Nos étoiles filantes (Grayle-Miriel)

Un grognement sourd émana soudainement du port. Certains marins s’arrêtèrent net, en regardant la direction dans laquelle le son venait de surgir. Son employeur soupira, avant de mettre rapidement ses mains dans ses poches pour sortir quelques pièces d’or supplémentaire. « Je ne sais pas ce qui se passe là-bas, mais assure-toi que je n’ai pas de problème… Si la milice débarque, elle risque de faire une rafle… » Le bedonnant personnage détourna l’attention de la gamine avant de beugler à ces matelots de levers les voiles, à croire qu’il cachait des choses assez louches dans la cale de son navire.  L’hybride  ne perdit pas son temps et mit rapidement les pièces supplémentaires dans la bourse avant de la glisser à sa ceinture. Au moins, ce soir elle pourrait dormir dans une auberge qui aurait du sens. Miriel évita quelques matelots, et se rendit rapidement sur la passerelle avant de descendre du navire.  L’hybride prit rapidement la route vers l’origine du lieu où s’était échappé le fameux cri. Probablement, un règlement de compte encore... Ce n’était pas nouveau à Thaar. L’hybride se fraya rapidement un chemin à travers les travailleurs et les matelots qui tentaient de joindre leurs quais. Cela ne prit que quelques secondes avant que ses pas n’arrivent sur la terre ferme. Son regard glacial balaya rapidement les quais pour trouver un amalgame de gens qui semblait observer une bien curieuse scène. Elle tourna rapidement les talons, puis tenta de se faufiler devant les quelques curieux avant de s’arrêter net devant les 4 hommes qui lui faisaient face. Trois d’autres eux, avaient le dos tourné, un était au sol, clairement en train de lutter contre la douleur, à voir la position dans lequel il se trouvait – il était assez facile de deviner que ce dernier venait de recevoir un coup dans les bourses et que ses deux sbires ne semblaient aucunement amusés par la danse de leur compagnon... Tandis que leur adversaire, aucunement nerveux, tirait doucement sur sa pipe. Ce fut cet  homme qui la déstabilisa. Un homme aux cheveux légèrement grisâtres , aux yeux aussi cendrés que les siens, une carrure qu’elle connaissait que trop bien. Elle sentit son souffle s’accélérer avant que son corps ne se raidisse. Rêvait-elle? Est-ce que cela pouvait un cruel mirage? « Grayle » murmura-t-elle, les yeux brillants.


Non… C’était impossible… Elle l’avait cherché partout et c’est là, maintenant, qu’elle le trouvait? Miriel desserra doucement le poing, tentant tant bien que mal de se ressaisir, elle aurait voulu crier de joie, sauter dans les bras de son amour retrouvé… Mais aucun de ses muscles ne put répondre. Elle s’en voulait, s’en voulait tellement de l’avoir laissé seul dans le trou sinistre qu’était le Puy et elle lorsqu’elle avait entendu dire que l’esclave n’était plus au Puy… elle l’avait chercher partout, tentant tant bien que mal de le retrouver, risquant même sa propre vie pour se faire. De la péninsule jusqu’à Ys, il n’y avait pas un détour, pas un seul vallon qu’elle n’avait pas tenté d’explorer pour le retrouver et maintenant qu’elle était de retour à Thaar, le voilà qui apparaissait juste devant elle… Miriel se fraya doucement un chemin à travers la troupe de curieux, tentant d’entendre la discussion. Puis soudainement elle vit le mouvement d’un des agresseurs sous sa cape. Ce dernier s’apprêtait clairement à dégainer son arme. L’hybride s’apprêta à rejoindre le groupe, mais une armoire à glace lui bloqua rapidement le chemin. Était-il de mèche avec les autres? Peu importe. Ses paroles franchirent rapidement ses lèvres avant qu’elle ne dégainer à son tour son épée. « Grayle! Attention ils vont attaquer!! »

Elle avait vu le monde, les jours fous comme les lumières des villes péninsulaires. Elle avait vu le soleil ardent sur le désert, faisant briller le sable telle la lumière sur des diamants. Elle avait vu  les forêts chantantes de l’Anaeh… et tout cela dans un seul but; celui de le retrouver. Celui de pouvoir finalement être dans ses bras. Elle l’avait peut-être perdue, mais cela ne l’avait pas empêché d’êtres toutes ses pensées, tous ses souvenirs et les dieux, seuls, savaient à quel point elle s’en voulait de l’avoir laissé derrière, de l’avoir abandonné dans les mains de possibles bourreaux.  Et le voilà qu’il apparaissait devant elle, au moment ou elle avait arrêter de le chercher… Les hommes se jetèrent sur ce dernier, et Miriel sentit la rage l’envahir. Ah non! Certainement pas! Il n’allait pas le lui enlever alors qu’elle venait tout juste de le retrouver! Sans attendre, elle se saisit du poignet de l’armoire à glace, et le tordit dangereusement. On put même entendre un craquement suivi du gémissement du gorille. À croire qu’il n’était pas si puissant que cela! Néanmoins, l’altercation eut l’effet de dissiper un peu les gens autour d’eux et pendant que le gorille se tenait le poignet en jurant, le regard cendré de l’hybride se retourna vers son amant qui était en train de nager en direction de l’autre ponton. Sans attendre, elle se mit à courir pour le rejoindre. Elle pouvait sentir son cœur battre la chamade, a un point qu’elle eut presque l’impression que ce dernier allait l’abandonner.

Cela ne prit que quelques minutes avant qu’elle puisse finalement le rejoindre. Et au fur et à mesure qu’elle s’approchait, elle sentit son rythme ralentir et elle s’arrêta complètement une fois à quelques pas de ce dernier, incertaine de la suite.


«Mi.... Miriel ?»


«Grayle? … Est-ce réellement toi? » Dit-elle dans un murmure, comme pour se convaincre elle-même que l’homme devant elle était bel et bien celui qu’elle avait tant cherché. Miriel observa Grayle, il était si différent! À croire que les années d’esclavage l’avaient définitivement changé… Ou était-ce ses origines humaines? Quoi qu’il en soit, les années l’avaient  transformé. Puis, elle eut l’impression qu’elle ne contrôlait plus rien… Elle avança d’un pas presque mécanique vers son amant avant de se jeter dans ses bras. L’hybride n’en avait rien a faire qu’il soit trempe, rien à faire qu’il ait encore les ravages de son dernier combat sur le visage… Elle s’agrippa à lui comme à une bouée, comme si elle avait besoin de lui pour se sortir la tête de l’eau. Son front se lova dans le creux de son épaule, tentant tant bien que mal de camoufler les larmes de joies qui coulaient doucement sur ses joues pâles. Il était là! Il était finalement là! Elle n’avait plus à le chercher, à parcourir le moindre sentier de Miradelphia pour le trouver. Miriel était si fatigué de combler  ce vide, si fatiguer de chercher… Son très voyage interminable et ses épreuves étaient finalement terminé… Sans attendre, l’hybride redressa la tête pour glisser sa main derrière la nuque de Grayle pour l’attirer vers elle, lui donnant un baiser des plus passionné, un baiser qu’elle avait attendu beaucoup trop longtemps pour lui donner. Lorsqu’elle fut un tant soit peu rassasiée, elle se détacha légèrement de son amant, les larmes aux yeux; «Je suis désolé… Désolé de t’avoir abandonné. Je t’ai cherché partout lorsque j’ai su que tu étais hors du Puy… et te voilà, là, devant moi…» Elle sentit sa voix se briser sous le coup de l’émotion… Était-ce encore un de ses affreux mirages? Pourquoi là, maintenant?

«C'est moi»


C’était incroyable à quel point ces deux petits mots pouvaient faire un si grand effet.  Un effet apaisant, comme si toute la misère du monde s'était envolée. Comme si la vie la récompensait finalement après tout ce qu'elle avait subi. C’était lui. C’était bel et bien LUI. Elle pouvait une nouvelle fois sentir son odeur, sentir ses bras autour de son corps toujours aussi menu et pour une fois depuis un très long moment, elle perdit complètement conscience de ce qui l’entourait. Il n’y avait qu’elle et lui. Qu’eux seule dans cet univers si brutal. Et pour la première fois depuis un long moment elle était heureuse, calme. Sa main se glissa doucement sur la joue de l’humain alors que leurs lèvres se séparaient. Fronts contre front, les deux jeunes amoureux se dévoraient du regard, comme si cette rencontre infortuite était la plus belle chose au monde. Il fallait croire qu’elle avait eu besoin de le perdre pour mieux le retrouver. L’hybride pouvait sentir son cœur battre la chamade. Elle avait tellement de choses à lui dire, tellement de choses à se faire pardonner, mais Grayle la connaissait assez bien et il ne tarda pas à la rassurer.


«Les excuses sont inutiles. Je t'ai déjà pardonné il y a longtemps. Le passé, c'est le passé. Là, ce qui compte, c'est le présent. Et le futur proche. Et dans ce futur proche, tu vas venir avec moi. Chez moi. J'ai besoin de me réchauffer. Et on a beaucoup de choses à nous dire.»


L’hybride releva doucement la tête, plongeant son regard dans celui du jeune homme, observant ses prunelles grisâtres. C’était un moment si parfait. Un moment qu’elle avait rêvé depuis un bon moment et elle avait tellement de choses à lui dire. Mais avant qu’elle ne puisse ouvrir la bouche, elle put sentir le doigt de Grayle contre ses lèvres.


«Chut. Moins vite. On a le temps. Plus de maître surveillant nos mouvements et nos emplois du temps. Plus personne risquant de nous surprendre au détour d'un couloir. Plus besoin de se cacher. Pas à pas. Récupérons notre temps, mais lentement.»


Un sourire éclaira doucement son visage, avant qu’elle ne baisse légèrement la tête pendant quelques secondes, tentant désespérément de reprendre ses esprits. Oh oui, ils avaient le temps, tout le temps du monde. «Dis-moi » Elle leva doucement la tête vers l’humain, planta son regard dans le sien. Elle aimait tellement la façon qu’il la regardait, qui la détaillait. Elle ne pouvait pas se mentir, elle l’avait l’impression qu’il était sorti de nulle part, qu’il avait éclairé ses nuits, et lorsque le destin les avait séparés, elle s’était sentie seule. Il avait occupé toutes ses pensées depuis ce temps, ne lui laissant pas un seul moment de répit. «Allons chez toi. Mais avant… » Ses doigts glissèrent doucement sur la chemise mouillée de son amant avant d’attraper doucement sa joue pour l’attirer vers elle. Avait-elle vraiment besoin de lui faire comprendre la suite? Elle l’embrassa passionnément, comme assoiffée. Il lui avait tellement manqué. Elle s’était sentie tellement perdue sans lui.  «Tu n'es pas fatigué d'essayer de combler ce vide?» Dit-elle avant de lui faire un sourire amusé. « J'ai tenté de me rappeler des moindres moments que l'on a eus, tenté de les revivre. Mais j'ai juste l'impression que cela m'a tué à petit feu.» S'approchant un peu plus de Grayle, elle mit doucement les deux mains sur son torse, avant de relever la tête une nouvelle fois pour croiser ce regard qu'elle avait tellement manqué. « Mais maintenant je te promets que je ne t'abandonnerais plus. Plus jamais. » Murmura-t-elle

L’hybride se laissa entraîner dans les rues de Thaar par Grayle qui chantonnait, et elle n’eut pas le courage de l’interrompre. Il était si heureux, si naïf, si jeune. Son regard avait changé, il n’était plus l’homme apeuré et détruit qu’elle avait rencontré dans les profondeurs de l’Etna. Il s’était épanoui, était devenu une autre personne. Une personne qu’elle avait tant vouloir vu évoluer, qu’elle aurait tant voulu grandir à ses côtés… Le couple arriva finalement devant une petite maisonnette dominant la mer. Miriel ne put s’empêcher de regarder la vue qui s’offrait devant elle. Les vagues qui se brisaient doucement en contre-bas, et cette brise si fraîche qui apaisait l’atmosphère. C’était un emplacement parfait. Grayle avait de la chance. «Effondré? Comment est-ce arrivé? » Dit-elle alors que l’humain lui déclarait avoir perdu son logis précédent.  Sans attendre plus longtemps, Miriel entra dans la petite maison. Elle balaya la pièce du regard, alors qu’un chuchotement vint chatouiller ses oreilles;


«Installe-toi sur le lit, j'arrive.»


Miriel se retourna vers Grayle, échangeant un regard amusé avec lui, avant qu’il ne se faufile derrière le rideau pour se changer. L’hybride en profita, et détacha rapidement sa ceinture et la déposa sur le sol près du lit. Mieux valait ne pas être loin de ses armes… Thaar pouvait être si imprévisible… Elle enleva d’une main experte son armure de cuir avant de la déposer dans un coin, et en fit de même avec ses bottes et le poignard qui trônait sur sa cuisse. Elle continua jusqu’à ce que tout ce qu’elle a sur elle soit sa tunique et ses chausses, puis détacha ses longs cheveux blancs qui couvraient totalement ses fesses maintenant… et c’est à ce moment précis que Grayle revint pour l’attraper et l’attirer contre lui sur le lit. Ils échangèrent le plus passionné des baisers avant de rester silencieux dans les bras de l’autre. Ce moment était juste parfait. Que deux êtres qui profitaient du moment présent après une vie de cruauté… Que deux êtres qui avaient passé au travers des pires épreuves que l’on puisse mettre sur votre route…

«Là, tout de suite... ça vaut largement tous mes souvenirs de toi. Et ça compense ces trois dernières années...»


Miriel soupira d’aise, la tête contre le torse de son amant, elle se sentait en sécurité et le fait qu’il la serra un peu plus dans ses bras valait tout l’or du monde. Elle se cala un peu plus contre lui alors qu’il la serrait un peu plus dans ses bras, comme s’il voulait s’assurer qu’elle ne part plus. L’hybride ferma doucement les yeux, savourant chaque instant. Avant de briser leur étreinte. Elle se redressa doucement la tête, et plongea son regard cendré dans celui de Grayle, il était si calme, il n’avait plus la même attitude qu’au Puy. «Tu te souviens de notre dernière rencontre dans la maison? » L’hybride observa sa réaction interdite, avant de continuer; «Ce jour-là, je t’ai dit que je voulais voyager, trouver ma place dans le monde et éventuellement, m’établir avec quelqu’un que j’aime. » Ses doigts se glissèrent doucement sur son torse avant d’aller rejoindre celle de Grayle, une caresse subtile, délicate. Qui aurait pu presque passer comme impossible si on ne connaissait pas l’hybride. «J’aimerais que cette personne soit toi. J’aimerais que l’on passe un bout de nos vies ensemble. J’ignore où cela va nous mener, mais penser que je pourrais passer des années encore éloigné de toi me semble impossible. » Elle lâcha la main de Grayle pour la remonter doucement vers le visage de l’humain; son visage sembla soudainement inquiet, comme si ce qu’elle s’apprêtait à dire était difficile. «Je t’aime Grayle » L’hybride expira doucement avant d’embrasser doucement son amoureux. Puis sourire taquin aux lèvres, elle déposa son front contre le sien avant d’ajouter; «Même si tu m’as donné une raclée. »

«Mi-riiieeel...»


L’hybride ouvrit rapidement les yeux, trop habitués à faire face à une menace invisible. À un mal qui ne vous laisse jamais totalement partir… Son cœur ne fit qu’un tour avant que son regard cendré ne croise celui qu’elle connaissait que trop bien. Aussitôt son cœur se calma, et l’hybride ferma doucement les yeux avant d’enfouir sa tête dans le creux de l’épaule de l’homme qui lui faisait face. Elle humait son parfum, s’enivrait de cette odeur qui l’avait tant manqué. «Non je n’ai pas envie de bouger. » Murmura-t-elle, la tête toujours enfouie dans le creux de son épaule. Au bout de secondes, l’hybride déplaça sa tête pour faire face à son amant. Sa main se déplaça doucement pour se déposer doucement sur la joue de Grayle, et puis doucement, elle se mit à la caresser de son pouce alors que son regard était planté dans le sien. Elle avait tellement de choses à lui dire, tellement d’aventures à lui raconter! Mais rien ne lui semblait plus important que le silencieux moment qu’ils partageaient à cet instant présent. Pas de maître, pas de menace perpétuelle et surtout plus de peur ou du moins, plus la peur de mourir pour tenter de vivre un petit peu dans les bras de son bien-aimé. Car oui, l’hybride avait peur. Quelle serait la prochaine étape? Est-ce que la liberté les avait changés? Est-ce que les épreuves qu’ils avaient traversées ensemble avaient été suffisantes pour souder leur relation? L’hybride avait tellement passé de temps seul qu’elle avait peur de tout gâché. Ah oui, cette damnée peur qui ne faisait qu’évoluer.


Elle approcha doucement son visage du sien, posant un doux baiser sur ses lèvres, avant de se séparer de ce dernier pour le regarder une nouvelle fois. «Ça fait tellement longtemps que j’attends ce moment. J’ai presque peur de le perdre aussi soudainement qu’il est arrivé… » Elle sentit son souffle ralentir un peu plus, comme si elle tentait de faire durer un peu plus le moment présent.  La question lui brulait les lèvres, mais si elle devait avoir le cœur brisé, mieux valait le faire maintenant, sinon cela serait de la torture…  «Quelle est la suite Grayle?  » S’arrêtant, elle observa silencieusement son amant avant de reprendre; «Au Puy nous avons fait tous ses plans si nous retrouvions notre liberté… Et voilà que tout nous ai offert comme nous avons rêvé… Souhaites-tu continuer seul? » Elle sentit sa gorge se serrer alors qu’elle prononçait ses mots, mais elle devait savoir; « Ou souhaites-tu passer le reste de ta vie avec moi comme nous avons planifié au Puy? » Elle sentit son cœur accélérer, pendant que son regard cendré observait Grayle, tentant de déterminer une quelconque émotion, ou une quelconque répulsion à sa question. Était-ce aussi normal d’être aussi nerveuse pour une question aussi bénigne? Après tout ce n’était pas la fin du monde si elle continuait seule, elle avait survécue pendant une centaine d’années, pourquoi pas encore quelques de plus? Miriel savait qu’elle essayait de se convaincre que peu importe la réponse elle serait capable de continuer, mais elle avait cette horrible peur qui la tenaillait au ventre pendant que Grayle restait silencieux. Non,  elle aurait définitivement le cœur brisé s’il la repoussait…

«Oui, je le veux»


Presque une réponse pour une demande en mariage! Mais c’était bien plus que ça. C’était la promesse de passer le restant de leurs jours ensemble. De continuer à traverser les épreuves qui se trouvaient sur le chemin. C’était de vieillir main dans la main, et devenir une meilleure personne au côté de l’autre. Miriel expira doucement, sourire aux lèvres.


«Je veux passer le reste de mes jours auprès de toi. Même si le reste de ma vie ne sera qu'un court moment pour toi».


Son regard se noircit un peu plus. C’était quelques choses a lequel elle n’avait pas pensé…  Même si tout s’arrangeait, elle aurait toujours à gouter l’amertume de la mortalité. Que ça soit dans les mains d’un drow ou la lente décroissance du temps, Grayle mourra un jour. Et à ce moment-là, aurait-elle un quelconque réconfort? Qui la conforterait dans cette souffrance, elle qui avait tout fait pour se retrouver aux côtés de l’être aimé? Que ferait-elle lorsqu’elle le perdrait et qu’elle serait entourée de l’obscurité et de la tristesse? Elle serait liée à son chagrin jusqu’à la fin de sa longue vie, condamnée à vivre avec la perte de l’être aimé. Miriel secoua doucement la tête, avant de poser son front contre celui de Grayle pendant qu’elle se collait un peu plus contre lui; « Je ne veux pas y penser. Pour une fois je veux profiter du moment présent. Je suis mercenaire, Grayle.  Il est très possible que ma vie soit bien plus courte que la tienne…»


«Que ce soit comme docker ici, comme paysan sur la terre de mes ancêtres, artisan chez les nains, peu importe quoi, et n'importe où, tant que tu es là.»


L’hybride lui sourira. Quelle chance elle avait d’être avec un être aussi extraordinaire! Elle lui rendit son baiser alors qu’il se retrouva habilement au-dessus elle. Prisonnière de ces caresses, elle le laissa lui mordiller l’oreille, non sans laisser s’échapper un gémissement satisfait.


«Je veux bâtir. Être utile aux autres. Transporter des marchandises, faire pousser fleurs, arbres et céréales, garder les animaux, construire des maisons... élever des enfants. Je veux faire quelque chose de bien. Pas de violence. Pas d'armes. Je ne veux plus faire de mal à quiconque. Ni à toi ni à qui que ce soit d'autre.»


«Je ne peux te promettre que je ferais la même chose. » Miriel se redressa sur ses coudes, plantant son regard cendré dans les yeux de Grayle. «Je te l’ai dit. Je suis mercenaire, je ne connais rien d’autre que la violence. Je peux te jurer que je ne prendrais un contrat qui me forcerait à tuer un innocent. Mais nous allons avoir besoin de cet argent… » Elle s’arrêta soudainement en regardant Grayle, «Et si je peux sauver d’autres personnes de l’esclavage, je le ferais en un seul instant… » Elle ne mentait pas, jamais elle ne serait une servante ou une gouvernante… La seule chose qu’elle savait faire était de manier une épée, de traquée, de chasser et de tuer ceux qui faisaient du mal aux autres. Grayle pouvait très bien rester à la maison, mais forcer Miriel a faire de même serait l’équivalent de lui couper les ailes. L’hybride lui rendit doucement son baiser, alors qu’il lui murmura a l’oreille;


«Toi et moi, avec le monde entier.»


L’hybride lui sourit, avant de l’enlacer, lui répétant doucement ses paroles à l’oreille de Grayle. «Toi et moi avec le monde entier » elle aurait pu rester là pendant des heures, s’enivrer de son odeur, se repaître de ses innombrables caresses. Oui, elle l’aimait, elle aimait d’un amour sincère cet humain qu’elle avait sauvé des années plus tôt. Cela avait été une action risquée, mais ô combien valorisante! Et puis les coups qui s’en étaient suivi n’avaient aucunement altéré sa façon de penser. Sauver Grayle, et le convaincre de se battre pour sa vie avait été la meilleure décision qu’elle ait prise de sa longue vie. Miriel attira doucement Grayle à elle, le forçant doucement à poser sa tête sur son épaule alors qu’elle caressait sa crinière de plus en plus grisâtre. «Et la prochaine étape, c’est d’aménager ensemble? » Dit-elle en souriant comme une adolescente. Elle qui n’avait jamais eu de chez soi. La pensée d’avoir un toit pour elle et son amoureux lui semblait presque impossible…  

«Non, ce n'est pas la prochaine étape dit-il d'une voix brûlante. Au regard inquiet de Miriel il répondit. Car elle a déjà été faite.  Ici, c'est chez moi. Chez moi, c'est chez toi. Bienvenue à la maison, Miriel...»


C’est fou à quel point ces quelques mots eurent un effet puissant chez l’hybride. Et quels mots! Elle avait finalement un chez-soi. Finalement un endroit qui l’attendait à la fin de chaque journée. Elle qui avait voyagé autour du monde pour trouver son chez-soi, et elle l’avaient finalement trouvé. Là, dans les bras de Grayle…  Elle se laissa aller à ses caresses, répondant à ses baisers enflammés alors qu’elle pouvait sentir son membre devenir de plus en plus dure contre ses jambes. C’était une nouvelle vie qui commençait, un nouveau chapitre loin du froid, loin de la cruauté et loin de la douleur. Définitivement un espoir vers un avenir meilleur. Miriel le laissa faire alors qu’il la plaquait contre le lit avant de se mettre sur elle. Un sourire amusé vint orner ses lèvres alors qu’une lueur taquine venait enflammer son regard pendant que le rouge venait teinter doucement les joues de son homme.


«Je t'aime, Miriel. »


Mais avant qu’elle ne puisse répondre, Grayle l’embrasse de nouveau et tout prit une autre direction. Comme envahi par un désir à la fois puissant et sauvage, Grayle la libéra de ses vêtements avant d’enfouir sa tête entre ses jambes. Et elle ne fut pas déçue. Elle sentit tout d’abord la langue de son amant bien écarter ses lèvres et commencer à dessiner les contours d’une façon bien méticuleuse, comme s’il tentait de se remémorer des moindres détails.  Traversée de délicieux frissons, l’hybride ferma doucement les yeux et se laissa bercer par les mouvements habiles de son amant. Sa langue sublime la léchait, tétait, mordillait avec un talent fou. Elle pouvait sentir les vagues de désirs la traversé tandis qu’elle laissait s’échapper de délicieux soupirs et halètements. Elle n’en pouvait plus, l’hybride pouvait sentir la jouissance arriver et tentait tant bien que mal de la contenir. Ses mains se posèrent doucement sur les épaules de Grayle, tentant tant bien que mal de se libérer de son emprise. Elle n’eut néanmoins pas eu le temps de finir son geste, qu’elle sentit une vague de plaisir l’envahir. Se cambrant légèrement, elle laissa s’échapper un gémissement avant d’ouvrir doucement les yeux. Miriel attira doucement son amant vers elle, lui donnant un des baisers les plus passionnés. Une main sur sa mâchoire, l’autre dans ses cheveux, caressant doucement les boucles légèrement grisâtres de son amoureux. Elle se sentait si bien à ce moment présent.  « Prends-moi », murmura-t-elle, ses prunelles grisonnantes suppliant silencieusement Grayle.


Cela faisait si longtemps qu’elle attendait ce moment. Si longtemps qu’elle l’avait attendu et là, à ce moment précis, elle ne voulait être qu’un. Ne lui laissant pas le temps de répondre, l’hybride le fit tournoyer et se retrouva sur lui. Un sourire taquin aux lèvres, elle lui enleva rapidement sa tunique avant de se débarrasser de son pantalon. Sans attendre, elle glissa le membre tendu dans bouche, s’en régalant. Laissant sa bouche l’agacé, le tété à son tour avant de le lécher pour finalement l’engloutir plus profondément. Le soleil venait à peine de se lever et cette journée venait de commencer de la plus délicieuse des façons…

Ce fut des éclats de rire qui vint briser le silence. Des rires sincères, des rires qui donnaient l’impression d’être de la poussière de joie sortant de leurs cœurs brisés. Cela faisait si longtemps, si longtemps qu’ils avaient espérés se retrouver. Si longtemps qu’ils avaient chercher à sentir la présence de l’un et l’autre. L’hybride laissa retomber sa tête sur l’oreiller, comblée, le cœur qui semblait vouloir exploser. Elle mit doucement sa main sur ce dernier alors qu’elle tentait tant bien que mal de reprendre son souffle. Ses doigts s’écartèrent doucement sur son dernier alors qu’un sourire vint orner ses lèvres. Miriel ferma doucement les yeux, savourant cette sensation, comme si plus rien autour d’eux n’avait aucune importance. Et ce fut Grayle qui rompit le confortable silence qui les entouraient.


«Ah... cette journée compense presque tout le temps passé au Puy. Allons-nous laver. J'ai une bassine dans la pièce voisine. On peut tenir à deux, en se serrant.»


L’hybride ouvrit doucement les yeux avant de retourner légèrement la tête vers ce dernier, sourire aux lèvres. Elle approuva silencieusement avant de le suivre dans la pièce voisine. Grayle n’avait pas tort, la pièce était petite, mais l’eau rafraichissante sur son corps et les douces caresses que son amoureux lui donnait était apprécié. Au bout de quelques minutes à se laver et à prodiguer d’innombrables caresses l’un à l’autre, le couple ressortit de la pièce, et c’est à ce moment que l’odeur atteignit finalement Miriel. Elle eut une légère grimace avant d’enrouler lâchement un morceau de tissu autour de sa poitrine. Les cheveux encore trempent, elle alla ouvrir rapidement les volets d’une fenêtre et ne put s’empêcher de remarquer quelques curieux voisins qui la dévisagèrent. Le rouge vint envahir ses joues, alors qu’elle se retourna rapidement vers Grayle. « Je crois qu’on a dérangé le quartier au complet…» dit-elle avant  de lui faire un sourire gêné. C’est alors qu’elle aperçut quelques fruits qui trônaient sur la table, sans attendre, l’hybride en attrapa un, avant de se hisser doucement sur la table, face à son amant. «Alors dis-moi… Je crois que l’on a énormément de chose à rattraper. T’es-tu enfui ou as-tu réussi à avoir ta liberté? » Les pieds dans le vide alors que son fessier reposait doucement sur la table, l’hybride croqua délicatement dans le fruit alors que ses prunelles cendrées fixaient Grayle, avide d’entendre son histoire. Ils avaient peut-être rattrapé une partie du temps, mais il y avait bien d’autres discussions qui les attendaient…