[Isgaard] Personnel non autorisé à bord. (Gau)

Julas, 3ième ennéades de Bàrkios, An 17, Cycle 11
pendant que Maralina se fait apostropher par l'employé du port

Maralina a prise la plus belle cabine pendant le voyage. Dante, lui, s'est engagé comme matelot pendant la traversée pour payer son passage. Hors de question de coûter plus que nécessaire. Son matos est en sécurité dans une malle à double-fond sous les soins de la patronne. En plus, être incognito lui permet de garder une oreille sur les racontars, une femme sur un navire, même avec un garde du corp, suscite les convoitises. Etrangement, les mauvaises langues se retrouvent malades.

Au contraire de sa première traversée, il s'adapte mieux à la mer, le rythme des marins lui convenant. Travaillant dur, dormant peu, toujours de ce demi sommeil qu'il a en société. Le plus infime bruissement ou raclement de gorge le fait s'éveiller, écouter...

Le capitaine est content de lui, il est toujours le premier dans les cordages, en l'air, montant d'une façon risquée mais efficace dans les cordages, évoluant avec aisance. D'ailleurs, il est de ceux, en l'air, qui essayent de limiter les dégâts sur la grande voile. Il est de ceux qui participent aux manœuvres d'amarrage avant de s'éclipser discrètement. Il va dans la cabine de Maralina pour se changer pendant que la maitresse descend à terre.

D'ailleurs, Dante finit de reboucler son ceinturon d'armes, son arc au dos, son vieux plastron de cuir ayant connu des jours meilleurs fidèlement au poste quand la servante de Maralina entre dans la cabine et le met au parfum.

L'homme se tourne face à la porte ouverte et voit les gens du port. A ses hanches quatre dagues dont deux de combats. Des pantalons noirs en lin avec des cuissardes de cuir, des bottes usées, une chemise grise aux manches retenues par deux bracelets de force, ses gants sans doigts révélant de longs doigts agiles. Il n'est pas bien gros, pas bien musclé du haut de son mètre quatre-vingt. Les tempes rasées, sa chevelure d'un noir de jais tressée à la Vaani, la grande bouche. Il n'aurait rien de bien remarquable si ce n'était de son côté gauche de son visage, parcouru de maintes cicatrices. Et ces yeux dépareillés, un marron et un vert incisif.  

La posture relaxe, il s'avance jusqu'à la porte de la cabine de la patronne. Leur bloquant à demi le chemin.  



 

L'intervention de Sa Grandeur Gaubert avait désamorcé une situation tendue qui aurait pu rapidement dégénérer. La Damedieu soit louée, le comte avait fait mettre aux fers, l'énorme garde qui l'avait attrapé par le col et fait emmené la Princesse vaanie à la tenue provocante, lui donnant ordre de fouiller le bateau des intrus. Accompagné par une dizaine de gardes du port, Martin emprunta la rampe d'accès vers le navire et ouvrit sa besace en cuir dans laquelle il avait rangé son registre, sa plume et son petit encrier portatif. Il se présenta face au capitaine, un brave homme aux cheveux mi-longs et la peau burinée par le soleil, propre aux habitants du lointain Estrevent.

Ola, mon brave. Je suis le commissaire Tamarre, officier du port d'Isgaard. Je dois procéder à l'inspection de votre navire, inventorier le contenu des cales et vérifier l'identité des passagers. Auriez-vous un journal de bord et un registre d'équipage à me présenter ?

Martin emboîta le pas du capitaine jusqu'à sa cabine et descendit les quelques marches qui menaient aux quartiers des passagers. Il arqua un sourcil, sentant l'officier légèrement crispé. Y avait-il quoique ce soit de répréhensible dans cette embarcation ? Un homme apparut face à eux. Grand, le visage marqué par les cicatrices, arborant moult lames à la ceinture et le regard mauvais. Il faisait parti de ces gens à la mine patibulaire qui créait une tension chez les soldats, même en ne faisait rien de louche, sa silhouette l'était déjà bien assez. Adossé à la paroi du petit couloir, l'inconnu empêchait, volontairement ou non, le passage de Martin et ses hommes. Le commisssaire toussota en croisant le regard dépareillé de l'énergumène qui semblait monter la garde devant une porte bien particulière.

Pardonnez-moi, monsieur. Nous devons mener l'inspection du navire. Pouvez-vous vous écarter de cette porte ?

Martin faisait tout pour garder bonne figure face à la trogne marquée du gaillard, mais il devait admettre que son regard vert et marron avait quelque chose d'intimidant. À moins que ce ne fusse son attirail d'assassin ou le fait qu'il fasse une tête de plus que lui. Gardant contenance, Martin trempa sa plume dans le petit encrier et écrivit rapidement le mot "cabine" dans son carnet avant de relever le regard vers l'étranger.

Et vous êtes ?

Le vairon et son arsenal de couteau observait Martin d'un air circonspect, puis après un petit temps de flottement, il déclara avec un accent trahissant ses origines olyianes.

Pardonnez moi monsieur, mais pourrais-je voir vos autorisations et l'accréditation des autorités conséquentes? Le fait est que je n'ai pas recu l'accord de ma patronne pour vous laisser passer et que nous ne faisons escale que pour une journée, le temps de réparer cette voile. Mais cela, vous êtes sûrement au courant. Je suis Halewyn Redinem. Halewyn avec un y. Vous ne me trouverez pas dans le registre passager mais plutôt dans celui de l'équipage, si le second sait bien écrire. Je travaille comme matelot pour payer ma traversée parce que je n'aime pas coûter plus que nécessaire à la Princesse… Mon tour maintenant… Puis je savoir qui vous êtes? Et j'aimerais aussi savoir en quoi fouiller les petites culottes de ma patronne est nécessaire à votre tâche. Je doute que des grosses mains sales sur ses soieries lui plaisent. Ca va les abîmer.

Le second du capitaine apporta le registre alors que Martin achevait de noter le nom de son interlocuteur. Il ferma son calepin et se saisit du registre avant d'en feuilleter les pages. Il répondit à la demande polie de l'étranger avec le même aplomb.

Commissaire Tamarre, officier de port d'Isgaard, chargé par le comte en personne d'inspecter le navire, avec l'aval de Dame Maralina Iarohivrah.

Il atteint la lettre R et constata effectivement le nom inscrit dans l'équipage.

En effet, Halloween Redinem ! Matelot! Vous êtes là. Et bien, matelot, j'ai déjà présenté tous les documents officiels à votre capitaine. Encore une fois veuillez vous écarter.

Il chaussa une paire de binocle, avant de refermer le registre.

Je vous promets que nous ne dérangerons pas la lingerie de votre ... patronne. Nous ne faisons qu'inventorier les pièces et constater qu'il n'y a pas d'infractions contrebandières.

Il posa un regard suspect sur la ceinture du gaillard qui parlait un peu trop bien pour un simple homme d'équipage.

J'ignorais d'ailleurs qu'un matelot avait besoin d'un tel attirail, Monsieur. Vous êtes sûr d'être membre d'équipage ? Une usurpation d'identité et un faux sur le registre de bord pourrait vous coûter quelques ennéades de cachot, Monsieur.

Il avait déjà été menacé quelques minutes plus tôt et le secours qu'avait apporté le comte avait gonflé sa confiance en soi. Mais au fond de lui, il n'en menait pas large et espérait éviter un accès de violence avec cet Halloween et son aspect brutal.

Face au gaillard bardé de couteau, le commissaire tenait bon, lui faisant remarquer le fait que son accoutrement était bien étrange pour un matelo. L'individu répondit, froidement.

J’ai déjà dit que je ne faisais que payer mon passage. Je ne savais pas qu'il fallait un acte de naissance pour voyager, monsieur. Parce que je n'en ai pas sur moi. Comme preuve de mon identité, je n'ai que ma personne et ma princesse comme témoin de bonne foi, vous pouvez interroger tout un chacun ici et vous verrez que j'ai bien travaillé pour gagner honnêtement ma croûte. Parce que le trajet cabine très peu pour moi. Mon attirail est mon équipement usuel quand j'accompagne la princesse, mon employeuse terrestre en ce moment, à terre. Est ce ainsi la légendaire hospitalité Péninsulaire gentilhomme, menacer de cachot chaque individu étranger qui ne fait que son boulot ? Parce que je vous assure que le commerce Thaari serait bien pingre si nous faisions de même.
Ma foi, Monsieur, celui qui empêche l'autre de faire son travail ici, c'est vous ! Et vous n'êtes pas à Thaar, peu me chaut des pratiques d'Estrevent, vous êtes en Odélian, et les règles sont ainsi !

Loin de se laisser décontenancer par les propos de Martin, Halloween se permit d'intervenir de nouveau.

Un individu seulement entre dans la cabine de Princesse Irohivrah, l'autre reste dans le cadrage de porte et notera votre inventaire. Vous ne toucherez à rien, la servante s'occupera de déplacer les choses pour vous à votre convenance. Une pièce vaut plus que votre salaire annuel. J'ose espérer qu'il ne manquera aucun article de la Dame après votre départ. Je serais bien marri d'être obligé d'aller les chercher moi-même. Ca serait une malencontreuse perte de temps.

Les sourcils du comissaire Tamarre se plissèrent, de plus en plus mécontent de l'attitude du bonhomme. Oh, il pouvait bien froncer les sourcils avec son air de pirate assoiffé de sang et ses yeux mal assortis, il en avait vu d'autre de ce genre.

Je ne vous permets pas, Monsieur, de me permettre. À croire que vous cachez quelque chose dans cette pièce ! Sans votre intervention mal à propos, nous serions déjà ressorti, mais peut-être que c'est une fouille complète que je vais ordonner ! Pour la dernière fois, Monsieur Halloween, laissez-moi faire mon travail et écartez-vous de mon chemin ! Le comte a fait mettre aux fers votre camarade pour entrave à ma fonction, il y a quelques minutes, je peux si vous le souhaitez vous envoyer le rejoindre.

Martin bomba le torse, sur de son grade et de son bon droit, masquant du mieux possible la goutte de sueur froide qui coulait dans son dos. Il le défiait du regard, attendant qu'il s'écarte de la porte tout à fait en acceptant ses termes. Ses termes à lui. Si ce vaurien décidait d'utiliser ses lames et de lui ouvrir le ventre, il ne ferait pas un pli. Oh, Sainte Damedieu, protégez-le des sombres desseins de ce louche individu au nom ridicule.

Nous sommes deux à ne faire que notre boulot Sire l'Amarre. Je ne suis pas payé assez cher cependant pour finir au cachot.

À la bonne heure, l'individu avait peut-être l'allure d'un homme de main bas de plafond mais au moins savait-il quand il fallait cesser de rouler des muscles. Martin pénétra dans la cabine, précédé du vairon. À l'intérieur, un doux parfum de femme flottait dans l'air et les quelques pièces de soieries et les coffrets à bijoux, laissaient entendre qu'effectivement cette cabine appartenait à la Princesse Marchande, aussi hautaine que belle, avec qui il avait eu maille à partir quelques instants plus tôt. Le commissaire fit un rapide tour de la pièce, jetant un oeil de ci, de là, revenant ponctuellement sur le visage patibulaire du matelot aux couteaux. Un lit large obstruait une partie de la pièce et était couvert de coussins moelleux et fraîchement battus par la servante qui se cachait derrière Halloween. Tamarre s'approcha d'une armoire entr'ouverte et poussa une porte du l'index, dévoilant d'autres tenues féminines et paires de sandales aux lanières fines.

Martin poursuivit son petit tour de la pièce avant d'ouvrir son carnet et de griffonner rapidement une note et de la verbaliser à voix haute.

Cabine de la Princesse Marchande ... Rien à signaler.

Il referma son carnet et se dirigea d'un pas décidé vers la sortie et, sur le pas de la porte, se tourna vers l'individu désagréable et la servante, s'adressant plutôt à elle qu'à lui.

Merci de votre collaboration et pardonnez-moi pour le dérangement, Madame.

Il franchit le pas de la porte et retrouva les gardes qui avaient patientés dans le couloir. Enhardi par sa victoire sur le matelot, Martin crut bon d'ajouter avant de partir.

Puis-je poursuivre ou avez-vous décidé de contester chaque porte que je vais ouvrir ?