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 Promenade dans la poudreuse | Louise & Aaron

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Aaron Kolhe
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MessageSujet: Promenade dans la poudreuse | Louise & Aaron   Promenade dans la poudreuse | Louise & Aaron I_icon_minitimeSam 9 Mai 2020 - 16:45

9ème jour de la 1ère ennéade
Verimios, hiver de l'An 17:XI


Louise travaillait, encore et toujours, du matin au soir, ne s'offrant que de très maigres moments de répit. Trop maigres. Aaron peinait à approcher la jeune femme, entre leurs obligations respectives. Les siennes étaient sans commune mesure avec celles de la de Fernel, bien évidemment. Pour l'instant, il avait surtout permis de mettre un certain nombre de choses en place pour permettre à Efren de se débrouiller sans lui. Il avait appris à deux serviteurs à le guider et à être ses yeux. Il l'avait présenté à quelques artisans et avait établi entre eux un climat propice au travail qu'ils devraient fournir pour la sécurité de la région. Il avait dégoté un plan du château et avait trouvé quelqu'un pour le lui graver de manière à ce que le jeune homme puisse le consulter lui-même à l'aide de ses doigts. Désormais, le paternel pouvait se permettre d'être moins présent à ses côtés et de le laisser évoluer avec son nouvel entourage.

Cet après-midi-là, Aaron quittait l'atelier qui avait été installé pour son fils. Son regard fut attiré par une fenêtre à proximité et il s'en approcha pour observer la forteresse sous la neige. Cela lui avait manqué... La neige. Pour beaucoup, cette poudreuse apportait bon nombre de contraintes mais cela lui rappelait tant de souvenirs d'enfance. La période la plus insouciante de sa vie. Cela faisait plus de trente ans qu'il n'avait pas connu de jours aussi prospères.
Tandis que ses yeux parcourraient le paysage gris et blanc, un mouvement attira son attention dans la cour. Il reconnut sans mal la Dame de ses lieux et fronça des sourcils intrigués. Son regard l'accompagna et, la voyant disparaître près de l'écurie, il étira un sourire amusé. Le temps de passer prendre son manteau dans sa chambre, il descendit l'escalier qui le mena au rez-de-chaussée puis celui qui menait à la cour. Il traversa cette dernière d'un pas rapide et poussa la porte du petit bâtiment avec discrétion. Il s'avança sans un bruit et, dans une allée, trouva la jeune femme en train de saluer sa monture. Un sourire plus attendri se peignit sur son visage tandis qu'il la regardait faire et il attendit quelques longues secondes avant de lui manifester enfin sa présence.

-Alors c'est là que vous disparaissez quand vous voulez respirer un peu ? Dit-il comme s'il avait cherché sa cachette des jours entiers. Il fallait avouer qu'ils s'étaient à peine vus depuis son arrivée à Fernel.

Il s'approcha lentement et tendit une main pour caresser à son tour l'encolure de Lasgalen. Son calme et sa douceur avait l'art d'amadouer les animaux les plus craintifs mais le cheval pouvait ne pas apprécier qu'on le dérange dans cet instant privilégié avec son amie. Cependant, Aaron ne venait pas avec l'intention de les interrompre et encore moins de lui ravir sa maîtresse.

-Vous savez, même s'il apprécie certainement vos visites, il préférerait certainement que vous le montiez. Suggéra-t-il d'un air innocent.
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Louise de Fernel
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MessageSujet: Re: Promenade dans la poudreuse | Louise & Aaron   Promenade dans la poudreuse | Louise & Aaron I_icon_minitimeSam 9 Mai 2020 - 20:16


Je suis tellement fatiguée.

Je rêve d’un instant de paix, un moment d’évasion, une seconde de tranquillité. Sur tout cela, il ne faut malheureusement plus compter. Les journées s’enchaînent, riches de surprises, riches d’enseignements et tellement intenses. J’ai à peine le temps de manger, j’ai à peine le temps de dormir. Mon esprit est sans cesse en ébullition et m’empêche de trouver un sommeil réparateur. Quoiqu’il en soit, au milieu de ces tempêtes, je trouve toujours du temps pour Lasgalen. Mon cheval m’attend, sagement, aux écuries, traité comme un coq en pâte et à chaque fois que j’arrive, j’ai droit à des mouvements manifestant sa joie de me voir. Comme aujourd’hui.

Vêtue d’une robe de velours noir, une robe de deuil, le corps tout entier dissimulé sous une cape d’épaisse laine et doublée de fourrure, je ne sens pas le froid. J’ai toujours préféré la neige aux températures plus intenses du Sud et j’y suis dans mon élément. Quoiqu’il en soit, c’est avec un sourire heureux que je rejoins mon cheval, passant mes doigts sur son encolure avant de caresser son nez, me piquant la peau sur les poils rudes. Il n’y a personne, je n’entends aucun bruit, alors je m’approche et serre Lasgalen dans mes bras, pour cette petite étreinte quotidienne durant laquelle il me transmet un peu de sa chaleur. J’ai toujours aimé ce contact-là parce qu’il est sans calcul, parfaitement honnête et sincère. J’aurais pu y passer de longues minutes, les yeux fermés, juste à écouter le cœur vrombissant de mon cheval, là, sous la peau mais une voix me sortit de ma torpeur, me forçant à dénouer mes bras, avant de me retourner, gênée.

Aaron. Très rouge d’avoir été ainsi surprise, je fais semblant de remettre de l’ordre dans ma tenue avant d’éclaircir ma voix :

- Oui…C’est ici que je viens me ressourcer…Hem…

Lasgalen tourne la tête vers Aaron, avant de venir me bousculer de sa large tête. Je jette un regard en coin à mon cheval avant de le flatter de la main, pensive.

- Je n’ai pas eu beaucoup de temps à vous consacrer, dernièrement, et j’en suis bien désolée. Êtes-vous bien installés ? Efren est-il content ? Et…Et vous ? Est-ce que tout est à votre convenance, Aaron ?

Je le regarde approcher de mon cheval et poser sa main sur lui, de la manière la plus naturelle qui soit. Mon ami ne semble pas s’en offusquer, au contraire. Il semble même se détendre, ce qui ne manque pas de me surprendre. Lasgalen est extrêmement méfiant envers les étrangers, et par étranger je veux dire les personnes qu’il ne connait que peu voire pas du tout. En tout cas, je profite de l’occasion pour l’observer de plus près, vu qu’il se trouve juste à côté de moi. Il a bonne mine. Il ne semble manquer de rien. Cela me rassure un peu.

- J’aimerais cela…mais…le travail m’attend. Je dois encore lire les comptes avant de rendre ma décision sur une dépense importante concernant les récoltes prochaines…

Un sujet passionnant. Tellement passionnant que j’en baille rien qu’à l’énoncer. Je ne peux m’empêcher d’en rire, d’ailleurs.

- Excusez-moi Aaron. Il me semble que cela fait une éternité que je n’ai plus parlé à qui que ce soit d’un sujet autre que mon travail, le château, le domaine. J’avoue…J’avoue que l’idée même de monter Lasgalen et de me réfugier là où personne ne me trouvera est extrêmement tentante.

Je lève les yeux vers lui, plongeant un regard fatigué mais rieur dans le sien.

- Vous devriez avoir honte de me tenter de la sorte.

Cela étant, l’idée fait son chemin. Je tourne la tête vers la sortie, apercevant la neige, la selle, avant d’inspirer à pleins poumons, l’œil brillant. Je le regarde à nouveau, tout sourire avant de murmurer, vaincue :

- …Vous m’accompagnez ?
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Aaron Kolhe
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MessageSujet: Re: Promenade dans la poudreuse | Louise & Aaron   Promenade dans la poudreuse | Louise & Aaron I_icon_minitimeDim 10 Mai 2020 - 12:39


La réaction de Louise à son intrusion ne put que faire sourire le quarantenaire. Cependant, il accompagna cela par un regard faussement réprobateur. Ne lui avait-il pas faire savoir qu'elle n'avait pas à jouer de faux semblants avec lui ? Après tout, il n'était même plus un inconnu, pas même un garde du corps : elle avait fait de lui son Conseiller. Si elle ne pouvait pas être naturelle avec lui, alors avec qui ? Même s'il ne pouvait tout lui dire, Aaron se montrait le plus honnête possible dans ses réactions et ses attitudes, il en attendait au moins autant d'elle.

-Ne soyez pas désolée. La rassura-t-il. Nous avons l'habitude de nous débrouiller tous seuls. Nous sommes confortablement installés dans nos quartiers. Efren a maintenant un bel atelier pour travailler et deux serviteurs capables de le guider. Je l'ai mis en relation avec un forgeron, un menuisier et un cordelier et je leur ai expliqué comment travailler avec un aveugle. Le menuisier ne croyait pas trop dans les capacités d'Efren mais, lorsqu'il lui a calculer de tête le poids de la poutre qui se trouvait au-dessus d'eux, il n'a plus bronché. S'amusa l'aventurier.

Le jeune homme aux yeux bandés ne payait certes pas de mine mais il n'avait besoin que de quelques pas et de sa main pour mesurer une longueur approximative. Une fois les mesures prises, il parvenait à modéliser l'objet dans sa tête et en calculait la masse dans trop d'efforts. Il fallait avouer que l'exercice qu'il s'était amusé à faire était infiniment plus simple que les formules qu'il était désormais contraint de poser dans sa tête pour ses travaux d'ingénierie.

Si Aaron était plein d'énergie, Louise semblait bien lasse. Le fait même d'évoquer ce qui l'attendait la fit bâiller et son nouveau Conseiller ne manqua pas de pouffer en la voyant se mettre à rire d'elle-même. Il aurait bien quelques conseils à lui prodiguer mais, là, tout de suite, il ne voulait pas s'écarter du sujet qu'il venait de lancer.

-Vous vous ennuyez vous-même en parlant. Vos comptes seront toujours là ce soir ou même demain.
-Vous devriez avoir honte de me tenter de la sorte.

Une auréole imaginaire sembla se dessiner au-dessus de la tête d'Aaron tandis qu'il prenait un air totalement innocent. Cependant, il n'eut pas à insister plus longtemps pour la faire basculer de son côté. Un large sourire étira les lèvres du quarantenaire à son invitation et, au lieu d'y répondre, il s'éloigna pour aller chercher du matériel. Il ramena une caisse avec des brosses, des étrilles et des cures pieds. Il posa selles, tapis et filets sur les portes des boxes des deux chevaux qu'ils allaient prendre. Ils œuvrèrent efficacement chacun de leur côté, si bien qu'au bout d'un quart d'heure à peine, ils s'apprêtaient à sortir de l'écurie.

-Si on vous le demande, dites que vous m'emmener visiter vos terres. Il fit mine de réfléchir. Ce qui n'est pas vraiment en mensonge d'ailleurs. Remarqua-t-il avant de sourire, amusé.

Le quarantenaire pouvait bien lire autant qu'il le voulait, il ne connaîtrait jamais aussi bien ces terres qu'en en faisant le tour. Et qui était mieux indiqué pour jouer les guides que la Dame des lieux en personne ? Dehors, le ciel s'était passablement éclairci, à croire qu'il mettait tout en oeuvre pour que Louise puisse pleinement profiter de cette sortie. Après les ennéades qu'elle avait passé et surtout après ces derniers jours, elle avait bien besoin de souffler un peu.
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Louise de Fernel
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MessageSujet: Re: Promenade dans la poudreuse | Louise & Aaron   Promenade dans la poudreuse | Louise & Aaron I_icon_minitimeDim 10 Mai 2020 - 21:33


- Je suis contente de savoir que vous êtes tous les deux bien installés et que les arrangements pour Efren lui conviennent. Cela ne doit pas être facile pour lui, de se repérer dans un tel endroit, d’autant qu’on peut très vite se perdre, au château, quand on ne connait pas. J’imagine que vous avez eu le temps de tout visiter, d’ailleurs…

Je m’en veux beaucoup de ne pas avoir été présente pour lui parler, pour lui expliquer, pour lui raconter. Le pauvre Aaron a été propulsé ici à un poste pour lequel il a du glaner à gauche, à droite, les renseignements utiles auprès de personnes autres que moi qui lui ai pourtant ouvert ma porte. Et ce n’est pas très correct, même si on tient compte des circonstances. Je l’ai tout simplement négligé et n’en suis pas très fière. Lasgalen me pousse à nouveau d’un léger coup de tête, qui me fait rire. Lui aussi a perçu les mouvements d’Aaron qui revient avec tout le matériel nécessaire à la préparation d’une sortie et je le vois manifester sa joie par des mouvements impatients. J’accorde un regard plein de gratitude pour mon conseiller avant d’ôter ma cape, encombrante, octroyant à Lasgalen tous les soins que je n’ai pas pu lui donner ces derniers temps. Je retrouve un certain apaisement à brosser mon cheval, retrouvant avec joie le plaisir tout simple d’apporter mon attention à celui dont l’amitié indéfectible a été mon meilleur soutien ces dernières années.

Après quelques minutes, les chevaux sont sellés et avec l’aide d’Aaron, je m’installe en amazone sur mon cheval. Je ne pourrai pas galoper, bien entendu, et de toute façon la neige empêchera sans doute d’évoluer au galop tout près du château. Je pourrais, évidemment, relever mes jupes et galoper sans avoir de compte à rendre à personne mais cela ne serait pas très digne, même si ce n’est pas l’envie qui me manque d’agir de la sorte. Les rênes en main, je regarde Aaron, les yeux pétillant de malice, et lui décoche un sourire radieux. C’est très exactement ce qu’il me faut. Une promenade dans le silence et la beauté que confèrent les paysages enneigés.

- Personne ne me demandera quoi que ce soit, Aaron. C’est moi qui dirige ce domaine, je fais ce que je veux.

Y compris me promener seule avec un homme, si tel est mon bon plaisir, dis-je en pensée. Les gens peuvent bien dire ce qu’ils veulent, après tout. Le corps drapé dans mon épaisse cape de laine doublée de fourrure, je donne une petite impulsion à Lasgalen qui se met en route. Le cheval d’Aaron se place au côté du mien, sous les regards perplexes des serviteurs qui échangent des sourires. Nous traversons la cour intérieure au beau milieu d’un silence assourdissant. J’esquisse un sourire à mon tour puis prend la direction du Nord, afin de rester aux pieds des montagnes que j’affectionne tout particulièrement. J’inspire à pleins poumons avant d’expirer, apaisée.

- Merci Aaron. Sans vous je serais sans doute encore à mon bureau à m’assommer de chiffres et de courriers sans fin…

Je me tourne vers lui, véritablement heureuse d’être là, laissant Lasgalen prendre un chemin qui a déjà pris des dizaines de fois sans que je ne contrôle quoi que ce soit, ce qui est véritablement reposant. J’observe Aaron, d’un air tranquille.

- Je suis véritablement désolée de vous avoir tous les deux négligés. Ces derniers jours ont été intenses. Ces dernières semaines ont été…pénibles. Cela étant, cela n’excuse en rien le fait de vous avoir laissés sans nouvelles. Si cela peut vous consoler, j’aurais préféré être en votre compagnie. La solitude ne me réussit pas…

Et ce n’est rien de le dire. Jamais je n’ai aussi mal dormi. Sans cesse, je pense à ce que je devrai rappeler le lendemain matin à tous ceux qui sont sous mes ordres, je pense à tout, à rien, à n’importe quoi, de peur d’oublier quelque chose d’important. Passant une main dans la crinière de Lasgalen, je profite d’un silence pour regarder le paysage familier qui se déroule sous nos yeux. Les montagnes scintillant sous un soleil timide, comme si elles étaient recouvertes d’un drap de diamants. Les hauts arbres, eux-mêmes recouvert de neige en leurs extrémités, les rochers immenses qui se démarquent au milieu de cette blancheur et cet air…l’air pur et frais d’une journée d’hiver. Le froid rosit mes joues, je les sens piquer un peu sous l’air vif, mais cela ne me dérange pas le moins du monde. Au contraire. J’ai l’impression de revivre un peu, malgré les cernes qui soulignent mon regard.

- Que pensez-vous de mon domaine, Aaron ? Que pensez-vous de Fernel et de ses habitants ?

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Aaron Kolhe
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MessageSujet: Re: Promenade dans la poudreuse | Louise & Aaron   Promenade dans la poudreuse | Louise & Aaron I_icon_minitimeLun 11 Mai 2020 - 21:25

Les regards des gardes et serviteurs, Aaron ne s'en soucia pas plus que la demoiselle à ses côtés. Il n'avait pas besoin de les voir pour savoir qu'ils existaient. Non, il se contentait de rester à son côté tandis qu'ils guidaient leurs montures vers la grande porte du château. Il ne s'inquiétait même pas de savoir si son fils allait s'en sortir, Efren était le premier à vouloir faire ses preuves sans le soutien paternel. Il ne faisait donc que lui donner l'occasion de lui montrer qu'il pouvait s'en sortir sans lui. Et puis, il était suffisamment bien entouré pour que son père ne redoute aucun danger.
Il se laissa guider par Louise, chevauchant en direction des montagnes. Il était vrai que c'était un élément non négligeable du paysage. Le quarantenaire n'avait pas imaginé qu'ils s'en trouveraient si près. Il s'était inquiété de la présence de gobelins mais la question avait apparemment été réglée à ce qu'on lui avait dit. Emprunter cette route ne devait donc pas présenter plus de danger que cela. De plus, si la région était régulièrement attaquée par des nobles, les bandits devaient certainement la fuir de peur de se retrouver sur le chemin d'une quelconque armée.

Aaron observait tant les alentours que la jeune femme près de lui. Elle semblait soudain si légère et paisible... Ses remerciements lui allèrent droit au cœur et il s'inclina pour toute réponse. Il ne l'avait pas attiré ici sans raisons. Même en ne faisant que l'apercevoir, il devinait le quotidien de Louise, le poids des responsabilités sur ses épaules, le deuil qu'elle portait tant dans sa présentation que dans son Souffle... Il connaissait tout cela mais il avait un fils pour lui rappeler certaines priorités de la vie. Il fallait bien que quelqu'un joue ce rôle auprès de la nouvelle Dame de Fernel. Après tout, elle était tel un oiseau sauvage. Elle pouvait assumer ses devoirs mais elle avait parfois besoin de s'envoler au gré du vent de ses envies.
Lorsqu'elle s'excusa de nouveau, il prit un air plus sérieux, la fâchant presque du regard. Parallèlement à cela, il approcha sa monture et posa une main bienveillante sur la sienne.

-Cessez de vous excuser. Commanda-t-il avec douceur. Vous aurez beau fournir tous les efforts, vous ne pourrez jamais être partout à la fois. Et Efren et moi avons connu bien pire qu'apprendre à ne pas nous perdre dans les couloirs d'un château. Acheva-t-il sa remontrance sur une note d'humour. Un sourire apaisant étira ses lèvres tandis qu'il continuait. Je vous tiendrais compagnie avec plaisir, aussi souvent que vous le voudrez.

Il était heureux que personne ne puisse les voir, sans quoi il ne se serait sans doute pas laissé aller à une telle proximité. Car, pour venir trouver sa main, il avait dû se pencher a minima. Il soutint néanmoins son regard, peu gêné par la faible distance entre eux, avant de finalement se redresser.

-Et, si je puis vous dispenser un conseil... Essayez de ne pas laisser vos conseillers se complaire dans l'oisiveté. Dit-il avec légèreté.

Depuis qu'il était arrivé, il avait à peine vu Louise... alors que sa fonction devrait théoriquement l'amener en sa présence de façon très régulière. Elle semblait vouloir tout faire seule, rendant les deux hommes à son service totalement inutiles, tout en se surchargeant au passage. C'était souvent l'erreur que commettaient les débutants ou les orgueilleux qui voulaient faire leurs preuves quitte à se mettre en danger. Il voulait qu'elle en prenne conscience mais elle n'avait pas besoin qu'on le lui dise avec rigueur. Aussi avait-il choisi d'aborder la question avec humour.

-Confiez-nous des missions, dites-nous quelles lignes de conduite suivre et nous nous en occuperons pour vous. Si jamais nous avons un doute, nous viendrons vous trouver mais vous gagnerez du temps. Du temps que vous pourrez consacrer à Lasgalen, et pas seulement pour une étreinte à la volée dans l'écurie. Tenir un commerce et un domaine, c'est certes un peu différent mais il y a certains points communs. Je serais ravi de vous aider à vous organiser dans la gestion de vos tâches.

Il étira un doux sourire. Elle pouvait ignorer ses paroles mais il avait bon espoir que la perspective de pouvoir se dégager quelques trous dans son emploi du temps l'intéresse fortement. Dans tous les cas, il disait cela dans son seul intérêt. Son rôle à lui était déjà trouvé, cependant il ne serait pas contre la soulager un peu de sa charge si cela pouvait lui permettre de prendre quelques heures pour elle de temps à autres.

A la question sur les terres de la demoiselle, Aaron passa un regard autour de lui.

-A vrai dire, je n'en ai hélas pas vu grand chose pour l'instant. C'est la première fois que je sors du château depuis notre arrivée. J'ai prévu de visiter un peu les lieux, en commençant pas les derniers sites attaqués afin de me renseigner un peu sur les façons de procéder de ces... comment les aviez-vous appelés ? Ah oui ! Ces "bas de plafonds". Dit-il en plissant des yeux faussement accusateurs à l'encontre de la Demoiselle tandis qu'il lui rappelait ses mots peu dignes d'une noble mais dont il ne s'était nullement offusqué. Je pourrais certainement en retirer quelque chose d'utile pour Efren.

Puisqu'elle lui posait la question, il en profitait pour lui faire part de ses prochains projets. Cependant, il ne voulait pas que le sujet gâche cette sortie aussi conserva-t-il un ton plein d'humour afin de conserver la légèreté du moment. Il n'y avait rien de grave en soi dans ce qu'il évoquait : il n'y avait pas eu de nouvelles attaques pour le moment. Ces messieurs semblaient avoir au moins la délicatesse de respecter la période de deuil.

-Quant aux ferne... lois ? Ils sont ma foi aussi accueillants que leur maîtresse. Conclut-il sur un ton soudainement aussi doux que sincère.
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MessageSujet: Re: Promenade dans la poudreuse | Louise & Aaron   Promenade dans la poudreuse | Louise & Aaron I_icon_minitimeMar 12 Mai 2020 - 19:12


J’ai toutes les raisons du monde de vouloir m’échapper un peu de ma demeure et tout autant de raisons de vouloir y retourner. Sans cesse écartelée entre mon devoir et mes désirs, mes obligations et mes aspirations, j’en arrive à devenir lointaine, distante, froide même. Y compris envers celles et ceux qui vouent leur vie à mon service et au service du domaine. Ce n’est pas très juste. Bien sûr, mon père m’a appris des choses. A son décès, j’ai pris le flambeau sur quelques petits points pendant que mère gérait tout le reste, au temps où elle se sentait encore capable de tenir les rênes du domaine. Quand son état s’est dégradé, ma part dans la gestion du domaine est devenue plus conséquente. Cela étant, on n’est jamais vraiment, je pense, préparé totalement à tout gérer du jour au lendemain.

C’est sur ces réflexions un peu tristes que je sens une main se poser sur la mienne. Une rougeur qui n’est pas due au froid colore vivement mes joues, alors que je le regarde lui, si proche maintenant. Personne ne s’autorise jamais la moindre familiarité avec moi et depuis le départ de mère pour l’autre monde…c’est pire que tout. La dernière fois que j’ai pu ressentir autre chose que de la douleur, de la fatigue ou de la peine, c’était dans cette auberge juste avant Serramire. Cet homme à la voix si profonde que j’ai bien cru me perdre dans ce chant qu’il a entonné à ma requête. Cela étant, cela n’a absolument rien à voir avec ce geste tout simple et pourtant si doux. Je serrai un bref instant ses doigts, timide, avant de sourire un peu, regrettant déjà qu’il ôte son contact, bien trop bref à mon goût.

- Je craindrais trop de vous ennuyer, Aaron. Me tenir compagnie toute la journée serait assommant pour vous, vous pouvez me croire. Hem…

Je passe une main distraite sur l’encolure de Lasgalen qui soulève à chaque avancée des flots de neige fluide et scintillant comme des milliers d’étoiles. La route a disparu sous l‘épaisse couche de neige mais mon ami connait le chemin et je sais où il se rend, ce qui me comble de joie. Quoiqu’il en soit, Aaron a raison, et je ne le sais que trop bien. Déléguer est la clé, mais…

- J’ai peur Aaron. Peur que les gens ne me prennent pour une incapable. Pire. Qu’ils pensent que je ne suis qu’un jouet manipulé par des hommes. Nous vivons dans un monde d’hommes, dirigé par des hommes. Le fait même d’être à la tête d’un domaine et de ne pas trouver d’époux doit être une bizarrerie sans nom. Rien que cela doit faire rire dans certaines chaumières. Je refuse simplement qu’on puisse penser que je ne suis qu’un petit pantin fragile. C’est pour cela que je travaille autant, je veux être à la hauteur des attentes, pas un sujet de moquerie.

Les grands arbres se font plus nombreux et la neige plus rare, moins accumulées sous les branches de chênes centenaires. Les branches dénudées et chargées de poudreuse installent une ambiance presque magique, tant le silence est partout, seulement rompu par le bruit de l’eau là bas plus loin. Lasgalen renâcle, je souris.

- Tu veux aller aux cascades de glace…Petit malin !

Je reporte un regard rieur sur Aaron avant de poursuivre, un peu plus sérieuse :

- Mon domaine est enchanteur aux beaux jours, magique en hiver. Et les gens y sont en tout temps accueillants. Chacun est le bienvenu ici, pour autant qu’il sache se tenir. Il y a un sens du partage, une vraie cohésion de groupe, une entente tacite entre tous. J’essaye d’être aussi disponible que possible pour chacun, c’est essentiel. Bien sûr, il arrive que les gens se disputent, comme partout, mais chaque conflit est réglé de manière sage et juste. A ce jour, je n’ai jamais entendu un Fernelois se plaindre.

Le bruit de l’eau se fait plus intense tandis que les chênes s’éloignent pour laisser place à un spectacle d’une beauté saisissante. De là où il se trouve, Aaron pourra sans peine distinguer une eau bleu de ciel tombant avec fracas sur de gros rochers situés en contre bas de la route sur laquelle nous nous trouvons. De chaque côté de cette eau de cristal se forment d’immenses sculptures naturelles, luisant sous le soleil, reflétant chaque rayon avec l’intensité du diamant. Je le regarde observer les chutes de glace et murmure :

- C’est ici que je viens, quand je veux réfléchir et me sentir en paix. Le tumulte de ces eaux fait parfois écho à mes propres sentiments. Et quand j’entends ces grondements, cette puissance, quand je vois toute cette beauté pure et sans malice, je me dis que cela vaut la peine de vivre, cela minimise mes peines. La plupart du temps.

Je montre ensuite un petit bosquet d’arbres toujours verts, de grands sapins, qui pourront abriter nos chevaux pendant que je montre tout cela d’un peu plus près à Aaron. Lasgalen sait ce qu’il doit faire et y avance, sans même que je ne le lui dise.

- Le froid est dur, implacable et sans pitié. Il peut aussi être plein de poésie et de beauté, vous savez…

Arrivés sous les grands arbres, à l’abri de la neige, les chevaux s’arrêtent. J’attends patiemment que mon compagnon de route veuille bien m’aider à descendre de cheval. Chevaucher en robe à ses inconvénients. Pas de galop, pas de courses et…l’obligation d’avoir une main chevaleresque pour m’empêcher de rouler plus loin en m’empêtrant les pieds dans les nombreux plis de mes jupes et de ma cape. Moins assurée que d’ordinaire, je lui tends la main pour qu’il m’aide à descendre de Lasgalen en disant, timide :

- Je voudrais vous montrer ce qu’il y a en contrebas.
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MessageSujet: Re: Promenade dans la poudreuse | Louise & Aaron   Promenade dans la poudreuse | Louise & Aaron I_icon_minitimeMer 13 Mai 2020 - 20:00

La peur que la jeune femme exprima ne fit que lui confirmer ce qu'il avait déjà compris. Elle tentait de faire ses preuves, de montrer qu'elle pouvait y arriver et, surtout, qu'elle n'avait pas besoin d'un mari pour y parvenir. C'était à la fois prévisible et compréhensible comme démarche. Mais elle oubliait une chose essentielle.

-Combien de personnes entourent le Roi pour l'aider à gouverner, d'après vous ? La question était rhétorique et n'était là que pour lui faire comprendre une notion essentielle qu'il ne tarda pas à expliciter. Plus on possède de pouvoir, plus on a de responsabilités et moins on a de temps à accorder à chacune d'elles. Personne n'attend pas d'un chef qu'il gère tout lui-même, c'est tout simplement impossible. En revanche, on attend de lui qu'il sache conserver la main sur tous les sujets qui le concerne de près ou de loin. Aussi louable que soit votre démarche, souvenez-vous que savoir déléguer, ce n'est pas une faiblesse. C'est le meilleur moyen se préserver et de conserver ses forces pour les sujets qui ont vraiment de l'importance.

A trop vouloir en faire, elle pourrait sombrer et c'était là le plus grand danger. Si elle perdait pied, elle se retrouverait exposée et ses adversaires auraient tout le loisir de profiter de la situation. Au lieu de cela, elle devait montrer qu'elle savait administrer ses terres telle un véritable Seigneur et cela ne signifiait pas qu'elle devait en faire deux fois plus que les autres. Elle devait au contraire savoir donner ses ordres pour que d'autres gèrent à sa place des questions quotidiennes ou récurrentes et ainsi garder du temps pour ses loisirs, pour dormir aussi... et surtout se tenir prête en cas de difficultés.

Aaron haussa un sourcil intrigué en entendant parler de "cascade de glace" mais il ne dit rien, prenant son mal en patience tout en continuant de suivre la conversation.

-Vos gens sont heureux de voir avoir, c'est indéniable. Commenta-t-il.

Il garda pour lui le fait qu'ils seraient bien tristes si les terres de Fernel devaient appartenir à d'autres mains du fait d'un mariage. Elle n'avait certainement pas besoin qu'il le dise pour qu'elle le sache. Et elle n'avait pas non plus besoin qu'on lui rappelle cette épée de Damoclès au-dessus de sa tête.
Mais alors qu'il taisait cette pensée, son regard fut attiré par un spectacle hors du commun. Il observa l'eau tombant sur le sol avec fracas et éclaboussant les alentours pour former d'étranges formes qui luisaient au soleil. C'était beau... Et il regrettait qu'Efren ne puisse voir cela. Mais c'étaient les conséquences de sa situation... C'était parfois difficile mais ils l'avaient accepté.

Louise lui confia alors qu'elle l'avait conduit dans son refuge. Aaron comprit l'intimité de l'endroit pour la jeune femme et ne manqua pas de remarquer qu'elle l'y avait mené sans la moindre hésitation, comme s'ils se connaissaient de longue date. Il n'en montra rien mais cette attitude le toucha autant qu'il lui posa question. Il en était heureux et le redoutait à la fois. L'ambivalence de ses émotions demeura tandis que leurs montures se guidaient elles-mêmes vers un petit regroupement d'arbres. Là, ils s'arrêtèrent et le quarantenaire n'oublia évidemment pas de porter assistance à la Dame de Fernel, portant ses mains à sa taille pour l'aider à descendre de selle.

Debout près de Lasgalen, il la dominait de toute sa hauteur digne du nordien qu'il était. Il étira un sourire aussi doux que d'ordinaire.

-Je vous suis.
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MessageSujet: Re: Promenade dans la poudreuse | Louise & Aaron   Promenade dans la poudreuse | Louise & Aaron I_icon_minitimeMer 13 Mai 2020 - 21:31


Je dois lever la tête pour l’observer. Après avoir replacé correctement ma cape, je murmure un tout petit :

- Suivez-moi.

Lasgalen et la monture d’Aaron se tiennent tranquilles sous les arbres, nous regardant nous éloigner dans la neige. Je n’ai pas peur de cette poudreuse, elle s’écrase facilement sous nos pas et nous progressons sur quelques dizaines de mètre jusqu’à ce que soudain sous nos pas le tendre bruit étouffé de la poudreuse écrasée se mue en craquements plus secs, comme si nous marchions sur des centaines de feuilles mortes. J’esquisse un sourire, alors que devant nous les chutes se font plus précises, plus détaillées…plus belles encore. Je m’arrête au bord de ce qui se révèle être un petit promontoire, tout à fait indétectable depuis la route. L’eau chute sur de gros rochers à une quinzaine de mètres en contrebas et c’est précisément cela que je veux montrer à Aaron. Les millions de petites gouttelettes d’eau se cristallisent, sous l’effet du froid, et se déposent en concrétions naturelles formant des lames de glaces ici et là, comme des bouquets d’épées translucides, d’une beauté sans pareille. Ce sont ces petits cristaux qui crissaient sous nos pas. Je l’invite à regarder, tout sourire :

- Il n’y a qu’ici que ce phénomène se produit à cette échelle-là. Ailleurs, cela ressemble à des petits pics sans importance. Ici…Ici, c’est beau. Je pourrais rester là des heures, à observer l’eau se muer en d’autres choses. Et à écouter ce son grondant et terrible à la fois. Aux beaux jours, je m’assieds là, sur le sol, les jambes dans le vide. Personne ne vient jamais ici, c’est mon refuge à moi.

Je laisse Aaron s’imprégner de la beauté de l’endroit tout en réfléchissant à ce qu’il vient de me dire. Il a raison. Mille fois raison. Je le sais. Je l’observe à la dérobée, puis reporte mon attention sur les chutes, baissant soudain la tête. Je dois lui paraître bien ridicule, parfois, bien petite et bien naïve. Il a le double de mon âge, il a du voir tant de choses, rencontrer tant de gens, découvrir tant de merveilles ! Je n’ai pas envie de le décevoir. Je n’ai pas envie de décevoir qui que ce soit.

- Le peuple de Fernel, c’est la famille que je n’ai plus, Aaron. Je ferais n’importe quoi pour ces gens.

Et c’est vrai. Nous ne sommes pas nombreux, nous sommes enclavés au milieu de territoires plus vastes, aux pieds des montagnes, notre situation n’est pas la plus commode, mais nous sommes soudés et le peuple de Fernel le sait. Je regarde soudain ailleurs. Que deviendrait ce peuple que j’aime tant si je venais à disparaître sans héritier ? Une lassitude immense tomba comme la misère sur le pauvre monde sur mes épaules. Je n’ai pas envie d’aborder ce sujet maintenant, non, je n’en ai pas envie mais il faudra que je le fasse, parce qu’il est mon conseiller et que l’affaire est grave. Nous sommes loin du château, loin de toute oreille indiscrète, je pourrais faire cela maintenant, en être débarrassée, mais non. Je n’ai pas envie de rompre le charme en souillant ces quelques instants précieux par des nouvelles terribles. Je ne regarde plus les lames de glace, je me détourne de tout cela, pour m’éloigner, fatiguée.

- Venez, Aaron. Eloignons-nous, voulez-vous ?

La fatigue que je ressens est intense. Lasgalen nous voit revenir et dresse les oreilles tout en nous regardant. Le cheval frappe le sol de son sabot et je m’en approche, pour à nouveau nouer mes bras autour de son encolure, les yeux fermés.

- Je sais…Moi aussi je voudrais bien galoper et ne plus penser à rien, mon ami…

Je me défais de cette étreinte et regarde Aaron, un peu gênée. Je sais que je dois paraître folle, à parler à mon cheval comme je le ferais à quiconque m’adresse la parole. Je tousse afin de me donner une petite contenance.

- Nous pouvons continuer sur cette route pendant quelques kilomètres, si vous le souhaitez. La vue sur les montagnes est belle mais peut-être avez-vous également envie d’entrer plus avant dans les terres, afin de mieux voir de quoi il retourne exactement ? Rencontrer les gens ? Ou peut-être préférez-vous rester ici, à deviser tranquillement ?

Aucune de ces idées n’est déplaisante. Peut-être qu’il serait bienvenu que je me montre un peu, après tous ces jours à chevaucher pour rien sur les routes menant à Serramire et tous ces jours de deuil et de travail. Cela signifie pourtant un détour assez conséquent, et nous ne sommes pas vraiment équipés pour une pareille expédition qui nous prendrait  des heures. Nous n’avons ni eau ni nourriture. Nous devrons compter sur la gentillesse des paysans. Peut-être que rester ici, à simplement discuter est tout aussi bien. Je me plierai à son choix. Tant que je passe un peu de temps en sa compagnie, loin de tout et de tous les autres.

- Racontez moi votre maison d’enfance, Aaron. Dites m’en un peu plus sur vous. Vous voulez bien ?
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MessageSujet: Re: Promenade dans la poudreuse | Louise & Aaron   Promenade dans la poudreuse | Louise & Aaron I_icon_minitimeJeu 14 Mai 2020 - 20:30

Aaron l'accompagna, conservant un œil sur le trajet qu'ils empruntaient et sur le risque que la demoiselle puisse glisser. Il se tenait prêt à la rattraper si nécessaire. Mais sa vigilance n'eut pas besoin d'être mise à profit et ils arrivèrent sans encombre sur place. Le spectacle était plus étonnant encore vu d'ici. Depuis là-haut, il n'avait perçu que les statues naturelles qui se formaient tout autour de la chute d'eau mais, en s'approchant, on remarquait un autre phénomène tout à faire fascinant. Des gouttes d'eau presque invisibles se retrouvaient soudainement isolées de la masse et exposées au froid vigoureux de l'hiver. Elles gelaient alors instantanément avant de venir chuter sur le sol pour former un tapis craquelant et crissant sous leurs pas.
Tandis qu'il observait le spectacle, il remarqua du coin de l’œil que Louise s'en détournait au contraire. Il tourna ses yeux vers elle quelques instants, se demandant quelles questions pouvaient bien préoccuper son esprit au point de la distraire de la magie de ce moment. Cependant, il ne dit rien, se contentant de la regarder. Il admirait sa dévotion à son peuple et se retrouvait un peu en elle sur ce point. Lui aussi avait une cause à défendre, il s'était même mis en péril pour elle... Et il n'en regrettait rien. Il lui aurait bien dit qu'elle aurait sa propre famille un jour mais avec qui et dans quelles conditions ? Il y avait tant d'incertitudes sur cette question. Peut-être était-ce cela qui la troublait.

Finalement, il revint sur la cascade avant même qu'elle n'ait remarqué quoi que ce soit. Il lui adressa un regard à demi surpris lorsqu'elle lui demanda de s'éloigner. Est-ce que sa présence rendait l'endroit moins apaisant à ses yeux ou avait-elle seulement besoin de bouger après la pensée qui venait de la traverser ? Il ne dit rien de son questionnement et se contenta de la suivre une fois encore.

Contrairement à ce qu'elle pensait, il ne la croyait pas folle en la voyant parler à son cheval. C'était probablement les créatures les plus intelligentes en ces terres et il était évident qu'elles parvenaient à comprendre leur cavalier, surtout lorsqu'un lien étroit se construisait avec eux. Alors non, il ne la jugeait nullement et il répondit à sa gêne par un sourire amical. S'il ne l'avait jamais vécu, il pouvait comprendre la relation d'un animal à son maître.
Son regard se tourna vers la route qu'elle lui proposait -entre autre chose- de suivre. Puis il revint vers elle.

-Vous me présenterez vos terres une autre fois. Cette sortie est pour vous. Lui rappela-t-il gentiment.

Elle avait besoin de prendre l'air et de penser à autre chose qu'à Fernel et aux obligations qui devaient être les siennes. Son premier souhait avait été de s'isoler et il pouvait aisément en deviner la raison. Dans la vallée, les gens viendraient la trouver. Ils se voudraient se montrer bienveillants en lui transmettant leurs condoléances, lui rappelant par la même la douleur qui était la sienne. Ils en profiteraient pour lui poser des questions qui la renverraient aussitôt à ses responsabilités et à cette montagne de lettres qui l'attendaient. Ils évoqueraient les attaques des nobles des environs et ce serait remettre la belle Louise face à cette dure réalité que le Duc lui avait si singulièrement rappelé. Non, elle n'avait pas besoin de tout cela. Elle devait souffler, se vider la tête, ne serait-ce qu'une heure.
Alors, d'un geste, il lui proposa de marcher un peu dans ces bois. Et la jeune femme sembla comprendre son idée, s'orientant vers un sujet de discussion qui n'avait rien à voir avec sa mère, ses prétendants ou même Fernel. Il haussa un sourcil surpris, jouant un peu l'homme atteint dans son intimité, mais un sourire satisfait et amusé vint vite ôter tout doute à Louise. Il parlerait de lui si c'était ce qui pouvait lui faire du bien.

-Nous vivions dans une grande maison. Je ressemble à mon père, sans le côté froid et austère. Commenta-t-il avec humour, ayant visiblement pris le parti de rire du caractère de son paternel plutôt que de s'en apitoyer. Mais ma mère compensait bien assez en nous entourant de son affection. Le soir, elle nous racontait des histoires à propos de chevaliers et de créatures fantastiques. Et de princesses et autres damoiselles en détresse... Pour mes sœurs. Ajouta-t-il, plissant les yeux dans une expression amusante qui devait signifier que le petit garçon qu'il était n'aimait guère cela. Quel enfant ne préférait pas les récits d'aventures et d'héroïsme aux contes pour petites filles ? Son expression redevint plus douce tandis qu'il riait de ses réactions de l'époque. Vos parents vous lisaient ce genre d'histoire à vous aussi ?
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MessageSujet: Re: Promenade dans la poudreuse | Louise & Aaron   Promenade dans la poudreuse | Louise & Aaron I_icon_minitimeVen 15 Mai 2020 - 8:35


La réponse d’Aaron me convient parfaitement. Le geste qu’il a afin de me montrer le petit bois m’arrache un sourire. Une promenade à pieds sous les branches chargées de neige est la bienvenue et aura le mérite de ménager nos montures, en plus de nous apporter une intimité appréciable. J’initie donc la marche, le laissant à sa guise prendre place à mes côtés, tandis qu’il raconte un peu son enfance. Une enfance que je n’ai pas vécue de la même façon.

- Vous avez grandi dans un foyer aimant, Aaron. Cela se sent dans vos paroles. Vous avez de la chance d’avoir des sœurs. J’aurais tant aimé avoir un grand frère ou une petite sœur, moi aussi…

Le destin en a malheureusement décidé autrement. Mère était jeune quand je suis née et plus jamais elle n’a été en mesure de donner un autre héritier à Père, à mon grand regret tout comme celui de mon bien aimé parent. Toute ma vie aurait été différente si cela avait été le cas. Peut-être ne serais-je pas la Dame de Fernel à cette heure. Peut-être pourrais-je faire ce qu’il me plaît, avoir tous les avantages sans les inconvénients. Quoiqu’il en soit, on ne refait pas le passé. Les choses sont ainsi et je dois bien en prendre mon parti. Désormais je suis habituée à cela, tant et si bien que je ne parviens plus vraiment à imaginer une vie sans toutes ces responsabilités qui pèsent sur mes épaules.

- …mais non, mes parents ne prenaient pas vraiment le temps de me lire des histoires. Une servante, qui est toujours au château d’ailleurs, s’en chargeait et me contait des légendes merveilleuses, des histoires palpitantes dans lesquelles les princes épousent les princesses et ils vécurent heureux en ayant beaucoup d’enfants…Certainement les mêmes que celles racontées à vos sœurs.

Je prends une profonde inspiration alors que nous nous enfonçons dans les bois, désormais protégés de la neige par les branches épaisses et entremêlées. Au sol, il n’y a plus que de la mousse, quelques petits monticules de neige tombés au gré du vent léger, et un lit d’épines marron. Et je me sens beaucoup mieux. Un peu comme si la certitude de ne pas être observée me rassurait, sans vraiment savoir pourquoi. Peut-être qu’à force d’être sous observation constante, j’en arrive à devenir quelqu’un d’autre. Un quelqu’un d’autre qui me déplaît. Ici, à l’abri de tout et de tous les regards sauf de celui d’Aaron, je redeviens peu à peu moi-même.

- Cela étant je n’ai jamais manqué d’affection. Toute proportion gardée évidemment. Père m’a enseignée des tas de choses et se limitait souvent à ces enseignements. Mère, quant à elle…elle me prodiguait des conseils. Sur tout. Et tout le temps. Parfois, elle me regardait d’un air si distant et si triste que je me demandais ce que j’avais bien pu faire comme bêtise pour l’attrister à ce point.

Evoquer ma mère est toujours douloureux. Pour des raisons que je répugne à confier à Aaron. Et pourtant, je n’ai pas le choix, je le sais. Je repousse cet instant là autant qu’il m’est possible de le faire parce que je sais qu’une fois que ce sera dit, les choses seront irrémédiablement différentes. Et je n’en ai pas envie.

- Mère…Mère était quelqu’un de bien. Elle avait ses défauts, comme tout le monde, mais c’était une grande dame. Pas seulement à cause de sa noblesse de titre mais grâce à sa noblesse du cœur. Et pourtant…Elle a souffert. Tellement souffert, alors que je ne voyais rien. Il s’est passé tant de choses sans que je n’en devine la teneur, Aaron, et cela me torture. Car si je ne parvenais pas à déchiffrer ma plus proche parente, qu’en sera-t-il pour tous les autres qui me côtoient tous les jours ? Je ne vois pas les choses importantes, les sentiments…

Je m’arrête un instant pour ramasser un peu de neige que je regarde fondre dans ma main avant de le regarder lui, intimidée mais pleine d’espoir.

- Comment apprendre à discerner les choses ? Voir au plus profond des cœurs ? Est-ce seulement possible ? Y parvenez-vous, vous ?

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MessageSujet: Re: Promenade dans la poudreuse | Louise & Aaron   Promenade dans la poudreuse | Louise & Aaron I_icon_minitimeDim 17 Mai 2020 - 20:22


Aaron ne réagit pas mai, parler de foyer aimant était assez vite dit. Il n'y avait que sa mère qui répondait à cette définition après tout. Cependant, il n'était pas homme à se lamenter sur son sort. Certes, les moments où son père se trouvait là étaient moins heureux mais il ne pouvait pour autant pas dire qu'il était malheureux. Il avait sa mère et ses sœurs pour compenser ce cœur froid et intéressé. Plus tard, il avait eu ses amis, sa femme, son fils, Jonas... La vie n'était pas toujours facile -en témoignait ses allées et venues sur les routes- mais il ne s'en plaindrait pas. Elle avait le mérite d'être toujours là au moins.
Il l'écouta ensuite compter sa propre histoire et il fut étonné d'apprendre qu'elle n'avait partagé que si peu d'instants avec ses parents. En soi, voir une noble élevée par une servante plutôt que par sa propre mère n'avait rien d'extraordinaire. Cela se produisait plus souvent qu'on voulait bien le croire. Mais cela ne collait pas avec l'affection que Louise leur témoignait aujourd'hui encore.

-Vraiment ? J'en suis... assez surpris. Lorsque vous parlez d'eux, vous sembliez si proches...

Aaron était quelque peu dérouté et ne s'en cachait pas. Loin de lui l'idée de se montrer indiscret cependant, il essayait seulement de comprendre cette situation plutôt paradoxale entre un père précepteur, une mère distante et l'amour inconditionnel de leur enfant. Cependant, la demoiselle entreprit de lui répondre, lui parlant de sa mère et de la souffrance qui avait été la sienne durant des années. Il ne chercherait pas à savoir de quoi il en retournait, il avait conscience d'être déjà dans la sphère du privé et il lui semblait comprendre que Louise ne voulait pas se montrer plus explicite. Qu'elle ait des raisons particulières ou qu'il ne s'agisse que de pudeur, qui était-il pour insister ? Cela ne le regardait en rien. Il était encore un inconnu à tellement d'égards... Il n'était en rien intime avec elle. Il se contenta donc d'écouter le message et de réfléchir à sa question.
Lorsqu'elle releva les yeux vers lui, il étira un sourire apaisant et s'approcha de quelques pas.

-Je crois y parvenir. Même s'il m'arrive de me tromper. Je ne suis qu'un homme après tout.

Il étira un peu plus son sourire, amusé par ses propres erreurs passées. Il ne rappellerait pas l'avis qu'il s'était émis concernant Arnaud. Il avait bien souligné le fait de ne pas le connaître suffisamment pour être certain qu'il viendrait en aide à Louise mais il avait bon espoir. La réponse qu'il lui avait faite montrait bien que son instinct n'était pas infaillible. Il se pouvait que le Duc soit quelqu'un de bien mais pas au point de se compromettre pour venir en aide à la jeune femme, visiblement.

-La plupart du temps, il s'agit d'observer. Autant votre interlocuteur que vous-même. Si vous avez la sensation que quelque chose cloche, le plus souvent, c'est que c'est le cas. Il faut savoir utiliser son cœur autant que sa tête. Le premier est le siège de votre instinct et l'autre de votre raison. Si l'un vous dit d'être méfiante, l'autre vous le confirmera, voire vous donnera l'explication de votre réaction. Il plissa les yeux, tournant légèrement la tête sur le côté. Je ne suis pas certain d'être clair.

Il n'était pas toujours évident d'expliquer les sujets aussi abstraits. C'était comme tenter d'expliquer le fonctionnement de la magie à un profane : sans posséder la perception des flux, la plupart du temps, les mots n'atteignaient pas son interlocuteur. Il décida donc de lui proposer un exercice pratique.

-Prenez-moi, par exemple. Qu'est-ce que votre cœur et votre esprit vous disent me concernant ?

A à peine un pas de distance, il la regardait de toute sa hauteur. Les mains dans le dos, il posait sur elle son regard bleuté. Son expression était paisible et douce. Ses yeux semblaient toujours luire de cette petite étincelle de malice et de joie mêlées, lui donnant l'air souriant alors que ses lèvres étaient finalement plutôt neutres. Sa carrure était plutôt fine étant donné sa taille mais sa musculature correspondait à ce que l'on s'attendait à trouver chez un guerrier. Il se tenait droit sans être rigide et ne baissait jamais les yeux. Comme en cet instant, alors qu'il laissait à Louise le soin de l'étudier, son regard plongé dans le sien.
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MessageSujet: Re: Promenade dans la poudreuse | Louise & Aaron   Promenade dans la poudreuse | Louise & Aaron I_icon_minitimeDim 17 Mai 2020 - 21:39

- A la vérité…J’ai tenté d’être la meilleure fille possible. Je les ai aimés de toutes mes forces, je voulais être digne de telles personnes. J’aurais fait n’importe quoi pour qu’ils soient fiers de moi. Quel dommage que vous ne les ayez jamais rencontrés, Aaron.

La neige que j’avais ramassée avait depuis longtemps fondu alors que je l’écoutais, attentive, les yeux rivés sur lui. Utiliser son cœur et sa tête pour deviner ? Pour ressentir si quelque chose cloche ? Mais…Comment y parvenir quand ma tête est encombrée de mille et une pensées contradictoires, de doutes, de peur et d’angoisses ? Comment y parvenir quand je revois, sans le vouloir, le corps de ma mère, la bouche ouverte, béante, figée dans la laideur de la mort ? Comment utiliser mon cœur, quand celui-ci me hurle des choses contradictoires sur à peu près tout le monde ? Comment utiliser mon cœur dans cette pagaille de sentiments ? Et tout cela au milieu d’une fatigue si intense que je pourrais m’endormir à peu près n’importe où ?

- Je crois que j’ai compris ce que vous essayez de me dire, Aaron, mais…Je crains de ne pas être en mesure d’utiliser mon cœur et ma tête de façon simultanée en ce moment…Je…

Je m’arrête soudain, figée par la question qu’il vient de me poser. Il est là, à un pas de moi, si grand que je dois lever la tête vers lui pour accrocher son regard bleu. Qu'est-ce que votre cœur et votre esprit vous disent me concernant ? Vient-il réellement de me poser cette question ? Une rougeur qui n’est pas due au froid ambiant vient colorer mes joues, je le sais, je le sens. Je n’ose même plus le regarder, maintenant, ne sachant pas quoi répondre sans paraître idiote, trop jeune, sotte, complètement hors de propos. Il se passe d’ailleurs de longues, très longues secondes avant que je réponde quelque chose d’intelligible, sans seulement le regarder tellement je suis intimidée et certaine de paraître totalement insignifiante.

- Je…

C’est trop bête. Je ne parviens pas à trouver les mots. Je cherche quelque chose de joli à lui répondre, parce que j’ai envie de lui dire de jolies choses. De lui parler de sa gentillesse, de sa douceur et de sa bonté à mon égard. J’ai envie de lui parler de cette façon qu’il a d’être toujours paisible et apaisant. De cette façon qu’il a de me regarder et de sourire. J’ai envie de lui dire que sa présence m’a manquée. Terriblement. De lui dire qu’il a été ma principale préoccupation lors des révélations d’Elazar. Celui pour qui je me suis immédiatement inquiétée. Ma tête et mon coeur sont en parfait accord à son sujet, cela ne fait pas le moindre doute, et cela depuis cet instant où il est venu à mon secours dans cette auberge sur la route de Serramire. J’ai envie de lui dire tout cela, mais faute d’expérience en ce domaine où je suis la plus parfaite des novices, je suis d’une maladresse crasse et d’une gaucherie lamentable. C’est trop bête, j’en ferme d’ailleurs les yeux, dépitée. Je les rouvre une seconde plus tard pour le regarder, vrillant mon regard au sien et murmure, vaincue par mon inexpérience :

- Aviez-vous vraiment besoin de poser cette question, Aaron ?

Visiblement, le trouble dans lequel il me plonge n’est pas réciproque. L’évoquer devant lui me fait à nouveau baisser la tête. Le rouge de mes joues s’étend à mon front, je dois avoir l’air totalement ridicule.

- Je vous demande pardon. C’était totalement inapproprié. Et hors de propos. Je vous prie de m’excuser...Voulez-vous continuer la promenade?
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MessageSujet: Re: Promenade dans la poudreuse | Louise & Aaron   Promenade dans la poudreuse | Louise & Aaron I_icon_minitimeMar 19 Mai 2020 - 20:06

Aaron écarquilla légèrement les yeux tout en se redressant sensiblement. Il s'attendait à beaucoup de réponses, s'orientant soit vers la gentillesse qui se dégageait de lui, ou cette envie de lui faire immédiatement confiance sans même le connaître ou bien encore sur sa discrétion qui lui donnait quelque chose de mystérieux car il en disait finalement si peu sur lui... Mais non, rien de tout cela... A la place, elle lui fit une déclaration à demi-mot qui le laissa pantois et confus.
Il n'avait pourtant pas l'impression d'avoir fait quoi que ce soit pour que cela se produise. Il était doux et attentionné par nature. Cependant, il était vrai qu'elle était inexpérimentée en matière de relation avec les hommes et le quarantenaire s'était montré plutôt tactile avec une femme qui n'y était pas habituée. Peut-être était-ce là son erreur. Mais, quelque part, il avait voulu ces contacts. Il voulait la protéger et qu'elle se sente en sécurité. Il savait pourtant le faire tout en y mettant les formes ou la distance qu'il fallait. Pourquoi n'y était-il pas parvenu cette fois ? Pouvait-il seulement se l'expliquer ?

Et maintenant, quoi lui répondre ? Quoi lui dire ?
La détromper ? Lui avouer que lui-même était surpris l'attitude qu'il avait eu envers elle ? Ne rien dire ?
Qu'est-ce qui serait le pire ? Le pire pour elle ou pour lui ? Ou pour "eux" (quelque serait le sens qu'on donnait à ce "eux") ?

Et finalement, une seule réponse lui vint.

-Apparemment, oui... Confia-t-il à mi-voix.

Oui, il avait eu besoin de poser cette question. Même si ce n'était pas du tout le sens qu'il avait voulu lui donner. Il lui avait demandé ce qu'elle percevait de lui en tant qu'individu, elle lui avait répondu -certes à côté- et le professeur devait avouer qu'il s'était trompé, une fois de plus. Il n'avait pas su voir les sentiments qui naissaient en son cœur et qu'elle évoquait à présent. Et il en était si surpris qu'il ne savait plus ce qu'il devait répondre, ignorant lui-même ce qu'il en était de son côté.

Louise s'excusa finalement et lui offrit de poursuivre ou non cette promenade dans les bois. Aaron ne réagit pas tout de suite, se remettant encore difficilement de la nouvelle. Cependant, alors qu'il allait enfin lui répondre, un craquement suivi d'un crissement se fit entendre au-dessus d'eux. Levant rapidement les yeux, le conseiller comprit aussitôt. Il eut tout juste le temps de saisir le bras de Louise pour la tirer vers lui, lui donnant assez d'élan pour l'enjoindre à s'éloigner rapidement de quelques pas dans son dos. Ainsi, il se retrouva seul sous la neige qui tombait depuis une branche exposée au soleil.

Les épaules relevées, les yeux fermés, le quarantenaire était recouvert de petits monticules blancs sur la tête, la cape et dans le col. Il se retourna lentement vers la demoiselle, ouvrant un œil pour s'assurer qu'elle allait bien.

-On pourra dire que je sais garder la tête froide. Plaisanta-t-il avant de se secouer la tête pour faire tomber la neige qui s'y trouvait. Puis il épousseta ses épaules et tâcha de retirer la neige logée dans sa nuque avant qu'il ne se retrouve vraiment mouillé. Ça va ? S'enquit-il alors qu'il se trouvait dans une position fort peu confortable pour tenter d'accéder à une boule de neige coincée dans le col de son manteau et qui fondait déjà au contact de sa peau.
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MessageSujet: Re: Promenade dans la poudreuse | Louise & Aaron   Promenade dans la poudreuse | Louise & Aaron I_icon_minitimeMar 19 Mai 2020 - 21:12


Je n’aurais pas du dire cela. J’aurais du garder ces mots pour moi. Le silence est d’or, disait ma mère. Et il y a des circonstances qui justifient cette maxime plus cruellement que d’autres. Un embarras sans commune mesure à ceux que j’ai vécu jusqu’ici m’envahit. Est-ce possible d’être aussi empotée, d’être aussi maladroite… Il a eu l’air si surpris qu’il en a écarquillé les yeux. Je préfère regarder ailleurs, rouge jusqu’à la racine des cheveux. Je n’ai aucune explication à lui donner, aucune justification à ce que je lui ai dit. Il n’a rien fait pour encourager cela, il est resté un parfait gentilhomme en toutes circonstances, il n’a jamais cherché quoique ce soit, comme pourrait le faire n’importe quel idiot de mon âge. Il doit me prendre pour une jeune écervelée, j’en suis certaine, voire même une de ces dames peu vêtues qu’on peut voir parfois dans les tavernes de bord de route. Je meurs littéralement de honte. Que va-t-il penser de moi maintenant ?...Je n’aurais pas du dire cela.

Je n’ai pas vraiment le temps de songer à tout ceci davantage. Il a saisi mon bras si vite que je ne compris pas ce qu’il faisait. Ce n’est qu’après avoir été propulsée quelques pas derrière lui que je compris. Aaron vient de recevoir la quasi-totalité de la neige qui se trouvait sur une branche là-haut et en est recouvert. Le résultat de dos est plutôt étrange, il ressemble presque à une créature insolite, issue d’un conte pour enfant. La main devant ma bouche, un peu choquée et inquiète pour Aaron, j’avance vers lui, oubliant tout ce que je venais de penser en un instant, pour l’aider à dégager la neige qui trône encore dans son col. Me hissant sur la pointe des pieds pour mieux voir, je murmure :

- Garder la tête froide est une chose mais il vaut mieux ôter cette neige. Il n’y a rien de pire que des vêtements mouillés par ce froid.

Après avoir aidé à ôter le maximum de poudreuse et m’être assurée qu’il va bien, je recule d’un pas, frottant la neige qui s’attardait encore sur mes doigts. Un silence un peu gênant s’installe, un silence que je tente de rompre, à nouveau rouge jusqu’aux cheveux.

- Merci Aaron…Sans vous, j’aurais moi aussi revêtu une étrange parure…

Cachant mes doigts sous ma cape, je le regarde un bref instant avant de reporter mon attention sur les chevaux. J’ai des progrès à faire en matière de dissimulation. Même là, je suis incapable de masquer mon angoisse et ma honte. J’ai juste envie de creuser un trou et de m’y cacher pour les dix prochaines ennéades.

- Peut-être vaut-il mieux que nous rentrions…Vos vêtements…Vous allez avoir froid, même s’il y a du soleil. Hem…La DameDieu n’a visiblement pas envie de nous voir continuer cette promenade. Qui sait ce que vous recevrez sur la tête la prochaine fois…

J’essaye de me détendre en faisant un trait d’humour, tout léger, mais il n’y a rien à faire, j’ai trop honte pour rester là à ne rien faire. Je dois définitivement passer pour une imbécile. Quelle angoisse atroce. N’y tenant plus, je rabats ma capuche sur mes cheveux avant de commencer à m’éloigner, résignée :

- Oui, rentrons, je pense que c’est mieux. Des rouleaux m’attendent de toute façon…

Quelle radieuse perspective. Cela étant, les colonnes de chiffres et les courriers sans fin pourront certainement m’occuper assez l’esprit pour que je cesse de songer à cette nouvelle humiliation. Tout cela est trop compliqué pour moi. Parler avec son cœur, cela ne fait que du tort et cela a tendance à se produire un peu trop souvent ces derniers temps. Peut-être que ma tête aura, elle, le pouvoir de prendre le relais...même si j'en doute très sérieusement.




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MessageSujet: Re: Promenade dans la poudreuse | Louise & Aaron   Promenade dans la poudreuse | Louise & Aaron I_icon_minitimeMer 20 Mai 2020 - 20:42

Aaron se redressa, un peu plus à son aise. Grâce à Louise, il n'était débarrassé de la neige qui était restée désespérément ancrée dans son col. Il posa sur la demoiselle son regard aussi souriant qu'à l'accoutumée. Avec cette mésaventure, il en avait presque oublié sa déclaration et la situation dans laquelle ils se trouvaient tous deux. Cependant, la jeune femme n'avait pas oublié, elle. Pour une fois, c'était elle qui avait dû venir à son contact et cela ne devait pas être très confortable pour elle en l'état actuel des choses. Et sa plaisanterie... Il s'en flagella lui-même. Garder la tête froide alors qu'elle venait de lui faire part de ses sentiments. C'était d'un mauvais goût !
Louise décida de mettre un terme à leur sortie, allant jusqu'à évoquer la volonté de Néera qui était visiblement contre eux. L'air jovial du conseiller disparut alors et il ne trouva rien à dire pour l'en empêcher. Il fronça légèrement les sourcils en remarquant qu'il ne voulait pas que cette promenade se termine...

Ce n'était pas une bonne idée...

Alors Aaron ne dit rien et finit par emboîter le pas à Louise. Il l'aida à se remettre en selle avant de faire de même. Ils rentrèrent dans le plus lourd des silences et il ne trouvait toujours rien à dire... Il ne s'était encore jamais retrouvé dans pareille situation. La seule femme qui avait posé les yeux sur lui était la seule qu'il ait jamais aimé. Par la suite, une telle chose ne s'était jamais reproduite, pas même à sens unique. La situation était inédite, même pour lui, et il se sentait soudainement désarmé.

Après de bien longues minutes, le château fut en vue, grandissant de plus en plus sous leurs yeux. La montagne s'élevait d'un côté et les plaines s'étendaient de l'autre. Le quarantenaire observa la vallée avec attention et l'air pourtant ailleurs. Tout cela appartenait à Louise. C'était un miracle qu'Arnaud ne les lui ait pas retirées en sachant qu'une femme en serait désormais seule propriétaire. Elle avait cette chance et il savait qu'elle serait désespérée si elle devait perdre Fernel. Elle qui mettait tant d'ardeur dans la gestion de ses terres et qui faisait montre de tant de courage face à ses courtisans. Il lui avait offert de l'aider, mais pour quelques temps seulement. Il ne pourrait rester. Et, même s'il avait la possibilité de s'établir ici, il ne serait pas celui qui la tirerait du mauvais pas dans lequel elle se trouvait. Il serait l'instrument de sa chute au contraire...

Ils pénétrèrent dans la cour et il fut pris d'un terriblement sentiment d'échec. Lui qui voulait la divertir, il avait échoué. Elle était partie avec le sourire et revenait avec le moral aussi en berne que les drapeaux de son château. Ils ramenèrent leurs montures à l'écurie. Aaron aida une dernière fois Louise à descendre de selle et, la voyant reprendre les rênes de Lasgalen, il posa sa main sur les lianes de cuir, un peu plus loin.

-Laissez, je vais m'en occuper. Proposa-t-il en s'efforçant de lui adresser un sourire.

Alors que cela avait été un plaisir partagé que de préparer leurs chevaux en même temps, il lui semblait que l'humeur n'était plus du tout le même à présent et que la jeune aspirait avant tout à s'éloigner rapidement. Il lui offrait donc cette possibilité. Cependant, alors qu'elle se dirigeait vers la sortie, il la héla après une hésitation.

-Louise ? Il se tourna vers elle, guettant ses yeux en espérant qu'elle les tournerait vers lui. Mais elle pouvait s'attendre à ce qu'il ne s'apprête pas à lui annoncer une bonne nouvelle au vu de son ton. Et si elle lui faisait face malgré tout, alors elle découvrirait un air aussi grave que désolé. Si vous tenez à Fernel... Vous ne devez plus penser à moi.

Elle était noble. Lui non. Et les choses étaient ainsi faites qu'une femme de sa condition épousant un roturier perdait tout. C'était tout juste si elle était encore considérée comme étant de sang bleu. Si elle s'attachait trop à lui... S'il s'avérait qu'il avait effectivement un intérêt pour elle autre que le simple souhait de l'aider... Alors elle perdrait tout ce qu'elle avait. Il connaissait cette sensation... Et il tenait au moins assez à elle pour ne pas vouloir qu'elle endure cela.
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MessageSujet: Re: Promenade dans la poudreuse | Louise & Aaron   Promenade dans la poudreuse | Louise & Aaron I_icon_minitimeVen 22 Mai 2020 - 21:08


Debout derrière une haute fenêtre donnant sur la cour intérieure du château, il y a une personne, une silhouette qui n’a pas manqué une miette de ce qui vient de se jouer là plus bas, entre la Dame de Fernel et son nouveau conseiller. Les sourcils broussailleux du vieil homme se rejoignent en un point précis, juste au-dessus de l’arrête de son nez. Les mains nouées dans le dos, sur son bel habit bleu, Geoffroy de Bressan observe et ne dit rien, son passe-temps favori depuis maintenant…il ne le sait même plus lui-même, tant ce château est devenu sa demeure et ceux qui l’occupent, sa famille. Si tant est qu’on peut considérer ce castel aux pierres rudes et sans élégance comme une demeure et tous les êtres qui y grouillent comme une parentèle.

Geoffroy est soucieux. Non pas à cause de Louise. Cette jolie petite dinde n’est pas le plus important de ses soucis.  Lui par contre…Avisant l’endroit où se dirige Aaron, le vieil homme quitte son poste d’observation et se dirige tranquillement vers les écuries.

Quelle idée aussi d’avoir engagé cet inconnu comme conseiller. S’il a été très utile lors du voyage vers Serramire, Aaron représente désormais une menace. Tant qu’il n’était qu’un membre de l’escorte, Geoffroy gardait la main sur tout. Par contre, quand la Dame de Fernel est apparue ce jour-là pour annoncer que cet Aaron surgi de nulle part allait être propulsé au même rang que lui…Il lui avait fallu toute la pondération et toute la mesure conférée par l’âge pour ne pas réagir trop abruptement et pour assimiler la nouvelle. Il a accueilli le nouveau conseiller avec une tape sur l’épaule, un air de sympathie typique de ces vieux guerriers qui fument la pipe avant d’observer la réaction, les expressions, et tous les mouvements de Louise. Et il n’y avait guère à s’y tromper. Elle est amoureuse, la petite sotte. Il ne manquait plus que cela.

Inspirant profondément, un instant gêné par le froid mordant du dehors, il remonte le col de sa petite cape afin de traverser la cour et de pénétrer dans les écuries. Il est là, à prendre soin de Lasgalen. Le regard de Geoffroy se fait doux et aimable, un sourire de composition étire légèrement ses lèvres alors qu’il regarde Aaron. Il a le double de son âge. Bel homme. Dans la force de son âge. Un roturier. Il n’est pas question que cet homme pose ses mains sur Louise. Elle doit rester intacte pour ses plans. Il doit tuer dans l’œuf tous les sentiments qui pourraient menacer son stratagème.

- Aaron, mon ami, la promenade a-t-elle été à votre goût ?

Le vieil homme est tout près de lui et l’observe avec attention, avant de reporter son regard sur Lasgalen. Saleté de canasson qui l’a mordu quand il l’a approché la première fois, aussi en reste-t-il éloigné.

- La châtelaine vous a-t-elle fait part de choses importantes ? Je peine à la rencontrer ces derniers jours.

Il est là, poli, aimable, totalement insoupçonnable sous cette profonde bonhommie et cet air paternel dont il gratifie son homologue.
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MessageSujet: Re: Promenade dans la poudreuse | Louise & Aaron   Promenade dans la poudreuse | Louise & Aaron I_icon_minitimeSam 23 Mai 2020 - 9:02

Louise avait disparu. Précipitamment. Et sans un mot. Aaron n'en était guère surpris. Cela montrait qu'il était parvenu à ses fins. Mais la voir s'enfuir ainsi ne l'avait pas rendu indifférent. Bien au contraire, il s'était soudain senti déchiré entre ce qu'il devait faire et ce qu'il aurait aimé faire. Sans parler de cette troisième voix en lui qui l'amena à porter la main à cette bague qui ne l'avait plus quitté depuis des années. Il la fit tourner autour de son doigt deux... peut-être trois fois. Puis il se détourna de ce recoin où la jeune femme avait disparu et reporta son attention sur Lasgalen.
En tant que Conseiller, ce n'était sans doute pas à lui de soigner leurs montures mais il n'avait jamais eu l'habitude de laisser d'autres faire ce qu'il pouvait gérer lui-même. Et puis, il n'était pas si occupé que cela pour l'instant. Il avait même sans doute besoin de ce temps seul. Cependant, c'était sans compter sur la curiosité ou le souci de son homologue pour Louise et les affaires de Fernel. La voix de Geoffroy le poussa à se détourner momentanément de sa tâche. Une brosse à la main, il passa les bras de l'autre côté de la porte du boxe et s'appuya dessus.

-Oui. Vous vivez dans une région magnifique. Répondit-il à sa première question d'en ton relativement neutre.

Il n'avait pas vraiment l'intention de parler de la déclaration que venait de lui faire la demoiselle, cela ne le regardait pas et devait rester entre elle et lui. Cependant, il pouvait comprendre que le vieux conseiller se montre préoccupé par l'avenir de la région et le fait que leur maîtresse soit inaccessible -même pour eux- ne devait pas le rassurer.

-Nous n'étions pas sorti pour ça. Je voulais lui changer un peu les idées, elle travaille trop et j'ai peur que ça ne lui cause du tort. Je lui ai gentiment rappelé notre existence. Conclut-il sur un sourire un peu forcé.

Il se tourna à nouveau vers Lasgalen et reprit son brossage. Il n'avait pas tellement envie d'entrer davantage dans les détails de la conversation qu'ils avaient eu, même pour la partie "professionnelle". Il voulait plutôt penser à autre chose.
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MessageSujet: Re: Promenade dans la poudreuse | Louise & Aaron   Promenade dans la poudreuse | Louise & Aaron I_icon_minitimeSam 23 Mai 2020 - 21:26


- Je reconnais là votre prévenance, Aaron. Cependant, la châtelaine a à cœur de préserver les intérêts de son domaine avant toute chose C’est un enseignement qu’on lui a inculqué depuis sa naissance. En tant que noble dame, elle sait où se trouve son devoir. Je ne suis donc pas surpris de la voir reprendre ses activités dans son bureau. Il y a en effet beaucoup à faire. J’aurais pensé qu’elle vous en aurait au moins touché un mot.

Tout est dit de la voix la plus douce, comme s’il énonçait des évidences auxquelles ne pourraient qu’acquiescer Aaron. Une façon comme une autre de lui rappeler qu’il n’est, après tout, qu’un roturier propulsé là sur un coup de chance et qu’elle navigue dans des sphères qui lui sont inaccessibles. Le vieux conseiller a vu Elisabeth rejoindre Fernel. Il a su pour les lettres, Eudes lui en avait parlé. C’est lui qui a rappelé à Eudes qu’il était temps de prendre sa place d’époux. Il était là pour voir la petite Louise grandir. Il était là quand Eudes a rendu son dernier soupir. Il a toujours été là, à patienter dans l’ombre. Et il ne comptait pas laisser un homme tel que lui saper ses projets.

- Vous devriez laisser ceci au palefrenier, Aaron. Les conseillers ne font pas ce genre de choses. A moins bien sûr que vous n’y trouviez quelque plaisir. Ou que vous ayez besoin de vous plonger dans vos réflexions.

Une fois encore le sourire est là. Geoffroy s’éloigne de Lasgalen et rejoint Aaron, les mains nouées dans le dos. Le vieil homme l’observe, les sourcils quelque peu froncés.

- Ceci étant, vous avez fort bien fait de lui rappeler notre existence. Je suis très inquiet par son attitude. Elle a refusé de me recevoir par trois fois. Je crains qu’elle ne prenne des décisions hâtives, prises sous le coup de l’émotion. Vous savez comment sont ces dames, Aaron. Le moindre petit dérèglement du quotidien peut les pousser dans d’étranges retranchements. N’êtes-vous pas de mon avis ?

Il regarde son homologue sans ciller, observant toutes ses réactions.

- Il est bon que des hommes d’expérience tels que nous puissions l’épauler dans cette lourde tâche. Que sommes-nous ici, après tout, si nous ne pouvons remplir notre office ?

Geoffroy ne le quitte pas des yeux. Ce château c’est sa maison. Aaron, lui, n’est qu’une pièce rapportée. Et il le lui rappelle, de son air le plus bonhomme et le plus sympathique. En effet, si Aaron ne peut même pas remplir son office…Il n’est rien, ici. Juste un étranger. Le vieil homme laisse Aaron tirer ses propres conclusions avant d’ajouter, le plus gentiment du monde:

- Comment se porte votre fils ?
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MessageSujet: Re: Promenade dans la poudreuse | Louise & Aaron   Promenade dans la poudreuse | Louise & Aaron I_icon_minitimeDim 24 Mai 2020 - 11:39


Est-ce que Geoffroy le prenait pour un idiot au point de ne pas savoir quel était le rôle d'un Seigneur ? Il était arrivé avec son sourire aimable mais Aaron n'oubliait pas pour autant l'accueil qu'il lui avait réservé en apprenant qu'il viendrait l'épauler. Il était clair qu'il n'avait pas apprécié la décision de Louise de le nommer au même rang que lui. Sans doute se sentait-il menacé. Il se faisait vieux et pouvait craindre de se faire remplacer par plus jeune. C'était l'ordre des choses mais il pouvait comprendre que celui qui avait déjà œuvré aux côtés d'Eudes de Fernel le vive mal. Il avait été mis au pied du mur après tout. Cependant, ce n'était pas une raison pour le traiter comme un ignare.
Le quarantenaire se redressa de sa tâche, s'appuyant cette fois sur Lasgalen lui-même. Il ne montrerait pas qu'il n'appréciait guère l'attitude de son homologue mais il pouvait malgré tout recadrer ses intentions.

-Je le sais bien mais ce n'est pas une raison pour la laisser tout gérer toute seule. Elle n'a encore jamais fait ça, elle a certes été préparée pour mais elle a besoin d'être épaulée. Elle porte le deuil de sa mère.

Par "deuil", il n'entendait évidemment pas cette robe noire qu'elle arborait. Il savait qu'il y avait une période durant laquelle elle devait s'en affliger quelque soit son humeur. Il parlait bien évidemment de sa peine sur laquelle elle n'avait même plus une minute pour se poser afin de l'assimiler et de passer le cap de la perte de son dernier parent vivant. Il se passait tant de choses autour d'elle et elle ne pouvait en voir passer aucune...
Une fois encore, Geoffroy lui rappela que l'ordre des choses, évoquant le fait que son devoir n'allait pas aux chevaux.

-J'avais besoin de quelques minutes pour moi. Et Lasgalen est d'assez bonne compagnie quand on a appris à le connaître. Déclara-t-il en flattant son encolure.

Le cheval tourna la tête et vint lui asséner une petite tape amicale sur la hanche du bout du nez. Cela eut au moins le mérite de décrocher un sourire à Aaron qui se sentait d'humeur un peu maussade. Cependant, c'était sans compter sur la vieux Conseiller qui reprit la parole. Cette fois, le mercenaire fronça légèrement les sourcils pour le dévisager.

-Les dérèglements ? Vous n'avez jamais été marié, n'est-ce pas Geoffroy ? Devant la confirmation du noble, il ne fut aucunement surpris mais il comprenait du même coup la réplique bien étrange de son interlocuteur. Moi oui. Dit-il en montrant la bague qu'il avait à son doigt. Et je peux vous dire que les femmes ne fonctionnent pas comme ça. Louise est jeune, orpheline depuis seulement quelques jours et elle a à cœur de faire ses preuves. Trop peut-être... Si elle devait commettre une bêtise, se serait par épuisement. Pas par... saute d'humeur.

Il n'y avait qu'un célibataire ou un homme n'ayant qu'un intérêt très restreint pour son épouse pour avoir se genre de préjugé. Aaron avait suffisamment aimé la sienne pour comprendre que les femmes n'étaient pas si différentes des hommes. Certes, elles pouvaient avoir des humeurs, notamment pendant la grossesse, mais ce n'était pas le plus grand danger dans la situation actuelle. Louise souffrait de bien d'autres maux qui seraient eux seuls coupables des erreurs qu'elle pourrait être amenée à commettre.

L'allusion suivante de Geoffroy fut bien plus subtile et néanmoins percutante. Le vieux Conseiller le reléguait au rang d'étranger sans titre ni distinction d'aucun sorte. Sans Louise et sans le rôle qu'elle lui conférait, il redevenait un simple mercenaire allant de ville en ville pour trouver du travail tandis que lui n'en restait pas moins noble. C'était censé lui faire mal ? Au regard qui répondit à Geoffroy, cela ne semblait pas avoir marché. Il avait choisi son mode de vie et n'en avait pas honte. Il était là pour aider et ne resterait que le temps qu'il faudrait. Dès lors qu'il ne serait plus utile, il repartirait sur les routes. Il en avait toujours été convenu ainsi et il n'espérait rien d'autre. Où voulait-il en venir avec cette pique ?
Aaron demeura silencieux quelques secondes de plus tandis que Geoffroy le questionnait sur son fils. Il lui faisait comprendre qu'il n'était rien puis venait s'enquérir de la situation d'Efren ? Que devait-il en comprendre ? Il se garda bien de froncer encore une fois les sourcils devant cette conversation aussi étrange que troublante, prenant presque des airs de menace. Pouvait-il se tromper ?

-Efren est bien installé, je vous remercie. Il est entouré de plusieurs artisans dont il a su attirer l'attention, à défaut de leur respect mais, le connaissant, ça ne saurait tarder. Deux serviteurs ont été formés pour pouvoir se relayer auprès de lui et être ses yeux. Il étudie les plans du château à l'heure qu'il est, pour trouver comment réduire les effectifs nécessaires à sa défense et libérer une petite troupe qui pourrait patrouiller sur la région afin de prévenir de nouvelles attaques.
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MessageSujet: Re: Promenade dans la poudreuse | Louise & Aaron   Promenade dans la poudreuse | Louise & Aaron I_icon_minitimeDim 24 Mai 2020 - 19:19


Geoffroy haussa brièvement un sourcil avant d’esquisser un sourire entendu.

- Si bien sûr, j’ai été marié. Deux fois. Elles sont l’une et l’autre parties pour l’autre monde. Je suis maintenant trop vieux pour prendre épouse. Même si j’avoue que certains soirs…la solitude est bien lourde à supporter pour le vieil homme que je suis, je ne la regrette pas. Je ne dois plus supporter les crises, les jalousies, les disputes à propos de rien. C’était absolument insupportable. Les femmes…Le moindre mécontentement et elles rendent votre vie impossible. Je me plais à penser qu’elles sont un mal nécessaire. Dans le cadre d’une vie maritale évidemment…

Le vieux conseiller replace correctement le col de sa chemise, toujours souriant, avant de jeter un coup d’œil à cette bague qu’il porte, sans lui donner le moindre intérêt. Il y a d’autres choses autrement plus intéressantes que ce bijou, là, présentement.

- Fiez-vous à mon expérience en ce domaine. Je connais la châtelaine depuis sa naissance. Il est impératif que nous puissions reprendre contact avec elle, avant qu’elle ne s’égare et commette des erreurs qui seront lourdes de conséquences pour tout le monde. Elle est jeune, comme vous le dites si bien. Elle a l’impulsivité de la jeunesse et toute la folie qui l’accompagne, malgré toute son éducation. Elle est tellement différente de son père…Eudes de Fernel était un grand homme. Un valeureux guerrier. Un homme sage.

Geoffroy regarda ailleurs un bref instant, comme plongé dans de vieux souvenirs. La nostalgie se lit sur son visage et, à un soupir léger qu’il pousse dans sa barbe, Aaron comprendra sans doute que le vieil homme regrette le bon vieux temps. Quoiqu’il en soit, cela ne dure que quelques secondes, pas assez pour que le quarantenaire puisse y voir autre chose qu’une réelle nostalgie d’un temps de guerres, de combats et de sang. Cela étant, le vieil homme ne peut s’empêcher de manifester un intérêt très vif pour les dernières paroles de son homologue. Qu’a-t-il dit ? Réduire les effectifs de défense du château ? Une petite troupe dédiée à la surveillance des frontières ?

- Je suis heureux de savoir qu’il est bien entouré. Fernel est réputé pour son accueil. Nul doute que la châtelaine a mis tout en œuvre pour que votre fils se sente en sécurité en ces murs. Je serai très curieux de vor le résultat de ses réflexions. Ce doit être un jeune homme brillant pour songer à de pareilles tactiques et moyens malgré son jeune âge. Je vous en félicite.

Geoffroy souriait un peu moins. Il a peur de la jeunesse, car la jeunesse ose tout. Si l’aveugle parvient à trouver des solutions, les choses vont se compliquer très rapidement aux frontières. Et cela, évidemment, n’est pas souhaitable s’il veut conserver la main sur le jeu qui se déroule ici. Efren devient donc, à court et moyen termes, une menace. Un obstacle. Un obstacle qui doit disparaître. Tout cela, évidemment, est habilement dissimulé sous un sourire de sympathique bonhommie. Geoffroy en vient à passer sa main dans sa barbe, avec un sourire. Il sait ce qu’il voulait savoir. Il ne lui reste plus qu’à prendre congé pour pouvoir adapter sa propre stratégie.

- Je vous ai dérangé dans vos réflexions, mon ami. Je me retire. Mes appartements ne sont pas loin des vôtres, venez donc un soir discuter. Nous pourrons échanger plus avant sur nos compétences et sur ce qui est bon pour Fernel. A votre convenance, évidemment. Je vous dis à bientôt.

Le vieil homme effectua un simple signe de tête, tout ce qu’il y a de plus poli et sortit, le sourire aux lèvres, le pas lent, l’esprit en train de replacer tous ses pions sur le large échiquier que pour l’instant il domine.

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