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| Au détour d'un tunnel [Harald] | |
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Braähm Main-Ferme
Nain
Nombre de messages : 181 Âge : 32 Date d'inscription : 24/03/2020
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 216 ans Taille : 1m43 Niveau Magique : Non-Initié.
| Sujet: Au détour d'un tunnel [Harald] Mar 2 Juin 2020 - 16:57 | |
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7ème jour de la 4ème ennéade de Vérimios – 1er mois de l’hiver. 17ème année du XIème cycle. Souterrains de Kirgan.
Ces dernières semaines, il était très agréable de parcourir les rues de la capitale Dawi en fin de soirée. Les grands couloirs souterrains de Kirgan étaient toujours actifs, même de nuit. Les ombres distordues par la lueur des torches accrochées au mur et tenues à la main donnaient un aspect inquiétant, pour celui qui n’aurait pas l’habitude de la vie souterraine. Toutefois, pour des nains, c’était une chaleur réconfortante et une atmosphère très reposante. En tout cas, ça l’était pour moi. Les années passées à creuser la terre profondément m’avaient définitivement changé, et cette atmosphère me firent ressentir une certaine mélancolie, qui modifia visiblement mon visage. J’espérai que le Grand-Roi n’y verrait rien d’autre qu’un signe de confort. Il faut dire qu’il était très intéressant de discuter avec lui des sujets qui me passionnaient.
J’étais allé voir Harald quelques jours plus tôt pour lui parler de mes idées sur la quête du Mogarium. J’irai retourner dans ma Loge bientôt pour chercher dans les archives de mon clan toute information susceptible d’être intéressante. J’avais l’impression d’avoir lu que nous avions déjà extrait ce minerai il y a fort longtemps. Et puis, il était fort probable que les clans avec lesquels nous communiquions nous en avait parlé, et si tel était le cas, tout serait retranscrit dans nos écrits. Il y avait également l’histoire du clan dans les Hautes-Terres qui nous avaient parlé d’un filon et qui avaient refusé notre aide. Bref, tout indiquait qu’il fallait que je retourne bientôt chez moi.
Nous nous étions donc retrouvé à la taverne. Nous avions choisi un lieu assez peu fréquenté pour rester quelque peu discrets. Les discussions avaient commencé par tourner autour de Thordril et de sa nouvelle quête, ainsi que des différents avis prononcés lors du débat qui avait eu lieu quelques jours auparavant. Puis le Grand-Roi m’avait parlé des recherches en cours pour retrouver le savoir de la ForgeRune. Je ne m’attendais pas à ce qu’autant de choses eurent été perdues, et je lui fis part de ma connaissance de bracelets forgerunés dont je m’étais séparé quelques années auparavant. S’il le fallait, je pouvais toujours essayé de retrouver leur trace. Cela fut également pour moi l’occasion de raconter l’histoire récente de mon clan, qui avait terriblement souffert du Voile. Je lui fis part de mes quelques faits d’armes et de l’état de l’Étreinte de Brisséa. J’espérais poser quelques graines dans son esprit pour plus tard.
Après quelques bières, nous avons eu l’idée d’aller nous dégourdir les jambes. Il était donc tard lorsque Harald et moi sortîmes de la salle bruyante, une chope à la main chacun. Nous nous étions enfoncé assez profondément, pour nous écarter de l’activité de la ville. C’était une bonne occasion pour moi de nouer avec la roche de Kirgan, que je ne connaissais pas. J’avais pu discuter avec nombre de mineurs ces dernières semaines qui m’avaient bien confirmé que la plupart des travaux aujourd’hui consistait à déboucher les tunnels et dénicher de nouvelles salles enfouies sous la terre. L’idée était de retrouver du savoir disparu depuis le Voile, et de faire de la place pour étendre de nouveau la cité souterraine. Il était nécessaire de creuser les éboulements en faisant bien attention à ce que rien d’autre ne s’écroule, ce qui devait être un travail titanesque ! D’autant que le danger était omni-présent. Je n’osais pas imaginer l’angoisse qui planait pour les mineurs qui nettoyaient d’arrache-pied toutes ces pierres, et le temps qu’il faudrait pour rendre à Kirgan sa beauté d’antan. Pourtant, en quelques coups d’œil autour de moi, j’étais tétanisé par la rapidité avec laquelle ces couloirs avaient été restaurés. Décidément, mon peuple m’étonnera toujours.
Au détour d’un virage, nous croisâmes un groupe visiblement éreinté qui partait dans l’autre direction. Ils nous saluèrent respectueusement puis continuèrent leur chemin. J’en profitai pour en faire la remarque à mon souverain :
« Je suis impressionné par le travail accompli par nos frères. Kirgan retrouve sa forme peu à peu, c’est incroyable. »
Les échos de mes paroles se répercutèrent sur les murs, accompagnés par le bruit de nos pas et du cliquetis de l’armure de Harald. Pour notre rencontre, j’avais choisi une cotte de mailles simple et un attirail en cuir pour avoir un semblant de prestance aux côté du Grand-Roi, et je n’étais pas mécontent de moi. Nous pouvions également entendre le souffle des différents courants d’air. Le système de ventilation des Dawis était complexe mais efficace, et il était rare d’avoir du mal à respirer, même à des kilomètres sous terre. En nous enfonçant toujours plus profondément, je savais que nous arriverions tôt ou tard aux travaux en cours. Le bruit des pelles et des pioches nous indiquait la route, et on voyait l’état des couloirs se dégrader au fur et à mesure. Je parlais à Harald de l’état des mines de la Main-Ferme et de tout ce qu’on avait dû abandonné dans les Hautes-Terres.
« Tout ce titane de si bonne qualité, perdu pour des années… Je n’en reviens pas ! Nous revoilà réduits à miner du fer et du cuivre pour notre survie. Ça fait mal à l’égo, ça je peux te l’assurer ! Ça reviendrait à retourner patrouiller en Virnée après avoir vaincu un dragon ! Enfin, j’ose espérer que... »
Un bruit sourd retentit qui me coupa dans ma diatribe. Des cris de détresse et de peur se firent entendre non loin de nous, suivi d’un hurlement inquiétant. Quelques instants plus tard et plusieurs nains couraient dans notre direction, terrifiés, et en répétant « Kroak ! KROAK !!! » à tue-tête. Ils nous dépassèrent rapidement et s’enfuirent, laissant derrière eux une odeur de panique. Devant nous, on entendait déjà les échos d’un combat visiblement difficile. Harald et moi nous regardâmes une seule seconde avant de nous élancer dans la gueule du loup.
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| | | Harald Barbe-Sanglante
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| Sujet: Re: Au détour d'un tunnel [Harald] Mer 3 Juin 2020 - 14:52 | |
| Ainsi, Harald était le nouveau Grand-Roi du Zagazorn. Nait dans les plaines du Brissalion, ayant combattu sur tous les fronts depuis des décennies, devenant capitaine du régiment d’infanterie lourde de Lante, régiment au sein duquel il a combattu toute sa vie, il devint ensuite le Gardien des Plaines de Lante, le Gazanundi. Quel honneur avait-il ressenti ce jour-là ! Quel honneur ! Jamais un Brise-Os n’avait obtenu poste aussi élever. L’on était guerrier de père en fils, de mère en fille, et l’on commandait les régiments lourds au grade de capitaine. Quelques Brise-Os furent nommés première hache de Lante, Ongaraz de la cité, ce que les humains nomment général ou sénéchal, allez-savoir. Alors imaginez quel honneur ce fut pour Harald, comme pour le clan dont il est thane, lorsqu’il devint Gazanundi. S’attendait-il à devenir un jour Grand-Roi du Zagazorn ? Jamais. Jamais il n’imaginait un jour devenir Roi, encore moins après Hardrek. S’il y avait bien un Nain qui avait réellement influencé la vie de Harald, c’était Hardrek, ainsi que son fils, Thorgrel.
Et voici qu’aujourd’hui, il était Grand-Roi des Nains. Quel honneur que celui-ci… Quel honneur. Même une ennéade après le couronnement, il n’en revenait pas réellement. Et pourtant, il portait bel et bien la couronne. Aussi était-il heureux que ce fardeau repose sur ses épaules. Il n’y avait pas plus honorifique comme fardeau que celui de Grand-Roi. Les Nains méritaient tous les efforts possibles.
Harald passait du temps avec Braähm. Quelques bières consommées, quelques mots échangés, et surtout, une discussion très intéressante quant aux projets et aux motivations du vieux mineur. Les enjeux de la nation et les projets ainsi évoqués et en cours de préparation, étaient aussi passionnants qu’ils étaient effrayants. Harald s’apprêtait en effet à envoyer des mineurs dans les profondeurs, en quête du célèbre Mogarium, et à en envoyer d’autres dans le grand Nord, pour protéger Molgrunn, et pacifier l’immensité rocailleuse qui fut autrefois, et comme indiqué par le vieux mineur, retrouver d’anciennes mines et de nouvelles, afin d’extraire quantités de minerais et de métaux de qualités exceptionnelles.
Au cours de ces discussions, Harald s’était surprit à rêver. Il rêvait d’un avenir radieux. Il voulait revoir la cité de Lante grouiller de vie, animée par les cris des vendeurs, le cliquetis des écus et des souverains qui s’échangent au cours de transactions. Il voulait revoir les caravanes marchandes et les navires de commerce remonter l’Oliya et la Thanorite. Il voulait sentir l’insoutenable chaleur des forges et des hauts-fourneaux tous les jours que les dieux font, afin de forger armes et armures, et tout produit de forge qui pourraient agrandir les cités, développer les souterrains, pacifier le royaume. Et il avait hâte de voir l’Ungordrinin être achevé, et ses entrailles, être utilisées jour et nuit par les marchands et les voyageurs afin de rallier les cités les unes entre les autres.
- kroak ! KROAK !!!! Il fut soudainement tiré de sa rêverie. Du souterrain dont les cris semblaient provenir, Harald vit des mineurs fuir en courant, tandis que le crissement d’une créature vint se confondre dans celui de l’acier qui s’entrechoque, des cris des cognards qui luttent. Toujours armé, Harald s’apprêtait à faire face.
- Cognards ! Dit-il d’une voix tonitruante et grave, obligeant les soldats de sa suite, et ceux alentours, à tourner les esgourdes et les mires vers lui. Prenez vos haches et vos hall’bardes ! Qu’on évacue toutes les gal’ries sur cent mètres à la ronde ! Et j’veux des runistes et un cordon d’sécurité. Braähm ! Il se tourne vers le vieux mineur, l’air grave, sévère, comme s’il n’était plus réellement le souverain, mais le général, le guerrier. Puis, il se retourna vers un râtelier où trônaient des haches et des hallebardes. Il en saisit une, et la colle contre le poitraille du vieux mineur. V’nez avec moi ! Et par Ikthor, qu’on renvoi cette créature dans les abysses ! Puis, il avança. Dans les entrailles de la cité, il avança. Un long couloir mena à un angle droit, qu’il serait sans doute difficile à prendre s’il fallait courir pour s’échapper. Puis vint la galerie. Le bruit était assourdissant. Les crocs du Kroak, ainsi que le fracas des flagelles, produisaient un bruit effrayant. L’espace d’un instant, Harald ressenti un frisson dans son dos. Il ne pensait plus ressentir cela. En tant que Roi, il ne pensait plus avoir à prendre les armes, et à sa battre. Il ne pensait plus ressentir encore cette décharge d’adrénaline, lorsque l’on s’apprête à se battre. En tant que souverain, son rôle était de commander, d’ordonner, de guider, de conseiller. Mais le guerrier qu’il était avait aussi besoin de se battre, et l’heure était venue.
- Groman-Rik ! Dit un mineur paniqué, qui avait encore son casque sur la tête, mais plus la moindre flamme pour l’éclairer. C’t’un Kroak ! Par tous les dieux, c’te salop’rie à détruit l’mur d’une gal’rie qu’on r’creusait, et v’la t’y pas qu’il emporte deux grognards qui creusaient comme des diables ! Par Lirgan, il a pô emporté Vogrim, l’thane des Front-Noircis ! Il s’est enfui avec sa pioche forg’runée ! Qu’est-ce qu’on doit faire Groman-Rik ?! - Ikthor soit loué ! C’la aurait été une terribl’ perte si c’Dawi avait été tué ! Qu’on évacue les mineurs et les blessés, et qu’on fasse venir plus de soldats ! Et j’veux mes runistes par Yaron ! Mais le bruit devenait soudainement de plus en plus proche. Les murs tremblaient, et à chaque pas de la créature qui s’approchait, des gravas tombaient des murs fraichement creusés et pas encore étayés. La bête arrive…
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| | | Braähm Main-Ferme
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| Sujet: Re: Au détour d'un tunnel [Harald] Jeu 4 Juin 2020 - 16:10 | |
| Autour de nous, la panique de l’alerte donnée laissait peu à peu place à l’efficacité et le calme relatif des soldats de la cité. Je voyais les mineurs péniblement s’extirper des tunnels alentours pour aller se réfugier loin derrière, non par manque de courage, mais bien parce qu’ils avaient peur de gêner les manœuvres de leurs frères. Je voyais les soldats tirer leurs armes et se mettre en rang autour de nous, le visage stoïque, certains excités à l’idée d’en découdre. Je voyais le Groman-Rik à mes côtés crier ses ordres et se tourner vers moi pour me poser une arme contre le torse. Je grimaçais : de toute évidence, je m’étais attendu à ce qu’il m’enjoigne de rester en arrière. Après tout, j’étais moi aussi un mineur. Et plutôt vieux, de surcroît ! Loin de lui cette pensée, il me donna cette hache que j’attrapais sans hésitation, et m’ordonna de le suivre.
Je soupesai l’arme que j’avais entre les mains. Elle était lourde et me rappelait presque le poids de mon marteau, laissé sur le mur, chez moi, en Haute-Virnée. Le manche était un peu abîmé, contrairement aux lames qui avaient été récemment aiguisées. Je fus surpris de voir que l’alliage étais composé de titane, et je l’amenai proche de mon visage. Le minerai a une odeur, et même fondu et forgé, il en reste toujours une trace. Et je ne la connaissais que trop bien : j’avais dans les mains un produit créé à partir du métal extrait de mes propres mines ! Un sourire sur les lèvres, je fis tourner le manche deux fois pour m’habituer à son équilibre, et feignis un coup dans le vide. Oui, elle ferait bien l’affaire. Satisfait, je suivis Harald, restant quelque pas derrière lui et prêt à bondir sur la menace qui se profilerait bientôt devant nous.
Un Dawi apeuré nous fit un bref résumé de la situation. Un Kroak avait dévasté une galerie et saccagé le travail de ces fiers mineurs. La mention de la mort de 2 nains renfrogna mon visage. Pour un clan, la perte de bons travailleurs était toujours une épreuve difficile. Les neuf soldats à nos côtés commencèrent à s’agiter. Tous avaient mis un bout de tunique autour de leur nez et de leur bouche pour se protéger quelque peu des toxines laissées par la bête, et je m’empressais de faire de même. Quatre d’entre eux se regroupèrent devant le Grand-Roi, en position défensive, leurs hallebardes en avant, prêtes à repousser notre adversaire toujours caché par la pénombre. Deux se rapprochèrent de Harald et l’encadrèrent de près. Enfin, les trois derniers sortirent des haches de jet, prêts à les jeter sur le monstre qui ne se fit pas plus attendre.
J’en avais vu, dans ma vie, des Kroaks. Ils sont nombreux en Virnée, et ont toujours été difficiles à gérer lorsqu’ils apparaissent dans les mines et viennent semer la terreur. Nos guerriers ont toutefois une stratégie assez efficace contre eux. Ils sont en effet souvent bien plus grands que nous, les Dawis. Or, lorsque nous creusons, il est très rare d’aller plus haut que notre taille, sauf quand il faut aller chercher un filon à l’écart. L’idée est donc de coincer le Kroak sous un tunnel pas très grand pour l’empêcher de se mouvoir correctement. Pour ce faire, on utilise des torches qui le repoussent assez bien, puisque leur lumière l’aveugle. Une fois bloqué, il aura alors l’idée de se servir de ses flagelles pour se frayer un chemin. En faisant bien attention et une fois ces armes tranchées, il suffit juste de se jeter sur lui et de le frapper à mort. Toutefois, je savais que cette stratégie ne fonctionnerait pas cette fois.
Kirgan était en effet une grande ville à l’époque, abritant de nombreux Dawis. Pour s’assurer d’une bonne ventilation, mais également dans un souci d’esthétique, les différents couloirs avaient été aménagés pour avoir une taille bien plus haute que dans des mines. Cette galerie n’avait pas fait exception, et il était peu probable qu’autour de nous, il y ait un espace suffisamment restreint qui oblige le monstre à se recroqueviller. Il allait falloir se débrouiller autrement. De plus, aucun des soldats ne tenait de torche, et la lumière vacillante des couloirs derrière nous nous parvenait difficilement. C’est donc avec une confiance démesurée que le Kroak se rua sur nous en hurlant.
Il était gigantesque. Mesurant presque deux fois ma taille, l’impression de terreur qui s’empara de moi me fit frémir même les poils de ma barbe. Il se déplaçait difficilement : de l’une de ses pattes s’écoulait un liquide rougeâtre qui devait probablement être son sang. En regardant un peu plus haut, j’aperçus une hache plantée en travers. Il avait l’air enragé, et prêt à en découdre. Un des soldats de l’avant-garde, probablement officier, cria « BARUK ! », et nous reprîmes tous en chœur son cri de bataille. Les haches de jet volèrent et deux vinrent se planter dans sa cage thoracique, la troisième ratant sa cible. Puis ce fut le chaos.
Je n’eus pas le temps d’observer ce que tout le monde faisait, j’étais déjà bien occupé à voir une flagelle se diriger vers moi avec une vitesse époustouflante. Je raffermis mon emprise sur ma nouvelle hache et la brandit devant moi, très concentré. Je me sentais comme une cible de choix dans mon armure de cuir, comparée aux plaques de métal de mes compagnons. Je n’avais pas le droit à l’erreur. La flagelle visait mon bras gauche. D’un bond vers la droite, j’esquivai le coup en repoussant avec ma hache le danger. Je repris mon équilibre et elle était de nouveau sur moi. Je l’attendis de pied ferme et fendit l’air avec ma hache en m’exclamant d’un cri.
« Prends ça, saleté ! »
Le coup fit mouche et je sentis la lame briser la griffe du monstre. J’eus le réflexe de m’écarter du liquide verdâtre qui jaillit de la blessure et j’entendis le Kroak crier de douleur, ou peut-être de rage. Je jetais un œil autour de moi et me ruais vers Harald dès que je l’aperçus pour le soutenir. J’espérais de tout cœur que les renforts ne tarderaient pas, ou on courait droit au massacre. |
| | | Harald Barbe-Sanglante
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| Sujet: Re: Au détour d'un tunnel [Harald] Jeu 4 Juin 2020 - 19:44 | |
| Il s’agissait bel et bien d’un combat. C’était la guerre. Ce n’était pas une guerre civile, ni une guerre de religion, ni une guerre entre deux états, deux royaumes, de nations. Il s’agissait de la perpétuelle guerre que mènent les Nains contre les créatures souterraines qui naissent, grandissent dans les entrailles du monde, avant de se révéler un jour ou l’autres, au peuple des montagnes.
Harald était galvanisé. Il en avait même oublié qu’il portait toujours sa couronne en lieu et place de son traditionnel heaume de plate. Il était entouré de cognards, il était armé, il était remonté à bloc… Il voulait se battre.
Le début du combat était palpitant. Les multiples flagelles du Kroak frappaient dans tous les sens et claquaient contre les boucliers des cognards lourdement armés. Les Nains, entrainés par des décennies de carrière et des cycles de guerre contre ces créatures ignobles, connaissaient les gestes à adopter pour leur faire face. Le Kroak, et celui-ci en particulier, avait pour habitude de lancer une ou deux flagelles en même temps. Il suffisait alors de les parer puis d’attaquer, ou de les coincer entre deux boucliers. Cela marchait plutôt bien, mais gare aux liquides qui suppuraient des plaies. Mieux valait s’en tenir éloigné.
D’un coup d’œil, Harald fit le tour des lieux. Il regardait attentivement les faits et gestes des cognards autour de lui, et ceux des mineurs qui refluaient. Il vit alors Braähm en proie avec une flagelle de la créature. Malgré son âge, Harald pu voir en une fraction de seconde que l’ancien avait de l’expérience contre ces créatures, car il s’ajusta parfaitement et parvint à trancher nette la flagelle rebelle. La créature se trouvait donc avec une arme en moins, chose non négligeable.
Mais la créature, se sentant acculée et blessée, décida d’attaquer plutôt que de retourner dans son antre. S’élançant à une vitesse folle, elle bouscula le regroupement de cognards qui s’était formé pour protéger Harald. Un poilu fut transpercé de part en part au niveau de l’abdomen, par une patte crochetée de cette ignoble créature. Un autre fut soulevé et projeté contre un mur avec force, brisant sans doute l’épais tarin du cognard et le gratifiant d’une balafre au niveau de l’arcade sourcilière.
Harald, lui, était tombé à plat dos derrière ses cognards. Moins touché par ce choc frontal, il n’avait pas perdu son épée, et lorsque la créature passa au-dessus de lui pour poursuivre sa charge, il pu lui asséner deux coups de hache sur sa partie la plus faible, son ventre et son abdomen. Le sang coula abondamment, et une partie des entrailles de la créature chuta sur le Grand-Roi, qui en fut couvert.
Ainsi blessée et défaite, le Kroak fit volte-face et traina ses blessures jusque dans la galerie depuis laquelle il était apparu. Accordant un répit aux Nains, c’est à cet instant que les renforts arrivèrent. Les blessés furent emmenés aux runistes soigneurs, tandis qu’on dégageait le corps des morts. Harald, lui, était au milieu du couloir dégagé, couvert de sang et d’entrailles. Ainsi, son surnom, Barbe-Sanglante, apparaissait encore pleinement justifié, puisqu’il l’était, tout ensanglanté.
- Groman-Rik ! Z’êtes blessés ? Demanda un guerrier venu en renfort. - Nai, cognard ! Nai ! J’veux qu’on pourchasse c’te salop’rie et qu’on l’achève ! J’veux boire ma bière dans l’crâne d’c’te foutue charogne ! Cognards ! Avec moi ! Deux runistes arrivent soudainement. Gromtrommi ! Qu’l’un d’vous reste ici, et qu’un autre nous suive ! Braähm ! T’viens avec nous ? Ils étaient prêts à le poursuivre dans le dédale d’où était apparu la créature, qui, d’après les premières observations, était vraisemblablement une ancienne galerie de Kirgan d’avant Voile. En son fort intérieur, Harald espérait que la galerie soit le siège de nouvelles découvertes.
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| | | Braähm Main-Ferme
Nain
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| Sujet: Re: Au détour d'un tunnel [Harald] Ven 5 Juin 2020 - 16:02 | |
| Ma course vers le Grand-Roi fut brutalement stoppée lorsque je vis un brave soldat se faire expulser contre une paroi dans un craquement sinistre. Je vis Harald tomber tandis que l’un de ses gardes hoquetait de souffrance, étonné de voir la flagelle traverser son ventre. Je vis l’ombre de désespoir qui passa dans ses yeux lorsqu’il sut qu’il n’y survivrait pas, mais le sourire qu’il me fit emplit de baume mon cœur qui battait la chamade. Il s’écroula dans un dernier soupir alors que la flagelle se retirait avec un bruit horrifiant.
Je détournais les yeux juste pour apercevoir l’ardeur notre Groman-Rik. Il semblait emplit d’une fureur sauvage, tandis que sa hache tranchait dans la chair du monstre au-dessus de lui. Un hurlement s’échappa de la gorge du Kroak qui se recroquevilla sur lui-même et s’enfuit difficilement dans la pénombre. Autour de nous, des corps, des gémissements, du sang et des Dawis qui accouraient pour secourir ceux qui pouvaient encore l’être. Je m’approchai de Harald et le regardai se relever et enlever les entrailles de la créature qui le couvraient. Sa question me surprit à peine. Je crachai par terre, plein de fougue.
« Évidemment. Cette créature peut bien survivre à ce qu’on lui a mis, et elle pourrait prendre des mineurs par surprise. Je dis pas que vous aurez besoin de moi, mais me battre à tes côtés est un honneur, Groman-Rik, et l’occasion ne se représentera sûrement pas de sitôt ! »
Je fis craquer mon dos en m’étirant avant d’afficher un sourire carnassier.
« Allons démembrer ce Kroak. »
Les trois soldats qui nous entouraient frappèrent leur plastron du poing, accueillant avec respect mon discours. Des neuf qui étaient présents au début du combat, seuls ceux-là s’en étaient sortis indemnes. On comptait en tout trois morts, et trois blessés qui s’en sortiraient. À en croire leur expression, ils n’avaient qu’une seule chose en tête : exécuter leur vengeance en terrassant le monstre. Les renforts qui nous avaient rejoint et qui n’étaient pas occupés autrement se joignirent à nous, et nous avançâmes tous ensemble dans la galerie obscure, certains avec des torches en main.
L’endroit était poussiéreux et emplit d’une odeur macabre. Çà et là, le sol était jonché d’os de diverses créatures. Il y avait très certainement dans le tas des squelettes de valeureux Dawis qui n’avaient pas pu échapper à la colère de Mogar, pendant le Voile. Nous avons continué à avancer, plutôt ébahis par ce que nous explorions. L’un des soldats qui nous accompagnaient parla d’une voix grave :
« Je r’connais c’lieu. C’t’une des anciennes casernes d’Kirgan. On a passé du bon temps avec des copains ici. » Il eut un hoquet de mélancolie et reprit : « Les murs étaient r’couverts de tapisseries et de sculptures en tout genre à l’époque, et r’gardez, y’a plus rien. Plus rien... »
Il marmonna dans sa barbe et j’observais autour de nous. Les murs étaient en effet fracturés et de nombreux débris parsemaient le sol. Un silence macabre étouffait l’atmosphère, le groupe avançait en deuil de leur capitale. Nous passâmes devant plusieurs salles bouchées par les éboulements avant d’arriver à un embranchement qui se séparait en deux. J’humais l’air et observais le sol, puis déclarais :
« L’est parti à droite. J’pense pas qu’il ait pu aller bien loin. Allons-y. »
Je me repris en secouant la tête, mais personne n’émit d’opposition. Ce n’était certainement pas ma place de donner des ordres, pourtant les soldats ne firent pas de commentaire. J’avais probablement gagné leur respect lors de la bataille. J’entendis alors une inspiration étonnée, et un Dawi runiste s’exclama :
« Par la barbe de Yaron ! R’gardez ce mur, cette plaque ! Nom d’une pipe, elle est abimée mais ça veut dire que l’ancienne Grandsalle des Scriberunes est pas bien loin ! C’t’une découverte qu’on attend d’puis trop longtemps ! »
Pour ma part, je n’eus aucune réaction. Je n’avais qu’une chose en tête : l’exécution de la bête qui avait tué mes confrères. Toutefois, j’étais certain que Harald aurait son mot à dire. |
| | | Harald Barbe-Sanglante
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| Sujet: Re: Au détour d'un tunnel [Harald] Ven 5 Juin 2020 - 22:36 | |
| Devant la motivation et la propension de Braähm à suivre les ordres et à s’avancer vers l’antre de la créature, Harald ne pu s’empêcher de le gratifier d’une tape sur l’épaule. Une tape sincère, franche, forte, symbole d’une confiance acquise et grandissante, et d’un soutien face aux évènements qui ne tarderaient point à venir ;
Le groupe de cognards ainsi renforcé et équipé d’un runiste élémentaliste, s’engouffra dans le trou depuis lequel était sortie l’infâme créature des profondeurs. Et c’est alors que s’offrit aux cognards, un spectacle à la fois prometteur et terriblement désolant.
A mesure qu’ils avançaient, ils découvraient des débris, des déchets. Là, on devinait le pommeau d’une pioche depuis longtemps rouillée et abandonnée par son précédent propriétaire. Ici, les os de petits rongeurs témoignaient de l’existence d’une vie pas si lointaine. Ils avançaient, encore un peu, et tombèrent sur une ancienne caserne qu’un cognard reconnut immédiatement. Ainsi, ce cognard était de Kirgan depuis le début. Il l’avait quitté jadis, et était revenu avec le clan Poing-De-Fer, celui qui avait reprit Fort Garmin, puis les premiers niveaux de Kirgan, avant que d’autres n’arrivent afin de reprendre le travail.
Là, ils découvrirent des ossements plus grands, plus épais, et bien plus blanchis par les années. Une blancheur que même toute la poussière du monde ne saurait ternir ou effacer. Il s’agissait de ossements d’anciens soldats de Kirgan, qui ne purent s’échapper lorsque la cité fut détruite. Comme indiqué par le fameux soldat, l’endroit était anciennement doté de draperies et autres soieries. S’il restait bien quelques tringles et quelques débris de tissus, les anciens étendards étaient détruits depuis belle lurette.
- Qu’les corps r’trouvés dans c’te gal’rie soient ram’nés dans l’caveau d’la cité. On r’trouv’ra jamais leur clan, leurs familles… Mais un lieu d’sépulture existe d’jà dans la cité, pour ceux qui sont tombés. Ils avancèrent encore une fois, avançant dans cette ancienne galerie à l’odeur putride, jusqu’à-ce que le runiste s’exclame à forte et haute voix. Ainsi, cette plaque lisse, aux runes gravées et impactées par les chutes, les mouvements de terrain et le temps, indiquait jadis le chemin à prendre pour rejoindre la Grandsalle des Scriberunes.
La Grandsalle des Scriberunes. Une bibliothèque immense, gigantesque, compilant les savoirs, les runes, les patois et les connaissances de dizaines et de dizaines de clans de runistes qui vécurent à travers les siècles. La compilation de ces savoirs était un trésor, un diamant brut, formé par des cycles de partage de connaissances entre les clans, et d’enseignements et d’apprentissages par la voie du mentor. Tout ce savoir fut perdu à jamais depuis le Voile… A jamais ? Peut-être pas. Peut-être plus.
Mais voilà, la joie du runiste de retrouver un tel témoignage du passé, n’était pas passé inaperçu aux oreilles du Kroak. Sa tanière n’était qu’à quelques mètres, et les Nains s’approchant, l’acculèrent inexorablement. Aussi décida-t-il de passer à l’attaque.
Et l’attaque fut aussi soudaine que violente. Alors que tout ce petit monde était occupé à regarder cette relique du passé, un signe ô combien intéressant, ô combien motivant, ô combien passionnant, le Kroak déploya les quelques flagelles qui n’étaient pas encore amputées et frappa deux soldats. S’il ne les blessa aucunement, il les fit chanceler, et s’offrit une trajectoire toute tracée vers le runiste, Harald, et les autres Nains qui n’avaient pas le temps de lever leurs armes.
Tel un rocher dévalant sa pente et transperçant une chaumière, le Kroak bouscula absolument tout le monde, et se faisant, bouscula le runiste avant de lui planter un flagelle dans l’abdomen. A bout de souffle, car lui aussi cruellement blessé, le Kroak tenta de trouver un moyen de s’enfuir.
Tout le monde était à terre. Harald, lui, se remettait sur pied, mais était dos à la créature. Il avait son épaisse carapace dans son champ de vision. Seul Braähm était sur son flanc, et pouvait tenter une attaque surprise.
C’était sans compter sur le runiste qui, bien que mortellement blessé, avait sorti une tablette de pierre sur laquelle étaient tracées des runes, qui ne demandaient qu’à être immédiatement utilisées. Alors qu’il termina d’y donner le dernier coup de stylet, une puissante et gigantesque boule de feu brûla la créature, et la démembra. Mais voilà, personne ne se doutait que les saccules internes du Kroak qui contenaient son gaz et ses liquides aux propriétés explosives, ne prendraient feu à leur tour. La boule de feu se mua en une explosion de liquide enflammé, qui fut envoyé dans toutes les directions.
Le runiste fut réduit à l’état de tas de chaire informe et fumant. Harald, lui, fut projeté sur plusieurs mètres et s’échoua violemment contre le mur, ce qui ne manqua pas de le rendre groggy pour quelques instants.
Qu’en était-il de Braähm ?
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| | | Braähm Main-Ferme
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| Sujet: Re: Au détour d'un tunnel [Harald] Lun 8 Juin 2020 - 15:38 | |
| Dans quel pétrin m’étais-je encore fourré. Ah, il était vraiment temps de rentrer chez moi, en Haute-Virnée. L’attaque me prit par surprise tout autant que les autres. Le Kroak avait dû faire un effort incroyable pour rester discret malgré ses blessures. Le bruit sourd des coups qu’il infligea à l’arrière garde me mirent en alerte, et je me retournai plein d’effroi. La créature immense offrait un spectacle à faire trembler un Drow. Le faciès défiguré par la douleur, les yeux pleins de colère et de haine pour nous, le monstre semblait décidé à nous faire mordre la poussière à tous. Lancé dans sa course, personne ne fut assez rapide pour se mettre à l’abri, et nous fûmes bousculés et envoyés mis à terre par la masse difforme. Il se rua sur nous et alla s’écraser contre le mur. Son cri couvrit le vacarme des armures de ceux qui tentaient de se relever, et des injonctions des officiers.
Pour ma part, je secouai la tête, n’en revenant pas d’avoir commis une telle erreur, et me relevais assez aisément. J’en aurai été incapable avec une armure complète, mais celle-ci m’aurait sans doute mieux protégée. Je constatai que je m’étais cogné l’épaule gauche contre quelque chose et qu’elle semblait luxée. Pas le temps de réparer ça maintenant, je m’en occuperai plus tard. Mes yeux se posèrent alors sur le runiste, qui tenait entre ses mains tremblantes un stylet et une tablette de runes. Je n’eus pas le temps de me demander quelle magie pourrait bien nous sortir de là sans trop de dommages, il y avait tant à faire. Je cherchai du regard Harald mais ne le vit pas. La déflagration surgit alors.
Oh, mais quelle erreur. Utiliser le feu contre un Kroak n’était pas une chose à faire. J’entendis le bruit désagréable de la chair qui brûle et les os qui se brisent. Le tronc de la bête, noirci par les flammes, se détacha au moment de l’explosion et voleta sur quelques mètres pour s’écraser contre une paroi. Tous les Dawis sans exception se retrouvèrent eux aussi projetés par la déflagration. J’entendis les hurlements alors que j’étais expulsé sur le mur, et je poussai un gémissement de douleur. Mes vieux os n’étaient plus aussi en forme qu’autrefois, et je crus y passer en entendant le craquement sinistre de mon dos sur la pierre. Fort heureusement, mon armure de cuir avait absorbé la majorité du choc. Je me relevai donc et je pus constater l’étendue des dégâts, à la frêle lueur des quelques torches encore allumées. Je sentis mon visage blanchir alors que je luttais pour ne pas vomir.
Le runiste était mort. Sa tablette gisait à côté de l’amas de chair et d’os qu’était devenu son corps. Trois dawis avaient partagé son sort. Deux autres avaient trépassé par la violence de l’explosion. Derrière moi, un nain se tordait de douleur, en tenant le moignon où se tenait quelques instants auparavant son bras. Les trois derniers étaient inconscients et semblaient relativement saufs. Quand à Harald, il était juste sonné, mais semblait aller bien. Une odeur répugnante de poils brûlés emplissait l’espace, mêlé à la senteur fétide du cadavre du Kroak démembré. Mais tout ça n’était rien comparé à la fatalité qui s’affirma devant moi.
Le tunnel d’où nous venions s’était écroulé. Les mouvements de la créature lors de sa retraite avaient probablement affaibli les murs, ou bien était-ce simplement la goutte d’eau qui avait fait déborder le vase. En tout cas, une chose était sûr, le plafond s’était brisé dans la salle d’où nous venions. Je me relevais en titubant et sans un mot me dirigeai vers l’effondrement, pour constater les dégâts de plus près. J’inspirai un coup et toussai, avant de réessayer. La bonne nouvelle, c’est que l’explosion avait fait disparaître toute trace de toxine. Tant mieux, je n’avais pas envie de crever ici. Je grimpai sur un rocher, puis un autre, et atteignis ainsi le plafond.
La voûte du couloir avait tenu, et heureusement, ou nous serions tous morts à cette heure-ci. Je soufflai et fut vite rassuré : on pourrait sûrement déblayer et venir nous chercher en moins d’une demi-journée. On allait bien s’en sortir. Mon épaule luxée me faisait un mal de chien. Je sautais de l’éboulement et me dirigeai vers Harald qui s’était relevé. Je le hélais et toussais encore.
« Bon… On est dans de beaux draps. Ça va pas être une mince affaire de nous sortir d’ici, mais à vue de nez, demain vers midi on devrait entendre les pioches, les pelles et les marteaux. »
Je toussais de nouveau, et mon regard s’assombrit en reprenant :
« Quelle idée de faire cramer un Kroak… C’est plein de toxines explosives là-dedans, c’est bien connu ! Regarde-moi ce carnage… Ça va toi ? Rien de cassé ? »
Je pointai mon épaule avec une grimace.
« Tu pourrais t’occuper de mon épaule ? Ça me fait un mal de chien. » |
| | | Harald Barbe-Sanglante
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| Sujet: Re: Au détour d'un tunnel [Harald] Mar 9 Juin 2020 - 12:28 | |
| Une petite apocalypse avait eu lieu en ce lieu souterrain. Certes, elle avait été bien moins dévastatrice que la Mâlenuit, mais toujours est-il que plusieurs Nains perdirent la vie dans ce boyau abandonné depuis des années. Nul doute que ces Braises-Vies seraient recommandées par Heidum en personne, alors qu’ils perdirent leurs vies dans le courage et le dévouement, en luttant face à une créature qui, si elle n’avait pas été combattue, aurait mit en danger la vie des habitants de la cité. Harald lui-même rendrait une prière à Heidum pour les Braises des soldats décédés.
Autour de lui, tout semblait à la fois si proche, et si éloigné. Les mouvements de spasmes de la bête détruite, ceux des cognards qui tentaient de s’éloigner ou de soigner les blesser, semblaient si irréels. Tout se mouvait au ralenti, comme si Harald regardait une scène sans réellement y participer. Une situation désagréable. Le seul point d’ancrage qu’il pu trouver à proximité, fut sa couronne en or, qu’il avait perdu durant sa chute. Balbutiant, tâtonnant, il tenta tout de même de la récupérer. Ses pognes caleuses, sales et pleines d’un sang qui était en partie le sien, tâtonnaient au sol comme le fait le nanillon qui tente de prendre un objet dont il peine à percevoir la distance. Sa respiration était rapide, irrégulière. Il ressentait une douleur dans sa panse, alors que la déflagration l’avait profondément secoué sans commune mesure. Une irritation survint alors qu’il mettait enfin sa pogne sur sa couronne. Il se racla la gorge, mais l’irritation était encore là. Dans un bruit de raclement de gorge, il cracha un mollard dont il aurait pu être fier en temps normal, si celui-ci n’était point formé de salive et de sang. Un autre râle profond, et il tenta de se relever, prenant une position en trépied et s’appuyant de ses deux bras sur son genou fléchit.
Il était enfin debout, sa couronne toujours en main. Mais il titubait à mesure que la scène devant lui continuait à tourner à une vitesse hallucinante, le sol, se dérobant sous ses pieds. Aussi fit-il quelques pas en arrière, avant d’être rattrapé par le mur, sous peine de quoi, il serait retourné au sol, le cul en premier.
Là, il prit quelques secondes pour respirer. La poussière, la fumée du cadavre, l’odeur du sang brûlé, l’ambiance de tripes et de mort, irritaient encore ses nasaux, et il entreprit mécaniquement de s’en défaire en se pinçant le nez, et en crachant à nouveau. Un mince filet de salive mêlé de sang descendit alors du coin des lèvres, et il ressenti le besoin d’appuyer ses mains sur les hanches, pour reprendre une respiration plus posée. Et enfin, le soulagement : une profonde respiration. Tel l’apnéiste retrouvant l’air frais après une longue absence, sa respiration fut aussi profonde que bruyante, le sang dans ses bronches, crépitant comme le feu d’un campement. Ainsi le Roi était blessé, non seulement à l’extérieur de son corps, mais aussi en-dedans.
Les plaies étaient nombreuses sur ses mains, sa nuque, son cou et son crâne, et ses contusions rendaient ses déplacements très désagréables. Une plaie au cuir chevelu aura arrêté de saigner, mais le fluide vital perdu s’était étalé sur une partie de son visage, et dans sa barbe. Mais ce qui prédominait le plus, c’était le sang de la créature et ses entrailles, alors qu’il lui avait assené tout à l’heure deux coups mortels dans l’abdomen. Le Roi était méconnaissable, mais au moins avait-il encore sa couronne sur le crâne.
Les mots de Braähm le hélant firent revenir Harald dans cette caverne poussiéreuse, l’aidant à reprendre possession de ses moyens. Titubant vers le Thane Main-Ferme, il prit place à ses côtés, et s’installa, afin de prendre une petite pause bien méritée.
- C’pas tout l’monde qui sait ça, maître Main-Ferme. La preuve, je l’savais pas. Il prend une pause dans sa réponse, sa respiration lui commandant de le faire. Ainsi, faut qu’on attende jusque d’main. Cognards ! Il s’adresse aux survivants les moins blessés. Occupez vous des blessés, qu’ils survivent jusque d’main. Braähm, donne moi ton épaule. Se mettant de telle sorte à pouvoir faire son rôle, Harald plaça le bras blessé contre son flanc, et passa son propre bras par-dessus. Une main prit place au-dessus du coude, une autre, juste au-dessous de l’épaule. Et doucement, mais fermement, il étira le membre disloqué tout en le redressant, jusqu’à entendre le bruit sourd de la tête de l’os reprenant sa place dans la cavité osseuse. Un bruit sourd, répugnant, mais en cet instant, bien venu.
Maintenant, il fallait savoir quoi faire. Allaient-ils simplement attendre, ou continuer à explorer l’endroit ? Rester ici serait judicieux, et sans doute plus sûr. Aller explorer serait tenter de reconnaître les lieux, mais aussi, se mettre potentiellement en danger.
- J’te propose d’rester ici l’temps qu’les aut’ nous r’trouvent. Si on s’enfonce plus loin, on sait pas c’qu’on risque d’trouver, et ni toi ni moi, on pourra y faire face bin’ longtemps. P’t’être qu’on pourrait trouver des pioches dans l’coin et creuser d’not’ côté ? Qu’est-ce t’en penses ? |
| | | Braähm Main-Ferme
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| Sujet: Re: Au détour d'un tunnel [Harald] Mar 9 Juin 2020 - 16:56 | |
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« Hmm… Saleté. »
Le craquement que mon os fit m’arracha un gémissement de douleur, la bouche fermée. Je massai mon avant bras et remuai mes doigts, heureux de retrouver la sensibilité. Je savais qu’il me serait impossible de me servir de mon bras pour quelques jours, mais j’étais content de ne pas avoir à garder le lit. Je plissais le nez en reniflant l’odeur répugnante qui émanait du Groman-Rik, mais je me tus. Il avait un aspect dégoûtant, et je pris alors conscience de la chance que j’avais eu de m’en être si bien tiré. Un frisson me parcourut alors qu’un Dawi allumait de nouvelles torches pour les coincer entre deux rochers, histoire d’y voir plus clair.
« Je suis d’accord, restons ici au moins quelques heures. Il faut qu’on se repose, mon dos me fait souffrir, je ne suis plus si jeune... Je suis inquiet quand même : ça a fait beaucoup de bruit, l’explosion. Ça peut attirer de sales bestioles curieuses. Faut qu’un des soldats monte la garde. »
Je m’installais un peu plus confortablement et gémit une nouvelle fois en posant mon dos contre un rocher.
« Faisons ça, reposons-nous et essayons de trouver des pioches. Moi je ne pourrais pas creuser, mais y’a encore des gars solides ici. »
Les quelques minutes qui suivirent furent remplies d’injonctions en tout genre. Le blessé s’était évanoui, la douleur l’ayant probablement assommé. Deux soldats allèrent se poster quelques mètres en amont tandis qu’un troisième s’asseyait à nos côtés. Il commença alors à chantonner, et je pense que je sombrai dans le sommeil peu de temps après. ***
J’ignorais combien de temps avait passé lorsque j’émergeai d’un sommeil assez profond. Mon épaule me faisait moins mal mais la douleur dans mon dos ne cessait de me tourmenter. Je me frottais les yeux et regardais autour de moi. Harald et un soldat dormaient. Le manchot, lui, était bien éveillé, et transpirait visiblement. Je me relevais avec une grimace pour aller le voir.
« Montre ta blessure. Comment tu t’appelles ? »
Il ouvrit à peine les yeux pour essayer de comprendre qui s’adressait à lui, avant de lâcher son moignon et de me dire son nom. On avait pansé sa blessure mais les bandages avaient visiblement besoin d’être changés. Je défis avec précaution les quelques bouts de tissu et fut surpris de constater que sa blessure s’infectait déjà. Je soupirais, la suite n’allait être facile ni pour lui, ni pour moi.
« Hedgor, je vais devoir te faire très mal, mais si je ne le fais pas, tu vas y rester. Tu comprends ce que je dis ? »
Il me regarda, le visage blanc, et acquiesça presque imperceptiblement. Je lui rendis son hochement de tête et lui tendis ma hache.
« Mets le manche entre tes dents, et serre fort. »
Je ramassai une torche à proximité avec une nouvelle grimace, et entrepris de lui brûler sa plaie. Le bruit sinistre de la chair contre les flammes se mêla au cri de souffrance du Dawi, qui lâcha la hache et retomba dans le coma. Je finis ce que j’avais à faire alors que derrière moi, les endormis se réveillaient. Je pansai la blessure et me relevais, face au roi. Les soldats postés plus loin nous rejoignirent tandis que je m’adressais à lui.
« Il survivra, mais faut qu’il voie un runiste, et vite. Allons-y, on peut peut-être trouver de vieux outils autour de nous. »
Dernière édition par Braähm Main-Ferme le Mer 10 Juin 2020 - 10:57, édité 1 fois |
| | | Harald Barbe-Sanglante
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| Sujet: Re: Au détour d'un tunnel [Harald] Mer 10 Juin 2020 - 9:39 | |
| Braähm était donc d’accord pour qu’un peu de repos puisse s’opérer. Harald accueillit ce repos comme un ami bienfaisant, et ce faisant, sombra dans les méandres du sommeil sans tenter un instant d’y résister. Au moins là, il n’avait plus mal, ni au-dehors ni en-dedans, et les heures qu’il devait passer à attendre, s’étioleraient bien plus rapidement.
~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~ Un cri puissant tira Harald de sa rêverie. L’espace d’un instant, il crut à un mauvais rêve, ce genre de rêve où il revoit les visages de ses frères et sœurs d’armes trépassés au fil des combats de ces deux derniers siècles, où reviennent à lui les cris des blessés, la fureur des combats, et l’immense tristesse du Voile. La chance aura voulu que le clan Brise-Os aura toujours vécu dans le Brissalion, et qu’ainsi, il ne subisse point les horreurs du peuple de Kirgan et d’Almis. Mais il avait vu l’augmentation de la présence Gobeline et des Kobolds, il avait vu les réfugiés, il avait combattu les Wandrais. Il avait été face à Almis l’Insoumise.
Se relevant péniblement, la douleur ayant au moins eu le mérite de l’aider à reprendre possession de son corps et de son esprit, enfin débarrassés tout deux de cette étranger sensation cauchemardesque, il pu voir d’où provenait ce cri.
Braähm Main-Ferme venait de sauver une vie. Si le cognard blessé et ainsi amputé aura toujours un grand fardeau pour le restant de sa vie, il aura au moins le mérite de pouvoir poursuivre sa vie, et faire encore son œuvre pour les prochaines décennies. Harald posa sur Braähm un regard bienveillant. Cette discussion au sein d’une taverne, quelques ennéades plus tôt, n’aura jamais été aussi bénie qu’en ces instants présents. Rencontrer Braähm sans l’attendre, au grand désarroi de Thordril, aura été une bénédiction.
« Il survivra, mais faut qu’il voie un runiste, et vite. Allons-y, on peut peut-être trouver de vieux outils autour de nous. » - Les runistes s’trouvent derrière c’tas d’gravas. Qu’un cognard s’occupe d’le surveiller, lui et les aut’. On va s’chercher des… - KOBOOOOLDS ! Un cognard posté dans une dépendance de la galerie revint en courant, le regard hagard, l’air paniqué. Le brouhaha qui le suivait à bonne distance indiquait qu’ils étaient effectivement plusieurs à arriver derrière lui. Cinq ? Peut-être six Kobolds ? Ils arrivaient.
L’espace d’un instant, Harald regarda autour de lui. Il y avait déjà eu trop de morts, trop de blessés. Ils avaient des armes, mais ils étaient tous dans un piteux état. Les contusions se rappelant à lui, le souverain sentait qu’il n’était pas à 100% de ses capacités, et si son armure avait vécu pire, il ne possédait pas son heaume, et pas assez de cognards à ses côtés. Mais l’instant n’était pas à l’abandon, ils allaient arriver, et si Harald ne faisait rien, ils trancheraient dans le vif à sa place. Harald ne mourrait pas dans ce boyau abandonné. Il ne laisserait pas mourir Braahm, ni les autres.
Conscient de la gravité de l’instant, et du fait que, ici, il était celui qui devait être le plus fort, et qu’il devait être source d’inspiration, il vissa sa couronne sur son crâne, et s’empara de sa hache. Les Kobolds arriveraient par un boyau à gauche, faisant un angle de 90° avec le boyau où se trouvaient les blessés. Harald décida de frapper le premier, et il frapperait fort.
Se plaçant contre l’angle du mur, de telle sorte qu’il n’apparaisse pas aux yeux des Kobolds et qu’il puisse frapper sans s’exposer, Harald attendait, prêt à assener sa colère. Le brouhaha des assaillants dépareillés s’approchait, jusqu’à-ce que le bruit typique du Kobold se produise presque aux oreilles du souverain. Sans demander son reste, Harald décrivit un arc de cercle avec sa hache, et trancha violemment dans l’abdomen du premier Kobold un peu trop enhardi. Ne s’y attendant point, il poussa un hurlement de stupeur et de douleur, lequel provoqua l’arrêt de ses camarades, quelques pas derrière lui.
Il retira sa lame, et le corps du Kobold tomba lourdement au sol, un gargouillement horrible remontant jusqu’à sa gorge alors qu’il baignait dans son sang.
Harald sortit alors de sa cachette, et se plaça au centre du boyau, devant les Kobolds ainsi arrêtés. Les lueurs des torches de côté, assombrirent le visage du souverain, ainsi que sa silhouette, lui rendant une allure d’ombre mystique, solide et robuste, prête à faire face. Des Kobolds, Harald ne voyait que leurs petits yeux qui renvoyaient la lumière faiblarde des torches, tels les yeux du félin éclairé pendant la nuit.
Harald était remonté à bloc. Il était entré dans cette fureur qu’il n’avait plus connu depuis plusieurs mois maintenant, mais qu’il avait maintes fois embrassé par le passé. Cette fureur au combat, que d’aucun qualifierait de folie destructrice, s’était à nouveau emparée de lui. Soufflant comme un taureau, il grognait comme un ours à mesure que ses expirations battaient la mesure. Se doutant qu’il possédait l’effet de surprise, Harald s’abandonna à sa folie meurtrière et ses envies de combat, et ses grognements devinrent de vrais hurlements bestiaux, révélant ses bras instincts. Il était un guerrier, un guerrier dos au mur, il se battrait jusqu’au bout, pour protéger les siens. Et tandis qu’il hurlait sa hargne, les cinq Kobolds restant, chargèrent le souverain qui les attendait de pied ferme.
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| | | Braähm Main-Ferme
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| Sujet: Re: Au détour d'un tunnel [Harald] Ven 26 Juin 2020 - 16:57 | |
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Le cri d’alerte du soldat finit d’éveiller mes sens. Je lui jetais un regard alors qu’il courait nous rejoindre, l’arme à la main. Puis je me tournais vers Harald, qui se dirigeait déjà face à l’ennemi. Je regardais mes mains, ma hache, et tentais de la soulever à une main. Ce ne serait pas facile, mais je pouvais encore faire mal à au moins l’un de ces Kobolds. Je m’apprêtais à rejoindre Harald, presque sûr de moi, lorsqu’un bruit sinistre retentit dans la cavité, suivi du hurlement du malheureux qui n’avait rien vu venir. Derrière lui, ses camarades s’étaient bel et bien stoppés à la vue du Groman-Rik. Sa stature imposante couvrait l’entrée du couloir, et faisait face au danger, seul. C’était impressionnant.
La charge des cinq Kobolds restants lui serait toutefois sans doute fatale, si personne ne faisait rien. Je commençais donc à marcher vers lui avec une grimace, lorsqu’un des trois soldats posa sa main sur mon épaule.
« Laisses-nous faire. T’es pas en état, Braähm. »
Je me retournais et, après une seconde d’hésitation, acquiesçais sans un mot. Mes vieux os me faisaient mal, et mon épaule, bien que réparée, me lançait toujours. J’étais fatigué, je le sentais au plus profond de mon être. Le souffle de l’explosion m’avait arraché toute vigueur. Si je participais à ce combat, nul doute que je serais une gêne pour eux, plutôt qu’une aide. À quatre contre cinq, ils n’avaient peut-être pas l’avantage du nombre, mais les Dawis étaient supérieurs en tout point aux Kobolds. Il fallait se rendre à l’évidence, pour cette fois, ils n’avaient pas besoin de moi. Je me postais donc à l’arrière et m’accoudai à ma hache tandis que les trois cognards rejoignirent le roi.
Je me rappellerai ces quelques minutes probablement toute ma vie. Je n’avais jamais vu de Kobolds aussi redoutables. Était-ce la fatigue des soldats, ou étaient-ils simplement des guerriers d’élite ? Je n’en ai aucune idée. En tout cas, le premier d’entre eux nous surprit tous lorsqu’il se jeta sur le Grand-Roi en s’agrippant au manche de sa hache pour l’empêcher de frapper. Ils roulent par terre, lâchant leurs armes pour en venir aux poings. Ses compagnons qui le suivent de près surgissent dans la salle et engagent les trois soldats, qui leur tiennent tête avec difficulté. Vif et redoutable, il parvient à prendre le dessus sur le Dawi, et cherche des yeux un endroit à mordre. Dans un cri de rage, Harald repousse son agresseur d’un coup de pied dans la gueule, qui déforme sa mâchoire et brise deux dents. Le Kobold hurle et secoue la tête, sonné. Le Dawi se relève maladroitement et lui assène un coup de poing. Son gant en métal résonne sinistrement contre les os du malheureux, qui craquent sous l’impact. Il gémit maintenant, et ne peut que contempler impuissant la lame du roi se planter dans son crâne.
Pendant ce temps, les soldats reculent devant leurs adversaires qui se battent comme des diables. Cimeterres et épées courtes contre haches et hallebardes, chaque coup est donné dans l’intention de tuer, sans ouvrir sa garde pour autant. Le dernier des Kobolds, lui, restait à l’écart, les yeux fermés, et psalmodiait dans sa langue corrompue. Je savais que beaucoup d’entre eux connaissaient la Magie, mais je ne l’avait jamais vu si correctement maîtrisée. Trois pics de glace de cinquante centimètres de long se formaient devant lui, dirigés directement sur les cognards. Il ouvrit les yeux au moment où Harald se mit à courir pour l’en empêcher, et la vue du Dawi fou de rage qui se ruait sur lui fut probablement ce qui nous sauva. Sa concentration altérée, seulement deux des pics touchèrent leur cible, alors que le troisième s’enfonça dans le dos d’un Kobold par erreur. Les deux soldats touchés en pleine tête s’effondrèrent sur le coup. Harald décapita le mage promptement et vint à la rescousse du dernier de nos camarades qui tenait bon.
Les Kobolds me tournaient le dos, et ce fut leur seule véritable erreur. Je réussis à m’approcher d’eux en silence pour enfoncer ma lame dans la nuque de l’un. L’autre, surpris, ne réussit pas à parer le coup du soldat qui l’éventra dans un bruit sourd. Puis, le silence. Ou presque ? Derrière moi, j’entendis des cris étouffés, et des bruits de pioches. Les secours étaient presque là, enfin ! Je regardais les deux nains encore en vie en soupirant. Le dernier soldat avait perdu une oreille et du sang coulait dans son armure. Harald, lui, ne semblait rien avoir. Nous avions eu beaucoup de chance.
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| | | Harald Barbe-Sanglante
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| Sujet: Re: Au détour d'un tunnel [Harald] Sam 27 Juin 2020 - 16:52 | |
| Le silence était assourdissant. Après le tumulte des combats, vint l’accalmie mortuaire. Gisants au sol, les cadavres tailladés et transpercés des Kobolds se mélangeaient aux corps mutilés des cognards qui rendirent leurs braises-vies dans ce souterrain tortueux. Il y avait eu tant de morts. Non pas que Harald n’en ait jamais vu autant, il en avait, à vrai dire, vu bien plus au cours de sa vie. Seulement tous ces cadavres étaient les conséquences de combats violents, à une époque où le Zagazorn était plein et entier. Aujourd’hui, cinq poilus décédés, c’était aussi bien un crève-cœur qu’un carnage.
Debout, la main droite sur le pommeau de sa hache dont la tête de lame reposait au sol, Harald contemplait la scène, légèrement en retrait, alors que les bruits des coups de pioches résonnaient sourdement, la pierre roulant de plus en plus à mesure que les mineurs s’approchaient des survivants. Lorsqu’ils percèrent finalement l’amas de rocs et de pierres, la lumière qu’ils apportèrent avec eux fut comme le Zarrat au lendemain d’une nuit trop longue.
Harald était telle la statue de roc taillée voilà des cycles, érodée par des siècles de pluie, de vent, de neiges et de tempêtes. Son armure toute entière était corrompue du sang et des entrailles de ses adversaires, du Kroak aux Kobolds. Sa lame était poisseuse, son tranchant, émoussée par une couche épaisse de sang séché. Il était méconnaissable.
Se rendant compte que la situation était sous contrôle, qu’il n’y avait plus aucun danger, Harald baissa la tête et ferma les yeux, se plongeant dans une prière intérieure :
« Heidum hunkdrin a Mogankordum, af, drangkazakdrengi. Af dum arm drangthrag. An Heidum : um dawiazul, uzgul arm karazazundi. Koboldrengi, kroakdrengi, afarm rinn. azgrimankor. Wan gromthiguzaum, wanrak git bin Mogankordum. » Puis, il releva sa tête, et à la vue des soldats en renfort, des runistes de vie et des mineurs, écoeurés, attrités et en même temps heureux de voir que le Roi était encore en vie, il ordonna ceci :
- Qu’les corps d’nos cognards soient enterrés dans l’caveau d’leurs ancêtres, et qu’leurs noms soient gravés dans l’monument d’nos morts. Buvez en leur honneur, mais réjouissez-vous : ils auront rejoint leurs ancêtres, dans le monde du Dessous. Car leur sacrifice n’est pas vint. Il montre du doigt la plaque arrachée sur laquelle des runes gravées indiquaient la présence de la grandsalle des scriberunes. La Grandsalle des Scriberunes est à portée d’pioche, grâce à eux. Sécurisez ces boyaux, et lorsqu’ce s’ra fait, étayez les pour les rendre à la population Dawis. Runistes, soignez les blessés, et occupez-vous de l’épaule de Braahm. Le vénérable Gromtrommi est un héros. Puis, une fois ses ordres donnés, et ceux-ci en cours d’exécution – les soldats investissant les boyaux, les mineurs, dégageant le chemin et se préparant au travail, les runistes prodiguant les premiers soins – il prit le chemin de la sortie, se rendant là où lui seul pouvait se rendre, la tête haute mais la mine triste par tous ces morts.
Traduction : Qu’heidum vous ouvre le chemin du Mogankordum, vous les vainqueurs d’une terrible bataille. Votre mort est une blessure. A Heidum je dis ceci : ces nains sont fiables, leurs corps sont les gardiens de ces montagnes. Tueurs de Kobolds, tueurs de Kroak, ce sont les compagnons du Roi. Ce lieu est leur domaine. Que les ancêtres boivent à leur santé, quand ils les accueilleront dans le monde du dessous. |
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