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 [Fernel] Toujours une question de gravité (Louise)

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Alyah
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MessageSujet: [Fernel] Toujours une question de gravité (Louise)   [Fernel] Toujours une question de gravité (Louise) I_icon_minitimeJeu 25 Fév 2021 - 15:59


Julas, 9ème ennéade de Bàrkios,
An 18 du XIe Cycle

Au fil des années et de mes voyages, j'ai eu l'occasion d'entendre beaucoup de choses au sujet des péninsulaires. L’on évoquait bien souvent leur étroitesse d'esprit qui les rendrait fort peu accueillants envers les gens tels que moi, ceux venant de "l'Estrevent", comme ils disent ici, et qui arborent une couleur de peau bien différente de la leur. L’on m’a rapporté également qu’ils nous voyaient tous comme des voleurs, des bons à rien, bref des gens méprisables que mieux valait éviter.

Personnellement, qu'importe les rumeurs entendues,  je n'avais pas le moindre ressentiment à leur égard. Les gens sont comme ils sont. Ils ont tous leurs défauts, leurs qualités et leurs propres opinions. Je tiens toujours à façonner la mienne avec ce dont je suis témoin de mes propres yeux sans prêter la moindre attention à ce que les autres racontent. Je n’ai aucune confiance en leurs récits. La plupart se sont créés d’après les histoires des autres ou en se basant uniquement sur un seul et unique fait. Alors comment pourrais-je leur accorder le moindre crédit ? Je préfère me faire confiance, je ne me suis jamais déçue jusqu’ici.

Je dois bien avouer que mes premières impressions furent assez désagréables. Les gens me lançaient des regards en coin, exprimant tantôt de la curiosité, tantôt du mépris. Ils se méfiaient de moi, sans nul doute. Néanmoins, je ne pus leur en tenir rigueur. Après tout, avec mon apparence si différente de la leur je ne m'intègrais pas vraiment dans ce paysage aux teintes bien plus ternes des celles auxquelles j’étais habituée. Qu'à cela ne tienne, il en fallait bien plus pour me déstabiliser. Je décidais donc de gagner en discrétion en usant de couleurs bien plus familières à leurs yeux. Une chemise blanche suffit à recouvrir mes bras, un foulard crème déposé sur mes cheveux attirait bien moins l’attention sur mon visage pourtant bien visible. Beaucoup pensent que pour être discret il faut se cacher, ce qui, à mons sens est totalement stupide. Il suffit généralement de détourner l’attention de ce qui est évident en se fondant dans le décor. Des nuances de blancs et de gris faisaient largement l’affaire ici, d’autant plus que je n’étais pas seule et que je marchais au milieu de personnes toutes aussi blanches que les habitants des lieux. Les humains sont des êtres simples dans leurs réflexions ou dans leur façon manichéenne de voir ce monde. Je trouve cela vraiment regrettable car celui-ci est pourtant chargé de nuances si intéressantes et enrichissantes pour qui se donne la peine de regarder plus loin que le bout de son nez.

Bref…

La caravane des Balandrins m’avait conduite jusqu’ici, dans le nord de la Péninsule, quelque part aux pieds de montagnes qui portaient  un nom qui me semblait fort peu approprié :“Monts d’Or”... Tout ce que je voyais là ce n’était que de vulgaires pentes plus ou moins abruptes recouvertes de diverses nuances de vert, de marrons, de gris et de blancs. Point d’or, du moins à première vue. Je me demandais donc d’où venait ce nom, questionnant ainsi Erdwurth, l’un des marchands de la caravane qui avait vraisemblablement grandi dans ce coin-là. Celui-ci m’expliqua qu’il me faudrait attendre le coucher du soleil pour que ce qui me paraissait être un délire d’ivrogne probablement hallucinatoire prenne un sens bien plus poétique et légitime.

Hélas, nous étions encore à la mi-journée. Il me restait encore beaucoup de temps à tuer avant l’heure de ces révélations mystérieuses. Et  n’ayant plus rien à faire avec mes compagnons occupés à leurs affaires, je décidais de les abandonner ici, non sans les remercier. Je les suivais depuis mon départ de Thaar ce qui n'était pas rien, d'autant plus qu'ils m'avaient accepté parmi eux sans exiger la moindre contrepartie.

Comme à chaque étape de mon voyage, je commençais à compter mes pièces. J'avais de quoi me payer une ou deux nuits à l'auberge, trois repas  pour Léios et moi, mais guère plus. Il me fallait donc user de mon imagination pour pouvoir rester ici le temps de trouver une autre caravane. Les Balandrins, eux, ne repartiraient pas avant une ennéade ou deux le temps de mener à bien leurs affaires et de retrouver quelques bras armés pour les escorter vers Thaar… Lieu que je ne voulais pas revoir de sitôt.

Malgré tout, je me retrouvais face à un problème de taille. Si les gens d'ici se méfiaient tant de moi, comment pouvaient-ils avoir l'idée de m'embaucher ? Il me fallait réfléchir… et vite. Néanmoins, les lieux étaient bien trop bruyant pour cela, mieux valait que je m'isole un peu. Léios avait lui-même besoin de courir, de s'éloigner de cette masse grouillante d'humains qu'il ne tolérait que pour moi.

-Allez, viens mon gros, lui dis-je avant de prendre la route menant à la sortie du village de Fernel.

Je marchais tout en réfléchissant, essayant ainsi d'énumérer les différentes options qu'il me restaient. Il n'y en avait que trop peu, néanmoins cela représentait un défi intéressant à relever. Léios, lui, gambadait joyeusement dans l'herbe verte, s'adonnant ainsi à son plaisir de chien. Je ne prêtais pas vraiment attention à ses faits et gestes. Il ne s'éloignait jamais de moi, du moins pas au point que je ne m'en inquiète habituellement… Néanmoins, cette fois, peut-être aurais-je dû me montrer plus attentive. Ainsi je me serais rendu compte de la présence du petit animal qui sautillait dans les hautes herbes… Mais non… J'étais bien trop occupée à observer la jeune femme assise sur son cheval au galop… Cheval qui vit sa course stoppée par l'apparition d'un canidé haut sur pattes et au pelage hirsute courant à toute allure pour attraper un fichu lapin.

-LÉIOS! criais-je, hélas ,bien trop tard alors que le cheval se redressa mettant ainsi sa cavalière dans une position plus que dangereuse.

Le chien, lui, avait certes arrêté sa course, mais le mal était fait. Je ne pus alors que rester là, les yeux grands ouverts à observer la scène priant tous les dieux de ce monde pour que le cheval soit bien dressé.


Dernière édition par Alyah le Mar 2 Mar 2021 - 9:30, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: [Fernel] Toujours une question de gravité (Louise)   [Fernel] Toujours une question de gravité (Louise) I_icon_minitimeVen 26 Fév 2021 - 13:46


Si Lasgalen est bien dressé ? La réponse lui sera donnée, lorsque le cheval cabrera. Louise et lui ne font qu’un, depuis des années. Il lui a été offert par Eudes de Fernel, un cadeau somptueux quand on connait l’ascendance de ce cheval, une ascendance qui remonte à loin, chacun de ses membres ayant servi et accompagné chaque seigneur de Fernel. Ces deux-là n’ont plus besoin de mots pour se comprendre et avancer, plus aucun. Une simple pression de la part de Louise, par ses cuisses, ses genoux ou ses mollets, suffit pour conduire le digne animal. Pas de cravache, pas d’éperon, rien de cette sorte, rien de plus que de la compréhension mutuelle induite par les mouvements, des regards et beaucoup de patience, d’entraînement. Lasgalen est la monture de Louise, un ami plus qu’un animal et elle en prend le plus grand soin, un soin qu’il lui rend en étant indéfectiblement efficace, à chaque sortie qu’ils font, qu’elle soit courte, en sillonnant Fernel, ou plus longue, comme lors de leurs aventures sur les routes de Péninsule.

Lorsqu’il voit sa route coupée par le chien surgi de nulle part, Lasgalen se cabre en hennissant bruyamment. Louise, elle, s’accroche aux rênes, plaquant d’instinct son corps contre le dos de l’animal tout en parlant dans cette langue étrange propre aux palefreniers de Fernel, une langue douce, aux sonorités lointaines, qui calme le cheval. Les sabots heurtent le sol tandis qu’il renâcle, expulsant bruyamment de l’air par les naseaux, tandis que la châtelaine le caresse du plat de la main, sur l’encolure, avant de se pencher et de voir le chien. Elle hausse un sourcil, cherchant du regard le maître de cet animal, avant d’aviser cette femme là-bas, debout, qui regarde la scène d’un air totalement ahuri.

Une femme qui n’est pas de la région, cela se voit immédiatement. La tenue, la couleur de la peau, la façon de se tenir, tout cela indique clairement une voyageuse de passage mais une voyageuse qui vient de loin. Or, Louise a une curiosité intense pour tout ce qui provient d’au-delà la Péninsule et, peu farouche, rassurée par la présence de son arme à son côté, elle fait avancer Lasgalen vers cette dame étrangère, non sans la quitter du regard.

Il n’y a aucune agressivité, pas même un mécontentement dans ce regard-là, juste une…curiosité qu’elle ne parvient pas à dissimuler. Parvenue à sa hauteur, elle la salue d’un petit mouvement de la tête avant de regarder le chien.

- Vous devriez faire attention…Vous êtes au havre des chevaux et ils sont nombreux à paître en liberté autour des remparts. Votre chien risque d’être blessé.

Les montures de Fernel sont hautes et élégantes, des animaux taillés pour la course et l’endurance, de solides et robustes chevaux. Dans une rencontre entre un tel animal et un chien tel que celui qu’elle voit en ce moment, il ne fait aucun doute que ce dernier n’aurait aucune chance s’il venait à se trouver sous les sabots d’un de ces chevaux.

La voix est douce et posée, le regard, lui, se balade sur l’étrangère, sans aucune retenue :

- D’où venez-vous ? C’est la première fois que je vous vois ici.
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MessageSujet: Re: [Fernel] Toujours une question de gravité (Louise)   [Fernel] Toujours une question de gravité (Louise) I_icon_minitimeSam 27 Fév 2021 - 6:17


Par tous les dieux… Je suis pratiquement certaine que mon cœur s'était arrêté. Pas longtemps, juste durant deux ou trois secondes, le temps que se déroula cette scène incroyable qui, pourtant, me parut durer une éternité. Durant ce laps de temps, j'imaginais cette pauvre femme chuter lourdement. Je la voyais très clairement se briser le cou… Et qu'aurais-je fait ensuite ? Je n'aurais évidemment pas pu la laisser là, toute seule. Même les morts méritent le respect.

Mais, heureusement, je n'eu pas à réfléchir de la suite. La demoiselle, par le son de sa voix délicatement murmurée, réussit à apaiser l'animal. Ô chères divinités, vous ne pouvez imaginer à quel point je me sentis soulagée et surtout reconnaissante. Mes jambes cessèrent aussitôt de me maintenir, me laissant choir sur le sol. Je mourrais d'envie de rire, mais me retint, par crainte d'effrayer de nouveau l'équidé à présent aussi calme que sa cavalière. Léios, tout penaud, vint me rejoindre en avançant lentement, les oreilles couchées et la queue entre les pattes.

- Tout va bien, mon vieux, le rassurais-je en lui offrant quelques gratouilles sur le poitrail tout en écoutant les recommandations de la cavalière. Je suis sincèrement désolée. Le pauvre Léios devait être réellement affamé pour ne pas pouvoir résister à la vue d'un lapin bien dodu. Enfin, heureusement ni lui, ni vous n'êtes blessés.

Après quelques caresses rassurantes, je pus enfin me redresser sur mes jambes tout en ramassant ma besace et en veillant à éliminer toutes traces de poussières de mon pantalon. C'est après cela que je rencontrais réellement le regard de l'inconnue. Un regard qui me semblait sincèrement curieux et presque enfantin… Presque…

- Je viens d'arriver avec la caravane d'Erdwurth Balandrin et de sa famille. Nous étions en route pour...zut, quel est son nom déjà ? Vous savez, la ville à l'ouest qui porte le même nom que ce duché… Pardon, je n'ai pas bonne mémoire. Quoiqu'il en soit, nous devions nous y rendre mais, les mercenaires qui nous accompagnaient pour nous escorter se sont avérés être de véritables bandits. Ils ont tout volé aux Balandrins, pendant la nuit,, ne leur laissant que quelques pièces de tissus de qualité médiocre… Alors, comme ce village… Quel est son nom d'ailleurs ? Bref, comme ce village était sur notre route et qu'Erdwurth en est natif, nous nous sommes donc arrêtés ici en espérant trouver une meilleure escorte.

Parler beaucoup pour noyer le poisson. Donner des détails sur tout et surtout sur rien d'important. Erdwurth m'avait dit être connu, si c'était le cas cette dame saurait sûrement d'où venait la caravane… Ou pas. Je n'aimais pas être associée à Thaar, cette ville me répugnait tout bonnement. Sans compter le fait que, pour beaucoup, un thaari n'était forcément qu'un bandit et je n'avais vraiment pas besoin d'une telle étiquette à ce moment-là … Je ne savais pas qui était cette femme, mais posséder un canasson tel que celui-ci coûtait une véritable fortune… En somme, elle devait être importante… Mieux valait montrer patte blanche.

- Pardon, je suis décidément très impolie.  Je me nomme Assya Al'Naamarh. J'accompagne simplement la caravane des Balandrins, mais je ne suis qu'une simple voyageuse, me présentais-je en exécutant une légère courbette bien maladroite.


Dernière édition par Alyah le Mar 2 Mar 2021 - 9:30, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: [Fernel] Toujours une question de gravité (Louise)   [Fernel] Toujours une question de gravité (Louise) I_icon_minitimeLun 1 Mar 2021 - 13:19

- Serramire.

Elle répond à la question qui n’en est pas une, corrigeant les propos de l’inconnue avec un sourire.

- Serramire est la capitale du Duché. Vous êtes ici à Fernel, le Havre des chevaux. Là bas ce sont les Monts d’Or, et derrière eux, Oesgard.

La châtelaine tend la main vers le massif situé droit devant, derrière le château, sans cesser de sourire.

- Ainsi, vous venez de Thaar…Une caravane de marchands donc…

L’intérêt de la châtelaine vient de croître en à peine quelques instants. Elle n’a jamais caché la fascination étrange que cette ville a sur elle et elle se trouve bien heureuse de pouvoir évoquer quelque peu l’Estrevent avec un de ses habitants.

- Je suis navrée de vous le dire, mais vous ne trouverez personne pour vous escorter jusqu’à Serramire à moins d’y mettre le prix. Les routes ne sont pas sûres, et les bandits osent bien plus que je ne le voudrais s’attaquer aux voyageurs, aux passants et aux marchands. C’est un problème qui n’existe que peu ici, mais en dehors de ma seigneurie, je n’ai malheureusement aucun contrôle là-dessus.

D’un mouvement souple, elle descend de son cheval, se réceptionnant gracieusement au sol, sans se faire le moindre mal. Elle garde les rênes dans sa main et approche de l’inconnue qui vient de se présenter.

- Je suis Louise de Fernel, ces terres sont les miennes.

Un gracieux signe de tête.

- Suivez-moi. Nous pouvons peut-être trouver des solutions pour vos compagnons et vous, en discutant sur le chemin. Nous ne négligeons personne ici, tant que les intentions sont bonnes et qu’aucune malveillance n’est initiée à l’encontre des habitants.

Lasgalen renâcle, suivant la chatelaine au pas, docilement.

- Je suppose que vous résidez à l’auberge pour l’instant. Vous a-t-on fait bon accueil ?

La question n’est pas innocente. C’est une valeur extrêmement importante aux yeux de Louise, l’hospitalité. Et elle n’apprécierait que très moyennement que l’aubergiste, le seul ayant pignon sur rue à Fernel, soit négligeant ou pire désobligeant envers qui que ce soit. Elle sait à quel point la méfiance et les préjugés ont cours dans le Nord et Fernel n’échappe pas à cette attitude qu’elle tente de corriger de son mieux.
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MessageSujet: Re: [Fernel] Toujours une question de gravité (Louise)   [Fernel] Toujours une question de gravité (Louise) I_icon_minitimeMar 2 Mar 2021 - 16:27




La petite leçon de géographie offerte par la demoiselle eut le mérite de me renseigner sur l’endroit où je me trouvais. Il ne me restait donc plus qu’à retenir les noms de ceux-ci, ce qui risquait de ne point être aussi simple qu’il n’y semblait. Il me fallait toujours un certain temps pour m’accoutumer à ce genre de nouveauté, sans quoi, j’oubliais simplement. Ce qui valait autant pour les lieux que pour les gens. Enfin, dans le lot, il y en avait au moins un dont je me souvenais sans difficulté :

- Les Monts d’Or. Ce sont eux que je suis justement venue admirer ici, répondis-je simplement tout en pointant mon regard sur les fameux pics dressés devant nous.

Comme je l’avais pensé, la dame n’eut aucune difficulté à deviner d’où venait la caravane des Balandrins. Erdwurth ne m'avait donc pas menti au sujet de sa "renommée" dans le coin. Enfin, le supposais-je.

- C’est bien cela, oui, rétorquais-je en soupirant, craignant que l’inconnue ne se fasse des idées sur mon compte, comme les autres.

Néanmoins, ce ne fut point de la méfiance que je lus dans ses yeux noisette, mais cette même curiosité qui ne semblait pas vouloir la quitter depuis que son regard s’était posé sur moi. Voilà qui aurait pu me paraître bien étrange si je n’étais point aussi curieuse moi-même.

La suite des explications de la demoiselle ne m'apprirent rien de nouveau concernant les difficultés qu'allaient rencontrer mes compagnons pour trouver une nouvelle escorte. Je savais déjà qu'aucun service n'était gratuit en ce monde, ni ici, ni ailleurs. Plus particulièrement lorsque l'on avait conscience du danger existant sur ces routes. Et de ce que j'avais cru comprendre, celles-ci n'avaient rien à envier à celles de l'Estrévent si aisément critiquées.

- Hélas, je ne suis pas certaine que les Balandrins en aient les moyens. Pas après s’être fait ainsi dépouiller par leur escorte précédente. C'est tout de même un comble…

La demoiselle décida finalement de délaisser sa mouture, ce dont je lui fus d'ailleurs reconnaissante puisque je n'avais plus à relever la tête pour lui parler. Je me trouvais donc face à une femme visiblement plus jeune que moi dont la taille correspondait à la mienne. Néanmoins, la comparaison s'arrêtait là puisque sa prestance naturelle écrasait naturellement ma misérable simplicité. De bien des manières, nous étions totalement différentes l'une de l'autre et pourtant, il y avait quelque chose chez cette femme qui me semblait familier sans que je ne réussisse à mettre le doigt sur la raison. Peut-être était-ce dû à son regard empreint d'une curiosité qui me paraissait au moins semblable à la mienne… Allez savoir.

Une fois ses pieds au sol, l'inconnue se présenta de manière plus que gracieuse. Louise de Fernel… Un nom qui en disait long sur sa position en ces lieux. Elle était chez elle et tout ici lui appartenait… Et parmi tous les gens de ce bourg, c'était cette justement femme que mon chien avait mis en danger. Arcam manifestait donc ici son humour assez particulier...

Malgré sa noble ascendance qui la plaçait tout naturellement au-dessus du petit peuple, la dame de Fernel me semblait fort attentionnée envers celui-ci. Du moins, c'est effectivement ce que j'aurais pu croire si je ne trouvais pas cela suspect. Oh, évidemment, je ne me prétends pas capable de pouvoir lire dans les pensées de qui que ce soit, les siennes y compris. Néanmoins, ma propre méfiance me poussait à trouver cela étrange, car, après tout, rien est gratuit en ce monde. Je ne pouvais donc m'empêcher de supposer qu'elle avait elle aussi quelque chose à gagner en proposant ainsi son aide. À moins qu'il ne s'agissait-là que de quelques paroles en l'air… Les fausses "promesses", je ne connaissais que trop bien.

-C’est bien aimable de votre part, ma dame. La vie de marchand itinérant est loin d’être facile et encore moins gratifiante. J’espère vraiment que l’on pourra trouver une solution pour aider Erdwurth et les siens. Ce sont des gens bien, vous savez. Jamais ils ne chercheraient à nuire à autrui.

Et peut-être même trop gentils pour leur propre bien. Ils me l’avaient déjà prouvé en m’acceptant ainsi parmi eux. Généralement, pour avoir le privilège de me joindre à une caravane telle que celle-ci, je devais pouvoir me montrer utile ou au moins les payer pour bénéficier de leur protection. Ce ne fut aucunement le cas avec cette famille. Ils m’ont recueilli les bras ouverts sans poser la moindre question. Comme ils l’auraient probablement fait avec un animal errant et blessé… Peut-être était-ce effectivement ainsi qu'ils me voyaient… Dans tous les cas, ils s'étaient montrés incroyablement généreux envers moi. Allant jusqu'à partager leur nourriture, leur couchage sans jamais rien me demander en retour… Comment ne pas vouloir profiter de la gentillesse de ces gens-là ? Il était si facile de les extorquer sans qu’ils s’en rendent compte, leurs soi-disant protecteurs ont su saisir cette opportunité pratiquement servie sur un plateau d'argent.

Malgré cela, ils n'avaient point éveillé pareille intention chez moi, bien au contraire. J'aurais été plus que ravie de leur offrir mon aide en guise de remerciement. Mais hélas, je n'en avait point la possibilité, du moins pas par moi-même. Je n'avais sur moi que quelques pièces qui ne suffiraient jamais à leur garantir une protection efficace... Mais peut-être que cette Louise de Fernel pourrait, comme elle le proposait, trouver une solution… Après tout, elle devait en avoir les moyens. Alors autant la suivre, comme elle venait de me le demander en répondant sagement à ses questions.

-A dire vrai, pour l’heure, je ne loge nulle part. Nous venons à peine d’arriver et ces Montagnes ont si grandement éveillé ma curiosité que je n’ai point pris le temps de me réserver une chambre à l’auberge. De toutes façons, je doute fort qu’il y en ait encore une de libre à l’heure qu’il est.

Pas pour moi du moins… Les regards lancés par les habitants du village en disaient long sur leur accueil qui était loin d’être aussi bon que la châtelaine semblât désirer. Je ne m’en inquiétais pas plus que ça. Je savais que ces gens avaient besoin de temps pour accepter une étrangère telle que moi. Aussi, il ne me restait plus qu’à me faire aussi discrète que possible afin de les habituer en douceur à ma présence. Au bout de quelques jours, je finirais par faire partie du paysage qui leur était familier. Quelques nuits à la belle étoile ne pouvaient me faire de mal d’autant plus qu’à force de voyager ainsi ,j’y étais habituée.

- L’on m’a dit que je comprendrai mieux l’origine du nom de ces pics en les admirant au coucher du soleil. Néanmoins, je suis presque certaine que c’est à l’aube que leurs couleurs seront les plus intéressantes. Je ne raterai cela pour rien au monde et je doute qu’il y ait un aussi beau point de vue dans le village. Je serai très bien ici, pas vrai Léios ?

Évidemment, Léios étant un chien, celui-ci ne répondit point à ma question. Il se contenta de me regarder quelques secondes, se demandant probablement ce que je pouvais bien lui vouloir.

-Cela ne se voit pas, mais je vous assure qu’il est d’accord avec moi. De plus, il ne risquera pas de provoquer d’accident en chassant de nuit, raillais-je tout en flattant le crâne du canidé.

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MessageSujet: Re: [Fernel] Toujours une question de gravité (Louise)   [Fernel] Toujours une question de gravité (Louise) I_icon_minitimeMer 3 Mar 2021 - 20:27


- Comment est-ce possible de ne loger nulle part ? A Fernel ?

Elle fronce très visiblement les sourcils à présent. L’hospitalité est charité à laquelle elle ne déroge jamais, avec qui que ce soit. De plus, compte tenu de ce qu’il s’est passé ici dernièrement, il est impensable de laisser quelqu'un dormir dehors, à la belle étoile. Louise ne dit rien mais elle est mécontente. Les habitants sont parfois un peu rudes avec les étrangers, elle le sait, mais elle a donné des consignes claires, à tous.

- Il faut que vous rentriez dans le bourg avant la tombée de la nuit. La région n’est pas sûre et les portes sont fermées dès que le soleil s’est couché. Les gardes veillent sur nous, toute la nuit, vous pourrez dormir tranquille, je vous le garantis mais avec un toit au-dessus de votre tête et avec l’estomac rempli. Je vais m’en assurer.

Elle mène la voyageuse vers le bourg, traversant un champ, puis en saluant quelques paysans d’un geste de la tête, en silence. Ils regardent la voyageuse puis se regardent entre eux avant de reprendre leur ouvrage.

Ils devraient être habitués à ce genre de comportement en provenance de la châtelaine mais visiblement il y a encore du travail à faire. C’est que voyez-vous il y a étranger et étranger. Un noble seigneur péninsulaire, comme le seigneur de Terrrefière venu d’Arétria, ce n’est pas tellement un étranger. Il parle bien, il porte des habits auxquels les gens d’ici sont habitués, ils partagent une culture commune, c’est rassurant, ça inspire la confiance. Les autres…Il faut plus de temps, parce que le Nord n’est pas une région qui voit les Vaanis d’un bon œil, notamment. Et cette femme qui accompagne la châtelaine, elle vient de là-bas, cela se voit à son teint de pêche, sa tenue bizarre, ça s’entend à son accent…Or, ce qu’on ne connait pas est toujours effrayant. Une frayeur que ne partage nullement la châtelaine au point d’avoir rappelé dans son propre bureau quelques inspirations thaaries dont elle est très friande.

C’est un geste fort qu’elle pose là, en marchant côte à côte avec l’étrangère, sous le nez de ses paysans qui n’ont pas toujours été aimables. Une façon qu’elle a de rappeler ces valeurs qui lui sont chères. Et souvent, dans ces cas-là, les personnes qui ont des choses à se reprocher, celles qui n’ont pas la conscience tranquille, détournent le regard, un peu honteuses.

- Nous allons à l’auberge. Nous recevons beaucoup de visiteurs et de marchands mais je doute que nous soyons à ce point submergés.

Evidemment, en ce qui concerne Louise, la question ne se pose même pas. Elle dispose d’un château et d’immenses appartements chauffés pour elle toute seule, il est donc impossible pour elle d’imaginer que quelqu’un puisse dormir sans rien. Tous les gens de Fernel sont logés à la même enseigne, pris en charge par Louise quand cela s’avère nécessaire. La jeune femme donne beaucoup d’elle-même à son peuple aussi tout le monde semble heureux et bien portant ici, il n’y a pas de mendiant, pas de pauvreté crasse. Ce n’est pas le luxe, bien sûr, mais ce n’est pas non plus l’indigence générale. On vit bien, sans excès, avec ce dont on a besoin sans forcément chercher à obtenir plus.

Une fois dans l’enceinte de la ville, Louise conduit Alyah vers l’auberge et la châtelaine laisse Lasgalen devant la porte. Le cheval n’ira nulle part, elle le sait, il attendra devant la porte, ainsi qu’il le fait depuis qu’ils ont créé ce lien si unique entre eux.

- Venez avec moi.

A l’intérieur, c’est très calme. Le bourg est en alerte depuis quelques jours et les visiteurs ne s’attardent guère, pas plus que les marchands. L’arrivée de Louise provoque pourtant un remue-ménage dans la pièce principale, l’aubergiste arrivant, les joues rouges, le souffle un peu court.

- Dame Louise !? Vous ici ?
- Bonjour Hervé. Vous reste-t-il des chambres pour cette nuit ?

Il a un regard pour Alyah et se mord la lèvre.

- O…Oui, il n’y a pas beaucoup de monde pour le moment à cause de ce que vous savez.
- Bien. Vous allez accueillir cette jeune femme, son chien et ses amis ici. Je veux qu’ils soient nourris et correctement traités. Le château est complet, je ne peux recevoir pour l’instant, donc je vous dédommagerai moi-même. Cela vous semble-t-il équitable, Hervé ?

Elle a le pouvoir de réquisitionner sans qu’il ne puisse contester, il le sait, et pourtant elle demande, toujours aimable. Le moyen de refuser…

- Ma Dame…Ils sont les bienvenus.

Louise esquisse un sourire et se tourne vers Alyah.

- Voilà qui est réglé. Allons-nous asseoir voulez-vous ?

La châtelaine prend place à une petite table de bois que s’empresse de nettoyer l’aubergiste.

- Bien…Si vous le voulez bien, donnez moi les dernières nouvelles de Thaar ! Les épices flottent-elles toujours dans les rues ? Y a-t-il toujours ces gros fruits oranges plein de jus ? Racontez-moi !
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MessageSujet: Re: [Fernel] Toujours une question de gravité (Louise)   [Fernel] Toujours une question de gravité (Louise) I_icon_minitimeDim 7 Mar 2021 - 13:10



Sa question me surprit tant et si bien que je ne pus m'empêcher de l'observer en penchant légèrement la tête sur le côté. La posture que je pris alors me rappela immédiatement celle de Léïos lorsqu'il ne comprenait pas ce que je lui disais où qu'il se retrouvait devant une situation étrange. Ne lui avais-je pas dit que je venais d'arriver ?

- C'est-à-dire que..., bafouillais-je légèrement en cherchant mes mots. Nous avons franchi les portes du village à la mi-journée, mais j'ai éprouvé le besoin de m'éloigner un peu des autres pour profiter de la solitude. Je n'ai donc pas encore cherché de logement pour l'instant. Et après les derniers événements vécus par les Balandrins, je préférais leur laisser la possibilité de jouir d'un peu de confort. Je suis habituée à dormir dehors.

J'ai connu la rue, celles de Thaar étaient bien moins sûres que celles de ce petit village du nord… Même si les nuits risquaient probablement d'être bien plus fraîches.

La dame de Fernel m'expliqua alors que dormir à la belle étoile en dehors du village serait très risqué. Forcément, si les routes n'étaient point sûres, il n'y avait donc rien d'étonnant à ce que les nuits soient témoin d'autre type de dangers nécessitant la protection de la garde… Néanmoins, je ne comprenais pas vraiment son insistance à propos de dormir sous un toit. Cela pouvait être important pour une jeune noble dans son genre, mais pas spécialement pour une vagabonde telle que moi.

- Je vois, répondis-je sans rien ajouter tant la demoiselle me semblait déterminée.

Je la suivis donc simplement jusqu'au village qui portait le nom de sa famille à moins que ce ne soit l'inverse. Tout le long du chemin, je l'observais en silence saluer ses gens, poser son regard à la fois bienveillant et intransigeant sur tout ce que ses yeux noisette rencontraient. Je me demandais quelle était sa vie, à quoi cela pouvait ressembler de vivre dans un château, de porter de jolies robes, d'être servie, respectée… Pouvait-on réellement être respecté de tous ? Certainement pas… Au fond, je trouvais sa position fort peu enviable. Elle mangeait probablement à sa faim tous les jours, mais était sûrement observée par tous en toute circonstance… Comme cela devait être épuisant pour elle… Et donc, tout naturellement, j'en vins à me demander si la Louise de Fernel à mon côté était la "vraie" ou jouait-elle simplement un rôle ?

Je ne prêtais aucune attention aux regards des habitants à mon égard. Cela ne me semblait pas important… En revanche, je trouvais très intéressant de voir leurs réactions face à leur châtelaine flanquée de son étrangère à la peau sombre. Cette surprise dans leurs yeux , cette expression qui disait: "dame Louise serait-elle devenue folle"... S'en rendait-elle seulement compte ?

- Vous savez, il est tout à fait normal de réagir ainsi face à une image aussi peu familière que peut l'être mon apparence. Les gens ont peur de ce qu'ils ne connaissent pas. Je suppose que cela fait partie de leurs instincts d'humains vulnérables, lui dis-je afin de lui faire comprendre que leurs regards ne me dérangeaient absolument pas.

Je restais bien évidemment convaincu que c'était à moi de gagner leur confiance, doucement, gentiment. Être imposée de cette manière même par une châtelaine appréciée de son peuple risquait de me faire défaut… Comme cela risquait également d'insuffler une nouvelle méfiance qui ,cette fois, serait dirigée vers ma bienfaitrice qui pourrait éventuellement, sans même s'en rendre compte, faire rentrer un loup dans la bergerie… Certes, ce n'était point le cas. Je ne voulais aucun mal à ces gens… Mais je restais bel et bien une étrangère bizarre à leurs yeux et son intervention ne changerait rien à cela.

Je voyais bien que la dame ne se rendait pas compte de ce qu'elle était en train de faire… Elle était visiblement guidée par cette sorte de devoir qu'elle s'imposait probablement à elle-même. J'aurais tant voulu la prévenir, lui expliquer pourquoi elle nous porterait probablement préjudice à toutes deux, mais la belle ne m'en laissa guère le temps et me guida vers cette fameuse auberge devant laquelle nous laissâmes cheval et chien. Je savais que Léïos ne bougerait pas. Il ne s'éloignait jamais ,sauf en présence de lapin ou autre nourriture sur pattes, cela va de soi. Mais je savais qu'il ne lui viendrait pas non plus à l'idée d'entrer dans un bâtiment plein d'humains qu'il n'appréciait pas le moins du monde. En revanche, ce qui me surprit, c'est de voir la dame laisser ainsi son équidé sans prendre la peine de l'attacher… Je gardais néanmoins mon étonnement pour moi puisque la châtelaine était déjà entrée dans l'auberge la plus calme qui m'ait été donnée de voir.

Je me sentis plutôt stupide de l'imaginer aussi bondée et animée que toutes celles que j'avais connues. Il faut dire que je ne m'aventurais que très rarement dans les bourgs de cette taille et jamais en Péninsule. Je restais donc sagement dans mon coin, un peu gênée d'être à l'origine, même indirectement, de l'embarras du pauvre tenancier qui ne savait visiblement plus où se mettre. Évidemment que ce pauvre bougre ne voulait pas d'une étrangère sous son toit, cela se voyait comme la barbe d'un nain au milieu de la figure. Malheureusement pour l'homme, sa châtelaine ne lui laissa guère la possibilité de refuser ma présence…


Mais… quel était ce mystère caché derrière ces "ce que vous savez", au juste ? Voilà qui éveillait bien trop ma curiosité pour ressentir de la culpabilité quant à ce forcing. Et puis… Un château complet c'était assez rare, non ? À moins que la dame ne veuille pas s'encombrer davantage de ma présence… Non, cela ne pouvait être ça puisque la noble m'invita ensuite à me joindre à elle autour d'une table.

Ma curiosité ainsi que ma reconnaissance envers cette jeune demoiselle me poussèrent bien évidemment à la rejoindre. Je pris donc place face à elle non sans lancer un regard à l'aubergiste qui ne semblait vraiment pas dans son assiette.

- Des nouvelles de Thaar, répétais-je comme pour m'assurer de l'avoir bien entendu. J'en ai quelques-unes, bien-sûr, mais je crains fort que ce ne soient pas celles que vous désirez entendre.

Elle parlait des épices et des fruits que l'on trouvait un peu partout dans les coins réservés aux plus fortunés. Des choses que les gens comme moi ne pouvaient se payer sauf si les épices en question étaient contaminées par quelques moisissures ou vermines et que les fruits n'étaient point assez beaux pour être vendus… Et encore, il fallait généralement les voler. En tous cas, sa question eut le mérite de m'apprendre que la dame s'y était probablement déjà rendue.

- De quand date votre dernière expédition en terre vaani? lui demandais-je en souriant tandis que l'aubergiste vint déposer un pichet de… quelque chose ainsi que deux gobelets bien propres. Il semble que la cité des cinq sens vous a laissé de bons souvenirs.

Ce qui n'était point mon cas, mais je gardais bien évidemment cela pour moi.

- Pardonnez ma curiosité, dame, mais de quoi parliez-vous avec l'aubergiste tout à l'heure à propos de "ce que vous savez" ? Auriez-vous des problèmes par ici ?

Je ne l'avais pas encore remercié pour son aide, même si je ne lui avais rien demandé… Mais quand même, je me retrouvais avec une dette que je comptais bien honorer d'une manière ou d'une autre.

- Vous m'avez aidé, dame de Fernel, aussi j'aimerai sincèrement vous rendre la pareille. Donc si je peux vous être utile, n'hésitez pas.

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MessageSujet: Re: [Fernel] Toujours une question de gravité (Louise)   [Fernel] Toujours une question de gravité (Louise) I_icon_minitimeLun 8 Mar 2021 - 9:06


- Qui vous dit que je ne désire pas tout savoir ?

Un sourire espiègle.

- La ville est grande, elle est pourvue de tant de quartiers et de rues toutes dédiées à des activités différentes. Je n’ai pas eu le plaisir la visiter autant que je le voudrais mais ne croyez pas que je sois restée dans le cadre oisif et luxueux des Soieries…J’ai particulièrement apprécié l’ambiance chaude et vivante des rues populaires, figurez-vous.

Si on excepte le fait, bien sûr, que des Drows circulent librement là-bas. Elle regarde l’aubergiste déposer des boissons sur la table et le retient.

- Préparez donc à manger en conséquence pour le repas de ce soir, voulez-vous ?

L’aubergiste s’éloigne. Elle va le payer, a-t-elle dit, alors il n’a aucune raison de rouspéter. Il s’en va, on entend déjà le bruit de la marmite qui cogne contre la crémaillère et le bruit sec des couteaux qui s’abattent sur des planches de bois afin de couper des aliments. Louise reporte son attention sur la nouvelle venue, amusée.

- Dans le Nord, les gens sont méfiants. Vous avez de la chance, vous êtes au Havre des chevaux, et j’ai moi-même demandé à ce que l’on soit aimable avec tout le monde. On vous regarde. On vous juge sans doute, tout comme vous le faites aussi en songeant que je n’ai probablement jamais fait autre chose que ce que me dictaient la bienséance et l’éducation donnée par mes parents.

Louise prend la bouteille et remplit le verre de la jeune femme avant de le pousser vers elle.

- Une châtelaine du Nord à Thaar, après tout, ça fait sens. Je vous comprends. Le raccourci est facile à prendre et pourtant, j’aime cette ville de soleil et d’épices, même si elle est infiniment dangereuse. Je suis restée là bas quelques temps, je suis rentrée à Fernel il y a de cela sept ennéades.

Elle remplit son propre verre et le lève avant de boire une gorgée. Du vin aux épices, un vin doux et parfumé, vraiment très très bon.

- J’ai d’excellents souvenirs de mon séjour. D’autres le sont moins mais je ne veux pas les évoquer. Je voudrais juste entendre Thaar de la bouche de quelqu’un qui en vient.

Alors certes Dante est toujours là, à Fernel, mais c’est plutôt agréable d’avoir un autre avis de temps en temps.

- Quant à ces problèmes que vous évoquez, vous ne pouvez malheureusement pas y faire grand-chose.

Louise inspire profondément et regarde la porte. Oui, il faut bien sûr les avertir du danger qu’il y a à dormir en dehors de la sécurité des remparts. La châtelaine joue avec son gobelet et fait tourner le vin dans le fond de celui-ci, le front plissé.

- Des Drows ont été signalés non loin d’ici. Voilà pourquoi mon bourg est en état d’alerte et c’est la raison pour laquelle je refuse que quiconque passe une nuit là-dehors. Personne ne mérite de tomber entre leurs griffes.

Elle boit une seconde gorgée et reprend, avec un sourire.

- Mon château est rempli de dignitaires et de visiteurs importants. Et ils sont tous coincés ici pour leur propre sécurité. Tant que je n’ai pas la certitude que ces choses sont loin d’ici, les ordres sont clairs. Toute sortie nocturne est très vivement déconseillée…Si vous avez déjà eu le déplaisir de les rencontrer, j'imagine que vous comprenez pourquoi toutes les précautions sont prises, n'est-ce pas...
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MessageSujet: Re: [Fernel] Toujours une question de gravité (Louise)   [Fernel] Toujours une question de gravité (Louise) I_icon_minitimeLun 8 Mar 2021 - 13:44






"C'est qu'elle est taquine, la nobliôte", me dis-je intérieurement en entendant sa réponse. À mes yeux, personne ne voulait réellement "tout" savoir sur tout. Certaines choses sont moins intéressantes que d'autres. Après tout, je me fichais éperdument de savoir ce que l'aubergiste avait mangé au petit-déjeuner. Je ne me préoccupais pas plus de connaître la provenance du liquide qu'il servait à ses clients ou si la paille de ses matelas avait été changée récemment. Alors à sa réponse espiègle, je répondis :


- Soit ! Et bien figurez-vous que Yentya, la femme du marchand d'étoffe de la rue des Myrthes a remplacé une bonne partie de sa marchandise par du sable… Certains pensent qu'il s'agit d'une blague… mais cela n'explique pas pourquoi l'épouse a quitté la ville précipitamment par la suite, avant même que son mari ne se rende compte de ses méfaits… Oh, et il paraîtrait aussi qu'une nouvelle danseuse a été embauchée à la Salamandre, sauf que, contrairement aux autres filles, elle ne se contenterait pas que de danser devant les clients pour les satisfaire...

Voilà les nouvelles que je pouvais transmettre à la belle châtelaine. Rien de bien intéressant, soit, seulement quelques racontars entendus dans une taverne de la cité des cinq sens. Mais elle avait raison, la ville était en effet très grande et bientôt soigneusement compartimentée, histoire de ne point déranger les nobles et les bourgeois avec la présence grouillante des petites gens. Elle disait avoir apprécié l'ambiance "chaude et vivante" des quartiers populaires. Cela ne m'étonnait guère puisque comme tout visiteur, la jeune Louise avait dû observer le tout avec un regard certes curieux, mais également éblouit par l'idée de l'exotisme. À ces mots, et parce que j'avais besoin d'illustrer mes propos, je sortis une pièce de ma bourse pour la placer sur la table, côté face.

- Il y a une chose importante à ne pas oublier, ma dame. Thaar est une grande ville et comme toutes les grandes cités de ce monde, elle est semblable à cette pièce. Voyez-vous, elle a deux facettes… L'avers vous montre ce qui est beau, "vivant" et "chaleureux", comme vous l'avez souligné. Le revers, en revanche, c'est tout ce que vos yeux ne pourraient voir et qui, pourtant, se trame tout autour de vous sans que vous ne vous en rendiez compte. Vous n'avez vu que l'évident tandis que j'ai pu voir ce qui est invisible… Il suffit d'un seul coup d'œil pour que vous preniez conscience de la réalité… Dès lors, aucun retour en arrière n'est possible. Sans parler du danger , dont heureusement vous avez conscience, Thaar ne vous apparaîtra plus que comme une ville sale, malade ou simplement dérangée. Je n'aime pas cette ville, elle est malsaine et je ne pense pas que ce que j'ai à vous en dire vous intéresse réellement . Cela ne ferait que ternir définitivement l'image que vous vous en êtes fait.

Songeant que la comparaison de la pièce était tout à fait valable pour les gens et leurs gentils secrets, je ne pus me retenir de sourire. Mais le rictus que j'affichais alors n'avait rien de rieur ou d'amusé. Il était clairement amer… Néanmoins, ne voulant point m'enfoncer dans cette conversation dérangeante, je pris grand soin de me concentrer sur ce que la châtelaine avait à m'apprendre.

- L'on ne peut empêcher les gens de penser, et tant mieux d'ailleurs. Qu'ils pensent ce qu'ils veulent, qu'ils se méfient s'ils le souhaitent. C'est à moi de leur prouver ma bonne foi et non l'inverse, affirmais-je en toute honnêteté, consciente que ce ne serait pas une tâche aisée. Je ne me permettrais pas de vous juger, dame. Je ne vous connais pas. Puis il paraît que pour juger les autres, il faut être meilleurs qu'eux… et je ne me pense pas mieux que les autres donc...

J'observais, en revanche, beaucoup. La dame de Fernel pouvait sans nul doute paraître douce et charitable, au premier abord, cela ne garantissait pourtant rien. Il me fallait bien plus que ces quelques démonstrations pour me faire une idée bien plus claire sur sa personnalité.

- Sans vous juger, je pense surtout que dans votre position, il est important de vous préoccuper de l'image que vous renvoyez aux autres et que, de mon point de vue, ce doit être harassant, ajoutais-je avant de m'emparer du gobelet qu'elle venait de remplir pour moi. Je le levais dans sa direction, en signe de respect, mais je la reposais aussitôt, attendant que la belle boive en premier.

Si les gens du Nord étaient méfiants, je l'étais tout autant… et j'avais vu suffisamment de gens mourir d'empoisonnement pour ne pas me jeter bêtement sur une boisson lorsque celle-ci m'était offerte. Je le faisais instinctivement, ce n'était même pas volontaire…

- Qu'est-ce que c'est que ce truc? m'exclamais-je malgré moi après avoir goûté à cette boisson inconnue. Pardon, c'était impoli… Mais le goût m'a surpris… Serait-ce des épices dans ce vin ?

Était-ce vraiment du vin, d'ailleurs ? Cela ressemblait un peu aux remèdes contre l'impuissance vendus par un charlatan de ma connaissance. J'y avais goûté, oui, puisqu'il le vendait également pour soulager la migraine...

Bref…

La dame de Fernel finit par m'exposer les fameux problèmes qu'il me semblait avoir décelés dans le coin. Elle me parla alors des Drows que l'on aurait aperçu non loin de ses terres. Je supposais donc qu'il ne pouvait s'agir que des Sombres venus du Puy d'Elda puisque, d'après ce que j'avais entendu dire, ils étaient les ennemis héréditaires des humains… Quand on connaît un tant soit peu l'histoire, on peut comprendre pourquoi ceux-ci en veulent autant aux descendants de leurs agresseurs, même si, depuis le temps, il y a prescription.

- Ils ont juste été vus par ici ou vous ont-ils causé du tort ? lui demandais-je sincèrement intéressée. Les longues oreilles que j'ai pu rencontrer en Ithri-Vaan ne sont pas les mêmes que ceux-ci… Enfin, physiquement si, puis ce ne sont pas des gens très honnêtes, mais ils ont leurs raisons d'agir comme ils le font, même si cela ne les excuse pas pour autant… Mais, combien étaient-ils ? Qu'avez-vous mis en place mis à part ce confinement nocturne ? Avez-vous envoyé des éclaireurs ? Des émissaires peut-être ? S'ils sont là, c'est bien pour une raison, non ?

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Dernière édition par Alyah le Mer 17 Mar 2021 - 9:55, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: [Fernel] Toujours une question de gravité (Louise)   [Fernel] Toujours une question de gravité (Louise) I_icon_minitimeJeu 11 Mar 2021 - 13:34


Cela peut paraître totalement absurde et débile mais oui, c’est précisément ces petits faits, ces petits riens, ces petites histoires de rien du tout qui font le charme de Thaar, cette ville qui hante ses souvenirs. Les gestes du quotidien, les mouvements des gens, les petites nouveautés, tout ce qui peut paraître insignifiant aux yeux de tous et qui pourtant est si pittoresque à ses yeux, voilà ce qui lui plaît. Louise a envie d’y retourner bien sûr, terriblement même, et pourtant elle sait que cela ne sera pas possible, pas dans le contexte actuel tout entier dédié à cette Drow de malheur venue se perdre dans le Nord à la recherche d’objets perdus. Le climat est plutôt à la prudence donc se rendre à Thaar n’est pas du tout à l’ordre du jour. Et elle le regrette bien.

Louise écoute, impassible, jouant de ses petits doigts sur le verre déposé là. Et soudain un rictus, oscillant entre sarcasme et amertume.

- Qui vous dit que je n’ai pas vu cette part invisible de la ville justement ?

Si elle savait…La châtelaine prend une large gorgée de vin épicé, avant de poser son verre sur la table et de croiser ses doigts, le regard directement posé sur la nouvelle venue. Bien sûr, elle a vu le mauvais côté de cette ville. S’il y a quelque chose qui caractérise Louise, c’est la curiosité et ce défaut marqué l’a mise dans les ennuis, à Thaar. Cela ne l’empêche pas pour autant de l’apprécier et d’adorer en entendre parler. Mais soit, elle ne s’étendra pas sur le sujet, ce n’est après tout pas les affaires de cette inconnue qui ajoute, avec raison, que la châtelaine a bien des raisons de se soucier de ce que peuvent penser les gens.

- Cela ne l’est pas tant, en réalité. Je pense que je n’ai pas à rougir de cette image que je renvoie. Je suis ce que je suis et les gens composent avec cela. Alors certes, ce n’est pas une image conventionnelle mais…je prône l’ouverture au monde. Or, on ne peut attendre des gens qu’ils changent s’ils n’ont pas un exemple sous les yeux. Je tâche d’être cet exemple. Le fait de vous inviter à ma table en est un.

La jeune femme sourit. C’est en effet un acte rarement posé dans les seigneuries du Nord, c’est une certitude.

- Cela ne fait pas de moins quelqu’un d’exceptionnel, mais ça fait de moi quelqu’un qui a l’esprit ouvert. Tout autant que le sont mes yeux.

Elle a un petit rire en voyant Alyah s’interroger sur le vin et répond, amusée :

- En effet, ce sont des épices. Ça a le mérite de donner un peu de saveur à un vin qui est fort âcre, et cela l’adoucit considérablement. C’est très bon, surtout en été.

Louise a un regard pour la grande silhouette de Lasgalen qui s’agite à l’entrée, pensive, avant de reprendre, en parlant des incidents qui ont secoué la seigneurie :

- Ne vous fiez pas à un Drow. Jamais. Demandez son avis à n’importe qui dans la région, et vous saurez alors que ces créatures ne sont que des monstres. Rien de plus, rien de moins. Quant à ce qui concerne Fernel, cela ne vous regarde pas tellement. Sachez juste que vous n’êtes pas en sécurité dehors. Si nous sommes assez épargnés par les bandits, les gobelins, eux, ne sont jamais bien loin tout autant que les loups. Je vous déconseille d’ailleurs de les approcher ou de leur faire du mal. Les loups sont protégés ici.

Et la sentence pour leur avoir fait du mal est particulièrement déplaisante. Autant éviter, si possible, de s’en prendre à eux, à Fernel.

- Voilà pourquoi je demande à ce que chacun ait un toit au dessus de sa tête et soit bien traité en mes murs. Ici vous ne risquez rien. Dehors…C’est une autre histoire.

Louise regarde la porte avec un sourire.

- Où sont vos compagnons ?

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MessageSujet: Re: [Fernel] Toujours une question de gravité (Louise)   [Fernel] Toujours une question de gravité (Louise) I_icon_minitimeMer 17 Mar 2021 - 10:40

- Voir et vivre sont deux choses bien différentes, ma dame. Par exemple, j'ai vu votre château, mais je ne saurais dire comment on y vit à l'intérieur. Je ne sais pas non plus ce que c'est que d'être dans votre position ou ce que cela vous évoque. Néanmoins, ce que j'en ai vu, même de loin et de l'extérieur, est assez plaisant pour me donner l'envie de l'admirer davantage.

Je déclarais tout ceci avec le sourire, même si mon regard mélancolique ne pouvait être que parfaitement perceptible. Je ne savais pas ce que cette femme avait vu de Thaar et encore moins ce qu'elle y avait fait, mais je voulais lui faire comprendre le plus respectueusement possible qu'il m'était difficile d'évoquer cette cité qui avait su éveiller son intérêt et mon dégoût aussi profond qu'il en est immuable.

Heureusement, la dame de Fernel n'insista pas sur le sujet. Elle me parla brièvement de sa vision du monde et ce que les autres pouvaient penser d'elle. La belle m'expliqua alors que pour permettre à son peuple de s'ouvrir aux autres elle se devait de montrer l'exemple. En soi, je comprenais tout à fait son point de vue, d'autant plus qu'elle avait la position idéale pour cela… Néanmoins, sa place, justement, pouvait la lettre en mauvaise posture si, d'aventure, certains n'étaient point disposés à adopter son point de vue idyllique. Malgré tout, sur ce sujet là, je ne me permis aucune remarque, me jugeant fort mal placée pour cela.

Même si elle ne se considérait pas comme exceptionnelle, je n'étais nullement de son avis. Peu de gens éprouvaient ce désir de s'ouvrir ainsi à l'étranger… Certain le laissait croire tout en pensant autre chose. Alors, si cette femme faisait partie des exceptions, elle ne pouvait être qu'exceptionnelle… Du moins, en se fiant à la définition du mot, car, ne la connaissant pas, je ne pouvais nullement me faire un avis objectif de sa personne. Et dans sa position, je doutais fort d'en avoir l'occasion. On ne mélange pas les torchons et les serviettes, n'est-ce pas.

Nous parlâmes ensuite du vin, puisque c'en était. Même si son goût si étrange m'évoquait bien d'autres boissons plus ou moins impropres à la consommation. Ma question à ce sujet eut le mérite d'arracher un rire bref mais sincère à mon hôte. Sur l'instant, je me sentais comme une enfant qui venait de découvrir une chose nouvelle de la manière la plus maladroite qu'il soit… Au fond, mis à part l'âge, c'était bel et bien le cas et, ce constat me fit alors brutalement réaliser à quel point je me trouvais loin de chez moi. Et cette sensation fort déroutante, pour ne pas dire désagréable, ne fit que s'amplifier qu'à mesure où la discussion avançait.

Je ne savais pas grand-chose des Drows du Puy. Je n'en avais jamais rencontré auparavant. Aussi, il m'était impossible de me faire ma propre opinion sur le sujet. J'écoutais donc avec attention les propos de la dame qui disait vouloir s'ouvrir au monde mais visiblement pas à tout le monde. Point de jugement de ma part. Cette femme, contrairement à moi, avait eu largement le temps et suffisamment de raisons pour développer un avis impartial. Qu'elle ait raison ou tort, ce n'était pas mon problème, d'autant plus que j'étais toujours aussi mal placée pour m'étendre sur le sujet. D'ailleurs, lorsque je me permis l'audace de poser quelques questions pour en apprendre plus, la belle me rappela rapidement à l'ordre : cela ne me regardait pas.

Soit, je ravalais rapidement ma langue et mes questions tout en reprenant position sur mon postérieur d'étrangère.

- J'en prends bonne note, rétorquais-je d'un ton neutre avant que la châtelaine ne me demande où se trouvaient mes compagnons. A dire vrai, je n'en ai pas la moindre idée. Je ne faisais que les accompagner. Ils se sont montrés très généreux envers l'humble voyageuse que je suis. Ils se trouvaient sur la place lorsque j'ai quitté le village pour explorer les alentours. Je voulais observer les Monts d'Or. Je vous ai rencontré et ne les ai plus revus depuis. Peut-être que l'aubergiste en sait plus… Il est vrai que cette absence est étonnante… J'espère qu'ils vont bien.

Où pouvaient-ils bien se trouver ? Voilà que l'inquiétude vint m'assaillir… Ils ne seraient pas partis sans moi, n'est-ce pas ? Non, impossible, la dame elle-même avait dit qu'il leur serait difficile de trouver une nouvelle escorte.

- Excusez-moi, interpellais-je poliment le tenancier. Sauriez-vous où les Balandrins se trouvent?

-Erdwurth était encore là il y a une heure, à peu prêt. Il discutait avec un autre étranger. Il me semble que sa femme et ses gosses se sont rendus chez sa mère, mais je n'en sais pas plus.

- Merci bien, répondis-je en baissant la tête avant de me retourner vers la châtelaine. Avec un peu de chance, Erdwurth aura trouvé une solution.  
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MessageSujet: Re: [Fernel] Toujours une question de gravité (Louise)   [Fernel] Toujours une question de gravité (Louise) I_icon_minitimeDim 21 Mar 2021 - 16:43


La nostalgie de Thaar s’empare d’elle avec force. Le soleil. Les épices. Les regards de velours. Ces accents magnifiques et ces tissus incomparables…Un soupir s’exhale de la poitrine de la jeune châtelaine qui écoute la voyageuse sans dire un seul mot. Elle aime le Duché, évidemment, elle aime Fernel et ses gens mais elle a un lien particulier avec Thaar, un lien qu’elle ne parvient pas tellement à s’expliquer. Tout de suite elle a aimé cette ville, malgré la chaleur, malgré la poussière, malgré la rencontre dans la ruelle. Peut-être est-ce cet air de liberté qui envahit les rues…Peut-être bien que là-bas elle est Louise et pas châtelaine. Peut-être bien que c’est pour cela qu’elle se languit de cette atmosphère si douce…Quoiqu’il en soit, elle revient à son interlocutrice qui s’inquiète légitimement de la disparition de ces personnes qui voyageaient avec elle.

L’aubergiste semble donner des indications qui ne rassurent pas pour autant la voyageuse, des indications qu’écoute la châtelaine, sans interrompre.

- Peut-être.

Elle repousse son verre et réfléchit un instant avant de parler et de proposer quelque chose.

- Sachez que sous peu je dois me rendre avec une escorte et un charriot vers Arétria. Nous traverserons le Duché et nous nous arrêterons non loin de Serramire, la capitale.

Le sourire de Louise est bien là, comme pour rassurer Alyah dans une démarche quelque peu difficile.

- Rien ne vous empêche de nous accompagner, vous seule ou vos compagnons également. Cela aura au moins le mérite de vous mener au moins jusqu’à Serramire en compagnie d’hommes et de femmes armés. Plus nous sommes nombreux et moins les bandits sont entreprenants, après tout et ils hésitent toujours à s’en prendre à des personnes à cheval et portant des épées.

Voilà qui est proposé. Alyah peut donc rester ici, partir seule ou accompagnée de Louise au moins sur quelques jours de voyage. C’est à elle de voir ce qui lui convient ou non. Louise se lève et replace ses habits correctement.

- Il n’y a rien à craindre sur les routes de Fernel, par contre rien n’est moins vrai en dehors de ma seigneurie. Les dangers ne manquent pas et si vous devez voyager j’imagine qu’il sera plus apaisant pour vous de savoir qu’il existe une protection.

Louise replace une mèche de cheveux derrière ses oreilles et dit enfin :

- Ma proposition est là, à vous de voir si elle vous intéresse. Nous partirons à la première ennéade du prochain mois, c’est donc dans quelques jours. Profitez-en pour vous reposer, si vous le pouvez. Je dois désormais vous laisser, des obligations m’attendent au château. Avez-vous besoin d’autres choses ? Si c’est le cas, n’hésitez pas à demander à l’aubergiste…Il saura quoi faire.

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MessageSujet: Re: [Fernel] Toujours une question de gravité (Louise)   [Fernel] Toujours une question de gravité (Louise) I_icon_minitimeMar 23 Mar 2021 - 10:29

Même si je veillais à ne rien laisser paraître, je ressentais une certaine inquiétude envers Erdwurth et sa famille. C'était un homme bon, probablement bien trop pour son propre bien. Il accordait sa confiance aussi facilement qu'un barde accorde son instrument. Cela faisait de lui un être aisément manipulable et les profiteurs de ce monde, pour peu qu'ils soient suffisamment malins ne rencontreraient aucune difficulté pour lui tourner la tête. Pour preuve, celui-ci venait de se faire dépouiller bêtement par les personnes censées le protéger lui, les siens et leurs marchandises. S'il avait évoqué cet épisode avec une autre personne tout aussi malhonnête que ceux de son escorte alors cela ne laissait rien présager de bon pour la suite. Néanmoins, n'ayant pas plus d'informations que celles données par l'aubergiste, il était probablement encore trop tôt pour se lancer dans pareilles hypothèses si peu réjouissantes.

Mais, visiblement, je n'étais point parvenue à paraître impassible ou au moins suffisamment neutre pour ne pas éveiller l'attention de la châtelaine. Celle-ci se montra une nouvelle fois extrêmement charitable en proposant son aide. Comme je regrettais l'absence du marchand, l'imaginant sautiller sur sa chaise en entendant la proposition de la jeune dame. Comme j'espérais que ce dernier ne se soit pas mis en mauvaise posture…

- C'est une bien belle proposition que vous nous faites, ma dame. Je ne manquerai pas de l'exposer aux Balandrins. Je ne doute pas de leur reconnaissance et soyez sûre de la mienne.

La voyant se lever en rajustant sa robe, je l'imitais aussitôt, me redressant à mon tour avant de m'incliner légèrement afin de marquer mon respect.

- Je vous remercie une nouvelle fois, dame de Fernel. Je n'oublierai jamais votre soutien. J'espère pouvoir vous aider un jour, à mon tour, même si je préférerais que vous n'en ayez jamais besoin.

La dame partie, je me retrouvais seule au milieu d'une auberge pleine d'inconnus qui me lançaient quelques regards inquiets ou simplement curieux. Je m'inclinais également devant eux, simplement pour leur montrer qu'ils n'avaient strictement rien à craindre de moi.

- Bien, comment pourrais-je me rendre utile ? Roh et arrêtez de me regarder comme ça. Premièrement, je suis moins épaisse que vous, ensuite vous êtes plus nombreux et autant vous dire qu'à mes yeux c'est vous qui êtes différents. Pourtant je ne vous observe pas comme si vous pouviez me mordre à tout instant… Et vous le pourriez aisément, puisque vous êtes plus nombreux et plus imposant que moi… Quelle chance aurais-je de pouvoir me défendre face à vous. Regardez, je suis une brindille à côté... dis-je avec humour en agitant mes bras comme s'il s'agissait de tiges de fleurs animées par le vent.

Mon petit numéro, même s'il ne fut guère glorieux, eut au moins le mérite de les faire rire assez pour leur donner l'envie d'en apprendre plus sur moi et sur l'endroit d'où une telle créature aussi étrange que moi pouvait provenir. Je passais une partie de l'après-midi assise au comptoir en compagnie de ses hommes. J'espérais qu'Erdwurth repasse par l'auberge mais lorsque le soleil commença à décliner derrière les Monts D'or, je compris qu'il ne le ferait pas… Et, malheureusement, ce ne fut qu'au lendemain matin que j'appris que celui-ci, ainsi que quelques membres de sa caravane avaient quitté Fernel. Sa femme et ses enfants, quant à eux, restaient ici, pour leur sécurité. Je ne comprenais pas pourquoi il m'avait laissé ici, même si son épouse affirmait qu'il n'avait point voulu me mettre de nouveau en danger… Néanmoins, je ne pus que me sentir abandonnée, même si, heureusement pour moi, la dame de Fernel m'avait offert l'opportunité de me joindre à elle pour son futur voyage.

En attendant le jour du départ, je décidais de prêter main forte à l'aubergiste et sa femme afin de m'acquitter d'une dette que je n'avais nullement les moyens d'honorer. Je donnais également un coup de main par ci ou par là quand je voyais qu'une personne avait besoin d'aide sans pour autant oser le demander. Contre toute attente, je m'amusais beaucoup en leur compagnie. Celle de ces nordistes si froids aux premiers abords mais qui ne tardèrent pas à s'ouvrir un peu devant moi en m'offrant quelques sourires ou quelques paroles amicales. Je commençais même à les apprécier, les tenanciers qui m'ont si gentiment accueillis dans leur cuisine, comme le reste des habitants de ce petit village de montagne...Ce qui signifiait, d'ailleurs, qu'il était grand temps pour moi de quitter les lieux.
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