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Sujet: [Isgaard] Le chevalier et la voyageuse. (Gaël) Lun 30 Déc 2019 - 21:39
C’est au cours de la seconde ennéade de Favriüs que la missive arriva à bon port, celui de Beaurivages plus précisément. La petite tête blonde, prénommée Annabelle et s’étant présentée comme une messagère venant tout droit du quartier cosmopolite de la cité naine de Lante, avait apporté une missive cachetée en provenance d’une habitante de Fort-Garmin. Aussi avait-elle précisé, avant de laisser l’enveloppe entre les mains de la domesticité et de reprendre sa route, que pour toute réponse il fallait adresser un courrier à une petite boutique du nom de « Curiosités Aventurières » située dans l’enclave lantaise.
Concernant la lettre, à l’écriture soignée et rédigée en oliyan, son contenu attiserait sûrement la curiosité de son destinataire. D'autant que le simple fait de recevoir un courrier en provenance des contrées naines se devait d'être assez singulier en soi.
J'ose espérer que cette missive trouvera son destinataire Gaël de Laval, que j'ai cru comprendre être un seigneur et chevalier de Missède.
Je suis consciente que tout ceci vous paraîtra bien mystérieux, cependant lorsqu'il s'agit de votre sœur rien n'est simple. Je ne peux donc m'épancher outre mesure sur ce vélin quand bien même je l'aurais fait volontiers.
Sachez simplement que je fais partie des quatre survivants revenus des terres désertiques du Sud. J'ai rencontré Cécilie à l'Aurore, lors de ce voyage. Et ensemble nous sommes allées jusqu'au bout du monde pour les Souffles des Hommes. Nous y avons vu des choses dépassant l'entendement, si bien que je doute fortement que vous puissiez me croire sur parole. Je suis par ailleurs venue en pays Soltarii suite à ces événements, afin de mettre un point final à cette quête très particulière.
Je conçois qu'il puisse être difficile de faire confiance à une inconnue sur une simple lettre. Ainsi, pour preuve de ma proximité avec Cécilie, je peux vous assurer que je sais ce qu'il est advenu de votre père. Je sais qu'il fut un immense crétin doublé d'une crevure sans vergogne, et que votre sœur a échappé de peu à ses complots dirigés contre elle et son unique fils Maël. Tout comme je sais que vous avez aussi été l'une de ses cibles. Ceci, évidemment, après son enfermement.
Aussi, concernant Cécilie, j'aimerai pouvoir vous rencontrer de visu afin de discuter de certaines choses que je ne peux coucher sur ce papier. Croyez-bien qu'il s'agit là d'un sujet d'une importance capitale, car je crains que Cécilie ne soit en proie à un mal qui nous dépasse tous. Je vous attendrai en Isgaard durant la huitième ennéade de Favriüs. À une demie journée de marche en direction du Nord du Fort de l'Orée, près des abords de la forêt d'Ombrefâne, existe un endroit uniquement fréquenté des larrons et malandrins nommé « L’arbre aux pendus ». L'arbre en question se situe sur une petite colline, c'est là que vous me trouverez.
Vous viendrez seul à ma rencontre, sinon quoi je rebrousserai chemin.
Dans l'espérance de votre venue, T'sisra Do'ath.
◈ ◈ ◈
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Des jours durant il avait flotté comme si la déesse des mers s'était décidé à noyer le monde entier. Il fallut attendre l'approche des terres d'Isgaard pour enfin entrapercevoir les premières éclaircies. Et malgré les rayons réconfortant du soleil, l'endroit ne payait pas de mine. La daedhelle gageait qu'il s'agissait de la proximité entre les forêts d'Ombrefâne et l'Aduram qui faisait de ces terres un endroit aussi désagréable. Peu importait de toute manière, elle ne comptait pas s'éterniser outre mesure. Les barbes et les tresses, propriétaires de la barge sur laquelle T'sisra voyageait, accostèrent peu avant la mi-journée. Une fois pied à terre, la drow se mit en route sans perdre plus de temps, marchant d'un pas décidé en direction de la fameuse colline qu'on pouvait apercevoir de loin.
S'installant sur une caillasse au pied de la potence improvisée, la noiraude profitait de la vue qu'offrait la surélévation de la colline sur les environs. Deux pendus pourrissant se balançaient aux branches de l'arbre, sans doutes des larrons éxécutés par leurs anciens compères pour d'obscures raisons. Elle s'étonna d'ailleurs qu'ils fassent si peu cas des rites funéraires péninsulaires. Sa capuche rabattue sur le haut de son crâne, la noirelfe se contenta d'observer les environs, concentrée et aussi impatiente qu'inquiète : Elle avait quatre jours de retard. Cette fichue pluie ayant quelque peu ralenti la progression de la barge, ne restait plus qu'à espérer que le rendez-vous ne fut pas manqué.
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Sujet: Re: [Isgaard] Le chevalier et la voyageuse. (Gaël) Mar 31 Déc 2019 - 11:57
Le mois de Favrius est déjà bien entamé et approche même de sa fin. L’automne est bien là. Les vents marins devinrent plus frais et de toutes parts de la seigneurie, les paysans se ruent à l’assaut de leurs récoltes tardives afin de les préserver du froid qui ne tardera pas à pointer le bout de son nez. L’année s’étant écoulée fut bonne à tout point de vue pour ces travailleurs de la terre. Leurs produits ne souffrant pas de la concurrence étrangère -puisque destinés à la consommation locale- leur prix de vente resta stable malgré l’augmentation du rendement cette saison. Un pécule supplémentaire qui servira à acheter la liberté pour les uns et à investir dans un meilleur équipement pour les autres. Une belle saison en effet.
La ville de Beaurivages, désormais nouvellement acquise à la famille du même nom ne souffrit que peu du retour de Chiard dans le giron seigneurial. Une perte d’influence certaine, amenant quelques marchands à quitter le port mais rien de bien méchant. La famille de Beaurivages offrit même une réduction d’impôt sur le mois suivant leur réintégration pour célébrer cela. Un beau coup marketing s’il en est un. Mais nous ne sommes pas là pour nous étendre sur la situation intérieure mais bel et bien pour parler d’une étrange missive provenant d’un étrange et lointain endroit.
Une missive à destination du seigneur des lieux, mais surtout du chevalier de Missède. Comme s’il n’y en avait pas suffisamment. Le morceau de papier vînt trouver Clarence de Beaurivages, en plein exercice de la justice du domaine. Un huissier vînt lui déposer à ses côtés, sans un mot laissant le sire achever sa tâche. Une fois celle-ci exécutée, l’homme prit connaissance du document, ou du moins d’une partie du document puisqu’il comprit bien vite que cette lettre est d’une importance toute particulière pour son suzerain. Ni une, ni deux, il chevaucha en direction de Missède accompagné de cinq chevaliers et laissant derrière lui ses obligations journalières. Cette réaction si soudaine et incompréhensible pour quiconque le connaissait, rendit la cour pour le moins suspicieuse.
Clarence arriva à la nuit tombée et se précipita immédiatement dans le palais baronnial. Dépassant tout garde souhaitant le ralentir, il fila droit vers la pièce principale dans laquelle tu dînais en compagnie de quelques courtisans, de ton épouse et de deux nobles propriétaires d’une bonne partie des terres céréalières du domaine Missédois. A la vue de Clarence, tes yeux s’illuminèrent de surprise et tu te levas dans un bond mémorable.
_ Ça alors ! Regardez qui vient nous rendre visite ! _ Mes salutations mon Seigneurs. Veuillez m’excuser de me présenter d’une manière si impromptue mais j’ai à vous parler… Sur-le-champs. _ Je… Eh bien faîtes donc. _ En… privé… messire.
Les attablés alternèrent entre l’invité surprise et ta personne, cherchant à comprendre le sens caché, à deviner l’indevinable mais surtout… à trouver quelques rumeurs à faire tourner. Mais ils n’en auront point le loisir puisque sans un mot, tu attrapes ta serviette afin de t’essuyer doigts et lèvres avant de contourner ta chaise pour te diriger vers tes appartements tout en indiquant à Clarence de te suivre. Sur le chemin desdits appartements, vous échangez quelques commodités, formules de politesses et compliments pour meubler l’espace. Mais dès lors que le palier fût franchi et que la porte se referma derrière vous, ta mine devînt grave.
_ Alors ?
Clarence sortit alors la lettre de sa poche et la tendit. D’abord suspicieux, tu finis par t’en saisir et jeter un regard dessus. Avant même que tu n’aies eu à entrevoir les lèvres, ton vassal te rassura.
_ Toutes mes excuses pour son ouverture.
Tu ne dis rien. Tu lis. Tu lis. Tu.Lis. Et putain ça t’emmerde. Ton sang ne fait qu’un tour, provoquant un frisson dans tes membres. Qu’est-ce que cette histoire ? Tu penses à des centaines de choses. A des milliers en fait. Tu t’y perds.
_ Avez-vous lu ? _ Je… pas entièrement. _ Qui sait ? _ Personne… Même moi je ne sais de quoi il en retourne. _ Bien… Venez, allons dîner.
◈ ◈ ◈
Le lendemain, une discussion avec Linaëlle te convainc de partir pour Ys afin de renégocier des accords… Cela tombe bien pour camoufler ce petit périple qui s’annonce. Ta suite quitte Missède et raccompagne Clarence jusqu’à Chiard. Le périple débuta, cap sur Isgaard. Officiellement pour une halte d’une journée -et ça t’emmerdait pas mal d’y aller- mais une fois sur place tu feins d’aller rencontrer les seigneurs des lieux pour te diriger vers le lieu prévu avec une escouade d’une dizaine d’hommes. Le voyage en mer n’était pas dérangeant en soi mais la partie terrestre était abominable. Cette atmosphère humide… Cette pluie, cette boue… beurk. Le Nord… Foutreciel. Toujours est-il que vous atteignez le lieu de rendez-vous en retard. Quatre en fait. Mais que voulez-vous ? On ne traverse pas une mer en un jour et l’escapade terrestre fût plus longue que prévue, faute de guide compétent. Une fois au pied de la colline, tu délaisses tes hommes pour achever l’ascension seul. Là, il y avait un arbre. Des morts. Et une Sombre. Beau tableau. Une embuscade ? Tu dégaines ton épée pour la planter dans le sol devant toi avant de poser les mains sur tes hanches.
_ Quel beau spectacle. Deux pendus et une étrangère à la peau sombre. Pourquoi faut-il que tout ce qui touche à Cécilie… sorte de l’ordinaire ?
T'sisra Do'ath
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Sujet: Re: [Isgaard] Le chevalier et la voyageuse. (Gaël) Mar 31 Déc 2019 - 15:15
Automne, Arkuisa, huitième ennéade de Favriüs, an dix-sept, onzième cycle.
Une main sur la poitrine, la daedhelle s’inclina légèrement vers l’avant et tira sur sa capuche, découvrant entièrement son visage. Si elle était une sombre, elle était bien plus petite que les siens, avait la peau d’un gris trop pâle, ses yeux n’étaient pas rouges mais d’un bleu acier saisissant et sa longue chevelure aussi sombre que la nuit. Penchant la tête sur le côté pour jeter un œil aux soldats en contrebas, elle commença à s’approcher du missédois. Concentrée, elle sentait son cœur battre à un rythme régulier, quoiqu’un peu plus rapide que la moyenne.
- Au moins, nous sommes d’accord sur ce point. Commença la drow dans un léger rire. Je n’étais pas certaine qu’évoquer Cécilie vous fasse venir jusqu’ici, aussi ai-je préféré ne pas y aller de main morte quant à votre paternel en pariant que l’affront aurait plus de chance de fonctionner. Bien que je n’en pense pas moins, je dois bien l’avouer.
Son regard allait de l’épée plantée dans le sol au chevalier, puis avec un dernier regard pour la garde patientant au pied de la colline, elle invita Gaël d’un geste de la main à la récupérer.
- Je préférerais que vous la gardiez dans votre fourreau. Vos hommes seront très certainement plus serein s’ils vous savent prêt à vous défendre, et moins enclin à faire une regrettable bêtise. Se détournant pour rejoindre le caillou au pied de l'arbre et s’y assoir, la noiraude désigna les deux larrons pendus. Ce n’est pas de mon fait.
Tirant son outre de son sac, la daedhelle épancha sa soif avant d’avoir à entrer dans le vif du sujet. La discussion pourrait bien être aussi courte que durer des heures et des heures. Soupesant son outre en interrogeant Gaël du regard comme pour lui en proposer, elle reprit :
- Bière naine, brassée au Kirgion. Croyez-moi, vous devriez goûter. Enfin… Comme expliqué dans ma lettre, j’ai rencontré votre sœur au cours d’un de mes voyages. Une histoire de Souffles et de dieux. J’avais dans l’idée de me rendre au Sud de Nisétis, la cité maudite, j’imagine que vous en avez déjà entendu parler ? Demanda-t-elle sans lui laisser le temps de répondre. Là-bas, dans les Terres Stériles existait un endroit que les eldéens appellent « Portes de la Mort ». Les plus fanatiques puysards y ont toujours vu une sorte de passage pour le Royaume de Teiweon. Tyra, pour vous. Et ils ne se s’étaient pas trompés. Son regard s’assombrit rien qu’en y repensant, toute cette troupe d’aventuriers qui, en l’espace de quelques secondes, s’était retrouvée happée par le sol et mise en pièce par la bête. Vous avez dû entendre parler des rumeurs concernant votre sœur. Elle n’a pas invoqué le Karkal, c’est la déesse qui l’a fait surgir de terre. Cette créature, autrefois un mythe eldéen, garde aujourd’hui ce qu’il reste des Portes de la Mort. Quant aux autres rumeurs, je ne sais que vous dire... J’espère de tout cœur qu’elles soient fausses et infondées, mais j’ai vu la malédiction s’inscrire à même la peau de Cécilie. Grimeldha et moi-même l’avons tirée in extremis des griffes de la mort, nous lui avons même rendu la vue. Et des jours durant, nous avons pu observer des symboles inconnus sur sa peau. Des symboles qui, au fil du temps s’estompèrent pour ne plus laisser aucune trace. Si j’y ai vu un peu d’espoir, sachez que je me suis lourdement trompée. Cécilie nous a faussé compagnie une fois le désert traversé.
T’sisra secoua lentement la tête. Cette expédition avait nourri tant d’espoirs, si elle avait atteint son objectif, le prix à payer avait été difficile à encaisser. D’autant qu’aujourd’hui, elle savait une chose que les autres ignoraient.
- J’ai mis plusieurs années à comprendre, mais je sais aujourd’hui de quoi il retourne. Du moins, je sais dans quel sens orienter mes recherches. Seulement j’ai besoin d’informations plus précises quant à un certain point. Votre sœur possédait un livre. Un vieux bouquin qu’elle ne quittait jamais, avez-vous une idée de quoi je parle ?
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Sujet: Re: [Isgaard] Le chevalier et la voyageuse. (Gaël) Dim 5 Jan 2020 - 20:43
La voyageuse n’avait pas l’air mauvaise. Ses mimiques prouvaient le contraire et quand elle se mit à évoquer ta sœur, tu te détendis. Le rire de la Noirelfe s’éleva dans les airs et te décrocha un sourire. Un sourire. Aux propos tenus par « l’ennemi du Royaume ». Cette journée promet d’être… surprenante ! Puis il fallait qu’elle aborde ton géniteur. Ah cet homme, un imbécile. « Crétin » comme ton interlocutrice du moment l’avait très bien décrit. Tu ne savais comment réagir alors tu te décidas à répondre dans la sobriété.
_ Père cessa de l’être le jour où il leva la main sur ma sœur. Si une bande de pirate s’étaient mis dans la tête l’idée de le kidnapper pour me réclamer une rançon, je les aurai volontiers financé pour qu’ils le noient dans l’heure. C’est mal de dire ce genre de choses. Même avec toute l’imbécilité du monde, il reste ton père et en ce sens, tu te dois de respecter ce qui est respectable, sinon la personne au moins la figure. Toutefois, il n’y a aucun noble, bourgeois ou officiel du Royaume des Hommes devant toi. Simplement une voyageuse. L’Etiquette, tu décidas de l’emmerder aujourd’hui.
Après ces belles paroles, tu rengaines ton arme dans son fourreau et suit la Drow jusqu’aux rochers aux pieds de l’arbre. Là, T’sisra dégaina le rêve de tout homme digne de ce nom. Une bonne bière barbue, le p’tit surnom que les Médianais leur donne fait évidemment référence aux attributs velus de leurs créateurs.
_ C’est un rêve que vous venez de réaliser ma Dame.
Tu t’en saisis comme on saisirai le Graal. D’abord, tu humes le parfum du breuvage, fermant les yeux pour te délecter de chaque arôme. Puis, tu amènes le goulot à tes lèvres pour en déguster le goût. Enfin, une fois ton gosier rempli, tu entrouvres la bouche pour accueillir un souffle et ainsi créer un savant mélange entre tes canines. Fort mais divin. Une bonne Barbue.
Tandis que ton gosier se remplissait d’arômes septentrionaux, la voyageuse t’expliqua le pourquoi du comment de sa lettre. En somme, elle raconta la même histoire que Cécilie te raconta quelques ennéades plus tôt. A la première question posée par l’Elfe, tu hoches la tête sans répondre. Un ‘oui’ curieux, désireux de savoir si tu pouvais apprendre quelque chose de nouveau. ‘Les Portes de la Mort’, si tu l’avais su plus tôt, jamais tu n’aurais cautionné le départ de ta grande sœur dans ce lieu… mortel.
L’histoire de malédiction en revanche fit mouche. Tu lèves les yeux, ton cœur s’emballe et tu soupires. Mais tu gardes le silence. Un temps du moins. L’Eldéenne termina son histoire. Pour le moment. Puis elle posa une question sur ce fameux livre. Ce … fameux… livre. Tu reprends une gorgée de Barbue avant de tendre la gourde à sa propriétaire et de prendre une grande respiration.
_ Un livre ? Un livre… Cécilie ne peut pas lire… Enfin, elle ne pouvait pas lire plutôt. Il y a bien un vieux bouquin offert par Ernest d’Ethin lors de leur mariage, comme cadeau. Et maintenant que vous en parlez, c’est louche d’offrir un livre à son épouse aveugle mais… je n’en sais pas plus.
Ah ça pour être louche ça l’était mais que dire de plus ? Tu séchais. Des bibliothèques remplies de livres il y en avait partout (on est à Missède après tout), c’est comme chercher une écharde dans une botte de foin.
_ J’ai accouru suite à vos mots car j’ai échangé avec elle il y a peu. A Ys. Je pensais qu’elle avait guéri grâce à ses propres pouvoirs… Passons. Elle a changé, on s’est fâché et elle m’a donné rendez-vous l’année suivante au même endroit.
De nouveau, tu laisses ta phrase en suspens. Entre son départ et votre entrevue, il s’en est passée des années. Votre relation n’a jamais été simple, à coup de je t’aime, moi non plus, de pressions parentales, de retrouvailles, d’honneur et de sentiment. Un beau bordel. Mais après tout, c’est cela une fratrie : des reproches, des piques, des hurlements mais surtout beaucoup d’amour. Un amour sincère. Pourtant elle en est venue à renier sa famille, jusqu’à son fils.
_ Je connais ma grande sœur comme personne, elle a craché sur son pays et est même allée jusqu’à renier les Dieux et délaisser son propre fils. Il s’est passé quelque chose là-bas, quelque chose a tué Cécilie. Quelle est cette malédiction dont vous me parlez ?
Spoiler:
Edit suite aux infos de Cécilie
Dernière édition par Gaël de Laval le Lun 6 Jan 2020 - 21:56, édité 1 fois
T'sisra Do'ath
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Sujet: Re: [Isgaard] Le chevalier et la voyageuse. (Gaël) Lun 6 Jan 2020 - 0:48
Automne, Arkuisa, huitième ennéade de Favriüs, an dix-sept, onzième cycle.
T’sisra arqua un sourcil, tant stupéfaite que curieuse. Ainsi, après sa disparition la rouquine était parvenue à entrer en contact avec son frère. Et à Ys, une petite cité portuaire vaanie, plutôt riche sans pour autant faire partie de ces incontournables et fameuses villes sous la domination des Princes Marchand du conseil thaari. Vu la réputation que se trainait désormais Cécilie, ce n’était pas un mauvais choix que de se tenir loin des très grandes cités et de leurs puissants dirigeants.
- Évidemment qu’il s’est passé « quelque chose ». Répondit T’sisra en mimant les guillemets avant de récupérer sa gourde pour la ranger dans son sac. Mais ce qui est arrivé à votre sœur n’est pas foncièrement indépendant de sa volonté. Ne voyez pas ce que j’appelle « malédiction » comme la cause de tous ses maux. Ce jour-là, nous avons tous vu la Mort en personne. La déesse de la Mort j’entends. Face à cela, je gage que n’importe quel homme prendrait conscience de la mortalité imminente et de la caractéristique particulièrement éphémère de son passage sur cette terre.
Pour l’heure, elle préférait penser que tout n’était pas complètement dû à la magie. Certes, un puissant mage de l’esprit pourrait, à force de plusieurs mois de travail, remodeler en partie une vie jusqu’à influer sur les choix moraux du sujet mais… La noirelfe pariait plutôt sur une épiphanie suite au choc que cette rencontre avait pu occasionner.
- Croire qu’une personne, indépendamment de sa race, est bonne ou mauvaise par défaut est une erreur. Si elle a décidé de laisser le reste de sa vie derrière pour se consacrer uniquement à la sienne désormais, il y a certainement, à la base, des raisons qui l’auraient confortée dans l’idée de tout quitter, vous ne pensez pas ? Personnellement, je crois qu’il y en a, et pas qu’une seule.
La noiraude appuya ses coudes sur ses genoux, observant les soldats au pied de la colline. Elle prit un instant afin de réfléchir et penser ce qu’elle souhaitait dire au missédois concernant la « malédiction ».
- Je veux bien vous en parler, cependant que je vous enjoins à ne pas vous lancer sur la trace de ces anciens mystères. Déclara la noirelfe en fixant l’homme droit dans les yeux. Cécilie a utilisé un très ancien livre lors du rituel aux Portes de la Mort. Et ses écritures indéchiffrables, au cours dudit rituel, sont passées des pages à sa chair. Elle était couverte de symboles et, malheureusement, le livre s’est perdu dans l’effondrement du sol et le chaos ambiant. Je sais aujourd’hui qu’il s’agit d’une langue oubliée de tous. Je peux dire, sans me tromper, que nous ne sommes pas plus de deux ou trois à pouvoir la déchiffrer. Mon seul souci étant actuellement que je ne sais rien sur ce livre. Il me faut une information qui me permette de le relier à une époque, un culte, un groupuscule, peu importe. Peut-être pourriez-vous, de votre côté, enquêter à ce sujet ? Si vous trouvez quoi que ce soit, adressez-moi une missive que vous pourrez faire parvenir au Marin Boiteux, une auberge située en Apreplaine. Elle fait partie de la Guilde des Aventuriers, le propriétaire me connait bien. De mon côté, je poursuivrai mes investigations sur cette civilisation oubliée.
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Sujet: Re: [Isgaard] Le chevalier et la voyageuse. (Gaël) Mar 7 Jan 2020 - 21:54
_ Ce jour-là, nous avons tous vu la Mort en personne. La déesse de la Mort j’entends. Face à cela, je gage que n’importe quel homme prendrait conscience de la mortalité imminente et de la caractéristique particulièrement éphémère de son passage sur cette terre.
Voilà le genre de choses que l’on n’entend pas tous les jours. Voir la Déesse de la Mort, Tyra en personne. Cette simple idée te paralyse et fait chuter la température de ton corps. Un frisson te parcourt. Les mots de Cécilie ressurgisse dans ta mémoire et résonnent dans ton esprit. Un sens apparaît alors, un sens infiniment plus clair que lors de la première fois. Tout s’organise et tout se relie. Tu baisses les yeux. - Croire qu’une personne, indépendamment de sa race, est bonne ou mauvaise par défaut est une erreur. Si elle a décidé de laisser le reste de sa vie derrière pour se consacrer uniquement à la sienne désormais, il y a certainement, à la base, des raisons qui l’auraient confortée dans l’idée de tout quitter, vous ne pensez pas ? Personnellement, je crois qu’il y en a, et pas qu’une seule.
Des raisons fut un temps tu n’en voyais aucune. Et puis ce soir là elle les étala toutes. Absolument toutes. Un revers de main, une gifle infiniment plus puissante que celles de ton paternel. Elle les aligna une par une, soulignant parfois, souvent même, ton ignorance et ton indifférence. La douleur qui résulta de cette entrevue était atroce, cent fois pire que celle provoquée par ton père et certainement plus insoutenable que l’idée de perdre Linaëlle lors de sa réclusion dans un couvent. Cette soirée à Ys fut amère. Vraiment.
_ Des dizaines. Des dizaines et des dizaines. En fait, je pense qu’elle n’a jamais été heureuse. Elle a connu des moments de joie et de bonheur, j’en suis certain. Mais sur la durée, les mauvais moments furent plus présents que les bons.
Suite à cela, la voyageuse au sang sombre et aux cheveux tout aussi sombres se mit à parler du livre et de cette soi-disant malédiction. Est-ce que ce livre aurait influencé ta sœur bien aimée ? Était-ce l’élément déclencheur ? Tu lèves les yeux pour les poser sur ton interlocutrice.
_ Je chercherai toutes les informations possibles en Péninsule. Vous ne l’avez point revue depuis cette traversée ?
Le silence. Tu reprends. _ Je pense savoir comment la faire réapparaître. Ce n’est pas la première fois que l’on se quitte en mauvais terme. Cela ne nous a jamais empêché de nous retrouver. Et puis j’ai senti qu’elle tenait encore à nos sœurs et à son enfant malgré sa réaction. Elle ne résistera pas à le revoir si Maël vient en Estrévent. Mais à Ys uniquement. C’est le seul endroit dans lequel je me sens en sécurité de l’autre côté de la mer.
T'sisra Do'ath
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Sujet: Re: [Isgaard] Le chevalier et la voyageuse. (Gaël) Ven 10 Jan 2020 - 16:39
Automne, Arkuisa, huitième ennéade de Favriüs, an dix-sept, onzième cycle.
Des dizaines, des centaines de raisons. Une vie entière rythmée par les moments difficiles où les moments de bonheurs ne furent que d’heureux malentendus. Au moins, le jeune seigneur prenait conscience de la gravité de la situation et semblait l’analyser avec une certaine justesse. Et il se proposait d’ores et déjà d’enquêter de son côté, c’était parfait. C’était la seule solution. Quant à sa question, la noiraude se contenta de secouer négativement la tête. Non, elle n’avait plus jamais revu Cécilie depuis la traversée du désert. En revanche elle en avait beaucoup entendu parler, et pas en bien. Des rumeurs qui, durant plusieurs mois, ont enflées, encore et encore jusqu’à devenir une sorte de conte qu’on raconte aux enfants pour les effrayer. Et le jeune homme reprit, il était déterminé et il avait un plan. T’sisra écouta religieusement, visiblement perplexe, très perplexe. Laissant un nouveau silence se prolonger, la daedhelle fixait Gaël avec une incrédulité saisissante.
- En voilà une riche idée, commença la noirelfe en opinant du chef avant de se dresser sur ses jambes et commencer à faire les cent pas, il est certain que son fils doit être une corde sensible et Cécilie mordra à l’hameçon sans l’ombre d’un doute. La noirelfe s’arrêta et le ton changea du tout au tout. Vous êtes une espèce d’abruti fini, c’est ça ? T’sisra n’en revenait pas, si bien qu’en posant la question elle tapait le bout de ses doigts contre son propre front et laissa exploser son indignation en se fichant royalement d’inquiéter les gardes au pied de la colline. Après une vie de trahison, de mensonge, d’abandon, d’isolement, de survie face aux tractations et aux complots, et j’en passe et des meilleures… Sans compter ce qu’elle a vu et vécu aux Portes de la Mort ! Vous, son propre frère, vous seriez prêt à utiliser son unique fils, la prunelle de ses yeux, comme un appât pour l’attirer dans traquenard ?!
La noirelfe leva les bras au ciel, impuissante face à ce qu’elle considérait comme la bêtise dans son état le plus primal. Tout à coup les mots de Cécilie quant aux nobles péninsulaires résonnèrent à nouveau dans sa tête. Tous dans le même panier, tous des pourris, voilà ce qu’elle avait dit. La noirelfe refusait d’y croire, elle en avait rencontré des gens de bien de ce milieu. Mais finallement, il ne s’agissait pas de bien ou de mal, seulement d’un paradigme dans lequel leur compas moral se trouvait trop souvent biaisé.
- Avez-vous la moindre capacité d’empathie, Gaël ? C’est une vraie question. Vous rendez-vous compte des dégâts psychologiques qu’un tel événement aurait sur votre sœur ? Vous ne seriez qu’un traître de plus, qu’un manipulateur supplémentaire dans sa vie, et elle aurait bien raison de le penser. Et la noirelfe brandit l’index, ses sourcils pourtant à peine froncés exprimant déjà une colère sourde. Et à votre neveu ? Vous pensez à votre neveu ? Que croyez-vous qu’il se passera dans sa tête en revoyant sa mère dans un état pareil ?
T’sisra fit les quelques pas le séparant du péninsulaire, et face à lui, elle reprit d’un ton beaucoup calme après une grande inspiration.
- Je vous le jure Gaël, si vous faites une chose pareille, vous la perdrez à tout jamais. Vous m’entendez ? Ce sera terminé après ça. Alors, je vous préviens, et vous pouvez me croire sur parole, je ne mens jamais et tiens toujours mes promesses, si vous mettez ce plan à exécution, je viendrai vous refaire le portrait façon puzzle quand bien même il me faille pénétrer Beaurivages. La promesse avait le ton d’une effroyable menace dite sur le plus monocorde des tons qui fussent. Si vous voulez l’aider, vous allez déjà mener l’enquête de votre côté sur la provenance de ce bouquin, moi je m’occupe de la partie magie antique. Une fois que nous aurons tout ce qu’il nous faut, nous pourrons aller voir Cécilie. Et je dis bien que nous irons la chercher tous les deux, certainement pas la faire tomber dans un piège grossier aux conséquences désastreuses.
Reculant d'un pas, T'sisra se passa la main sur le front. Mais pourquoi un tel plan avait germé la tête du péninsulaire ? Elle ne parvenait pas à comprendre.
- Je comprends parfaitement que vous vouliez lui éviter les conséquences d'un mauvais choix, vous pourrez la soutenir, donner votre avis, mais pas la mettre en cage pour son bien. Nous finissons tous par payer un jour l'autre. Faites-lui confiance, préparez-vous à devoir pardonner et accepter. Conseilla la noiraude avec une certaine tristesse dans la voix. Qui plus est, vous m'avez dit l'avoir revue, et avoir rendez-vous avec elle l'année suivante au même endroit. N'est-ce pas amplement suffisant pour vous ? Soyez déjà heureux de pouvoir encore la voir. Ne lui mentez jamais, ne la forcez à rien et par pitié pas de chantage affectif. Laissez-là vivre, c'est aussi ça l'amour. C'est dur, mais c'est ainsi.
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Sujet: Re: [Isgaard] Le chevalier et la voyageuse. (Gaël) Lun 20 Jan 2020 - 13:31
Il n’y avait pas à dire, la vie en Péninsule n’était pas simple. Les paysans, serfs ou vilains vivent un combat permanent pour survivre, élever leurs enfants et leur offrir une meilleure condition que la leur. Les hautes classes populaires cherchent quant à elles un moyen de s’extraire de cette condition, de s’élever par le mérite et l’investissement pour espérer -un jour- obtenir les mêmes conditions de vie qu’un noble. Ces derniers, malgré leur opulence et leurs gros castels, n’en restent pas moins victimes des guerres, des complots, des assassinats et des choix les plus cornéliens de leur vie. Et quelle vie ? Si bourgeois et paysans vivent principalement pour eux-mêmes, bien des nobles vivent pour leur Nom, leur Dynastie ou leur Terre. On ne vit pas pour soi, on vit pour une cause qui pèse sur nos actes et ceux des générations à venir. Certains s’en accommodent, d’autres s’insurgent.
L’étrangère en vient à répondre à ta fabuleuse idée… Ton visage resta impassible jusqu’à la belle volée. Les mots fusèrent, se déversant dans une coupe déjà pleine. Ta gorge se noue et tes lèvres tremblent. Rien ne parvient à sortir d’entre tes lèvres et, finalement, tu baisses la tête, subissant le courroux de l’Elfe Sombre. Chaque phrase, chaque mot, chaque son fit l’effet d’une massue qui s’abattait encore et encore, inlassablement sur ton crâne. Puis elle termina. Et le silence revînt.
_ Vous me faîtes venir dans le trou du cul de ce pays pour me cracher à la gueule votre indignation pour l’interprétation foireuse des mots d’un homme que vous ne connaissez ni de Néera, ni d’Arcam. M’accusant de je ne sais qu’elle connerie qui ne m’a jamais -et je le répète- JAMAIS traversé l’esprit, même dans mes cauchemars les plus odieux !
Et tu explosas. Comme l’Homme de qualités, de défauts et d’émotions que tu es. Crachant allègrement sur la bienséance, l’Etiquette et la politesse tout simplement, tu déversas ta colère sur l’étrangère sans aucune retenue. Pour le moment tu étais resté assis mais pas pour longtemps…
_ Comment avez-vous pu croire que l’idée d’enfermer ma sœur dans une cage comme un vulgaire animal m’ait traversé l’esprit ? Vous voyez un traquenard là où il n’y en a pas. Il n’était nullement question de mensonge, de malversation ou que sais-je ! Mon idée n’était point de lui tendre une embuscade sous les yeux de son fils et de l’enchainer ou que sais-je encore ! Non ! Vous vous méprenez sur mes intentions !
Ta voix monta mot après mot, entraînant lors de la dernière phrase quelques postillons qui furent emportés par la brise. Tu te lèves dans un mouvement de bras trahissant ton exaspération. Le silence ne dura pas puisqu’après quelques pas et jures en dialecte missédois tu poses de nouveau tes yeux sur ton interlocutrice.
_ Je ne comptais pas lui jeter un filet sur la tête. Je comptais lui présenter son enfant afin qu’elle puisse voir à quel point celui-ci est heureux. Après tout ce temps, j’ai compris que jamais elle ne reviendra régner sur Missède. Cette tâche m’est due jusqu’à la majorité de mon neveu. En revanche, si nous nous y mettons tous, j’ose croire, innocent comme je le suis, qu’elle songera à faire demi-tour, à rompre ce soi-disant maléfice qui noircit son cœur. Ce n’est pas un appât ! C’est une corde sensible !
Cette fois-ci, tous les mots furent sur le même ton. Colérique dans sa tonalité, aux accents parfois accusateurs mais à la mélodie terriblement défensive. Car après tout c’est de cela dont il s’agit. Se défendre face à une odieuse accusation. Une interprétation erronée par une personne qui ne te connait pas. Défiant l’Etiquette, tu pointas ton doigt vers la noirelfe en serrant les dents.
_ Ne jugez pas le cœur d’un homme si facilement. Dans mon monde, si j’avais été un autre sans la moindre capacité d’empathie, je me serais empressé d’écrire à Sa Majesté pour confirmer les rumeurs et écarter mon propre neveu du pouvoir pour régner de plein droit à sa place.
Et c’était foutrement vrai. Aucun de tes conseillers n’avait osé soulever l’hypothèse mais tu sais que tes amis proches le pensent et le ressassent entre eux, attendant certainement la naissance d’un enfant avant de l’évoquer, craignant certainement pour leur peau et leurs privilèges s’ils avaient l’audace d’aborder le sujet trop tôt. C’est bien cela le jeu de pouvoir dans le royaume des Hommes. Et jusqu’à présent tu su rester droit dans tes bottes. Tu terminas ton discours en tournant le dos à la Drow pour jeter un œil sur le pseudo campement en contrebas.
_ Vous pouvez ranger vos putains de préjugés là où j’pense.
Tu pouvais entendre la réaction de ta maternelle là où elle reposait. C’est certain, elle n’aurait pas appréciée entendre de telles paroles sortir de ta bouche. Mais soyons honnête, ça fait du bien de gueuler un bon coup. D’ailleurs au pied de la colline, quelques soldats lancèrent un regard vers le sommet de la colline, te laissant supposer qu’ils entendirent le grabuge qui venait de secouer son sommet.
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Sujet: Re: [Isgaard] Le chevalier et la voyageuse. (Gaël) Lun 20 Jan 2020 - 17:25
Automne, Arkuisa, huitième ennéade de Favriüs, an dix-sept, onzième cycle.
T’sisra se contenta d’écouter brailler le missédois, hurler sa peine et cracher sa colère. Qu’il soit sorti de ses gonds ne fut pas une mauvaise chose, au contraire. Au moins désormais, elle cernait mieux le personnage. Et il termina sa diatribe en lui tournant le dos et en l’envoyant paître sur des roses.
- Je pense pouvoir être certaine que vous n’êtes pas animé de mauvaises intentions. Et ça, je ne l’avais pas mis en doute jusque-là. Et je ne le fais toujours pas. Reprit la noirelfe sur son ton monocorde habituel. Je sais en revanche que vous sous-estimez tant le pouvoir que les dégâts des sentiments. Quand je parle de « cage », fit-elle en mimant les guillemets avec les doigts, je ne parlais pas d’une prison physique.
C’était bel et bien là que le bât blessait. Il n’avait pas de mauvaises intentions, pourtant les dégâts seraient les mêmes que s’il les avait eues. Et c’est ça que le noiraude souhaitait le voir comprendre.
- Je ne vous jette pas la pierre ni ne vous accuse de l’entière responsabilité de quoi que ce soit non plus. Ce que je veux que vous compreniez, Gaël, c’est qu’un piège peut tout aussi bien être physique que psychique. La prendre par les sentiments, en appuyant sur une corde sensible comme vous dites, c’est la contraindre. C’est du chantage affectif pur et simple, une pression psychologique qui sera vécue comme une trahison et une agression. Expliqua-t-elle à nouveau plus attristée qu’agacée de le voir ainsi incapable de comprendre. Mettre son fils dans l’équation, c’est l’appâter et la forcer à composer avec une situation proprement intenable. Et ainsi risquer de l’énerver encore plus, voire de la faire vous haïr et à raison. Et là, je peux vous assurer que vos chances de la revoir seront nulles parce qu’elle ne vous le pardonnera jamais. Peu importe que vos intentions soient bonnes ou mauvaises, on ne soigne pas un traumatisme psychologique avec plus de traumas.
La noiraude secoua la tête en observant le sol boueux, les mains sur les hanches. Dans un long soupir, elle coula un regard aux soldats de plus en plus agités, lui arrachant par la même occasion un nouveau soupir cependant plus discret.
- Regardez-moi droit dans les yeux et dites-moi que vous comprenez ce que je vous explique. S’il vous plait. Parce que là nous ne parlons que de Cécilie, mais je n’ose pas imaginer le trauma pour un fils de voir sa mère prendre une triste décision dans pareille situation, ce qui le marquera toute sa vie vous pouvez en être sûr et certain. Ne lui retirez pas l’espoir de voir sa mère changer et rentrer un jour. Le mêler à toute cette histoire, alors qu’il est assez grand pour comprendre, au moins en partie, et trop jeune pour le supporter, c’est faire un pari très risqué et occasionner des dégâts que vous ne pourrez jamais réparer, même avec toutes les meilleures intentions du monde.
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Sujet: Re: [Isgaard] Le chevalier et la voyageuse. (Gaël) Jeu 23 Jan 2020 - 11:12
Quel endroit peu engageant. Les nuages étaient menaçants, les mêmes qui t’accueillirent dans le Nord avec une pluie soutenue. Quelle idée d’avoir bâti Isgaard par ici. Un endroit stratégique oui, c’est entendable. Mais profondément morose. Fort heureusement il ne faisait pas si froid. Sensation certainement due à l’absence de ciel bleu mais qui réhaussait un peu ton estime de la région. En bas, les hommes se mirent à boire et manger les quelques rations de viande grillée et les rares fruits achetés quelques jours plus tôt. Après tout le scorbut c’est pas fifou. Bien que le silence soit retombé, tu n’en restais pas moins énervé. Outré même. Et profondément attristé. C’était remuer le couteau dans la plaie. Se rappeler les lourdes phrases entonnées par ta sœur il y a quelques mois. Tu soupires.
L’Elfe reprit alors sur un ton plus calme dans lequel l’émotion n’avait pas sa place et, paradoxalement, en provoquait plus que de raison. Elle parla, mima, s’expliqua, sans que tu ne bouges d’un cheveu. Ses mots étaient à la fois piquants et criants de vérité. C’était douloureux. C’est ça l’amour. Beaucoup de douleur en fin de compte. Une douleur proportionnelle au bonheur ressenti. Ta gorge se noue et ta respiration perd en régularité. La vérité blesse mais pas inutilement. Elle termine par te demander de la regarder, de ne pas tressaillir. Tu l’écoutes, tes yeux maculés de larmes mais luttant pour les garder. Ta mâchoire se serre et quand elle termina, tu fermes tes paupières et une larme vient glisser le long de ta joue, galopant pour chuter. Elle s’enlise dans une forêt de poils qui n’étaient pas là il y a une demi-ennéade. Elle poursuit sa quête, aveuglément jusqu’à atteindre le bord de son monde et chuta lourdement sur le sol humide pour disparaître dans l’herbe grasse et verte.
_ Vous avez raison.
Tu venais de le dire lentement, de manière hachée. Presque intelligible. Tu reprends.
_ Vous avez raison. Elle me manque, j’ai peur pour elle. Surtout depuis que la rumeur d’un siège sur Sol’Dorn m’est parvenue. C’est égoïste de ma part et j’en ai conscience. Toutes les rumeurs qui ont circulé sur elle, sur moi, sur nous deux… C’est une horreur. J’aimerai qu’elle revienne, ne serait-ce qu’une ennéade et que l’on vive comme on vivait enfants. Sans guerre ni complots. Sans que ni Missède, ni Chiard, ni Langehack ne viennent nous prendre.
Tu prends une grande inspiration avant de souffler longuement et d’ouvrir les yeux. Cela ne sert à rien de ressasser le passé. Il faut penser à l’avenir, trouver une solution, une réponse. Tu tentes un sourire forcé pour reprendre pied dans la réalité.
_ Très bien. Nous ferons à votre façon dans ce cas. Je m’en remets à vous. De nous deux, je suis le plus enclin à merder car chacune de ses paroles résonne intensément dans mon cœur. Vous êtes celle avec le plus de recul sur la situation.
T'sisra Do'ath
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Sujet: Re: [Isgaard] Le chevalier et la voyageuse. (Gaël) Dim 26 Jan 2020 - 22:24
Automne, Arkuisa, huitième ennéade de Favriüs, an dix-sept, onzième cycle.
Le chevalier en avait terminé et la daedhelle se laissa aller à l’écoute du vent, le regard perdu dans l’horizon. Les chaînes du cœur furent brisées, libérant les souffrances et inquiétudes qui vous poussent à l’imprudence, à l’excès, à l’erreur. Où que sa sœur soit désormais, le missédois possédait maintenant une véritable chance de lui venir en aide. Le regard perçant de la noirelfe revint se planter dans celui du jeune homme, se faisant dès lors le messager d’un triste regret.
- Je ne voulais pas vous blesser Gaël. Je ne me savais aucun autre choix, et j’en suis désolée. Croyez-le bien. T’sisra retint ses mots et fit un pas vers le missédois qui la dépassait d’une bonne tête. Désormais, nous avons une chance. Je vous l’accorde, elle est infime pour le moment, cependant toutes les grandes choses ne sont en fin de compte que l’accumulation de pensées triviales et de simples gestes du quotidien. Alors le chemin vous paraîtra peut-être long, mais tout ce qui importe est de ne pas abandonner. Le résultat ne sera jamais celui que vous attendez, mais il ne sera pas forcément mauvais. La noirelfe se fendit d’un sourire et c’est avec les yeux rieurs qu’elle reprit. Ce dont vous rêvez n’est qu’un vague à l’âme, une nostalgie témoignant d’un mal être plus profond encore que tout ceci. Chérissez vos souvenirs, n’en faites pas un but ou une finalité. Les temps de l’innocence furent révolus dès lors que votre regard sur le monde devint celui d’un homme.
Sa main droite, hésitante en premier lieu, vint se poser sur la joue du jeune homme et, du pouce elle balaya l’une de ses larmes.
- Je me suis laissée entendre dire que les larmes étaient les derniers mots de l’amour. L’heure de laisser leur éloquence remplacer vos mots n’est pas encore venue. Le voyage ne fait que commencer et tant que nous vivons, nous pouvons décider de faire le bien. Viendront vite les moment où vous devrez vous armer de courage et écouter votre cœur, soyez en certain, mais pour l'instant, tâchons de faire en sorte de ne pas avancer à l'aveugle.
T’sisra recula de quelques pas, jetant un dernier regard aux hommes en contrebas avant de scruter les nuages à la recherche de l’astre diurne. À cette époque de l'année, et plus particulièrement avec ce temps capricieux, les journées étaient courtes.
- Je vais devoir vous laisser Gaël, mes compagnons nains ont eu la gentillesse de ralentir leur voyage et je ne peux en abuser outre mesure. J’attends de vos nouvelles concernant le fameux livre offert par ce Ernest. Faites attention à vous.
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Sujet: Re: [Isgaard] Le chevalier et la voyageuse. (Gaël) Sam 1 Fév 2020 - 10:47
Sur cette bute de terre frappée par les vents et le crachin, ton regard courait sur le paysage lointain. De petites plaines bien vite engloutie par de larges forêts feuillues desquelles s’élèvent de grands et vieux arbres. Parfois, tes yeux osaient se retourner vers l’Elfe mais aucun mot ne traversa tes lèvres. Cet échange ne fit que souligner davantage ta peine et ton appréhension. Mais ce silence fut brisé par la Daedhelle. Elle a su trouver les mots justes et se laissa même tenter par un geste amical. La sensation procurée par sa main posée sur ta joue t’apaise, tu souris instinctivement en fermant les yeux. Las, tu l’écoutes. Ses mots furent doux et vrais, tu ne peux le nier.
_ C’est dont ça la Vie, la vraie. De sales guerres, des intrigues à outrance et des quêtes effrénées pour son salut et celui d’autrui. Si j’avais su cela, peut être n’aurais-je jamais voulu quitter mes yeux d’enfant.
Sous cette ironie, tu souris et soupires. Les larmes séchées et le cœur regonflé, tu levas les yeux vers le ciel. Le temps ne changea pas pour autant. T’sisra recula de quelques pas et conclut cette rencontre. Tu hoches la tête avant de tendre ton bras, l’invitant à faire de même ; et, comme si vous vous étiez toujours connus, tu lui saisis l’avant-bras comme tu le fais si bien à tes chevaliers.
_ Merci pour tout ce que vous faîtes pour nous. Sans vous, je pense, non, je sais que j’aurai perdu espoir. Que Néera vous garde et faîtes que cette quête ne soit pas veine.
L’étrangère s’en retourna dans la forêt tandis que tu descendis la colline jusqu’au campement de tes hommes. Ceux-ci s’interrogèrent et attirent une réponse quelconque de ta part. Tous s’étaient levés pour s’agglutiner autour de toi, n’osant dire un seul mot. Tu poses la main sur l’épaule d’un officier et suite à sourire paternel tu réponds à leur non-question.
_ Levons le camp et rentrons chez nous. Nous avons une baronne à secourir.
F I N
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Sujet: Re: [Isgaard] Le chevalier et la voyageuse. (Gaël)