Le soleil peine à se lever que des clameurs proviennent déjà des crieurs publics annonçant la représentation tant attendue des Joyeux Danseurs. L’effervescence est à son comble : le dernier passage de la célèbre troupe de troubadours remontait à plusieurs années en arrière et chacun en gardait un souvenir mémorable. Artistes, hommes aux goûts certains et critiques acclamées à la tête de nombreuse revue sur le genre étaient déjà debout, se hâtant de rejoindre le lieu où se déroulerait la fameuse représentation. Déjà le bruit des flûtes s’élève autour d’une large estrade de bois brillant, où plusieurs hommes se livrent à de dangereuses acrobaties devant une foule admirative. Les bancs de bois sont déjà complètement remplis, même si quelques places demeurent encore libres entre plusieurs spectateurs peu envieux de se mêler de trop près à leur voisin.
Les artistes des Joyeux Danseurs s’activent en coulisse, se lancent diverses imprécations sur tels ou tels retards, se courtisent les uns les autres avec plus ou moins de succès quand ils ne sont pas paralysés par l’angoisse de la représentation imminente. Accéder aux coulisses ne demande guère d’effort, mais il s’agit avant tout de passer les quelques charrettes disposées pour faire obstacle, ainsi que les gardes du Guet qui assurent leur protection. Apparemment le chef du Guet étant un fervent admirateur des Joyeux Danseurs, il leur aurait proposé l’entière disposition de ses hommes pour ne pas qu’ils soient troublés durant la représentation. Devant ces obstacles, une petite table en bois est installée où une vieille femme austère taponne de lourds tickets pour les tendre aux spectateurs avant de leur indiquer la direction permettant d’accéder aux places assises. Elle n’adresse qu’un regard courroucé aux Joyeux Danseurs arrivant à la traîne et reste sourde à leur tentative de minauderie.
Informations:
À Zohael : Tu sais que la représentation n’a pas encore commencé : les artistes se livrant déjà à des acrobaties sont là pour faire patienter le public. L’accès aux coulisses ne se fait qu’à partir de la vieille femme qui tamponne les tickets. Néanmoins, tu observes un petit groupe de gamins à l’air revêche qui fixe un pan du mur en chuchotant entre eux. Un garde en particulier les observe avec les sourcils froncés comme s’il s’attendait à une bourde de leur part. Pour compléter ce tableau, une femme appartenant au spectacle ne cesse de crier le nom d’un certain « Josépéné » en plein milieu de la rue.
Dernière édition par Nehril le Jeu 1 Juil 2021 - 16:33, édité 3 fois
Zohael
Humain
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Sujet: Re: L’Œil frémit mais jamais ne se ferme | L’homme aux mille visages Sam 13 Mar 2021 - 10:27
An 18 du Cycle XI, Bàrkios, quatrième ennéadePériphérie de Thaar, camp des Turbans-Ocres
L'enquête a été plus rapide que prévu. Malgré la surface considérablement étendue de la cité de Thaar, les ombres contactés par les zurthans se sont révélées très efficaces. Après la curieuse scène de l'auberge du Feu Eteint les mercenaires s'étaient rendu directement dans le camp zurthan, monté en périphérie Nord de Thaar. Se doutant être observé par leurs employeurs le chef des Turbans-Ocres préférait jouer la prudence en évitant tout contact qui pourrait un jour révéler leur identité à ces espions de la nuit, et le camp des mercenaires zurthans constituait l'un des seuls endroits où il était certain de rendre aveugle "ceux qui voient". Dès lors l'enquête débuta, pour retrouver cette Ceralyn mais aussi et surtout pour démêler cette histoire dans laquelle les zurthons ont été impliqué malgré eux.
Les enturbannés sortant du camp ont été nombreux depuis, et pourtant ce n'était rien d'inhabituel comparé aux autres jours depuis que le camp a été monté. Ils se sont baladés ça et là dans les rues de Thaar, ont échangé dans les bazars, consommé dans des tavernes ou encre répondus à de menues missions d'escorte et de protection. Rien n'a été exceptionnel dans leur comportement, et pourtant. Il serait difficile, voir même impossible, de savoir qui les mercenaires ont contacté en secret. Ce bazardier à qui ils ont échangé des épices, ou cet autre qui leur a vendu des amandes ? Y avait-il un message codé dans leur négociation du prix ? Ou peut-être ce mendiant, avec qui l'un d'entre eux a échangé en zurthan avant de lui laisser quelques pièces. Ou dans cette taverne, lorsque que le grand a été bousculé, a-t-il laissé un message à son agresseur dans le même temps ? "Ceux qui voient" les observent sans doute, mais s'ils ne savent pas ce qu'ils voient, ils ne voient rien.
Car l'enquête s'est menée, et des contacts ont été réalisés. Aussi modeste qu'il soit, le réseau des Turbans-Ocres a été activé pour cette mission plongée dans la brume. Qui est cette Ceralyn ? Que lui est-il arrivé ? Comment la retrouver ? Qui sont ceux qui la recherchent ? Des questions qui ont apporté tout autant d'autres questions que de réponses. Et c'est finalement leur associé du quartier de Lanternes, l'usurier Taak'Zi, qui leur a apporté les pistes les plus fiables. La jeune femme aux cheveux rougeoyants serait une mercenaire ordinaire, une novice malgré tout compétente qui s'est contenté de récupérer sa solde et de s'en aller. Elle aurait disparu sans lasser de place. Un homme aux cheveux argenté, possiblement le même qui réduirait les effectifs de "ceux qui voient", serait le protecteur de cette jeune femme. Mercenaire également, il aurait pour employeuse régulière la Princesse-Marchande Maralina Irohivrah, et aurait été aperçu aux abords de son palais pour la dernière fois avant de disparaître. Son lien avec la jeune femme recherchée par "ceux qui voient" résoudrait certaines questions, s'il est le même que celui qu'ils cherchent à éliminer. D'autres questions demeurent et s'ajoutent, cependant. La piste de l'auberge n'avait, elle, mené nulle part. Y retournant le lendemain de l'incident, les zurthans y avaient trouvé un autre tenancier. Ce dernier prétendait être le seul et unique propriétaire du Feu-Eteint, en déplacement pendant plusieurs jours avant de revenir. Celui qu'ils avaient croisé n'était donc plus là, il avait disparu, comme toute trace de l'évènement de la veille. Une piste avait donc disparue, mais une autre s'était ouverte. Les Turbans-Ocres n'étaient pas les seuls à chercher cette Ceralyn, un autre avant eux avait suivi le même procédé. Un homme décrit comme ayant la barbe charbonneuse, des mèches noires et les yeux brillants. Caché sous un capuchon sombre et avec une épée à la ceinture, il serait lui-même baigné de mystères. Mercenaire, acteur, tueur à gage ou écrivain, son métier varie selon les sources. Même son nom est multiple, mais il y en est un qui est ressorti : Yvar. Que ce nom soit vrai ou faux, il a au moins mené à une piste suffisamment solide pour être suivie.
An 18 du Cycle XI, Bàrkios, Arkuisa de la quatrième ennéadeThaar, lieu de spectacle des Joyeux Danseurs
Le supposément nommé Yvar serait membre des Joyaux Danseurs, un groupe de troubadours actuellement en représentation à Thaar. Suivant cette piste et ayant appris que le groupe devait se présenter à nouveau, Noul'Hessi a décidé de s'y rendre avec quelques une de ses hommes. Plusieurs enturbannés se mêlent ainsi à la foule des spectateurs, les mercenaires s'étant procuré quelques billets avant d'arriver. Ceux-là suivent sagement la file de ceux qui attendent d'avoir leurs billets tamponnés par cette femme pas si charmante.
Dans la pénombre d'un angle de ruelle, un zurthan attend. Bien plus discret que ses congénères, il observe le garde prêt à bondir. Le zurthan a lui aussi remarqué les enfants qui chuchotent tout en observant le pan du mur. S'il peut-lui même profiter de leur diversion lorsque le guetteur ira à leur rencontre, il pourrait entrer dans les coulisse et faire son oeuvre.
De son coté, Noul'Hessi a ouvert son esprit à l'essence des Djîins. Si un sorcier fait appel à leurs forces éthérée, ou que l'un d'entre eux utilise ce que les gens de cette terre appellent magie, alors le zurthan le saura. Après avoir observé la place un long moment, le mercenaire décide d'aller à la rencontre d'une femme qui hurle au beau milieu de la rue depuis un moment. Qui que soit cette femme, elle semble en détresse, et cela pourrait lui être utile. - Bonjour, femme. Interpelle le mercenaire dans un oliyan emprunt d'un fort accent zurthan. Tu semble avoir un problème, peut-être que je peux t'apporter mon aide ?
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Sujet: Re: L’Œil frémit mais jamais ne se ferme | L’homme aux mille visages Sam 27 Mar 2021 - 15:04
La jeune femme, dont l’âge est estimé à une trentaine d’années, se tourne vers le zurthans avec un air affolé. Elle est d’une beauté saisissante : de longues boucles dorées encadrent son visage crémeux et ses lèvres pulpeuses s’agitent à mesure qu’elle lui répond :
— Je… je cherche Josépéné ! lui répond-elle d’une voix douce et onctueuse. C’est la vedette de notre numéro d’aujourd’hui ! Il devait déjà être là, mais on est sans nouvelles de lui ! Ses yeux s’écarquillent à mesure qu’elle jauge Noul'Hessi avant de reprendre sur un ton hésitant. Vous… savez ce qui lui est arrivé ?
— Je l’ignore, mais je peux t’aider à le trouver… Si tu m’aides en retour. Décris-le et dis où l’as-tu vu pour la dernière fois ? As-tu une idée d’où il a pu aller ?
La femme penche sa tête sur le côté et minaude :
— Il est parti écumer les tavernes hier avec quelques-uns des acrobates, mais il est le dernier à ne pas être là. À l’allure où vont les choses, nous allons devoir annuler son numéro ! Et peut être bien le spectacle !
Elle balaye l’air de ses deux mains avant de poursuivre.
— Oui, une description physique t’aiderait mieux. Josépéné est grand, blond, et bien battit. Je ne dirais pas qu’il soit gros ou imposant, mais il a de sacrés muscles ! Ah ! Et il a toujours ces petits grelots à ses chaussures ! Je crois me souvenir que la taverne que lui et ses compagnons visaient été celle de la Chope sans fond. Se rappelant que le zurthan lui avait demandé de l’aide en retour, elle ajoute. Pose tes questions l’ami, mais fait vite !
— Je cherche aussi quelqu’un, un membre des Joyeux Danseurs. Son nom est Amir… Ygdar… Vimar… Ylvar, ou quelque chose comme cela.
Il fait un signe et deux de ses compagnons les rejoignent.
— Je les envoie à la Choppe sans fond, se renseigner. Sais-tu où elle se trouve ?
À la mention d’Yvar, son visage s’éclaircit.
— Vous voulez dire Yvar ? rectifie gentiment la jeune femme en balayant ses cheveux. Oh oui, un charmant jeune homme ! Mais aussi insaisissable que la pluie ! Je ne compte plus les fois où j’ai tenté de… Elle secoue la tête et s’empourpre légèrement. Mais je m’égare ! Je crois savoir qu’il n’est pas rentré non plus, mais ce n’est guère grave, car son numéro n’arrive qu’en guise de conclusion à notre spectacle.
Elle pose un doigt sur ses lèvres.
— Je ne sais vraiment pas où il est, lâche-t-elle avec un air décontenancé. Mais peut-être pouvez-vous vous adresser à la vieille Ernal !
Elle désigne du doigt la vieille femme, enveloppée dans un châle qui tamponne les tickets avec un air morose.
— Quant à la taverne, je ne sais pas ! Je ne fréquente pas ce genre d’endroit !
Il regarde la vieille femme quand elle la mentionne.
— Je lui demanderais, je te remercie pour cette aide.
Il reporte son attention sur la trentenaire.
— À propos de cette taverne, sais-tu qui est parti avec ton ami ? Si eux revenus, nous pourrions leur demander, et nous gagnerions du temps.
La jeune femme lève les yeux au ciel et fronce les sourcils, comme si elle essayait de s’en souvenir.
— Peut-être y avait-il les jeunes de Valm, Igor et Trastor, suppose-t-elle en passant une nouvelle fois sa main dans ses cheveux. Du moins, eux non plus ne sont pas rentrés, donc je suppose qu’ils étaient avec lui ! Quant à ceux qui sont revenus… non, je suis désolé, je ne sais pas.
Elle baisse la tête, comme pour s’excuser de son ignorance.
Le zuthan observe la vieille femme un moment, tout en réfléchissant.
— Ce n’est pas grave, il y a bien quelqu’un ici qui sait où se trouve cette auberge. Mes compagnons vont t’aider.
En disant cela, il fait signe aux deux enturbannés qui les ont rejoints.
— Ton nom ?
— Amélia, répond-elle avec un sourire avant de se tourner vers les deux hommes. Allons sur le port, messieurs ! J’ai entendu dire que c’est là que se trouvent les tavernes que fréquentent les « hommes » !
— Je suis Noul'Hessi, chef des mercenaires du groupe Hessi. Considère ces deux-là à ton service pour retrouver ton ami. Bonne chance, Amélia.
Il la salue puis se dirige vers la vieille femme qui tamponne les billets. Amelia lui fait un petit signe de la main avant de papoter avec ses deux gardes avec emphase.
— Vous voulez quoi ? fait la vieille femme en gardant les yeux baissés sur les billets qu’elle tamponne.
Enarl est une femme particulièrement âgée : de longues rides maculent son visage bruni sous le soleil et sa peau est constellée de pustules. Ses yeux sans éclat se lèvent finalement vers Noul-Hessi et elle pousse un soupir. Avec deux doigts, elle écarte son long châle qui entoure son visage et ses cheveux gris, et se gratte son nez crochu.
— Alors ?
— Le Bonjour. Es-tu celle qu’on appelle la vieille Ernel ? Je cherche quelqu’un qui fait partie de cette troupe, on m’a dit que tu peux m’aider. Son nom est Yvar, est-il déjà arrivé ?
À ce nom, les yeux de la femme se plissent et elle suspend son geste. Elle finit par lever le regard vers le zurthan, le fixant avec un air méfiant.
— Il est là oui, fait-elle en déposant lentement le sceau avec lequel elle marquait les billets. Vous lui voulez quoi ?
— Nous voulons le rencontrer. Pour certaines raisons le sujet ne peut-être abordé ici, ni sans sa présence.
— Eh ben bonne chance à vous pour le trouver messires ! répond la vieille femme en reprenant son taponnage avec une plus grande vigueur. Il est bien chez nous, ça c’est sur, mais on ne sait pas sous quel visage ! Vous devriez peut-être attendre la fin du spectacle pour le reconnaître. M’enfin, si vous voulez entrer maintenant, j’espère que vous avez des tickets.
Ernel renifle et baisse à nouveau sa tête vers la table. Elle semble peu encline à vouloir aider les zurthans. Pire, elle semble désirer qu’ils partent : MAINTENANT. Son regard accroche celui d’un garde non loin.
Il pose deux tickets devant la vieille dame.
— Voici nos entrées. Si tu le veux bien, respectable ancienne, dis à Yvar que nous avons un objectif commun et que nous voudrions le rencontrer après le spectacle.
La vieille femme interrompt son mouvement et jette un regard médusé vers les deux zurthans. Elle baisse les yeux et s’empare des deux tickets avant de les déchirer rapidement de ses deux mains. Elle reprend ensuite son tamponnage comme si de rien n’était. Le garde hoche la tête avec un sourire suffisant, mais ne libère toujours pas le passage.
— Vos tickets messieurs, leur demande-t-il en tendant une main pour les recevoir.
Le zurthan prend les deux tickets déchirés avant d’ajouter, d’un air distrait :
— Oh ! J’ai entendu que certains de vos artistes ne sont pas encore revenus. J’ai avec moi un sorcier qui saura improviser de quoi distraire le public, si le temps vous manque.
Puis les deux zurthans approchent et tendent les tickets déchirés au garde, non sans rester alertes.
Le garde observe les tickets avec mépris. Il semble se délecter de sa situation de puissance vis-à-vis des zurthans et lâche un nouveau sourire narquois.
— Ces tickets ne vous permettent pas d’entrer, messieurs, commente-t-il en posant une main sur le pommeau de son épée. Veuillez faire demi-tour et emportez votre sorcier avec vous.
Observant les zurthans qui s’éloignent, le garde ricane silencieusement et se penche vers la vieille Ernel pour échanger quelques mots avec elle. Elle hoche la tête au moindre de ses mots avant de se gratter le crâne avec nervosité. Aussitôt, plusieurs gardes viennent en renfort à ce dernier, et sondent les étrangers avec un air impérieux. L’un d’entre eux désigne les zurthans d’un signe de tête à ses collègues, mais ne fait aucun geste pour aller à leur rencontre.
Une soudaine agitation s’empare des artistes, qui se mettent à arpenter les lieux avec frénésie : pénétrant et sortant de l’enceinte du spectacle. Les enfants qui ricanaient près de l’un des murs se font chasser rapidement, s’enfuyant en piaillant et en invectivant les gardes. Quelques mots fusent : « Imposteurs, voleurs, menteurs ! » Ils désignent également du doigt les zurthans en pouffant et en se claquant le dos. La vieille Ernel finit par se lever et par quitter les lieux sous l’escorte du garde.
Information:
À Zohael : Tu sens que quelque chose ne tourne pas rond. Des regards s’attardent sur toi, inquisiteurs, malveillants, et des hommes en armes se font de plus en plus nombreux autour de toi. Certains semblent mal à l’aise dans tout cet attirail métallique, comme s’ils le portaient pour la première fois. Au fond de toi, tu ne peux t’empêcher de penser que l’on se joue de toi. Mais qui ? Pourquoi ? Les ricanements des enfants se font de plus en plus bruyants, te vrillent les tympans, à mesure qu’ils t’observent, penauds, te faire rejeter à l’entrée du spectacle. Ton sang boue dans tes veines et un frisson parcourt ton échine. Et si… et si tout cela n’était qu’un gigantesque piège dont tu étais la cible ?
Dernière édition par Nehril le Mer 12 Mai 2021 - 15:37, édité 4 fois
Zohael
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Sujet: Re: L’Œil frémit mais jamais ne se ferme | L’homme aux mille visages Ven 23 Avr 2021 - 18:40
Sur la place du spectacle
Noul'HessiToute personne a une limite à sa patience, et les zurthans n'échappent pas à cette règle. Noul'Hessi, chef des mercenaires surnommés Turbans-Ocres, s'est montré fort patient jusque là. Avec respect il a fait preuve de contenance, se laissant volontairement tromper par les manigeances de la troupe des Joyeux Danseurs et de leur chienne de garde, la "Vieille Ernel". Avec bonté, il a proposé son aide à cette femme démonstrative, apportant là un gage de bonne foi. Avec humilité, il s'est ridiculisé à se faire recaler à l'entrée de la place du spectacle. Pourtant à aucun moment, pas même un instant, le Zurthan ne s'est montré menaçant, ni même inamical.
Le désert peut être doux, et en un instant brûler d'une chaleur mortelle. - La prison des Sables ! Hurle soudain le chef zurthan, en dialecte du désert. - Enfermement. Ajoute-t-il dans le même langage, à voix mesurée et sur un ton ferme. Le zurthan accompagnant Noul' sort alors de son escarcelle une corne dans laquelle il souffle. En sort alors un son semblable au râle d'un animal du désert, raisonnant sur toute la place jusqu'à quelques centaines de mètres alentours.
Subitement, un zurthan de la place lance au sol un drap de tissu, l'étendant pour révéler un cercle agrémentés de symboles étranges y étant tracés. Quatre zurthans se placent aussitôt autour de lui, sortant tenant leurs armes pour dissuader quiconque tentant de s'approcher. Se plaçant au centre du cercle, le sorcier fait balancer un encensoir tout en commençant à psalmodier dans une langue étrange. La fumée translucide qui se dégage de l'encensoir, trop fournie pour n'être que naturelle, se déverse pour rapidement recouvrir le sol de la place.
Dans le même temps, d'autres zurthans répartis çà et là réagissent au signal. Fondus dans la foule comme de simples curieux, juchés au sols tels des mendiants ou poussant un petit chariot en se faisant passer pour des colporteurs, ces derniers se postent en un instant à chaque rue ou ruelle de la place pour en verrouiller les accès. Leur vitesse de réaction et gage à la fois de leur préparation et de leur expérience en la matière. Profitant de la cohue, des gardes manquants et d'une ouverture, un zurthan discret file à travers les ombres pour se faufiler derrière le mur qu'il observait patiemment, pénétrant avec agilité dans les coulisses des Joyeux Danseurs.
De son coté, Noul'Hessi se dirige d'un pas décidé vers les hommes en armes qui commencent à se faire plus nombreux, suivi de près par son compagnon à la corne. Ce dernier a d'ailleurs troqué sa corne pour un sabre zurthan, qu'il na pourtant pas encore dégainé. Le chef des Mercenaires lui-même n'a pas sorti son arme, l'ayant seulement libérer pour pouvoir la sortir sans délai en cas de besoin. Son esprit est également bien ouvert, prêt à déceler dans les manifestations des Djîins celles qui lui seraient menaçantes. La vieille Ernel vient tout juste de s'en aller, elle ne doit pas être bien loin. Le mercenaire n'aura qu'à la rattraper pour reprendre leur conversation, sur un ton peut-être moins courtois. Et si les hommes en arme tentent de lui faire opposition, il est certains qu'ils trouveront en ces zurthans des adversaires de premier ordre.
Au même momentSur le lieu de la scène
Hessi, les "Turbans-Ocres"
Quatre mercenaires du groupe de Noul'Hessi sont parvenus à passer la vieille Ernel, se fondant dans le public pour atteindre les bancs. Ne montrant aucun signe de conivence, chacun s'est placé à un lieu stratégique, que ce soit proche de la scène, de l'accès aux coulisses ou même de la table des victuailles. A la réflexion, celui-là ne souhaitait peut-être juste pas s'éloigner trop de la nourriture, qu'il a semblé apprécier en passant à coté. Leur comportement n'a jusque là rien de suspect ni d'étrange : ils regardent le spectacle, s'émerveillent des prestations étonnantes, et rient même avec le reste du public. Encore qu'il n'est pas certain que tous les quatre comprennent ce qui se dit sur la scène, ni même autour d'eux.
Quand l'enchaînement des spectacles connaît un moment de flottement, ils comprennent, comme bien des spectateurs, qu'un problème est survenu. Les rumeurs du public ne trompent pas leur incrédulité quand à ce que dit l'artiste sur la scène, et les représentations qui suivent l'intervention de ce dernier se font considérablement moins convaincantes que celles qui ont précédé. Le doute et l'incompréhension se lisent autant sur les visages et dans le ton des spectateurs qui commencent à se parler entre eux, et il n'est pas nécessaire d'être fin observateur pour le comprendre. Pour ne pas arranger le doute, les gardes protégeant l'accès aux coulisses ont soudainement quitté leur poste, réquisitionnés par un artiste vêtu d'une ample tunique blanche. Plusieurs hommes et femmes courent alors devant la scène, tentant avec peu de succèdes de ne pas être remarqués par l'assistance. Vraisemblablement quelque chose ne va pas comme les Joyeux-Danseurs le souhaiteraient, et cela a peut-être à voir avec l'odeur de fumée qui commence à atteindre les narines des zurthans, et du public avec eux.
Alors un son raisonne, un son bien connu de ces hommes du désert. Plus qu'un son, c'est un signal. D'un même mouvement coordonné des armes son sorties de leurs caches et les lames sont tirées de leurs fourreaux. Deux des zurthans aux turbans se précipitent alors sur la scène, menaçant les artistes présent en leur faisant signe de se tenir tranquille. Un autre couvre leurs arrières, tourné vers le public. Quand au dernier des quatre, il a filé vers le passage menant au coulisse, après avoir échangé un regard avec ses compagnons. S'y positionnant, le guerrier en bloque désormais le passage, mirant avec attention toute personne pouvant l'approcher.
Pendant ce tempsDans les rues de Thaar
La femme s'étant présentée sous le nom d'Amélia guide les deux zurthans dans les rues de Thaar, à la recherche de l'établissement au nom évocateur : La Choppe sans Fond. De sa démarche légère, presque dansante, la vaani se faufile entre les passants, suivie de près par les mercenaires à la démarche plus solide. La chevelure de la jeune femme danse autour de son visage et sa silhouette fine contraste avec les femmes qui les croisent, attirant les regards de quelques passants. Des regards aussi vite détournés à la vue des deux zurthans d'apparence moins amènes.
Les propos de la bavarde ne cessent d'abreuver les oreilles des deux zurthans, comme pour les endormir, alors que seul l'un d'entre eux ne daigne répondre. Des réponses qui se font courtes et occasionnels, parfois hasardeuses, comme si le vocabulaire Oliyan manquait à ce dernier. Pourtant l'incapacité présumée de ces étrangers à comprendre la jeune femme ne semble pas gêner cette dernière, au contraire même. Son débit de paroles ne diminue pas, pas même alors que son allure reste soutenue, comme si son souffle lui était inépuisable.
Les trois personnes arpentent nombre de rues, s'arrêtant devant plusieurs établissement sans qu'aucun ne soit celui recherché, jusqu'à trouver celui dont le nom correspond. Du moins, selon les dires de la Thaari, et de personnes interrogées aux alentours. Non sans évaluer rapidement les alentours, jaugeant les personnes qui s'y trouvent et les risque possibles, les mercenaires accompagnent la danseuse bavarde vers la porte de l'établissement. Et lorsque la porte s'ouvre, la narine de l'un des zurthans se retrousse : quelque chose ne va pas. Avec une excitation non contenue, la femme bavarde s'engouffre dans l'édifice en invitant ses "protecteurs" à la suivre. Avec méfiance les deux hommes suivent la femme joviale, et il ne leur faut qu'une fraction de seconde pour qu'ils comprenne ce qui a éveillé leur instinct : la taverne est trop silencieuse, les alentours trop calmes.
- Ce sont eux. Ils cherchent Yvar. En disant ces mots, la femme désigne ses accompagnants. Presque aussitôt une main ferme se pause sur son épaule, l'empêchant subtilement de s'éloigner des deux hommes du désert. Face à eux attendaient une demi-douzaine de personnes, vêtues de lourdes capes noires et tenant des épées dégainées. L'aire goguenard, ils observent les nouveaux arrivant sans un mot. L'un deux soupire après avoir entendu les paroles de la femme, et ouvre la bouche à son tour. - Tu peux sortir par derrière Erelia, dit l'homme, en se levant pour s'approcher des zurthans. Mais Erelia, Amelia, ou quel que soit le véritable nom de cette femme, ne peut pas se diriger vers la porte. Car la poigne qui maintient son épaule se resserre à mesure qu'elle tente de s'éloigner, prévenant du sort peu enviable qui l'attendrait si elle tentait de s'enfuir. Bien, nous allons un peu discuter entre nous si vous voulez bien. La porte dont les mercenaire ne se sont pas éloignés se referme en un claquement dans leur dos. D'un même réflexe les deux mercenaires portent leurs mains libre vers le manche de leurs armes. Leur réactivité immédiate, tout comme leur posture, montrent que ces deux hommes du désert ne sont pas étrangers à ce genre de situation menaçante, et qu'ils sont prêt à y répondre. Pour autant leurs armes ne sont pas encore tirées des fourreaux, et les deux hommes du désert ne se montrent pas hostiles. - Vous n’êtes pas sans savoir que rencontrer Yvar est une difficulté. On ne rencontre pas ce gars-là comme on va au bordel. Nous allons lui indiquer de votre venue. Dites-nous qui vous êtes et pour qui vous travaillez. Si vous avez les bonnes références, vous le rencontrerez. Sinon, vous allez devoir patienter un moment avec nous le temps qu’Yvar puisse se faire la malle. Dit l'homme aux airs de malfrat, un sourire d'excuse sur le visage. - Désolé les gars, mais ce sont les règles.
La tension à l'intérieur de la taverne se renforce alors que le silence fait surface. Alors, après quelques secondes qui en ont paru des centaines, le mercenaire qui maintient l'épaule de la femme aux deux noms prend la parole. - Hessi être libre. Chef Noul demander aider femme, femme mentir. Pas trop tard. Chef Noul comprendre amis aider Yvar. L'oliyan du zurthan est quelque peu approximatif, mais son ton reste emprunt de sincérité. Jaugeant un instant l'expression des personnes présentes, il reprend alors. - Yvar rencontrer Chef Noul. Chef Noul dire les choses. L'interlocuteur des zurthans secoue la tête d'un air triste. Si sa compassion semble sincère, sa détermination l'est aussi. - Écoute, ça se passe pas comme ça ici. On a des ordres, on peut pas prendre le risque que d’autres connaissent la planque actuelle d’Yvar. Les Joyeux Danseurs ont toujours été l’un de ses refuges les plus surs. Si c’est pour ton Noul que tu bosses, désolé, mais on a qu’une liste de personnes très précise qui peuvent rencontrer Yvar, et ton Noul n’en fait pas partie. En discuter avec nous ne sert à rien : on est que des exécutants, pas les têtes pensantes. Haussant les épaules, le vaani désigne la femme qui a mené les zurthans dans ce lieu. - Et ne crois pas que sa vie nous importe. La prendre en otage ne résoudra rien. Je te propose d’attendre ici gentiment avec nous, et dans quelques heures tu pourras repartir tranquillement de ton côté.
Le zurthan semble prendre un moment de réflexion. Son regard méfiant passe d'un des hommes présents à l'autre, sans que le moindre doute sur ses capacités à se défaire d'eux ne se montre. Sa poigne sur l'épaule de la femme reste ferme, la maintenant sur place, sans pour autant lui provoquer de douleur trop forte. Il est évident, cependant, qu'elle pourrait regretter les conséquences du moindre geste suspect. Finalement, sur un ton toujours aussi calme et dans un oliyan toujours aussi mauvais, le zurthan reprend parole. -Nos ordres, aider elle pour trouver ami. Pas savoir plus. Vous tranquille, nous tranquille. Attendre ici. Hessi venir quand terminer avec spectacle.
Nehril
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Sujet: Re: L’Œil frémit mais jamais ne se ferme | L’homme aux mille visages Mer 12 Mai 2021 - 16:54
Dans la taverne sur le Port
Les minutes s’écoulent lentement et l’homme au visage avenant reprend d’une voix plus calme.
— Qu’est-ce que vous venez faire ici les gars ? Pourquoi est-ce que vous cherchez notre Yvar ? C’est le Rat qui vous envoie ?
— Fais gaffe à ce que tu leur dit petit R, lance l’un de ses compagnons de table, un colosse aux muscles saillants.
R lui jette un regard agacé. L’inimitié entre les deux hommes semble rajouter une nouvelle tension dans l’air. Il finit par détourner le regard pour le poser à nouveau sur les zurthans. Il semble attendre une réponse. Et une bonne.
— Moi savoir pas information, Chef Noul savoir.
R hoche la tête avec compréhension. Il semble presque déçu. Son compère quant à lui s’esclaffe avant d’avaler la bière ambrée qu’il tient entre ses mains.
— Foutue racaille du désert, grogne-t-il en reposant sa chope sur la table.
Aucune réaction des zurthans, ils restent imperturbables.
Lieu du spectacle
Pour les zurthans étant parvenus à entrer, ils sont témoins d’un spectacle d’une rare qualité. La musique et la fête battent son plein, les artistes enchaînant les cabrioles et les acrobaties de haute volée. Les spectateurs rient, tapent dans leur main et portent à leur lèvre les boissons que leur apportent de jeunes femmes vêtues élégamment. Les démonstrations d’agilité laissent rapidement place à des pièces de théâtre à l’humour cynique qui ravit les amateurs de comédie, mais fait grincer les dents les quelques critiques qui noircissent de lourds cahiers de leur écriture frénétique.
Alors que les numéros s’enchaînent à un rythme effréné, soudainement, l’un des artistes demande à la foule un instant de patience. Il prétexte que le prochain spectacle sera d’une rare intensité, et semble improviser une nouvelle représentation en guise de transition. Cette dernière ne convint guère les spectateurs qui voient sciemment que l’acteur peine à trouver la suite de son numéro. Qui plus est, une odeur de brûlé commence progressivement à flotter dans les airs, caressant les narines des quatre zurthans assistant au spectacle. La foule commence également à murmurer entre elles, pleine de doute et d’incompréhension.
Les gardes qui protégeaient l’accès aux coulisses disparaissent aussitôt, réquisitionnées par un artiste vêtu d’une ample tunique blanche. Plusieurs hommes et femmes courent devant la scène, prenant le soin de ne pas attirer l’attention du public, mais n’obtiennent que peu de succès.
Deux des zurthans dans le public se précipitent soudain vers la scène. Ils sortent leurs armes et font signe aux artistes de rester où ils sont. Les deux autres vont vers l’accès aux coulisses et en bloquent le passage.
Les issus sont sécurisés par les hommes du désert, mais les spectateurs affolés contiennent difficilement leur angoisse devant la fumée noire qui s’élève non loin. Un homme finit néanmoins par émerger de la foule pour les rassurer en leur révélant que le feu a été maîtrisé. Néanmoins, la présence des zurthans devant les sorties les laisse légèrement dubitatifs concernant leur propre sécurité. Pourquoi ne les laissent-ils pas partir ?
Dans les coulisses
Profitant du tohu-bohu et ayant repéré une faille dans la surveillance, le zurthan caché se faufile vers les coulisses.
À l’intérieur, les échos des cris provenant de la place s’atténuent. Diverses caravanes sont disposées sous une large arche de pierre, son ombre venant recouvrir ces dernières comme d’ombrageux nuages glissant sur un ciel d’azur.
Au nombre de huit, les caravanes sont de très bonne facture. De bois noble et travaillé pour la plupart, elles sont suffisamment larges pour y regrouper une vingtaine d’individus. Ne disposant que d’une seule entrée, celle-ci semble verrouillée. Nulle présence humaine ne vient se manifester devant le regard scrutateur du zurthan, des frissons étranges venant néanmoins parcourir son dos à mesure que le silence devint plus oppressant.
Sa vue n’est pas le seul sens mis à l’épreuve, car une odeur forte finit par se glisser jusqu’à lui. Une odeur de brûlé. Derrière les caravanes, une fumée épaisse se dégage, noire et grise, ponctuée de tâches irisées. En s’approchant, le zurthan se rend compte qu’un gigantesque feu y a été allumé, dissimulé derrière les caravanes. Quelques seaux gisent au sol, fruit d’une tentative vaine à éteindre cette fournaise. En observant plus attentivement, le zurthan parvient à distinguer que le feu a été alimenté par de lourds panneaux de bois qui forme le foyer et que les flammes commencent à lécher la caravane la plus proche. D’un rapide calcul, le zurthan comprend que le dispositif mis en place a pour objectif d’embraser toutes les caravanes présentes afin de créer un splendide feu de joie.
Pensant pouvoir éviter la propagation du feu, le Zurthan tente de déplacer la caravane. Les chevaux ne se laissent cependant pas faire, et lui font perdre un peu de temps, mais il parvient tout de même à déplacer la caravane qui a pris feu. Après quoi il libère les chevaux effrayés par le feu. La menace du feu écartée, il commence à fouiller l’une des caravanes restantes pendant que des personnes arrivent équipées de seaux d’eau.
L’intérieur est sombre et l’air est étouffant. Des rideaux sont tirés sur diverses ouvertures, laissant la pénombre régner en maître. Fouillant rapidement les lieux, le zurthan tombe sur une étrange lettre, dissimulée sous une latte branlante. La dépliant de ses mains habiles, il peine à en lire le contenu, manifestement écrit dans une langue qu’il ne reconnaît point. Mais une chose est sure : avec le soin apporté à celle-ci pour ne pas qu’elle soit découverte, l’information qu’elle contient doit valoir son pesant d’or. Peut-être s’agit-il d’une information qui les aidera à retrouver la trace de la fameuse Ceralyn Soryngar ? Poursuivant son investigation, le zurthan note que de nombreux sous-vêtements féminins gisent à même le sol. Néanmoins, pantalons, chemises et gilets semblent taillés pour homme.
Vers l'entrée
Plusieurs hommes armés, des soldats du Guet, vont à la rencontre de Noul et des siens. La majeure partie d’entre eux semblent être à peine sortis de l’adolescence, leur armure les encombrant davantage qu’elles ne les protègent.
— Veuillez vous écarter, messieurs, fit l’un des miliciens en désignant son torse pour désigner son appartenance au Guet. Nous allons reprendre le contrôle de la situation. Certains de ces gens souhaitent évacuer.
Noul ne se laisse pas approcher à moins de trois mètres, protégé par ses hommes.
— Personne ne part avant que je parle avec le chef des Joyeux Danseurs, ou la vieille Ernel.
Le milicien s’empourpre de colère, voyant dans le refus d’obtempérer des zurthans une insulte envers son autorité. Ses hommes s’agitent avec nervosité, connaissant la fierté de leur compagnon et se doutant de l’ordre qu’il allait lancer.
— Soldats, virez-moi ces pouilleux du dése…
— Qu’est-ce qui se passe ici ? intervint une voix forte alors que vint à la rencontre de Noul un homme bedonnant recouvert de tissu aux couleurs criardes. C’est la pire représentation que j’ai jamais faite dans cette fichue ville ! Tout d’abord le feu, les cris et maintenant des combats de rues ! Mais qu’ai-je fait pour mériter ça ?
Il tourne son regard vers Noul.
— Et vous êtes qui, vous ?
— Un homme qui n’a plus de temps à perdre. Es-tu quelqu’un d’important dans cette troupe itinérante ?
La réponse décontenance légèrement l’homme corpulent. Il gratte son crâne chauve un instant tout en dévisageant Noul avant de répondre.
— Je suis Hernel Brasbrillants, le maître des Joyeux Danseurs. C’est à vous que je dois tout ce vacarme ? Le feu, les cris de panique ainsi que ces meurtres ?
Le milicien du Guet renifle avec dédain en toisant Noul, mais n’ajoute rien. Son interlocuteur hausse un sourcil, la surprise traversant rapidement son regard qui revient aussitôt impassible.
— Des meurtres ? Je n’en sais rien, ni pour le feu. Nous cherchons seulement un homme. Quand nous l’aurons trouvé, nous partirons.
Hernel fronce les sourcils. Il rajuste les nombreux tissus qui le recouvrent avant de croiser les bras.
— Qui cherchez-vous ?
Il ne semble pas remarquer le claquement de langue réprobateur du milicien du Guet qui ponctue la fin de son interrogation.
— Connais-tu un homme du nom d’Yvar ?
— Un homme non, répond l’autre aussitôt. Un cadavre, oui. Il vient d’être assassiné.
L’homme du Guet renifle avec dédain. Il désigne l’une des tentes derrière la scène.
— Nous venons de le retrouver à l’intérieur. Nous souhaitons mener notre propre enquête si vous le permettez. Les circonstances de sa mort sont étranges et ne sont pas de votre ressort.
Le regard de Noul passe rapidement de Hernel au garde, puis à la tente et revient au premier.
— Alors nous sommes arrivés trop tard, ils l’ont trouvé en premier. La vieille femme aurait dû nous écouter.
Noul fait mine de se retourner avant de se rétracter.
— Cet homme, Yvar. Sa vie n’est pas la seule menacée. Ses amis aussi, ceux qui savent.
Il regarde les gardes puis Hernel. Ce dernier hausse les sourcils avec un air confus.
— Êtes-vous sûrs que ces hommes vous seront utiles ? Nous sommes des mercenaires, Yvar est lié à notre employeur. S’il est mort, trouve quelqu’un qui sait ce qu’il cherchait. Une aide pour une aide.
Noul fait un mouvement léger de la main, à peine perceptible sous sa manche, tandis que ceux y étant sensibles peuvent sentir une perturbation dans la Trame.
— Nous ne sommes pas responsables de vos morts, mais nous pouvons vous aider à en éviter d’autres.
Le visage d’Hernel se plisse et ses sourcils s’arquent.
— Je ne comprends pas ce que vous voulez dire, fait l’homme en jetant un regard dubitatif aux hommes du Guet qui l’accompagnent. Peut-être que certains de nos artistes pourront vous aider dans vos recherches.
Le chef des Joyeux Danseurs désigne la tente où selon ses dires, reposerait le cadavre d’Yvar.
— Nos artistes se sont réunis autour de sa dépouille. Ils auront peut-être des informations…
— Ben voyons, Hernel, commente l’un des hommes du Guet. Ces types viennent ici, verrouillent les accès et sorties, et vous voulez coopérer avec eux ? Foutaises !
Le milicien s’approche d’un pas vers Noul avant de cracher au sol.
— Votre présence coïncide étrangement avec ces meurtres et l’apparition de ces flammes, poursuit-il en plantant son regard haineux dans celui du zurthan. Je ne peux pas croire que vous n’y êtes pour rien !
— Paix mon ami, intervint Hernel en posant une main sur le bras de l’homme. Ne versons pas davantage de sang sur cette place. Ces mercenaires peuvent faire ce qu’il leur plaît, tant que vous les surveillez.
Il hoche la tête en direction de Noul avant de prendre congé. Sa silhouette imposante se dandine avec difficulté alors qu’il rejoint la foule silencieuse. À son départ, plusieurs femmes émergent de la tente en sanglotant. Des hommes les suivent, le visage blême et les mains tremblantes. L’un d’entre eux se dirige vers Noul.
— Je suis Josépéné, fait l’homme en secouant la tête.
Ses traits sont tirés et la plume qui orne son chapeau est partiellement brûlée. Son costume rouge empeste la fumée et ses joues sont noircies. Néanmoins, ses yeux bleus fixent Noul avec une certaine résolution. Malgré son apparence déplorable, l’homme à de l’allure : grand, bien bâtie, il est doté d’un charme magnétique qui ne laisse guère indifférent. Il se tourne vers la tente.
— Ernel m’envoie, explique-t-il. Elle estime que tout cela n’a que trop duré. Que cherchez-vous hommes du désert ?
À ses côtés les soldats du Guet froncent les sourcils, l’air étrangement désorienté.
Dernière édition par Nehril le Dim 30 Mai 2021 - 19:00, édité 1 fois
Zohael
Humain
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Sujet: Re: L’Œil frémit mais jamais ne se ferme | L’homme aux mille visages Dim 30 Mai 2021 - 18:09
Le temps semble s'écouler lentement, tel de petits grains de sable s'écoulant un à un du trou serré d'un sablier. Les badauds, étrangers à toutes les intrigues qui ont cours en ce moment, en ce lieu, oscillent entre la frayeur et l'étonnement. Tout cela fait-il partie du spectacle des Joyeux Danseurs ? Toute cette agitation n'est-elle que comédie ? Les spectateurs ne sauraient le dire.
Les quatre Zurthans du centre de la place d'attente, là ou la file d'attente s'est dispersée dans l'affolement général, forment désormais un mur opaque. Leurs immenses corps de zurthans, quoique moins grands que ceux d'elfes ou de drows, sont épaissis de leurs amples vêtements, comme s'ils étaient prévus dans ce seul dessein. Ainsi positionnés, ils masquent quasi parfaitement leur compagnon caché au milieu de leur cercle. Inlassablement, le sorcier du désert continue de psalmodier dans cette langue étrange, balançant devant lui l'encensoir diffusant cette fumée mystérieuse. Cette dernière s'est désormais répandue sur toute la place, s'arrêtant à seulement un mètre des zurthans bloquant les ruelles, à tout juste un peu plus de la scène sur laquelle performaient les artistes. Et dans la fumée, le sable s'anime. Comme pris d'une volonté propre, tout le sable de la place se meut. Il remonte des crevasses, il se décroche des vêtements salis, il s'effrite des murs fragilisés. Et tous ces grains se rassemblent, s'amassent autour de chacune des personne présentes dans la brume.
Excepté deux. Continuant le mouvement initié plus tôt, les mercenaire se faisant appeler Noul'Hessi termine ce qui pourrait être un pas d'une exotique danse zurtane. En un mouvement, le djîin'ymnarib interpelle les djîins, ceux-là même que son compagnon sorcier influencent. Le sable s'écarte alors autour du chef mercenaire et du compagnon enturbanné qui l'accompagne, seule zone épargnée pare le mystérieux phénomène qui se produit, si l'on ne prend pas en compte le cercle formé par le sorcier qui en est à l'origine. Pour les autres, en revanche, le phénomène est le même. Qu'ils soient des artistes des Joyeux Danseurs, des curieux de passages, des spectateurs en attente ou des mercenaires enturbannés restés sur la place, aucun n'y échappe. Tout d'abord le sable s'amasse autour d'eux, suivant leurs pas, s'agglutinant autour de leurs pieds. Puis il remonte, ralentissant leurs déplacement comme s'ils tentaient d'avancer sur une plage de sable fin. Peu à peu le sable remonte, et lorsque le nouvel interlocuteur se présente devant Noul'Hessi, le sable a désormais recouvert les chevilles de tous ceux pris dans le sort du zurthan.
Et c'est avec un certain agacement que le zurthan accueille ce nouvel arrivant. Josépéné ? N'est-ce pas là le nom de celui que recherchait cette femme bruyante, cette Amélia ? Elle n'est d'ailleurs toujours pas revenue, tout comme les deux guerriers envoyés l'aider. Et le chef mercenaire commence à trouver cette absence suspicieuse, tout comme il se dit que l'on a suffisamment abusé de sa patience. - Tu es donc Josépéné ? Répète le zurthan, un air de soupçon dans la voix. Observant brièvement tout autour de lui, et constatant que tout le monde sur la place, excepté lui et son comparse, a bien été pris dans le sort de son compagnon, le mercenaire zurthan reprend d'une voix calme emprunte d'une certaine lassitude. - Tout cela n'a que trop duré, en effet. Toute cette comédie... Le guerrier au coté du chef zurthan pousse un léger grognement, semblant s'impatienter, mais cesse alors que la main de Noul'Hessi lui en fait signe. - Je ne cherche qu'une personne, un dénommé Yvar, et cela a été clair depuis le début. Nous n'avons rien contre vous, compagnie des Joyeux Danseurs, et nous aurions préféré na pas en arriver à de regrettables actions. D'un geste de la main, le zurthan montre les gens de la place, que le sable entrave de plus en plus. - Seulement il semble que vous ne désirez pas nous rendre la tâche facile, que vous ne nous laissez pas le choix. Peu à peu le sable se solidifie autour des pieds de ceux pris dans le piège magique, tout en remontant lentement le long de leurs jambes. - L'un des miens ira voir si le corps de celui que nous cherchons se trouve réellement dans cette tente, personne ne sortira d'ici avant que cette affaire ne soit réglée. S'il n'y a pas d'Yvar dans cette tente, alors quelqu'un devra nous dire où il se trouve. Et s'il s'y trouve, alors quelqu'un parmi vous doit bien savoir ce qu'il faisait. Cette femme que l'n appelle Ernel, par exemple. Le zurthan toise un à un ceux qui lui font face, examinant leurs moindres expression comme pour lire en eux à travers une illusion. - Yvar était à la recherche d'une femme, un femme que nous recherchons également. Et à voir les efforts que vous déployez pour le cacher, je doute que vous ignorez tout de cela. Le zurthan marque une longue pause, comme pour laisser aux Joyeux Danseurs prendre conscience que l'entrave procurée par le sable se renforce de plus en plus à mesure que le temps passe. - Notre souhait n'est pas de vous faire du mal, ni à vous ni à Yvar. Vous avez ma parole, sur mon honneur de Zurthan. Cependant il est important que nous retrouvions cette femme. Alors, Josépéné, vas-tu nous aider, ou prendras-tu le risque d'éprouver ma patience plus qu'elle ne l'est déjà ? Le nom de l'artiste est prononcé avec insistance, comme si le zurthan ne le pensait pas être véridique. Quand au ton employé, il est assurément ferme, bien que le chef mercenaire ne reste calme en apparence.
Nehril
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Sujet: Re: L’Œil frémit mais jamais ne se ferme | L’homme aux mille visages Dim 30 Mai 2021 - 18:59
Mercenaires, hommes, femmes et artistes : tous furent piégés de l’étreinte sablonneuse. Certains lancèrent des cris apeurés, d’autres des rauquements sourds avant que ne tonne la voix de Zohael. La foule l’observa avec une appréhension mêlée d’incompréhension. D’autres en revanche, tels que les mercenaires du Guet, n’hésitèrent pas à les invectiver et à les couvrir d’injures. Josépéné, quant à lui, se contenta de frapper ses chevilles prisonnières avec un air effaré avant de reporter son attention sur les zurthans.
— Vous… vous avez perdu l’esprit ! s’exclame-t-il en grattant vainement les grains de sable amassés autour de ses jambes.
D’un geste de Noul, plusieurs zurthans se séparent du groupe pour aller examiner la tente que leur avait indiquée Hernel. Quelques bruissements étouffés parviennent à l’intérieur avant qu’un homme enveloppé de noir ne soit projeté à travers le tissu de la tente. L’un des mercenaires zurthans sort aussitôt après avant de secouer la tête à l’intention de Noul.
Josépéné s'agite avec nervosité, sa moustache brune tressaillant légèrement.
— Je vais tout vous dire, commence-t-il en s’humectant ses lèvres sèches. Il est…
— Tu ne diras rien pouilleux ! rugit soudainement le chef des mercenaires, également prisonnier du sort du mage. N’oublie pas le sort qui vous attend si d’aventure vous osez braver nos ordres !
L’artiste rajuste son chapeau avant de pointer un doigt accusateur sur eux.
— Vos lames ne peuvent plus nous atteindre désormais ! Nous ne sommes plus vos prisonniers. Yvar ne peut plus nous obliger à nous taire.
— Pauvre idiot, crache l’autre en s’arc-boutant pour se dégager. Ce n’est pas de moi dont tu dois craindre le courroux mon garçon, mais des hommes du Rat. Crois-tu qu'il vous laissera partir d'ici en un seul morceau s'il apprend que vous l'avez trahi ?
Josépéné redresse fièrement le menton.
— Je suis prêt à en prendre le risque. Depuis ce que vous avez fait à ma Amélia, je n’ai plus rien à perdre.
— Imbécile !
L’artiste renifle avec dédain avant de se tourner vers les hommes du désert. Le soleil caresse lentement son visage mat, éclairant les émeraudes enchâssés dans ses yeux. Noul peut y lire une profonde sincérité.
— La chef de cette compagnie se nomme Ernel Brasbrillant, leur explique-t-il d’une voix posée. Celle que vous nommez improprement la vieille Ernel. Tous les Joyeux Danseurs ici présents ont été menacés par les hommes d’Yvar pour qu’on lui fournisse une cachette. Ces hommes du Guet, ce sont des imposteurs : ils travaillent pour lui. Je ne sais pas où se trouve votre fillette, ni sous quel masque se cache votre Yvar, mais il est probablement déguisé en l’un des nôtres. Je ne pense pas qu'il vous accordera une audience de son plein gré. Il a l'habitude de poser les questions, jamais de les recevoir. Je peux vous aider à le démasquer si vous le souhaitez. Je connais tous les membres des Joyeux Danseurs. Mais je vous en prie, promettez d'assurer notre sécurité lorsque nous quitterons la ville ce soir. Nous ne voulons pas subir les représailles du Rat.
Zohael
Humain
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Sujet: Re: L’Œil frémit mais jamais ne se ferme | L’homme aux mille visages Dim 8 Aoû 2021 - 17:29
Le mystère s'éclaircit, ou au moins une partie. Si le chef mercenaire zurthan reste méfiant envers les dires du dénommé Josépéné, les informations données sont suffisamment cohérentes pour au moins ne pas être ignorées. Et après avoir entendu cela, le Zurthan réfléchit en silence. Si Yvar serait en effet protégé par les Joyeux Danseurs, les raisons de cela ne sont pas exactement celles auxquelles pensait le mercenaire. Par ailleurs, l'apparition dans l'équation de celui surnommé le Rat ajoute à la complexité de l'affaire, à laquelle les Turbans-Ocres ont été mêlés malgré eux. Alors il serait légitime de se poser la question de leurs motivations, de se demander pourquoi ils vont si loin juste pour trouver cet Yvar. Est-ce seulement pour honorer l'accord passé avec cet homme dans l'ombre de la chambre de l'auberge, ou se peut-il qu'il y ait une autre raison ? Eux seuls le savent.
- Si vous nous aidez, vous aurez notre protection. Voyant en la supplique de l'artiste un signe que ce dernier est prêt à céder, le mercenaire répond par la négociation. - Mais si vous tentez de nous tromper, alors il faudra espérez que vous saurez faire face à l'ardeur du désert. Sur mon honneur de fils du désert. Se créé alors un passage sous l'influence des mouvements du zurthan, un passage dans le sable qui entrave de plus en plus les victimes du sorcier. Le passage ainsi créer permet au dénommé Josépéné, accompagné du chef mercenaire et d'un de ses Turbans-Ocres, de se rendre jusque dans la tente supposée contenir le corps d'Yvar. Pendant ce temps, d'autres mercenaires zurthans, restés libres du sort de leur confrère, commencent à rassembler les gens de l'assistance. Les artistes des Joyeux-Danseurs sont menés sur un coté tandis que le public est retenu d'un autre. A l'intérieur de la tente, au couvert des regards indiscrets, commence alors l'interrogatoire de Josépéné. - Nous pouvons maintenant discuter sans être interrompu, alors tu vas me dire tout ce que tu sais. Cet Yvar, qui est-il et que cherche-t-il ? Pourquoi vous ont-ils choisi pour le cacher ? Qui est celui que tu nomme le Rat ? L'interrogé passe une main peu sûre sur son visage buriné. Et avant de répondre, l'artiste ne manque pas de jetter un regard craintif autour de lui, comme craignant d'être entendu par un autre que le chef mercenaire Zurthan. - Yvar travaille pour le Rat, explique l'homme d’une voix écorchée. Auparavant, il était l’un de nos artistes les plus talentueux, un sublime acteur qui savait se glisser naturellement dans la peau de n’importe quel personnage. Rois, reines, bandits ou pouilleux, qu’importait le rôle, il brillait aux yeux du public. Le ton de l'artiste se fait alors plus rauque. - Finalement, il a eu des problèmes avec le Rat. Vous n’êtes pas sans savoir que des groupes, des clans, se battent dans les coulisses de cette ville. Thaar est un gigantesque théâtre où ses acteurs se battent pour rester sur le devant de la scène. Le Rat en fait partie. Il a mis la main sur Yvar. Des rumeurs nous sont parvenues comme quoi il en a fait son espion, son assassin. Lorsqu’il avait besoin d’une cachette, d’un endroit calme où il savait qu’il ne pourrait être retrouvé, Yvar venait ici avec plusieurs hommes du Rat. Comme il ne faisait rien de mal, qu’il aidait parfois aux représentations, Ernel ne l’a jamais renvoyé. Le craintif renifle avant de continuer. - Quant à savoir ce qu’il veut… L'homme hausse les épaules, l'air sincère et désolé. - Je ne sais pas. Essayez de fouiller sa caravane, il devrait peut-être y avoir de quoi comprendre ses motivations. Tout ce que je sais, c’est que ce matin, Yvar est venu avec ces hommes déguisés en soldats du Guet. Il a pris aussitôt les commandes de notre groupe lorsqu’il vous a vu arriver. Il avait l’air… Effrayé. Ernel m’a confié qu’il pensait que vous étiez les envoyés de Ceux-qui-voient. Qu’ils les avaient retrouvés.
L'histoire du jeune apeuré terminée, Noul'Hessi prend un moment de réflexion. Ainsi le mercenaire zurthan et les siens se retrouvent au beau milieu d'une guerre de l'ombre, une guerre entre deux organisations criminelles de Thaar. Deux qui soient identifiées, mais il est possible que d'autres y prennent part. Cela est même plus que probable. Sous son masque, le zurthan sourit d'un amusement las : les Djîins facétieux se jouent à nouveau de sa destinée. Pourtant, après avoir silentieusement pester contre les complications que cela peut engendrer, le mercenaire y perçois d'inespérées opportunités. Son plan d'action en sera alors modifié, dans la mesure où ses soupçons se verraient confirmés. - Alors il n'est pas avec eux. Et pourquoi Ceux-qui-voient cherchent-ils Yvar ? - Je ne sais pas. Avoue l'artiste craintif. - Je ne suis qu’un saltimbanque. Tout ce que je sais, je l’ai appris d’Ernel, qui l’a elle-même appris d’Yvar. Je crains que pour que vous pussiez connaître le fin mot de cette histoire, il vous faille attraper Yvar… - Alors nous comptons sur ton aide. Espérons aussi que tu sauras lui convaincre de coopérer avec nous. Car, si ce que tu dis est vrai, la vie d'Yvar n'est pas la seule qui soit menacée. Noul'Hessi se tourne alors vers son compagnon zurthan, et après un bref échange en langue du sésert le Turban-Ocre sort de la tente. Après quelques minutes, le mercenaire revient accompagné de l'un des artistes gardé à l'oeil par les hommes du désert. Une fois la personne identifiée par Josépéné elle est ramenée hors de la tente et une autre est emmenée, puis ainsi de suite en suivant les dirrectives du zurthan. Ainsi, avec l'aide de l'artiste collaborateur, le chef Zurthan peut déterminer qui fait partie des Joyeux Danseurs, qui fait partie des mercenaires du Rat, et qui sont étrangers à l'artiste. Le but étant aussi de trouver Yvar parmi la foule maintenue prisonnière par les hommes du désert. Si les mercenaires zurthans se montrent aussi pacifiques que possible, ils n'en restent pas moins menaçants et les captifs s'en montrent d'autant plus coopératifs, probablement par absence de meilleur choix pour la plupart. Après leur passage sous la tente les artistes de la troupe sont rassemblés sur la scène, tandis que les mercenaires à la solde du Rat sont renvoyés dans l'entrave du sable. Il en est de même pour les inconnus, les zurthans ne laissant que peu de place au doute.
Yvar est finalement retrouvé tentant de s'enfuir, sous les traits du bedonnant Hernel Brasbrillant, en passant par le mur. Retenu malgré lui par le sort d'entrave du sorcier zurthan, il est emmené à sous la tente où Josépéné révèle son imposture. Fronçant les sourcils, l'homme semble n’avoir jamais aperçu l'imposant individu dans les rangs de sa troupe, et assure de source sûre que la vieille Ernel n’a jamais été remariée depuis la mort de son mari, un dénommé Vigord. De toute évidence, l'homme prétendant s'appeler Hernel est donc bien un imposteur. - Cet homme n’est pas un membre de la famille d’Ernel, confie l'artiste en désignant la silhouette large et opulente de l'imposteur. Et il n’est en aucun cas le chef des Joyeux Danseurs comme il le prétend, chaque artiste ici pourrait en attester. L’imposteur est alors mis à genoux devant le chef zurthan et ses hommes, sommé de révéler sa véritable identité. Il reste néanmoins silencieux, se contentant de fixer furieusement ses geôliers. Son chapeau pourpre lui est ôté, de même que les bagues et bijoux qui ornent ses doigts boudinés. L’homme est ensuite fouillé pour être délesté de ses armes potentielles, toutefois ne trouvant rien les Turbans-Ocres reculent légèrement afin de lui laisser plus de place. Ils savent qu’il ne peut de toute manière plus fuir, et quand bien même il s'échapperait par miracle de la tente, il serait immédiatement capturé par ceux restés au dehors de la tente.
Une fois débarrassé de la lourde cape qui entoure les larges épaules du captif, Josépéné examine attentivement l’homme, trouvant curieux que les proportions de sa silhouette soient aussi disproportionnées par rapport à l’allure habituelle qu’aurait un homme de sa stature. En s’en ouvrant au chef zurthan, tous deux réalisent que l’homme porte un masque et que ses vêtements sont rembourrés afin de lui octroyer une apparence exagérément plus empâtée. Le déguisement tombe finalement, autant que le masque, et Josépéné reste tétanisé de surprise : Yvar, l’homme aux mille visages, se révèle être en fait une femme. Si Noul'Hessi est modérément surpris, son attitude n'en montre rien. - Vous semblez surpris Josépéné Le mots sont prononcés par la femme démasqué et pourtant Josépéné semble reconnaître, sans conteste, la voix d’Yvar. À genoux devant eux, la femme paraît d’une beauté glaciale : ses yeux bleus, aussi froids que les neiges du nord, demeurent rivés sur le zurthan et sur celui qui l'a dénoncé. Ses lèvres bleutées ne se meuvent presque pas lorsqu’elle énonce ces quelques mots. Ses cheveux blonds, noircis et coupés courts, renforcent son air de dureté. Une mince cicatrice zèbre sa joue gauche jusqu’à rejoindre la commissure de ses lèvres. Son regard se plante alors dans celui du mercenaire zurthan. - Vous m’avez eu, chiens de Ceux-qui-voient. Un rictus déforme le visage de la femme. - Félicitez-vous, vous êtes les premiers. J’espère pour ma part que vous ne serez pas les derniers. Les réactions du chef zurthan sont faibles, toutefois quelqu'un pouvant lire son regard y verrait un peu de surprise et de contrariété face à ces mots. - Il vaudrait mieux que nous soyons les seuls, au contraire. D'autres que nous ne te laisseraient pas l'occasion de te cacher à nouveau. La voix du zurthan est calme mais son ton est dur, presque menaçant. En réponse, l'homme du désert ne reçoit qu'un crachat de la part d'une femme défiante, qu'il ignore en se tournant vers Josépéné. - Je te remercie, le saltimbanque. Tu peux réunir les tiens et attendre avec eux, nous vous protègerons. Mais avant, une dernière question : Qu'est-il arrivé à la femme nommée Amélia ? Le visage de l'artiste se plisse de tristesse alors qu'il lâche une réponse qui l'est toute autant. - Morte, lâche-t-il sombrement. D’autres se sont servis de son nom pour vous piéger. A cette triste révélation, le chef mercenaire comprend alors la raison de l'absence de ses compagnons envoyés avec le prétendue Amélia : ils ont probablement été menés vers une embuscade. Le zurthan ne s'en montre cependant pas inquiet, confiant en leurs compétences. La mine basse, Josépéné pivote ensuite pour quitter la pièce. - J’espère que vous tiendrez parole, poursuit-il en écartant le rideau pour sortir. Dans le cas contraire, vous nous condamnez tous…
Il va sans dire que la parole du Zurthan sera tenue, au moins autant que celle du saltimbanque l'a été. Le mercenaire attend ensuite que Josépéné soit sorti, puis reporte son attention sur la nommée Yvar. - Maintenant, à toi. Tu ne nous a pas rendu la chose facile, Yvar. Ou quel que soit ton nom. La femme lui renvoie un regard neutre, le Zurthan reste impassible. - Je l'ai déjà dit à Hernel, et cela est toujours vrai. Nous ne sommes pas des ennemis d'Yvar, et nous ne voulons pas créer plus de problèmes qu'il n'y en a déjà. Alors, réfléchis bien. J'ai des questions, et tu as les réponses. Réponds et tu pourras partir. Trompes-moi, et nous deviendrons vraiment des ennemis. Tu connais ceux-qui-voient[i] et tu les fuis. Pourquoi cela ? Un sourire étire les lèvres de la femme aux multiples visages, déformant la cicatrice sur sa joue. - Tu es à la botte de l’Œil, souffle-t-elle avec un rire étouffé, et tu ne le sais même pas ? C’est la guerre, Zurthan ! La guerre entre les hommes de [i]l’Œil et ceux du Rat ! Tu as rejoint cette guerre sans même savoir qu’elle existait. Ah ! J’ai pitié de ton ignorance ! Tu ne sais même pas de quel côté tu te trouves… Des mots qui confirme l'une des théories du mercenaire Zurthan, si bien qu'il ne bronche pas à ces provocations ; Douce est l'ignorance qui pense savoir. - Et toi, le sais-tu ? - Je me tiens aux côtés de ceux qui pillent et tuent pour l’or, et non pour d’obscures raisons. Je suis du côté de ceux qui jugent que dépouiller autrui pour sauver les plus démunis est une juste cause. Pouvez-vous en dire autant ? Le Zurthan retient un rire suffisant, songeant avec pitié aux valeurs dénaturées de cette cité et du Pays qu'elle occupe. - Est-ce là ce que fait celui que tu appelles le Rat ? Il est plus d'une cause qui soit juste, ne pas connaître la raison ne signifie pas que la cause ne l'est pas. La fillette, qu'a-t-elle à voir avec cela ? - Ceralyn Soryngar. Articule la femme avec exagération. Son nom revient sans cesse. L’Œil la veut, donc le Rat aussi. C’est aussi simple que cela. Il n’y a rien de mieux pour appâter le molosse hors de sa niche que d’agiter son os favori. - Et que fera le Rat lorsqu'il l'aura trouvé ? - Il l’agitera devant l’Œil pour faire sortir son maître des ombres dans lesquels il se cache. Tu cherches la fillette aussi n’est-ce pas ? Quelles fausses promesses t’ont fait les ombres en échange de tes services ? Voici donc toute l'affaire : deux organisations sont en guerre, et une jeune fille se retrouve au milieu. L'une la veut pour des raisons encore obscures, certainement mauvaises, et l'autre veut s'en servir comme d'un vulgaire appât. - Livrer une fillette pour qu'elle soit ainsi utilisée, dans le seul but de mener une guerre. Est-ce là ce que tu appelle "juste cause" ? Ce que ceux-qui-voient ont offert ne regarde que Hessi. Si, comme tu prétends, leurs promesses sont fausses, alors ceux-qui-voient ne verront plus. Le Zurthan se tait un instant, observant la femme. Celle-ci lâche un rire moqueur, comme si ce que venait de dire l'étranger était ridicule. - Tu as certainement un moyen de contacter ton maître. Peux-tu faire passer un message au Rat ? - Si vous me laissez partir, oui, je pourrais. - Tu partiras quand tu m'auras dit ce que je veux savoir, ou tu ne diras rien et nous te garderons. Passer un message pour moi est dans ton intérêt, tes paroles sont vraies. Le Zurthan tourne légèrement le regard vers des rayons filtrant de la toile. - Ce qu'il se passe dans l'ombre indiffère le désert rayonnant. Le Rat veut celui parmi ceux qui voient, et je veux trouver la fillette. Si je la trouve, celui que veut le Rat sortira certainement. Et si nous collaborons, nous la trouverons plus vite. Comprends-tu ce message ? - Vous… Vous proposez une alliance avec le Rat ? La femme semble surprise, comme si elle peinait à croire ce qu'elle vient de demander. Elle ignore pourtant à quel point sa vision est si simpliste comparée à celle qui se fait dans l'esprit de Noul'Hessi. - Un alliance ? Ah ! Cette guerre n'est pas la nôtre. Je propose un accord. Un échange pouvant bénéficier aux deux parties. Hessi honorera sa parole. Ce qui arrivera par la suite ou qui gagnera cette guerre dans les ombres, cela n'est pas notre affaire. Ou du moins, cela ne l'est pas encore. L’expression de surprise d’Yvar s’efface alors au profit d’un air plus amusé.
- Je pense que nous nous comprenons finalement. Ose avouer la femme en se redressant. Cet accord nous bénéficiera à tous deux. Car n’ayez aucun doute là-dessus, l’Œil vous trahira, comme il a déjà trahi nombre d’hommes. Par ce fait, votre situation est plus précaire que vous ne le pensez. Vous avez attiré l’attention de l’Œil sur vous et désormais, il vous surveille. Mais d’un autre côté, cela peut servir nos propres intérêts pour faire sortir des ténèbres le chef de cette organisation. Mais pour y parvenir, nous devons trouver Ceralyn Soryngar… La femme se lève. Ses traits sont moins durs qu’au début de la conversation, mais elle conserve une certaine réserve à l’égard du mercenaire Zurthan. - Vous pourrez être un allié de taille dans cette lutte, malgré votre désintérêt pour notre cause. Je pense que je ne perds rien à vous mettre dans la confidence. Après tout, je suis toujours vivante et vous n’êtes pas des hommes de l'Œil à part entière.. Qui plus est, vous serez probablement amené à les affronter lorsqu’ils se révéleront à vos yeux comme les traîtres qu’ils sont. La femme crache au sol une nouvelle fois, comme si à chaque fois qu’elle prononçait le mot "Œil", sa bouche s’emplissait de cendres. - Ceralyn Soryngar a été attrapé par le Rat il y a quelques jours. Révèle Yvar en grimaçant. Un véritable hasard, mais qui s’est avéré salutaire. Elle a été détenue dans son antre pendant une journée avant qu’elle ne parvienne à s’échapper. Nous soupçonnons qu’elle ait reçu une aide… Extérieure. Nous avons aussitôt fait traîner nos hommes sur le port, et nous sommes certains qu’elle ne l’a pas quitté. Elle se cache quelque part, mais nous ne parvenons pas à mettre la main dessus. Qui plus est, certains de nos hommes ont disparu pendant leur ronde, et nous pensons qu’ils ont été éliminés par nos adversaires. Si nous tardons trop, l’Œil parviendra à retrouver cette gamine avant nous. Et ni vous, ni nous, n'auront un autre moyen de pression sur eux. Le balafrée brandit une main devant elle. - Je vous propose ceci : nous vous permettons d’accéder à notre réseau et nous ne vous mettrons pas de bâtons dans les roues lors de votre enquête sur les quais. En contrepartie, une fois la fillette retrouvée, vous nous conduirez au repaire de l’Œil. Le chef mercenaire prend un temps de réflexion, songeant à toutes les implications qu'un tel accord comprendrait. - Voici l'accord que je propose : le Rat nous aide à trouver la fillette, et seulement de la trouver. Hessi se chargera d'elle et en disposera. Le moment venu pour Hessi de rencontrer ceux-qui-voient, le Rat sera prévenu. Hessi fera ce qu'il doit, ce que fera le Rat ensuite est de son ressort. Les yeux du zurthan se plissent, donnant à son regard un air plus sérieux. - Cependant, as-tu l'autorité pour passer cet accord ?
- Le Rat écoute ce que je lui dis. Annonce sobrement la femme. Nous n’aurons aucun moyen de faire sortir le loup de sa tanière en le menaçant nous-même avec la gamine. C’est votre rôle, et il le comprendra aussi bien que moi. Yvar lève les yeux au ciel. Elle tend toujours sa main vers Noul. - Néanmoins, certains des nôtres vont devoir rejoindre vos rangs afin de surveiller que cet accord soit bien tenu. Avec cette garantie supplémentaire, le Rat devrait être satisfait. La femme aux mille visages sourit. - Avons-nous un accord ? Noul'Hessi serre finalement la main d'Yvar et la poigne de celle-ci se resserre autour de son poignet. - Tu feras passer le message au Rat, mais tu resteras avec nous. Quand nous auront la fillette, tu pourras aller prévenir ton maître. Nous avons un accord, maintenant dis-moi comment lui passer le message ? - Je lui écrirais une lettre, lâche la femme aux mille visages en désignant d’un geste du bras la sortie de la tente. J’enverrais un gamin de confiance la lui apporter dans l'après-midi. Si nous en avons fini, j'aimerais me mettre dès à présent au travail. Nous avons peu de temps.
L'accord conclu, Les zurthans libèrent peu à peu les captifs. Le sortilège du sorcier zurthan prend fin sous les ordres de son chef, laissant la place du spectacle ensablée jusqu'aux chevilles. Le vent finira par l'étaler lentement, comme il sait si bien le faire à Thaar. Les membres de la compagnie des Joyeux Danseurs sont conviés à rassembler leurs affaires et à ranger leur matériel, puis à rejoindre le camp des Zurthans situé en périphérie de Thaar. Ils seront désormais sous la protection constante des Turbans Ocres, leur chef tenant sa parole donnée à Josépéné. Entre temps le Zurthan furtif est revenu des caravanes, donnant à son chef la lettre mystérieuse tout en faisant son rapport. N'en connaissant pas la langue, le Zurthan la fait traduire par sa nouvelle collaboratrice, qu'il continue de nommer Yvar. N'accordant encore que trop peu de crédit en cette alliée de circonstance, le Zurthan la fera plus tard traduire par une personne de confiance, tout comme la lettre trouvée cachée dans la chambre d'auberge, sans que ses nouveaux "alliés" ne le sachent.
D'après Yvar, la mystérieuse note stipulerait qu'Yvar devait entrer en contact avec les hommes de l'Oeil parce que le Rat avait capturé Ceralyn, ce qui concorderait avec les révélations faites par Yvar. Si cette partie concorderait avec la traduction réelle, la femme aux mille visages aurait omise de révéler que ses ordres étaient également de tuer les hommes de l'oeil sans hésitation, qu'ils soient affiliés de près ou de loin à l'organisation. La méfiance du Zurthan envers cette organisation comme envers l'autre ne s'en retrouve que plus justifiée, et le guerrier du désert ne manquerait pas de prendre cela en compte. Pour l'heure, la recherche de la jeune fille reprenait.
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L’Œil frémit mais jamais ne se ferme | L’homme aux mille visages
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