Avant qu'on ne se sépare encore... [Pv Sinieth]

L’ambiance était lourde ses derniers temps parmi les anedhels. Aegden le premier était sensible à ce changement de température. Tendu, il se faisait moins ouvert, moins patient peut être. Plus rares étaient les instants où le mainyth laissait ses sentiments faire surface. Et pour cause la menace, raison même de sa présence au sein de ces terres étrangères, grandissait et grondait de plus en plus. Ce n’était plus qu’une question de temps et la tension s’accumulait de tous les côtés, son grade n’aidant pas à faciliter les choses au contraire.

A cause de toute cette agitation, il croisait de moins en moins la femme qu’il aimait. Certes elle participait encore à certains entrainements mais c’était bien peu et rares étaient les instants où ils pouvaient échanger autre chose que des conseils martiaux. C’était pour cela qu’ils avaient fini par éprouver le besoin mutuel de se rejoindre à nouveau, l’espace de quelques heures.

Au fond de leur cœur il y avait la crainte que cette soirée fut la dernière.

Il était arrivé le premier dans la pièce qu’ils avaient choisie comme lieu de rendez-vous. C’était une chambre confortable qu’ils savaient abandonnée depuis quelques temps maintenant. L’ancien propriétaire avait décidé de fuir la guerre et personne n’avait repris l’endroit qui était resté intact, si ce n’était vidé de tout objets personnel bien entendu.

D’ailleurs, il allumait à peine un feu dans la cheminée que ses oreilles se haussaient attirée par le bruit d’une porte à laquelle on toquait doucement et un sourire sur les lèvres il indiqua à celle qui se trouvait de l'autre coté qu'elle pouvait entrer.

Malgré la tension qui serrait son cœur, il s'efforçait de sourire. Il voulait que ce soir, l'étincelle de joie qu'ils arriveraient à en tirer soit leur phare dans l'obscurité qui approchait.

Pose et couleurs de cheveux non contractuelles:

Cela ne faisait pas si longtemps que Sinieth avait connu une peur aussi tenace que celle qu'elle ressentait à présent. Mais celle-ci était plus sourde et grandissait à mesure que les jours s'écoulaient et que l'on savait que les sombres approchaient. Et cette peur prenait d'autant plus forme à chaque fois qu'Aegden entrait dans son champ de vision, devant bien trop tangible. Ils ne se l'étaient pas dit et évitaient de se le montrer mais ils ressentaient la même chose. Cette guerre pouvait les séparer définitivement en laissant l'un d'eux avec le cœur brisé. Ou bien les unir à tout jamais dans le royaume de la Voilée. La jeune femme ignorait encore ce qu'était un champ de bataille mais elle s'efforçait à se l'imaginer en se remémorant nombre de récits qu'elle avait pu lire. Cela n'avait rien de réjouissant, cependant, il valait mieux qu'elle y soit préparée. Il en allait de sa vie.

Mais alors que la mysticiste avait rejoint le château, il lui semblait qu'elle voyait son compagnon encore moins qu'auparavant. La journée, ils peinaient à se trouver quelques minutes de liberté sans être dérangés. Le soir, elle s'écroulait le plus souvent de fatigue. Au début, son corps avait beaucoup souffert des exercices qu'elle lui faisait subir mais, disciplinée, elle avait tenu bon. Il lui fallait s'endurcir afin d'être aussi prête que possible quand le moment serait venu de se tenir sur les remparts face à des ennemis retors. Mais ce soir-là, les drows n'étaient pas encore arrivés. La plupart des préparatifs étaient finalisés. Les entraînements avaient été plus que profitables à tout le monde. Et les deux amants sentirent que c'était le moment ou jamais pour eux de passer un peu de temps ensemble avant les combats. Asgëril avait su leur indiquer sans mal une chambre disponible. Il n'avait eu aucun commentaire, aucun regard particulier. Il comprenait, tout simplement. Il avait fait la même chose avec Andrea avant qu'il ne parte pour se mettre à l'abri, emportant avec lui deux enfants qui n'étaient pas les siens.

Le soir était là. Lynn savait simplement que sa colocataire ne rentrerait pas de la nuit et l'avait vue partir avec une épaisse couverture sans qu'elle ne lui donne plus d'explications. Lorsqu'Aegden avait ouvert la porte, une expression tendre s'était peinte sur son visage avant d'entrer. Tandis qu'il refermait derrière elle, elle posa ce qu'elle transportait sur un meuble recouvert d'un linge blanc puis se retourna vers lui. Elle ne dit rien et se contenta de venir se glisser dans ses bras pour profiter d'une étreinte telle qu'ils n'avaient plus pu en partager depuis qu'ils avaient quitté le domicile de son père. La tête posée sur son torse, elle écouta les battements de son cœur et soupira de bien-être. C'était comme si ce simple geste avait le pouvoir d'effacer toutes ses craintes. Après un moment, elle se redressa enfin.

-Je n'aurais pas cru que tu puisses un jour être plus élégant que moi. Fit-elle remarquer avec un sourire amusé et mystérieux dont elle seule était capable.

Elle était coquette et élégante et l'assumait parfaitement. Cependant, s'il était habillé plutôt simplement, il portait des vêtements qui lui appartenaient et qui lui allaient parfaitement. Quant à elle, elle n'avait accès qu'à ce qu'elle avait pu se procurer auprès de Souffles charitables. Fort heureusement, elle avait la carrure des elfes et les tenues empruntées lui allaient pour la plupart. Mais ce n'était pas véritablement à son goût. Cela semblait même parfois un peu dépareillé. Ce soir-là, elle portait une chemise blanche, un pantalon vert et une sorte de mélange entre le pull et le châle en laine grise. Elle était très loin de ses robes raffinées ou même de cette tenue de combat empruntée à Lynn.

A peine avait-il fermé la porte qu’elle était venue se réfugier dans ses bras et il l’avait accueillie avec joie, fermant les yeux, profitant de cette étreinte un moment qui sembla aussi long qu’il était doux. S’il eut pu rester ainsi des heures durant sans doute l’aurait-il fait. C’était si bon, à la fois familier et nouveau à chaque fois.

Mais elle se releva finalement et il rit tendrement en l’écoutant alors que ses mains venaient retrouver ses pommettes et son front qu’il caressait. Jamais il n’avait été aussi tactile qu’avec elle.

Aegden n’était pas le plus porté sur la coquetterie qui soit… S’il gardait tout de même un certain sens de l’esthétique et qu’il savait faire attention à sa propre apparence, il était souvent plus du genre à préférer vêtements et coiffures pratiques plutôt qu’élégants. Ainsi la remarque de la jeune femme l’avait dans un premier temps fait rire tant il lui semblait que les rôles étaient inverses.

-Tu pourrais être vêtue de guenilles que tu resterais sublime à mes yeux. Souffla-t-il, comme s'il s'agissait d'un aveu.

Elle avait cette grâce, ce maintien qui la rendait belle sans l’aide du moindre artifice. Qu’il fut fard ou tissus. Et puis il y avait son visage encadré par ses cheveux d'ébène, ce sourire tendre et mystérieux dont il ne saisissait jamais entièrement le sens. Ce regard qui n’appartenait qu’à elle. Elle possédait bien plus que le simple fait de prendre soin de son apparence. Elle était belle voilà tout.

La guerre et la peur relayé au second plan de son esprit, le regard du soldat brillait d'un tendre éclat tandis qu'il ne la quittait pas des yeux, son cœur gonflé de joie en réalisant à nouveau à quel point il était chanceux qu'Arcamenel ait décidé qu'elle l'aime. Qu'ils s'aiment.

Sinieth libéra un petit rire léger et cristallin.

-On m'a fait maints compliments dans ma vie. Mais jamais aucun ne m'a touché autant que les tiens. Parce que je les sais sincères, tout simplement.

Combien de fois lui avait-on dit à quel point elle était belle ? Un soupirant lui avait même écrit et déclamé un poème une fois, espérant vainement éveiller le cœur en sommeil de la sublime prêtresse. Mais il était bien trop profondément endormi et seul un homme était parvenu à réaliser l'impossible. Sans chercher à provoquer quoi que ce soit, Aegden avait surgi, tel un Prince charmant dans un conte de fée, et il n'avait eu besoin de presque rien pour la faire vibrer à nouveau sur des notes que son Souffle n'avait plus joué depuis longtemps. Après deux siècles de silence et de quiétude, il avait provoqué une tempête dans cet être si paisible, l'amenant à renoncer au vœu muet qu'elle avait fait de demeurer seule... pour éviter de souffrir de nouveau.
Mais le Commandant était différent des autres. Il était éternel. Il était loyal. Il était honnête. Dans cette relation, rien d'autre ne l'animait en dehors de ses propres émotions. Elle lisait -tant dans ses yeux que dans ses gestes- l'infinie tendresse qu'il ressentait pour elle. Elle l'avait senti au premier regard. Il avait tendu la main dans sa direction, l'invitant à danser et à venir se réfugier auprès de lui. Et elle avait accepté. Sans rien savoir de lui, elle lui avait donné sa confiance. En apparence, pour simplement la faire virevolter sur scène. Mais en réalité, cela allait tellement plus loin que cela... Elle se serait contentée de cette expérience aussi magique qu'unique. Elle se serait contentée de repenser à ce moment, tel un rêve éveillé. Mais lorsqu'elle l'avait recroisé, elle avait compris... et elle avait cessé de lutter contre ce que les Dieux avaient voulu pour eux.

Les main de Sinieth remontèrent en une caresse sur le torse d'Aegden pour s'arrêter sur le haut de son buste. Puis elle se hissa sur ses pieds pour venir retrouver ses lèvres. Cela faisait trop longtemps qu'elle n'avait pas pu l'embrasser. Quelques jours, mais c'était bien trop à ses yeux. Elle voulait que ce baiser compense cette absence de tendresse, ce silence de leur affection qu'ils se devaient de faire taire simplement pour se tenir dignement en publique. Ce n'était certes pas une contrainte inaccessible étant donné leurs caractères respectifs mais, maintenant qu'ils étaient seuls, à l'abri de tout regard et de tout dérangement, ils n'avaient plus de raisons de se limiter. Alors ce baiser durerait autant qu'ils ne souhaiteraient, tout autant que l'étreinte qu'ils venaient de partager. Un baiser long et appuyé, s'étirant dans le temps alors que le corps de la jeune femme se rapprochait de celui de son amant, comme pour venir quérir sa chaleur.

L’avait-il déjà entendu rire ainsi ? Si c’était le cas, c’était il y avait tellement longtemps que l’effet était le même : ça le rendait heureux. Il avait l’impression d’avoir accompli quelque chose, quelque chose de tout simple et de si beau à la fois.

Mais il ne répondit pas. Il n’en eut ni l’envie ni le temps alors qu’elle vint à nouveau l’embrasser. Aurait-il cru un jour ressentir autant de chose par un tel geste ? Et pourtant. Il n’était probablement même pas capable de les nommer toute. A chaque fois que leurs lèvres se rencontraient il se sentait se noyer et pas une seule seconde il n'avait l'envie de lutter.

Leur baiser se fit plus long qu’accoutumé. C’est qu’avec tout ce qui bouillonnait dans leur cœur, ils en avaient des choses à rattraper. Aucun regret, c’était ce que devait être la raison même de cette soirée.

Il fallut tout de même, au bout d’un moment que leurs lèvres se séparent. L’espace de quelques seconde au moins. Le regard d’Aegden croisa celui de Sinieth et elle put y voir autre chose que la tendresse bel et bien toujours là. C’était toujours de l’amour, mais aussi un besoin. Besoin d’elle. Avant que tout s’arrête. Besoin de la savoir là, avec lui, partageant leur chaleur.

Une inspiration, une expiration à peine et il vint lui rendre son baiser avec la même intensité. Il agissait plus qu'il ne réfléchissait à ce qu'il faisait. C'était rare, exceptionnel.

Ses mains quant à elles glissèrent le long du dos de la jeune femme pour finir par timidement enserrer ses hanches. Il restait très doux dans ses contacts et elle pouvait sentir qu’à la moindre rebuffade, il la lâcherait aussitôt. Malgré tout il vint la serrer contre lui, se forçant à se pencher un peu lui même pour qu’elle n’ait plus à décoller ses talons du sol.

Dieux, Mère et Amant,  qu’il aurait tout donné sans hésiter pour que cet instant dure l’éternité... L'éternité à se perdre dans les saphirs de sa bien aimée.

-Je t'aime, Sinieth. Souffla-t-il si bas qu'elle pourrait douter de l'avoir réellement entendu, alors qu'a nouveau leurs lèvres ne firent plus que se frôler. A quoi bon le dire plus haut ? Les mots étaient bien inutile ce soir. Pourtant ça aussi il avait eut besoin de l'exprimer. Pas de regret à avoir...

Sinieth savait. Elle savait qu'elle était belle, touchée qu'elle était par la grâce des elfes. Bon nombre de personnes lui en avait fait le compliment. Et pour ceux qui ne le disaient pas à voix haute, elle le lisait dans leur regard. Un regard plein d'admiration ou de jalousie selon son interlocuteur. Mais elle n'avait jamais lu la même chose dans le regard d'Aegden. Il venait certes de lui confier qu'il la trouvait belle, cependant, ce n'était pas la première chose qu'elle avait vu dans ses yeux. La première chose qu’il voyait en elle, ce n’était ni son visage, ni son corps, ni son statut... Il la voyait elle, tout simplement.

Leurs lèvres semblaient se redécouvrirent un peu plus à chaque contact durant ce baiser qu'ils faisaient s'éterniser sans se lasser de cet instant. Le temps n'avait plus d'importance, la nuit était à eux. Il n'y avait plus d'entraînement, plus de réunions stratégiques, plus d'études du futur champ de bataille. Il n'y avait plus que lui et elle, ici et maintenant. Ils marquèrent une courte pause et le regard qu'il lui adressa lui fit aussitôt comprendre où les mèneraient les heures à venir. Car le besoin qu'elle lisait dans ses yeux, elle le connaissait. Elle l'avait déjà vu dans le regard d'autres avant lui. Et en même temps, il était différent... Il n'était pas tout à fait identique, même s'il s'exprimerait d'une manière similaire. Et surtout, elle ressentait le même. Elle avait besoin de ressentir sa présence. Elle avait besoin de savoir combien il l’aimait. Et, surtout, elle avait besoin de le sentir bien vivant dans ses bras avant que demain ne l’enlève peut-être. Alors, quand ils se rapprochèrent de nouveau, elle lui rendit ses baisers avec la même intensité. Tout cela ne l’effrayait pas, bien au contraire.
Bien loin de chercher à s’éloigner, elle se rapprocha de lui, si tant était que ce fut possible. Ses mains caressèrent le haut de son buste pour remonter par dessus ses épaules et l’étreindre. L’une se logea sur sa nuque, se mêlant à ses cheveux et l’enjoignant à continuer. L’autre se positionna entre ses omoplates pour le presser délicatement contre elle.

-Je t'aime Aegden... Souffla-t-elle à son tour.

Leurs lèvres, plus que de s’embrasser, commencèrent à se goûter comme on goûterait un plat précieux. Sinieth était lovée contre le corps chaleureux de son amant. Elle sentait son souffle sur sa peau, son cœur battant contre sa poitrine et son odeur qui l’enveloppait. Avec délicatesse, ils partageaient ce besoin qui deviendrait bien vite envie. Envie d’aller plus loin. Envie de se découvrir au-delà de ce qu’ils avaient connu jusque là.
Les mains de la belle se mirent de nouveau en mouvement, caressant le haut de son dos, ses épaules, ses joues, son torse… jusqu’à son cou. Doucement, ses doigts s’immiscèrent sous son col. Ce contact -nouveau entre eux-, elle ne l’exploiterait pas entièrement. Pas tout de suite. Cependant, en réalisant ce geste, elle remarqua à quel point il lui faisait du bien. Elle voulait sentir sa peau sous ses doigts… Sa peau contre la sienne. Son corps contre le sien. Une envie qui n’avait rien de triviale mais qui était bien plus douce que cela. Et bien plus belle.

La mysticiste s’arrêta à son tour et croisa le regard d’Aegden. Jusqu’alors, leur amour avait été plus romantique que passionné, ce qui lui convenait parfaitement. Mais ce soir, les choses étaient un peu différentes. Peut-être parce qu’il se pouvait qu’il soit le dernier. Mais elle ne pouvait lui imposer ses désirs. Alors elle attendit, le cœur battant, le souffle plus lourd que d’habitude et le regard brillant d’un éclat nouveau. La main qui avait commencé à passer sous sa chemise s’était arrêtée et ses doigts caressaient faiblement sa peau tandis qu’elle attendait de voir sa réaction. Elle n’aurait pas besoin de grand chose pour savoir si elle pouvait continuer à laisser s’exprimer son besoin de le sentir plus proche d’elle qu’il ne l’avait jamais été ou si elle devait s’arrêter. Ses mœurs étaient différentes des siennes et elle le comprenait. Cela n’avait jamais été un problème… tout du moins jusque là.

Il esquissa un fin sourire alors qu’elle lui renvoyait ses propres paroles et leurs baisers continuèrent, changeant d’intensité en même temps qu’au fond des cœurs des amants leurs sentiments muaient.

Il sentit les caresses de son amante à travers le tissus contre sa peau tandis que l’une de ses propres mains s’égarait dans le dos de la belle. Il ne résista même pas lorsque les doigts féminins s’aventurèrent sur son cou. Au contraire il…appréciait ça. Quelque chose changeait lorsque cela venait d’elle. Avec elle il n’avait pas besoin de ses réflexes de défense aussi incontrôlés fussent-ils. Avec elle les barrières tombaient, une à une.

Et en parlant de barrière…Il avait saisi son regard lorsque la main s’était immobilisé. Il faisait écho aux siens. Quelque chose changeait entre eux. Aegden aurait peut-être dû ressentir de l’appréhension car, étant homme tout autant qu’il était elfe, il se doutait d’où cela pourrait les mener et jamais il n’avait emprunté ce chemin. Pourtant l’éclat de la peur ne vint pas troubler son regard, la passion l’emportait sur sa raison mais il était certain de vouloir ce qui se passait. La possibilité que se fut leur dernière chance n’en était sans doute même pas réellement responsable. Il y était prêt simplement. Parce que c’était elle.

Mais chaque chose en son temps. Elle caressait tout doucement le bas de sa clavicule, si doucement qu’il en sentait à peine le contact. La main qui enserrais jusqu’à alors encore sa hanche vint délicatement se poser sur celle de son amante, comme une demande muette de ne pas cesser. Son geste était si agréable. D’ailleurs elle devait de là sans aucun doute percevoir son cœur qui battait si fort qu’il avait l’impression qu’on pourrait l’entendre à l’autre bout du château.

-Sinieth, Fit-il la voix rendu un peu plus rauque par son souffle tout aussi lourd que celui de sa compagne. Si jamais on va…plus loin. Je veux qu’on le veuille, tous les deux.

Pas parce qu’ils n’avaient pas le temps, mais parce qu’ils le voulaient réellement. S’ils survivaient, Aegden ne voulait pas que cette nuit soit une tâche dans leur mémoire bien au contraire. Il avait envie de la sentir contre lui, avec lui. Eux, seulement eux l’espace d’une nuit. Elle semblait ressentir la même chose. Mais il voulait ne plus avoir le moindre doute.

-Je veux faire les choses bien. Ajouta-il alors qu’au final il n’était même pas vraiment certains de ce que ça voulait dire ‘’faire les choses bien’’.

Aegden en avait envie. Elle le voyait dans ses yeux, le sentait sous ses doigts, le comprenait dans cette main sur la sienne. Tout ce qui le retenait, c'était son consentement. Elle eut alors un sourire tendre et un peu amusé aussi. Il semblait oublier que c'était un acte bien plus anodin en Ithri'Vaan qu'en Anaëh. Cependant, il se doutait certainement qu'elle était -sur ce point aussi- différente de ce qui était les siens jusqu'à peu encore. Elle n'avait jamais réalisé cet acte sans sentiment, bien que les relations Humaines se déroulent bien plus vite que celles des elfes. Elle n'entrait pas dans un terrain inconnu et ses sentiments pour lui étaient plus forts que ceux qu'elle avait connu jusque là.
Alors, sa main libre vint se poser sur sa joue tandis que son regard sur lui se faisait plus intense.

-Moi aussi j'ai besoin de toi ce soir... De te montrer à quel point je t'aime autant que de ressentir à quel point tu m'aimes. Et je ne connais pas de meilleure façon de l'exprimer...

Elle approcha son visage du sien et s'arrêta à un effleurement de lui avec de souffler quelques mots.

-Je le veux. Je le veux vraiment... Je ne voudrais être nulle part ailleurs que dans tes bras cette nuit...

Ses lèvres retrouvèrent alors les siennes, reprenant là où ils s'étaient arrêtés. Sous sa chemise, ses doigts progressèrent légèrement, bien vite bloqués par les attaches des vêtements de son compagnon. Mais ce n'était pas grave, rien ne pressait. Alors elle se contenta de cette zone nouvelle qu'elle caressa avec tendresse. La langueur puis la passion viendraient bien assez tôt...

Elle le voulait. Elle voulait de cette nuit autant que lui. Elle passerait cette dernière soirée dans ses bras et lui dans les siens. Parce qu'ils avaient besoin plus que jamais de leur amour. Et elle lui faisait savoir dans une déclaration si belle…

Leurs lèvres se retrouvèrent à nouveau comme si elles ne s’étaient jamais quittées. Alors qu’il ôtait sa main de celle de sa bienaimée, il la sentit butter contre la première boucle du vêtement qu’il portait par-dessus sa chemise et d’un rapide jeu de main avec l’attache il la déboucla, lui laissant une plus large marge de manœuvre. Le vêtement le gênait aussi dans ses gestes mais il ne lui vint pas à l’esprit de l’ôter. Pas encore. Ils avaient le temps, toute la nuit, leur petite éternité de bonheur.

Et comme elle continuait ses tendres effleurements, lui ne resta pas non plus inactif. Ses mains à lui virent caresser le dos de son amante. Sagement à vrai dire car il ne se glissa pas sous les tissus. En revanche ses lèvres, elles, se firent plus aventureuses et abandonnèrent leurs jumelles pour s’en aller découvrir la mâchoire de sa partenaire, apposant quelques tendres baiser sur toute sa longueur jusqu’à atteindre le creux de son cou.

Il pouvait sentir son parfum dans ses cheveux et sur sa peau de miel et ça avait quelque chose d’enivrant tandis qu’une mèche d’ébène égarée venait lui chatouiller le visage.

Aegden défit lui-même la première attache de son vêtement. Cela ne donnait pas beaucoup plus de latitude à Sinieth mais c'était déjà bien mieux et elle ne voulait rien précipiter. Si tout cela était nouveau pour lui, cela faisait si longtemps pour elle... Et cet instant lui était très précieux alors elle voulait prendre son temps. Sa main caressa donc cette clavicule à sa disposition ainsi que la naissance de son pectoral. Puis il remonta dans son cou et fit de multiples allers et retours entre eux.

Pendant ce temps, les lèvres de son amant quittèrent les siennes et elle ne chercha pas à les en empêcher tandis qu'elle les sentait partir à la découverte. Au contraire, elle pencha la tête sur le côté pour leur laisser le champ libre. Elle sentit cette bouche embrasser son cou, effleurant sa peau dans une caresse envoûtante. Son souffle se fit plus fort et elle libéra plus d'un soupir en retrouvant ces sensations perdues et à la fois si nouvelles. Face à une telle délicatesse, elle avait l'impression d'être une fleur à qui l'on donnait toute l'attention du monde. Aegden s'élançait, lentement, dans cet instant précieux et elle savoura sa douce audace de longues minutes durant.

Lorsque ses doigts eurent parcouru trop de fois chaque centimètre carré qui lui étaient accessibles, les mains de Sinieth se retrouvèrent sur les attaches du veston de son compagnon. Elle les défit, une à une, se contraignant à détacher son corps du sien afin de pouvoir y accéder. Lorsqu'elle fut venu à bout de la dernière, elle vint de nouveau s'appuyer contre lui tandis que ses phalanges s'immisçaient entre les deux vêtements dans une lente caresse sur le buste de son amant. Ce geste eut pour effet de repousser l'habit superflus sur les épaules du Commandant et elle continua, cherchant à s'en débarrasser totalement afin qu'il n'y ait plus que leurs chemises respectives pour les séparer. Une première barrière tomberait donc bientôt, permettant à leurs corps palpitants de se rapprocher un peu plus qu'ils ne l'avaient jamais été jusqu'alors.

Elle avait penché la tête, offrant son cou à ses baiser et il ne se priva pas de continuer encore et encore, découvrant par ses lèvres chaque petite parcelle de peau de sa compagne. Il entendait quelques-uns de ses soupirs et comprenait qu’elle n’y restait pas insensible pour son plus grand bonheur.

Et lui n’était pas non plus insensible au passage de sa main contre sa peau, de plus en plus loin et pourtant de plus en plus proche. Sans barrière. Cela aussi ça l'enivrait. Sa propre respiration était plus profonde et il ressentit même un sentiment de manque lorsqu’elle dut se détacher de lui. Ce n’était que pour mieux se retrouver constata-il tandis qu’elle le délivrait de sa veste.

Lorsque le vêtement fut délicieusement repoussé, il roula des épaules pour le faire tomber plus bas à ses coudes. Comme s’il ne supportait de quitter totalement le contact de la prêtresse, il ôta une manche, reposa la main sur son délicat support avant de réitérer de l’autre côté, et le morceau de tissus glissa au sol sans qu’il fit mine de vouloir le rattraper. bientôt même le tissus ne les sépareraient plus.

Il n’en avait pas fini cependant, et il continua ensuite son exploration jusqu’au creux de la gorge de la jeune femme, finissant par ailleurs par devoir légèrement plier un genoux. Ses doigt se mirent à tracer le chemin que les lèvres découvraient les premières. Par toutes les sensations il voulait connaitre par cœur ces chemins qu’il explorait tout en douceur, imprimer à jamais dans sa mémoire la sensation du contact de la peau de sa partenaire sous ses doigts et sous ses lèvres. Il se retrouvait plongé dans l'inconnu et pourtant il n'en avait jamais été aussi heureux.

Les mains de Sinieth retrouvèrent bien vite le corps d'Aegden qu'elle serra doucement. Une main se glissa dans sa nuque, l'invitant à continuer ses baisers sur sa peau. Elle le libéra en sentant ses doigts les accompagner, ne voulant pas gêner ses mouvements. Elle avait fermé les yeux pour mieux profiter de ces contacts alors qu'il descendait lentement sur son buste, provoquant chez elle des respirations plus courtes et plus profondes. Dans son ventre, les flammes de l'amour qu'il avait ravivé voilà presque un an s'embrasèrent davantage et sa tête bascula légèrement en arrière pour lui permettre d'aller un peu plus loin.

Si le visage de la sang mêlée faisait l'unanimité concernant sa beauté, il n'en était pas de même pour son corps que certains qualifiaient d'adolescent, voire de juvénile. Ses formes avaient tout juste le mérite d'exister sur une silhouette si fine que l'on aurait pu croire qu'une simple étreinte la briserait. Elle ne faisait pas vraiment partie des canons de beauté selon la mode vaanie. Parmi les elfes en revanche, c'était tout le contraire. Sa fine carrure était appréciée et même tout à fait naturelle et des formes trop imposantes auraient été vulgaires dans un monde qui appréciait la finesse.
Ainsi, même si par sa démarche Aegden parviendrait à élargir sans mal l'ouverture de la chemise de la belle, il ne découvrirait pas sa poitrine à moins de le vouloir vraiment. Et pour cela, il n'avait que deux ou trois boutons à défaire car le vêtement était fait pour une carrure plus imposante que la sienne.

Le laissant faire à sa guise, la belle glissa une main sous le haut de son amant afin de quérir davantage de peau sans le déranger. Ce n'était certes que son dos qu'elle avait à sa portée mais, tout ce qui comptait, c'était qu'elle sente sa peau sous ses doigts. Alors elle le caressa, une main toujours sur sa nuque ou à l'arrière de sa tête pour l'inviter à ne pas s'arrêter...

Lentement, tout doucement, il descendait encore le long de sa gorge. Ses mains ne laissèrent pas de répit à la peau dénudée de la belle, caressant la gorge découverte, les épaules mises à nues par ces actions, revenant là d’où elle venait, le tout sans jamais cesser de se montrer aussi douces qu’attentives.

Et puis il finit par rencontrer ces quelques boutons, quelques derniers remparts à ce corps qu’il n’avait jusqu’à alors jamais connu de cette façon. Et alors il hésita, un instant. C’était un pas de plus. Jusqu’ici ils se découvraient certes comme jamais auparavant, mais jamais il n’avait eu l’occasion de la voir telle qu’il la verrait alors. Jamais il ne l’avait vue dénudée.

Pourtant il y avait cette main dans son dos et dans sa nuque qui lui suppliait presque de continuer. Il lui semblait que cette menotte féminine exacerbait ses sens partout où elle passait.

Lentement, tout doucement, il vint défaire un bouton. Lentement, doucement il en défit un autre. Et puis après bien d’autre baisers, à la naissance de sa poitrine, la jeune femme ne put sentir qu’un souffle, qui remonta jusqu’à retrouver les lèvres tant aimées.

Et la dernière attache céda tandis que le haut de ce corps féminin, loin de se trouver abandonné recevait milles caresses. Aegden avait peur de vouloir aller trop vite et d’effrayer sa bienaimée et il n'osait agir autrement que par de presque chastes caresse. Ce n’était pas son corps le réel objet de ses désirs, c’était elle.

Il était si doux, si bienveillant, si attentionné, si curieux, si timide, si aimant, si désireux... Tout cela à la fois, tout cela dans la même personne, tout cela dans ses simples gestes. Elle n'avait pas peur, elle laissait l'instant et le désir l'envahir. Le vêtement s'écartait toujours plus et elle ne faisait rien pour l'arrêter. Elle s'imprégnait de la douceur de son amant autant de celle de ces contacts sur sa peau de velours. Puis il se releva. Les épaules de Sinieth étaient dénudées et sa chemise ouverte de tout son long. Elle le sentait hésitant et peu sûr de lui. Il n'était pas certain de ce qu'il devait faire à présent. Il aurait pu achever de lui ôter ce qui ne masquait plus désormais que sa poitrine et ses flancs mais il n'en fit rien. Elle aurait pu s'en charger pour lui... Mais elle n'en fit rien non plus. Ils avaient le temps. Et il avait le droit d'hésiter à laisser ses envies s'exprimer.

Plutôt que de le pousser à continuer et à aller plus loin, les mains de la belle repassèrent du dos au buste de son compagnon et elle imita les gestes qu'il avait eu sur elle précédemment. Ses lèvres descendirent le long de son cou et sur le haut de son torse. Mais sa chemise à lui ne lui permettait pas de l'explorer beaucoup plus loin que lorsqu'il portait sa veste. Elle se fermait par un lacet à la base du cou et l'ouverture ne descendait pas jusqu'à la moitié de son sternum. Alors la belle fit le tour de ce qui lui était accessible bien trop vite... Et ses mains quittèrent sa peau après quelques minutes. Embrassant toujours ce qui pouvait l'être, ses doigts se rendirent jusqu'à la taille d'Aegden. Là, ils agrippèrent les pans du vêtement et elle tira doucement dessus afin de le faire sortir de son pantalon. Lorsqu'elle eut terminé, ses mains passèrent une nouvelle fois sous le tissu et rencontrèrent le ventre de son compagnon. Elle le caressa de nouveau avec douceur. Ses abdominaux, ses flancs, le bas de son dos. Puis elle vint se coller à lui pour l'enlacer, son ventre à moitié dénudé rencontrant le sien pour la première fois tandis que le reste de l'échancrure de sa chemise rencontrait l'habit de son amant. Tendre frustration alors qu'elle savait que cela ne durerait pas.
Les mains de Sinieth repassèrent sur le devant du torse du militaire, se détachant de lui, et elles remontèrent légèrement, dévoilant un peu plus de ce corps qui appelait le sien avant qu'elles ne retournent dans son dos... Et ainsi de suite.

La belle poursuivit son manège un moment, découvrant et mettant lentement à nu le buste d'Aegden. Ce buste qu'elle avait déjà vu et sentit sous ses doigts lors de leur première rencontre. Mais pas de cette façon... Lorsque le vêtement fut assez haut, elle se pencha légèrement pour venir embrasser le haut de son torse et le parcourir tant de ses mains que de ses lèvres.

Ce fut à son tour de pousser quelques soupirs, fermant les yeux tandis qu’elle agissait en miroir de ses propres actes.  Elle finit par faire remonter sa chemise à tel point qu’il n’y eut qu’un choix, le tissu était devenu gênant et inutile : il s’en saisit en croisant les bras et acheva de l’ôter et de la déposer sur la première surface disponible…avant qu’elle ne glisse de toute façon sur le sol et rejoigne le reste.

Chaque contact entre eux l’électrise, il sent une chaleur inhabituelle grandir au fond de son ventre et maintenant qu’il ne porte plus grand-chose, Sinieth à tout le loisir d’observer son torse se soulever au rythme de sa respiration enfiévrée. C’était une sensation étrange.

C’était dans une tenue tout aussi légère qu’il l’avait rencontrée mais tout avait changé à présent. Il n’était plus Aïthruin et elle n’était plus Neassa-Laella. C’était un tout autre genre de duo qu’il partageaient.  Et peut-être I Melethron se penchait-il à nouveau sur eux car il était loin de rougir à se présenter ainsi devant elle. Il ne souffrait pas, ou plus, de complexe, surtout devant elle. Des années de combat et de danse avaient sculpté son corps qui s’il était fin, n’était donc pas dénué d’une certaine beauté pour les standards elfiques. Il n’en jouait pas et ne s’en ventait absolument jamais mais il ne l’ignorait pas non plus quand bien même n’y faisait-il pas attention.

Son attention actuelle n’était de toute façon pas à son propre corps à cet instant, mais à celle qui s’appliquait à en faire bouillonner la moindre parcelle. Jamais il ne s’était sentit aussi bien. Elle était douce, rassurante, attirante aussi. Toutes les peurs naïves s’envolaient au fur et à mesure qu’elle marquait son corps par ses lèvres et ses doigts.

Ses mains à lui se perdent dans la rivière d’ébène. A son tour il passe ses mains dans la nuque et le dos de sa partenaire. Avec un peu de chance, une main égarée arriverait-elle à finir ce qu’il avait commencé et ferait glisser la chemise trop grande de la jeune femme pour qu’elle rejoigne l’amas de tissus aux pieds des deux amants...

traduction:

Blottie contre le torse nu d'Aegden, Sinieth se sentait si bien... Elle ressentait tout l'apaisement qu'elle connaîtrait plus tard lorsque la fièvre les aurait quitté et qu'elle viendrait se réfugier contre lui pour s'endormir, enveloppée de ses bras et de son odeur. Mais il n'était pas encore temps et, pour l'heure, ce contact l'enivrait plus qu'autre chose. La partie découverte de son propre buste rencontrait pour la première fois la peau de son amant et c'était grisant. Cependant, ce n'était pas suffisant et son compagnon semblait penser la même chose. La chemise s'écartait toujours davantage sous les caresses du militaire et butait à présent dans le pli de ses coudes. Alors les mains de la belle quittèrent ce buste offert à ses caresses. La magicienne se redressa pour plonger son regard tendre et fiévreux dans celui du Commandant. Ses bras pendirent le long de son corps et le vêtement tomba en douceur, virevoltant dans les airs avant de s'étendre en silence sur le sol derrière elle.

Ils étaient à présent à égalité.

Sinieth avança d'un pas et, avec une délicatesse infinie, vint presser son corps contre celui d'Aegden. Leurs peaux se rencontrèrent sans la moindre barrière cette fois et s'épousèrent parfaitement. Les mains posées près des épaules de son compagnon remontèrent lentement tandis que ses lèvres retrouvaient les siennes dans un baiser plus chaleureux que les précédents. Son corps appelait désormais le sien avec une douce passion et leur situation actuelle ne lui conviendrait plus longtemps. Alors, après un long baiser durant lequel ses mains parcoururent tout ce qu'elles pouvaient du corps de son amant tandis que leurs peaux ne se quittaient plus, elle finit par rompre le contact. Etirant son bras, elle saisit la couverture qu'elle avait apporté d'une main et la dextre du militaire de l'autre. A reculons, ses yeux clairs dans ceux de son bien-aimé, elle les rapprocha du lit. Là, elle libéra ses mains et s'assit sur la couche.

-Tu veux bien m'aider ? Demanda-t-elle en levant un pied du sol.

Ces bottes n'étaient pas ce qu'elle préférait dans sa tenue militaire... Elle hésitait à choisir ce qu'elle détestait le plus d'ailleurs : ces hautes chausses pleines de lacets indémêlables ou ce pantalon qui lui donnait un air masculin à son goût. Mais sa requête était bien plus romantique que pratique car elle devinait à l'avance comment il allait s'y prendre... Autrement dit, elle s'apprêtait à observer de son regard tendre et envoûté ses gestes doux, prévenants et délicats tandis qu'il lui retirerait l'un des derniers obstacles à la poursuite de cette nuit unique.

Un sourire mutin apparu sur les lèvres du jeune homme en écoutant la requête de sa belle. Il y avait toujours la fièvre, mais il y avait aussi l’attrait du jeu dans ses yeux gris. Soit il jouerait.

Après un baiser des plus sages sur le dos de la main de la mage, il posa un genou à terre devant elle et soutint la jambe si fine dans sa dextre. Avec une lenteur toute calculée, il commença à tirer sur les lacets de la botte. Un a un il les défit, s’amusant à garder une menotte baladeuse sur le bas de la cuisse et le creux du genou de la jeune femme. L’espace de quelques minutes il la fit languir tout comme par effet collatéral il se languissait déjà d’elle.

C’est avec une encore plus insupportable lenteur qu’il déposa ses mains des deux côtés pour, centimètre par centimètre, caressant la jambe découverte petit à petit ôter la botte.
Et avec le même petit air et le même genre de geste indécemment lents, il fit le même sort à la chausse jumelle.

Son œuvre terminée, il se redressa un peu, ses mains restées , pas si sagement que cela, sur les genoux de sa bien aimée alors que penché il vint quérir un nouveau baiser.

-Satisfaite ?

De son côté, il n'avait qu'a poser l'un de ses pieds sur le talon de l'autre pour se glisser hors de ses propres bottes, ce qu'il  fit sans attendre qu'on le lui demande.

Sinieth ne s'était pas attendu à cela. Aegden se prêtait totalement au jeu. Il était doux et délicat, c'était vrai, mais il était aussi sensuel et tentateur... De quoi continuer à mettre sur l'huile sur le feu du désir qui la consumait un peu plus à chaque geste. Cependant, au lieu de s'en plaindre, elle savoura ce moment, l'observant avec toujours plus d'intensité alors que sa respiration se faisait de plus en plus difficile. Lorsqu'il se redressa enfin pour l'embrasser, elle ne dit rien mais ses yeux ne laissaient aucun doute sur son humeur actuelle. Elle s'était montrée patiente mais il n'avait fait que lui donner envie d'en avoir un plus...
S'il avait encore eu un col, elle s'en serait certainement saisi. Au lieu de cela, elle vola ses lèvres grâce à un baiser langoureux. Puis sa mains vint se loger à l'arrière de sa tête, lui intimant de rester près d'elle... Après quoi elle commença à reculer à l'aide de son bras libre et de ses pieds. Elle progressa ainsi jusqu'à ce qu'Aegden l'ait rejoint sur le lit et jusqu'à ce qu'ils aient la place de s'étendre tous les deux. Alors, elle laissa le haut de son corps s'affaisser pour s'allonger sur le dos, entraînant toujours son amant avec elle alors que leurs bouches ne s'étaient pas quittées.

Les doigts de la belle partirent de nouveau à la découverte de ce corps qui l'attirait de plus en plus et qui provoquait tant de frissons chez elle au moindre contact. Par moment, elle l'enlaçait pour mieux sentir sa peau contre la sienne. Elle brûlait désormais de désir mais elle ne voulait pas contraindre son amant à aller plus vite. Plus encore qu'elle, il avait tout à découvrir de cet instant. Elle le guiderait s'il en ressentait le besoin mais, pour l'instant, elle préférait le laisser agir à sa guise tandis qu'il se retrouvait penché au-dessus d'elle.

Sans un mot elle l’attira à lui sur le matelas, reculant sans jamais rompre leur baiser et il la suivis sans rechigner. Elle finit par se retrouver sur le dos et lui au-dessus d’elle, ses mains et ses genoux de part et d’autres des épaules et des hanches de sa partenaire.

A nouveau il sentit les caresses sur sa peau nue, le corps de sa compagne s’imprimant parfois contre le siens. Si le désir de l’ancienne vaanie était évident, l’elfe était sans aucun doute dans le même état. Sa respiration se faisait encore un peu plus profonde, ses baisers plus ardents, son propre corps de moins en moins longtemps éloignée de celui de la belle mage, et il se sentait de moins en moins à l’aise dans le peu de vêtement qu’il pouvait lui rester.

Lorsqu’il s’éloignait de ce corps qu’il désirait autant que le siens était désiré, ce n’était que le temps qu’une main qui n’avait plus peur d’en explorer les monts mis à nus s’y aventure. Une main qui cependant se trouvait plus qu’attentive à la réaction de la femme qu’elle caressait. Il s’agissait là d’un monde tout à fait nouveau pour l’elfe et il voulait tout en connaitre. Chaque soupir, chaque nouvelle tension, le moindre plaisir qu’il pouvait y procurer.

Et à vrai dire, alors que leur envie, leur besoin et leurs désirs ne faisaient plus qu’un, que les mains ne cessaient leur langoureuse aventure, l’elfe se retrouva face au même problème que quelques instants plus tôt. Leurs caresses ne leur suffiraient bientôt plus, pas plus qu'elle ne leur avait suffit lorsqu'il étaient encore debout, et il ne savait pas vraiment comment s’y prendre pour calmer leur faim commune. Enfin si s'en doutait un peu, mais entre la théorie et la pratique il y avait une grande différence.

Les soupirs de Sinieth se succédaient tandis que les mains de son amant découvraient les parties de son corps mises à nues. Il était si délicat et attentif... Et en même temps, plein d'envie. Une envie qu'elle partageait et dont elle se délectait. Là où de tels effets en auraient poussé plus d'un à la précipitation, elle attendait, patiente, profitant de l'instant présent comme s'il pouvait finir dans une seconde pour ne plus jamais survenir. Elle était là, avec lui, et c'était tout ce qui comptait.

Assez vite, la belle comprit que son compagnon se retrouvait limité dans ses actions, ne sachant pas quelle était la prochaine étape. Elle aurait pu lui donner milles idées et milles orientations différentes, certaines plus directes que d'autres. Mais elle choisit la plus sage et peut-être la plus inattendue de toutes.
D'une douce pression sur l'épaule de son amant, elle invita Aegden à pivoter afin qu'il s'allonge à son tour et qu'ils intervertissent leurs places. Juchée au-dessus de lui, elle reprit alors les choses en main, tout du moins temporairement. Car elle voulait qu'il puisse aller à son rythme pour cette première fois et ne souhaitait pas prendre le risque de le brusquer. Dans cette position, elle imita les gestes qu'il avait exécuté sur elle, ses doigts parcourant le haut de son corps avec envie. Cela dura un moment avant qu'elle ne commence à y ajouter quelques touches supplémentaires.

Les lèvres de la sang mêlée quittèrent enfin celles du militaire et descendirent le long de son corps. Ainsi, elle atteignit ses pectoraux sur lesquels elle s'arrêta longuement. Elle les parcourut de baisers, d'abord doux, puis voluptueux pour finir plus passionnés. Pendant ce temps, sa main libre continuait à le caresser, s'aventurant plus loin qu'ils n'avaient été jusque là. Ainsi, elle s'égara sur son ventre... avant de remonter. Plus tard, elle atteignit la limite de son pantalon... avant de repartir. Plus tard encore, elle se hissa sur le tissu bombé... pour mieux revenir ultérieurement et y réaliser plusieurs caresses. Le tout en demeurant attentive aux réactions d'Aegden, revenant parfois l'embrasser avec amour et envie.

Le corps du danseur était mis à rude épreuve. Il se tendait sous les caresses indécentes de sa partenaire. Ses propres mains firent de leur mieux mieux pour retrouver ce dos féminin si fin, se perdant parfois dans les ténèbres de sa chevelure.

Elle venait l’embrasser parfois mais au lieu de calmer la frustration qui lui chauffait le ventre, cela l’attisait. Sinieth le rendait fou. Il était fou d’elle depuis longtemps mais cette fois-ci c’était différent. C’était plus physique. Plus intense. C’était délicieux, enivrant.

Elle s’évertua à intensifier toute ses sensations pendant de longues minutes, des heures aux yeux de l’elfe, des heures inoubliables. Lorsqu’elle ne venait plus retrouver ses lèvres, il penchait légèrement sa tête vers l’arrière. Et puis au bout de ce long moment, il n’y tint plus.

Doucement il fit comprendre à l’ancienne vaanie qu’il était prêt à reprendre le contrôle et avec délicatesse, l’amena à basculer à nouveau sur le dos. Il ôta sa dextre de l’omoplate mordorée de l’ancienne vaanie et s'éloigna un peu d'elle, cherchant à se débarrasser des dernières couches de tissus qui le gênait pour de bon. Il était d'ailleurs probable que le vêtement de la jeune femme ne subisse pas un sort bien différent au bout de quelques instants.

Son regard empli d’envie mais surtout d’amour revint se river à celui de la femme de sa vie, cherchant une dernière approbation silencieuse. Ils s’apprêtaient à franchir leurs dernières barrières, passer un pas significatif dans leur relation. Pour l’elfe ignorant absolument tous des mœurs vaanies, ce qu’ils s’apprêtaient à faire, aussi naturel était-ce, était une histoire de sentiment avant tout. Leurs corps ne feraient qu’un seulement parce que leurs cœurs et leurs souffles étaient déjà unis.

Sinieth le laissa revenir au-dessus de lui puis, lorsqu'il s'attela à la dévêtir, elle l'aida en relevant le bassin puis les pieds afin qu'il lui retire totalement ce pantalon dont elle ne vit jamais la fin de la course. Son regard était vrillé dans celui d'Aegden qui ne tarda pas à la rejoindre de nouveau dans ce lit anonyme. L'endroit où ils se trouvaient n'avait aucune importance. La guerre n'existait plus. La mort de Neassa-Laella ne les atteignait pas. Il n'y avait plus qu'eux, ici et maintenant. Il n'y avait plus que leurs cœurs qui semblaient battre à l'unisson à un rythme qui n'était pas prêt de s'apaiser. Il n'y avait que leurs corps qui aspiraient à parachever ce qu'ils désiraient : ne faire plus qu'un, dans tous les sens du terme.

La belle mystique enlaça son amant de ses jambes et de ses bras. Elle lut la question dans son regard et, sans se départir de son doux sourire plein d'amour et d'envie, elle se rapprocha de lui pour venir l'embrasser une nouvelle fois et lui faire ressentir à quel point elle le désirait en cet instant.
Une douce vague de plaisir envahit son ventre et elle soupira contre les lèvres d'Aegden. C'était une sensation presque oubliée et qui lui semblait à la fois si éloignée de ce dont elle se souvenait. Alors elle le regarda dans les yeux, les coins de sa bouche s'étirant davantage face à ce bonheur qu'elle ressentait. Il lui avait toujours semblé différent des autres et elle comprenait qu'en réalité il était différent pour elle. Elle l'aimait plus sincèrement qu'elle n'avait jamais aimé personne jusqu'alors. Il était tout pour elle, et ce bien avant qu'elle ait tout perdu...

Une main vint effleurer la joue de son compagnon qui découvrait cette sensation pour la première fois. Et elle aurait presque voulu qu'il en soit autant pour elle. Qu'il soit son premier... Mais il l'était en un sens. Il était le premier -et certainement l'unique- pour "Sinieth".

Les va-et-vient commencèrent et les soupirs se succédèrent. Le corps de l'ancienne vaanie ondula sous celui de son amant, accompagnant chacun de ses mouvements. Ses mains caressèrent son dos, ses bras, son visage, le haut de son buste, son cou, sa nuque, jusqu'à disparaître dans sa chevelure flamboyante. Ses lèvres témoignaient de son plaisir par des soupirs mais aussi des baisers sur la bouche et les rares pans de peau qui leur étaient accessibles. Son regard n'hésitait pas un seul instant à soutenir celui d'Aegden pendant ce moment unique.

Les minutes s'écoulèrent, lentes et rapides à la fois, tandis que chaque allée et venue amplifiait les sensations laissées par la précédente. Peu à peu, leurs peaux se couvrit d'une fine couche de sueur alors que leurs muscles se raidiraient bientôt. Sinieth le savait et une seule chose lui vint à l'esprit...

-Je t'aime...

Pour la première fois de leur vie, Aegden et Sinieth s’unirent. Les deux amants n’avaient d’yeux que l’un pour l’autre. Plongés dans l’amour, le reste du monde n’exista bientôt plus pour eux. Il n’y avait plus de guerre, plus de peurs, plus de soucis, même pas vraiment d’avenir.  Ils n’y avaient qu’eux, eux au présent qui faisaient un. Un tout qui se découvrait avec passion et tendresse.

‘’Je t’aime’’ lui avait-elle soufflé à l’oreille.
-Je t’aime aussi…Lui avait-il répondu.

Et la passion n’avait pas tardé à tous les deux les emporter.

Aegden souriait tendrement alors que, le cœur qui s’était calmé petit à petit, il se tenait à côté d’elle. Enlacés paisiblement, les deux amants avaient vu la langueur et l’enivrement laisser place à des sensation plus douces, leur envie apaisée.

Il passait lentement ses doigts sur les joues de la jeune femme. Ses gestes n’avaient plus rien de tentateurs ni de langoureux, ils étaient égaux à leur habitude : d’une infinie douceur.

Il lui souriait car il était heureux. Heureux d’être avec elle, heureux de leur amour, heureux d’avoir partagé avec elle un moment aussi intime et qu’il n’avait définitivement jamais osé imaginer de la sorte. Heureux, purement et simplement.

Tout cela elle le savait, ou bien elle n’avait qu’à lire dans son regard pour tout comprendre, alors il se taisait. Il se contentait de l’admirer telle qu’elle était. Ses yeux clairs si souvent rieurs et empli de mystères, ses pommettes rosies qu’il caressait, ses lèvres qu’il avait tant de fois embrassé cette nuit, ses mèches ébènes qui étaient parfois venu lui chatouiller le nez, mais surtout l’expression de son visage.  La voir aussi heureuse que lui achevait de combler son cœur.  

Si Aegden reverrait déjà beaucoup Arcamenel avant de connaitre Sinieth, il lui semblait chaque instant devoir toujours plus au Beau seigneur. Il avait la sensation qu’il aurait pu danser le restant de sa vie qu’il n’y trouverait pas là offrande à la mesure de la reconnaissance qu’il portait à celui qui lui permettait de vivre le bonheur qui était le siens à l’heure actuelle.