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 Aux racines des tourments.

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Gwilithiel d'Orodriss
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MessageSujet: Aux racines des tourments.   Aux racines des tourments. I_icon_minitimeVen 30 Avr 2021 - 17:51

Verimios de l'An 18:XI ~ Été
Troisième ennéade.


Elle qui naquit d’une volonté innocemment bien intentionnée, elle qui grandit dans le sang des anedhels, elle qui fut forgée dans la misère de la violence et bâtie sur la défiance, elle s’étendait là, devant eux et sous leurs yeux. Sa majesté primale entachée par son histoire bercée par une ignoble brutalité se dévoilait au premier regard. Eteniril, berceau d’une culture militaire délétère, ayant cristallisé bien des tensions, avait pourtant réussi le véritable tour de force de les apaiser.

Ce fut après une trop courte nuit que le groupuscule hétéroclite approchait l’entrée de l’antique cité. Leurs traits tirés témoignaient de leurs efforts, et Gwilithiel, qui par on ne sait quel miracle avait réussi à somnoler sur l’épaule du commandant presque toute la matinée, avait sauté du mathandil pour se précipiter aux devants des gardes de la cité. Gardes qui, évidemment, s’interposèrent sans hésitation aucune.

- Halte-là. Intervint l’un des soldats lui barrant la route. Les étrangers doivent nous remettre leurs armes avant d’entrer dans la cité. Seuls les militaires, les élèves accompagnés de leur mentor et les einioers sont autorisés à porter leurs armes entre nos murs.

- Me voilà bien embêtée, car de mon arc, je ne peux me séparer. N’y aurait-il pas un moy…

- Aucune exception.

- Laissez-moi y penser… Et vous proposer une idée ! S’exclama l’aegedhelle en se fendant d’un sourire. Imaginons qu’un gradé lëandrin se présente à l’entrée de votre magnifique cité, lui demanderiez-vous de déposer ses armes sans hésiter ?

Les soldats etenirilis firent silence un instant, et lorsque leurs regards se croisèrent, ils ne purent s’empêcher de laisser échapper un rire amusé. Cette petite elfe aux allures citadines déclenchait pour sûr une hilarité certaine chez eux, cependant nulle considération quant à sa demande. Car de tout temps, la loi fait force, et ceux-là n’accomplissaient que leur devoir.

- Effectivement, je ne suis pas ce soldat, cependant... Permettez-moi de vous le présenter. L’aegedhelle pivota sur ses talons et tendit les bras en direction d’Aegden. Vous pourriez sans doute en discuter avec votre estimé camarade de l’armée.

Leurs regards passèrent au-dessus de Gwilithiel, reconnaissant leurs compagnons etenirilis, ils ne purent manquer celui qui n’était autre que le Commandant des armées royales. Leurs sourires s’effacèrent dans l’instant, et tous deux accordèrent à Aegden un salut dignement mérité.
Gwilithiel s’éloigna des soldats, approchant de son comparse à pas de loup comme si personne ne le voyait, elle vint chuchoter, alors sur la pointe des pieds, à l’oreille du Commandant. Elle demandait expressément à ne pas être séparée de son arme et lui confia compter sur lui pour cela.

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Aegden Orian
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MessageSujet: Re: Aux racines des tourments.   Aux racines des tourments. I_icon_minitimeVen 30 Avr 2021 - 21:25


Aegden avait sursauté lorsque sa compagne de voyage avait glissé de leur monture. Il la croyait encore endormie contre son épaule. Le mathandil agita d’ailleurs la tête et coucha ses oreilles, incommodé par ce brusque geste et le Mainyth posa une main rassurante dans son cou. En tout cas il ne fit pas mine d’accélérer lorsqu’elle se précipitât au-devant des gardes. Il savait d’ores et déjà ce qui allait advenir. Et évidement ça ne manqua pas.

Il ne put empêcher une petite moue mi-figue mi-raisin devant la scène pas étonné par la réaction de la milice, ni celle de la noss. Un elfe d’arme aimait rarement se séparer de son moyen de défense au même titre qu’un mage et son focaliseur. Le commandant devait bien avouer que ce ne lui déplaisait pas de pouvoir se passer de ce genre de contrôle...

Tandis qu'il descendait de selle, il s’empêcha  tout de même d’hausser les yeux au ciel lorsque Gwilithiel se servit de son statut millitaire pour obtenir une petite faveur. Il n’avait pas envie de se mettre les éténirilis à dos pour la lubie de l’anedhelle…

Avec la même déférence que les soldats, il frappa sont poing fermé contre son torse avant qu’elle ne vienne lui souffler quelques mots à l’oreille. Quelques peut perplexe quant à sa requête il la toisa tout de même une seconde en silence. Elle lui demandait de faire jouer son rang pour passer aux delà des règles de la cité dans laquelle ils étaient accueillis. Vraiment ? Les lois étaient les lois, il ne s'agissait pas d'un jeu auquel on se soustrayait à l'envie...

Il sembla hésiter l’espace d’un instant avant de claquer sa langue et de relever les yeux vers les soldats. Soit, il l’aiderait à garder son fichu arc puisqu’elle y tenait au point d’en faire un caprice…

-Repos soldats. Je me porte garant d’Heri Gwilithiel. Elle est là pour aider. Aegden lança un regard vers les quatre soldats qui mettaient eux aussi pied à terre. Vous quatre allez-vous reposer un peu, la journée d’hier a été longue.

Quand à Gwilithiel, elle resterait avec lui si elle voulait garder son arc. Se retrouver avec un incident diplomatique à peine tournerait-il le dos était bien la dernière chose qu'il souhaitait et l'étrange elfe avait visiblement le don de s'attirer tout un tas d'ennuis. Son attention se reportât finalement sur les gardes qui avaient effectivement baissé leurs armes, non sans un dernier regard en biais à l’étrangère.

-J’aimerais parler à votre protecteur. Où ses conseillers si Telenwë avait encore décidé de partir gambader ils ne savaient où… C’est urgent.

Assez pour qu’il ne s’embarrasse ni de politesse ni d’explication superflues en tout cas.
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Gwilithiel d'Orodriss
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MessageSujet: Re: Aux racines des tourments.   Aux racines des tourments. I_icon_minitimeMer 5 Mai 2021 - 0:09




Le sérieux eut tôt fait de s’immiscer entre les traits amusés de l’un et l’autre soldat, si bien qu’ils ne tardèrent pas plus afin d’annoncer, non sans un malaise certain, l’absence du Protecteur. Lui qui avait pour habitude de disparaître de longues ennéades, afin de marcher aux côtés de certains des clans de la région, n’avait, depuis quelque temps déjà, pas refait surface.
Gwilithiel, se tenant désormais derrière le Commandant, fut déjà happée par l’architecture de la cité. Ces deux gardes déjà oubliés et remisés aux tréfonds de ses pensées, son regard sautait d’une bâtisse à l’autre. Ces pierres s’émancipaient des forêts, quand les racines tortueuses courant contre ces dernières se faisaient le rappel flagrant passé rattrapant le présent.

- Toi, ordonna le soldat à un autre alors sur le retour de sa patrouille, remplace-moi un instant. Mainyth, je vous prie de me suivre.

Et ainsi s’enfoncèrent-ils dans Eteniril, battant le pavé froid, sous les regards des autochtones bien affairés en cette journée d’été. Certains s’adonnaient, en compagnie de tout un groupe d’enfants, à la confection de petites décorations faites de branchages et de plumes, quand d’autres s’occupaient à tisser de longs drapés colorés, et à l’approche du palais, impossible de manquer les préparatifs de l’endroit où se tiendrait la grande cérémonie annuelle. L’aegedhelle se contentait de marcher dans les pas de celui s’étant porté responsable de sa conduite, bien qu’elle mourrût d’envie d’aller butiner de groupuscules en attroupements afin de satisfaire une curiosité piquée au vif.

- Si vous voulez bien m’attendre ici, avait commencé le soldat en désignant un banc libre à peine entré dans le palais, je vais aller cher…

- Ne vous tracassez pas. Je vais prendre le relais.

- Haut-Conseiller Nellion. S’interrompit le soldat en saluant l’elfe dans l’instant. Je retourne à mon poste. Mainyth. Sa voix semblant se perdre une brève seconde alors que son regard se posait sur Gwilithiel. Heri.

Le politique gratifia ses invités, d’un geste de la main, soulevant par là même les amples tissus savamment décorés, dénotant de l’époustouflante habileté de l’artisan à l’origine du vêtement. Son sourire, de lui aussi transparaissant une habileté certaine, celle du politicien, de l’elfe de paraître et de paroles.

- Heureux que mon message ait pu vous trouver si rapidement, Commandant. D’un pas lent et sûr, semblant appuyer en rythme ses propos, le haut-conseiller menait les étrangers au cœur du palais. À vos mines, je devine que lui nuit a été courte, ou que vos recherches n’ont pas été des plus fructueuses. Peut-être les deux ? Avait-il demandé en stoppant la marche le temps d’un regard inquisiteur vers l’arrière. Quoiqu’il en soit, je suis soulagé que le sujet ait été pris au sérieux des plus rapidement. Car la rumeur, elle se répand, lentement, mais sûrement. Et je crains qu’elle ne finisse amplifiée... Heureusement votre présence, Commandant, saura rassurer les etenirilis, j’en suis certain.

Nellion pénétra dans une salle tranchant nettement avec le reste du palais. D’or et de rouge, s’en dégageait une majesté rivalisant avec ce que le lëandrin avait connu dans sa cité natale. Le faste, presque trop présent, murmurait à ses visiteurs qu’ils se tenaient en un lieu des plus sacrés. Si bien que la bienséance aurait souhaité avoir été inculquée à l’étrange elfe dont la curiosité n’échappa en rien à leur hôte.

- Ne touchez pas à ça, je vous prie.

L’aegedhelle fit mine d’avoir reçu le message, dans un sourire, elle recula d’un pas, laissant malheureusement la distance se creuser entre elle et cet orbe trônant au centre de la pièce.

- Falaedhel, notre Capitaine des armées, fait tout son possible pour éviter que les esprits ne soient pervertis par de sombres pensées. Moi-même, je tente, avec certains de mes pairs, de freiner la méfiance grandissante qui agite le Haut-Conseil. Son regard sembla se perdre en direction des dalles de pierres sur lesquelles étaient gravés les noms de tous les protecteurs de la cité. Et quand bien même la situation faillit nous échapper par le passé, nous avons su en sortir plus fort et plus unis et nous maintenons une paix fragile entre noss et citadins depuis. Mais ces disparitions… Risque de mettre tous ces efforts en péril, et ce bien assez tôt.

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Aegden Orian
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MessageSujet: Re: Aux racines des tourments.   Aux racines des tourments. I_icon_minitimeMer 5 Mai 2021 - 10:41


- Je dois bien vous avouer les rumeurs potentielles et ce qui va avec me préoccupent aussi et que ça a joué dans la décision de me déplacer aussi rapidement.

Aegden se tenait un peu en retrait du conseiller, les mains sagement dans son dos et le regard se baladant dans la grande salle décorée de tout coté. Il n’avait jamais mis les pieds dans un tel décorum, encore moins loin de sa cité d’origine et il n’était pas certain d’y être à l’aise. Il n’en montrait rien cependant focalisé qu’il était sur la raison de sa présence.

-En revanche, je doute fortement de l’implication des ornedhels dans cette histoire si c'est de ça que vos frères ont peur. Aegden secoua la tête.  Ils ne sont au courant de rien et dans le cas contraire vous l’auriez su. L'inverse n’aurait pas de sens après tout ce qui s’est passé.

Le regard du soldat se porta à son tour sur l’étrange mur gravé. Il connaissait la légende qui l’entourait : on disait que les noms de chaque protecteur y étaient magiquement inscrits. De là où il se trouvait il ne pouvait pas les lire cependant, alors il s’approcha un peu de son interlocuteur.

-Parlez franchement Heru Nellion, qu’est-ce qui rend le Haut Conseil si méfiant ? Finit-il par demander.

Ses mains quittèrent son dos pour laisser ses bras se croiser contre son torse. Il fixa de nouveau son interlocuteur. Son visage n’avait pas changé d’expression. Comme devant des soldats ayant besoin d’un élan de calme au milieu d’une tempête, Aegden restait tout à fait neutre. Ses traits étaient certes quelque peu tirés par la fatigue des derniers jours passés à chevaucher mais il passait facilement outre.

-Et d'ailleurs...pourquoi avoir mis autant de temps à demander de l'aide ?

En revanche il avait la sensation que le conseiller ne lui avait pas tout dit et il souhaitait rétablir les choses rapidement. Il leur fallait jouer carte sur table et collaborer.
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Gwilithiel d'Orodriss
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MessageSujet: Re: Aux racines des tourments.   Aux racines des tourments. I_icon_minitimeMer 5 Mai 2021 - 12:35




- Commandant, reprit Nellion en apposant sa main contre l’épaule d’Aegden tout en se penchant vers lui et en baissant la voix, j'en doute aussi très fortement. Nous avons traversé des événements difficiles qui nous ont soudés, et malgré nos différends, je ne peux croire aujourd’hui que quiconque souhaiterait mettre à bas cet apaisement durement acquis.

Le visage du Haut-Conseiller ne se trouvait qu’à quelques centimètres à peine de celui du militaire, son regard s’enfonçait dans le sien comme les griffes d’un félin. Et pourtant, malgré son assurance, là tapie dans le fond de ses yeux, l’on pouvait déceler une inquiétude réelle et sincère. Un doute qui, l’espace d’une seconde empêcha tout son de franchir ses lèvres. Par un sourire discret, la confiance vint à nouveau s’emparer des traits de Nellion, chassant ses moroses idées.

- Le Haut-Conseil craint que la rumeur n’effraie les populations, qu’elles soient citadines ou noss. Nous craignons un délitement de nos relations, une résurgence de la violence. Vous savez comme moi qu’il ne suffira que de la plus petite des étincelles pour que ne s’embrase la forêt du plus ardent des feux. Si j’estime qu’il nous faut élucider ce mystère le plus rapidement possible, d’autres pensent qu’il est tout aussi prudent de se préparer au pire. Confia-t-il au lëandrin dans le creux de l’oreille, tandis que sa main droite passait dans les pans de sa tunique aux reflets bleutés. Et cela aurait de quoi inquiéter les noss, vous ne croyez pas ? Nous avons essayé tant bien que mal de régler ce problème le plus discrètement possible, sans succès.

L’etenirili fit un pas vers l’arrière, tapotant l’épaule du Commandant, tandis que devant les portes de la salle passaient deux elfes tout aussi bien joliment vêtus. Nellion, tirant enfin sa main des pans de sa tunique, saisit alors celle d’Aedgen dans un grand sourire. Une poignée de main forte, amicale et… Informative, car le politicien venait de passer à son interlocuteur un bout vélin plié et replié, encore et encore.

- Votre présence nous honore Commandant, les festivités sauront vous plaire je peux vous le garantir. Je vais dès à présent, si vous le voulez bien, rejoindre mes pairs. Nous avons beaucoup des choses à discuter à ce sujet, et bien d’autres encore. Conclut-il dans un rire presque trop prononcé alors qu’il saluait ses deux invités, avant de rejoindre au trot les deux elfes qui l’attendaient. Au plaisir !

Et ainsi, il disparut dans l’embrasure de grande porte menant à la Salle de l’Aube, saluant ses compères dans un grand geste et les invitant à continuer leur route ensemble. Gwilithiel, qui entre temps avait fait quatre fois le tour du piédestal sur lequel reposait l’orbe, s’approcha à pas de loup du soldat.

- Sympathique, bien que très politique. A-t-il parlé avec sincérité ? Demanda l’aegedhelle en approchant son camarade. Je dois bien avouer qu’ici, au cœur de la cité, je ne me sens d’aucune utilité, et je crains de ne pouvoir vous aider.

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Aegden Orian
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MessageSujet: Re: Aux racines des tourments.   Aux racines des tourments. I_icon_minitimeMer 5 Mai 2021 - 13:19


Il y avait des sous-entendus dans les paroles du politicien, Aegden les entendait et son visage s’assombrit. Son interlocuteur n’avait pas l’air à l’aise et le militaire n’eut qu’à sentir le morceau de vélin dans sa paume pour ne plus avoir de doute là-dessus.

Aegden n’insista pas lorsque deux autres elfes apparurent dans la salle, se contentant de garder en mémoire ses paroles. Avec déférence il inclina la tête dans sa direction puis lorsque les trois furent hors de vue, il poussa discrètement le message sous l’armure à son avant-bras et fit signe à Gwilithiel qu’ils n’avaient plus rien à faire ici.

-Que dirait-tu de prendre l’air hors des murs un instant dans ce cas Gwilithiel ? J’ai besoin de vérifier que Vailimo ne soit pas partit trop loin. Tient allons chercher Lynn au passage, il lui reste peut-être une pomme ou deux pour l’attirer.

Le soldat était bien conscient qu’il n’avait pas vraiment répondu à l’anedhelle. Visiblement ici les murs avaient des oreilles et Aegden ne tenait pas à réduire à néant le risque que leur précédent interlocuteur avait pris. Ils n'en discuterais clairement pas dans ces lieux. Ils ne prendraient pas non plus le risque de lire le message avant d’être certain de savoir qui en bénéficierait. Cependant derrière sa manière relativement légère de parler d’un sujet banal, elle pouvait facilement deviner qu’il était soucieux, le soldat.
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Gwilithiel d'Orodriss
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MessageSujet: Re: Aux racines des tourments.   Aux racines des tourments. I_icon_minitimeMar 11 Mai 2021 - 23:47




Eteniril préparait ses festivités dans une allégresse toute particulière et habituelle des fins d’années. Les corps de métiers, quels qu’ils soient, se retrouvaient entre eux, mettant leurs efforts en commun pour le bon déroulement des festivités, faisant montre de leur talent par la même occasion.
Et les citadins allaient et venaient, flânaient et profitaient du temps agréable de l’été. Ainsi, aisément l’on remarquait cette étrangère en terre inconnue, assise là sur l’imposante racine d’un très vieil arbre, à l’ombre, profitant de la brise légère et rafraichissante.

Non loin de l’étrange énergumène, dissimulés à l’angle d’une bâtisse, la plus proche à vrai dire, les regards étaient braqués sur elle. Secrètement, on la détaillait comme le ferait un véritable prédateur, cette elfe masquée qui ne semblait rien avoir à faire ici. Qui était-elle ? D’où venait-elle ? Et quelles étaient les raisons l'ayant poussée à venir jusqu'ici ?

- Mes pieds sont fatigués de marcher, ils ont la tête qui tourne. En plus j’me suis fait mal à mon poignet de pied tout à l’heure…

- Et puis t’es tombé dans une étoile d’araignée ! Se moqua son comparse avec un dédain digne de la plus enfantine des gausseries. Ça se trouve t’as des bébés araignées dans les cheveux maintenant.

- Dégoutaaant ! Intervint l’une des espionnes en se tournant vers son camarade.

- Mais arrêtez, elle va nous entendre ! Beugla le maître espion en chef, un air plus que consterné sur le visage.

- Ne crie pas sur ce ton !

Un roulement des yeux et un profond soupir furent les seules réponses que le moins volontaire et le plus bougon des quatre enfants, reçu pour toute réponse. Le chef d’expédition passa à nouveau sa tête à l’angle de la bâtisse, alors son sang ne fit qu’un tour et ses yeux s’écarquillèrent. Se plaquant sans attendre contre le mur, à l’abri du regard perçant de la masquée, le très jeune elfe observait ses camarades, alors rapidement contaminé par son air grave et emprunt d’une frayeur passagère

- Notre couette est brûlée.

- On dit couverture, patate !

Le petit, prenant son courage à deux mains, osa un nouveau coup d’œil. Cependant, voilà que leur cible avait disparue !

- Tu vois quoi ?

- Chut ! Laisse-moi regarder un peu ! Je la trouve plus...

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Lynn Antadolen
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MessageSujet: Re: Aux racines des tourments.   Aux racines des tourments. I_icon_minitimeJeu 20 Mai 2021 - 17:13



Comme il était bon d’avoir enfin un peu de temps pour soi ! Ce périple fastidieux trouvait enfin le temps de se mettre en pause, et les soldats furent tous heureux de pouvoir se reposer le temps d’une matinée. Lynn s’était séparée de ceux qui avaient filé au réfectoire et trouvé un endroit tranquille proche de la rivière, où elle avait pu faire un peu de toilette et finir la pomme qui lui restait du voyage. Elle se laverait complètement plus tard à la caserne, se dit-elle, quand les autres en auraient fini. Elle avait vérifié ses armes, poli son poignard et avait pratiqué quelques mouvements de sa routine habituelle. Ces gestes lents et précis lui permettaient de prendre mieux conscience de son corps et de parfaire sa gestuelle. Mais le principal intérêt était surtout de calmer son esprit et faire le vide dans sa tête. Quand ça ne suffisait pas, l’elfe partait méditer, et cela ne lui échapperait pas ce matin.

Elle rangea donc ses affaires et alla se trouver un endroit tranquille. Ce n’était pas chose aisée, les préparatifs pour la fête entraînaient de l’activité dans toute la ville. Elle finit par se résoudre à s’installer près d’un gros arbre, après l’avoir touché de sa paume, et accepta les bruits dans sa méditation pour les étudier les uns après les autres. Ici, on entendait quelqu’un crier pour guider l’installation d’une banderole. Là, le son d’une flûte qui répétait l’une des musiques traditionnelles. Bref, cette cacophonie pouvait avoir un certain sens lorsqu’on se concentrait suffisamment pour tenter de comprendre tout ce qu’il se passait.

Au bout d’un certain temps, Lynn finit par remarquer des voix d’enfants, proches. Entrouvrant un œil, elle aperçut dans un coin une frimasse qui l’observait. Elle soupira et estima que sa méditation avait assez duré, et ce serait une bonne occasion de donner une petite leçon à ces garnements. Elle se releva en vitesse et escalada avec aisance le bâtiment : la pierre chaude lui offrait de nombreuses prises, et il la bâtisse n’était pas bien haute. Elle se retrouva ainsi sur le toit, et eut un sourire en voyant le plus âgé d’entre eux la chercher des yeux. L’elfe se râcla la gorge et leur offrit un regard dur.

« C’est très malpoli d’espionner ses aînés, vous savez ? »

Elle se baissa, posa sa paume sur le rebord et sauta pour se retrouver devant le groupe, leur coupant toute retraite possible. Les quatre enfants se tenaient les uns contre les autres, les yeux écarquillés, inquiets. Lynn plia ses genoux pour se retrouver à leur hauteur et défit son masque, dévoilant son sourire.

« Que je ne vous y reprenne plus, c’est compris ? »

Nerveusement, ils acquiescèrent, hochant frénétiquement la tête. L’archère se redressa et recula d’un pas.

« Allons, fichez le camp. Et toi, va donc voir ta maman pour ta cheville, avant de te faire vraiment mal. »

Le plus jeune inspira inquiet, avant de courir derrière ses compagnons qui avaient déjà filé en gloussant. Lynn les regarda repartir en remettant son masque, et aperçut ainsi Aegden et Gwilithiel marcher côté à côte, provenant visiblement du palais. Elle leur fit signe en s’approchant d’eux, bien plus décontractée que ces derniers jours.

« Alors, la pêche a-t-elle été bonne ? »

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Aegden Orian
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MessageSujet: Re: Aux racines des tourments.   Aux racines des tourments. I_icon_minitimeJeu 20 Mai 2021 - 22:17


-A vrai dire je l’ignore. Aegden répondit brièvement à sa camarade. Suis-nous puisque tu es là, Lynn, je pense que tu as autant besoin d’air que nous.

Il lui fit un signe de la main l’enjoignant à le suivre et le petit groupe continua son chemin jusqu’à retrouver le couvert des arbres. Aegden siffla et il ne fallut pas bien longtemps pour qu’un équidé à la robe pommelée s’approche au petit trot.

-Désolé pour le manège. J’ai l’impression qu’il se trame quelque chose dans la cité et tant que je ne sais pas quoi et qui, je ne veux pas faire d’excès de confiance. Le mainyth finit par rompre son silence.

Tout en parlant, il fit mine de détacher ses brassards. D’habitude c’était un geste machinal mais là les deux femmes constatèrent que ce n’était pas par confort puisque la seconde suivante il avait un morceau de vélin entre les doigts. Les deux elfes purent observer le visage du mainyth passer de la stupeur à la perplexité en lisant le précieux message. Il eut un nouveau silence l’espace de quelques secondes avant de relever le nez vers ses compagnes d’infortune.

-Heru Telenwë n’étant pas là, j’ai parlé au conseiller à l’origine de notre appel ici. Le problème étant qu’il n’avait pas l’air tout à fait à l’aise. Heru Nellion m’a donné ça avant de partir sans vraiment répondre à mes questions.

Il leva le message dans sa main avant de le tendre à Lynn qui le monterait probablement à Gwilithiel. Aegden s’attendait à beaucoup de chose, du moins le pensait-il, mais pas à ça. Sur le morceau de vélin était marqué une phrase aux apparences des plus banales :

« Battez le pavé, allez à la rencontre du boulanger dont l'étal se pare d'or et de bleu. Demandez son délicieux coëlwas, vous ne serez point déçu. »

-Je ne pense pas que Nellion se moque de nous. Il n’a aucun intérêt à nous faire perdre notre temps après nous avoir appelé au secours. Mais pourquoi faire autant de mystère…Aegden soupira. Je suis quasiment certain que le conseiller avait peur de me parler. Quelque chose ou quelqu'un lui fait peur. Est-ce que se sont ses pairs ? D’après lui certains se préparent déjà au pire. Mais si après tout ce qui s’est passé, le conseil d’Eteniril garde encore des esprits belliqueux dans ses rangs, il va sacrément falloir revoir leurs organisation…

Réfléchissant à voix haute, le soldat se mit à faire les cents pas.

-Peut-être que notre fameux boulanger saura nous éclairer. Aegden n’avait pas l’air convaincu lui-même. J’imagine que demander ce qu’il appelle « coelwas » n’est pas innocent, même si je n’ai honnêtement aucune idée de ce que c’est. Il haussa un sourcil. Ce mot ne lui disait rien du tout. J’espère simplement ne pas perdre de temps, ni d’effrayer un pauvre artisan qui n’aura rien demandé… Un seul mot de travers et on risque de ruiner les efforts de ceux qui tentent de calmer les tensions. Finalement, le soldat se stoppa. Mais c'est la seule piste qu'on ait pour l'instant.
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MessageSujet: Re: Aux racines des tourments.   Aux racines des tourments. I_icon_minitimeSam 18 Déc 2021 - 12:01


Ainsi allaient les événements, de mystères en énigmes. Baladés qu’ils étaient, ils n’eurent d’autre choix que de se prêter au jeu. Et pour l’heure, tout ceci semblait n’être qu’un grand jeu de piste. Quoi de mieux indiquer pour des soldats de leur trempe après tout ? Alors la petite troupe se mit en route, traversant cette cité antédiluvienne se parant d’ores et déjà de ses airs festifs.

Leurs pas les menèrent, après plusieurs minutes de marche passées à tenter d’éviter à Gwilithiel de se disperser au milieu de ces étals, au cœur d’un petit quartier chatoyant où régnaient gaieté et légèreté. L’humble échoppe du boulanger ne fut pas des plus difficile à trouver, en vérité nombre de citadins s’y étaient agglutinés, attirés par l’irrésistible odeur de ses créations que l’on prétendait, à juste titre, être de véritables enchantements pour les papilles.

Gwilithiel eut tôt fait se s’insérer dans la file de ventres affamés, où plutôt désireux de se caler une douceur sous la dent, invitant ses deux comparses de l’armée patienter avec elle. L’attente ne fut pas si longue, car déjà voilà que la gwaeren maethor se trouvait face aux multiples délices entreposés sur la tablée. Elle resplendissait, ses yeux pétillaient, tant et si bien qu’elle en avait oublié l’objet de leur venue, puisqu’elle commença par choisir ci et là de quoi se sustenter elle, et ses camarades bien sûr ! Mission qu’elle jugea ô combien importante puisqu’elle choisit ''pour eux ''.

Les pâtisseries du boulanger attiraient l’œil, et le nez. Lynn salivait déjà à l’idée de sentir une brioche dans sa bouche. En entendant Gwilithiel faire son choix, l’archère la tapota gentiment du coude et lui souffla doucement :

-Prends-moi de la brioche, je t’en prie.

De petites étoiles illuminaient son regard, et elle sautillait limite sur place. Elle n’en avait pas mangé de bonnes depuis longtemps, et celles-là avaient l’air de pouvoir répondre à ses larges attentes : la croûte dorée, la mie fournie et qui semblait si aérée… Oui, vraiment, cette brioche serait le point culminant de sa journée, elle l’avait décidé.

De son côté, Aegden ne put s’empêcher de lancer un regard un peu perplexe envers le comportement soudain totalement innocent de ses deux camarades.

-Rappelez-vous pourquoi on est là. Il murmura à l’oreille de la première de ses compagnes d’aventure qui passa à côté de lui, avant d’attirer l’attention du boulanger, l’air affable. Dîtes Heru, vous avez du… '' Coëlwas '' ? On m’a dit que je n’en serais pas déçu, et…Il lorgna sur les deux autres occupées à s’émerveiller de toute la nourriture certes plus qu’alléchante, mine de rien un rictus amusé sur les lèvres… inutile de vous dire que mes amies sont affamées…

Le tenancier se fendit d'un sourire en coin à l'intention du Commandant, pourtant son regard perçant et entraîné semblait révéler tout autre chose.

-Servez-vous. Commença-t-il par dire aux deux affamées. Quant à vous, estimez-vous chanceux !

Le boulanger se pencha sous son étal, tirant une corbeille en osier jusqu'à lui. Il en sortit ce fameux coëlwas, un petit pain presque tout rond, tenant dans la main, sa croûte craquante était bleutée, tout comme sa mie. Réputé pour caler les estomacs les plus boulimiques, c’est surtout son petit goût sucré qui faisait toute sa renommée culinaire.

-C'est le dernier. Fit-il dans un sourire en le tendant au militaire. Prenez le temps d'en profiter.

Entre temps, Gwilithiel ne s'était pas faite prier pour attraper ce qui lui semblait être le plus intéressant, et bien sûr, elle avait consenti à donner à Lynn l'objet de ses désirs.

-Je vous remercie.

Le militaire rendit son sourire à l’artisan. Un éclair de curiosité restait tout de même dans son regard tandis qu’il se saisissait de l’objet de tant de courses et l’observait.

- Pardonnez mon ignorance, je n’ai jamais vu de telles pâtisseries ,là d’où je viens. Est-ce qu’il y a une raison pour laquelle elle est bleue ?

- Luîn Solch, répond l'elfe dans un fin sourire, tout simplement.

Lynn croqua dans son morceau de brioche et ne put retenir un petit gémissement ravi. Un délice ! Elle jeta un regard de biais au pain qui ne lui semblait pas si appétissant, et jeta un œil sceptique au boulanger.

- C'est ça, votre délicieux coëlwas ?

- Ça l'est. Si vous voulez bien m'excuser, d'autres attendent.

Aegden retint discrètement un soupire d’exaspération devant tous ces mystères et ces détours et puis, fit signe à ses deux camarades, le tout sans perdre sa façade amicale.

-Allons-nous en, on a ce qu’on était venu chercher.

Sans réellement leur laisser le choix, il s’éloigna un peu de la foule, brisant machinalement le petit pain en deux morceau et croquant dans l’un. Autant le manger, ce fichu coëlwas maintenant qu’ils en étaient là… Là, loin des oreilles et des yeux indiscrets, le masque retomba et le soldat laissa son agacement prendre le dessus

-J’espère que la cité te plait Gwilithiel. Marmonna-t-il au bout de quelques pas, exagérant très certainement sous le coup de la frustration. Parce que moi j’en ai plus qu’assez de celle-ci. Pourquoi tant de mystères par la Mère ? Peut-être que notre ami voulait juste nous éloigner au final, mais pourquoi ?

- Si tu veux, je peux aller lui parler un peu plus sérieusement, à notre ami boulanger, dit Lynn avec une petite lueur mauvaise dans le regard. Il aura peut-être d’autres réponses à nous donner, si on lui demande autrement ?

-Non. Aegden fronça les sourcils, inquiet et interloqué. Non, Lynn. Cet elfe ne nous a rien fait. Je refuse d’employer la violence sur mes frères tant que je n’y suis pas forcé.

Ce coëlwas avait une texture particulière sous la dent. Caché eu cœur de la mie bleutée, un morceau de vélin plié bien trop de fois attendait patiemment les yeux se devant de le lire. Il s’agissait d’une carte dessinée à main levée, cependant relativement précise, comprenant des points de repères ainsi que des marques en forme de croix. Un travail d’éclaireur sans aucun doute possible. La seule indication textuelle en bas de page disait : « Cadavres. »

-Soldat ! Immédiatement après avoir observé le nouveau morceau de vélin, Aegden apostropha le premier garde qu’il croisèrent, sa mauvaise humeur bénigne soudain troqué contre le sérieux du soldat en mission. Va chercher les hommes de l’armée royale qui sont encore en repos dans votre caserne. Demande aussi ceux qui étaient avec nous ce matin ainsi que de quoi endurer un peu de voyage. Si tu ne les trouve pas, va chercher l’aide de ton Capitaine. Dit lui qu’Heru Orian à besoin de quelques un de ses hommes les plus fiables. Et seulement lui c’est clair ? Dit leur de se trouver aux portes dans dix minutes.

Attendant à peine qu’il acquiesce, le lancier fit signe à ses deux autres camarades, faisant passer la carte dans leurs mains. Ils n’avaient plus une minute à perdre, alors direction la première des marques de ce nouvelle indice….

-Je veux qu’on retrouve les corps, qu’on les rapatrie et leur donne les derniers rituels comme il se doit. Je ne sais pas ce qui se trame là bas, mais si ce que dit ce vélin est vrai, on a peut-être plus de soucis à se faire que ce à quoi je m’attendais…

Le bout des oreilles plaqués en arrière et les sourcils froncés, il avait l’air inquiet.

Un frisson parcouru Lynn, qui avala difficilement sa dernière bouchée de brioche. Cette carte n’indiquait rien de bon, et leurs soupçons les plus pessimistes se confirmaient. Elle se pencha sur le parchemin et point du doigt un emplacement où l’on trouverait probablement le 5e cadavre. Mais quelque chose l’interloqua, et lui rappela la prophétie que Gwilithiel avait répétée, quelques jours plus tôt.

-Attends, Aegden. Regarde bien. Ces croix...  Elle traça un trait imaginaire avec son doigt, et termina sur l’endroit qu’elle avait identifié. Ça fait une étoile. « Sillonnez le cœur de l’étoile... » Ça ne te rappelle rien ? Il n’y a que quatre croix, mais cinq éclaireurs ont disparu. À mon avis, le dernier se trouve là. Elle pointa de nouveau l’emplacement invisible. Aller investiguer toutes ces croix prendrait du temps, beaucoup de temps. Et nous ne l’avons pas. » Son regard se troubla, on pouvait y lire un début de crainte, une peur qui naissait au fond d’elle. J’ai un mauvais pressentiment, Aegden. Si on veut trouver quelque chose, il vaut peut-être mieux voir au centre de ces points, ici.


Elle ponctua sa phrase en pointant le milieu, qui correspondait étrangement avec la source de la rivière qu’ils devraient suivre pour y parvenir.

- Très bien. Aegden mis quelques secondes avant d’acquiescer. J’ignore à quoi tout ça rime, mais ce n’est pas comme si les corps allaient s’en aller de toute façon.  

Gwilithiel observait comme elle le pouvait l’objet de toutes les attentions de ses compères militaires. Son regard passait de l’une à l’autre tandis qu’elle mâchonnait sa brioche avec une alors joue plus gonflée que l’autre. Déglutissant dans un hochement de tête, elle se fendit d’un sourire apaisé.

- La voie est tracée, à nous de l’emprunter.


Deux jours plus tard

Les elfes se mirent route sans perdre plus de temps. Tout d’abord par la route, cependant ils eurent tôt fait quitter la sente pour longer l’orée des bois s’étendant au Sud. Alertes, ils scrutaient entre les troncs noueux et les branchages fournis de la frondaison, à la recherche de signes, de dangers. Pourtant, au grand soulagement de tous, rien ne vint les inquiéter et ils atteignirent la rivière sans accrocs. De là, leur suffisait de la suivre, d’en remonter le cours jusqu’à ce que la nuit s’empare des cieux et que la voûte se pare d’étoiles. Le bivouac fut installé, et si les soldats se devaient de suivre ordres et protocoles, Gwilithiel elle passait son temps à se pavaner pour ne rien faire, à observer les étoiles ou raconter des histoires à dormir debout à qui voulait bien l’entendre. En tout cas, jusqu’à ce que le sommeil ne l’emporte.
Au lendemain, les soldats se mirent à nouveau en route. La formation plus éclatée, car l’heure des recherches étaient venues. Cet emplacement marqué sur la carte, voilà quelle était leur première tâche.  


Rapidement après être arrivé, Aegden avait mis pied à terre et s’était attelé à répartir les différents groupes, chacun composés de deux ou trois soldats aux compétences un maximum complémentaires : des combattants et des éclaireurs, même un mage de la vie, lui plus habitué aux camps et aux casernes qu'aux fronts des champs de batailles. Le tout se fit sans distinction entre les deux armées qui cohabitaient, Aegden y mettait un point d'honneur.

-Notre priorité est de déterminer tout signes anormaux. Rappela-t-il. Magie, symphonie pour ceux qui en sont capables, traces quelconques. Assurons-nous qu’on ne court aucun danger et que la zone est saine, et ensuite, on s’occupera de nos frères. Il jeta un bref regard à Lynn. Lynn me l’a fait remarquer à juste titre, nous avons cinq disparus, mais seulement quatre emplacements de notés d'une façon qui n'a pas l'air si hasardeuse. Quatre groupes inspecterons donc ces différentes directions, pendant que nous on ira au centre de cette formation, près de la source du fleuve. Il n'y a peut être pas grand chose là bas, mais sait-on jamais.

Aegden attira ensuite l’attention des quelques miliciens sur un arbre singulier derrière lui. Frappé semblait-il par la foudre, il était reconnaissable entre mille et ferait un excellent repère.

-On se retrouve à cet endroit à la tombée du jour. N’oubliez pas vos oiseaux si vous avez besoin de communiquer. S’il n’y a pas de questions, ne nous attardons pas d’avantage. Conclut-il. Il eut tout de même un fin sourire de sollicitude, sachant qu’il n’emmenait pas les Etenirili dans une tâche simple dans la résolution de cette étrange tragédie. Bon courage et revenez ici saufs.

Ils n’étaient pas restés bien longtemps dans la zone du premier cadavre, mais ils avaient décidé de ne pas s’y attarder. Aegden avait décidé de les séparer en plusieurs groupes, et elle faisait partie de celui qui s’enfoncerait vers ce que Lynn avait désigné comme le centre de l’étoile. Une bonne heure après leur départ, toutefois, l’elfe ressentit une gêne particulière. Ses sens se mirent en alerte, et elle se tendit progressivement. Elle sortit son arc et se courba imperceptiblement.

- Quelque chose cloche…

Sa voix brisa le silence ambiant qui régnait autour d’eux. Elle remarqua qu’aucun bruit d’animal ne se faisait entendre. En revanche, la Symphonie sonnait différemment. La dernière fois qu’elle avait eu pareille expérience, elle n’avait jamais su ce qu’il se passait réellement. Aujourd’hui, toutefois, c’était différent. Chaque pas les rapprochait de quelque chose, et ce sentiment tout particulier lui criait de fuir et de s’écarter de cette menace. Lynn ne réagissait pas ainsi.

- Par là, dit-elle en pointant une direction du doigt.

Elle décida de suivre son instinct et de guider  prudemment ses compagnons à travers la forêt. Écoutant les fluctuations de la Symphonie, elle suivit un chemin qu’elle pensait droit, entre les arbres.

Le temps passa, et le crépuscule était déjà sur eux.

- Aegden, nous ne serons pas de retour tout de suite… Tu devrais envoyer ton oiseau. On n’est plus très loin, maintenant.

Elle se doutait qu’ils n’avaient pas suivi une ligne droite, puisqu’ils auraient dépassé leur destination depuis longtemps. Ils continuèrent néanmoins, chacun sur ses gardes, et la nuit était déjà bien avancée quand ils la rejoignirent enfin.

-Je ne comprend pas, Lynn. Aegden fixa sa camarade l’air aussi dérouté qu’elle. Qu’est-ce qui s’est passé ?

A l’instar de l’archère, le mainyth pouvait constater une agitation peu habituelle chez son compagnon équestre à côté duquel il avait fini par marcher, une main tentant en vain de le rassurer. Pourtant, à part le vague malaise de voir ses compagnons aussi tendus, Aegden n’avait pas tant l’impression d’être en danger… Alors que se passait-il ? Quoi que la longueur improbable de leur chemin avait de quoi troubler le plus calme des vétérans qui soit, il fallait bien l’avouer...

En tout cas, la soldate avait raison et, à la va vite, il griffonna une note à l’attention de ses camarades, prévenant et expliquant au mieux leur retard et leur donnant quelques instructions au cas où les choses dégénéraient. S’ils devaient ne pas revenir lorsque le soleil serait à nouveau à son paroxysme dans le ciel, ils devraient cesser de les attendre et tâcher de s’occuper des leurs avant tout.

-J’espère que les autres s'en sortent mieux en tout cas...

La faune se faisait calme, discrète, presque invisible à mesure que leurs pas les menaient dans les profondeurs de la forêt. Leur périple se déroulait dans une atmosphère de plus en plus oppressante, une tension de plus en palpable. Et lorsque la nuit vint ajouter à cette menace diffuse une chape angoissante, Gwilithiel réalisa leur immense solitude.

De nos alliés, aucun ne s’est enfoncé si profondément au cœur des tourments. Souffla l’aegedhel dont les iris gris scrutaient la pénombre. Je le sens dans l’air et le ressens dans ma chair.

[/color]Son regard se riva dans celui de Lynn, si cela n’était ni l’endroit ni le moment, Gwilithiel se fendit d’un sourire et, les yeux rieurs, elle vint poser ses mains sur les épaules de ses comparses bien plus grands qu’elle.

-Faisons la lumière sur ces mystères.

Leur avancée, plus compliquée maintenant la nuit tombée, était lente. Pourtant, bientôt les fourrages et buissons alentours se mouvaient dans une furtive prudence. Seul le vent donnait le ton des rythmes nocturne, car ici plus rien n’osait bouger hormis les trois étrangers. Et là au cœur de la pénombre, à l’abri des herbes hautes et des enchevêtrements de la végétation, deux pupilles luisaient d’un jaune malévolent.

-Arrêtez-vous. On est plus seuls.

Aegden tendit soudain la main en arrière pour stopper la marche de ses camarades. Raidit, il était sans doute un peu plus mis aux abois du fait de la pénombre ambiante, à peine percées par la douce brillance des lueurs qu’ils portaient. Les yeux plissés pour mieux distinguer, un main prête à se saisir de son arme dans la seconde, il essayait d’abord de vaguement de déterminer l’ampleur de la menace qui les guettait dans les hautes herbes. Peut-être que leur nombre suffirait à démotiver la bête…

-On devrait reculer.
Suggéra-t-il tout de même, tandis que bondissait déjà hors des fourrés l'imposant félin.

Lynn tira une flèche de son carquois, l'encocha, et tira d'instinct vers la forme qui se jetait sur eux. Son trait fendit les airs et s'enfonça avec un bruit mat dans le cuir épais de l'énorme Phish Oura. Elle n'attendit pas de voir comment les autres se débrouillait, il fallait bouger, et vite. D'un bond, elle s'écarta de la trajectoire de l'animal et tira une deuxième flèche, visant l'une des pattes avant. Mais on n'y voyait pas grand chose : les faibles auras lumineuses de leurs Lueurs et de la lune n'aidaient pas beaucoup. Difficile de savoir où ses flèches retombaient. Le grognement du tigre confirma au moins qu'elle fit mouche.

- Un peu de lumière serait pas de refus !

De son coté, Aegden avait bondit dans la direction inverse de sa camarade, lance dégainée et prêt à en découdre. Il n’aimait pas tuer et abattre ce Phish Oura serait un immense gâchis à ses yeux, mais visiblement ils n’avaient pas le choix…La Dame sauvage les pardonne.

-Tient bon Lynn !

Cherchant à s’en tenir le plus loin possible et bénéficiant de l’allonge de l’arme d’hast, Le soldat profitât de la distraction de l’animal, focalisé sur la créature qui lui filait entre les pattes et lui tirait dessus, pour viser son flanc et si ce n’était totalement le mettre hors d’état de nuire, l’handicaper assez pour que les deux archères puissent jouer leur rôle hors du danger immédiat.

-Quelle idée de continuer à voyager en pleine nuit !
Grogna-t-il pour lui-même.

- Sages paroles !
S’exclama Gwilithiel, en train de courageusement grimper à un arbre avec une agilité laissant à désirer.

Cependant qu’elle digérait la boule de terreur l’ayant presque étranglée en découvrant un animal plus grand qu’elle rien qu’au garrot, ledit prédateur, lui, blessé, plongeait derrières les fourrés les plus proches, se dérobant à la vue de ses adversaires.

Une troisième flèche déjà prête, Lynn observa la boule de poile se frayer un chemin de repli, visiblement blessé. Si ses projectiles l'avaient sûrement blessé légèrement, cela aura au moins suffi à lui faire comprendre qu'ils n'étaient pas de simples proies. L'archère relâcha doucement la corde de son arc et récupéra cette flèche. Inutile de tirer de nouveau.

-Il n'avait aucune raison de nous attaquer ainsi. Quelque chose cloche. Et cette Symphonie... Vous n'entendez pas ?

-Il n’est peut-être pas partit. Restons sur nos gardes.

Faisant machinalement tourner la lance dans sa main, cherchant du regard la trace de la bête disparue dans l’ombre, Aegden recula doucement jusqu’à se retrouver dos à un arbre pour protéger comme il pouvait ses arrières. De là, il n’avait plus qu’à attendre un nouvel assaut, ou la confirmation miraculeuse que le prédateur avait fuit...

D’un sifflement sec et d’un geste de la main, il ordonna aussi au mathandil paniqué de se placer un peu moins à découvert qu'en plein milieux. Là où le mainyth pourrait intervenir si jamais le félin se décidait à prendre l’équidé  esseulé en grippe.  

-Qu’est-ce qu’elle te dit la symphonie ?
Finit-il par demander, sans détourner son attention des alentours.

- Rien de bien précis, mais je ressens l’envie de fuir très vite, et très loin. Comme si un danger rôde, en continu, depuis qu’on s’est enfoncés dans cette… étoile. Et il s’est intensifié en continu, petit à petit. Comme si…

Son regard se fixa dans une direction, là où se cachait le Phish Oura à leur arrivée. Quelque chose se trouvait par là. Quelque chose qui faisait mal à la Sylve, et qui méritait d’être éteint. Le bourdonnement à ses oreilles ne l’empêcha pas de faire un pas, puis un autre, dans cette direction. Toutes les parcelles de son corps lui hurlaient de cesser cette folie, mais Lynn se sentait étrangement attirée par cet inconnu. Sa curiosité la piquait. Pire, elle était convaincue de ne pas avoir le choix.

Ces quelques secondes de répits, durant lesquelles l’on s’échangeait autant de regards curieux qu’inquiets furent d’un calme peu ordinaire. Tout du moins tant pour l’archère que le commandant, car aux oreilles de Gwilithiel sonnait d’effrayants cantiques soutenus d’une folle et furieuse fougue. Eux qui avaient les pieds au sol, sentaient des racines leur enserrer les chevilles et grimper le long de leurs jambes, clouant sur place ces intrus en ces lieux ravagés par la démence. Des fourrés tremblèrent, laissant en sortir un elfe complètement nu. Un avant-bras percé d’une flèche, une autre dans le flanc, ses côtes souffrait d’une large balafre sanguinolente et ses yeux animés d’une déraison meurtrière luisait d’un jaune effrayant.
L’aegedhel, à cheval sur sa branche, tirant sur la corde de son arc pourtant sans y avoir encoché de flèche, pointa l’arme vers le druide. Dans un siphon crépitant la foudre s’étirait entre la poignée et la corde, jusqu’à ce qu’enfin libérée, elle fusa vers sa cible.

- Maintenant !

Choqué, désorienté, son sort hors de contrôle le druide titubait, bondissant à nouveau vers les militaires alors que ses ongles se faisait griffes, sa peau devenait pelage et ses dents des crocs.

Les racines avaient enserrés les jambes du lancier sans qu’il ne puisse lutter. Son esprit en proie à la rage mais aussi à la peur pour ses compagnons en constatant le même sort infligé à Lynn, c’est surtout une profonde stupeur qui s’afficha à la vue du Phish Oura devenu Elfe devant eux. Et de l’horreur aussi. Le soldat en aurait presque eut la nausée s’il n’y avait pas eu l’adrénaline. Ils avaient levé la main sur un héraut d’Anaëh. Ils avaient tenté de le tuer et en serait probablement forcés si cette folie ne cessait pas très vite. Y avait-il pire poids à porter pour un Souffle ?

Quelles horreurs avait traversé ce frère pour chuter si bas ?

Les yeux rivés sur la créature, Aegden n’eut que le temps de constater l’étrange foudre qui frappa soudain son corps. Profitant de la déstabilisation du mage, il se débattit assez pour qu’une fois celui-ci à nouveau jeté sur eux, il s’esquive des racines d’une roulade sur le côté.

-Qui est-tu Tercano ?! Frère ?!
Lança-t-il sachant que c’était tout à fait vain et se préparant à un nouvel assaut de la part du fauve. Arrête cette folie pour l’amour d’I Emel !

Lynn n’arrivait pas à se défaire de ce piège, si bien qu’elle ne vit même pas le druide se jeter sur eux de nouveau. Elle ne leva la tête qu’en entendant le bruit sourd de la foudre qui le frappait, alors qu’elle essayait désespérément de trancher ce qui bloquait son pied gauche. Par chance, le Phish Oura avait visé Aegden, qui réussit à s’enfuir joliment. Le métamorphe les regardait, et l’injonction du Mainyth semblait avoir attiré son attention, suffisamment pour laisser à Lynn le temps de s’échapper.

- Pas question de le tuer,
cria-t-elle à haute voix une fois à l'abri des racines, aussi bien pour elle-même que pour les autres. On le maîtrise et on lui fait reprendre raison.

Plus facile à dire qu’à faire, se dit-elle. Le tigre était grand, mais dans sa forme humaine, le druide n’était qu’un elfe. Il existait forcément une autre solution que de mettre fin à sa vie. La folie, se retourner contre ses pairs… Elle connaissait bien, tout cela, pour l’avoir vécu, moins de vingt ans auparavant. Lynn refuserait de l’achever, à moins de n’avoir pas d’autre choix.

Aucun tremblement ne parcourait la corde tendue. Ferme était sa prise sur la poignée de ce bois parcouru d’une puissance mystique. Ses facéties à toutes épreuves n’étaient plus, envolées, disparues, chassées par le terrible poids d’un fardeau que nul ne souhaitait endurer.
Des yeux jaunes plus fous que jamais, animé d’une colère toute prédatrice, dévoraient le Commandant. Une hargne sans pareil, poussant la bête, pourtant gravement blessé à ne pas abandonner la lutte. Tué ou être tué, telles étaient les lois régissant le plus implacable des natures.

Désormais campée sur ses appuis en équilibre sur cette large branche, ses iris d’un gris anthracite suivaient les mouvements du prédateur. Ce fut la tristesse qui commanda à ses doigts de laisser filer cette flèche de foudre s'en allant fatalement frapper le Phish Oura à la gorge dans son ultime tentative meurtrière.
Le son sourd et mat du corps félin s’effondrant avec force contre le sol sonna la fin du conflit, laissant le calme s’imposer à nouveau sous la frondaison. L’aegdhel se laissa tomber de la branche jusqu’au sol, les yeux rivés sur le cadavre animal, autrefois héraut de l’Œuvre.

- Lors de pareille altercation, il n’existe point de rédemption.
Déclame Gwilithiel dont l’air candide avait laissé place à visage calme au regard sans âge. Que vos cœurs restent légers car de son sang, vous n’êtes pas souillés. C’est ma main, d’un geste trop sûr qui lui infligea l’ultime blessure. Je fus son bourreau, cela sera mon fardeau.

-Il était déjà partit.

Le lancier vint s’agenouiller près du druide abattu, passant une main dans son encolure, comme il l’aurait fait pour rassurer un enfant. Sa tristesse était palpable, mais d’un autre côté, il savait que le geste de l’étrange anedhelle avait été indispensable. En tant que soldat, Aegden avait vu assez de tragédies pour savoir s’en émouvoir en gardant le recul qu’il fallait pour ne pas sombrer dans la folie à son tour. Cet elfe-là n’aurait pu être sauvé, il l’avait vu dans ses yeux déments et sa mort avait très certainement été une délivrance.

- Puisse-t-il retrouver la paix au sein des terres d’émeraudes désormais...

Le corps sans vie du Phish Oura s’effondra, sous le regard impuissant de Lynn. Ses yeux suivirent sa chute, et ne s’en détourna pas en entendant ses deux compagnons. Voilà qu’un enfant de la Sylve perdait la vie. Que se passait-il donc en ces lieux ? La Symphonie criait toujours, mais cette fois, ce n’était plus le même sentiment d’urgence ou de menace. Elle semblait juste perdue, et prise de folie. Sa source provenait d’un peu plus loin. Ignorant la pulsation de sa colère, qui l’aurait fait se ruer sur l’Ornedhelle pour exiger réparation, elle leur fit un signe de la main, leur proposant de la suivre.

Sans un mot, elle dépassa le cadavre du druide toujours transformé, et décrocha enfin son regard de celui-ci pour se focaliser sur sa destination. Elle s’enfonça dans un buisson, et de l’autre côté, elle remarqua un peu plus loin une petite mare d’où la rivière semblait prendre sa source. Lynn continua d’avancer lentement, droit vers le grand arbre qui la surplombait, dont les racines imposantes s’enfonçaient dans l’eau. Il n’avait plus aucune feuille, et sa présence même dérangeait l’elfe. Elle s’arrêta à une distance respectable, attendant que les deux autres la rejoignent.

-Suivons la.

Aegden lança un regard un peu surpris vers Gwilithiel quant au comportement de leur troisième camarade mais ne fit pas plus de remarques. Se relevant, il prit tout de même le temps de recouvrir le corps du druide d’un vague tapis de feuille, le temps qu’ils reviennent l’enterrer avec dignité et puis il emboita le pas de son amie.

-Lynn, tu ressens encore quelque chose ?

Ses comparses s’éloignèrent, guidés par un sens que seule l’une d’entre eux possédait. Gwilithiel resta seule l’espace de quelques secondes auprès du corps félin recouverts de quelques feuillages par Aegden. Ses prières murmurées furent arrachées et emportées par la douce brise nocturne.
Revenant au trot auprès des militaires, ses yeux scrutèrent l’arbre et cette marre aux eaux peu engageantes. Les reflets en surface étaient étrangement sombres et inquiétant, si elle ne pouvait en deviner la cause, il était limpide et clair que quelque chose n’allait pas.

- I Hall puisse sauver ce druide. La Symphonie de ces lieux l’aura rendu fou. Je peine moi-même à rester concentrée... De cette mare, et de cet arbre, beaucoup de Mal s’échappe. Tu ne ressens donc rien ?

-Non.
Il mit un temps avant d’ajouter : Enfin…Je ne crois pas…

Avec précaution il s’approcha un peu de l’eau, guettant un signe dans la petite marre.

-Je ne me sent pas particulièrement bien non plus, ici, mais j’ai du mal à ne pas mettre ça sur…
Il fit un geste désignant les alentours. Eh bien, tout ça… S’autorisant ensuite un vague coup d’œil vers son amie, son air se fit plus inquiet. S’il te plait Lynn, fait attention à toi. Si c’est bien la symphonie qui a rendu le druide comme ça, je ne veux pas qu’il t’arrive la même chose.

-Délier ce qui fut noué en ce lieu éloigné ne sera pas aisé.
Souffla Gwilithiel dans un triste sourire. Le temps est arrivé, il nous faut en laisser la charge à ceux qui en ont la capacité. Rentrez, la cité sera soulagée de voir ses craintes balayés. Moi, j’irai quérir l'aide des Linwë.

L’attention du Mainyth fit grimacer l’archère, lui rappelant l’expérience du Voile, et celle, bien avant, de la mort de son clan. Elle acquiesça à la remarque de Gwilithiel et reprit doucement :

- Tu as raison, il vaut mieux que je parte d’ici. Mais… Quel temps est-il donc arrivé ? De quoi parles-tu ?

- Le temps où nous ne sommes rien de plus que des ignorants, où nous nous devons d'accepter la réalité de nos limitations.
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