Baphragore de Merval
Humain
Nombre de messages : 49 Âge : 28 Date d'inscription : 30/11/2019
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 48 ans Taille : ~1m90 Niveau Magique : Arcaniste.
| Sujet: Le Buffet ambulant Dim 15 Déc 2019 - 10:17 | |
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Troisième ennéade de Barkios, An 17 du XIème Cycle, Aux alentours de Diantra
Merval ; opulente mais économe.
Baphragore avait décidé de faire un pied-de-nez à l’ancien adage, sans doute né de la bouche obscène d’un commerçant trop pingre comme il s’en trouvait des légions dans les grandes cités portuaires. Pour une occasion aussi unique que l’était ce concile des Pairs, il était proscrit de jouer les avares effarouchés. Pour préparer ses propres yeux aux fastes de la cour royale, le baron de Merval avait décidé de dépenser un peu plus d’argent ce mois-ci que d’habitude, notamment pour son carrosse et ses cuisiniers.
L’énorme voiture dans laquelle il faisait le chemin vers Diantra avait été allongée, comme si deux, voire trois chariots avaient été imbriqués les uns dans les autres. Ainsi étiré, l’énorme compartiment pouvait accueillir une longue table, quelques chaises, et bien entendu toute une série de mets délicats préparés chaque lendemain de halte par plusieurs cuisiniers embauchés par Baphragore.
Le résultat était saisissant. Outre les quelques Cataphractaires pris comme escorte et les marchands mervalois engagés dans de truculentes recherches d’affaires, le carrosse était l’engin le plus gros et le plus pataud sur la route. Il fallait bien trois cochers pour le manoeuvrer : un devant, un homme derrière, et un autre homme au milieu, agrippé à une poignée, pour faire communiquer les deux. A l’intérieur, cependant, toute cette logistique était oubliée, car un banquet brinquebalant était donné.
Baphragore festoyait en compagnie de ses principaux collaborateurs dans cette aventure conciliaire : Petit-Gougniaphe, son puîné ; Ariana, son épouse ; Périphe l’Escalpé, son cousin ; Arabosque, tête de file d’une congrégation marchande ; Hécopluce, responsable de la logistique ; et finalement Timon de Gardeflot, son beau-père, bien qu’ils aient plus ou moins le même âge. La joyeuse compagnie faisait bombance à l’intérieur-même de la charriote, entre les terrines de foie, le homards à la truffe, quelques poignées d’ortolans gras et juteux, une demi-douzaine de canards poivrés, un énorme sanglier rôti au miel trônant au centre de la tablée branlante, et bien entendu, toute une ribambelle d’autres accompagnements pour cette orgie festive qui durerait tout le jour durant. Baphragore Cathusne avait vu les choses en grand.
Le baron donna quelques coups de l’une de ses bagues sur son calice argenté à moitié vide de vin coupé à l’eau, réclamant le silence. Une fois obtenu, il le brisa allègrement de paroles bienheureuses :
« Mes amis, c’est grande joie pour moi de tous vous retrouver ici, au sein du Buffet ambulant ! »
La petite bande se laissa aller à quelques acclamations, l’ambiance festive aidant à oublier les maux et les rancœurs que partageaient les occupants du carrosse. L’atmosphère était réchauffée par la présence de nombreux corps au même endroit, et les plats tièdes étaient encore un délice à avaler, surtout avec quelques gorgées de ce bon vin produit sur les coteaux du Clos de l’Erubore.
« Une fois arrivés à Diantra, je veux que tous puissent observer les fastueuses courbes de notre carriole, et de nos hanches élargies par la graisse et l’opulence ! »
Timon de Gardeflot, qui avait déjà fini une bouteille entière du gros rouquin qui tape, s’esclaffa plus fort que les autres, les joues déjà rougies par l’alcool. Baphragore sourit, levant son gobelet :
« Chères ouailles, je souhaite que tous puissent constater que Merval n’a pas perdu de sa gaieté, ce malgré la précédente guerre. Mangez, buvez, faites du bruit ! Vous, là, dans le fond, avec vos instruments ! Jouez-nous un air entraînant ! »
Et pendant que les discussions avinées reprenaient gaiement, les musiciens s’accordèrent pour jouer un air bien connu, entêtant et festif. S’armant de leurs archets, vièles, cithares, flûtes et tambours, ils régalèrent l’assemblée d’un arrangement à la mode de chez eux.
Le cortège ne passa pas inaperçu sur les routes des Terres Royales, et ce jusqu’aux portes de Diantra. Un attroupement de curieux observait le Buffet ambulant traverser la campagne, les villages et les ponts, dans une joyeuse cacophonie qui contrastait avec l’austère attitude des Cataphractaires, ces cavaliers en armure qui n’offraient à la population que leur visage le plus méprisant.
Mervalois ; opulente, mais ce mois-ci, pas économe.
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