[Esion] Bienvenue chez les fous? (Droki)

Varg, ce bon vieux Varg, se met à gronder méchamment en direction de la ville. Viconia n'a pas le temps de de mettre en mouvement. Interpellée, elle se tourne vers l'animal, interrogative, avant de se retourner vers le désert. Les prunelles d'émeraudes rougeoyantes se plissent tandis qu'elle repousse sa capuche, attentive. Notant que les gens en ce moment dégagent prestement le chemin, un tintamarre se faisant entendre devant elle…

D'un geste de la main, elle fait coucher l'animal qui obéit à contrecoeur, manifestement tendu.

Dans ses rêves les plus délirants, jamais l'arcaniste n'aurait pensé assister à... heu…. ca? Au Puy, il n'y a pas une telle débauche de faste. Même à Thaar ils n'ont pas été acceuillis de la sorte. Ce n'est sûrement pas pour elle une telle délégation, mieux vaut libérer le chemin. Abandonnant sa malle en espérant qu'elle ne subisse pas un piétinement de l'énorme Païm qui vient, la jeune drow recule sur le bord du quai, Varg sur les talons. Au moins l'invité méritant un tel déploiement va lui permettre de s'esquiver en douce.

Elle se trompe… L'arcaniste recule d'un pas alors qu'un grand drow, heu… un gros drow avec un léger ventre, s'avance vers elle, les éclats des lapis lazulis ornant son pagne lui piquant les yeux… Il est laid, très laid, avec son anneau dans le nez et ses cicatrices. C'est lui l'Obok Senger du 3e?

Elle se redresse, droite et impériale par réflexe alors qu'il s'incline devant elle. Sa première réaction est que ca ne se peut pas… Ensuite c'est que ca sera mal, très mal vu… Ils penseront qu'elle est venue se terrer ici pour rameuter son armée… Ou ils mourront de rire devant cet individu… Un peu plus petit qu'Urgoll mais ô combien plus carré… On dirait un mélange entre Urgoll et Kerath, cette pensée la fait légèrement sourire.

Premier constat c'est que soit Drok est imbécile, soit il est tellement fort qu'il peut se permettre de telles extravagances. Les prunelles d'émeraudes rougeoyantes se déporte sur le bijou replacé sur le téton droit. Repoussant sa capuche, elle le corrige de haute voix, histoire de ne pas porter à confusion. La voix mélodieuse emplis l'air du port tandis qu'elle le redresse.

Obok Senger Drok? Katub? La hyène Zurthane? Seigneur d'Esion? Je vois que les nouvelles ne sont pas encore parvenues jusqu'à toi. Il n'y a plus de triumvirat. Pour raison médicale, j'ai démissionné. Dit elle, se cantonnant à la raison officielle, les détails lui parviendront bien assez tôt… Il a l'air d'aimer les titres et le flafla… Elle repousse délicatement une feuille de palmier. C'est que du haut de son mètre quatre-vingt quinze, rehaussé par le fait qu'elle se tient naturellement sur le bout des pieds ils sont quasiment yeux à yeux. Le contraste est saisissant, mais pas le même contrste dans lequel elle est habituée. Toute cette situation est surréaliste. Krish Al'Serat, Prime Flamme Elue d'Uriz est notre Valsharess. Elle a conduit et terminée la chute de Sol'Dorn. L'obok Senger Kerath'Elghinn est Karlikk Glenn et Valsrik'Hrae est Prime Sorcier. Du moins à mon départ.

Grande maitresse de l'arcane?… Est ce justifié ou c'est de la lèche? Cette attitude de la hyène l'étonne… Viconia étant habituée à de la méfiance et du mépris autant par ses pairs que par les militaires…

Je suis ici en ce jour qu'en tant que simple et humble représentante de Valas Talberith. Je n'ai autorité que sur moi…

Beauté divine… Une lueur d'amusement passe dans les prunelles précieuses. dans un léger bruissement parfumé de lys qu'elle lui rend sa révérence, mortellement sérieuse.

C'est en tant donc que simple prêtresse que je m'incline aujourd'hui devant toi, en te demandant respectueusement l'asile le temps de trouver une caravane qui me ramènera au Puy.

La quantité effarante d'esclaves qui se précipitent pour l'oindre et la masser ne reçoivent qu'une grande masse de chien ours qui fait son travail, coupant proprement leur avancée. Les pupilles dorées ainsi que les crocs du molosse luisent férocement, en contre point parfait avec le calme de sa maitresse Elle pose une main sur la tête de Varg pour le détendre pendant que les esclaves semblent hésiter entre affronter la colère de Katub ou celle de Varg. Quoi qu'ils en soit, ils ont l'air sur le bord des larmes, persuadés qu'ils vont perdre de toute façon un morceau ou deux.

Calme Varg, merci… Merci de ton accueil on ne peut plus chaleureux et … fastueux… Dit elle aimablement, méfiante face aux grandes envolées lyriques de l'obok Senger. Il veut la retenir, l'emprisonner? Ou si elle désire s'en aller il va réellement la laisser aller? Des belles façons, on en lui a fait tant et tant plus avant de la poignarder dans le dos. Viconia a été longue à la détente, mais elle a finit par apprendre de ses erreurs. Il doit cacher anguille sous roche. Mais bon, tant qu'à être ici, aussi bien faire contre mauvaise fortune bon coeur. Elle le regarde donc monter lourdement sur sa bête. Tandis qu'un esclave l'invite à monter sur une autre, un peu plus petite.  

Un instant je vous prie.

Dit elle, se défaisant de sa cape légère, révélant une chemise d'un blanc immaculé tranchant sur sa peau sombre, son serre taille en cuir indigo filigrané d'acier drow et des pantalons seyants. A sa cuisse , dans son étui, trône Meurtrière. A sa taille, tenue par une ceinture de disques d'or blanc, une méchante dague fine. Ses cheveux, tressés finement, sont réunis en un lourd et volumineux chignon sur sa nuque. Elle est quand même bien habillée et elle a froid. Viconia se demande comment il fait pour se promener a moitié nu. Les esclaves qui n'ont pu la masser s'emparent de ses affaires. Et même si elle n'en laisse rien paraître, ca irrite un peu Viconia.

Se penchant un peu, la drow délace prestement ses bottes avant de se tourner vers le gigantesque animal qu'on a agenouillé pour elle. Avec application, elle s'efforce alors de monter sur l'animal, hésite bien un peu, mais reproduit les gestes de son hôte. Si elle se crispe sur la selle du mastodonte, un claquement de langue intime à son familier de les suivre sans gronder.

Le bruit des clochettes noient les paroles de Drok, comme ils noient sa mélodie… Etait ce pour l'assourdir afin de mieux l'attaquer?  Les prunelles vertes parcourent la foule du haut de sa monture tandis que droite, Viconia se laisse guider. Une inspiration, un mouvement, elle voit cependant avec une satisfaction certaine des esclaves soulever son lourd bagage…

La spiritiste  ouvre la bouche et parle, mais ses paroles sont noyées par le bruit ambiant. Haussant les épaules, Viconia fait alors un charmant sourire à Katuk, le laissant guide… Elle ne sait pas où il l'emmène, elle espère juste que ce n'est pas ni une salle de torture, ni un cachot. Son païm laisse aller un barrissement sonore d'irritation tandis que la bête que Zhak'Bar lui a jadis offerte pour la remercier d'avoir fait survivre son haut-prêtre, se faufile entre les énormes pattes.

Tout ce cirque peut continuer… En elle même, Viconia est on ne peut plus perplexe

Loin d'elle de juger des technique d'asservissement du 3e Ost, Viconia regarde tout cela d'un œil détaché. Par contre la peur de la population réduite en esclavage l'intéresse mine de rien, si elle regarde vers l'avant, la taloche lui fait tourner l'oreille… Du coin de l'oeil, plus attentive que Drok, elle voit plus que ce qu'il voit… Il devrait arrêter d'asservir les sauvages et se mettre à l'élevage, il devrait mettre els femmes enceinte et les enfants à part… Les humains nés en captivités sont plus dociles du moment qu'ils soient correctement élevés et qu'on se montre ferme…

Elle a un reniflement étouffé par les clochettes… Qu'est ce qu'elle en savait au fond? Si elle savait, elle ne serait pas ici… Une migraine se profile, toute cette luminosité lui heurte la rétine, elle habituée aux sombres corridors d'Elda. Plissant les yeux pour essayer d'atténuer l'inconfortable sensation, elle finit par les fermer complètement, des larmes coulant sur ses joues. Viconia ne les cache pas, elles sont son offrande à Kiel.

L'odeur de l'eau, boueuse, du Fleuve lui parvient bientôt aux narines, la distrayant de ce tintamarre de clochettes tintinnabulantes… Il n'est pas saumâtre, juste boueux… Imbuvable assurément…

« Bienvenue, envoûtante amie, dans ma modeste demeure ! »

Rouvrant les yeux, la jeune drow les écarquille, surprise. Elle ne s'était pas aperçue qu'ils étaient arrivés, dans la cours centrale, lieu confortable du 3e Ost… Et bien dis donc, ils ne se sont pas gênés pour s'offrir le meilleur. Dans la pénombre bienveillante de la cours intérieure, elle peut voir que les ouvertures sont légions. De son point de vue, il lui semble que le bâtiment s'avance dans l'eau qu'elle peut voir au travers des arches du rez de chaussé devant elle. De pierre claire atténuée par des motifs bleus, l'architecture simple est mise en valeur par quelque touches de vert gorgés de fruits. Rien d'aussi luxuriant qu'à Thaar, mais dans cette contrée aride c'est déjà extraordinaire que quelque chose pousse… D'autres touches de vert en bannière le long des murs, la fameuse Licorne noire, sur un fond d'émeraude.

Levant la tête, Viconia s'aperçoit que l'édifice, de son point de vue, fait au moins trois étages et que tout semble parfaitement troué et aéré… Elle se sent dépaysée, c'est tellement différent de l'architecture Puysarde. Elle apprécie la finesse des colonnades, les filigranes des treillis. Les jeux d'ombres et de lumière. Son origine Eldéenne lui signale que c'est trop ouvert, des assassins auraient tôt fait de s'immiscer en ce palais.

En un mot, elle est bouche bée, incertaine d'aimer ou de détester ca. C'est carrément à l'antagonisme de ce que Myr'Hennis concevrait. A la pensée du grand architecte, une porte claque dans sa tête, la belle bouche aux lèvres parfaites se ferme et Viconia se laisse glisser en bas de sa monture, prestement accueillie par un reniflement curieux de son chien ours. Impressionnée, elle l'est, son pied nu effleure le dallage, semblant demander la permission de s'y poser. De sa démarche dansante, semblant survoler les lieux avec grâce, Viconia essaye de tout voir. Shyn'Tae aimerait ça, elle en est certaine.

Merci de ton hospitalité Obok Drok… Tant de splendeurs me laissent sans voix.