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 [Eofel] Augures au fils prodige

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MessageSujet: [Eofel] Augures au fils prodige   [Eofel] Augures au fils prodige I_icon_minitimeSam 19 Oct 2019 - 8:28

Premier jour de la troisième ennéade de Favriüs,
An 17 du XIème Cycle


La Vermeille avait établi son campement en dehors d'Eofel, à quelques encablures des murs de la ville pour éviter de trop effrayer marchands et voyageurs qui craindraient, dans leur ignorance, à un siège de la cité. Cela n'empêchait guère les hommes du crû, avides de jeux, boissons et putains, de constituer des petits groupes entre amis pour aller goûter aux plaisirs du monde civilisé dans les bordels et les tavernes de la capitale de la soie. Malgré toute cette agitation nouvelle, la consigne était claire : dans la cité de leurs employeurs, il ne devait y avoir aucun litige, et le commerce ne devait pas être entravé.

Bien évidemment, la nuit n'était pas déjà tombée que des petits malins avaient causé du trouble dans l'enceinte d'Eofel : deux hommes avaient failli étriper un marchand de saucisses, dont le prix était pour eux exorbitant, et un autre mercenaire avait tabassé à mort un proxénète. Les coupables avaient rapidement été encadrés par Hassar Merohès, jugés promptement selon les lois en vigueur dans la compagnie, et pendus haut et court au sein du campement le lendemain-même. Après cet épisode de violence, plus aucun trouble ne montra le bout de son nez, et l'état-major de la Vermeille put se diriger sans crainte aucune vers le palais de leur nouveau patron, le richissime fils de Tiberio Vossula, qui les avait recrutés naguère pour mener la vie dure aux Doeben frontaliers.

La petite troupe, composée de cinq hommes choisis parmi les officiers, remontait les rues à cheval. Parmi eux, Prosper, un Arétan, cracha un énorme glaviot à la couleur brunâtre fort déroutante, et coassa à l'intention de ses comparses :

« Paraît que l’fils Vossula est un sacré queutard. »

Les chevaliers présents firent peu cas du commentaire de leur ami. Après tout, les Arétans avaient cette rafraîchissante réputation de faire tout tourner autour du sexe, du sang et de la boue. Edmon Gamelin répondit tout de même :

« Tant qu’il paye comme son père. »

Lothaire, juché sur son cheval, haussa les épaules.

« Il payera, ou nous nous en irons ailleurs. D’autres princes ont de l’appétence. Et non, Prosper, je ne parle pas de cette appétence-là. »

Le capitaine avait vu du coin de l’œil Estranglepoulet se trémousser sur sa selle. En près de cinq ans, il avait appris tout ce qu'il y avait à savoir sur ses lieutenants. La plupart étaient péninsulaires, les jauger lui avait été bien simple. Il avait mis plus de temps à comprendre ses officiers estréventins, mais en définitive, Lothaire n'avait pas perdu sa capacité à être bon juge des hommes.

Prosper rappela soudain :

« Faudra pas oublier les arriérés. Qui sait ? Ça passera mieux si c’est un lâche. »

Lothaire acquiesça doucement. Il y avait certes quelques deniers en retard pour la troupe, mais rien qui vaille la peine de secouer les bourses d'Ascanio. Il se contenta alors de rétorquer avec ironie :

« Tous les Princes-Marchands sont des lâches à mes yeux. »

La troupe se gaussa, Prosper vida l'une de ses narines qui aspergea le crâne d'un marmot sur le côté de la rue, et l'équipée continua sa balade en direction du palais, qu'ils ne tardèrent pas à voir se profiler devant eux, prêt à les accueillir à la mode de Thaar et de ses bienfaits...


Dernière édition par Lothaire le Mar 29 Oct 2019 - 9:06, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: [Eofel] Augures au fils prodige   [Eofel] Augures au fils prodige I_icon_minitimeDim 20 Oct 2019 - 17:04


Les yeux plongés dans la paperasse, Ascanio poussa un profond soupir de lassitude. Quelle plaie, pensa-t-il en soupesant la pile de documents dont il devait prendre connaissance. Depuis qu’il avait pris la tête de la famille, il commençait à comprendre comment son père était devenu un être si amer. Son insouciance d’antan, lorsque sa vie se résumait à dilapider la fortune familiale et à inventer sans cesse de nouvelles façons de se divertir, lui manquait parfois. Tout ceci était loin, désormais. Et il passait un temps considérable à lire les rapports des commis de la maison Vossula, envoyés des quatre coins de l’Olienne, depuis les établissements que la famille possédait en Ithri’Vaan et en Péninsule. Un temps qu’il aurait préféré consacrer à des activités plus terre à terre.

Et puis, il était à Eofel, dans cette cité ennuyeuse à mourir qu’il avait toujours fuie. Ascanio, tout comme son père, était né, avait grandi et vivait à Thaar ; c’était là que tout se jouait. Les deux arrière-cours des Vossula, Eofel et Feldorn, n’étaient à leurs yeux que des domaines bons à exploiter. Le Prince conservait d’ailleurs le souvenir cuisant de son exil à Eofel, quelques années plus tôt, lorsque son père avait voulu le punir d’avoir épousé une roturière péninsulaire sans son accord. Il avait maudit chaque jour qu'il y avait passé.

Nécessité faisait malheureusement loi ; il était bien obligé, pour la bonne marche des affaires, de se rendre sur place. De par leur emplacement, Feldorn et, surtout Eofel, étaient des points stratégiques sur la route qui reliait Thaar à la principauté des Sept Monts, tant par la mer que sur la terre ferme. Elles attiraient ainsi une nouvelle classe de marchands modestes : des hommes d’affaires ambitieux, mais pas assez téméraires pour se risquer sur le marché terriblement concurrentiel de Thaar. Ceux-là venaient chercher à Eofel et Feldorn une petite part de l’eldorado vaani, avec de moindres profits mais de meilleures chances de succès. Depuis quelque temps, Ascanio s’était mis en tête de contrôler ce nouveau commerce ; son immense capital lui facilitait la tâche, de même que l’amateurisme de tous ces nouveaux négociants. Lorsqu’un commerçant faisait faillite, le Prince rachetait son affaire pour une bouchée de pain ; puis il la louait à un autre. Les candidats ne manquaient pas ; bien des hommes rêvaient de prendre la gestion d’une affaire, mais la plupart ne possédaient pas les fonds nécessaires à sa création. Et voilà que le Prince se mettait à distribuer des commerces ! Tous les désargentés ambitieux se ruaient sur l’occasion. En échange, le Prince n’exigeait que le paiement d’une redevance. Ainsi gardait-il la pleine propriété de ces nouveaux commerces, que d’autres s’échinaient à développer - et donc à augmenter la valeur - tout en le payant régulièrement. Le beurre et l’argent du beurre.

Tout ça se déroulait jusqu'alors sans accroc et semblait porter ses fruits. Mais ça impliquait, évidemment, qu'Ascanio y garde un oeil. Et qu'il se déplace occasionnellement. Or, son temps était devenu précieux.
Et il n'y avait pas que les affaires...

Le Prince s'était mis à somnoler sur ses documents, si bien qu'une traînée de bave avait glissé sur le parchemin. Il fut finalement interrompu dans son sommeil par l’entrée d’un valet.

« Seigneur Vossula, les officiers de la Compagnie Vermeille sont arrivés. »

La Compagnie Vermeille, la Compagnie Vermeille… il lui fallut un moment pour les remettre, ceux-là.

« Ah ! Oui, la Compagnie Vermeille. Je les recevrai ici. Tu peux les faire entrer.
- Tous, Seigneur Prince ?
- Bah, je sais pas, moi. Ils sont combien, ces trous de balle ?
- Cinq. Est-ce que je fais seulement entrer le capitaine Lothaire ?
- Non, non, tu peux les faire monter tous. Au fait, on les a payés ?
- Je ne sais pas, Seigneur Prince, ce n’est pas à moi de vérifier ça. »


Ascanio fronça les sourcils.

« Pardon ?
- Je… euh, ce n’est pas dans mes attributions… ce n’est pas moi qui m’occupe de…
- Approche.
- Oui, mais…
- Approche, je te dis. »


Ascanio se leva de son bureau, comme le valet s’exécutait. Lorsqu’il fut à sa hauteur, une gifle fendit l’air et résonna entre les murs du cabinet.

« Et donc, reprit Ascanio, tu disais ?
- Je… je disais que je vais aller me renseigner, Seigneur Prince.
- Tu feras bien. Désolé d’être un peu soupe-au-lait, hein, mais ça me semblait bien de remettre un peu certaines choses au clair. C’est quand on ne sanctionne pas le laisser-aller que tout fout le camp. »


Le valet disparut sur ces entrefaites. Peu de temps après, les cinq officiers de la Compagnie Vermeille furent invités à entrer, à condition qu’ils se déssaisissent momentanément de leurs armes. Là, on leur fit traverser un large vestibule et emprunter un escalier en colimaçon. Si la demeure des Vossula à Eofel n’avait pas le cachet de leur palais thaari, elle n’en était pas moins pourvue de tout le confort et l’élégance qui seyait à leur rang. Il fallait toutefois faire abstraction des peintures étranges qui ornaient le couloir menant au cabinet du Prince ; ces dessins dataient du fameux exil d’Ascanio avec sa femme et son fils, et l’on n'avait jamais su si c’était Vahram, qui était encore bébé à l’époque, ou si c’était Ascanio lui-même qui était à l’origine de ces oeuvres. Le Prince lui-même avait toujours laissé planer le doute sur ce mystère.

Lorsque les cinq officiers pénétrèrent enfin dans le cabinet du Prince, ce dernier faisait face à la cheminée, observant d’un air absent le feu qui crépitait dans l’âtre. Il ne prit pas la peine de se retourner.

« Bienvenue, messieurs, bienvenue. Installez-vous, faites comme chez vous. Vous avez faim, peut-être ? Il doit rester du canard confit à l’orange ; je peux nous en faire monter. »

Il s’arracha à la contemplation du feu pour faire enfin face aux officiers, parcourant du regard les visages de chacun d’eux.

« On m’a rapporté que vous vous étiez illustrés de bien belle manière hier soir. La mort du proxénète m’a chagriné ; il avait beaucoup d’humour. Quelle pitié, en revanche, que vous n’ayez pas fini le travail avec le marchand de saucisses. Ce type est une insulte à tout bon amateur de gastronomie. »
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MessageSujet: Re: [Eofel] Augures au fils prodige   [Eofel] Augures au fils prodige I_icon_minitimeLun 21 Oct 2019 - 13:14

En pénétrant dans le palais d'Eofel, Edmond Gamelin, qui était le dernier au sein du groupe à avoir rejoint l'aventure plus tard, ne cacha pas sa déception.

« J’imaginais cet endroit plus grand. »

Lothaire savait fort bien que ce n'était pas la plus grande possession des Vossula, mais il s'abstint de tout commentaire, se contentant d'observer les tableaux tandis qu'ils montaient pour rencontrer le maître des lieux. Il se demanda s'il ne devrait pas lui aussi se lancer dans une carrière artistique en Estrévent, devant cette flagrante absence de concurrence sérieuse. Prosper, lui, ne put retenir un gloussement à la vue des gribouillages.

Une fois monté l'escalier en colimaçon, qui raviva quelques souvenirs aux Péninsulaires, l'équipée pénétra dans ce qui semblait être le bureau de leur employeur, Ascanio Vossula. Ce dernier, assis devant le feu, les accueillit sans même un regard. Sa proposition de canard à l'orange manqua de tomber dans le vide, avant que le silence ne soit brisé par les gargouillis gastriques de l'Estranglepoulet, qui ne prit même pas la peine de s'excuser. Lothaire, qui s'était apprêté à rétorquer ne pas avoir besoin de manger, aurait été fort ridicule de refuser après cela.

Les cinq hommes face au Prince furent plus embêtés lorsque celui-ci leur mentionna les incidents d'hier soir. Edmond Gamelin fit une grimace sous sa moustache, et Robard se pinça les sinus. Lothaire, lui, restait parfaitement maître de lui-même, se contentant d'un bref hochement de la tête.

« J’ai veillé à ce que les coupables soient pendus au petit matin. Si voir les gibets vous intéresse, je compte les exposer quelques jours encore. »

Milon, qui était un peu en retrait et encapuchonné, fronça les traits et plissa ses yeux globuleux. Les morts brutales l'avaient toujours dérangé. Prosper, lui, loin de s'en soucier, avait fait un pas de côté pour s'intéresser de plus près à une chaise en bois dont les accoudoirs étaient sculptés en forme de femmes nues et lascives aux formes rondelettes.

Lothaire reprit, enlevant ses gants pour les passer à sa ceinture.

« Seigneur, je tenais à vous présenter les condoléances de toute la troupe pour votre père. »

Croisant les bras, Lothaire continua :

« Nous nous sommes battus en son nom en orient, contre ses ennemis et ceux de Thaar. Malheureusement, avec sa mort, nous ne pouvons plus faire la guerre pour lui. »

Des regards s'échangèrent entre Edmon Gamelin et le chevalier Robard. Ils trouvaient parfois que Lothaire tournait un peu trop autour du pot, mais la bienséance et l'étiquette n'avaient jamais été leur spécialité. Tout comme l'Arétan d'ailleurs, qui, plus loin, grattait d'un doigt le téton de l'une des femmes de bois.

« La Compagnie Vermeille pourrait renouveler son contrat auprès de vous, et continuer de guerroyer pour les Vossula. Du moins, une fois qu’elle sera payée. Entièrement. »

On disait partout que Thaar n'avait plus d'ennemi. Si tel était le cas, alors Lothaire n'aurait plus d'endroit où aller, et devrait conduire sa compagnie sans le sou vers des terres plus troublées. Mais s'il y avait une chose qu'il avait apprise au cours de ses pérégrinations, c'est que le pouvoir est indissociable d'une bonne poignée d'ennemis, et que pour s'affirmer, il avait toujours besoin d'un bras armé.
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MessageSujet: Re: [Eofel] Augures au fils prodige   [Eofel] Augures au fils prodige I_icon_minitimeMar 22 Oct 2019 - 13:25


A l'évocation de la mémoire de son défunt père, Ascanio ne réagit que d'un bref hochement de tête. Il était assez rare qu'un mercenaire s'embarrasse de telles civilités, mais le capitaine Lothaire était un cas particulier. C'est qu'il ne provenait pas de la même fange que ceux qui formaient sa compagnie de reîtres, nenni ; on lui prêtait de nobles origines, et il avait probablement été l'un de ces monteurs de chevaux que les hommes de l'ouest tenaient si haut en estime. Là-bas, les cavaliers en armure étaient les seigneurs de la terre, et on leur dédiait des poèmes épiques, on louait leur mérite et leur hauteur d'esprit, oubliant bien vite que le champ de bataille réveillait leur nature de guerriers sanguinaires.

Mais le chevalier fait mercenaire ne perdait pas de vue le but véritable de sa visite. Il amena bien assez tôt le sujet sur le tapis, craignant sans doute - à juste titre - qu'Ascanio, incorrigible bavard, ne cherche à noyer le poisson. Sire Lothaire voulait son pognon. C'était juste, c'était normal ; chacun à leur manière, ils n'étaient tous deux que des marchands.

« Vous nous avez bien servi », déclara simplement le Prince Marchand avant d'observer un silence, laissant ses auditeurs dans l'attente.

Oui, ils avaient bien servi, du moins avaient-ils agi selon les ordres. C'eut été autre chose de dire qu'ils avaient été utiles. Lorsqu'il avait pris la tête des affaires familiales en lieu et place de son père mourant, quelques années plus tôt, Ascanio s'inquiétait déjà du regain de tensions meurtrières qui agitait les Seigneuries Morcellées à l'est. Bien sûr, les conflits entre Despotes Drows avaient toujours existé depuis la dissolution du IVème Ost ; mais les inquiétantes menées du Puy revanchard, et le jeu obscur auquel se prêtaient toutes ces factions aux multiples ramifications - Repentis, Première ou Seconde Doth'ka, qui comprenait un broc à tout ce marasme ? - ces querelles avaient pris des proportions inédites. Et la famille avait alors craint que les violences ne se portent sur ses précieuses routes commerciales. Un grand nombre de Thaaris, éprouvant la même crainte, s'étaient mis en tête d'intervenir, sans vraiment se consulter du reste. Il en était sorti une situation aussi absurde que grotesque, où l'argent thaari supportait tous les camps, sans que les mécènes de cette pluie de sang n'aient vraiment conscience de ce qu'ils faisaient.

Plutôt que de verser des fonds à quelque seigneur de guerre drow, la maison Vossula avait invité la Compagnie Vermeille à la fête. Le capitaine Lothaire et ses hommes n'étaient alors pas des inconnus ; ils avaient déjà été employés avec succès par Tiberio Vossula quelques années plus tôt, afin de mater les esprits dissidents au sein des Principautés Vaanies. Il était logique, dès lors, qu'Ascanio s'adressât à eux. La Compagnie avait perdu de son lustre et comptait beaucoup moins d'hommes qu'auparavant, mais elle s'était quand même montrée apte à mener sa nouvelle mission. La stratégie des Vossula avait été de contenir le feu par le feu, en faisant couler le sang le plus loin possible de ses intérêts propres ; le capitaine Lothaire et ses hommes avaient donc été portés au soutien des Despotes qu'on estimait les moins menaçants. Les précieuses routes avaient ainsi été épargnées, ce qui était en soi un succès ; mais les Vossula n'avaient pas su lire clair dans le jeu des drows, et la situation à l'est était demeurée floue pendant trop longtemps. Elle s'était, hélas, cruellement simplifiée ces dernières ennéades : alors même que les forces du Puy d'Elda faisaient une entrée éclatante dans Sol'Dorn, la quasi-totalité des Despotes se soumettaient les uns et les autres aux Puysards et à leur nouvelle reine. Les Sombres reprenaient pied en Ithri'Vaan, et pour Ascanio, c'était comme une douche froide après une gueule de bois.

Le Prince, silencieux, regagna son bureau. Il s'assit, jetant un bref regard interloqué au mercenaire qui caressait l'accoudoir d'un fauteuil dans un coin de la pièce. Une fois installé, il fixa un moment le noble exilé dans les yeux, tout en tapotant machinalement le bord de son bureau du bout des doigts. Tac-Tac. Tac-Tac. Tac-Tac.

« Vous serez payés ce soir », dit-il enfin. « Et je renouvelle votre contrat, mais pour une autre mission cette fois. »

Il s'interrompit, alors que des valets pénétraient dans le cabinet avec le fameux canard à l'orange. Ils disposèrent le plateau sur une grande table à l'autre bout de la pièce, puis remirent à chaque homme une coupe d'or aux anses argentées et sculptées en forme, bien évidemment, de femmes nues et lascives - la vaisselle étant du même tonneau que le mobilier. On leur servit un vin épicé, suffisamment bon pour qu'Ascanio l'apprécie, et en même temps assez bas de gamme pour ne pas être gaspillé dans la bouche de mercenaires brutaux et grossiers.

« Messieurs », dit Ascanio après avoir bu, « je vais faire de vous les cavaliers de la paix. Enfin, je crois que vous dites "chevaliers" par chez vous. Disons des héros, pour être plus simples. Je vais faire de vous des héros, et vous allez faire de moi un sauveur. Et je vous paierai pour ça. En or, et peut-être plus encore si les choses tournent à notre avantage. On m'a confié, Lothaire, que vous aviez été déchu de votre titre et de vos terres ; serais-je grossier de vous demander pourquoi ? »

La question était purement rhétorique ; évidemment que c'était grossier. N'empêche qu'il attendait une réponse.
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MessageSujet: Re: [Eofel] Augures au fils prodige   [Eofel] Augures au fils prodige I_icon_minitimeMer 23 Oct 2019 - 8:00

Devant la perspective d’un payement prochain, les lieutenants de la compagnie émirent un soupir de soulagement collectif. Certains furent même fort étonnés que le Prince Ascanio renouvellent leur contrat, pensant que la guerre dans le sud était sans doute terminée avec l’ingérence du Puy dans les affaires dorniennes. Cependant, cela ne faisait que confirmer ce que Lothaire avait deviné : les Thaaris avaient toujours des ennemis cachés quelque part, prêts à les contester.

La décision de leur nouveau patron avait remonté sa cote auprès des mercenaires. Avec la promesse d’être payés et réembauchés, Ascanio était passé d’un obscur héritier inconnu à un employeur fiable et même généreux, car il laissait paraître dans ses mots qu’il n’y aurait pas que de l’or à la clé de leur labeur guerrier. C’est cette partie de la phrase qui attira l’attention des chevaliers, du mage et de l’Arétan, qui avait délaissé le mobilier pour le canard à l’orange, et s’intéressait de près à la scène de sexe se déroulant sur son calice.

Lothaire aimait l’hypocras, bien qu’il préférât la bière produite en Arétria par les Nains d’alors, ou encore le vin hautvalois. Cependant, le miel de la boisson lui parut plus amère lorsqu’Ascanio lui posa, sans doute à dessein, la question qui pouvait le plus le fâcher. Il planta ses prunelles dans celles du Prince Marchand, l’air grave. En-dehors de Milon, tous dans la compagnie étaient encore persuadés que Lothaire avait été victime des machinations de celui qui l’avait discrédité, alors même que c’était en réalité tout le contraire. Même Edmond Gamelin, sans doute encore marqué par sa rencontre avec le kerkand, s’était toujours rangé du côté de l’insidieux intrigant qu’était Lothaire.

Aussi, il était tout naturel que le capitaine serve le même mensonge à son employeur, que celui qu’il servait au monde entier :

« Hélas, en parler me fait encore grand mal, Prince. Un félon a abusé mon suzerain, qui contre moi s’est retourné. Ce même félon qui tua mon cousin, et tenta d’usurper les terres que j’avais repris en son nom. »

Edmond cracha lui-même le nom de l’infâme :

« L’immonde Armand ! »

Lothaire acquiesça, faisant tourner l’hypocras dans son récipient. Il reprit :

« J’ai grand mal à accepter les menteurs et les langues de vipère autour de moi. Car c’est un homme de cette trempe qui m’a condamné à l’exil.

Il fit un simili sourire.

« Bien entendu, j’ai su y trouver mon compte. Ma compagnie ne vaut pas Casteldulac, mais votre or nous rassasie tous. »

Lothaire leva son calice devant lui après cet énième mensonge, comme un hommage tacite à l’argent des Vossula, avant de faire couler un peu de vin épicé dans sa gorge, suivi par ses hommes. Une fois le mensonge distillé, le capitaine se pencha sur la partie obscure du discours de son employeur :

« Puis-je vous demander à mon tour, seigneur, quelle serait cette fameuse mission pour laquelle vous promettez à moi et mes mercenaires plus que de l’or ? »

La promesse avait certes attiré les esgourdes de tous les aventuriers présent dans le bureau, jusqu’à Milon lui-même, qui d’habitude n’était intéressé par la moindre verroterie clinquante. Là où il voyait une bibliothèque, Edmond voyait une motte castrale. Là où Prosper voyait un bordel, Lothaire voyait un château.

Si peu de mots suffisaient à déchaîner l’imagination des hommes...
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MessageSujet: Re: [Eofel] Augures au fils prodige   [Eofel] Augures au fils prodige I_icon_minitimeVen 25 Oct 2019 - 8:19


L'histoire de Lothaire ressemblait à bien des récits qu'Ascanio avait déjà entendus, dans la bouche d'autres mercenaires issus de son peuple. Même le fondateur du royaume de Naelis, le célèbre Glenn Hereon, s'était fendu d'une histoire semblable. Tous se présentaient comme des modèles de vertu, injustement exilés loin d'un pays et d'un seigneur qu'ils avaient pourtant loyalement servi. Ce n'était jamais de leur faute ; s'ils se transformaient en pillards et en égorgeurs, c'était parce que le monde n'avait rien à offrir aux hommes d'honneur.

Le Prince avait sursauté lorsque l'un des mercenaires avait gueulé le nom de leur ennemi. Il en avait renversé du vin sur son beau pourpoint, et il s'échinait à frotter la tâche avec sa main, sans succès ; il releva finalement la tête, sachant bien que l'habit était fichu, et son regard agacé lorgna le capitaine Lothaire, comme s'il le tenait pour responsable.

« Hmm. Ah, oui. La mission. Pour commencer, vous allez m'escorter jusqu'à Feldorn, au sud d'ici. Je dois y prélever l'impôt ; or, et pour une raison que j'ignore, cette prérogative est souvent impopulaire. Parfois, il est bon d'impressionner la populace. Ils seront certainement plus conciliants à la vue de la bande de preux qui m'accompagne. »

Son regard balaya les gueules d'endives qui composaient la compagnie de Lothaire. Des faciès propres à inspirer un peuple, sans aucun doute. Mais si laids que soient ses hommes, le capitaine Lothaire n'était pas un idiot : Ascanio avait parlé d'héroïsme, il avait fait miroiter la promesse de les récompenser avec bien plus que de l'or, et voilà qu'il leur proposait une banale collecte d'impôts. Le Prince devina probablement la déception dans les yeux du mercenaire, puisqu'il ajouta :

« Cet or me sera nécessaire pour continuer à bénéficier de vos services. Vous n'ignorez pas, je pense, que le Puy d'Elda a recouvré ses anciennes possessions à l'est. Mes collègues au Conseil de Thaar sont divisés quant à la conduite à tenir. Je pressens une crise dans les prochaines ennéades, et quoiqu'il advienne, je tiens à être à même d'y réagir promptement. »

Il en avait dit assez pour susciter la curiosité du capitaine, tout en demeurant discret sur ses intentions. Qu'avait-il en tête exactement ? Protéger Thaar d'une hypothétique invasion drow avec seulement quatre cents hommes ? Intimider ses collègues du Conseil pour les rallier à ses vues ? S'imposer en Despote de Thaar à la force des épées ? Le regard impassible du Prince Marchand laissait entendre qu'il n'en dirait pas plus pour le moment.
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MessageSujet: Re: [Eofel] Augures au fils prodige   [Eofel] Augures au fils prodige I_icon_minitimeLun 28 Oct 2019 - 7:45


La tâche vermeille sur son pourpoint manqua faire sourire Lothaire, qui resta tout de même de marbre face à la situation. Son nouvel employeur lui expliquait la teneur de sa prochaine mission, une banale démonstration de force, quelque chose pour plaire à tout le monde. Un peu de repos après la guerre était toujours le bienvenu pour la troupe. Cependant, Lothaire avait espéré quelque chose d’un peu plus… stimulant.

Depuis qu’il était arrivé en Estrévent, il avait eu à se battre pour obtenir ce qu’il voulait. L’émule avait ranimé sa soif de combat, son intellect supérieur, et son désir de vaincre. S’en aller pour Feldorn afin de collecter quelques caisses d’or, bien qu’il l’ait déjà fait lui-même en son propre pays, était loin d’être la plus vivifiante des missions. Mais Lothaire s’en acquitterait sans broncher. Après tout, on le payait pour cela.

Néanmoins, le Prince n’en avait pas fini. Il avait lâché un dernier morceau à grignoter pour son capitaine des mercenaires. Ce dernier avait répondu par un regard entendu et un signe de tête imperceptible. C’était un lieu commun de craindre les avancées guerrières de l’Elda, ce royaume impie qui étendait ses tentacules sur le monde entier depuis la nuit des temps, et toujours en vain. La situation actuelle était cependant assez préoccupante pour retenir l’attention de tous, car depuis bien des années maintenant, le Puy avait retrouvé une certaine vigueur, dont il faisait allègrement l’étalage d’Eraïson à Sol’dorn. L’aspic était réveillé, et ses crochets étaient toujours aussi douloureux que jadis.

Le Prince qu’il servait avait les traits de l’ambition gravées dans son esprit. Lothaire ne savait encore quel rôle il allait jouer dans cette histoire, ni si les plans d’Ascanio étaient assez fiables pour ne pas être téméraires. Il se promit de venir le trouver plus tard, en privé, afin de discuter de tout cela loin des oreilles indiscrètes de ses chevaliers bruyants. Il leva son verre en direction du seigneur Vossula :

« De l’or pour de l’or. Que notre partenariat soit lucratif, monseigneur ! »

Après une énième lampée de son breuvage aux épices, Lothaire reprit :

« Quand comptez-vous partir pour votre fief de Feldorn ? Que je m’assure au mieux que la troupe suive. »

L’administration d’un si grand nombre de nomades n’avait jamais posé problème au chevalier, dont les menées guerrières en sa Péninsule natale avaient forgé son sens de l’organisation et de l’intendance. Cela ne signifiait pas pour autant qu’il pouvait mettre en branle quatre cents âmes d’un claquement de doigts.
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MessageSujet: Re: [Eofel] Augures au fils prodige   [Eofel] Augures au fils prodige I_icon_minitimeLun 28 Oct 2019 - 14:04


« De l’or pour de l’or », renchérit Ascanio en levant sa coupe, avant d'ajouter, après avoir bu : « nous partirons dès que vos hommes seront prêts. J'ai encore quelques affaires à régler céans, mais le plus tôt sera le mieux ; je déteste cette maudite cité. »

Il laissa choir sa coupe vide, avant de se laisser tomber contre le dossier de son siège et d'étendre ses pieds sur le bureau. Il continuait machinalement de frotter la tâche de vin qui ornait son beau pourpoint, tout en réfléchissant.

« Vous verrez avec Ultuant pour le paiement de votre solde. Il est au courant ; c'est un bon garçon qui me sert depuis longtemps. »

Comme il prononçait ces mots, le dit Ultuant pénétrait dans la pièce. Celui-ci n'avait rien de commun avec son royal homonyme - Ultuant étant le nom d'un ancien roi péninsulaire. C'était un humain d'une cinquantaine d'années, au visage marqué par quelques rides mais que ses yeux bleus et vifs rajeunissaient sensiblement. Il portait une tunique blanche de bonne facture, et l'on devinait que l'homme jouissait d'une certaine autorité au sein de la maison Vossula. Or, il était esclave, né de parents eux-mêmes esclaves, et il avait toujours vécu au service de la famille. Il avait bénéficié d'une éducation de qualité, et maîtrisait les arcanes du droit et du commerce qu'il mettait au service de ses maîtres. Quinze ans plus tôt, lorsque Tiberio Vossula s'était mis en tête de préparer Ascanio à la gestion des affaires, il lui avait collé Ultuant dans les pattes. Ce dernier avait probablement évité de nombreuses catastrophes, et il continuait aujourd'hui à le faire.

« Messieurs », lança l'esclave aux officiers de la Compagnie Vermeille, « vous pouvez me suivre. »

Le cabinet se vida peu à peu, laissant Ascanio seul avec sa paperasse, tandis que l'on chargeait dans la cour, à bord d'un chariot, le paiement tant attendu. Et alors que les officiers s'apprêtaient à quitter le palais, Ultuant vint chuchoter à l'oreille du capitaine Lothaire :

« Je me dois de préciser que mon Maître avait prévu une surprise pour vous. Elle s'appelle Niusha et elle aurait dû vous attendre sous votre tente ; j'ai pris la liberté de l'en dispenser. Elle est enceinte, et même si ces choses-là échappent au Prince, j'espère que vous, vous comprendrez. »
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MessageSujet: Re: [Eofel] Augures au fils prodige   [Eofel] Augures au fils prodige I_icon_minitimeMar 29 Oct 2019 - 8:33


Les dieux de l’abondance avaient à nouveau souri à la Vermeille. Devant les rictus satisfaits des officiers de la compagnie, des monceaux d’or étaient hissés dans un chariot mené par des chevaux de trait fort harassés. Le tout serait compté par l’intendance, et le soir-même, les hommes festoieraient au sein du campement, mais seraient priés d’éviter la cité. Après tout, deux pendus, c’était déjà amplement suffisant.

Les bras croisés, Lothaire observait le transit des esclaves porteurs, que le poids de l’or sur les épaules écrasait. L’ironie de la situation lui détendit les traits. Le cocasse, même lorsqu’il était cruel, l’avait toujours fait rire. Il fut interrompu par ce fameux esclave au nom troublant. Ce patronyme avait fait grincer des dents à plus d’un Péninsulaire, qui trouvait fort déplacé qu’un serviteur eut été appelé comme l’un des rois pentiens.

Lothaire tourna son visage vers Ultuant.

« Non, je ne comprends pas. Vous me refusez le cadeau de votre Prince, sous réserve qu’il a déjà servi. Vous êtes un esclave entreprenant. Peut-être un peu trop. »

Il avait les yeux braqués sur lui. Décroisant les bras et se rendant près de son cheval, il lança :

« Je la veux sous ma tente pour ce soir. »

Enfourchant son destrier, il fit claquer sa bride, prenant la tête du convoi. Il fallait qu’il soit le premier à annoncer le paiement de ses ouailles. Sa popularité auprès d’eux n’en serait que renforcée.

Juché sur son roncin pie, Prosper Estranglepoulet se gaussait en cachette, dissimulant sous son tabar l’une des fameuses coupes en or dont il continuait de malaxer d’un doigt la lascive forme de femme parcourant le métal précieux.
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