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 [Fernel] A trop attendre, il finit par être trop tard.(Louise, Aaron)

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Louise de Fernel
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MessageSujet: Re: [Fernel] A trop attendre, il finit par être trop tard.(Louise, Aaron)   [Fernel] A trop attendre, il finit par être trop tard.(Louise, Aaron) - Page 2 I_icon_minitimeMer 20 Mai 2020 - 9:14


Ce matin-là, Elazar entendra du bruit dans la cour. Le bruit de chevaux s’apprêtant à quitter le château. Louise est assise en amazone, délicate cavalière drapée de noir, sur son cheval favori, Lasgalen. A ses côtés chevauche un homme à la haute stature. Ils disparaissent lentement à la vue de tous, sous les regards des serviteurs. Il y a des sourires aussi. On dirait que les serviteurs sont heureux, ils se poussent du coude et se parlent à l’oreille, dans des confidences visiblement amusantes.

Pourtant, une heure après, peut-être deux, la silhouette de Louise montée sur Lasgalen réapparaît. Laissant à Aaron le soin de s’occuper de son cheval, elle marche à toute vitesse dans la cour pour atteindre l’entrée principale. De là, Elazar pourra entendre les pas de la Dame de Fernel dans le couloir, des pas précipités. Il entendra le bruit de sa porte fermée avec douceur puis n’entendra plus rien du tout si ce n’est le bruit de pages qui se tournent, entrecoupé d’un léger bruit de sanglots retenus avec dignité.

En tout état de cause, cette balade ne s’est pas passée comme prévu.

Louise s’est remise au travail, des cartes étalées sur la table encombrée de rouleaux divers, de parchemins anciens et de recommandations manuscrites, écrites de la main de Geoffroy, son conseiller. Un mal de tête lancinant la taraude mais ce n’est rien en comparaison de tous les sentiments qui roulent en son cœur malmené depuis des jours. Seule, elle s’autorise les larmes qu’elle ne peut pas verser devant tout le monde. Des larmes silencieuses, chaudes et terriblement douloureuses.

°°°°°
°°°
°

Les feuillets qui suivent ce terrible événement ne contiennent que des lieux communs, de petits événements sans importance, des petits riens, comme la venue d’un nouveau jardinier, l’achat d’une robe, la présence de quelques dignitaires, les mouvements de troupes, les bruits qui lui parviennent en provenance du monde extérieur.

Jusqu’à ce feuillet…




Mon ami du silence,

Je prends la plume après quelques jours de repos nécessaire afin de poser ici la bienheureuse nouvelle.

La DameDieu a décidé que cet enfant devait naître et vivre, elle a également décidé que je survive à cela. Mes prières ont été entendues, mon ami. Mes prières ont été entendues.

Les douleurs ont début dans la matinée. Eudes a été prévenu et a immédiatement fait mander la dame qui allait suivre les choses. Tous me recommandaient de garder le lit. J’en étais totalement incapable. Je voulais être seule, je voulais marcher dans ma chambre, je voulais voir cet horizon vide pendant que les douleurs durcissaient mon ventre de si horrible façon. De cette manière, il était un peu avec moi, ce fantôme aux yeux gris que j’aime tant.

Jusqu’à ce que je sois incapable de tenir debout. La dame m’a aidée à m’allonger. Eudes n’était pas là. Personne n’était là, sauf cette dame que je connaissais à peine. Que te dire, ami, si ce n’est que j’ai souffert mille fois la mort tandis que les Ténèbres envahissaient peu à peu ma chambre ? La dame avait fait allumer des bougies, un bon feu mais je ne voyais rien de tout cela, je n’étais que souffrance, une souffrance si intense que j’ai cru mourir. J’ai fait de mon mieux pour ne pas hurler mais c’était impossible. En sueur, le souffle court, j’ai senti que je devais me lever, afin de l’aider. Aider ce petit être à rejoindre la lumière. La dame me regarda, horrifiée, et eut juste le temps de récupérer mon enfant avant que je ne m’effondre sur mon lit.

Tout s’est passé très vite. Sous le choc, on m’administra les premiers soins, avant de me tendre un tout petit enfant, lové contre mon sein. Une petite fille. Si près de mon cœur, elle n’eut aucun mal à y entrer pour toujours.

Eudes et entré en entendant les cris de ma fille.

Je n’ai pas eu le loisir de choisir son prénom. Eudes était heureux. Heureux en prenant cet enfant dans ses bras. Il l’a appelée Louise, en l’honneur de sa mère, avant de me la tendre à nouveau, de déposer un chaste baiser sur mon front et de s’en aller. J’ai l’ai suivi du regard jusqu’à ce qu’il franchisse la porte avant de reporter mon attention sur ce petit enfant qui tétait tout en posant sa main sur mon sein. Et un flot de larmes m’envahit. Inarrêtable. Incontrôlable.

Elle a les cheveux de son père, tout marron et un peu fous. Sa petite main posée sur mon sein a la volonté de mon aimé, je le sens même si elle n’a que quelques jours.

Aujourd’hui, je l’ai prise dans mes bras et j’ai parlé aux Ténèbres, j’ai parlé tout bas, alors que personne ne se trouvait dans ma chambre. J’ai parlé dans l’espoir qu’il m’entende, pour lui dire que je ne suis plus seule et que je veillerai sur elle pour nous deux. Après, je me suis rendue avec elle à la fenêtre, pour regarder l’horizon et la route qui y conduit.

Avec elle, peut-être pourrai-je attendre, peut-être que les années me paraîtront moins longues.

Avec elle, je pourrai tout affronter, je ferai en sorte que Louise devienne une jeune femme pleine de talents et de cœur. Je lui apprendrai tout ce que je sais, afin d’en faire une femme forte et libre.

Je ne lui révèlerai jamais sa véritable identité. Jamais.

Aux yeux de tous, Louise est la fille d’Eudes de Fernel.

En mon cœur, dans les faits, elle est le témoignage vivant de tout l’amour que je porte à un homme que je ne reverrai jamais. Elle est tout ce qu'il me reste d’Elazar. Elle est ma seule et unique raison de vivre, désormais.

Un jour peut-être pourrai-je lui parler de son père, avant de m’en aller pour l’autre monde, afin de soulager ma conscience. Un jour prochain, je lui raconterai cet amour immense que j’ai au cœur et qui a fait qu’elle arpente désormais cette terre. Quand elle sera en mesure de le comprendre, je lui dirai tous les jours à quel point j’aime son père. Elle aura sans doute des sourires en pensant à ce qui unit ceux qu’elles pensent être ses parents, elle courra sans doute le répéter à Eudes.

En mon cœur, je n’aurai dit que la vérité. J’aime son père, comme au premier jour.

Quand le moment sera venu, elle comprendra que mon affection ne s’est jamais dirigée vers ce chevalier bien trop occupé à faire respecter ses frontières mais vers un autre qui a disparu de mon existence pour toujours.

Elazar Redinem.

Que la DameDieu m'accorde son pardon et veille sur nous. Sur elle. Sur lui. Où qu'il soit.





Dernière édition par Louise de Fernel le Jeu 21 Mai 2020 - 4:53, édité 1 fois
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Dante Corvac
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MessageSujet: Re: [Fernel] A trop attendre, il finit par être trop tard.(Louise, Aaron)   [Fernel] A trop attendre, il finit par être trop tard.(Louise, Aaron) - Page 2 I_icon_minitimeMer 20 Mai 2020 - 23:06

Il ne l'a pas entendue quitter le château ce matin là, occupé à flirter avec le coma éthylique dans sa chambre, Eugène enfermé  dans la sienne, et après la visite dans les tombeaux pour proprement vider sa vessie sur la tombe de cet enfoiré d'Eurès. Ca été difficile, mais il l'a fait sur la bonne.

Vengeance puérile d'un homme saoul.

Ce qui le fait émerger de son fauteuil grand-père, avec une atroce migraine, ce sont les sanglots étouffés qui lui parviennent… Ca lui prend un moment pour se situer, puis de se rappeler sa lecture de la veille. Tournant la tête, il se rend compte que le fantôme de sa belle fleur n'est plus là. Un sentiment atroce de manque lui enserre la poitrine comme il n'avait plus ressenti depuis leur séparation

Après une toilette et s'être changé, après avoir grignoté un peu et libérer Eugène. Le vieillard se remet à la lecture, les sanglots s'étant momentanément taris.

Il ne se rend pas bien loin…. Tétanisé, il regarde les mots danser devant ses yeux. Puis relève la tête vers où les sanglots ont repris. Il se relève, empoigne sa canne et va vers le passage secret qu'il ouvre doucement, observant sa fille pleurer.

SA… fille… Pour elle, il n'est pas trop tard. Avec hésitation, les cheveux gris en bataille et sans lunettes, l'assassin s'approche de la demoiselle de Fernel et la prend dans ses bras si elle le laisse faire. Il ne demande rien, la guidant et l'étendant sur son lit, lui faisant boire la même potion que la veille et la bordant avant de se coucher en gentleman par dessus les draps après s'être assuré que la porte de la pièce soit bien verrouillée.

Sa fille…
Sa FiLLe

Il a une fille et un fils. Un petit bouton de marguerite tendre et pur et un lys noir, sombre et vénéneux.
Et personne, ni pour l'un ni pour l'autre, ne doit jamais rien apprendre à ce sujet.

En ce moment, sa petite fleur a besoin de lui, aussi reste t'il à son chevet le temps qu'il faut pour qu'elle finisse par se reposer. Elle parle trop, elle veut trop rester parfaite. Saleté de rang qui étouffe et empoisonne…

Quand la respiration de Louise finit par s'apaiser et qu'elle sombre dans un sommeil lourd, alors seulement se lève t'il et va vers l'écritoire au coin duquel la fiole posée par Louise attend encore patiemment. L'examinant, il reconnait la belladone concoctée par Dante, parfaitement limpide… Un extrait de superbe qualité qu'il empoche par crainte que la jeune fille malmenée de toute part finisse par l'utiliser sur elle-même.

Ensuite va t'il examiner les documents de la table de travail, s'asseyant et se mettant à lire le tout avec application, ce qui le distrait agréablement de la lecture lourde du journal d'Elisabeth. Enfin quelque chose de concret. Il continuera le lourd document plus tard. S'il continue, son coeur va éclater.
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Louise de Fernel
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MessageSujet: Re: [Fernel] A trop attendre, il finit par être trop tard.(Louise, Aaron)   [Fernel] A trop attendre, il finit par être trop tard.(Louise, Aaron) - Page 2 I_icon_minitimeJeu 21 Mai 2020 - 6:31


«Si vous tenez à Fernel... Vous ne devez plus penser à moi. »

Les paroles de mon conseiller me hantent et me broient le cœur, je ressens une douleur atroce dans ma poitrine. C’est une torture indicible d’être rejetée de cette façon quand on parle avec son cœur. Je me sens minable, inutile, sans valeur, sans rien qui pourrait faire naître un sentiment positif chez qui que ce soit. Cela m’avait demandé beaucoup de courage de dire ce que j’ai dit à Aaron. J’ai du passer par-dessus les limites que tous les événements de ces dernières ennéades avaient amenuisées. Je ne suis pas assez bien pour lui. J’ai compris le sens de ses paroles mais elles sonnent comme un moyen de se dédouaner d’une situation gênante. Vais-je donc devoir cadenasser tout ce que je ressens à tout jamais, comme l’a fait ma mère toute sa vie ? Vais-je devoir, moi aussi, noircir les pages d’un journal qui recevra toutes mes larmes ?

J’ai parlé avec mon cœur au Duc, en plaidant notre cause. Sans résultat. J’ai parlé avec mon cœur à Aaron. Il n’a rien trouvé de mieux que de me gratifier d’un avertissement sinistre. Personne n’en a rien à faire de ce que je ressens, de ce que je pense, de ce que je dis. La seule qui aurait pu m’aider, me comprendre, est à présent hors de portée. Mère est morte. Je me sens tellement seule et je me sens si mal…Une douleur persistante s’agite derrière mes yeux brûlants, je ne parviens plus à lire la moindre carte pleine d’inscriptions. Je ne parviens plus à poser un seul mot sur un parchemin. J’ai envie de jeter tout cela par la fenêtre, une fenêtre à laquelle je suis, regardant le domaine dont j’ai hérité. Un domaine que j’aime, ardemment, tout comme j’aime son peuple, qui a toujours été si gentil à mon égard. Un domaine qui est, aujourd’hui, au cœur même de tous mes problèmes et l’objet de mes préoccupations constantes. Sans Fernel, j’aurais eu une vie différente. Si ma mère avait suivi son cœur au lieu de sa raison, j’aurais eu une vie différente. Si j’avais le courage de le faire, je plaquerais tout là, pour chevaucher seule sur les routes, pendant des jours et des jours. L’idée de m’enfuir me paraît soudain si séduisante…Aussi séduisante que la voix de Claude. Il avait été si charmant, cet homme. Sans jugement. Sans rien de plus qu’une écoute attentive et une voix si profonde qu’elle avait touché mon âme bien plus qu’il ne le saura jamais.

Tout ceci serait encore supportable s’il n’y avait ce jeu politique en cours, cette affreuse sensation d’être à la merci de tout le monde et…au-dessus de tout cela, cet homme, dans la pièce à côté. Un homme qui, à l’heure qu’il est, doit tout savoir. Je ferme les yeux en me rappelant ma lecture du journal. Jouer l’indifférence devant lui alors même qu’il se présentait à moi pour la première fois a été une épreuve redoutable. Tout autant que de l’entendre me parler. Tout ce temps passé ensemble, je cherchais ces petits points de ressemblance qui n’ont pas manqué de me sauter aux yeux. Il est mon géniteur, cela ne fait aucun doute. Je devrais être heureuse de retrouver un membre de ma famille, en vie. Sauf que…je ne sais plus que faire, que dire. Quand il saura, que dira-t-il ? Agira-t-il à la semblance des autres pour s’enfuir en courant ? Me donnera-t-il un fallacieux prétexte pour partir de Fernel, sans chercher à me connaître ? Il ne me doit rien du tout, tout comme je ne lui dois rien. Cette paternité qui lui tombe dessus comme la misère sur le dos du pauvre monde, à son âge…Cela rendrait n’importe qui complètement fou. Je me retrouve dans cette situation paradoxale où je n’ai plus de parents tout en ayant un père. Un père dont personne ne doit jamais rien savoir. Cette perspective m’achève. De toute ma vie, jamais je ne me suis sentie aussi seule et abandonnée. Jamais.

J’entends alors le bruit reconnaissable entre tous d’une canne qui martèle doucement le sol. Et aussitôt je sens à nouveau un flot de larmes noyer mes yeux et mes joues. Il ne dit rien. Il ne s’annonce même pas…Il sait tout. Inspirant profondément en fermant les yeux, je passe mes doigts sur mes joues afin d’en ôter toutes les larmes et me retourne pour le regarder.

Il est déjà là, tout près. Je ne dis rien et lui non plus. La tension qui s’était installée disparaît en un instant alors que, dans un geste totalement inespéré, il m’enlace pour me garder contre lui. La tête posée sur son épaule, les yeux grands ouverts sur rien, je me donne le temps d’une longue seconde avant d’oser, enfin, l’enlacer en retour. Un contact. Un vrai contact de chaleur humaine. Les yeux fermés, les larmes trouvent pourtant le moyen de s’enfuir, inondant son épaule, creusant un peu plus les cernes qui ornent mon visage. Il se déplace, m’emmenant avec lui vers mon lit, sur lequel il me dépose avec une prévenance infinie avant de me donner un peu de cette potion dont j’ai déjà pu apprécier les bienfaits.

Il n’a rien dit. Il n’a pas besoin de parler. Je m’allonge, serrant le drap contre moi comme le ferait un enfant de sa poupée de chiffon. L’esprit embrumé, sur le point de partir pour un monde sans rêve, je sens sa présence à mes côtés, dans mon dos. Il est resté. Je me tourne alors afin de venir me blottir contre lui, sans lui demander son avis. J’en ai besoin. C’est tout ce dont j’ai besoin en ce moment…Un peu de chaleur humaine.

°°°°°
°°°
°

Dans toutes les piles abandonnées sur le bureau, parmi toutes les cartes disposées ça et là, Elazar aura de quoi lire tout en gardant un œil sur la personne qui se repose là bas dans son lit. Il y a la carte de la Seigneurie évidemment, enclavée par deux autres seigneuries et par les montagnes. Il y a les relevés des comptes, indiquant la relative bonne santé du domaine, un domaine sagement administré. Il y au milieu de tout cela les notes de Geoffroy, ses recommandations, sur tous les blasons dont il a connaissance.

A côté de chaque représentation, le conseiller se laisse aller à donner son avis sur tel ou tel parti, comme si le mariage était un projet à plus ou moins court terme. Chaque dessin est commenté de telle façon que Louise sait lequel est le plus riche, le mieux vu, le plus vaillant, etc.

Il y a des recommandations sur son attitude à elle, lui conseillant de cesser de se montrer si puérile et si douce. Cette manie qu’elle a de toujours laisser sa chance à tout le monde finira par lui apporter des ennuis. « L’attaque est parfois la meilleure défense, Louise, pour Fernel. Pour vous. Soyez sans pitié. Car ce monde, lui, ne le sera jamais avec vous. Prenez un époux, ainsi que je vous le répète depuis si longtemps.»

°°°°°
°°°
°

Quelques heures plus tard, le soleil a presque disparu. Il n’y a plus que la douce lumière crépusculaire qui me permette de voir que je suis toujours dans mon lit, la tête moins lourde mais les yeux toujours douloureux. Le lit est vide. Je n’entends rien. Je ne vois personne. Il n’y a pas de feu dans l’âtre et il n’y a aucune bougie allumée. Une peur viscérale m’étreint tout à fait maintenant. Assise dans mon lit, je regarde partout :

- Elazar ?

Je me lève dans la précipitation, le cœur battant à toute vitesse, craignant qu’il n’ait profité de mon long sommeil pour s’enfuir du château et de ma vie. Je me repère à tâtons, me dirigeant vers la fenêtre, à la recherche de la clochette qui permettra d’appeler un serviteur.

- Elazar ?

Une main appuyée sur mon bureau, je vois que les cartes, faiblement éclairées par les dernières lueurs du jour, sont rangées correctement, tous comme tous mes parchemins. L’autre main appuyée sur mon front, j’en arrive à la conclusion que mon…père a passé du temps à tout lire. Et où donc est cette maudite clochette ? Je passe une main sur mon visage, exaspérée, avant de renoncer et de me diriger vers la porte. Tant pis, je vais héler quelqu’un à haute voix, il me faut de la lumière, l’obscurité m’effraye.

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Dante Corvac
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MessageSujet: Re: [Fernel] A trop attendre, il finit par être trop tard.(Louise, Aaron)   [Fernel] A trop attendre, il finit par être trop tard.(Louise, Aaron) - Page 2 I_icon_minitimeVen 22 Mai 2020 - 22:24

Je suis là mademoiselle. J'ai dû m'absenter un moment, Eugène a veillé sur vous. Tout va bien, ne craignez pas les ténèbres… .

Répond une vieille voix fatiguée. Il était là tout ce temps, assis juste hors de vue, derrière le paravent… Il y a le bruit d'une allumette qu'on craque, puis la lueur d'une bougie éclair le vieillard en ombre chinoise.

Pendant qu'elle dormait, il est allé rendre visite au conseiller Aaron avec les documents qu'il y avait sur cette table. Ils ont discutés. Et, sans preuves, Elazar ne veut ni inquiéter, ni bousculer Louise dans ses certitudes déjà fragilisées par toute ces épreuves.

Se levant de sa chaise, la canne claque lourdement au sol dans un toc sonore. Et il apparait enfin au regard de la jeune fille. Les traits tirés par le chagrin, les cheveux gris de travers, les vêtements froissés. Comme s'il s'était endormi sur la chaise, derrière le paravent. Les yeux gris sont alertes et incisifs cependant.

Je voulais être là à votre réveil et m'assurer que vous n'aviez pas besoin de moi avant de me replonger dans la lecture finale du journal d'Elisabeth. Je voulais aussi savoir comment vous alliez, vous sentez vous mieux?

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MessageSujet: Re: [Fernel] A trop attendre, il finit par être trop tard.(Louise, Aaron)   [Fernel] A trop attendre, il finit par être trop tard.(Louise, Aaron) - Page 2 I_icon_minitimeSam 23 Mai 2020 - 18:48


Je m’arrête immédiatement au son de sa voix. Il est donc là, caché derrière le paravent, ombre mouvante éclairée par une seule bougie. Je pousse un soupir de soulagement, discrètement, et approche de lui en silence. Un rapide coup d’œil me dira tout ce que je veux savoir. Même si ses yeux sont vifs, il n’en reste pas moins qu’il est âgé, que les révélations ont du être aussi bouleversantes pour lui qu’elles l’ont été pour moi. La toute petite lumière vacillante de la bougie éclaire un visage fatigué, tiré, épuisé. Je m’étais demandé, après la première lecture du journal de ma mère, comment je réagirais en rencontrant mon géniteur. Il n’y a pas vraiment de place pour les faux semblants et les demi-mesures, en ces heures mouvementées. Les masques tombent, les uns après les autres, et il y a au moins une personne ici qui en est amèrement heureuse : moi.

- J’ai tout à craindre des Ténèbres. C’est là qu’on cache toujours les secrets. Et les secrets, dans ma position actuelle, ne sont absolument pas une option.

Je suis juste en face de lui désormais. Il n’y a que la petite lueur de la bougie qui nous éclaire, qui me permet de le regarder sans ciller. Mes yeux me font mal. Ma tête me fait mal. Mon cœur me fait mal. J’ai assez parlé avec mon cœur ces derniers temps. Trop. Et qu’est-ce que j’ai eu en retour ? Des ennuis. Des rejets. Des vérités que je ne connais que trop bien et qu’on me renvoie sans ménagement à la figure. Alors…Qu’en sera-t-il pour lui ? Est-ce que pour lui aussi, je ne suis pas assez bien ? Est-ce que pour lui aussi, je ne suis pas le fils espéré ? Est-ce que pour lui aussi je ne suis qu’un caillou dans son soulier ? Je penche la tête pour l’observer avant de détourner la tête, blasée.

- Je vais bien. Vous par contre, vous feriez mieux d’aller vous coucher, vous avez une mine affreuse.

Je prends la bougie qu’il tient sans seulement lui demander son avis et allume peu à peu les trois bougies d’un petit chandelier posé sur une table basse. Je m’assois ensuite sur une chaise avant de me reprendre, les mains crispées sur ma jupe noire.

- Pardonnez-moi, je suis un peu tendue. Je n’avais pas à vous parler de la sorte, je vous prie de m’en excuser.

M’enfuir pendant la nuit.

Je regarde la fenêtre qui ne montre qu’un ciel d’encre. Impossible de voir les étoiles, nul doute que la voûte céleste est à nouveau chargée de nuages plein de neige. Demain matin le sol sera à nouveau encombré d’une épaisse couche de poudreuse scintillant au soleil. Je sens mon visage se déformer en un affreux rictus que je dissimule promptement. M’enfuir pendant la nuit avec Lasgalen. Un pantalon, une chemise. Une paire de bottes. Des vêtements chauds. Ma cape doublée. Un chapeau…Partir loin. Dans les montagnes. Sentir les muscles de mon cheval rouler sous mes jambes. Entendre son souffle. M’écouter.

M’enfuir pendant la nuit me semble si séduisant, si commode, si facile. Si je ne reviens pas, ils seront tous débarrassés d’un boulet dont personne ne veut, après tout, non ? Ce serait si facile. Me coucher là, dans la neige et attendre. Laisser le froid m’envahir, m’endormir, m’engourdir. Pour toujours.
Je suis fatiguée. De tout. Par tout. Je rêve d’un instant de paix. Je rêve à des choses qui me sont inaccessibles : la tranquillité, la possibilité d’aimer qui je choisis, le droit de diriger sans devoir choisir un époux, être acceptée pour ce que je suis et non pour celle que l’on voudrait que je sois.
Les mains crispées sur ma jupe me font mal. Je les passe sur mon visage et murmure, à voix basse :

- Vous devriez remettre votre lecture à demain. Ce journal est d’une tristesse infinie. Ce n’est pas raisonnable de vouloir tout lire d’une traite. Après, ce n’est que mon avis, vous êtes assez expérimenté pour savoir ce qui est bon pour vous ou non…

J’inspire à nouveau, en fermant les yeux. Non, je ne parviens plus à garder mon calme. Je n’y arrive pas. Qu’il s’en aille. Qu’il aille dormir. De la sorte je pourrai sortir et m’en aller. Pourquoi ai-je craint qu’il soit parti, il y a de cela à peine quelques minutes? Il finira par faire comme tous les autres, de toute façon, il s’en ira…Alors qu’il le lise, ce journal. Je m’en irai avant lui.

- Allez vous reposer. Je vais bien.
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MessageSujet: Re: [Fernel] A trop attendre, il finit par être trop tard.(Louise, Aaron)   [Fernel] A trop attendre, il finit par être trop tard.(Louise, Aaron) - Page 2 I_icon_minitimeSam 23 Mai 2020 - 21:04



- J’ai tout à craindre des Ténèbres. C’est là qu’on cache toujours les secrets. Et les secrets, dans ma position actuelle, ne sont absolument pas une option.

L'acier rencontre le noisette sans faillir. Rien ne peut laisser deviner que ces paroles le blessent profondément. C'est d'une voix toujours égale qu'il lui répond cependant avec aplomb.

Ce n'est pas à moi de vous dire votre vérité mademoiselle Louise. Je ne peux rattrapper le passé non plus. La vérité change toujours selon la position de l'éclairage sous laquelle elle se trouve. vous avez un père et une mère... Qui vous aimaient tout deux pour ce que vous étiez. Je ne suis qu'un étranger, surgit de pages noircies par l'encre, surgis des limbes des souvenirs après tout.

Elazar la laisse lui prendre la bougie, sentant le poid des ans peser sur ses épaules. Par deux fois elle lui dit qu'elle va bien même si n'importe quel manant pourrait dire que c'est faux. Les cernes de chagrins creusent ses traits, ses yeux rougis par le chagrin s'enfoncent dans ses orbites. Ses gestes, même s'ils sont maitrisés, trahissent une agitation profonde. Alors que dire de ce rictus?

Je dormirai bien assez dans ma tombe mademoiselle... Vous m'avez demandé de rester hier... Vous me demandez de partir aujourd'hui. Les ténèbres sont pleines de menaces et de secrets, certes, mais aussi de douceur et d'amour. Les mots et les émotions les plus pures se vivent souvent sous son Voile pudique, quand personne ne peut voir...

Le claquement de la canne se fait entendre, avant qu'il ne capte les prunelles de la dame de Fernel de nouveau. Une détermination d'acier et la lueur animale de son regard est aisément perceptible.

Vous pouvez m'en vouloir, c'est compréhensible et naturel. Vous pouvez me mettre au cachot s'il vous sied. Vous pouvez me mettre dehors votre chateau... Me torturer ou même m'occire. Mais sachez que les Ténèbres ne quitteront pas Fernel tant que cette histoire ne sera pas finie. Ensuite, je ne suis qu'un étranger certes, mais j'aimerais beaucoup apprendre à connaitre le Petit bouton de Marguerite issu des reins d'Elisabeth. J'espère juste, mademoiselle, qu'il ne soit pas trop tard.
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MessageSujet: Re: [Fernel] A trop attendre, il finit par être trop tard.(Louise, Aaron)   [Fernel] A trop attendre, il finit par être trop tard.(Louise, Aaron) - Page 2 I_icon_minitimeSam 23 Mai 2020 - 22:24


Je regarde fixement les bougies d’un air morne. Je songe à cette petite besace laissée dans les offices au rez-de-chaussée, celle que j’emporte parfois pour les longues promenades, celles que je m’autorisais avant. Avant tout cela. Je pense à cette miche de pain emballée dans le deuxième placard à gauche. A ces biscuits secs qui se trouvent sur l’étagère du haut, hors d’atteinte des petites mains qui viennent parfois dans les cuisines. A ce fromage rangé dans la réserve.

- La vérité est aussi limpide que l’eau d’une source : vous êtes mon père. Et j’ai vécu toute une vie de mensonges. A travers quel prisme dois-je considérer ceci d’après vous ? Celui du sentimentalisme ? Celui de la bonté du cœur ? Celui de l’objectivité pure et dure ? Qu’est-ce qui est préférable, selon vous ?

Je tends la main vers une chaise, lasse au dernier degré.

- Asseyez-vous, bon sang, cessez donc de vous comporter comme si j’étais une petite chose à ménager. Vos bonnes manières sont…agaçantes. Asseyez-vous.

Je passe une main sur mon visage, une fois de plus.

Voilà.

On y est.

Je ne parviens plus à me maîtriser. Il me faut tout ce qu’il me reste de retenue, d’élégance et de bienséance pour continuer cette conversation. Expliquer. Lui expliquer. Mais si ça se trouve, il n’en a rien à faire. Pourquoi est-ce qu’il reste là à m’écouter lui parler si durement ? Je sens une colère poindre en mon ventre, une colère que ses paroles attisent, une colère contenue qui me redonne un peu de force.

- Je ne vous demande pas de partir, je vous demande d’aller vous coucher. Ce n’était qu’une manière polie de vous permettre de vous retirer et de vous reposer. Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit.

Une fois de plus mon regard accroche le sien. Si l’acier qui se pose sur moi est incisif et direct, je sais qu’il n’en est rien pour ma part. Il est le reflet d’un cœur morcelé et triste. Indécis. Perturbé. Blessé.

- Pourquoi voudrais-je vous causer du tort ? Vous…torturer ? Cela n’aurait aucun sens. Et pour votre gouverne, je ne vous en veux aucunement. Vous êtes une victime, vous aussi, dans cette histoire. Une victime de ce système qui a poussé ma mère dans le lit d’un homme qu’elle n’aimait pas.

Une boule se forme dans ma gorge en songeant à Aaron. Ma mère, elle, a au moins eu la chance de connaître un amour partagé avant de devenir un ventre à disposition d’Eudes de Fernel. Moi, je n’aurai jamais cette chance. La douleur derrière mes yeux devient intense. Je préfère les fermer un instant pour les apaiser. Seller Lasgalen de cette selle usée et parfaitement adaptée à mon corps. Attendre le milieu de la nuit. Longer les murs.

- Un petit bouton de marguerite fané avant même de s’ouvrir au monde. J’imagine votre déception.

Je rouvre les yeux pour observer les nuages qui semblent soudain se dissiper pour laisser passer un rayon de lune éclairant mon père. Je l’observe avec attention, une fois de plus. Que j’aurais aimé le rencontrer dans des circonstances moins funestes. Je me sens privée de quelque chose de précieux qui ne se retrouvera jamais plus. Flouée. Volée. Trahie par ceux que j’aime et que j’ai aimé. C’est un sentiment abominable, intense et cruel. Et ce sentiment se mêle à tous les autres qui forment en cet instant le sac de colère qui grandit en mon estomac vide.

- Je suis perdue…Je ne sais même plus comment je dois vous appeler, parce que personne ne doit savoir qui vous êtes. Je ne sais rien de vous si ce n’est ce que mère a laissé dans son journal. Je me sens mal. Je me sens sur le point de hurler, à chaque moment de la journée, sans y parvenir. Je crois que…je crois que je suis en train de devenir folle…

J’avais baissé la voix à chaque mot, jusqu’à ce que les derniers deviennent quasiment inaudibles.

- Comment avez-vous pu la laisser partir…Elle qui vous aimait tant que son amour en a brulé des pages et des pages entières, pendant des années…Tout aurait été différent, si vous l’aviez retenue…Absolument tout.

M’enfuir par la route nord. M’enfuir loin de tout ceci. Juste quelques heures. Loin.
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MessageSujet: Re: [Fernel] A trop attendre, il finit par être trop tard.(Louise, Aaron)   [Fernel] A trop attendre, il finit par être trop tard.(Louise, Aaron) - Page 2 I_icon_minitimeDim 24 Mai 2020 - 2:41


Non. Si tout était si simple, il n'y aurait pas de gens comme moi.

Répond Elazar.

N'en veuillez pas à Dame votre mère. L'amour qu'elle avait pour vous était sincère. L'amour de votre père à votre égard était sincère aussi, sinon il vous aurait répudié, votre mère et vous, parce qu'il n'y a pas eu de garcon. Je dis votre père mademoiselle Louise. Parce que c'est lui qui vous a élevée et façonnée comme vous êtes aujourd'hui et non moi. Je le regrette infiniement, mais il vous a donné beaucoup que je n'aurais pu vous donner si nous nous étions enfuit ensemble. Vous ne pouvez pas non plus qualifier de mensonge l'amour des gens de Fernel envers vous.  

Il marque une pause, les ténèbres s'épaississant autour de lui, seul. Un vieil homme seul. Il réfléchit aux conséquences de ce qu'il s'apprête à divulguer. Mais il doit la protéger de toute les forces qu'il lui reste.

La vérité, ma fille… Si vous me permettez de vous appeler ainsi c'est que je ne suis pas une bonne personne, je n'ai pas été un bon père non plus... Je voyais son joli nez se plisser parfois quand je revenais chamboulé d'une de mes missions difficiles. Ma famille, les De Redinem n'était pas une bonne famille: complot, magouilles trahisons, accidents et oui, assassinats étaient courants… A la lire, j'avais l'impression d'être réellement un vrai noble de coeur, avec tout les droits qui vont avec le nom. Comme vous avez pu remarquer, il n'y a pas de DE devant Redinem. Pour la simple raison que je suis un bâtard jeune fille…

Qu'avais je à lui offrir? Rien sur le moment. Je vivais comme un reître au service de mon propre père… Un bâtard ne peut avoir ni titre ni terre… Je n'avais même pas un souverain à moi en poche.  Nous serions partis, pourchassés par nos deux familles. Maintenant, où seriez vous née? Dans une porcherie avec une famille miséreuse? Je ne savais pas et elle ne me l'a pas dit. Parce qu'elle savait ce qui se passerait si je l'apprenais. Et quand je l'ai appris, pour son mariage et sa première-née, j'ai respecté ma promesse. Quand je suis parti pour Nelen, je pensais avoir le temps… Nos familles me connaissaient bien.  


Le parfumeur finit par s'asseoir, proprement lessivé.

Si je l'avais retenue de force, enlevée, Elisabeth m'en aurait voulu d'abord et hais par la suite. J'ai un fils adoptif vous savez, je l'ai élevé comme je l'ai été. J'ai fait comme mon père, je l'ai retenu de force. Résultat, quand il s'est trouvé une dame, il m'a tourné le dos et me tuera à vue probablement. Mais il est un bon garçon au fond de lui-même. Je l'ai empoisonné… C'est vous qui devriez être décue d'avoir un père aux mains ensanglantées. Je suis loin d'un homme d'honneur et je ne m'en excuserai pas. Je referais exactement les mêmes choix sauf deux. Je n'aurais pas fait de ce gamin la même chose que ce que je suis et avoir su que vous étiez ma fille, j'aurais brisé milles fois mes promesses et je l'aurais tué Louise, milles fois plutôt qu'une pour ne pas vous avoir traitées correctement votre mère et vous. Je vous aurais emmenées loin de ce royaume maudit et amenées avec le gamin et moi à Thaar, là où les femmes peuvent être ce qu'elles veulent et non des ventres ambulants.

La voix d'Elazar se brise.

Peut-être qu'avoir une vraie famille, aurait fait de lui un homme honnête. Après tout, son commerce de parfum a toujours bien marché. Peut-être qu'avoir une mère et une sœur aimante aurait transformé ce petit sauvageon qu'il a élevé comme un apprenti assassin malgré les mises en garde de Claude. Peut-être que de connaitre et de comprendre le concept de famille en aurait fait un être droit et honorable.

Une douleur transperce le vieux coeur fatigué. un engourdissement lui monte à la mâchoire. Se penchant vers l'avant, le vieil homme pose ses avant-bras sur ses cuisses. Le constat de sa vie est dur. Il a corrompu tout ce qu'il touchait.

Vous n'êtes pas fanée. Vous valsez avec le vent, vous vous en sortirez j'ai confiance… Peut-être avec un ou deux pétales froissé, mais je ne vous laisserai pas tomber… Il faudra me tuer avant que je vous laisse épouser quelqu'un contre votre gré.

Dit il, se forcant à ralentir sa respiration pour calmer la douleur de sa poitrine.


Dernière édition par Dante Corvac le Dim 24 Mai 2020 - 20:52, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: [Fernel] A trop attendre, il finit par être trop tard.(Louise, Aaron)   [Fernel] A trop attendre, il finit par être trop tard.(Louise, Aaron) - Page 2 I_icon_minitimeDim 24 Mai 2020 - 9:48

Un rire mauvais s’échappe de ma gorge. Je n’ai pas le temps de l’empêcher de s’exprimer aux paroles d’Elazar.  Une sorte de hoquet rempli de cynisme.

- Ne vous a-t-on jamais parlé de l’inconstance des peuples ? Ces gens qui m’aiment, comme vous le dites si bien, me tourneront le dos à l’instant même où je prendrai une décision malheureuse, en dépit de tout ce que j’ai fait pour m’assurer qu’ils soient bien. Ils en déduiront que je ne suis qu’une femme, qu’un homme aurait fait mieux, il y aura une révolte, voire même plusieurs, je n’aurai d’autres choix que de plier et de choisir un noble sang, afin de l’asseoir à ma place dans mon bureau. Là, le peuple sera content, les hommes seront contents. Parce que j’aurai réintégré la place qui est la mienne. Celle d’une jument à débourrer. Une femme qui se tait et qui ne prend aucune décision. Pourquoi croyez-vous que je passe autant de temps à travailler ? Je dois travailler trois fois plus qu’un homme pour compenser le fait que je ne dispose pas d’attributs virils. Je n’ai pas le droit à l’erreur.

Tout cela sort de ma bouche d’une traite, sans filtre ni faux semblants, sans fioriture. Il s’agit de mes pensées à l’état brut. J’ai un regard pour Elazar, alors que je vois ces Ténèbres bouger tout autour de lui. Mes mains se crispent davantage sur ma jupe avant de détourner le visage et de regarder les petites flammes dansant sur les bougies. Que dit-il…Mais que dit-il ? Nouer mes bras autour de l’encolure de mon seul ami. Enfouir mon visage dans la crinière rude et sèche. Inspirer cette odeur de foin qui s’en dégage. M’enfuir.

- Je sais qui vous êtes. Ce que vous êtes. Mère le savait aussi. Cela devrait m’effrayer, ce n’est pas le cas. Je suis peut-être un bouton de marguerite, mais je ne suis pas naïve au point de croire que chaque homme présent sous ce toit est un parangon de vertu. Nous sommes le Nord. Tout le monde a du sang sur les mains. Vous n’êtes pas différent des autres.

J’inspire profondément en poursuivant.

- Je suis une bâtarde, moi aussi…

La caverne d’Hilgen. Là, je serai en paix. Là, je pourrai prendre du recul. Là, je pourrai réfléchir.

- …et ma mère se fichait de vos titres et de vos terres, de votre famille. Tout ce qu’elle voulait, c’était vivre avec vous. Elle aurait pu vivre n’importe où, tant que vous étiez à ses côtés. Au lieu de cela, elle a été vendue comme une marchandise bon marché, on s’est débarrassé d’elle. Vous n’étiez pas là, Elazar. Vous ne pouvez savoir ce que ça me fait, à moi, de comprendre enfin pourquoi ma mère restait tous les soirs, chaque jour de chaque ennéade à regarder l’horizon. Elle me disait qu’elle réfléchissait à des choses que je comprendrais en temps voulu. Maintenant je comprends. Vous n’aviez que des vertus à ses yeux même si elle connaissait vos travers. Parce qu’elle vous aimait. Le même destin m’attend. Moi aussi je finirai sans doute par noircir des pages de regrets et de larmes…Alors j’ai voulu forcer le destin. Aujourd’hui j’ai dit à quelqu’un qui compte énormément, à mots couverts, tout ce que je ressens. Avant qu’il ne soit trop tard. Et il m’a rejetée. Il m’a rappelé ce que je suis. Et surtout ce qu’il n’est pas. Et le plus comique dans l’histoire, c’est que je ne suis qu’une bâtarde, moi aussi. Et que je ne peux pas lui dire.

Passant le bout de mes doigts froids sur mon front, je ferme les yeux, la douleur s’intensifiant vivement à chaque minute. Il faut que je sorte, je le sais. Je ne peux pas rester ici, je suis en train d’étouffer.

- Thaar…Je connais si peu le monde. J’aimerais découvrir tout cela. Ce frère d’adoption. Cet endroit. Cela doit être agréable de disposer de sa propre personne comme on l’entend…N’avoir à penser à rien. Juste…vivre. Je vous envie.

Je me lève, la gorge nouée. Je ne peux plus. Il est à bout, lui aussi, je le sens, je le vois, je le sais. D’un pas léger, j’approche de sa chaise et m’agenouille à ses côtés, en essayant de ne pas prêter attention à toutes ces ombres qui s’agitent autour de lui. Je l’observe une seconde, peut-être deux avant de de poser ma main sur son avant-bras en murmurant :

- Vous ne pourrez rien faire, personne ne peut rien y faire, c’est mon destin. On me l’a suffisamment rappelé ces derniers jours…Si je ne cède pas, ce sera la guerre. Fernel sera mis à sac, on me prendra mes biens par la force, des gens seront tués pour rien. Quitte à épouser quelqu’un que je n’aime pas, autant choisir le moins mauvais parti. Nous ne sommes pas assez puissants pour résister à un assaut, quel qu’il soit. Geoffroy ne cesse de me le répéter. Le seul moyen d’échapper à cela, c’est la mort ou le mariage avec un seigneur qui voudra bien faire en sorte que ses troupes défendent Fernel. Vous ne pourrez rien faire…

Le ramener dans sa chambre. Et m’enfuir. Avant que je ne perde tout contrôle.

- Je suis tellement désolée…père.

Ecoutant sa respiration, je me redresse un peu pour venir nouer mes bras autour de lui, enfouissant mon visage dans le creux de son épaule. J’aurais tout donné, absolument tout, pour que tout ceci ne soit qu’un mauvais rêve, pour qu’un bref instant Thaar devienne une réalité. Une contrée lointaine, où tout est possible. Devenir anonyme. Peindre. Danser. Vivre. Aimer librement. Tout cela ne sera jamais pour moi. Jamais. Il me reste les rêves. Cela au moins m’appartient.

Je n'ai aucune légitimité à occuper ce château et à porter un titre. Et pourtant je n'ai pas le choix. Parce que des vies dépendent de mes décisions. C'est d'une injustice totale. Et je ne le supporte plus.  

- Vous êtes rompu. Allez dormir, nous nous verrons demain matin. Nous parlerons de mère, nous parlerons de ce que vous voudrez. Prenez un peu de repos.
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MessageSujet: Re: [Fernel] A trop attendre, il finit par être trop tard.(Louise, Aaron)   [Fernel] A trop attendre, il finit par être trop tard.(Louise, Aaron) - Page 2 I_icon_minitimeDim 24 Mai 2020 - 12:44





Mais laissez moi vous dire une chose. Le sang ne fait pas la noblesse, loin de là, sinon notre bon roi ne pourrait anoblir des gens. La noblesse est celle du coeur. Vous appartenez à ces terres et ces terres sont vôtres. Vous rappelez vous ce que je vous ai déjà dit? Isoler, affaiblir, harceler, dominer et soumettre sont le propre de ce genre d'action...  Votre force, ma fille, est votre faiblesse et votre faiblesse votre force. Par chance vous n'êtes plus seule. Venez ici s'il vous plait...


Il y a de ces moments où les mots n'ont aucune valeur. Demain les ténèbres se dissiperont et la neige brillera, pure et éclatante, comme un champ de marguerite. Il voit une personne en détresse, perdue. En temps normal El adorerait cela. Même un Dante en détresse et perdu était savoureux à vivre.

Pas aujourd'hui. Pas sa fille...

Les mains du vieillard se posent et enlacent Louise, il la prend sur ses genoux sans rien dire. Lui offre chaleur et réconfort. Les pensées de ce qui se passe travaillent quand même dans son esprit et des plans se forment.

Non, j'ai crainte que si je vous laisse aujourd'hui, ma fille, que si j'attend demain, il sera trop tard. Accordez cette faveur à un vieil homme fatigué et restez avec moi je vous prie.



Dernière édition par Dante Corvac le Dim 24 Mai 2020 - 20:52, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: [Fernel] A trop attendre, il finit par être trop tard.(Louise, Aaron)   [Fernel] A trop attendre, il finit par être trop tard.(Louise, Aaron) - Page 2 I_icon_minitimeDim 24 Mai 2020 - 20:03


- Isoler, affaiblir, harceler, dominer et soumettre sont des mots terribles. Tout aussi terribles que les actions qui se cachent derrière chacun d’entre eux. Des mots dont j’ignore tous les effets même si j'en connais le sens. Isoler une personne afin qu’elle soit sans soutien, l’affaiblir afin qu’elle soit sans défense, la harceler pour l’épuiser, la dominer pour asseoir un pouvoir, une suprématie, la soumettre…pour obtenir tout ce que l’on souhaite. Ce sont des choses que je ne fais pas. Mais…Peut-être que j’y serai contrainte. Pour ma survie. Qui peut le dire, après tout…

Prendre une couverture roulée sur elle-même et m’y pelotonner là-haut, contre le ventre chaud de Lasgalen. Ecouter sa respiration, mon oreille posée sur lui, un son apaisant qui me fera oublier tout ceci. Toutes mes déceptions. Toutes mes désillusions.

Cela aurait pu être bien, cette échappée belle en solitaire, au beau milieu de la nuit, sans personne à mes côtés, si ce n’est mon irrésistible envie de fuir. Cela aurait pu se réaliser sous peu s’il n’avait eu l’idée de m’enlacer et de me hisser sur ses genoux pour me garder au plus près de lui. Et je suis totalement incapable de lui résister. Je suis décidément d’une faiblesse crasse. Que quelqu’un entre dans la pièce et c’en est fini de ma réputation. Cela étant je n’ai pas le courage de cesser cette étreinte. La tête posée sur son épaule comme le font les petits enfants, je le regarde autant que le permet la faible lumière des bougies, et inspire profondément son odeur, pour m’en imprégner.

- Nous ne pouvons rester indéfiniment ainsi…Vous…Tout ceci n’est pas confortable. Vous allez y laisser votre dos.

Je parle à son oreille, je n’ai pas besoin de hausser la voix, je me contente de le regarder, avant de lever la main vers son visage, pour toucher sa peau. Passer mes doigts sur chaque ride. Graver les traits dans ma mémoire. Les traits que Mère chérissait.

- Elle serait heureuse de nous voir réunis.

Attendre qu’il s’endorme. Rester éveillée. Fuir pendant la nuit.

- Père…elle serait heureuse.

Je n’aurai pas la force d’affronter une nouvelle journée à la semblance de celles qui viennent de s’écouler. Je ne pourrai pas. Prononçant des paroles douces, dites uniquement pour endormir sa méfiance, j’ai l’impression d’être devenue une espèce d’automate de chair. Sans âme et sans sentiment. Comme si les coups successifs n’avaient fait que semer la destruction et le chaos en mon esprit. Si je lui donne ce qu’il veut, peut-être finira-t-il par s’endormir et par me laisser m’en aller. Aussi reste-je là, dans ses bras, profitant de cette rare chaleur humaine qu’on m’a si souvent refusée ces derniers temps. Je suis perdue. Une douce chaleur m’envahit alors qu’il me garde contre lui, menaçant ma volonté de fuir.

- Parlez moi de ce frère dont je ne sais rien…Comment est-il ? Parlez moi de lui…
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MessageSujet: Re: [Fernel] A trop attendre, il finit par être trop tard.(Louise, Aaron)   [Fernel] A trop attendre, il finit par être trop tard.(Louise, Aaron) - Page 2 I_icon_minitimeDim 24 Mai 2020 - 21:21


Le vieil homme laisse la jeune dame lui toucher le visage, silencieux et songeur. Louise est tellement empêtrée dans son trouble qu'elle ne s'est pas apercue qu'elle en est elle-même à l'étape du harcèlement et en passe d'être dominée…

- ...Elle serait heureuse de nous voir réunis.

L'oeil gris l'envisage subitement de biais, mais Elazar reste imperturbablement silencieux

- Père…elle serait heureuse.

Peut-être… le visage ridée prend une expression infiniement lasse et triste. Il ne le saura jamais dans le fond. Il garde une certaine méfiance bien cachée par contre. Lui faire baisser sa garde par des cajoleries fut un art parfaitement maîtrisé par Elisabeth qui doit le lui avoir certainement appris.

- Parlez moi de ce frère dont je ne sais rien…Comment est-il ? Parlez moi de lui…

Il y a un silence. Elazar se demande comment présenter a chose tout en donnant à Dante le bénéfice du doute quand au but du don de la belladone. Ira t'il dire à Louise que son protégé est fou à lier? Que Claude pense qu'il est possédé par quelque chose de maléfique? Quelle opinion aurait t'elle après de lui? Devrait t'il dire qu'elle l'a vraisemblablement déjà rencontré? Non, il vaut mieux jouer l'ignorance. De plus, il n'est pas certain.

Je l'ai adopté pendant mon exil à Thaar. Quand il était petit, il parlait beaucoup et posait toujours une tonne de questions sur tout les sujets inimaginables. Il aurait rendu mon ami complètement fou si ce dernier n'avait pas déjà une patience à toute épreuve.  Il n'était pas le plus grand, ni le plus impressionnant, mais il était très brillant. Personne ne savait jamais quand ni comment il allait surgir de son sac à malices.  Il s'arrangeait toujours pour ne manquer de rien, rendait services aux prostituées des lanternes qui, en échange, le dorlotait bien. Aujourd'hui, votre frère est grand et féroce, parcourant Miradelphia en son entier sans faiblir. Il se bat à chaque fois comme si sa vie en dépendait. Vous connaissez la martre qui met en déroute même le plus féroce ours? C'est tout lui. C'est un grand chasseur, patient et tenace, observateur et reste très intelligent. Côté diplomatie, je crois que ca reste à travailler cependant. Il a un charisme fou dont il n'a pas conscience et même si il est excellent en … notre domaine… il reste d'une naïveté sans borne sur d'autres sujets...  

Oui, il pourrait lui dépeindre  Dante négativement mais il ne le fait pas. on peu sentir un mélange de fierté, de mélancolie et de tristesse dans la vieille voix. Non, il ne se plaindra pas. Non, il ne regrette pas ce qu'il a fait… Ce gamin, c'est le sien et l'élève surpasse le maître désormais. Et Louise toujours sur ses genoux, il lui caresse distraitement le dos en un geste réconfortant
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MessageSujet: Re: [Fernel] A trop attendre, il finit par être trop tard.(Louise, Aaron)   [Fernel] A trop attendre, il finit par être trop tard.(Louise, Aaron) - Page 2 I_icon_minitimeDim 24 Mai 2020 - 22:03


- J’ai un frère…

Trois mots prononcés à son oreille alors je n’en finissais plus de parcourir son visage à l’aide de mes doigts, comme fascinée, dans de petits mouvements légers comme ceux d’une plume.

- Mon enfance a été plutôt solitaire, j’aurais tant aimé avoir une fratrie sur laquelle m’appuyer. Et maintenant, je découvre un frère…

J’abaisse ma main et garde ma tête sur son épaule, les yeux brûlants, en essayant de m’imaginer ce frère inconnu, grand et fort, chasseur hors pair, féroce, tenace, intelligent.  Un homme qui voyage et qui a vu tant de choses. On dirait…On dirait mon exact opposé. Je sens, j’entends toute la fierté d’avoir élevé un tel homme dans la voix d’Elazar. Et cela se comprend. Il a du développer quantité de dons utiles à la débrouillardise pour devenir un tel homme.

- Comment s’appelle-t-il ? Vous n’avez pas dit son nom…

Au fil des minutes, je sens ma résolution s’estomper, l’envie de fuir s’amenuiser petit à petit. Je suis très bien là où je suis, d’autant plus qu’il me caresse le dos d’une manière si délicate que je sens mes paupières s’alourdir, alors même que je lutte de toutes mes forces pour ne pas céder à l’appel du sommeil.

- Croyez-vous qu’il serait heureux de me rencontrer ? Croyez-vous que cela sera un jour possible ? J’aimerais le connaître, lui aussi.

Cela étant, je suis tout à fait consciente que rien de tout cela ne se produira avant un temps considérable. Un homme tel que mon père vient de me le décrire est probablement un solitaire, quelqu’un sans attache, toujours sur les routes. Peut-être qu’un jour ses pas les mèneront à Fernel. Je l’accueillerai les bras ouverts et nous pourrons parler de père, nous pourrons parler ensemble. Et cela sera merveilleux de pouvoir découvrir tout ce que j’ignore à propos d’Elazar. Il pourra me raconter comment il était avant, quand il a été adopté, comment était sa vie avec mon père.

- Mais…Peut-être que lui ne le voudra pas, après tout.

Je laisse ma main et mon bras entourer le vieil homme qui ne dit rien malgré tout mon poids sur ses jambes. J’inspire profondément et murmure alors, la voix embrumée par le sommeil :

- Père…je voudrais que vous répondiez à une question à laquelle personne n’a jamais voulu me répondre.

Je lève la tête avant de me redresser un peu sur ses genoux et de demander, les yeux rougis par la fatigue :

- Qu’est-ce qu’on ressent quand on prend la vie d’un homme ? Est-ce aussi facile qu’on le dit ?
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Il y a un autre silence qui s'étale et s'étire, et tandis que les brumes sombres du sommeil s'empare encore de la châtelaine, une simple réponse finit par traverser les lèvres d'Elazar.

Je l’appelle Dante... pour tuer, c’est encore plus facile… On se sent…

Le reste de la réponse se perd dans les replis du sommeil. Pendant un moment le vieil homme la berce, avant de se relever avec la jeune fille dans les bras. Titubant encore un peu, empêtré par le poid de Louise et par les jupes, il va la ramener dans le lit qu'elle a quitté voilà seulement encore quelques minutes. Il n'est pas inquiet, les quartiers seigneuriaux n'ont jamais d'œil de bœuf pour espionner.

El resterait bien veiller sur son bouton de marguerite, mais il est proprement lessivé. Aussi se contente t'il de la border convenablement avant de repasser dans sa chambre où dort déjà Eugène. Le poid des ans pèse lourdement sur ses épaules tandis qu'il se dirige vers son propre lit dans lequel il s'écroule, encore tout habillé, le dos effectivement en compote. Mais non sans avoir proprement brûlé l'échange écrit qu'il a eu avec sieur Aaron.


**********************

Et pourtant, le lendemain matin aux aurores, baigné et rasé de frais, ayant pris un tonique de Claude pour son vieux palpitant malmené, le revoilà devant le journal, déterminé à le finir d'une traite. Le temps presse… Aussi donne t'il les instructions de la journées au valet/apprenti

Eugène, que personne ne me dérange, le chagrin me cloue encore au lit. Va arpenter le château aussi… Et rapporte moi si on t'accoste. Ta mission jeune apprenti est de trouver qui est le vieux conseiller de dame Louise et de me fixer une entrevue demain matin. Nul besoin de t'inquiéter jeune ami, j'ai fini mes provisions de rhum hier. Va maintenant  
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Louise de Fernel
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MessageSujet: Re: [Fernel] A trop attendre, il finit par être trop tard.(Louise, Aaron)   [Fernel] A trop attendre, il finit par être trop tard.(Louise, Aaron) - Page 2 I_icon_minitimeLun 25 Mai 2020 - 8:59


Dante. Quel curieux prénom. Je n’en distingue pas l’origine. Peu importe. Il s’appelle Dante. J’ai un frère quelque part sur cette terre qui s’appelle Dante. C’est tout ce que je retiens des paroles de mon père alors que je m’effondre à nouveau dans ses bras, totalement vaincue par la douceur de ces gestes et par la chaleur qu’il dégage. Peut-être est-ce parce que je me sens en sécurité, là, si près de lui. En sécurité et écoutée. Maintenant que j’ai touché son visage, je pourrai le transposer sur un support de bois ou de toile, peu importe, afin d’en dessiner les traits. C’est comme ça que je peux reproduire les proportions d’un visage. Il aura sa place dans mon boudoir, là où personne ne se rend jamais parce que je l’interdis. C’est la seule pièce de ce château qui ne soit pas un lieu de passage. Même dans ma chambre, je ne suis jamais tranquille. Il y aura toujours un serviteur ou l’autre qui viendra me déranger. Pas dans ce boudoir. Il y a là bas tout ce qu’il faut pour peindre. Quand j’en aurai l’occasion peut-être que je pourrai peindre son visage. Un visage aux inflexibles yeux gris, auréolé de ténèbres mouvantes. Oui je le ferai mais pas ce soir. Ni demain. Ni même après-demain.

J’ai d’autres projets.

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L’obscurité est encore présente quand je sors de ce rêve étrange. Une affreuse sensation de malaise m’étreint le cœur. Je suis en sueur. Dans ce rêve, un homme me suivait, grand et drapé de noir. Tout ce que je voyais de lui c’est son regard de braise, deux petites flammes incandescentes sous une large capuche. Dans son dos, des armes. A sa taille, visibles à chacun de ses mouvements, des armes. Dans ses mains, des armes. Un tueur silencieux, mélange improbable de ce que j’ai lu dans le journal de mère, des bougies que je regardais hier soir, si fixement qu’elles ont du brûler mon esprit, et de ces ténèbres qui accompagnent mon père. Je secoue la tête avant de m’obliger à me lever. Il n’y a aucun bruit. Il n’y a personne. J’ai un regard pour le passage dissimulé qui mène à la chambre d’Elazar. Je suppose qu’il est enfin allé se reposer. Je regarde alors la fenêtre et voit un ciel parsemé d’étoiles. Le froid doit être rude mais je le supporterai. Parce que je suis née ici et que le froid fait partie de ma vie.

Après une rapide toilette, j’abandonne tous les oripeaux de deuil en un tas désordonné près du paravent et enfile alors une tenue plus adaptée. Un pantalon, une chemise doublée, un surcot court ajusté à ma taille par une ceinture de cuir marron. Quant à mes cheveux…Je hausse les épaules et les laisse librement tomber sur mon dos. Une sensation agréable m’envahit alors. Quelque chose qui a presque le goût de la liberté. Presque. Je me dirige vers la porte et jette un regard vers ma chambre. Mon lit est totalement défait, signe que cette nuit n’a pas été la plus paisible qui soit. Mes vêtements sont jetés au sol. Mes documents sont rangés, eux. Il fait froid, dans cette chambre. Tellement froid…Je pince les lèvres et sors, pour me diriger vers les offices. Il n’y a personne, tout le monde dort encore. Une chance.

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Sous le regard d’un garde totalement éberlué par ma présence à une heure si matinale, je dépose tout ce que j’ai pu emporter dans un grand sac sur le dos de Lasgalen. Mon ami piaffe d’impatience, tout autant que moi, si ce n’est plus. Le garde approche, il contemple les sacs, cette grande couverture roulée sr la croupe de mon cheval, ma tenue, mes cheveux, et s’insurge :

- Ma Dame ! Il est fort tôt et la neige encombre la route ! Voulez-vous que j’aille quérir une escorte ?

Un silence lourd suit les paroles de cet homme qui ne fait après tout que son travail. Ayant fini de seller mon cheval, je me drape de mon épaisse cape doublée, avant de grimper sur le dos de mon animal, avec une adresse que pourraient m’envier les meilleurs cavaliers. Je toise le garde sans bonté aucune, un son métallique sort de ma bouche, dur et totalement étranger à ce que tout le monde connait dans ce château :

- Si j’avais voulu une escorte, je ne serais pas seule ici et maintenant. Si vous tenez à votre vie, vous tiendrez votre langue. Ecartez-vous.

Tirant alors sur les rênes, Lasgalen se hisse sur ses deux pattes arrière en hennissant bruyamment, les sabots avant menaçant de s’en prendre au garde. Ce dernier a juste le temps de se jeter sur le côté, tandis que nous nous élançons au galop depuis les écuries. Le bruit est intense, il doit sans nul doute ricocher partout dans la cour intérieure voire même dans les couloirs. Le bruit est intense, certes, mais pas aussi intense que cette sensation de paix qui m’envahit à l’instant même où je sors de l’enceinte pour prendre la route du Nord, en direction des montagnes.

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Au château, quand il sera prêt à en continuer la lecture, le journal d’Elisabeth sera à la disposition d’Elazar. Des passages entiers sont destinés à l’enfance de Louise. A des événements tragiques. Les guerres. Les premiers émois de la jeune fille, étouffés dans l’œuf, ses colères retentissantes, sa façon, dure et inflexible, de répondre à ses parents, les mots qui blessent. Louise y est décrite sous un jour différent de ce que montre la jeune fille au quotidien. Elle est vive, pétillante, intelligente, curieuse ! Tellement curieuse de tout et de tout le monde ! Pourtant, la mère qu’était Elisabeth devinait sous ces sourires des choses que seule une mère peut comprendre et qu’elle a couché sur le parchemin. L’inflexibilité de son enfant, sa tendance à la rancune, voire même à la violence quand elle est poussée dans ses derniers retranchements ou quand elle est blessée. Des traits peu avenants mais qu’Elisabeth a tenté de lisser, maîtrisant cette colère par la passion de la peinture, une activité calme dans laquelle la jeune fille fait montre d’un talent remarquable. Tout aussi remarquable que son adresse à la monte.

Viennent ensuite les passages à propos d’Eudes, la perte de sa jambe, ses déboires, son impuissance qui a au moins le mérite de laisser la dame de Fernel dans une paix toute relative. Jusqu’à la mort de celui-ci et tout ce qui s’ensuit.

« Cher ami du silence,

Les choses sont devenues si compliquées que j’ai besoin de les poser par écrit afin d’y voir plus clair.
Après la cérémonie, des seigneurs se sont présentés au château pour rendre leurs hommages. Certains étaient sincères, d’autres étaient présents pour de moins nobles raisons. Il faut composer avec des gens intéressés, des monstres d’avidités et leur sourire, quoi qu’il en coûte, parce que ce sont précisément ceux qui sourient le plus qui sont les plus dangereux. Deux se sont particulièrement empressés de me rendre des hommages totalement déplacés en ces circonstances. Ils ont donc été poliment remis à leur place. J’ai surpris alors des regards sur Louise.

Mon ami, je le jure devant la DameDieu. Si un de ces hommes tente quoi que ce soit auprès de mon enfant, je le tuerai. Sans la moindre hésitation. Ils sont vils, grossiers, arrogants, d’affreux personnages plein de morgue. Il est hors de question qu’ils lui fassent la cour après m’avoir harcelée moi. Il faut que je trouve une solution. J’en parlerai demain à Geoffroy.


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°

Autre feuillet

« Mon ami du silence,

Geoffroy est décidément un homme d’une sagesse peu commune. Il a compris que je ne céderai pas les rênes de Fernel à un de ces affreux seigneurs. Il propose de temporiser les choses, de les recevoir de temps à autre, afin de calmer leurs ardeurs, mais je me sens si fatiguée en ce moment. Peut-être est-ce du au contrecoup de tous ces événements…

Quoiqu’il en soit, j’ai brûlé les demandes qui concernent Louise.

C’est moi qui commande désormais et j’ai fait en sorte que ma fille soit épargnée par tous ces mouvements, tous ces sujets difficiles. Elle est trop jeune. Elle a encore tellement de choses à apprendre…

De mon côté, journal, j’ai envoyé des émissaires un peu partout en péninsule. Je sais qu’il est peut-être trop tard, peut-être est-il mort, mais…je le recherche. Plus rien ne s’oppose à ce que je le retrouve désormais.

Ne me juge pas, ami. Nous avons à présent passé l’âge de demander des consentements. J’aimerais le revoir. Juste une seule et unique fois. Je pense que j’ai payé mon silence assez cher durant toutes ces années… »
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