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 [Mont d'or] Le feu et la glace (Gendry et Kha'linas)

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Gendry Adkin
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Gendry Adkin


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MessageSujet: [Mont d'or] Le feu et la glace (Gendry et Kha'linas)   [Mont d'or] Le feu et la glace (Gendry et Kha'linas) I_icon_minitimeMar 9 Fév 2021 - 9:24


Huitième ennéade de Bàrkios, An XVIII, Cycle XI
Mont d'or

J'ai quelques raisons de sourire car mon pari insensé commence à être gagnant. Il y a trois mois, j'ai quitté Scylla pour démarrer une nouvelle vie. Le ferronnier suderon part dans le nord. Mon choix s'est porté sur Fernel, la cité des chevaux où le seigneur est une femme jeune qui aime le voyage. C'est un peu cette originalité qui m'a décidé à voyager par là. Je me suis dit que ferrer les chevaux pourrait être une activité comme une autre et qu'un travailleur du fer serait toujours le bienvenu. Le genre de pari qu'on ne fait pas, car peu vont s'installer au Nord et ceux qui sont en poste n'ont nulle envie de voir débarquer un étranger et concurrent. Sauf que leur maréchal ferrant était débordé et que la venue d'un autre travailleur du fer bienvenue, pour peu qu'il connaisse le métier. Et je connais le métier, malgré mon jeune âge.

Je m'appelle Gendry, Gendry Adkin. Adkin est le nom de famille de celui qui a épousé ma mère en acceptant d'élever un enfant né de père inconnu et qui m'a reconnu comme son fils. Mon vrai père est réellement inconnu, aussi de ma mère. Encore saurait-elle le jour de ma conception et aurait-elle eu une mémoire phénoménale qu'il resterait une dizaine de papa potentiel. Mère était prostituée et une fois sa limite de fraîcheur atteinte elle a épousé un gars gentil qui pouvait l'accueillir, elle et son bambin. Et l'homme étant forgeron, c'est tout naturellement que j'ai reçu une formation d'artisan. Ebéniste quand je n'étais pas en âge de frapper du marteau, puis ferronnier. J'ai touché à tout, les fers à chevaux, les armes, mais ma préférence est allée vers les casseroles, couverts, lustres qui demandent plus de détail et de finesse.

Une vie somme toute heureuse et banale s'il n'y avait eu un événement marquant. A trois ans, en voulant aider ma mère comme tout enfant se plait à le faire, j'ai fait tomber sur moi une marmite d'eau bouillante. Par réflexe, je me suis mis sur le coté pour me protéger et seule la moitié droite de son corps a été brûlée. Atrocement brûlée. Le drame n'a pas été découvert de suite, la douleur étant trop vive que pour permettre un cri. Et n'en doutez pas, du haut de mes trois ans, j'ai voulu mourir à l'instant où l'eau bouillante a touché ma peau. Mais la mort n'a pas voulu de moi, ni même le sommeil. Sept secondes, sept longues secondes avant qu'un cri inhumain ne sorte de ma gorge et une vision d'horreur pour mon père adoptif attiré par le cri. L'enfant que j'étais semblait fondre comme une poupée de cire accolée à une flamme. Il l'a, par réflexe, plongé dans un abreuvoir à chevaux pour l'éteindre et c'est le moment, où, enfin, j'ai pu m'évanouir.

Les soigneurs ne m'ont donné aucune chance d'y survivre et ont expliqué que la mort était préférable à une vie de douleur. Ils m'ont soigné pour que je ne souffre pas trop. Les crèmes posées, les bandages, chaque mouvement m'arrachait des cris de douleur. Mais le pire était la douleur lue dans les yeux de mes parents. Alors j'ai appris à taire ma douleur, j'ai appris à la maîtriser du mieux que je pouvais et à ne pas me plaindre. Nul ne sait par quel miracle j'ai survécu. Mais la compassion ressentie par les voisins s'est rapidement transformée. S'ils ont un monstre chez eux, c'est qu'ils ont fauté. La mère était bien une prostituée, non ? Qui sait qui est son vrai père, au monstre ! Les commandes ont diminué et il a fallu cacher le monstre. Oh, je n'en étais pas forcément malheureux, le regard des gens m'étant insupportables, mais moins que leurs jugements. Alors, travailler le bois, aider mon père, retrouver de la dextérité, ça a été du travail. Restaient des soins, lourds, pour me badigeonner car ma peau ne pouvait plus transpirer, et débrider mes cicatrices à chaque poussée de croissance et même entre elles, simplement pour ne pas perdre le peu de souplesse récupérée.

C'est pour cela que je suis parti ce matin, que j'ai quitté Fernel pour m'enfoncer loin, vers les monts d'or. Il n'y a pas de passage, pas de risque que quelqu'un vienne dans ma chambre car il faut la nettoyer ou qu'il y a une commande urgente. Le ferronnier est sorti chasser. Et si on pourrait encore me chercher en forêt, pourquoi le ferait-on sur un mont enneigé et dépourvu de végétation ? Je me suis dit, qu'utilement, je pourrais chercher une grotte ou une caverne et l'inspecter pour voir si je vois quelque minerai. Du peu que j'en sache, ce mont n'a jamais été testé pour ses minerais, ce qui à mes yeux est une hérésie. Mais je ne suis ni mineur ni exploitant minier. Il faudra que j'invite la Damoiselle de Fernel à faire venir un spécialiste pour qu'il inspecte ce mont et puisse nous dire si on pourra en puiser quelque chose.

M'occuper l'esprit me fait du bien pendant que je débride mes plaies. Il est rare que je sois sans collier, sans casque, sans gant. Je connais mes cicatrices, je sais où je dois débrider car cela fait quinze années qu'on me le fait, puis que je le fais seul. Ma mère n'y arrivait pas, mon père était trop gourd, alors il fallait une soigneuse et ça coûte cher. J'ai appris et hormis pour le dos où j'avance à l'aveugle, je m'en sors bien. Par contre, il devient urgent que je trouve une bonne herboriste pour hydrater ma peau sinon je n'arriverai plus à faire illusion sur mon état.

Alors que je sors de ma cachette, soins terminés et revêtu, je réalise que l'endroit est moins désertique que je ne l'imaginais. Puis rapidement je comprends, ou croit comprendre. Ce que j'ai pris pour un couple au premier coup d’œil n'en est pas un. L'homme est mal vêtu, portant des loques et doit probablement avoir froid. Il passerait aisément pour un mendiant, et un qui arriverait sans peine à recevoir une piécette rien qu'en étant assis à un coin de rue, main tendue. Sa nervosité fait peur et s'il ne semble pas blessé, il n'est pas impossible qu'il ait survécu à un brigandage. Mais elle...

Une bourgeoise, probablement, vu la qualité de sa tenue. L'homme doit être son garde-du-corps. Elle porte un masque pour ? Cacher son identité je présume. Peut-être une noble ? Je ne connais rien de la noblesse par ici. Une femme qui tente de fuir un mariage ? Non, car il y a quelques détails surprenants. Ses mains portent des bijoux étranges. On dirait des griffes. Magnifiques, ces griffes, du grand art. Mais alors, la dague qu'elle porte à la ceinture est... hallucinante. J'en ai jamais vu de pareilles. Incrustée de rubis ? On dirait bien, même si je ne suis pas un spécialiste des pierres précieuses. Quel ouvrage d'art ! L'artisan qui l'a conçue est un génie. Et à parler franchement, en revendant cette dague, je pourrais m'acheter un château. Je réalise à cet instant que la dame doit être une combattante et quand je compare son énergie à celle de son compagnon, il m'apparaît évident que des deux, c'est elle qui guide. Sa tenue, colorée, est totalement inadaptée à une chasse. Sa robe rouge, très fluide, est on ne peut plus visible, même de loin. Bizarrement, si elle semble avoir un grand sang froid, lui, par sa nervosité, m'apparaît comme dangereux. La peur est rarement bonne conseillère. S'il repère ma trace, il pourrait me faire pister pour m'éliminer, si ma théorie d'une tentative de brigandage est confirmée.

- Restez calmes, je ne viens pas en ennemi !

Pour l'heure, avec la distance et mon arc, j'ai un avantage, autant m'en servir dès à présent. Je suis sorti de mon poste d'observation et me tient à une quarantaine de pas, arc orienté vers eux, flèche armée mais corde non bandée. Je suis prêt à faire feu, ça ne prendra qu'une seconde, s'ils tentent quelque chose de louche, mais j'ai assez de sang froid pour ne pas faire feu de suite, ce que j'aurais fait si j'avais des intentions hostiles. J'espère au moins qu'ils l'ont compris.

- Gendry ! Gendry Adkin ! Je suis le nouveau forgeron de Fernel, une cité voisine. Si vous êtes perdus ou blessés, je peux vous y conduire. Vous avez besoin d'aide ?

Voilà qui est clair. S'ils sont en danger, je peux les aider. Sinon je serais plutôt enclin à leur foutre la paix et à éviter un mauvais coup guidé par la surprise ou la peur. Puis je grimace. Ce que j'avais pris pour des gants n'en sont pas. Les mains de la dame sont brûlées, au moins autant que ma main. Je réprime rapidement ma grimace, car si elle est comme moi, elle remarquera que mon visage manque de souplesse et que mon masque à moi cache des cicatrices qu'elle connait. Est-elle suffisamment observatrice ? Trahira-t-elle mon secret, elle qui est assez riche que pour ne pas avoir à se cacher aussi fortement que moi ? Sont-ce seulement ses mains qui sont brûlées, d'ailleurs ? A sa démarche je n'ai rien remarqué et cela m'intrigue, parce que ses mains, outre cette apparence étrange, semblent avoir un fonctionnement on ne peut plus naturel. Et évidemment, je ne peux pas lui poser la question. Supporte-t-elle seulement d'être déshabillée du regard ainsi, même si mon coup d'oeil n'a rien de... malsain. Je n'ai pas envie de la voir nue, j'ai envie de savoir si elle est marquée comme moi.

Mes soins sont toujours douloureux et j'ai appris à taire mes douleurs mais quand même. J'ai hâte qu'on en finisse. Déjà. Je ne suis décidément pas fait pour la vie en société. Voir des gens me met toujours les tripes à l'envers. Possible qu'elle soit la seule au monde à pouvoir le comprendre, ça...


Dernière édition par Gendry Adkin le Sam 20 Fév 2021 - 18:06, édité 2 fois
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Kha'linas Do'ath
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MessageSujet: Re: [Mont d'or] Le feu et la glace (Gendry et Kha'linas)   [Mont d'or] Le feu et la glace (Gendry et Kha'linas) I_icon_minitimeMar 16 Fév 2021 - 13:51



L’humain n’arrêta pas sa course, pas même les branches qui lui fouettait le visage, laissant des traces rougeâtres sur son visage alors qu’il avançait presque à l’aveugle au travers de la sinistre forêt. Il ne pouvait pas s’arrêter. Si elle l’apprenait, elle lui donnerait forcément une raison de lui faire encore du mal. S’éviter une torture de plus semblait être sa seule motivation. Et puis il arriva dans une clairière, là où d’énormes piliers se tenaient, un sombre rappel des événements qui avaient prit place en ces lieux. Incapable d’avancer plus, l’humain tomba sur le sol, se mettant à tousser violemment. Il pouvait sentir les gouttes de sueur perlée sur son visage, alors que ses mains tremblaient. Son teint blanchâtre n’indiquait rien de bon, il savait que la mort viendrait le quérir bientôt, mais il avait toujours cette volonté de survivre. Après avoir craché un énième jet de sang, l’esclave vit les bottes noires devant lui, alors que le tissu rougeâtre virevoltait doucement autour d’elle. Il n’eut pas besoin de lever la tête pour savoir qui était en face de lui. Ses muscles se crispèrent alors qu’il se mit à trembler, tentant tant bien que mal de retenir les larmes qui s’accumulaient dans ses yeux.


«Vel'bol phu' dos sila uns'aa?»
Quelles nouvelles me rapportes-tu?



L’humain ne bougea pas d’un millimètre, la tête fixant le sol, évitant avec soin les prunelles vides qui le regardaient.


«Nind phu' loy rathe’s.  Uss de' nind zhah nindel uk alus rath wun lil' forrest.  Lil' byr nindel uk zet whol lil' Arduram, jhal uss nesst della uns'aa nindel lil' aterruce zhahus lurking wun lil' Mont d’or.»
Il y a plusieurs pistes différentes. Certaines personnes croient que le mal règne toujours dans cette forêt. D’autres sont certains de l’avoir vu se replier en Arduram. Mais un homme m’a dit qu’une créature se cachait dans les Mont d’or.



Berg’il haussa un sourcil avant de se retourner vers l’Obok Yatharil;


« Usstan xuat talinth lil' aterruce orn'la tlu wun nindyn spo’taa.  Nindol zhah streeadus. »
Je ne crois pas que la créature serait dans ces montagnes. Cela serait suicidaire de sa part.


« Juba. »
Justement.



Berg’il fronça les sourcils avant de regarder Kiel Elamshinae, il comprit assez rapidement l’insinuation de sa maîtresse.


« Dorn sevir wun lil' huthin klew'kin ulu lor ol doeb»
Je pars dans l’heure pour aller vérifier.


« Nau»
Non.



Berg’il s’arrêta net, avant de s’incliner, comprenant parfaitement ce qui se passait. Si la maîtresse des souffrances avait parlé à son vaisseau, il ne pouvait rien y faire. C’était la volonté du visage hurlant.


« Inbau jor lueth belbau nindol srow lil' olva.»
Prépare Jor et donne à cette vermine l'antidote.



***


Les jours s’étaient enchaîné, les deux êtres avançaient dans la forêt, évitant les bourgades tranquilles, à l’abri des regards, profitant du couvert de la nuit pour se protéger. Ils montèrent doucement la montagne.  Là, où apparemment une caverne noire et sombre abritait des vestiges de la créature qu’ils recherchaient. Une idée en somme farfelue mais lorsque l’on connaissait ce dernier, cela aurait pu être logique. Au bout de plusieurs jours, l’Obok Yatharil s’arrêta, balayant l’horizon de son regard de glace, tentant de ressentir une quelconque énergie, tentant de déterminer si son ancien maître s’y trouvait, mais elle ne ressentit rien. Que le vide. Que le vent qui secouait les montagnes en faisant tournoyer le tissu rougeâtre.


Il n’est pas là.
Quelle perte de temps!
C’était qu’une façon pour la tester.
Nous savons tous qu’une légion ne pourrait pas l’arrêter.
C’est la volonté du visage hurlant…



Kha’linas serra les poings, faisant crisser les griffes argentées qui ornaient ses doigts. Quelle perte de temps! Généralement la maîtresse avait toujours un plan. Elle ne l’envoyait pas quelque part sans raison et puis elle l’entendit. La voilée s’arrêta, avant de se retourner doucement vers l’humain qui venait de parler. Elle le fixa de ses prunelles vides la figure qui les avait interpellés alors que Jor se précipitait au sol, se mettant à genoux, face contre terre, évitant le regard de l’Obok Yatharil alors que l’humain continuait sa charade.  


«Usstan zhal'la naut joros dos ulu transilit»
Je ne devrais pas te demander de traduire.

«F'sarn taudl, Suliss.»
Je suis désolé, Suliss.


La respiration de Jor sembla s’accélérer pendant une seconde alors qu’il tentait tant bien que mal d’écouter ce que l’homme criait au loin.


« Ukt kaas zhah gendry, uk zhah dal fernel.  Uk telanthus uk shlu'ta sila udossa gaer ka ud'phuul jivviim»
Son nom est Gendry, il dit qu’il est de Fernel. Il peut nous y amener si nous sommes blessés.


Fernel…


L’Obok Yatharil eut un sourire carnassier derrière son masque. Peut-être devrait-elle aller rendre visite à la dame des lieux. Peut-être qu’elle pourrait entendre les cris qui hantaient ses nuits. Elle sentit son cœur s’accélérer alors qu’elle imaginait la jeune humaine se réveiller en hurlant, se remémorant les terribles souvenirs que la prêtresse avait gravés dans sa mémoire. Elle savait qu’elle l’avait fait craquer. C’était une cible beaucoup trop facile, et pourtant une cible qui avait été si amusante… Lentement, les griffes argentées se mirent en branle, montant doucement pour enlever le voile rouge qui ornait sa tête, découvrant ainsi le masque d’Onous'Delab qui recouvrait son visage et ses cheveux plus blancs que la neige. Kha’linas put finalement voir correctement son interlocuteur, et ses yeux se plissèrent légèrement alors qu’elle aperçut que ce dernier était masqué.


Il est un des nôtres?
Mais c’est qui lui?
Il est masqué!
C’est un adepte de la maîtresse?



Ses doigts torturés se crispèrent en attendant le dernier murmure. C’était impossible. Comment un humain devenait un adepte? Comment pouvait-il seulement survivre au courroux du visage hurlant? Sans attendre, l’Obok Yatharil s’approcha de l’humain, calmement, sans faire un quelconque mouvement brusque et s’arrêta à quelques mètres de ce dernier, le dominant de plusieurs centimètres alors que les prunelles vides observaient silencieusement l’humain qui lui faisait face. Inutile de dire qu’elle remarqua les brûlures qui ornent le visage de ce dernier.


Les endommagés sont les plus dangereux.
Il est comme nous.
C’est dangereux!
Il va vouloir prendre notre place!
Fais-le s’agenouiller devant toi.
Ou laisse la souffrance s’emparer de lui.



« Vel’Uss phu’dos? Phu' dos biu ad’bos de' kiel? »
Qui es-tu? Es-tu un adepte de Kiel?


Jor, qui avait suivi discrètement sa maîtresse traduisit doucement la réplique de la prêtresse, se mettant à genoux à ses côtés, prenant bien soin d’éviter le regard des deux êtres qui se faisaient face.
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Gendry Adkin
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MessageSujet: Re: [Mont d'or] Le feu et la glace (Gendry et Kha'linas)   [Mont d'or] Le feu et la glace (Gendry et Kha'linas) I_icon_minitimeMar 16 Fév 2021 - 20:12


Voilà ce qui arrive quand on est trop gentil, ou qu'on est incapable d'analyser correctement une situation. Il y avait des éléments bizarres, Gendry. Bon sang. Ils ne répondent pas, ne paniquent pas, le jaugent. Enfin, elle ne panique pas. Lui, c'est autre chose mais il semble surtout effrayé et lâche. Et plus l'homme perd en dangerosité, plus la femme est inquiétante. Ce sang froid est impressionnant et elle dégage quelque chose d'assez unique. Il faut le faire pour ne pas douter face à un inconnu armé, et elle ne paraît même pas troublée. Du moins dans ses mouvements, vu qu'elle porte en prime un masque.

Quelque chose me dit que je ne peux montrer aucune faiblesse, appelez ça l'instinct. Quoi que non, l'instinct, lui, me hurle de fuir. Mais on ne fuit pas face à un prédateur. Et c'est ce que j'ai face à moi, une prédatrice. Bizarre, c'est la première femme qui me fait cette impression. Mais qu'a-t-elle de différent des autres ? Cela ne peut pas être sa main qui me trouble à ce point. Quand elle s'avance, je fais descendre ma flèche. Je ne suis pas un ennemi, elle n'est pas agressive. Je suis plus intrigué qu'inquiet à cet instant là. Son masque est parfait, ses cheveux trop blonds que pour ne pas être blancs, bien qu'elle paraisse jeune de corps. Tout cloche. Je reviens un court instant sur sa dague et réalise qu'elle doit servir aux rites religieux. Merde, une prêtresse ? Ca n'explique pas tout, mais j'ai toujours eu tendance à m'en méfier, les dieux sont plus impressionnants encore que les seigneurs.

Enfin elle parle, et sa voix m'impressionne.

- Plait-il ?

J'ai rien compris. Bon, ça, passe encore, mais c'est une langue que j'ai jamais entendue. J'ai déjà entendu des langues étrangères, à Scylla, il y avait du passage. J'ai même entendu de l'elfique, une fois. Ils ne se sont même pas arrêtés à ma forge pour regarder mes créations. Mais ça, c'est pas de l'elfique non plus. Et petit à petit je réalise. Elle est trop grande pour une humaine, suffisamment puissante que pour effrayer ce qui doit être son esclave. Ses cheveux ont une blancheur surnaturelle et elle dégage un charisme hors norme, même masquée. Je ressens sa puissance bien que n'ayant aucun talent magique. Je me sens fourmi face à un lion. Et le lion m'a en point de mire. Super. L'information est trop grosse que pour que j'aie le temps de paniquer. D'autant que c'est impossible. Les drows doivent être abattus à vue, pourquoi s'aventueraient-ils par ici ? Surtout une prêtresse ? Mais je ne vois pas d'autre explication à l'impression qu'elle me donne que celle-là. C'est une prêtresse drow.

- Prêtresse... Monsieur... Je me suis présenté, j'en attends de même. A qui ai-je l'honneur ?

Ne pas se laisser impressionner, soutenir le regard, sans animosité. Ne pas montrer sa peur, comme quand on croise un loup durant la chasse. Parfois il t'observe et te laisse passer, non ? Bon, en général, c'est qu'il a bouffé. Mais les drows, ça tue, ça torture, ça détruit par pur plaisir, c'est sadique. Si je ne le donne aucune occasion de s'énerver, elle me tuera peut-être d'un coup ? Adepte de Kiel ? J'ai perçu une surprise alors qu'elle me dévisageait. A-t-elle compris que j'étais comme moi ? Est-ce pour cela qu'elle hésite ? Je ne connais rien des moeurs drowniques... Drownesque ? Des drows. C'est à peine si je maîtrise les moeurs humaines. Alors, qui sait si chez elle retirer son masque n'est pas une insulte gravissime ? Limite pire que si j'ôtais mes vêtements. Je me vois mal le demander à l'autre, celui qui parle nos langues. Il lui semble tellement soumis que je ne peux pas trop espérer une aide de sa part non plus, ni un conseil...

Bien, Gendry, ton esprit est en éveil. Sauf si elle sait lire les pensées. Et les traduire ? Quelle est l'étendue du pouvoir de ces choses ? Attends, elle est main nue. Elle a souffert de ses brûlures comme moi des miennes. Cela nous fait un lien. Il faut qu'elle sache, peut-être est-ce parce qu'elle a senti que j'étais brûlé tout comme j'ai remarqué qu'elle l'était qu'elle ne m'a pas tué de suite. Il parait qu'ils peuvent en tuer des centaines à distance, sans bouger. J'ai l'air bien con avec mon petit arc si, dans le même temps, mon adversaire efface deux hectares de forêt en éternuant...

Je montre clairement ma main, chose que je ne fais jamais, en la plaçant à hauteur de mon visage, avant de la ganter à nouveau. Possible que l'esclave n'ait rien vu, c'est à espérer. Il faut faire en sorte que la rencontre ne s'éternise pas, tant que ce monstre n'entre pas dans des dispositions meurtrières. Si je croise un loup, je m'éloigne tranquillement, j'essaie pas de faire joujou avec lui.

- Vous n'êtes pas venus ici pour me trouver. Je ne suis pas ici pour vous trouver. Je propose que nous reprenions chacun notre chemin.

Simple, direct. Je suis comme toi, prêtresse, je n'ai aucune raison de te nuire. Je suis comme toi, aucune raison de me nuire. On fait comme si on ne s'était jamais vu et tout ira bien. De toute façon, personne ne me croira si je dis que j'ai croisé une prêtresse drow en me baladant du côté du Mont d'Or. On croit rarement les étrangers par ici, surtout quand en prime ils ont été menacés par la seigneure des lieux. Ici, niveau diplomatie, j'ai fait le taf. Hein ? HEIN ?! Reste calme, il sera temps de paniquer quand tu seras hors de danger. C'est déjà un miracle que je ne me sois pas fait dessus.
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Kha'linas Do'ath
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MessageSujet: Re: [Mont d'or] Le feu et la glace (Gendry et Kha'linas)   [Mont d'or] Le feu et la glace (Gendry et Kha'linas) I_icon_minitimeVen 19 Fév 2021 - 21:43



«Uk ssinssrin zhaun vel'uss ud'phuul»
Il veut savoir qui nous sommes.


L’Obok Yatharil observe l’humain qui se tient devant elle, le faciès de métal dégagé de sa prison de tissus, ses yeux vides fixent l’étranger avant de descendre tout doucement vers la main qui remonte, montrant des brûlures bien semblables aux siennes.


Il est marqué.
Il a subi l’ordalie?
Non, c’est impossible.
Il n’aurait pas survécu.
La maîtresse ne l’aurait jamais permis.
C’est un imposteur! gronda la voix.


Les autres murmures semblèrent se taire alors que le visage hurlant emplissait la tête de son vaisseau d’un cri de rage.


Comment ose-t-il? Misérable créature! Ce pathétique monde ne mérite qu’à être détruit Kiel Elamshinae. Montre-leur pourquoi tu es l’élue. Montre-leur ce qui se passe lorsque l’on se joue du visage hurlant!


La main de l’ilythiiri se crispa dans une position des plus singulières alors que la maîtresse des souffrances rageait dans la tête de la prêtresse. À chaque mot, à chaque parole, cela ne fit qu’agrandir le sourire carnassier de l’Obok Yatharil.


«Tesso ukta»
Dis-lui.



L’ilythiiri remonta doucement les manches de sa tunique. Dévoilant ses membres de plus en plus torturés. On pouvait voir les brûlures se dévoilaient, la peau brulée par l’acide, couverte de plaies, donc certaines semblaient commençait à peine à se refermer. L’esclave ferma rapidement les yeux, avant de mettre son front contre le sol froid de la montagne, il ferma rapidement les yeux alors que sa respiration s’accélérait. Il ne voulait surtout pas voir ce qui se préparait. Serrant les poings, l’humain repris la parole; « Sa disons… grâce, Kha’linas Do’ath. Haute-Prêtresse de Kiel. » C’est à ce moment que l’Obok Yatharil enleva son masque. Découvrant pour la première fois ce dernier à une victime depuis plus d’une centaine d’années. Son visage nue, ne portant qu’une minuscule cicatrice sur la lèvre inférieure. Un contraste des plus surprenants du reste de son corps. Personne au Puy croyait que Kiel Elamshinae était en réalité attirante sous le masque de métal noir et pourtant…


«Lor phu' desu ulnen…  Dos neitar llaar zhaun vel'bol zhah rathrea natha orbdrin.  Usstan'bal desu tlus della; vel'uss zhah lil' xi'hum de' lor lest uktan tlu ssinssrigg a ulnen.»
Les apparences sont souvent trompeuses… On ne sait jamais réellement ce qui se trouve derrière un masque. On m’a souvent dit; qui est le jouet des apparences se laisse séduire par des mensonges…



En disant ces paroles, l’ilythiiri s’était rapproché dangereusement de l’humain, ne s’arrêtant qu’à quelques centimètres de ce dernier. Le dominant de sa taille, ses yeux vides regardèrent l’humain avec attention. Son visage ne laissait paraître aucune émotion. Qu’un bloc de glace devant une chose des plus bénignes.


Assez joué! Je veux le voir!
Elle veut le voir!



«Dos orn alu nau vel'klar.  Naut hwuen f'sarn xunor xuil dos.  Drewst dosst orbdrin.»
Tu n’iras nulle part. Je n’ai pas fini avec toi. Enlève le masque.



C’était un ordre sec, tranchant. Si l’humain ne comprenait pas le langage du Puy au moins il reconnaitrait le ton de la prêtresse. Elle ne jouerait pas avec lui. Du moins pas pour le moment, pour le moment mieux était pour lui qu’il lui explique rapidement comment il avait eu ses marques. Qui plus est, mieux valait espérer que son explication plaise à la maîtresse des souffrances, car pour le moment, elle était loin d’apprécier la supercherie de l’humain. Comment osait-il se moquer de Kiel ainsi? Comment osait-il se montrer avec ces marques? Masqué qui plus est! La pauvre flamme n’avait aucune chance. Une fois que la prêtresse en aurait fini avec lui, il finirait au P’leiks. Là, où, Teiweon continuerait le travail de l’Obok Yatharil.



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Gendry Adkin
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MessageSujet: Re: [Mont d'or] Le feu et la glace (Gendry et Kha'linas)   [Mont d'or] Le feu et la glace (Gendry et Kha'linas) I_icon_minitimeSam 20 Fév 2021 - 18:55


- Kha'linas do'ath, haute prêtresse de Kiel...

Répète-t-il comme pour enregistrer l'information, histoire de ne pas l'oublier. Le fait qu'elle enlève son masque est excessivement troublant pour Gendry, car il s'attendait à ce qu'il soit marqué. Seule une cicatrice sur la lèvre inférieure, qu'il étudie comme pour comprendre pourquoi elle est là. Ou pourquoi son visage, qui a été protégé des affres des brûlures, est entièrement masqué. Cela a peu de sens pour lui. Mais ce sont les blessures à son bras qui l'intriguent le plus, car il y a des choses qui ne collent pas. Et parmi celles-ci, le fait qu'il avait déjà observé que sa main, pourtant sévèrement touchée, a conservé toute son élasticité, comme si les cicatrices n'étaient qu'un gant. Et l'évidence lui saute au visage avec violence quand il réalise que certaines cicatrices sont à peine en train de cicatriser, et qu'elle a fait glisser un vêtement sur lesdites cicatrices. A l'époque où lui cicatrisait, malgré prudence et onguents, c'étaient des moments d'une douleur indicible, et elle, rien. Pas l'ombre d'un début de grimace ou une étincelle dans son regard. L'étincelle est dans son regard à lui, mais ça n'est pas de la peur. Non, c'est de la colère. Elle n'est pas comme lui. Elle ne ressent pas la douleur. Ou alors ne la ressent-elle plus. Ça n'est pas une sœur de douleur. C'est une ennemie, c'est évident pour lui désormais. Et il peut sentir son haleine tant elle est proche, impossible de fuir. Alors, impossible de détourner le regard. Gendry mourra debout.

- ... !

Qui est le jouet des apparences se laisse séduire par des mensonges… Aucune raison de songer que c'est d'elle qu'elle parle, mais cette définition lui va si bien. Elle porte un masque dont elle n'a pas besoin, des cicatrices qui n'ont pas lieu d'être et son regard est vide, comme sans vie. Une statue de glace animée. Dommage qu'il la trouve incroyablement désirable, mais il essaie de se raisonner en se disant que c'est l'effet que font les elfes et les drows sur les humains, un mélange de désir et de peur. Le côté immortel faisant beaucoup pour leur légende. Cette drow est puissante dans sa société, nul ne devient haut prêtre par accident. Elle est tellement proche qu'il sent son souffle à elle contre lui. Mais ça n'est pas pour une séance de reproduction. C'est la seconde fois qu'une femme se permet de le toiser aujourd'hui. C'est un mauvais signe. La première voulait le pendre, et celle-ci ? Lui faire ôter son masque ?

- Non !

La réponse a fusé, d'instinct, aussi sèche et tranchante que l'ordre donné. Ne l'aurait-il pas comprise que rien qu'au ton, il aurait dit non. Car il a désormais deux certitudes. La première :

- Je suis déjà mort, pas vrai ?

Ma question est plus pour le traducteur que pour la drow, mais je ressens le besoin d'expliquer pourquoi.

- Mon mi-masque est plus qu'un vêtement, c'est comme une seconde peau. Me demander à moi de le retirer, c'est comme si je lui demandais à elle de se mettre nue. En prime, elle ne demande pas, elle exige. Étant déjà mort, elle pourra l'ôter sur mon cadavre, mais cela ne lui apportera rien de plus.

Cela m'amène à ma seconde certitude.

- J'ignore pourquoi elle a ces cicatrices et ce masque mais j'ai compris une chose : elle n'en souffre pas. Certaines plaies n'ont pas cicatrisé et à moins d'un contrôle hallucinant, elle n'a même pas frémi quand le tissu a frôlé ses plaies. Je sais combien une brûlure qui cicatrise fait souffrir. Mon masque, je le porte pour que les gens puissent me voir, au-delà de mes cicatrices. Je masque mes douleurs pour qu'ils voient le vivant derrière le brûlé. Mais elle, elle s'efface, car elle ne sait plus ressentir. J'ai cru qu'elle était une sœur de douleur, qu'elle avait connu comme moi les affres de la douleur, du rejet et de la différence. Mais non, elle s'efface, derrière un masque. Le destin est bizarre. Il m'a permis de survivre à de l'eau bouillante qui m'a rongé la peau et les chairs, tout ça pour mourir, dans le Nord de la Péninsule, pour avoir croisé une drow en quête de sens.

J'éclate de rire, un rire étrange, mélange d'ironie, de colère et de désenchantement. Pour la première fois, je détourne mon regard de la drow pour m'adresser à l'humain.

- Ma naissance déjà était un accident, cette brûlure aussi. Que ma mort soit le fait d'une rencontre qui n'aurait jamais dû avoir lieu est le signe d'une certaine logique, finalement. Et pourtant, j'avais soif de vivre, pour avoir survécu à cela. J'ai survécu en vain.

Le regard revient vers la drow, à qui je souris avec tendresse.

- Je devrais être terrifié, je l'ai été, mais c'est passé. Je devrais être en colère, mais je ne le suis pas. Je devrais t'en vouloir, mais je n'y parviens pas. Tu es... Je ne voudrais pas ne plus connaître la douleur. Cela me rend triste pour toi. Je pense que tu n'auras aucun plaisir à me tuer. Prêtresse, je te souhaite de trouver les réponses à tes questions.

J'en aurai pas connu beaucoup, mais les femmes de pouvoir m'auront fait chier jusqu'au bout.
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MessageSujet: Re: [Mont d'or] Le feu et la glace (Gendry et Kha'linas)   [Mont d'or] Le feu et la glace (Gendry et Kha'linas) I_icon_minitimeSam 27 Fév 2021 - 20:00



L’Obok Yatharil pencha légèrement la tête sur le côté alors que l’humain lui répondait. Son ton avait été cassant, rude. Lui avait-il réellement dit non? Un sourire carnassier vint orner ses lèvres alors que les yeux se plissèrent. Ceux-là, c’était ces préférés. Ils finissaient toujours par craquer. Il se voulait dur, sans peur, et pourtant hanter leurs cauchemars étaient la forme la plus satisfaisante de les torturé. Si la prêtresse trouvait le monologue de l’humain amusante, c’était une toute autre histoire pour les murmures, eux, ne purent contenir leur effroi ou leurs colères.


Il a dit non.
Non!
Comment a-t-il osé?
Il ne paie rien pour attendre.
Il va se faire éviscérer
Tuer sur place.
Il est mort, définitivement mort.



Un léger sourire vint apparaître sur son visage. Elle en était sure. Cela aurait été impossible qu’il soit comme elle. Qu’il comprenne et embrasse ses idéaux. Après tout, il n’était qu’un simple humain. Les yeux vides fixent ce dernier alors qu’il continue ses explications, regardant Jor, qui, le visage contre le sol n’ose même pas regarder le visage dénudé de sa maîtresse. Il a trop peur, trop peur de la suite et il répète les mots de l’humain sans s’arrêter, comme s’il n’avait aucune pensée, comme si son esprit était complètement vide. Il n s’exécutait qu’à une tâche, et une seule tâche.


«tesso ukta »
Dis-lui.



Jor trésahillit, ses doigts se refermèrent contre la poussière qui reposait sur le sol alors qu’une petite flaque de ses larmes semblaient s’accumuler sur le sol. « Oui vous êtes mort. »


A peine eut-il terminé sa phrase que l’Obok Yatharil agrippa l’humain par la gorge. Ses griffes tentèrent de s’enfoncer un peu dans sa chair, mais ne firent que criser sur le métal qui recouvrait le cou de l'humain. Laissant une petite marque blanchâtre sur le métal. Kha'linas le força à approcher son visage du sien, alors qu'elle plantait son regard vide dans le sien.


« Ji k'alf, saph mzilst oolos.  I’ve keffal jatha'ur wun natha tagnik'zur loff'ta.
Usstan sieva usstan z'klaen zao dos natha lesson jhal vel'bol natha suldaim, ussta velven phu' zikeir.»

Si direct, comme la plupart des imbéciles. J’ai vu plus d’énergie chez les Bagrons.
Je vais supposer que je devrais t’apprendre une leçon. Dommage, mes lames sont plus tranchantes.



À peine eut-elle fini sa phrase que la lame décorée de rubis s’enfonçait dans le ventre de l’humain. Un mouvement rapide, puis cette dernière ralentit la cadence en laissant s’échapper un soupir. Tel une amante qui découvrait finalement le plaisir. Plus la lame s’enfonçait et plus le sourire de l’Obok Yatharil s’agrandissait. Elle pouvait sentir le chaud liquide sur ses doigts, elle pouvait sentir le souffle de l’humain devenir de plus en plus saccadée. Puis soudainement elle enfonça totalement la lame dans son ventre, alors que son regard sembla s’obscurcir;


«Vel'uss telanthus usstan zhahus aluin ulu elgg dos? Ol zhah uss de' dosst mzil duanda. Nind kalyar dosst ouwaela, lueth dos inbal doera natha duanda»
Qui a dit que tu allais mourir? C’est une de tes nombreuses erreurs. Les mêmes qui ont illuminé ta naïveté, et qui t’ont handicapé.



L’Obok Yatharil enleva rapidement la lame du ventre de l’homme, espérant lui arracher un cri, avant d’approcher sa bouche de la sienne. Un regard mauvais qui le détaillait alors qu’elle continuait de lui sursurer telle une amante;


«Ud'phuul jal phindar… dos phuul fridj uss doeb de' do'suul»
Nous sommes tous des monstres… Tu en es seulement un à l’extérieur.



L’ilythiiri relâcha finalement l’humain, avant de se reculer de quelques pas. D’un geste presque théâtral, elle passa doucement les griffes métalliques sur ses lèvres, laissant une trace rougeâtre sur sa peau cendrée, avant de remettre doucement le masque inexpressif. Il allait survivre. Il avait besoin de soin, certainement, mais elle avait besoin de lui pour passer un message bien particulier.


«Alu rath dal vel'klar dos doer dal.  Lueth tesso Louise nindel lil' Orthae Dek'za doerin whol ghil.  Tesso ilta f'sarn naut xunor xuil ilta»
Retourne d’où tu viens et dis à Louise que la Légion Sainte s’en vient. Dis-lui que je n’ai pas terminé avec elle.



Les doigts de l’ilythiiris se crispèrent alors qu’elle s’approcha une dernière fois de l’humain, alors que les yeux vides regardaient une nouvelle fois la vermine qui était devant elle.

«Huthin draeval udos orn kyorl weth byr, dorn morfeth zhaunus ulu morfeth dos falanni whol ravhel de' drasven.  Nin alu, p'los usstan thir'ku ussta shar.»
La prochaine fois que nous nous reverrons je te ferais hurler pendant des centaines d’années. Maintenant, va, avant que je change d’idée.



Un moment de faiblesse? Non pas du tout, elle voulait le voir se relever en grognant. Elle voulait voir sa réaction alors que le sang coulait sur ses doigts. Elle voulait voir la peur de mourir embrasé son regard. Après tout, elle pourrait toujours le tuer si elle changeait d’idée… Il avait une chance de fuir, à lui de voir s’il la prendrait.
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Gendry Adkin
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MessageSujet: Re: [Mont d'or] Le feu et la glace (Gendry et Kha'linas)   [Mont d'or] Le feu et la glace (Gendry et Kha'linas) I_icon_minitimeLun 1 Mar 2021 - 8:59


C'est un sentiment étrange qui m'anime. Quoi que j'aie pu faire ou dire et même si j'avais répondu à son injonction de retirer mon masque, le final aurait été le même. Du début à la fin, je n'aurai eu aucune emprise sur mon destin. Et c'est excessivement frustrant, car je ne comprends rien à cet être que j'ai pourtant l'impression d'avoir en partie cerné. J'ai voulu aller au-delà des apparences, mais qu'importe. Elle, elle me hait pour des raisons que j'ignore. Elle est comme les autres, elle m'a jugé sur mon apparence. Même les êtres centenaires sont décevants, c'est déprimant. Vivre autant pour perdre le goût de tout et ne trouver un semblant d'amusement que dans le fait de nuire, c'est tellement... pathétique.

Lorsqu'elle me saisit par la gorge protégée par son collier, j'ai un étrange sourire. Je crois bien que je suis résigné. J'aurais traversé l'existence sans rien y comprendre, et je pars sans rien apprendre de plus. Elle me parle de leçon mais une chose est sûre, je n'ai rien à apprendre d'elle. Alors que le contraire n'est pas impossible. C'est lorsque sa lame s'enfonce dans mon ventre que pour la première fois je l'ai sentie vivante. Un soupir, un sourire. C'est peu. J'aurais pu en profiter si mon regard ne s'était brouillé. Pas tant par la faute de la douleur, elle est plus gérable qu'une brûlure et c'est une douleur que je connais aussi, devant débrider mes plaies. Mais je perds du sang, et des forces. Je me sens glisser et ça fait du bien. Je me surprends à pousser un soupir d'aise et décide, par orgueil sans doute, de regarder la mort en face. Son regard vide ne m'impressionne plus, je pense en saisir la signification.

Elle vient de me traiter d'handicapé, le monstre ? Elle a perdu toute sensation, toute personnalité et c'est moi l'handicapé ? J'ai failli rire. C'est bizarre  comme tout change, pensées comme perceptions, quand on est en train de mourir. Ce n'est pas la première fois que je meurs, ou du moins que je me sens mourir, mais c'est la première fois que je vois la mort. Je me doutais qu'elle était belle, mais pas à ce point. Son visage de marbre cerclé de deux perles d'albâtre était illuminé d'un mélange de froideur glaciaire qui plutôt que nous mordre endort les douleurs, et de cette impudeur teinté d'insolence qui naît sur le visage des adolescentes à l'heure trouble des premiers frissons du ventre. Si j'avais serré une femme contre mon cœur lors d'une étreinte, peut-être aurais-je compris ce sourire et ce soupir, mais je n'en ai jamais connu. Je n'ai jamais connu cette intimité avec personne.

Je pense que tout se finit, puis elle dit une phrase étrange.

- Louise ? La légion sainte ? Pas fini avec ?

Pourquoi blesser le messager si elle voulait que je transmette un message. Je réalise alors que c'est sans doute un piège. Tiens, je suis encore debout, je n'ai pas ployé le genou malgré la douleur et la blessure. Je jure que ça n'est pas par un effort de volonté. Sa menace de me faire hurler de douleur durant des siècles quand on se reverra ne me touche même pas. Oh, pas que je doute qu'elle en soit incapable, que du contraire, mais je sais que je ne hurlerai pas. Je n'ai pas grand chose à moi, mais j'ai ma fierté... Pas au point de refuser son "va". Je pars, mais pas en direction de Fernel, je me dirige beaucoup plus au sud, prenant un détour. J'essaie de marcher droit, main serrée sur la plaie qui saigne. J'essaie de ne pas tituber. Peine perdue, je sais résister à la douleur mais j'ai rien d'un surhumain. Je refuse de me retourner, avant d'avoir marché un millier de pas. Puis je m'arrête, en m'adossant à un arbre et j'observe les dégâts. Mon haut est sanguinolent. Quant à mon pantalon, on pourrait croire que je me suis pissé dessus. J'attends qu'elle vienne m'achever, car j'ai eu la conviction qu'elle me laissait rentrer pour me suivre et trouver Fernel. J'aurai attendu pas loin de deux heures avant d'avoir la conviction qu'elle n'était plus là. Alors, alors seulement, j'ai pris la direction de ma nouvelle maison. J'ignore si j'arriverai jusque là. Je me dis que je devrais abandonner mon arc et m'alléger un peu. J'espère que des prédateurs  ne seront pas attirés par mon sang.

Que les dieux me laissent la force d'avertir le monde : Une drow se balade sur la péninsule. Même s'ils ne méritent pas d'être averti. Ils ne valent pas mieux qu'elle. Le message ne va pas plaire à Louise. Si elle daigne m'écouter, celle qui refuse à un honnête artisan d'être propriétaire de sa forge. Elle aime les gens qu'elle a dit. Elle les respecte. Tu parles ! Ah ça oui, je vais lui délivrer le message, à cette menteuse. Puis je les laisserai s'entredétruire, entre femmes. Elle me déteste parce que je suis homme, l'autre parce que je suis humain. Je devrais en être flatté, moi l'homme à la tête de chou. De toute façon, si on me soigne, on me chassera par la suite. Qui veut d'un monstre ? L'aventure Fernel est déjà finie pour moi. Espérons qu'on me laisse le temps de guérir avant de me faire quitter le Duché. J'aurai pas fait illusion longtemps.
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