Cent dessus, sans dessous [solo]

4ieme jour de la 7ieme de Favrius, an 17

Thaar, cité aux milles merveilles, cité de beauté et de laideur, de drame et de bonheur. On dit que s'il y a un endroit sur Miradelphia où on peut trouver de tout, c'est ici, sous le soleil de l'Ithrivaan.

Dans les marchés bigarrés pour les denrées les plus communes, derrières des portes anonymes pour celles destinées aux publics plus.. Avertis.

- Hmmm… je vous prendrai… attendez. Cette courgette là, et celle là aussi. Ces trois carottes, deux navets et une aubergine, m'dame. La vieille dame derrière l'étalage observait le jeune noirelfe avec la circonspection de ceux qui ont déjà surpris une engeance des ténèbres leur dérober des cerises.
-Ce s'ra tout? Répondit-elle néanmoins, imperturbable, car un sou était un sou.
-Qu'est ce que c'est que ca?" Le sombre venait de pointer un des légumes racine avec intérêt.
-Une racine de manioc, jeune homme.
-Ca a l'air intéressant. Mettez m'en un aussi, s'il vous plait. Et ajoutez une banane.

La marchande haussa les épaules et les ajouta à la commande. Les oreilles pointues étaient étranges à n'en pas douter. Mais tant qu'ils payaient leurs achats, elle n'était pas concernée par leurs mystérieuses excentricités.

Et celui là paya bel et bien avant de disparaitre au travers de la foule Vaani. Un air de profonde satisfaction décorait joliment son visage très androgyne.

***

L'Ithrivaan est le parfait refuge des chercheurs en tous genres. Celui qui sait s'entourer des bons mécènes peut s'y affranchir des règles des hommes et des dieux pour conduire les recherches les plus abjectes et les plus immorales.

La nuit était tombée depuis longtemps. Shyn'tae s'était isolée dans sa petite chambre au sommet de la parfumerie. Au coin de la pièce, une bougie neuve sur son chandelier projetait des ombres changeantes et frémissantes que l'oeil peinait à suivre.

Le carnet de recherche qu'Irulan lui avaient procuré était ouvert sur une page vierge à deux pas de la paillasse. A coté trônait le sujet de ses recherches du jour. La drow l'observait d'un regard plein de malice et de convoitise. Les doigts graciles et sombre comme les plus profonds des abysses le caressèrent doucement alors que le sourire de la créature des ténèbres grandit.

Le canapé que Dante et Irulan avaient mis à sa disposition était certes plus confortable que la paillasse qui servait de seul meuble à la chambre spartiate, mais malgré les différences culturelles qui la séparait de ses hôtes, elle avait compris que ses deux humains seraient probablement gênés par la nature de ses experiences.

Ils n'étaient pas encore prêts, mais elle était certaine de pouvoir les corrompre.

L'elfe sombre avait le temps. Elle avait tout le temps.

La noirelfe s'était mise à genoux, la flamme vacillante de la chandelle projetait son ombre sur les murs de chaux blanche. Elle retira la main de l'objet de ses convoitise, puis ses doigts graciles dénouèrent les liens de la cape qui l'habillait, lentement, en une danse sensuelle à destination de son public autant que d'Isten. L'idée nourrissait son désir.

Shyn'tae avait de nombreux amants. Les plaisirs de la chair apaisaient le cœur, et la jeune sombre avait toujours eu besoin de ceux-ci pour aller toujours plus loin. Ou, plutôt, ces derniers temps, pour ne pas trop reculer.

Un soupir, elle ferma les yeux. Sa main glissa sur l'épaule qui venait de se dénuder, en une lente et langoureuse caresse. Sa tête se redressa, elle soupira à nouveau, dressée, cambrée, lascive, son excitation perceptible.

La cape tomba et dévoila son corps d'ébène nu et gracieux, d'une beauté elfine malgré les nombreuses cicatrices qui y avaient élu domicile au cours des dernières années.

Elle ondoya, dressa les bras au dessus de la tête, les mains l'une dans l'autre. Les paupières baissées, lèvres entrouvertes dans une expression alanguie, elle se cambra plus encore, offrant aux regard les courbes de ses cuisses, de son ventre de plat et de sa poitrine modeste dont les pointes s'étaient dressées. Elle aimait danser pour la déesse, elle aimait danser pour ses amants. Cela ne manquait jamais de l'embraser.

Puis elle ondoya encore, souple et vive. Ses jambes s'ouvrirent lentement pour dévoiler aux regards le trésor qui s'y nichait dans l'ombre. Son corps s'immobilisa un long moment, son souffle profond.

Puis les bras s'élancèrent à nouveau, en avant. Guidée par la main droite, la gauche effleura une épaule, un flanc. C'était une main qui avait perdu toute sensibilité. Cela aurait pu être la main d'un autre. Ce soir, c'était la main d'un, ou une amante. Une amante, décida-t-elle.

Celle-là était maladroite, inexpérimentée, alors la drow devait la guider. L'amante caressa son ventre, remonta sur ses petits seins en un lent mouvement qui la fit frissonner. L'amante pinça délicatement un téton entre deux doigts. Un léger gémissement, un miaulement franchit les lèvres entrouvertes de la sombre pour l'encourager. Le désir faisait battre son cœur plus vite.

Alors elle serra un peu plus. Les doigts furent pris de spasmes et lâchèrent à regret leur proie. Cette fois-ci, ce fut un soupire de frustration qui échappa à la sombre. Elle imaginait volontiers son amante elfe découvrant les plaisirs saphiques, anxieuse à l'idée de mal s'y prendre. Mais il y avait une solution.

Les mains abandonnaient les orbes menues, caressaient ce ventre plat, s'arrêtèrent à son nombril, avant de continuer plus bas, toujours plus bas, entre les jambes sveltes qui s'écartèrent un peu plus pour leur laisser place.

L'amante manquait d'experience peut-être, mais, avec son aide, elle trouva sans peine la petite perle logée entre ses lèvre. Maintenue là par sa main droite, elle se mit à l'oeuvre, doucement, délicatement. Un sourire de plaisir s'épanouit sur le visage de la demoiselle.

Tentateur, l'index de sa main droite effleurait la peau douce de ses lèvres au rythme des entêtantes caresses sur sa perle. Nourrissant les braises du désir, en faisant des flammes, petit à petit, geste tendre après geste tendre.

Depuis combien de temps s'amusait-elle à jouer avec son désir?

A un moment, son bassin avait commencé à accompagner ses mouvements, ses bras tendus contre son ventre.
A un moment un doigt élégant s'était glissé en elle, et y avait rencontré le délicieux plaisir, ses mouvements rythmés par la danse de plus en plus fougueuse de la demoiselle.

- Maitresse… La sombre avait laissé échapper un simple soupir. La main de son amante la récompensa par de plus vives caresses..

Soudain, sa main gauche fut prise de tremblements vifs. Un gémissement franchit ses lèvres qu'elle étouffa aussitôt.

Ses jambes se tendirent, sa main droite appuya sur l'autre, qui refusait de cesser ses trépidations. Elle gémit, plaqua plus fort le doigt fou contre sa perle.

A genoux sur la paillasse, à la lueur de la chandelle, tête penchée en arrière, cambrée comme un arc, jambes serrées, les deux mains entre elles, la daedhelle fut emportée par l'extase.

4ieme jour de la 7ieme de Favrius, an 17

Ce soir, j'ai enfin trouvé une veritable utilité à mon bras gauche. Quand je pense que je n'y avais jamais pensé jusque là. C'était pourtant évident.

Ses palpitations, appliquées judicieusement sur mon clitoris et avec assez de force, m'ont conduite à l'extase plus rapidement que je ne l'aurais cru.

La poursuite des experimentations paraît légitime, et surtout necessaire.

Elle était là, face à Shyn'tae, dans la petite pièce sur les toits de la demeure de Dante, installée tout comme la drow sur le tapis qui couvrait les lattes de vieux bois séché par le temps. La texture de sa peau était si particulière... Douce, elle retenait pourtant le doigt qui s'y attardait un peu trop. Comme huilée, elle s'ornait de milles reflets à la lueur des chandelles que l'arcaniste avait allumées.

Une goutte d'eau luisait à sa surface, tel un diamant rond brillant de milles feus. Fascinée, le regard perdu entre trame et couleurs, Shyn'tae l'observa rouler, fuir cette peau si lisse qui la repoussait. Le doigt de la drow suivit la goutte sur la peau, l'effleurant avec la légèreté du vent.

Ses courbes  guidaient le regard sans aucune modestie, sensuelles, attirantes, à la fois si familières et si exotiques pour une drow issue des profondeurs de la terre, mais avec toute l'indifférence de celle qui sait qu'elle tient déjà sa proie entre ses mains.

L'index  rattrapa la goutte, elle s'y accrocha comme un enfant à sa mère. Shyn'tae comprenait... son amante était intimidante.

Les yeux malicieusement rivés sur son amante, couchée sur le ventre, une main caressant son bas ventre, la sombre créature porta lentement le doigt à ses lèvres entrouverte et le suçota avec une lenteur calculée.

Son amante jouait la difficile, indifférente à ses jeux. La marque incontestable d'une maitrise de soit absolue.

Les membres nus et gracieux de la noire elfe s'animèrent, langoureux et souples comme le serpent, et elle s'approcha de son amante. Elle en changeait souvent dernièrement. C'était calculé… Elle avait le désir d'expérimenter, de découvrir dans ce monde inconnu peuplé d'odeurs, d'images et de son exotiques. Sa situation l'empêchait de trop se montrer, ses compagnons ne lui semblaient pas très ouverts sur la question(1). Elle changerait ca. Mais en attendant, Thaar ne manquait pas d'amants facilement accessibles, même à elle.

Une peau violette pouvait sembler étrange, mais aux yeux carmins d'une corruptrice habituée aux merveilles du Vatna, la couleur ne la rendait que plus séduisante.

Un soupir.

Sur le tapis, elle s'était assise sur ses genoux.

Une main soupesait les courbes, l'autre, la maladroite, l'insensible, la faible, s'était glissée entre ses jambes. On lui avait dit qu'il fallait l'exercer. Un soupir glissa hors de ses lèvres charnues. Elle souriait alors que ses doigts attisaient le délicieux brasier niché dans son ventre.

Shyn'tae mordilla la peau de son amante.. Sa langue glissa à sa surface. Intimidante… c'était le mot. La drow devait reconnaitre que malgré tout le nectar que distillait sa fleur…  peut-être…

Peut-être qu'elle n'était pas prête.

C'était du domaine du fantasme, et non pas de la réalité. Ses doigts serrèrent plus fort l'aubergine alors que le plaisir montait finalement. Son bassin ondula souplement contre sa main qui peinait à garder le rythme. Elle se pencha soudain en avant, lâcha le légume, qui tombe devant elle. Ses deux mains œuvraient de concert, elle se connaissait si bien.

Son corps fut parcouru d'un frisson, il se tendit. La drow s'élança vers l'avant et mordit l'aubergine pour étouffer ses cris. Sans trop savoir pourquoi, elle avait l'intuition qu'il valait mieux ne pas attirer l'attention de Dante et qu'il ne la trouve pas ainsi.

(1) Avons-nous déjà signalé que les humains étaient des créatures étranges?

5ieme jour de la 7ieme énneade de Favrius, an 17

Aubergine
Attirant au regard, texture et courbes pleine de promesse. Ne se mange pas cru.

Conclusion: Je ne suis pas prête  ? .

La conclusion était surlignée plusieurs fois, Il semblerait que l'auteur avait initialement terminé la phrase par une interrogation avant de précipitamment la transformer en affirmation.

Douzième jour.
J'ai pu sortir et me rendre au marché aujourd'hui. Je crois que mon hôte ne se rend compte de rien. Je ne pense pas qu'il lise ce grimoire non plus. Cher hôte lourdingue, si tu lis ces mots, sache que je le sais et que tu peux aller te faire voir dans cette fameuse Péninsule, toi et tes laxatifs.

Cela fait douze jours que je suis ici. Douze jours. Il est difficile d'imaginer pour le tout venant à quel point cela peut être frustrant. Il est apparemment exclu de faire découvrir à la belle ensorceleuse tous les plaisirs qu'une drow bien élevée pourrait lui procurer. Apparemment si j'en crois le chant merveilleux qui parvient présentement à mes oreilles, lui n'a pas l'air totalement incompétent (note pour moi-même, le tester aussi à l'occasion). Mais elle ignore ce qu'elle manque. Je ne désespère pas de la faire changer d'avis. Et impossible de trouver une amante ou un amant, le risque serait trop grand.

Heureusement, ce n'est qu'un faux problème. Des amants, je peux en trouver autant que je le désire, celui qui croit le contraire manque de curiosité et d'imagination… Après l'échec flagrant bien que prévisible de l'aubergine (tant d'un point de vu stimulant que gustatif), j'ai peut-être découvert la perfection. Elle m'attendait au détour d'un étal, innocente et attirante. A la douce musique de mes hôtes, nous allons nous découvrir.

***

Pardonnez mon écriture encore tremblante… je pense avoir trouvé l'amour.

Dans la petite chambre au sommet de la demeure, je m'étais assise en tailleurs sur le tapis. Entièrement nue hormis le bracelet d'argent emprisonnant ma cheville, mon dos reposait contre le torchis froid. Entre les doigts de ma main droite, je la tenais, celle qui deviendrait une élue de mon cœur. Parmi toutes ses semblables que j'avais réunies, c'était elle qui m'avait le plus attirée. Sa carnation vive et exotique avait attiré mon œil sitôt que je l'avais vue, mais à cet égard, elles étaient toutes semblables.

Non, c'était sa forme oblongue, plus large sur sa base et plus fine à l'extrémité, ses sinuosité envoutantes, et surtout sa taille, ni trop grande ni trop petites, qui m'avaient ensorcelée. Quelles luxure m'attendait lorsque je m'offrirai à elle? Cette seule pensée avait suffit à nourrir la chaleur que je sentais grandir en mon bas ventre. Je glissais mon amante proche de mes lèvres entrouvertes. Ma langue la frôla, délicatement. Elle s'enroula, explora avec curiosité ce membre si dépaysant. Il franchit le creux de mes lèvres, et je le suçota avec le même amour que celui que j'aurais offert à n'importe quel autre amant.

Ainsi libérée, ma main se glissa sur mes seins menus, de caresses en caresses, jusqu'à pincer un téton dressé, puis l'autre. Je me cambrais, ma nuque appuya sur le mur blanchi à la chaux. Le sceptre de plaisir logé entre mes lèvres étouffa mon gémissement.

Lorsque ma main tremblante glissa plus bas explorer le creux entre mes jambes, je sus sans peine que j'étais prête à m'offrir à lui. D'une main tremblante, je retirais l'objet de mes désirs de la chaleur du baiser dont je l'avais gratifié.

Entrainé par Isten, mon cœur battait fort dans ma poitrine.

J'avais si envie d'elle…. Je n'eus même pas besoin d'écarter les lèvres du temple de mon plaisir. Mon amante se glissa en moi aussi aisément que si elle avait été faite pour moi, écartant les chairs gorgées de nectar. Ses sinuosités caressaient des replis dont j'ignorais l'existence, éveillaient des sensations nouvelles.

Mes yeux clos, je soupirais longuement, elle si profondément enfouis en moi, un doigt tendre glissant souplement sur la petite perle de plaisir au dessus.

Puis, lorsque je me fut habituée à elle, tel l'amant le plus attentif au monde, elle commença à danser en moi. D'abord lentement, pour me faire découvrir tous les recoins nouveaux que sa forme pouvait me faire découvrir.

Puis plus vite à mesure que mon désir prenait le pas sur la curiosité.
Jusqu'à me prendre avec une passion sauvage et me conduire à l'extase.

Mon amour logée en moi, le cœur battant, l'esprit perdu dans les brouillards de la jouissance, je ne sais combien de temps je restais ainsi, le sourire aux lèvres.

Lorsque je retrouva mes facultés, je ne savais qu'une chose. Devant moi, il y avait d'autres carottes. Toutes différentes.

Plus petites, plus grandes.
Droites ou sinueuses.
Pointues ou rondes.

Tant de choses à découvrir.

Alors que j'écris ces mots, je n'ai pas beaucoup dormi de la nuit.