposant la peau nouvellement formée, sensible, noueuse, atroce comme jamais. Plusieurs jours passèrent, avant que les mains du Gobelin ne se posent à nouveau sur la benjamine du triumvirat. Qui accepta. Et il la prit. Violemment. Sans un mot, rien, si ce n'est le rejet, à la fin. Quand il quitta enfin les entrailles de l'arène, elle ne le suivit pas à l'extérieur, non. Mais l'eldéen revint auprès d'elle. Moins souvent. Avec plus de rage, et moins de mots.