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| Condamner les innocents et acclamer les coupables | |
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| Sujet: Condamner les innocents et acclamer les coupables Mer 28 Oct 2020 - 11:35 | |
| 8ème jour de Favrius, an 18 du XIe cycle
Voilà plusieurs ennéades que le comté d’Odélian était à cran. La capitale du même nom vivait au rythme des patrouilles qui avaient été doublées et la plupart des nobles oscillaient entre des réunions publiques et d’autres à l’atmosphère plus feutré à l’intérieur de leur donjon. La cause de ces tergiversations est l’assassinat de Gaubert de Prademont et d’une partie non négligeable de sa famille dans des circonstances mystérieuses. Une enquête royale fut menée et couplée à celle lancée par les nobles locaux pour faire la lumière sur cette affaire. Des suspects furent trouvés et la noblesse locale fut innocentée malgré une hausse des tensions entre quelques maisons rivales.
Mais aujourd’hui, toute la lumière doit être faite sur cette affaire et c’est dans une capitale comtale sous tension que se sont réunis les grands nobles du duché serramirois pour la plus grande déception des nobles locaux qui furent surpris de l’ingérence du Duc. Celui-ci aimait l’ordre plus que quiconque et la menace de voir un de ses vassaux sombrer dans l’anarchie doucha toutes ses aspirations décentralisatrices.
Dans une grande salle adjacente à la salle du trône, trois immenses tables en chênes furent disposées pour permettre à tout un chacun de s’assoir. Les nobles serramirois n’étaient pas seuls. Pour représenter la justice royale, Charles de Prademont et deux autres officiels de Diantra furent mandés ainsi que des membres des cultes d’Othar et de Néera. Quelques greffiers ne manqueraient pas de rédiger et publier dans tout le royaume un compte rendu de ce qui allait être décidé dans les jours qui viennent.
A la mi-journée, quand tous furent présents et installés, le Duc Arnaud de Brochant se lança dans un discours sobre mais autoritaire dans lequel il détailla les chefs d’accusation qui planaient sur les suspects. Il n’hésita pas à exprimer sa profonde déception et son souhait de voir Odélian renouer avec la paix et la stabilité une fois ce tribunal achevé. Chaque homme et chaque femme ici présents durent jurer sur leur honneur de ne dévoiler seulement la vérité. Une fois le serment effectué, le jeune corbeau encouragea l’intendant de la justice royale à dévoiler les griefs et les preuves devant l’assemblée.
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| Sujet: Re: Condamner les innocents et acclamer les coupables Sam 31 Oct 2020 - 8:21 | |
| Gaubert de Prademont n'était plus, ces héritiers l'ayant rejoint dans la crypte familiale, provoquant ainsi un véritable tremblement de terre dans les institutions politique du Comté d'Odélian. Grâce à l'Ombre et usant de sa position dans la capitale, Charles venait d'accomplir une partie de son sombre dessein. Mais ce complot ne pouvait se réaliser qu'après un procès qui avait pour objectif d'écarter tout autre prétendant au trône d'Odélian.
Fort de ces succès qu'il devait en partie à Dante, son homme de main de circonstance, Charles s'était donc rendu dans la capitale du Duché de Serramire en qualité d'Intendant Royal à la Justice et revêti sa tenue de fonctionnaire alors qu'il siégeait au côté d'Arnaud de Brochant. Avec humilité, il écouta le discours du Duc devant toutes les instances représentatives ainsi que devant les suspects, ces hommes et femmes innocents qui pourtant allaient devoir payer de leur vie pour que Charles puisse espérer accéder au titre tant convoité.
Comme chacun des participants, Charles prêta serment avant que le jeune corbeau ne lui laisse la parole pour énoncer les griefs et les preuves. Un moment délicat et lourd de conséquences qui ferait de lui un homme different de ce qu'il avait pu être avant ce procès. L'officier royal s'éclaircit donc la voix, remerciant humblement l'assemblée présente triée sur le volet avant d'entre-ouvrir la bouche, la mine grave et faussement inquisitrice.
- Nous jugeons aujourd'hui devant la Damedieu, les hommes et les femmes ayant participé de prêt ou de loin à la chute du règne du Comte d'Odélian, Ser Gaubert de Prademont, ainsi que de ces descendants, aimé et respecté de son peuple. Ces assassinats, perpétrés sauvagements ne peuvent restés impunis. Une enquête à été diligentée par la couronne et je m'en fais le digne représentant et ce malgré mes liens de sang avec les défunts.
Reprenant son souffle après avoir avisé chaque accusé qu'on venait présenté faces aux tables du conseil, Charles reprit sur un ton clair.
- La Justice se doit d'être impartiale, comme toujours. Devant nous, ces hommes et femmes de nobles lignées ont enfreint les Lois des hommes. Il a été retrouvé dans leur demeures des écrits, échanges, correspondances prouvant leur implication commune dans ce complot funeste, chacun ayant cherché à tirer profit de la mort du Comte d'Odélian ainsi que de ces enfants, bien trop jeunes pour mourrir.
D'un regard, suivi d'un geste à l'intention d'un de ces employé de cabinet, ce dernier invita son subalterne à exposer les preuves au conseil restreint. Des lettres cachetées, dans des états de conservations plus ou moins travaillé par les bons soins de l'Ombre dont les imitations d'écritures étaient parfaites. Sur ces preuves ainsi exposées, Charles se gardait le droit de poursuivre, attendant les premières réactions.
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| | | Solange d'Escault
Humain
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| Sujet: Re: Condamner les innocents et acclamer les coupables Sam 31 Oct 2020 - 10:23 | |
| Ils avaient dû encore voyager, cette fois-ci à la capitale du Duché de Serramire.
Solange se sentait épuisée. Épuisée de cette grossesse, des vomissements incessants, de ces malaises. Elle devait accoucher à la fin du mois suivant ; et son ventre, déjà bien enflé, démontrait à tous, désormais, sa condition.
Revêtue d'une robe somptueuse de velours bleu bordée de fourrure, un joli manchon assorti pour se tenir au chaud, ses cheveux noirs artistiquement relevés par une servante habile et coiffés d'une élégante mantille de dentelle, elle était assise dans un fauteuil confortable dans les rangs des spectateurs de la noblesse curieux de voir tomber la famille de Prademont.
En réalité, la jeune fille savait à quoi était dû cette grossesse difficile. Bien que Gaubert eut largement fauté, qu'il ait pris des décisions qui lui semblait relever de la trahison, elle comprenait désormais qu'elle-même avait trahi tous les idéaux de son père. Tous les serments, toutes les valeurs d'un seigneur fieffé avaient été foulé aux pieds par elle et son époux. Aujourd'hui, ils condamneraient des innocents à mourir pour assouvir leur ambition, leur désir de pouvoir ; mais la Dame avait conscience qu'il était trop tard. Parler, être en accord avec la Damedieu signifiait la mort de son bébé, sa mort, celle de son mari, la disgrâce complète et total de l'ensemble de sa famille. Elle verrait la déception et le mépris dans les yeux de son père, la violence de la foule - et elle était incapable de faire face à tout cela. Sa punition serait de voir ces gens mourir, et son devoir serait de répandre le bien et les enseignements de la Damedieu ensuite, à la population d'Odélian.
Son châtiment serait les cauchemars qu'elle ferait de cet instant.
Sa main délicate lovée dans celle de sa dame de compagnie, elle semblait effectivement fort émotionnée. Très frêle dans ses habits bien chauds, Solange semblait également pâle et comme choquée - attitude qui n'était pas feinte, mais qui devait être attribuée aux mauvaises raisons par la populace et par Arnaud de Brochant, devant qui elle s'inclina avec toute la grâce dont elle était capable dans son état.
Son époux prit la parole. Qu'il avait bonne allure lorsqu'il exerçait sa charge ! Qu'il était digne et bien mis, qu'il était intelligent et rusé ! Il était loin de l'archétype du chevalier qu'incarnait son père - mais étrangement, elle se sentait attirée par cet homme de pouvoir si peu classique.
La tête lui tournait. L'idée d'avoir dû faire tuer des enfants l'étouffait, lui donnait la nausée. Elle était devenue une scélérate, condamnée au silence et au secret, et, incapable de sourire, elle essaya de masser doucement ses tempes pour se calmer.
A voix haute, elle balbutia à sa suivante qu'elle se trouvait épouvantée de ces meurtres horribles, qu'elle avait besoin d'eau fraiche.
Le cœur au bord des lèvres, elle rajouta qu'elle était bien contente de ne pas être du même sang que ces dangereux meurtriers.
Le mensonge pesait sur son coeur, sur sa gorge serrée ; et, à demi-consciente, elle se laissa aller sur son siège, où sa suivante la soutint de tout son poids, avant de s'écrier, d'un ton fort angoissé pour sa maitresse :
- "Un médecin ! Un médecin pour dame Solange ! Elle fait un malaise !"
La foule, émotionnée, se mit à commenter l'incident, à plaindre la jeune fille enceinte aux nerfs fragiles, que tout le monde savait si pieuse, entièrement dévouée à son orphelinat à Diantra. Quoi de plus normal dans ces circonstances dramatiques ? Comme il devait être étrange de condamner les siens, comme il devait être terrible de devoir juger sa propre famille ! On lui passa de l'eau fraiche sur les tempes, on lui fit respirer un petit sachet imbibé d'ammoniac et de camphre - mais par précaution, le médecin resta à ses côtés.
La pauvre femme devait être soutenue dans cette épreuve ! |
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| Sujet: Re: Condamner les innocents et acclamer les coupables Dim 8 Nov 2020 - 20:04 | |
| La racaille est partout. Quand elle ne vient pas des vils Sudérons en perpétuelle quête de piécettes, elle surgit des entrailles des frères, neveux et autres cousins lésés par une succession qui leur fut défavorable. Le duc ne cachait pas son air sévère et déçu qu’il affichait depuis le petit matin. Depuis le trépas de son paternel qu’il attribut à une tierce personne, le jeune corbeau ne manquait pas de dédain pour les meurtriers et nul doute que si les preuves s’avéraient payantes, il saura punir ces parricides de la façon la plus sévère qui soit.
_ Mes seigneurs, prenez connaissance desdites preuves en premier.
Les différents nobles posèrent leur regard sur les documents. Ils ne cherchèrent même pas à démêler le vrai du faux. Les documents étaient bien contrefaits mais même s’ils avaient été moins parfaits, l’assemblée n’y aurait vu que du feu, trop heureuse à l’idée de pouvoir clore l’ère Gaubert aussi rapidement et facilement. Arnaud de Borchant n’eut le temps que de lire la première phrase d’une missive que la demoiselle d’Escault fut prise d’un malaise.
_ Vous, emmenez-la donc dehors et vous, prévenez mon guérisseur personnel !
Il avait pointé deux nobliaux d’à peine trente ans qui s’exécutèrent sans demander leur reste et prêtèrent main forte à la sang bleue. Les présumés coupables ne cessèrent de clamer leur innocence, profitant de l’occasion inespérée qui s’offrait à eux pour se faire entendre du Duc sans être réprimandé par leur geôlier. Ces appels eurent le don d’énerver le Brochant qui céda à la colère une fois Solange extradée dans les couloirs.
_ Il suffit ! Votre vie m’exècre au plus haut point et vos pleurs ne m’inspirent que du dégoût. Encore un mot de votre part et je vous ferais fouetter jusqu’à ce que vous ne puissiez plus verser la moindre larme !
L’homme se rassit dans son trône et souffla bruyamment sous le regard soumis de ses vassaux. Les secondes s’écoulèrent avant qu’il ne daigne de nouveau lire les preuves si probantes que la décision semblait facile à prendre.
_ Charles de Prademont, quel crédit donnez-vous à ces écrits ? Qui aurait été le bénéficiaire de la mort du regretté comte d’Odélian ?
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| Sujet: Re: Condamner les innocents et acclamer les coupables Mer 11 Nov 2020 - 13:34 | |
| Charles savait que l'exercice réclamait un sang froid de toute épreuve et ce plus encore qu'à l'accoutumé car c'était sa propre famille qu'il allait envoyer à l'échafaud et de surcroit des êtres humains innocents. Mais, il était bien trop tard pour des regrets, bien trop tard pour exprimer tout aveux sur cette mascarade et avouer ces crimes et ces complots. L'officier Royal laissa donc les preuves passer de mains en mains, jointant solennellement les mains dans son dos lorsque le Duc invitait l'assemblée de noble à prendre connaissances des preuves. Un cours moment de répit pour chercher son épouse du regard qu'il savait dans l'assistance.
Il l'a remarqua, vêtue lourdement lourdement pour la saison mais avec chic, comme elle en avait coutume, en témoignait sa robe de velours bordée de fourrure accompagné de son manchon dernier cri. La vision de sa femme, étroitement accompagnée de sa dame de compagnie, lui donnait plus encore le courage de trahir les siens car il ne voulait pas voir le fruit de leur union vivre une vie de paria voir pire encore, quant à Solange, elle aspirait à de meilleurs conditions, une femme si pure, généreuse, ne ferait-elle pas une première dame accomplie et aimée ? Non, aucun doute, Odélian avait besoin d'un profond changement, quitte à sa sacrifier ces serments et surtout sa loyauté pour sa propre Maison et son honneur.
Alors qu'il avait détourné son attention de son épouse, plongé dans ses pensées tout en posant successivement son regard sur chacun des nobles prenant actes des écrits incriminants chaque accusés présent, voilà que l'Intendant à la Justice entendit le son de la voix d'Arnaud de Borchant s'élever dans la vaste salle. Une femme venait vraisemblablement de s'évanouir et d'instinct Charles fit volte face. La malheureuse n'était rien moins d'autre que la demoiselle d’Escault et la personne qui s'était portée à son assistance et dont la voix n'était évidemment pas inconnue, confirmait qu'il s'agissait bien de sa Dame.
Une certaine émotion emplie à cet instant la salle, on plaignait la jeune femme surtout dans son état. Mais ce fut aussi le moment opportun pour les accuser de profiter de cet incident pour renouveler leur protestation. L'espace de quelques minutes, peut être moins d'ailleurs, l'atmosphère n'avait plus rien de protocolaire et inquisitrice, non, l'enchainement des réactions plongeait le lieu dans un paysage contrasté et saisissant et qui sait même si un peintre ne s'était pas trouver face à cette scène pour peut être plus tard en coucher sur une toile un chef d'œuvre qui le fera devenir riche ?
Alors que Charles suivait du regard son épouse qu'on transportait avec soin hors de la salle d'audience, la voix du Duc raisonna à nouveau et ce chaos temporaire se dissipait pour rapidement laisser place à l'ordre. Le plus haut notable de Serramire semblait déjà avoir prit position et s'en trouvait régir avec colère face aux Prademonts qu'on jugeait en ce jour et qui continuaient à clamer leur innocence. Face à la menace de torture, les accusées se turent enfin et malgré l'inquiétude pour son épouse qui se lisait sur le visage de Charles, se dernier reprit également sa place dans l'assemblée pour laisser la parole à son suzerain. Ce moment de répit fut de courte durée puisqu'il fut sollicité pour donner son avis sur ces preuves incriminantes.
- La Justice Royale donne tout crédit à ces preuves. Leurs contenus, après examens par les enquêtes diligentés, ne fait aucun doute quant aux intentions de chacun des accusés ici présents. Toutes ces preuves démontrent qu'un complot murement réfléchi à conduit au meurtre du Comte d'Odélian. Chaque indice se recoupe et je parle non pas en ma qualité de membre de la Maison Prademont mais bien en qualité d'Intendant Royal pour hélas devoir vous avouer que le bénéfice de cette mort aurait profité à chacun d'entre eux. Tout semblait déjà préparé pour sa succession et chaque frères, sœurs, oncles, tantes, cousins ou cousines aurait bénéficier d'avantages non substantiel et c'est évidemment le plus proche parent de Gaubert qui semblait à l'initative de ces assassinats, puisque puisque le titre lui serait légitimement revenu. MAIS, il lui fallait des soutiens dans cette entreprise et qui mieux que sa famille ? L'on pouvait ne pas aimer Gaubert, ce sentiment peu leur appartenir, mais de là à lui hoter la vie à lui et ces enfants, plus encore innocents devant la Damedieu... En qualité de Prademont, le dégoût me serre la gorge en cet instant et que dire de mon épouse, voyez comme ce bouleversement, mesdames et messieurs, l'affecte profondément au point de s'évanouir face à ce constat !
Il prit une mine grave, son visage faignant une lutte émotionnelle avant qu'il ne redresse fièrement le menton en fixant le Duc, espérant par son audacieux plaidoyer, avoir gagner la cause des vassaux du Duc, un Duc qu'il fallait aussi rapidement amener à prendre une décision.
- Terres, titres, fortunes, ressources et même main d'œuvre humaine semblaient contenter chaque partie ici présente derrière nous, Votre altesse. A chaque niveau certes... MAIS... tous semblent complices de ces meurtres et du trouble que cela risque à présent de causer au sein du Comté. La justice se doit d'être exemplaire, et en ma charge j'en serais garant celon le verdict qui sera prononcer par vous, votre altesse.
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| Sujet: Re: Condamner les innocents et acclamer les coupables Lun 16 Nov 2020 - 20:28 | |
| Les seigneurs serramirois écoutèrent religieusement l’officier royal. Quelques-uns se mirent à chuchoter avec leur voisin pour échanger des points de vue, poser des questions ou simplement pester contre cet odieux assassinat. Arnaud de Brochant ne broncha point. Il était l’encrage de ce procès, la pièce centrale qui liait la parole de ses vassaux car nul doute qu’aucun ne remettra en cause son jugement. N’est-il pas le fils du Sénéchal-régent ? Quand Charles termina sa longue tirade, un homme d’un certain âge se leva pour demander la parole. Un noble natif d’Odélian qui n’était certes pas le plus puissant mais sa famille est ancienne et respectée, elle lui confère un prestige que peu se targuent de posséder sur ces terres.
_ Si je puis exprimer mon avis messires.
Le jeune corbeau détailla l’homme. D’un battement de cils, il l’encouragea à poursuivre devant l’assemblée.
_ Il est vrai que feu Gaubert de Prademont n’était point l’homme le plus aimé du comté et sa mort, une preuve que nos querelles de pouvoir ne cesseront sans doute jamais. Mais une question me taraude : pourquoi se lancer dans un assassinat de masse alors que la ‘simple’, et je pèse mes mots, mort de son fils aurait suffit à déclencher un conseil de régence à la mort du comte pour désigner un successeur. Ses filles n’auraient jamais pu gouverner ces terres, c’est évident. Chaque partie ici jugée, aurait pu alors se battre à armes égales. Pourquoi avoir mit tant d’effort pour finalement se retrouver, tous ensemble, dans cette situation ?
Le duc haussa un sourcil, il ne comprenait pas bien l’intérêt de la question et ne chercha pas à suivre le noble sur cette pente glissante. Il se contenta de paraître intrigué et de feinter la réflexion pour ne pas avoir à donner de réponse. Profitant une fois de plus du trouble saisissant l’assemblée, un accusé haussa le ton pour que sa voix puisse porter.
_ Quel intérêt aurions-nous eu à éliminer notre parent dont l’heure approchait ? Ce bon sire a mis le doigt sur quelque chose, il n’aurait fallu que d’un meurtre pour plaider la soumission d’un nom par les vassaux d’Odélian au duc Arnaud de Borchant. Tout aurait été plus simple et la responsabilité n’aurait pas été si évidente ! _ Vous reconnaissez donc votre responsabilité ? _ Je la nie Arnaud de Brochant, duc de Serramire. Je soulève la simple et unique question : à qui profite l’assassinat de la famille Prademont et ce procès ? J’accuse -j’ose- Charles de Prademont ici présent, de tirer un quelconque intérêt de cette affaire dont je ne connais ni la portée, ni l’implication ? _ Vous ne savez rien mais vous l’accusez de tout ? _ Je réclame une enquête indépendante ! _ Osez-vous dénigrer la justice royale ? Osez-vous dénigrer la justice faite au nom de Sa Majesté ? _ Que nenni ! Je trouve cela curieux que ce soit un Prademont qui dirige l’enquête des meurtres de la famille Prademont.
Le duc frappa du poing sur la table ce qui eut pour effet de faire taire le récalcitrant.
_ Charles de Prademont, souhaitez-vous vous laver de ces calomnies ?
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| Sujet: Re: Condamner les innocents et acclamer les coupables Mer 18 Nov 2020 - 12:30 | |
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L'intendant à la Justice Royal était pleinement conscient qu'un tel procès n'était nullement gagné d'avance, d'autant que les accusés étaient bels et bien innocents. Seulement qui mieux que Charles maitrisait les codes et les rouages de la justice péninsulaire ? Son jeu, ses "gardes fou" avaient été murement réfléchis et positionnés sur cet échiquier qui pouvait lui couter sa tête. Certains soupçons s'élevèrent dans l'assemblée et l'un des accusé en profita pour porter l'accusation sur le seul Prademont que l'enquête lavait jusqu'alors de tout soupçon. Cela avait provoqué l'agacement du Duc, certes, mais même si ce dernier clamait haut et fort l'indépendance de la justice, il fallait à l'officier royal prouver que tout ceci n'était que "calomnies".
Doué par sa verbe, par des années de bon et loyaux services auprès de la couronne, le trentenaire avait bien anticipé cette éventuelle complication durant ce procès et l'on attaquait pas impunément l'homme de justice qu'il était sans que ce dernier n'use de ces talents pour reprendre la main et balayer d'un revers de main ces soupçons, pourtant légitime. Il se tourna alors vers son suzerain, lui offrant une courte révérence pour le remercier de lui donner la possibilité de s'exprimer.
- Personne ici présent n'est sans savoir que depuis de nombreuses années durant, j'ai choisi d'offrir ma cause pour le royaume, laissant derrière moi toute intérêt à une quelconque succession pour les terres qui m'ont vu naître. j'ai prêté serment, il y a de nombreuses années de cela, de servir mon royaume dans sa Justice. J'en suis le garant et mes aspirations ne sont dirigés qu'à l'exercice de mes fonctions. Cette affaire m'a été diligenté par décret royal. De surcroit, nul n'est également censé ignoré que feu le Comte, mon cousin m'avait nommé représentant à la Cour, donc qu'il avait toute confiance en moi.
Il reporta son attention sur les parties civils, levant les bras, avant de reprendre d'un ton solennel.
- Je n'ai fait qu'exécuter les ordres de ma hiérarchie à Diantra, non sans avoir conscience que l'on pouvait me porter en diffamation. De ce fait, et pour anticiper tout conflit d'intérêt, je n'ai prit part aux choix des enquêteurs mandatés dans cette affaire. Je n'ai aucun parti pris dans cette affaire puisque je ne fais plus parti de la succession et ce malgré que je puisse porter Odélian dans mon coeur de Prademont.
Il s'arrêta à nouveau, retournant à sa place pour fouiller quelques secondes dans ces dossiers, en récupérant un parchemins officiel prouvant qu'il n'avait pas participer à la constitution du corps enquêteur. Evidemment, nul ne pouvait le soupçonner qu'en amont, il avait judicieusement écarté certains collaborateurs dont il n'avait pas confiance, par de "léger" empoisonnement qui les avaient indisposés à se porter volontaire dans cette affaire. Il tendis alors la preuve à qui de droit avant de reprendre la parole.
- Qui ici présent aurait l'audace de remettre en cause la Voix de sa Majesté !? Porté atteinte à l'un de ces représentant équivaut à porter atteinte au Royaume !
Soudain, il fit volte face d'une manière théâtrale qui le caractérisait bien, pointant du doigt son accusateur.
- Cette affaire, comme TOUTES les autres, a été menée en TOUTE indépendance et cet homme ici présent, ne cherche qu'à semer le doute dans nos instances ! Et ce dans un l'espoir de s'affranchir de ces responsabilités dans cette affaire que personne ici présent ne semble remettre en doute face aux preuves qui l'accable !
Il rajusta alors sa tunique et reprit le chemin de son siège, non sans s'incliner respectueuse face au Duc de Serramire. mais avant de se rassoir, il s'offrit une dernière mise en scène.
- Pour répondre au noble seigneur, intervenu précédemment, l'explication semble toute trouvé. "se battre à armes égales" disiez-vous, mot pour mot. Nul n'est censé ignorer l'inégalité de chaque accusé. Il semble donc qu'ai été trouvé un juste compromis dans cette funeste affaire, sans quoi la guerre de succession aurait pu durer des années et déstabiliser profondément le Comté avec des conséquences que nous connaissons tous, tel qu'une guerre civil pouvant plonger Odélian dans un Chaos sans fin.
Il avisa une dernière fois le Duc avant de se rassoir et conclure à son endroit.
- Je n'ai rien d'autre à rajouter.
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| Sujet: Re: Condamner les innocents et acclamer les coupables Dim 29 Nov 2020 - 9:34 | |
| L’intendant parlait bien et le duc hochait la tête à chaque fin de tirade. Les présumés coupables furent tenus comme des chiens pour éviter toute rébellion qui amènerait sans aucun doute une cacophonie malvenue. Ils trépignaient d’impatience de pouvoir répondre, tant et si bien que les nobles soupirèrent face à si peu de manières. Quand Charles eut enfin terminé de se justifier aux yeux de tous, le jeune corbin posa son regard sur les accusés qui n’eurent pour seule défense que des hurlements animaux pour clamer leur innocence, jurant sur leur mère que ces accusations étaient mensongères mais n’avaient aucune preuve à soumettre au Duc.
_ L’affaire est donc entendue. Gardes, éjectez ces hommes du bâtiment afin que l’assemblée puisse délibérer dans le calme. Le verdict leur sera connu au coucher du jour.
Encore une fois les cris et les pleurs emplirent la salle et les couloirs jusqu’à ce que le silence retombe et s’installe. Arnaud se leva, invita par la même l’assemblée à l’imiter. Il délaissa le trône pour faire quelques pas vers la sortie.
_ Je vous laisse une heure pour délibérer. A mon retour, j’attends de vous une peine à la hauteur des faits évoqués et sa justification. Je trancherai à ce moment-ci. Monsieur de Prademont, vous devriez vous presser de retrouver votre épouse.
En effet seuls les vassaux et le chancelier du Duc pouvaient participer au débat judiciaire qui allait suivre afin que personne d’extérieur au duché ne puisse intervenir d’une quelconque façon. Face aux faits évoqués, seule une décision juste et objective pouvait naître. Le Duc tranchera à son retour pour ou contre la ou les peines évoquées en fonction des arguments de chacun.
* * *
Le lendemain, les papiers volèrent dans toutes les villes de Serramire afin de prévenir les différents hérauts. Celui d’Odélian, un homme en fin de vie et à la barbe grisonnante mais foutrement bien taillée, s’harassa toute une matinée à répéter chaque demi-heure le texte suivant.
_ "Nous, Arnaud de Brochant, fils d’Aymeric de Brochant, duc de Serramire par la grâce de Néera, annonçons ci-après la décision de l’assemblée devant juger les assassins accusés du meurtre de Gaubert de Prademont, Comte d’Odélian et de sa famille proche. Tous les accusés sont jugés coupable de trahison, meurtre, vilainerie et manquements aux préceptes de la DameDieu. La sentence prononcée par l’assemblée est la mort par pendaison des coupables. Leurs descendants sont dès à présent déchus de toute ligne de succession ou prétention nobiliaire. Le comté d’Odélian est confié aux vassaux dudit pays pour la durée d’un mois. La lourde tâche de désigner un successeur au défunt comte leur reviendra à l’issue dudit mois."
« Désigner » était un bien beau mot car le candidat choisit par le duc n’était autre que Charles de Prademont. Celui-ci dispose d’un mois pour prouver aux nobles d’Odélian qu’il est digne d’occuper cette charge ô combien prestigieuse mais également dangereuse.
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| Sujet: Re: Condamner les innocents et acclamer les coupables Mer 2 Déc 2020 - 7:01 | |
| L'éloquence de l'Intendant à la Justice semblait avoir convaincu le Duc qui séance tenante venait de mettre fin aux plaidoiries. Alors que les accusés étaient congédiés sous bonne escorte, Arnaud de Borchant invita l'assemblée Serramirienne à délibérer pour rendre son verdict au couché du soleil, offrant par la même occasion la possibilité à Charles de retrouver son épouse qui avait été précédemment prise d'un malaise en pleine séance. A ces paroles, l'officier Royal s'inclina avec grâce et prestance avant de quitter les lieux pour se rendre aux chevet de Solange qu'on avait transporté jusqu'à des appartements au château où elle pouvait bénéficier de toute l'assistance due à son rang et à sa condition de femme enceinte.
C'est avec soulagement et sérénité que Charles emprunta le couloir, mais une certaine angoisse s'empara de son esprit lorsqu'un domestique le servit de guide pour se rendre dans la chambre où se reposait son épouse. Il espérait que la dame d'Escault se soit rétablit et de surcroit que l'enfant à naître n'ai pas était une victime collatérale de la perte de conscience de son hôte. Remerciant le domestique, Charles resta alors au chevet de son épouse et tout ce qui se dit durant ce laps de temps restera à la discrétion du couple.
Ce que l'histoire devait retenir fut bel et bien les évènements qui survinrent ensuite et plus particulièrement l'entretien que l'Intendant à la Justice avait passé avec le Duc en personne. Le sujet de cette rencontre n'était autre que la succession au Comté d'Odélian. Arnaud semblait avoir posé son dévolu sur Charles, comme l'avait prémédité ce dernier. Qui d'autre en ces temps de troubles pouvait briguer un tel poste et obtenir le soutien du peuple sans que le vent de la discorde ne se sème au grès du vent et des courants populaires, partisans et contestataire ? Charles était le consensus tout trouvé et les deux nobles échangèrent longuement tandis que l'assemblée était sur le point d'achevé les délibérations.
Le couperet tomba d'ailleurs tard dans la soirée et la peine de mort fut prononcée à l'endroit de l'ensemble des accusés. Alors que l'on préparait la potence en place public, Charles, sur les bons conseils du Duc de Serramire, préparait ses armes dans l'optique de rallier à sa cause les vassaux d'Odélian. S'il avait l'appui du Duc qui l'avait désigné comme le plus fiable successeur, Prademont devait pourtant obtenir le crédit de ces pères pour légitimer ce choix de raison. Qu'en était-il de sa fonction Royale à Diantra ? Il ne se faisait guère d'illusion, à moins d'un miracle, il devrait renoncer à l'Intendance à la Justice, non sans toutefois garder ses relations plus que nécessaire à Diantra. Mais chaque chose en son temps, il devait encore prendre soin d'entériner ce complot et réorganiser son échiquier.
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