Jim Jones 2 Electric Boogaloo

Panahos de la huitième ennéade de bàrkios 17 : XI
Le lendemain de la fuite du Katrian du port de Thaar.
Dans le quartier des soiries.

Après avoir passé le reste de la nuit dans la mer olienne le Katrian et son équipage retourna mouiller dans le port de Thaar. Rester dans la ville ne tentait que guère à peu près tout le monde à bord mais voilà : partir n’était pas encore possible. En effet avec le peu de vivres qu’ils avaient et surtout avec un équipage qui avait souffert, bien qu’il était possible de se lancer dans les manœuvres habituelles, défendre le navire serait par contre plus difficile contre n’importe quels pirates un peu déterminé et bien équipés ; c’était sans prendre en compte les goules enchaînées dans les cales mais même avec elles Azzelio et Lilyanna n’étaient pas prêts à prendre le risque. Alors il fallait recruter des marins et surtout il fallait refaire le plein de provisions, d’eau douce et de vivres. Bien qu’il soit possible de faire du cabotage et qu’ils aient suffisamment de nourriture pour aller d’une ville à l’autre, la vie de pirate leur avait rapidement appris qu’il valait mieux avoir quelques réserves au cas où on était refusé dans un port ; envoyer une équipe à terre pour trouver de quoi se nourrir pouvant être difficile.

La prêtresse accompagna un moment le capitaine mais s’arrêta alors que ce dernier poussa nonchalamment la porte d’un bordel. Non pas que l’endroit l’indisposait mais si elle avait mis pied à terre c’était surtout pour aller proposer quelque chose à la famille qui l’employait pour enseigner les bases de la magie à leur fils. Ainsi elle se dirigea d’un pas rapide vers les soieries, évitant de s’arrêter pour jeter un œil aux destructions de la veille. Elle se demanda un instant quelles auraient été ses réactions sans son habitude à côtoyer la mort, comme quoi la nécromancie avait ses bons côtés.

Une fois arrivé devant la grande maison où habitait son élève elle s’arrêta un instant. Elle avait espéré que la fumée qu’elle avait pu voir depuis un moment ne venait pas de là, pas que de là, mais l’Unique en avait décidé autrement. L’absence de gardes, surtout des deux imbéciles qu’elle était venu à connaître l’angoissait plus qu’autre chose alors qu’elle pénétrait dans les jardins extérieurs. Les portes étaient grandes ouvertes et sans avoir besoin de se pencher dessus, il était aisé de voir qu’elles avaient été maltraitées. La prêtresse se dépecha alors de monter les escaliers dans le séjour pour rejoindre au plus vite la retraite du père de la mère de Khosro mais lorsqu’elle poussa la lourde porte de ce petit jardin intérieur elle n’y trouva personne. Alors elle continua de chercher dans la maison lorsque, finalement, lorsqu’elle entra dans la cuisine, l’hybride put entendre un léger choc qui fit se dresser ses oreilles.

« Y’a quelqu’un? » Demanda-t-elle en gardant la main sur la poignée, prête à refermer la porte au cas-où quelque chose se montrerait menaçant. Alors qu’elle allait partir face à un silence qui commençait à devenir pesant, une petite voix s’éleva, étouffée.  

« Lilyanna? »
« Oui c’est moi, tu peux sortir. »

Elle lâcha la poignée et fit un pas dans la pièce, se demandant d’où l’adolescent allait bien émerger. Ce dernier sortit d’un placard et se précipita sur l’hybride pour la serrer contre lui. D’abord surprise elle resta sans rien faire, les bras écartés au-dessus des épaules de Khosro avant de lui rendre son étreinte. ff]« Où sont tes parents? » La seule réponse de l’adolescent fut d’affermir sa prise. « Viens avec moi on va les chercher. »

Encore une fois il resta muet mais alors que Lilyanna allait dire autre chose il hocha la tête et se détacha de sa préceptrice. Elle lui tendit la main mais il refusa de la saisir et tous deux cherchèrent dans la maison mais, comme elle le craignait, ils ne trouvèrent personne d’autre dans cette maison pillée et en partie incendiée. Après avoir remis debout deux chaises dans un salon, ils s’assirent pour se reposer un peu, les recherches n’avaient pas été vraiment éreintantes mais l’hybride savait très bien que la déception pouvait rapidement fatiguer. Elle tira sur ses gants pour les remettre en place puis sursauta lorsqu’elle entendit la voix de Khosro pour la première fois depuis qu’elle l’avait trouvé dans la cuisine.
 
« Pourquoi vous êtes venu ? »
« Je… » prise de court par la question, elle ne put répondre tout de suite. « Je vais partir de la ville aujourd’hui et j’avais prévu de proposer à ta mère que tu m’accompagnes pour que tu puisses continuer ton apprentissage. »  
« Vous allez où? »
« Je ne sais pas encore. Dans le sud probablement, le long de la côte. » Il ne répondit pas ensuite, laissant un silence un peu pesant s’installer, jusqu’à ce qu’elle ne le brise. « Vu qu’on ne sait pas où sont tes parents... tu veux venir ? » L’adolescent hocha énergiquement la tête. « Dans ce cas dépêchons-nous, je ne sais pas où en est Azzelio. »  
« C’est qui? »
« Le capitain du Katrian. »

Arkuisa de la huitième ennéade de bàrkios 17 : XI
Le lendemain de l'excursion de Lilyanna dans les soieries.
A bord du Katrian.

« Tu sais, tu peux me laisser m’occuper du recrutement. » Lâcha Azzelio avec un sourire en coin en lançant un rapide regard à Khosro. L’adolescent, contrairement aux mousses de son âge, rangeait les livres de la prêtresse qui rendit son sourire au capitaine. Lilyanna sortit de sa cabine pour prendre l’air, rejoignant ainsi son interlocuteur qui attendait une réponse.
« Il me faut un assistant. »  
« Tu ne trouves pas ton bonheur dans tout ce beau monde? »
« Pas vraiment, il me faut quelqu’un qui sache lire. »  
« Demande à Marius. »
« Ne soit pas ridicule, tu sais comme moi qu’il ne lit pas son livre de recette, il le connaît par cœur. Il me faut quelqu’un qui sache vraiment lire, pas quelqu’un comme Kylian qui regarde de temps en temps ses textes sacrés pour se rafraîchir la mémoire. En plus Khosro sait écrire. »  
« Je vois. Et ses parents? »
« Disparus. Ou mort, j’en ai aucune idée, on n’a pas retrouvé de cadavres. »  
« Vous avez cherché chez les esclavagistes? » Elle secoua la tête en s’accoudant au bastingage. « Tu veux que je jette un œil? »
« Si tu as l’occasion, oui. Je te laisse voir avec lui, je n’ai vu que sa mère et puis il pourra sans doute te les décrire mieux que moi. » Azzelio hocha la tête.  
« Par contre je ne promets rien. »
« Je sais et lui aussi. Cela dit je ne sais pas si le faire venir avec nous est une bonne idée, tu sais comme moi que notre vie est… dangereuse et l’odeur qui traverse les planches commence déjà à le rendre malade alors je n’ai pas vraiment envie de lui présenter les goules. »  
« Tu vas l’abandonner finalement? » Il se retourna rapidement vers elle, un sourcil arqué.
« Non, bien sûr que non. Je me dis que ça pourrait être le bon moment pour partir retrouver les dragons. Ça lui fera voir du pays, ça lui changera les idées. »  
« T’es certaine de vouloir l’embarquer dans tes aventures ? »

La prêtresse se retourna et croisa les bras en regardant la porte entrouverte de sa cabine pendant quelques instants avant de pousser un soupir.

« Honnêtement? Non. Mais c’est toujours mieux que le faire intégrer un équipage de pirates. Demain je chercherais un navire qui remonte l’Oliya. »  

Le lendemain Lilyanna arpenta le port pour trouver un capitaine qui remontrait le plus grand fleuve de Miradelphia. Parmi les nombreuses embarcations elle trouva bien un capitaine péninsulaire mais ce dernier refusa, probablement parce qu’il ne voulait pas de femmes et encore moins d’hybride sur son navire. Cependant, plus loin, elle trouva un navire qui allait jusqu’à Sol’Dorn et son capitaine, un doében, était plus tolérant, il accepta les écus de Lilyanna sans poser de questions ni faire d’histoires. Lorsque celle-ci retourna sur le Katrian le soir venu elle alla directement voir le capitaine.

« T’as trouvé la trace des parents? »  
« Non mais j’ai pas vraiment cherché. Et toi, pour ton bateau ? »
« J’en ai trouvé un qui part demain. Tu veux que je jette les goules par-dessus bord ce soir ? »  
« Ouais, ça sera fait. » La prêtresse hocha la tête.
« Je vais m’en occuper tout de suite. Tu peux aller voir Khosro et t’assurer qu’il ne sorte pas ? »  

La nécromancienne se dirigea d’un pas rapide vers les cales du navire en faisant signe à deux membres d’équipage pour qu’ils l’accompagnent afin de l’aider. Une fois Lilyanna prête les marins retirèrent les liens des créatures une par une, attendant que la nécromancienne en question leur donne son aval pour libérer la suivante. Enfin elle se leva et remonta, suivit par une colonne de morts-vivants, à la façon de cette vieille histoire où un enfant jouait d’un instrument pour hypnotiser des rongeurs. Une par une les créatures se jetèrent dans l’eau et se mirent à couler. Lilyanna observa des bulles d’air qui remontaient à la surface s’éloigner de la coque, elle aimait imaginer les goules courir après les poissons… en voilà un spectacle auquel elle aimerait assister.