Une promesse de richesse [ Miriel ]

Il en fit céder les primes coutures du col de son mantel, tant il houspilla son sbire. N’eût été de ses compétences fortes seyantes en matière de commerce, son affidé aurait hérité d’une gratuité à sa vilaine trogne naine : une estafilade qui aurait rompu la régularité de ses ridules de vieillesse. C’est que le petit homme n’avait rien à se reprocher ; il n’était que le réceptacle de toute la colère de son maître, qui venait d’apprendre tantôt la perte de l’une de ses prometteuses diligences. La cargaison appesantie de pierreries de toutes sortes, avait pour destination Sol’Dorn, où un riche marchand avait fait promesse d’achat pour la totalité de ces chatoyantes gemmes. Ce ne fût qu’une ennéade et demie après la perte de ses biens, que le maestro de cette affaire fût mit au jus. Depuis, la truandaille bénéficia largement du temps qui leur fallait pour s’effacer de la surface, emportant avec leurs identités leurs toutes nouvelles richesses. Là était le nerf de son algarade avec son petit esclave ; ses chances de récupérer ses biens étaient minces, pis encore, celles de punir ces souillures de brigands, presque inexistantes!

« As-tu seulement idée de toute la fortune qui vient de me glisser entre les doigts!? » Cracha à la figure du nain, le Drow furibond.

« Mmmmeeeehhh!! Jeeee neeeee saaais paaaaass! » Chercha à répondre le pauvre personnage, toujours secoué par la poigne solide de son propriétaire, jusqu’à ce qu’il ne retrouve sa liberté, au prix d’une douloureuse chute sur son derche et contre les chaises de la table. Se frottant la caboche en fronçant son immense pif zébré de rides, le nain tâcha de retrouver à peu près sa prestance sur ses deux papattes, tout en baragouinant quelques paroles excessivement affolées. « Nous savons combien ils étaient! Et à peu près à quoi ils ressemblaient! Puis … Puis … On peut pas s’cacher comme ça avec autant de pierres, des gens les auraient vus! »

« Si des gens les ont vus, alors trouves-les. Débrouilles-toi comme tu veux. Fais aller tes doigts boudinés en harcelant tous tes contacts si tu veux, je m’en fiche. » Il s’approcha de lui, cette fois en empruntant à son visage un air de ceux qui désirent admirer la couleur du sang. « Mais je veux revoir l’ombre de ces roches et plus encore important encore, la tête de ces enculés! »

À ces paroles débordantes de sagesse, le nain s’empara de quelques hommes de main puis détala au triple galop en direction de l’Ithri’Vaan. La sempiternelle chevauchée les mena à bon compte à Sol’Dorn, près d’où fût dépouillée la cargaison. Point de temps pour le repos ; car la fripouille de nain avait à son agenda moult rencontre de prévues la journée même de son arrivée. C’est donc les yeux appesantis de cernes jusqu’à son double menton, qu’il reçut dans une sombre taverne, une poignée de ses plus fidèles promoteurs de chasse à l’homme.

« Ils étaient cinq, tout au plus. De grands gaillards, tous biens bâtis, des lourdauds, en somme! Avec eux, une femme aux cheveux rouge, pas très subtile, avec de bonnes hanches –aussi bien dire un cul qui explique pourquoi les quatre soudards la suivaient-. Faut les retrouver, eux et la cargaison et nous les livrer, mort ou vif. Évidemment, votre ou vos mercenaires seront largement récompensés à la mesure de leur efficacité. Mon maître y veillera. » Le nain répéta le même laïus pour tous les coupe-jarrets potentiels, comme si le contrat était aussi banal que ceux dont les commerçants s’échangeaient lorsqu’ils faisaient bonne entente de produits locaux.

Là! Nous y sommes, dans le genre d’établissement où auberge et maison de passe joignaient leurs vocations en parfaite harmonie. Un endroit convivial où poularde, bière locale et moules de toutes sortes étaient offertes à prix compétitif! Ici, de place pour les preux il n’y avait. En revanche, la présence de boursicoteurs de pacotille, soudards, de sac à vin, racoleuses et autres sacs à puces y abondamment enviées! Là résidait le nerf de sa plus fidèle clientèle et cela au grand plaisir de son propriétaire qui s’esclaffait à chaque fermeture de tout l’or liquidé par sa clientelle enivrée d’alcool. C’était aussi le genre d’endroit où les problèmes tombaient du ciel comme la misère sur le pauvre monde. Une bagarre, une combine qui vire mal, une transaction douteuse, une coureuse de rempart battue par son amant du moment ; qu’importe le souci qu’il vous faut, c’est ici que vous le trouverez! Cette soirée-là ne s’esquiva guère à la règle, car au travers la musicaille et le barouf des bouseux, un homme, que dire, un ogre, s’appropria la couronne de la popularité, asseyant confortablement sur son chef cet amour de la foule qu’il acheta au prix de nombreux tonnelets de cervoise. Les femmes tournaient autour comme des mouches autour d’un tas de bouse et les hommes, eux, profitaient à outrance du colosse qui liquidait sa fortune. La bonne fortune avait frappé à quatre reprises sur les convives du douteux établissement, qui reçurent du joyeux drille la tournée générale. Jusqu’au dehors de l’établissement, à en faire trembler les joints des murs, on entendit les « vivats! » à l’unisson. Qu’est-ce que l’or ne pouvait pas acheter, n’est-ce pas?

Et la soirée alla de bon train pour notre nigaud gargantuesque, vu l’air de fête qu’il réussit à créer en dilapidant ses richesses. Un prime accroc, pourtant, dût bien se produire. L’une de ses goulées de mousse manqua de l’étouffer en lui procurant l’une des plus rauques quintes de toux de sa vie lorsqu’il aperçut la sang-mêlé pénétrer le boui-boui. Le carmin lui avait monté aux tempes tant la gorgée lui avait mal passée. Qu’était-ce donc cette étrange créature pour qu’elle ne le perturbe autant ? Des traits hors normes mais qui avait tout de plaisant à l’œil ; une charpente bien roidie par ses muscles, tout en préservant la finesse de son sang impie et celui des gens normaux. Une telle créature devait tomber sous ses « charmes », c’était obligé.

D’un bras un poil violent, il écarta de son chemin une morue qui roulait des hanches comme si elle était rongée par la chaude-pisse, puis se redressa de tout son long pour esquiver gauchement les autres tablées dans son chemin. Cheminant jusqu’à la belle, il chassa de sa chemise à moitié déboutonnée les saletés de son dernier repas, n’en laissant que les ô combien charmantes taches de gras qui avait imbibées son tissus. Arrivée pratiquement à sa hauteur, alors qu’il l’enterra de l’ombre de sa silhouette, il renifla subtilement –selon lui-, puis tira la chaise à ses côtés pour se laisser choir au grand damne des pattes de chaises qui crissèrent sous son poids. Aussi charmant que les plus cochonnées des latrines, c’est d’un premier souffle agrémenté d’un haleine d’alcool faisandé qu’il lui tint à peu près ce langage :

« Ohlà la belle créature … Elle voudrait s’amuser la petite ? » Ici étant le Roi, l’ogre se sentit des ailes pousser et se permit même de poser ses doigts crasseux contre le genou de la diablesse.

« Et qui te dit que tu me mérites? »

Ses yeux s’arrondirent comme des billes. Il avait affaire à une diablesse, à n’en point douter! Ne manquait plus qu’elle fût revêche, sauvage même, pour qu’elle sache combler ses fantasmes du soir. Le simple contact de sa vieille patte moisie contre les tissus de l’hybride fit vibrer ses nerfs, qui se tendirent sans autres ambages à la vue de son pétillant regard.  Il les préférait ainsi, de toute manière ; griffues et promptes à en faire usage si besoin était. Et c’était tant mieux pour lui, puisque ses conquêtes possédaient en commun pour la majorité de ne pas être consentantes à la chose. Si la parias drow ne se targua pas d’avoir en son bagage celui de séductrice, son corps ainsi que ses yeux suffirent pour lui rendre la tâche forte aisée. Le bougre, à fixer autant ses mires d’enjôleuse et ses atours affriolants, écuma bientôt à pleine gueule. Il l’aurait prise, là sur la table et devant les yeux de tous sans qu’aucun ne viennent l’en empêcher ; pour autant qu’il put se retenir, il sut que la pesanteur de son or n’aurait été argument suffisant pour convaincre la garde de le laisser besogner sa conquête du soir en paix. La grossière indécence choquait, il semblait! Même dans ce genre de grotesque cabane, ce spectacle de mauvais goût (car exercé par cette brute épaisse, il l’aurait été très certainement!), était prohibé. Or, ne sachant qu’à peine se retenir, cherchant en tous moment de profiter d’avantage, de goûter cette chair à portée de main, il consentit à quitter les lieux céans à la demande de la diablesse.

La vilaine le trimballa d’une venelle à l’autre, entretenant son impatience à chaque détour qu’elle enfourchait. Entre deux bennes à ordure malodorants, le colosse ouvrit la bouche et tenta une croquée à ce fruit interdit, qu’il placarda contre l’un des murets humide d’une bâtisse en décrépitude. Un baisé unilatéral. Le genre d’étreinte à sens unique où passion et convoitise se rencontraient aussi habilement qu’un manchot joueur de cithare. Quelques secondes d’extase s’écoulèrent avant que l’ogre ne se fasse rebiffer par la sulfureuse mégère, s’esquiva de sa présence comme une anguille entre deux rochés. Dégoûtée? Que nenni! Du moins, guère à son œil … Car si elle s’échappa de lui, ce ne fût que pour mieux l’emporter en resserrant ses serres de petit oisillon à son poignet.

Arrivé à destination, il sut que son heure arriverait ; l’heure du soulagement, que diable! Ses grelots commençaient à lui picoter, à force! Au bout de cette interminable marche, l’alcool s’était bien emparé de lui ; faisant de son corps une montagne de muscle mollassonne et aux reflexes quasis-inexistants. Arrivés tous deux dans un salon à peu près modeste, il se lassa lâchement choir contre l’un des fauteuils. Soif! Oui, il avait grand soif, se souvint-il en observant Miriel qui s’envoya une rasade forte généreuse de jus. À moi!, beugla l’animal en s’emparant de ladite bouteille de sa vilaine patte, tout en noyant sa gorge de bruyantes goulées. Il n’était pas dit qu’une puterelle dans son genre lui apprendrait à boire! À la vitesse que descendit le jus, on put même y voir le diamant à peine dissout épouser les parois de sa gorge, comme si la petite pierre avait passée droite sans même qu’il s’en aperçoive. Ce ne fût que lorsque sa chemise fût complétement salit et rougie et que ses joues épousèrent les teintes du liquide, qu’il tituba et qu’il perdit la force de ses mains, laissant contre le sol humide se fracasser la bouteille.

Et ce fût la nuit.

À son réveil, la tête dans le cul, il lui fallut quelques bonnes minutes pour reprendre pleine conscience. Son crâne était compressé et sa propre haleine fétide l’écœurait ; oui, il avait bel et bien la tête dans le cul! Mais, que? À son dos, on lui avait marié les poignets ensembles à l’aie de liens de fer et ce, pratiquement jusqu’aux coudes! Si on décida de le ligoter comme un animal, c’est ainsi qu’il se comporterait. Sa force au moins récupérée en bonne partie, il se débâta comme un damné, secouant ses liens comme un lion en cage. Ce ne fût que lorsqu’il vit Miriel que le rouge lui monta au visage, tant il crispa la mâchoire.

Il avait encore goût de la baiser, mais pas qu’un peu ; jusqu’à la moelle, jusqu’à ce que cette chienne en crève.

« TOI! Je vais t’apprendre à qui tu as affaire! » Une pique bien placée! Au moins aussi piquante que le coup qu’il reçût sur la caboche et qui lui mérita une coulisse de sang entre les deux yeux. Il en tomba même sur le dos, mais se redressa dare-dare, toujours aussi rageur que tantôt. Non, pour le convaincre de vendre ses amis, il lui faudra le cuisiner d’avantage …

« Je me fiche bien de ton merdeux de Drow. Si tu penses que c'est suffisant pour que je vende la patronne, tu peux bien aller chier dans pot. »

Laissé à lui-même depuis si longtemps, il s’était blasé au point tel qu’il en resta immobilisé contre le mur à l’arrivée de sa geôlière. Il ne sourcilla pas même à la vue de la gourde passée en bandoulière au bras de l’hybride : à tous les coups, elle ne pouvait venir que pour tenter un coup fourré. Problème étant ; il avait si tant soif que ses lèvres commençaient à se craqueler et chaque avalée de salive –aussi rare fut-elle- lui coupait l’œsophage. Et ses charmes, même si elle n’en fit usage que naturellement et plus pour le manipuler, ne lui provoquait plus une seule réaction. Bien que, son œil droit tiqua bien lorsqu’il dut endurer le sourire satisfait de sa démoniaque gardienne. En voilà une de succube, qui n’aurait plus main mise sur lui grâce à son cul.

Elle lui présenta la flasque et ne frétilla pas du petit doigt … Du moins, pas tant qu’elle s’en abreuva elle-même. Ses chaînes se secouèrent sous son énervement ; il se redressa dare-dare et se jeta à ses pieds pour mieux assécher la gourde de sa flotte. Et la car cette acte de bonté, non, de pitié, ne venait pas sans prix, il s’attendit à ce qu’elle réitère ses demandes initiales. Non, il ne vendrait pas les siens ; pas pour tout l’or du monde. Et enchaîné comme la bête sauvage qu’il était, son refus de coopération lui mérita la perte de la vue au profit d’un lambeau de tissus autour de sa tête. D’outre-tombe, il retrouva quelques énergies pour montrer son insatisfaction, où il gueula et rugit sans commune mesure, à secouer ses liens jusqu’à s’en ronger les chairs de ses poignets. Et le tumulte perdura, jusqu’à ce qu’il n’entende plus rien, plus un son. Alors, il s’immobilisa, cherchant des oreilles sa tourmenteuse.

L’avait-elle seulement esseulé, pour qu’il n’en entende pas même son souffle ? Disparue. Dans son énervement, elle s’était volatilisée comme un nuage de fumée, ne laissant derrière aucune trace. Sauf celle qu’elle laissa généreusement à son pied, écrabouillé par une massue. Eut été du hurlement qu’il poussa à s’en faire déchirer les cordes vocales, la pauvresse aurait entendu tous les os de sa patte se broyer sous l’impact. Sous ses lamentations, le géant s’écroula, le visage tordu sous la douleur. Et ce mal était si vif, qu’il en devint sourd d’oreille aux prochaines demandes de sa geôlière. Ce ne fût qu’après d’interminables minutes à se rouler au sol, le souffle affolé par la vive affliction que lui procura son pied émietté, qu’il entendit ses requêtes.

Des demandes qu’il déclina de plus belle en l’incendiant de tous les jurons possibles.

« Ç’fait quand même un sacré moment qu’il est pas r’venu, not’ gros singe baraqué. » Grogna l’un des brigands, alors qu’il écorchait d’un écussonnoir un morceau de bois pour en faire un genre de figurine miniature.

« Il doit encore ripailler avec des putains et se vautrer dans ses nouvelles richesses … Pauv’ con. » Répliqua un autre homme, à examiner quelques rocailles reluisantes étalées sur l’une des tables.

« Attention, prends garde quand tu parles de putes. Parfois, elles peuvent surprendre. » Affirma enfin la chef de ce groupe de truand, sortie de son antre un sourire malicieux étampé sur son visage.

« Oh, c’était pas pour me moquer d’ce boulot … C’est … honorable, même, c’travail. » Se corrigea aussitôt le joaillier, les yeux bas sur son travail, de sorte à ignorer le regard accusateur de la chef.

«  Ah oui! C’est vrai que y’a rien d’plus honorable que de secouer les dés d’un veinard, jusqu’à c’qu’il gagne le gros lot, hein! » Ajouta de trop, l’artiste au coutelas. Et vu la tronche que tira la ténébreuse tire-laine, se moquer d’elle à ce moment précis, ne semblait guère relever de la plus judicieuses des idées. Elle conquit la distance qui les séparait d’un pas lent et mélodieux, claquant sur le bois du plancher à l’aide de ses talons. Et le coquin, pas nerveux pour deux sous, ne lui accorda pas même un iota d’attention, trop concentré sur sa babiole. Arrivée à son niveau, elle tira de sa ceinture un minuscule couteau, dont la pointe pourtant suffirait à lui retirer tout souffle de vie, si l’envie lui avait pris. Et elle le lui fit comprendre en faisant épouser la lame à la gorge de l’homme, tout en empoignant de ses doigts griffus une masse de ses cheveux. Elle avait dans l’idée de lui rappeler sa place, et la sienne, au passage ; c’est elle, après tout, qui était la principale responsable de leur succès.

« Quand j’aurai envie de me faire rappeler toutes les bassesses que j’ai dû faire pour atteindre là où je suis rendue, je te le ferais savoir. D’ici là, sois beau, veux-tu ? On a une invitée. » Termina la rouquine, alors qu’on entendit céder les gonds de la porte pour voir apparaître sous les yeux ébahis des truands, une hybride au cou tendu et barré d’un coutelas fort plus imposant que celui ayant servi plutôt à la chef.

« Eh bien eh bien! Qu’avons-nous là? C’est un beau spécimen que tu nous as dénichés. Dommage que sa curiosité nous oblige à l’abîmer un peu … » La femme s’approcha de Miriel, l’examinant longuement sans piper le moindre mot, puis lui tourna le dos en s’éloignant d’un déhanché moqueur.

« Faites en ce que vous voulez, du moment que vous vous débarrassez du corps une fois que vous en aurez terminé. » Et tandis qu’elle quittait la salle, les deux autres mâles ne se firent guère prier pour s’atteler à la dure tâche qu’était de défaire leurs ceinturons … Et ils y parvinrent presque. Si seulement un carreau d’arbalète ne s’était pas fiché à l’arrière du crâne de celui qui restreignait les mouvements de la semie-sombrelfe … Par la porte, une flopée de mercenaires débarqua sans crier gare, passant à tabac les deux malandrins restant, oubliant par le fait même que la rouquine pouvait s’être fait la malle …

Miriel  replaça ses longs cheveux blancs derrière ses oreilles pour mieux entendre la conversation, avant qu’un léger buissonnement la fasse tourner rapidement. Elle put voir la tête, non plusieurs têtes par la fenêtre de derrière. Décidément, les mercenaires étaient arrivés plus vite que lui avait mentionné Herendil. Elle leur fit signe de rester à l’arrière, ce qu’ils approuvèrent en silence. Elle retourna sur ses pas et sortie à l’extérieur pour aller à leur rencontre. Quel ne fut pas sa surprise de voir ces cinq mercenaires, armés de la tête au pied. « Nous avons été envoyés par Herendil » chuchota l’un d’eux. Avant qu’un autre ne puisse ouvrir la bouche, Miriel mit son doigt sur ses lèvres, les sommant de se taire. Une fois que les cinq paires d’yeux furent sur elle, l’hybride leur chuchota son plan. « Ils sont quatre, trois baraqués et la rouquine qui est le chef. Oui nous avons l’avantage du nombre, mais il faut les surprendre, sinon ça sera vraiment trop chiant et personne à de temps à perdre ici. La grande rousse pense qu’elle est la sagesse incarnée, il faut lui faire croire qu’elle contrôle tout.» Miriel regarda à tour de rôle les mercenaires qui hochèrent la tête. « Lorsque vous pensez que c’est le moment, tuez-en un sur le coup. On prend les trois autres par surprises et le travail est fini. » L’un deux sortit une arbalète, tandis que deux autres se dirigèrent vers la porte de la façade de l’immeuble. Miriel entra une nouvelle fois dans la maison et retourna vers la porte d’un pas prudent. Elle n’avait aucun problème à être l’appât, en autant que les cinq autres hommes agissent rapidement et professionnellement lorsque le moment sera venu.

Elle se retourna vers la porte pour écouter la conversation. Elle pouvait entendre trois voix distinctes; une féminine et deux autres masculines. L’hybride crut comprendre qu’ils parlèrent de son prisonnier et ne put s’empêcher de sourire. Si seulement ces derniers savaient ce qu’ils les attendaient… Mais où était le quatrième homme? C’est à ce moment qu’elle entendit des pas se rapprocher de la pièce où elle était.  En regardant rapidement autour d’elle, la demi-drow comprit rapidement qu’elle n’avait aucun endroit où se cacher. Elle fit signe au mercenaire de rester à l’extérieur pour le moment et retourna à son écoute. Une porte adjacente s’ouvrit pour laisser entrer un homme gigantesque. Ce dernier, carrément surprit de voir l’hybride à l’intérieur,  reprit ses esprits rapidement et lui saisit les poignets rapidement et lui mit son épée à la gorge. « Oh mais qu’es qu’une belle créature fais dans notre entre? » Miriel roula les yeux, avant de se débattre. Le mercenaire ramena dangereusement son épée à son coup en souriant. En réalité, il avait fait exactement ce à quoi elle s’attendait. Ces hommes semblèrent obnubilés par leur patronne, elle les manipulait pour qu’ils deviennent des marionnettes qu’elle utilisait à son avantage. Le problème c’est que Miriel voyait clairement son jeu, et allez l’utiliser contre elle.  Au bout de quelques secondes, il l’entraîna rapidement dans la pièce adjacente pour montrer son trophée à sa patronne.

La mercenaire fixa la rouquine d’un air glacial, aucune expression ne pouvait se lire sur le visage de l’hybride pendant que son ennemie la détaillait de haut en bas. Au bout de quelques minutes, elle se retourna et s’apprêta à sortir de la pièce avant de lâcher : « Faites en ce ce que vous voulez, du moment que vous vous débarrassez du corps une fois que vous en aurez terminé. » et elle sortit de la pièce. Ce ne prit que quelques secondes avant que l’armoire à glace plante son visage dans son cou en reniflant l’odeur de ses cheveux et en susurrant : «  Oh ne t’inquiète pas on va s’amuser » Miriel ne put s’empêcher de faire un sourire moqueur en voyant les deux autres acolytes tenter tant bien que mal de défaire leurs ceinturons. « Oh oui, on va s’amuser… » Leur dit-elle. Devant sa réponse, l’homme qui la retenait se releva la tête l’air interrogateur. Mais il n’eut pas le temps d’ouvrir la bouche pour la questionner qu’une flèche lui traversa le crâne. Alors qui la relâcha, la mercenaire fit un pas vers la droite, et dégaina son épée avant que le corps de son bourreau ne tombe lourdement sur le sol. Les deux autres mâles n’eurent même pas le temps de réagir que quatre mercenaires arrivèrent par la porte pour les tabasser.

Miriel retourna son attention vers la porte et vit une tignasse rousse partir à la course par la porte d’entrée. Merde pensa-t-elle. Elle sauta par-dessus la table, d’un saut gracieux et se mit à la poursuite de Lacrona. Cette dernière s’engagea à la course dans les rues des bas quartiers, tentant tant bien que mal d’éviter quelques étals abandonnés pour la nuit ou des ivrognes vautrés dans leur vomi. La course semblait sans relâche, jusqu’à ce que Miriel réussisse finalement à sauter, et à plaquer au sol l’humaine. Cette dernière lu donna un violent coup de poing au visage pour qu’elle lâche son étreinte. La demi-drow se releva et dégaina une nouvelle fois son épée, accompagné par Lacrona. Si elle voulait jouer ce jeu, Miriel était parfaitement capable de le jouer, et ce probablement mieux qu’elle. Après tout, qu’es qu’une putain pourrait avoir de plus qu’elle? Miriel  sentit un goût de métal lui envahir la bouche et ne put s’empêcher de cracher un jet de sang sur le sol. Décidément, cette dernière semblait apprécier le spectacle, car elle avait un rictus malicieux.  Miriel secoua la tête en la défiant du regard, « Alors tu veux jouer? Vas-y je suis prête. »

Leurs armes s’entrechoquèrent brutalement dans un fracas de métal. La rouquine tentait désespérément de bloquer les attaques de l’hybride. Elle avait l’air moins en contrôle de la situation que lorsqu’elle avait ses trois acolytes avec elle. Miriel ne put s’empêcher de lui lancer un sourire moqueur. Elle stoppa rapidement ses coups et se mit en garde, les genoux légèrement arqué et les deux mains sur le pommeau de son épée, elle était prête à attaquer à tout moment. Quant à la rouquine elle était aussi en garde, mais ne semblait pas avoir l’air moqueur de la mercenaire. L’hybride ricana avant de s’adresser à son adversaire : « Oh, mais que ce passe-t-il Lacrona? On se sent moins puissante sans ses acolytes? » Elle ne perdit pas une seconde pour lui répondre sèchement « C’est drôle, quand même. J’aurais pu te dire la même chose, alors que tu étais sur le point de te faire passer dessus par mes hommes. »  La mercenaire ne put s’empêcher d’éclater de rire. « Parce que tu crois que tu contrôlais le jeu? » Elle  fit tournoyer son épée en ayant son air moqueur «  Arrête de me faire rire…  Toi et moi, on ne joue pas dans la même ligue. Tu as fait exactement ce que je m’attendais. Un vrai amateur, j’espère que tu étais meilleur comme putain que comme mercenaire, sinon tu ne feras pas long feu dans ton nouveau chez toi » L’hybride eut un sourire mesquin en regardant la rousse et se remit en garde sans se laisser pas distraire par l’air haineux de sa compagne  et elle l’attaqua une nouvelle fois. Ses coups étaient rapides et puissant. La mercenaire contrôlait la haine qui l’habitait et savait comment l’utiliser à son avantage, quant à son adversaire, on ne pouvait pas en dire autant. Cette dernière parait tant bien que mal les coups de l’hybride, mais elle n’avait pas d’opportunité d’en placer un et Miriel ne lui laisserait certainement pas ce plaisir.

L’hybride arrêta ses attaques et commença à marcher autour de son ennemi tel un prédateur devant sa proie. Cette dernière, toujours en garde, tentait tant bien que mal de reprendre son souffle. Miriel avait toujours ce sourire mesquin en coin. Elle allait bientôt faire tomber cette femme, cette catin, qui se trouvait entre elle et sa récompense. Avec un peu de chance, le propriétaire des pierreries se montrerait généreux, et l’hybride pourra rapidement quitter l’Ithri’Vann. Elle fut rapidement sortie de ses pensées par Lacrona qui l’attaqua avec un coup désespéré. Miriel l’évita rapidement et répliqua avec un coup rapide qui atteignit la main de son adversaire, qui lâcha son arme en jurant et en pleurant de douleur. L’hybride enchaîna d’un rapide coup de pied, qui entraina l’humaine au sol. Elle mit son épée à sa gorge et attrapa rapidement le petit poignard à la ceinture pour le tirer de toutes ses forces à sa gauche. Le poignard finit sa course dans la rue, loin de la poigne de la rouquine Si la haine dans son regard avait pu tuer, la demi-drow en serait morte sur place. Miriel reprit son rictus  en approchant l’arme un peu plus de son adversaire. « Oh non, ne t’inquiète pas, le contrat disait en vie… Sinon cela serait bien moins amusant.» Elle entendit rapidement des sons de pas qui se rapprochaient et jeta rapidement un coup d’œil derrière elle pour vérifier qu’il s’agissait bel et bien de ses alliées. Lorsqu’elle put enfin discerner leur visage, elle eut une moue et se retourna vers Lacrona « Et bien, notre jeu est terminé, dommage, je t’aurais bien donné le même traitement qu’au gros crétin que vous attendiez un peu plus tôt. » Les deux grands gorilles arrivèrent rapidement et agrippèrent les bras de la rousse, avant de l’attacher à l’aide de chaînes, de la bâillonner et de lui mettre un sac sur la tête. Décidément cette dernière n’irait nulle part…

Elle sourit, satisfaite de l’accomplissement de sa tâche et se retourna pour retourner à la cachette des mercenaires. Quel ne fut pas sa surprise lorsqu’elle vit un nain affreusement ridés devant elle. Il avait un air étrangle, un mélange de terreur mais d’admiration. Définitivement, un drôle de personnage. Elle se rappela de la description de l’aubergiste. Au bout de quelques minutes de silence, voyant que ce dernier hésitait à prendre la parole, l’hybride prit les devant. Elle avança d’un pas, en le fixant de ses yeux gris, totalement vide d’expression : « Alors c’est toi le nain, qui donnait cette mission à qui le voulait…. Et bien c’est fait.  Où est ma récompense? À moins, qu’il faut que j’aille la chercher moi-même à ton maître? »

Elle s’était fait la malle, s’était enfuie comme jamais elle ne l’avait fait, car elle savait qu’une fois la main au collet, on ne lui octroierait de seconde chance. Ils ne semblaient, après tout, guère aussi miséricordieux que le corps de garde de Thaar ; et puis elle le savait, c’est ainsi que les comptes se réglaient dans la rue. Elle avait donc prit les jambes à son cou, mais c’était sans savoir qu’elle avait à faire à une chatte, aussi agile que preste. Ce ne fût qu’une fois plantée au sol par sa prédatrice, qu’elle fût certaine d’une chose : ses doigts ce soir, seront couvert de sang. C’est ainsi qu’elles allaient se saluer ? Très bien! Elle lui témoigna une première politesse en étampant ses jointures sur sa jolie petite gueule de Drow, ce qui lui fit rompre l’étreinte auquel elle était contrainte par cette dernière. En se redressant, elle ne fit ni une ni deux puis s’empara de sa rapière à la ceinture, qu’elle dégaina aussitôt pour mieux la menacer de sa pointe. Elle ne sut réprimer un sourire mauvais, à la fois moqueur et hautain, lorsqu’elle aperçut une gerbe de de sang décorer la lippe de Miriel.

Toute en confiance, Lacrona se lança tout corps contre son assaillante, cherchant à la dominer à l’aide d’une offensive plus qu’agressive. Ses coups tonnèrent et raisonnèrent de manière cadencée, mais chaque fois parés ou bloqués par ceux de la sang-mêlé. Cette mercenaire n’en était pas à sa première rixe … Sa confiance sembla ébranlée, alors que son sourire mourrait tranquillement à petit feu. Ses mires ne quittèrent plus jamais ceux de son ennemie et elle vit, l’ombre d’un instant, qu’elle s’évada vers d’autres pensées. Lacrona s’élança, accompagnée d’un cri de guerre capable d’en terminer d’un coup unique d’épée! Feinta-t-elle la distraction, pour qu’elle sache parer son attaque si brillamment et de répliquer aussi sèchement ? Elle évita in extremis une coupure au bras, mais vit sa patte dextre lacérée par la lame de son adversaire, lui incendiant aussitôt les chairs et lui faisant lâcher son arme. Sa senestre vint se saisir de son poignet, tant la douleur lui fut vive. Cette meurtrissure lui coupa tout contact avec la réalité, abaissant sa garde au profit de son adversaire qui n’hésita pas un seul moment pour en profiter et lui assener un coup de botte.  

Avant même qu’elle ne s’en rende compte, on la ligota comme un jambonneau de même qu’on lui coupa tout droit de parole et de vue.

Ses yeux se soulevèrent de sur son bureau où il gratouillait quelques notes, s’en allant à la conquête de celle qui venait troubler sa quiétude. Une vilaine grimace déforma son affreuse gueule ridée de nain, alors qu’il détaillait avec attention les traits de la Drow. Aucun détail ne lui échappa ; que ce fût son attifement atypique, ses traits légèrement déformés, capables de la classer comme une souillure parmi les Drow ou son air, dégageant une confiance à toute épreuve. À tous les coups, sa présence n’était pas fortuite, elle était belle et bien voulue!

« Bienvenue jeune fi… » Grinça le nabot, avant de se faire couper nette la parole par la présomptueuse mercenaire. Il grinça des dents, fermant les paupières pour mieux garder le contrôle de sa patience. « Est-ce que tu essaies de me dire que c’est … toi ? Qui s’est chargé du travail ? » Le regard dubitatif, le nain sauta d’en bas de son tabouret, pour s’en aller en clopinant vers elle pour mieux l’observer. Arrivé à la hauteur de ses genoux, il se racla la gorge puis marmonna quelques jurons inaudibles. Elle venait de se battre à coups sûrs et, aussi, en jetant un coup d’œil d’où elle était arrivée, ses sbires s’affairaient à rapporter la marchandise au loin. « Mhmh. Peut-être … » Il s’en retourna jusqu’à son pupitre, où il farfouilla pour mieux en dénicher une grosse besace potelée, la rapportant vers elle pour la lui offrir en main propre. Ce ne fût qu’une fois offerte, qu’il tomba nez à nez avec un détail qui le titilla. Une marque, lourde de sens …

« Non ce ne sera pas nécessaire, je vous assure, madame. Aussi vous épargnerais-je de vous inciter à vous retrouver devant lui ; vous pourriez ne guère apprécier. » Le court sur patte se retourna, pinçant les lèvres d’un rictus silencieux. « Vous avez bien mérité votre paie et, si je puis me le permettre avant votre départ : profitez! Dépensez et abusez des bonnes choses, la vie peut parfois se montrer si cruelle, si éphémère … » Il s’inclina devant elle, manquant pratiquement de chuter vers l’avant et lui désigna la porte.

Ils allaient se revoir, très bientôt, il n’en doutait point.

Miriel regardant de ses yeux perçant le petit nain bourru en face d’elle. Lorsque ce dernier se rendit compte qu’il avait affaire à une hybride, ce dernier grimaça, ce qui n’aida pas son cas. Elle lui posa la question sèchement, comme un ordre. Si ce nains agissait comme tel, il ne méritait pas qu’elle soit un tant soit peu courtoise. Il sembla grincer des dents, et douter de ses capacités jusqu’à ce qu’il voit ses sbire traîner les mercenaires qu’elle avait réussis à trouver. Il la détailla de haut en bas, ou du moins tenta de la détailler de haut en bas. Tâche qui sembla assez difficile pour le nain. Il retourna à son bureau et attrapa une besace pour revenir vers elle. Elle tendit la main gauche et attrapa la besace remplit. Pour finalement remarqua le regard que ce dernier eut lorsqu’il vit sa marque. Son bracelet, semblait avoir tombé durant la bataille avec Lacrona et dans l’excitation du moment ne se rendit compte de rien. Elle jeta un regard mauvais au nain alors qu’il lui mentionnait d’en profiter. Elle ne lui faisait pas confiance, mieux valait partir de cet endroit le plus rapidement. Elle le quitta de son regard, et sans dire un mot, partit de l’endroit.

Nerveuse, elle ne cessait de regarder derrière elle. La présence du nain dans Thaar n’allait pas être de tout être repos. Elle devrait être le plus subtile possible et se faire discrète pour les prochaines ennéades. L’hybride se dirigea vers le marché libre pour aller rejoindre l’échoppe de Herendil, elle y entra sans frapper, et verrouilla la porte derrière elle. Son compagnon apparut au bout du couloir, et devant son air apeuré, son regard devint inquiet. « Mais que s’est-il passé? Les as-tu attrapés » Toujours le dos contre le mur, la mercenaire hocha la tête. S’était bien la première fois que la peur la gagnait depuis qu’elle avait quitté le Puy. Cette frayeur puissante, qui vous tenait l’estomac et qui vous rendait impuissante. Herendil remarqua tout de suite qu’il y avait quelque chose qui clochait, et s’approcha rapidement de son amie pour la prendre dans ses bras. « Raconte-moi! » Lui souffla-t-il. La mercenaire ne put que montrer son poignet gauche alors que les yeux de Herendil s’agrandirent. Il lui saisit son poignet, maintenant à découvert, qui laissait voir à qui le voulait la marque disgracieuse. «  Ils l’ont vu? » Demanda-t-il paniqué. Miriel acquiesça, en tentant tant bien que ma de contrôler son souffle. Elle lui saisit le visage à deux mains lorsqu’elle remarqua que ce dernier se laissait envahir par la panique. « Je vais devoir disparaître pour quelques ennéades. Je vais quitter Thaar avant le lever du soleil. Si tu n’as pas de nouvelles de moi, au bout de 10 ennéades, avertis Selendil qu’il m’ait arrivé quelques chose. » L’humain resta quelque peu surpris face à la demande de son amie. Fallait-il dire, qu’elle n’avait jamais vraiment raconté à personne ce qui s’était passé entre elle et l’intendant aux ressources de Daranovar. Il s’était bien douté qu’il y avait une quelconque chimie entre les deux êtres, mais n’avait jamais pensé que cette chimie s’était développer de cette façon. Il la serra dans ses bras, savourant le contact de la tête de l’hybride sur son épaule. L’humain savait pertinemment que l’hybride ne l’aimerait jamais, mais il ne pouvait s’empêcher de vouloir la protéger du mieux de ses capacités, aussi médiocre était-elle. Il lui murmura à l’oreille « Je te le promets, je lui ferais moi-même le message. Soit prudente. »  Son compagnon l’embrassa sur le front et se détacha d’elle, tentant tant bien que mal de retenir ses larmes. Herendil lui fit un signe pour qu’elle l’attende et agrippa la cape à capuchon de son amie avant de la lui attacher sur les épaules. « Bonne chance mon amie » Il essuya une larme qui coulait doucement de ses grands yeux gris qu’il adorait tant et elle se retourna rapidement pour sortir, le laissant, triste et désespéré. Mieux valait ne pas perdre de temps.


Miriel sortit de l’échoppe de son ami pour se rendre près du marché couvert, là où elle louait sa chambre. Elle tenta de se faire le plus discrète que possible. À cette heure, la peste et la racaille de Thaar était définitivement active. Elle évita les grandes rues désertes, préférant la noirceur des petites ruelles. Elle se rendit sans problème à son auberge, entrant en coup de vent dans l’auberge bondée. L’aubergiste lui fit de grand signe de main en criant son nom, mais stoppa net devant l’air de la jeune femme. Il comprit que quelque chose ne tournait pas rond et retourna à son nettoyage de verre. L’hybride monta à toutes vitesses dans sa chambrette, évitant tout regard avec les autres clients, fit son sac rapidement, et prit la bourse qu’elle cachait derrière une planche du sol. Elle fourra le tout dans son sac en bandoulière et mit rapidement de longs gants noirs. Au moins, personne d’autre ne verrait cette stupide marque. La mercenaire ouvrit la fenêtre et sortit par le toit. Tentant tant bien que mal de faire le moins de bruit possible. Elle sauta, pour se retrouver dans la ruelle derrière son auberge, et replaçant son capuchon, pour camoufler son visage, se mit en marche vers le mur de la ville. Le plus vite sortirait-elle de cette ville, et le plus rapidement serait-elle en sûreté. Elle remontrait vers le nord pour rejoindre Naélis, et qui sait? Peut-être trouverait-elle du travail rapidement? La mercenaire rejoignit la rue et marcha rapidement, tentant désespérément de contrôler sa respiration paniquée. Au bout de quelques minutes, elle réussit à se calmer, se disant qu’elle serait probablement assez rapide pour s’enfuir avant même que le nain se soit aperçut qu’elle soit sortie de la ville. C’est alors qu’elle stoppa net. Elle entendit un groupe d’homme approché, ces oreilles bougèrent légèrement et elle alla directement se cacher dans une ruelle adjacente. Tentant désespérément de se fondre dans le nuit. La mercenaire n’avait rien de son habituelle calme. Elle était terrifiée, ses sens l’avaient abandonnée. Alors qu’elle se concentrait sur le groupe d’homme qui s’approchait rapidement de sa cachette, elle ne remarqua pas l’ombre qui se dressait derrière elle.