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| Sur du velours | Griffon | |
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Louise de Fernel
Humain
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| Sujet: Sur du velours | Griffon Lun 3 Mai 2021 - 14:24 | |
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Toisième jour de la cinquième ennéade de Verimios, An XVIII, Cycle XI Langehack Le voyage s’est dans l’ensemble plutôt bien passé. Il a fallu composer avec les impondérables qui accompagnent toujours les voyages bien sûr, les arrêts pour les hommes et les chevaux, les petits désagréments qui gênent les montures, la pluie, le mauvais temps qui a parfois retardé l’avancée de Louise et de sa troupe mais c’est avec une joie qu’elle ne dissimule pas qu’elle arrive enfin à Langehack. Elle n’a pas pu y passer un peu de temps lors de son dernier voyage à travers la Péninsule, elle s’était arrêtée à Chiard puis à Missède en compagnie de Gaël de Laval, sans avoir jamais rejoint la ville qui l'accueille aujourd'hui. Cette fois le contexte est totalement différent. Et l’accueil réservé tout autant. La petite troupe d’une vingtaine de cavaliers entre dans la ville par une des quatre portes et avance au pas, Louise étant entourée ses deux hommes de confiance. C’est avec une très réelle curiosité qu’elle arpente la ville à cheval, se fiant aux indications données par les passants pour trouver l’auberge qui va les recevoir tous. Une auberge assez humble mais propre dans un quartier qui semble animé et convenable, l’idéal pour les héberger le temps qu’elle fasse ce qu’elle a prévu de faire ici. Posant pied à terre, elle confie son cheval à un petit palefrenier, règle ce qu’elle doit régler d’avance à l’aubergiste et prend sans attendre possession de sa petite chambre. Le confort est rudimentaire, sans fioriture mais même dans cette simplicité ambiante elle sent, elle sait qu’elle est dans le Sud. Il y a les couleurs, évidemment, présentes partout, même ici, sur son lit simple garnie de couvertures colorées, il y a un coussin de couleur ocre sur une petite chaise de bois gravé de dessins compliqués, il y a même des carreaux de couleurs aux fenêtres, taillés en losanges. La pièce est gaie, tout comme l’ambiance qu’elle perçoit depuis sa chambre, une ambiance festive, ce qui lui met le cœur en joie. Sans attendre, elle sort de sa chambre et rejoint la salle commune, plaçant ses mitaines sur ses mains puis vérifiant la présence de sa lame à son côté, maintenue par une ceinture de cuir gravé aux armes de Fernel. - Enguerrand ! Allons-y ! - Mais Dame Louise, nous venons d’arriver et … - Cela ne peut attendre. Plus vite nous nous y rendons, plus vite nous nous en irons. Cela va prendre du temps et le temps est précieux, vous le savez. - Certes, mais… - Prenez Aymeric avec vous, ainsi que trois autres hommes. Nous y allons. Maintenant.Elle rajuste sa tenue de voyage, composée de braies passablement poussiéreuses, d’une paire de bottes souples, d’une chemise de lin beige agrémentée d’un justaucorps de velours marron ajusté révélant des formes féminines. Elle est habillée très simplement, pour voyager léger et rapide. Seul l’anneau sigillaire de Fernel à son index ainsi que ce cercle de métal frappé aux armes de Fernel qu’elle porte dans les cheveux permettent de la distinguer de ses hommes, des hommes qui la rejoignent, résignés, peu enclins à se rendre là où le désire leur Dame. - Allons Messieurs, c’est pour la bonne cause, n’oubliez pas l’endroit où nous nous rendons sous peu ! Il s’agit de faire bonne figure, non ? Ecoutez donc ça ! Cela ne vous met pas en joie ?
Aucune réponse. De rudes guerriers du Nord, aux visages taciturnes et aux regards aussi froids que la glace qu’ils aiment tant au milieu des chaudes rues du Sud, à Langehack…quel contraste ! Ils sortent, les hommes entourant Louise, chacune une épée au côté, l’air aussi aimable qu’une porte de geôle et ils avancent tandis que la châtelaine regarde tout, un large sourire aux lèvres avant de pointer un endroit du bout de son index. - Là-bas ! Allons-y ! Vous voyez bien, Enguerrand, qu’on ne m’a pas menti ?
Elle presse le pas, ils suivent. Là-bas, il y a des maisons un peu plus cossues, plus riches, des maisons pourvues de fenêtres aux jolis croisillons, aux murs tendus de couleurs vives, en l’honneur de la corporation des drapiers. Et en ce jour, dans ce quartier précis, les drapiers sont donc mis à l’honneur, vendant leurs marchandises à grands renforts de cris, d’harangues à l’accent du sud ce qui amuse énormément Louise. Elle regarde tout, ici les velours, là-bas les soies, elle prend son temps, écoutant la musique qui se déploie dans les rues, toute l’ambiance chaleureuse d’un jour de fête sous un beau soleil d’or. C’est que dans quelques ennéades, il y a le sacre du petit Roy. Et pour rien au monde Louise ne se présenterait à Diantra dans une tenue qui ne serait pas à la hauteur de l’historique événement. Les marchands du Sud sont réputés et elle compte bien faire ses achats ici, faire tailler une robe magnifique pour faire honneur à sa seigneurie. Elle avance tout en ne sachant plus à donner de la tête, laissant, pour une fois le plaisir d’une occupation futile prendre le dessus sur son humeur triste et perpétuellement pensive. Déjà elle tend la main vers une magnifique étoffe pourpre, de cette couleur profonde si proche de la couleur du sang, celle qu’elle préfère entre toutes. Malins, ces Drapiers qui organisent une telle fête à l'approche d'un si grand événement...Cela explique certainement la foule qu'il y a en pleine rue, non?
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| | | Griffon de Langehack
Humain
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| Sujet: Re: Sur du velours | Griffon Lun 10 Mai 2021 - 18:13 | |
| Prudence avançait dans les rues chamarrée de langehack et si la foule ne lui prêtait pas tant d’attention que ça, elle s’écartait notamment à cause de la poignée de chevaliers de l’ordre de l’Aigle de Sang qui l’accompagnaient. Dans leurs armures d’or ils brillaient sous le soleil langecin d’été au point d’en être proprement aveuglants et si elle savait que c’était important de se montrer avec eux, ne serait-ce que pour la légitimité qu’elle pouvait en tirer, c’était presque une punition pour la fille du marquis qui était farouchement attachée à son indépendance ; or avec eux elle ne pouvait pas vraiment voir qui elle voulait, faire ce que bon lui semblait, sans que son marquis de père ne risque de l’apprendre. Si elle n’avait rien prévu d’extravagant en cette belle journée ensoleillée c’était plus par principe qu’autre chose qu’elle faisait la moue, ce qui ne semblait pas plaire à un gros bourgeois aussi peu vêtu qu’il était gras ce qui donnait un spectacle un peu répugnant il fallait bien l’admettre. « Son Excellence recherche-t-elle les meilleurs robes du notre bon royaume ? » Il montra son étal d’une main qui n’était pas loin d’avoir deux bagues par doigts. « Quoi de mieux qu’une de mes créations pour vous sublimer en ce jour de fête ? Sans doutes brillerez-vous lors des festivités vespérales avec cette robe longue de soie venue directement d’estrévent, ce sera comme vous parer d’un nuage ! Un nuage nocturne d’un gris sombre exquis, parfait pour une soirée comme celle qui s’annonce. » Lorsque l’homme eut fini son monologue, le silence qui suivit le fit tourner la tête pour voir quelle réaction avait provoqué sa diatribe mais il fut bien déçu en remarquant que la jeune femme n’était plus là, en tournant la tête il put la voir, quelques mètres plus loin, entouré de ses cerbères dorés. S’il eut envie de dire quelque chose, la présence de ces armures imposantes l’en dissuada et il se contenta de bougonner. Ce n’était pas vraiment sa faute, des discours comme celui-ci, Prudence en entendait à chaque fois qu’elle passait devant une boutique alors à force elle avait fini par être blasée, c’était un peu comme le bruit de l’océan qui devenait de plus en plus lointain jusqu’à ce qu’on finisse par ne plus l’entendre ; un peu comme les dires de son frère à propos de son prétendu droit à l’héritage de Griffon d’ailleurs. Puis sa marche, qui ressemblait davantage à une errance étant donné qu’elle n’avait pas de but précis, la mena vers une foule qui faisait un bruit comme seuls les grands rassemblements de gens débridés par une fête pouvaient le faire. Si le côté assourdissant poussait d’abord Prudence à s’éloigner, la curiosité gagna sur la gêne provoquée toutefois, alors qu’elle remontait la rue vers la grande place du duc Alexandre, son oreille fine lui fit tourner la tête alors qu’elle reconnut l’accent brut du nord qui avait tendance à la faire frissonner tant il était désagréable ; c’était à croire que ces barbares étaient contre toute sorte de plaisir jusque dans leur façon de parler en rejetant tout son mélodieux. S’approchant de la poignée d’hommes du nord qui échangeaient quelques mots, la jeune femme se rendit compte avec une certaine surprise que les gens d’armes étaient arrangés autour d’une femme et que contrairement à ce que pensa Prudence au premier coup d’œil, ils ne semblaient pas là pour restreindre sa liberté mais semblaient au contraire la suivre. Ce qui était bien étrange pour des gens du nord pourtant si peu civilisé au point d’être convaincu qu’une femme ne pouvait donner d’ordres à un homme. S’approchant avec ses chevaliers sur les talons, Prudence, les bras dans le dos, profita de la foule pour s’approcher plus près que les chevaliers en armure qui l’accompagnaient n’aurait pu le permettre autrement. « Si je puis me permettre, madame, une couleur plus claire vous irait probablement mieux, pourquoi pas de l’argent en l’honneur de la DameDieu ? »
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| | | Louise de Fernel
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| Sujet: Re: Sur du velours | Griffon Mar 11 Mai 2021 - 19:55 | |
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A dire vrai, si on n’entend jamais son propre accent, on entend toujours celui des autres. Celui de Louise est semblable à celui de ses hommes, un accent du Nord qui roule les « r », un accent pas très chantant, souvent glacial pour qui possède une oreille habituée aux doux et chauds accents du Sud. Il ne peut être toutefois pire que celui des Nains. Maître Glumtol, par exemple, roule si fort les « r » qu’on pourrait presque l’imaginer manger ses propres mots tant ils lui restent dans la gorge. Même Louise, qui pourtant a une très bonne oreille, a trouvé cette façon de parler très très rude. Cela fait pourtant, à ses yeux, tout le charme de son Ami, pour lequel elle prospecte toujours. Louise n’a qu’une parole et elle n’a pas oublié la demande du Nain.
Quoiqu’il en soit, il est certain que dans cette ville, on se retourne fréquemment sur Louise et ses hommes, autant à cause de leur taille que de leur pâleur ou encore de leur attitude renfrognée qui ne les rend guère aimables. Quant à cet accent, il est audible, oui, perceptible facilement, au milieu de cette foule langecine, chose dont se fiche bien la châtelaine. Elle n’est pas ici pour faire des ronds de jambe ou des courbettes, et encore moins pour faire bonne figure. Elle est là pour répondre à un besoin, elle a de l’argent, elle espère donc que tout cela sera rondement mené afin de reprendre la route sans trop de délais.
Derrière elle, Aymeric et Enguerrand l’observent, la main sur le pommeau de leur épée, occupés à dévisager les gens qui leur rendent leurs regards. Ils préfèreraient de loin se trouver à l’auberge avec les autres, c’est une certitude. Ils sont un peu fatigués, ils sont couverts de poussière, un peu plus que Louise qui a pris soin de secouer distraitement sa cape et ses vêtements afin de paraître plus ou moins présentable, ils aimeraient au moins se rafraîchir un peu, d’autant qu’il fait chaud ici, une chaleur à laquelle Aymeric n’est guère habitué, contrairement à Enguerrand qui suit Louise absolument partout, que ce soit au Zagazorn, en Péninsule ou en Estrevent. Le Capitaine de la garde de Fernel est en train de suer comme une grotte, à poireauter sous un soleil qu’il n’apprécie guère.
Il a quelques mots avec ses comparses, des mots que n’entend pas la châtelaine, tout émerveillée devant les tissus qui se présentent à elle, sur le petit étalage. Cette soie pourpre ! Quelle splendeur ! Conjuguée à cet autre tissu rose là bas…
« Si je puis me permettre, madame, une couleur plus claire vous irait probablement mieux, pourquoi pas de l’argent en l’honneur de la DameDieu ? »
Louise tourne vivement la tête pour savoir d’où provient cette voix puis se fige en voyant, au-delà d’une ravissante silhouette, toute une escorte dorée, pleine de panache. Enguerrand, Aymeric et les trois autres hommes de la châtelaine se déplacent soudain en un seul mouvement souple, se plaçant derrière elle qui observe la nouvelle venue d’un seul coup d’œil. Jolie, riche selon ce que Louise peut en juger en fonction de la qualité de la tenue qu’elle porte, noble si elle tient compte des cerbères d’or qui se tiennent derrière elle et qui observent les Hommes du Nord. Louise sourit tranquillement, guère impressionnée. Malgré toute leur prestance, ils ne seront jamais aussi impressionnants que les gardes du palais royal de Kirgan.
- Parce que j’aime les couleurs chaudes. Et que celle-ci me plaît beaucoup.
Elle a un regard pour l’étoffe et pour cette autre là-bas, plus claire. Elles feront un très bel ensemble coordonné qui mettra en valeur sa parure d’or et de rubis. Il manque quelque chose pourtant, une chose qu’elle cherche du regard, un fin sourire aux lèvres, avisant enfin ce qu’elle voulait adjoindre au tissu, de précieux liseré de fils dorés afin d’en border les coutures.
- Il n’y a que dans le Sud que l’on trouve de pareilles merveilles. Je suis heureuse d’arriver en de telles festivités. Pouvez-vous faire porter tout ceci chez…
Elle fouille un instant la petite poche de son justaucorps, lit un nom griffonné à la hâte et le lit à haute voix :
- …chez Maître Jean Galliano ? C’est possible ? Un des meilleurs couturiers de la Cité ? Je m’y rendrai demain pour des essayages, il est averti.
Elle replace le petit mot dans sa poche avant de reporter son attention sur la jolie Dame.
- Je suis Louise de Fernel, je ne suis que de passage ici, une halte salutaire dans le beau climat du Sud avant de me rendre à Diantra. Voici Enguerrand Lagarde, mon maître d’armes, Aymeric Atréis, la Capitaine de ma garde ainsi que trois de leurs compagnons.
Les cinq hommes s’inclinent avant de se redresser. Louise, elle, enlève ses mitaines, révélant de jolies mains fines et blanches.
- A qui ai-je l’honneur ?
Elle a un regard pour l’escorte d’Or. Certainement une Dame de haute qualité, cela ne fait pas le moindre doute. Et là aussi le contraste est saisissant. Face à la soie, à la peau parfumée et à toute la distinction d’une noble dame de cour, il y a Louise, qui vient de descendre de cheval, encore toute poussiéreuse de sa chevauchée, les cheveux quelque peu défaits, l’habit simple et rustique, une lame suspendue à son côté.
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| | | Griffon de Langehack
Humain
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| Sujet: Re: Sur du velours | Griffon Mer 12 Mai 2021 - 10:52 | |
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Prudence hocha la tête à la réponse qu’elle obtint à sa question. Si les couleurs et les goûts ne se discutaient pas, elle ne pouvait s’empêcher de se dire que certains avaient meilleurs goûts que d’autres toutefois ça ne l’étonnait pas venant de nordiens, elle s’y attendait même. Un jour peut-être ils verront que leur mode de vie est dépassé et qu’ils devraient s’adapter mais en attendant Prudence ne pouvait que les conseiller, un peu comme un lointain cousin qui s’est égaré qu’on se sent obligé d’aider même si on ne l’aime pas. « C’est parce que Langehack est un parfait refuge pour de talentueux artisans qui sont soutenus par la région. Un tailleur trouvera dans le langecin les perles et les gemmes d’Amderran, les plus belles fourrures qu’on puisse trouver à moins d’une journée de voyage, dans les forêts de Tall et grâce à l’alun et des fleurs et autres minéraux qu’on trouve dans diverses carrières de la région, il est possible de teindre un tissu en n’importe quelle couleur. Maître Galliano fait en effet partie de ces… pour son cas il s’agit davantage d’un artiste que d’un tailleur, je suis certaine que vous serez satisfaite de son travail, il ne m’a jamais déçu. » Prudence hocha la tête de manière entendue même si elle n’avait aucune idée d’où pouvait bien se situer Fernel, si ses précepteurs l’avait instruit au sujet de la géographie du royaume, tout ce qui touchait à sa partie nord était entrée par une oreille pour ressortir par l’autre. « A Son Excellence Prudence de Langehack. » La jeune femme serra les dents un instant pour ne pas répondre au chevalier à la langue bien pendue qu’elle pouvait parler toute seule comme une grande mais elle eut une idée plus intéressante et qui mettrait à profit les nordiens, après tout il aurait été dommage qu'ils continuent de s'ennuyer alors que leur maîtresse semblait passer un très bel après-midi. « Enchantée, j’espère que votre séjour en notre belle cité vous est agréable, on peut dire que vous êtes venus au bon moment pour vous faire faire une robe digne du couronnement et du sacre de mon petit-cousin. Mais si jamais le soleil vous incommode, ce que je conçois lorsque l’on en a pas l’habitude, ou que vous vouliez faire une pause dans votre recherche, je connais un très bon établissement non loin d’ici. »
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| | | Louise de Fernel
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| Sujet: Re: Sur du velours | Griffon Mer 12 Mai 2021 - 20:55 | |
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- Je n’en doute pas un seul instant. Je m’y rendrai demain, pour l’heure, je ne suis guère en état de procéder à des essayages délicats.
C’est le moins que l’on puisse dire après des heures de chevauchée. Louise a alors un regard pour le garde qui vient de présenter la Dame de manière si abrupte. Elle hausse un sourcil avant d’observer plus attentivement la noble dame dont l’identité vient d’être si peu élégamment dévoilée. Louise s’incline légèrement, tous comme ses hommes bien sûr, avant qu’elle ne se redresse et replace ses mitaines, de l’air le plus tranquille du monde.
Elle ne l’envie absolument pas, cette jolie poupée entourée de gardes dorés. Elle ne l’envie pas du tout. Louise imagine fort bien Dame Prudence parfaitement et constamment épiée, suivie dans le moindre de ses faits et gestes, comme elle l’est précisément en cet instant, elle qui ne peut sûrement pas se promener librement dans la cité de Langehack sans que le moindre faux pas ne soit rapporté. Une bien triste vie de soie, de délices et de raffinements derrière de jolis barreaux dorés. L’horreur…
Quelque part, Prudence fait un peu de peine à Louise. Vraiment.
- Nous venons d’arriver, pour ne rien vous cacher, Dame Prudence. Cela dit, le peu que j’ai pu voir de Langehack est très agréable en effet. J’aime beaucoup cette profusion de couleurs et de sons, d’odeurs aussi. Cela me rappelle un peu l’Estrevent.
Louise a un regard pour Aymeric, toujours occupé à transpirer sans dire un mot. Ils sont fatigués, les grands hommes de Fernel. Les faire asseoir et leur procurer une boisson fraîche serait en effet opportun. Aussi, la châtelaine a-t-elle un sourire pour ses hommes avant de replacer correctement sa cape et de rajuster sa ceinture portant son arme, en toute décontraction.
- Je suppose qu’un arrêt dans un établissement convenable renseigné par une Dame de Langehack sera plus que bienvenu. J’avais tellement hâte de déambuler dans les rues du Sud que j’ai peut-être oublié la fatigue de mes hommes. Où se trouve cet endroit, Dame Prudence ?
Pas un instant elle ne songe qu’elle pourrait les accompagner. Qu’aurait donc à faire une dame de Langehack d’une chatelaine du Nord couverte de poussière venue pour faire des emplettes ? Rien du tout. Et c’est bien pour cela qu’elle demande son chemin sans demander si la noble et élégante Prudence souhaite se joindre à eux.
- Dame Louise, le reste de l’escorte… - He bien, rebroussez chemin et allez donc les avertir que nous serons là-bas, Enrik. Ce n’est pas bien loin après tout. Nous n’en aurons pas pour longtemps.
Le dit Enrik s’incline et s’éloigne déjà d’un pas rapide vers l’auberge qui reçoit les cavaliers fernelois. Louise, elle, s’incline à nouveau légèrement et dit enfin, à la réflexion :
- Peut-être désiriez-vous nous accompagner ?
Elle tend le cou pour observer d’un air espiègle les chevaliers d’or et ajoute :
- Enfin, si on vous autorise cette audacieuse liberté évidemment…
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| | | Griffon de Langehack
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| Sujet: Re: Sur du velours | Griffon Ven 14 Mai 2021 - 8:48 | |
| « Inutile de vous incliner. » Se précipita-t-elle de dire en voyant les nordiens faire. « Je ne suis pas encore marquise. » Bien qu’elle espérait que ce jour arrive bientôt mais ajouter un « pour l’instant » devant des étrangers, ou même des langecins, ne serait sans doute pas bien vu, c’était si facilement interprétable de bien des façons mais aucune desdites façons n’aiderait sa cause. « Je comprends votre impatience mais… j’ai l’impression qu’ils ne partagent tout à fait votre enthousiasme. » Ce qui était un euphémisme qu’elle agrémenta d’un fin sourire. « Il se trouve de l’autre côté de la foule. » D’une main elle désigna la foule en question qui bloquait l’artère menant à une place dont on pouvait voir une grande statue d’un cavalier dépasser au-dessus des silhouettes des langecins. La jeune femme observa Enrik protester avant de finalement, elle ne savait pas combien il y avait de nordiens dans la cité mais peut-être qu’il s’agissait là d’une sorte de révélation pour eux. Après tout c’est au contact de personnes meilleures que soit qu’on s’améliore. « Et bien si ça ne vous derange pas, j’accepte volontiers. » Prudence se retourna vers son protecteur. « Je suis certaine que mon père n’y verra aucun inconvénient, n’est-ce pas sir Leroux ? » « Je… oui sans doute votre Excellence. » « Dans ce cas c’est décidé, si vous voulez bien me suivre, dame de Fernel. » La jeune femme se tourna alors vers la foule qu’ils devaient traverser. Cette dernière était suffisamment épaisse pour que Prudence soit finalement contente d’avoir ses cerbères pour lui tailler un chemin à travers cette masse de gens. Au centre de la place, accaparée par tant et plus de drapiers, tisserands et autres artisans présentant leurs diverses œuvres, sous la statue du duc Alexandre de Langehack, se trouvait une fontaine. Mais ce n’était pas cette fontaine ni la statue de son ancêtre qui intéressait Prudence, ou les hommes du nord assoiffés, mais bien La Goute Noire, une taverne qui s’enorgueillissait de n’avoir qu’une clientèle d’une certaine importance. L’établissement semblait, comme à chaque fête, être victime de son succès, les tables dehors étaient toutes prises comme Le lors des nuits où un fameux duel était annoncé. Mais ça ne décourageait pas la jeune femme qui savait très bien qu’on lui ferait une place si jamais elle le demandait. L’intérieur était cependant moins bondé et ce fut dans une alcôve qu’elle s’installa, laissant aux chevaliers de l’Aigle de Sang le plaisir de rester debout pour veiller sur l’aînée de leur suzerain. « Sir Leroux, auriez-vous la gentillesse d’aller demander du vin et… que voulez-vous boire, madame ? »
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| | | Louise de Fernel
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| Sujet: Re: Sur du velours | Griffon Sam 15 Mai 2021 - 13:56 | |
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Louise écoute le très bref échange entre Prudence et le dit Sire Leroux qu’elle gratifie d’un sourire souligné d’un regard espiègle. Quel inconvénient son père pourrait-il donc bien y voir après tout ? Elle est en sa ville, entourée de rutilants cerbères. Tout le monde la connait sans doute et si Louise n’avait qu’un seul geste déplacé – ce qui n’arrivera pas, elle n’est pas idiote – elle serait sans doute immédiatement arrêtée ainsi que toute sa suite. Dame Prudence ne prend donc qu’un risque très mesuré à répondre positivement à l’invitation de la Nordienne qui en est ravie. Louise suit donc la Dame de Langehack, elle-même entourée par ses hommes qui semblent moins enthousiastes que la châtelaine. Enguerrand ne peut s’empêcher de garder sa main posée sur le pommeau de son épée, le regard froidement posé sur l’escorte de leur hôtesse. Aymeric, quant à lui, trempe le col de sa chemise à force de transpirer et donnerait sans doute très cher pour un bain. Pourtant, ils ne se plaignent pas, ils ne disent pas un mot, habitués qu’ils sont aux aventures de leur Dame. Si on peut qualifier tout ceci d’aventure bien évidemment…
La châtelaine, elle, même si elle est fatiguée par son voyage, n’en perd pas une miette. Les gens, les bruits, les odeurs lourdes et fortes de cette populace en mouvement, charriant des senteurs de sueurs, d’épices et de tout ce qui compose une vie de travail, tout cela ne l’indispose nullement. Bien sûr, elle constate les regards posés sur elle et sa garde. Elle se rassure en disant que c’est surtout la Dame devant elle qu’on regarde, ce qui l’arrange plutôt bien. Louise n’aime pas tellement attirer l’attention sur elle et est généralement d’une discrétion à toute épreuve en toute occasion. D’ailleurs, c’est bien parce que Dame Prudence l’a surprise devant l’étal d’un drapier sinon il est probable que sa présence serait totalement passée inaperçue. Elle va à l’essentiel, par habitude et par confort. Elle reste à Langehack le temps de faire confectionner des tenues, puis elle se rendra à Diantra, au galop. Et le temps que ses robes soient prêtes, elle fera sans doute un tour de la ville, pour trouver de quoi agrémenter ses habits.
Elle en profite pour observer la tenue de la Dame de Langehack, en silence. Cela ressemble, peu ou prou, à celle qu’elle portait au mariage du Roi Harald. Louise souligne l’élégant port de tête, la grâce de la démarche, la finesse des traits comme de la silhouette. Un bel oiseau de Cour en somme. Le genre de beauté délicate et fourbe qui donne des cauchemars à un père, sans le moindre doute. Il n’y a qu’à voir l’escorte qui la suit sans la lâcher d’une semelle. Que c’est triste…
La Nordienne a un regard intéressé pour la statue, Aymeric, lui, aurait volontiers plongé dans la fontaine quant à Enguerrand, il se penche vers Louise, en s’exprimant de manière à n’être entendu que d’elle :
- Dame Louise… Je n’ai pas confiance.
Louise opine en silence. Elle connaît ses préventions par rapport aux gens du Sud et elle en tient compte. Arrivés à la Goutte Noire, la châtelaine s’installe dans l’alcôve avec Dame Prudence, avant de renseigner d’un mouvement de la tête une table libre à laquelle ses hommes vont s’installer, sauf Enguerrand qui reste près d’elle. Si les gardes d’Or demeurent debout pour le bon plaisir de la Dame de Langehack, Louise fait asseoir sa suite, autant par égard que par respect de leur bien-être.
- Je vous accompagnerai au vin, Dame Prudence. Enguerrand, allez donc chercher de quoi vous abreuver et manger aussi. Vous en avez besoin.
Le maître d’armes s’éloigne, laissant Louise qui le suit un instant du regard, avant de reporter son attention sur Prudence, tout sourire. D’un geste, elle ôte sa cape, révélant une chemise fine, un justaucorps de velours ornée de feuilles de chêne de fils d’argent, sa ceinture de cuir portant sa lame. Ses cheveux, quelque peu défaits au niveau du front, sont maintenus en un lourd chignon tressé rehaussé de ce cercle de métal qu’elle aime tant.
- Je vous remercie pour votre sollicitude, Dame Prudence. Je dois bien avouer qu’il est agréable de s’arrêter quelque peu. Nous venons d’arriver et je n’ai pas pu contenir mon désir de voir et de regarder. Pour le peu que j’en ai vu jusqu’ici, Langehack est une très belle cité, dit-elle en ôtant ses mitaines.
Et elle est parfaitement sincère en disant cela. Rien ne titille plus Louise que la perspective d’une découverte agréable alors une ville jusqu’à là inconnue... Langehack ne fait pas exception à la règle.
- C’est évidemment très différent du Nord, mais c’est charmant.
Elle croise ses mains sur ses genoux et dit encore :
- Etiez-vous en quête de tissus vous aussi ?
Du coin de l'oeil, elle aperçoit Enguerrand qui rejoint ses compagnons. Il s'installe de manière à ne pas les quitter toutes deux des yeux.
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| | | Griffon de Langehack
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| Sujet: Re: Sur du velours | Griffon Dim 16 Mai 2021 - 14:26 | |
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« Un bon choix, vous trouverez un concurrent à celui d’Hautval. » Ce qui n’était pas vrai mais bon il fallait bien mettre en avant sa région, davantage que ce que Louise avait pu voir. Prudence observa les nordiens s’en aller à une table adjacente en se demandant si ses propres gardes les enviaient, eux qui devaient rester debout sans pouvoir manger ou, ce qui était d’autant plus important en cette chaude journée, boire. Dans tous les cas elle savait que les chevaliers, si jamais ils ressentaient une quelconque gêne à ce sujet, n’en laisseraient rien paraître ; ce qui n’était pas plus mal lorsqu’on se trouvait en public mais qui rendait sa vengeance mesquine moins satisfaisante. « Tout le plaisir est pour moi, je sais à quel point le changement de température peut être… désagréable et si je n’apprécies guère le froid j’imagine sans mal que c’est l’inverse pour vous autres. Quant à votre curiosité, c’est une chose que je comprends tout à fait, je l’ai également ressenti lorsque je suis arrivé pour la première fois dans cette grande ville. Je n’ai pas pu découvrir la cité lors d’un festival comme vous toutefois j’ai eu la chance de voir s’ouvrir les portes du Collège Langecin pour mon admission. Si je puis me permettre je vous recommanderais une certaine prudence : les tourbillons de couleurs, d’odeurs et de sons ont vite fait de vous faire tourner la tête et il est aisé de se perdre, surtout en pleine fête. » On vint alors leur apporter leurs commandes, le serveur, un homme habillé sobrement de noir et de blanc dont seul une broche en forme de goutte situé au niveau du cœur vient casser la monotonie de son habit, dépose les coupes avant de sortir un encrier de verre pour l’ouvrir. A l’intérieur on pouvait voir un liquide noir dans lequel flottait des paillettes d’or, le mélange rappelait à Prudence un ciel nocturne aux étoiles dorées. Le quarantenaire leva le récipient pour en faire couler une goutte dans chaque coupe. « Je vous souhaites une bonne dégustation. » Il jeta un coup d’œil au contenu des coupes pour voir le produit s’étaler à la surface d’un vin à la robe d’un rouge profond au centre duquel brillait un fragment de miette d’or. « Merci Alfred. » Prudence prit alors sa coupe entre ses doigts fins et reporta son attention sur la nordienne alors que le serveur s’en allait à reculons pour les trois premiers pas avant de tourner le dos aux clientes. « Pas tout à fait, je suis à la recherche de choses plus… métalliques mais je ne veux pas vous ennuyer avec des détails d’érudits qui n’intéressent que mes amis du Collège. Cela étant dit, j’ai hâte de découvrir quelle merveille Maître Galliano vous aura confectionné pour les festivités de Diantra. Et vu que nous en parlons: longue vie au roy ! » La jeune femme leva alors sa coupe avant d’y tremper les lèvres pour ensuite la reposer sur la table. « Tout à l’heure vous avez dit que toutes les couleurs, sons et odeurs que vous avez pu voir, entendre et sentir à Langehack vous rappelait l’estrévent, sans indiscrétion pourriez-vous me parler de vos voyages au-delà de l’Olienne ? »
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| | | Louise de Fernel
Humain
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| Sujet: Re: Sur du velours | Griffon Dim 16 Mai 2021 - 19:17 | |
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- Je vous remercie pour vos délicats avertissements, ma Dame, cela étant, j’ai assez d’estime de moi-même pour ne point céder à ce genre de tentations à la face du monde. Qui plus est…Je suis accompagnée, ainsi que vous avez pu le constater.
Un doux sourire s’affiche sur le visage de Louise. Elle est vigilante oui et elle a une totale confiance en ses hommes qui, elle le sait, ne laisseront jamais leur Dame dans une ville inconnue sauf si elle en fait la demande expresse. Louise a des bizarreries, des tocades, des désirs aussi brutaux que soudains avec lesquels ils ont appris à composer mais jamais, jamais ils ne la laisseront seule dans une pareille cité.
- Aucun risque que je ne succombe à cette douce ambiance et que je ne me perde, dans tous le sens du terme, rassurez-vous.
Et pour cause, la dernière fois qu’elle s’est laissé un peu aller, cela lui a coûté cher. Très très cher. Des ennéades plus tard, cela hante encore ses cauchemars.
- Cela étant, si d’aventure vous désiriez arpenter le terrible et rude Nord qui m’a vu naître, je vous recevrai à Fernel avec plaisir, Dame Prudence. Nous n’avons que fort peu d’occasions de recevoir des visiteurs aussi éloignés. Je serais ravie de vous faire découvrir que la glace façonne nombre de fabuleux spectacles…Sur mon domaine, en hiver, il y a notamment des sculptures de glaces naturelles qui se forment sous l’effet d’une chute d’eau venue de la montagne. Quand le soleil les éclaire, on dirait presque qu’elles dansent…C’est très beau.
Elle s’interrompt alors que l’aubergiste vient déposer des boissons devant elles. Louise voit alors, non sans froncer les sourcils, qu’il verse délibérément une substance noire, indéfinie, dans le verre de la Dame de Langehack tout autant que dans le sien. Enguerrand, lui, tend le cou pour mieux voir, l’air soudain très inquiet. Le serviteur s’éloigne, Louise n’a d’yeux que pour son verre et cette substance, avant de reporter son attention sur Prudence, le visage impassible. La Dame lève son verre, elle n’en fait rien, préférant répéter les paroles de la Dame de Langehack, appelant de ses vœux la santé du petit Roy puis répond directement à la question à propos de Thaar.
- Je m’y suis rendue peu après les noces de Tibéria de Soltariel et de Lohie de Bradevin. J’avais envie de découvrir cela, de voir si tout ce que l’on m’avait dit à propos de Thaar était vrai.
Un bref sourire.
- Et tout est vrai. C’est beau. Et dangereux. Du moins pour qui n’y est pas suffisamment préparé, c’est certain.
Elle regarde ailleurs, vaguement amusée, avant de reporter son attention sur son verre et de demander, tranquillement :
- Quelle est cette substance qui agrémente nos boissons, Dame Prudence ? Je n’ai jamais rien vu de tel.
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| | | Griffon de Langehack
Humain
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| Sujet: Re: Sur du velours | Griffon Dim 16 Mai 2021 - 20:38 | |
| Bien, une femme avertie en valaient deux, comme disait le diction. En réalité c’était avec une pointe de déception que Prudence accueillit la réponse de la nordienne. Il aurait été amusant, et probablement édifiant pour elle, que Louise goûte aux plaisirs du sud. Toutefois si l’aînée de Langehack avait appris une chose à la cour langecine c’était bien qu’entre ce que disent les gens et ce qu’ils pensent ou font, il y a souvent un gouffre. Et puis elle savait également que résister pouvait être bien plus difficile que l’on se l’imagine. Mais tout ça, elle le garde bien pour elle, après tout partager ce qu’elle pensait n’était pas dans ses habitudes et le faire avec une étrangère l’était encore moins. « Votre invitation est alléchante, je dois bien le dire, mais je ne l’accepterais qu’à une condition : que vous ne vous moquiez pas en me voyant recouverte de plus de fourrure qu’une colonie de myynarks. Ou que vous ayez la gentillesse de garder vos rires pour vous. » La jeune femme pouffa en imaginant la scène et si le froid ne lui plaisait guère, elle était curieuse de ce que Louise décrivait ; tant pis si, pour étancher sa soif, elle devait côtoyer pendant quelques temps des nordiens. Pour ce qui était du froid, si elle y allait en été alors peut-être que ce serait plus supportable se disait-elle alors qu’elle se souvenait déjà le calvaire qu’avait été le dernier hiver et ce même dans le sud. Et puis vint la réponse à sa question concernant l’estrévent qu’elle écouta attentivement. C’était que, de l’autre côté de l’Olienne, la vie n’était définitivement pas la même qu’ici bien qu’elle pouvait parfois se ressembler, et le côté exotic de Thaar avait un certain attrait que Prudence avait bien du mal à expliquer. Elle fut d’ailleurs assez déçue desdites explications, bien trop courtes à son goût. Tout ça manquait de détails toutefois elle se doutait que c’était par choix, que Louise n’avait pas vraiment envie d’en parler davantage. Quant à la question qui suivit, elle n’étonna pas la jeune femme mais elle la fit rire. « Ce charmant endroit ne s’appelle pas La Goutte Noire pour rien. » Un sourire sibyllin naquit sur les lèvres de Prudence alors que son indexe glissait sur les bords de la coupe. Ses doigts descendirent pour s’emparer de ladite coupe et la porter à nouveau ses lèvres pour en boire une gorgée. « J’aimerais pouvoir vous répondre mais c’est un secret que je n’ai pas le droit de vous le dire, j’ai prêté serment de ne rien révéler. Mais si ça peut vous rassurer je vous promets qu’il ne s’agit pas de poison. » Elle observa sa boisson et son sourire sibyllin se transforma en sourire amusé. « Ou alors il s’agit d’un poison particulièrement lent, qui met bien des années à agir. Plus sérieusement, seuls les initiés ont le droit de savoir ce que c’est et je n’oserais trahir la confiance de bons amis mais si vous voulez vraiment le savoir, je peux éventuellement en parler aux amis en question. »
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| | | Louise de Fernel
Humain
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| Sujet: Re: Sur du velours | Griffon Lun 17 Mai 2021 - 10:53 | |
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- Pourquoi donc me moquerais-je ? Nous vous accueillerons sans réserve, dussiez-vous même ressembler à un énorme bouzon à cause de toutes vos fourrures.
Dame Prudence ne s’est pas moquée de son apparence. Louise en fera de même. Elle sait à quel point l’hiver du Nord peut être rude pour quiconque n’y est pas habitué. Le souvenir d’épaisses chaussettes magenta sur de grands pieds estreventins lui revient, d’ailleurs, ce qui l’amène à sourire, tout en regardant la jolie dame qui lui fait face.
- Le château de Fernel est protégé des vents par la montagne et si l’extérieur paraît glacial, il n’en est plus de même dès qu’on a passé la grande porte. Il y règne toujours une douce chaleur, même lors des plus grandes tempêtes.
Le sourire disparaît pourtant, petit à petit, s’effaçant totalement au fur et à mesure que la Dame de Langehack s’exprime à propos de cette goute noire. A l’évocation d’un poison lent qui tue sur plusieurs ennéades, le visage de la châtelaine se ferme. Elle ne dit rien pendant de longues secondes, jetant un regard dur pour ce verre qui lui est offert.
- Si ma défunte mère était encore de ce monde, elle ne pourrait qu’acquiescer à vos propos. Il est de ces poisons lents qui vous grignotent de l’intérieur durant de longues, très longues ennéades de souffrance.
La mort d’Elisabeth, sa mère, a été une épreuve. La jolie et douce dame de Fernel a succombé à un poison savamment et patiemment distillé pendant une longue période, dans d’abominables tortures qui n’ont pris fin qu’à son trépas. Un trépas auquel Louise n’a même pas pu assister puisqu’elle était dans le même temps à Serramire à tenter d’obtenir, en vain, l’aide de son suzerain. Parmi tous les reproches et griefs qu’elle compile à propos d’Arnaud de Brochant, c’est bien celui-là, le plus intime et le plus familial qui soit, qu’elle retient le mieux.
- A la mort de mon père, on a tenté de s’emparer de ma seigneurie de force en abattant autour de moi les personnes que j’aimais, par ce moyen fourbe et vicieux. Découvert, le coupable a servi de nourriture aux rapaces des Monts d’Or, suspendu à un gibet en dehors de mon bourg. Pour ma plus grande joie. Vous comprenez dès lors toute ma réticence à boire quelque chose dont j’ignore absolument tout…
Il y a un moment de flottement, un léger malaise qui s’installe, contre lequel Louise ne peut rien faire. Sans le vouloir, Prudence lui a rappelé un très mauvais souvenir. La châtelaine baisse d’ailleurs la tête un instant, avant de dire :
- C’est un souvenir funeste qui me hante et j’ai depuis l’habitude de toujours être vigilante à propos de ce que l’on m’offre à boire ou à manger. Cela étant…
Elle prend timidement le verre. Enguerrand se lève d’un bond, un mouvement qu’elle arrête d’un geste de sa main. Le Maître d’armes, pâle comme un linceul, se rassoit et la regarde, horrifié.
- …je doute qu’on empoisonne délibérément les voyageurs, ici…Ce serait…contre-productif. A tous les niveaux.
Elle trempe alors prudemment ses lèvres dans le vin, avant de déposer le verre sur la table.
- Cela m’intéresserait de savoir, oui. Je ne vous le cache pas. Je sais garder les secrets, je ne dirai rien à qui que ce soit.
En effet, s’il y a bien une personne qui sait conserver les secrets et les confidences, c’est Louise.
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| | | Griffon de Langehack
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| Sujet: Re: Sur du velours | Griffon Lun 17 Mai 2021 - 19:03 | |
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Elle ne doutait pas un instant qu’elle ressemblerait sans doute à un bouzon et même si ces bêtes puantes manquaient singulièrement de charme au moins elles avaient chaud dans des contrés qui semblaient déterminées à vous faire mourir d’hypothermie. La jeune femme haussa un sourcil lorsque Louise lui racontait que son château restait chaud même au cœur de l’hiver, ce qui était pour le moins étrange et même si elle avait une idée ou deux pour l’expliquer elle ne pourrait en avoir le cœur net qu’en se déplaçant pour vérifier ses hypothèses. Voilà que la nordienne, en plus de piquer la curosité de la suderonne, venait de lui offrir sur un plateau d’argent un moyen de justifier un voyage jusqu’à Fernel. Mais la conversation s’en alla ensuite sur l’étrange liquide qui fut versé dans les coupes et le moins que l’on pouvait dire fut que ladite conversation prit un tournant tragique. « Je comprends. » Son sourire s’était effacé au fur et à mesure de l’explication de Louise. « Et je vous présentes mes condoléances ainsi que mes excuses pour mon humour déplacé. » Le bond du maître d’arme fit réagir les cerbères d’or qui portèrent leurs mains d’arme sur la poignée de leurs épées. Un tel manège n’échappa pas aux autres clients, ni à Alfred qui lança un regard désapprobateur à la scène mais le signe de Louise et celui de Prudence qui le suivit de près, remit un peu de calme dans l’assistance. « Comme vous avez pu le voir ma coupe a aussi reçu une Goutte Noire, si jamais il s’agissait de poison… disons que le tenancier aurait un problème de taille sur les bras. » Pour que sa dégustation se fasse de façon plus aisée, Prudence accompagna la nordienne, buvant une nouvelle gorgée de vin dans lequel s’était mélangé l’étrange substance qui donnait son nom à la taverne. « C’est une vieille tradition mais vu que vous voulez en savoir davantage, je vais arranger ça, je devrais d’ailleurs m’en occuper maintenant pour que ce soit fait dans les plus brefs délais, sans doute demain soir ou le surlendemain soir ; après tout je ne voudrais pas vous empêcher de faire ce pourquoi vous êtes venu et je ne voudrais pas non plus agacer Maître Galliano, lui qui est très à cheval sur la ponctualité, il m’en voudrait de vous retarder. Ainsi, si ça ne vous dérange pas, je vais vous laisser et aller de ce pas rendre visite à un bon ami. Je vous enverrais une missive pour vous prévenir. »
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| | | Louise de Fernel
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| Sujet: Re: Sur du velours | Griffon Dim 23 Mai 2021 - 12:15 | |
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Louise ne peut qu’opiner de la tête. Elle salue l’élégance de la Dame de Langehack en silence tout en ayant un sourire.
Elle faisait ses achats, il faut qu’elle rentre à l’auberge et qu’elle prenne un soin minimum de sa personne avant de se déplacer chez Maître Galliano. Elle est pleine de la poussière des chemins, ainsi qu’il en advient toujours des cavaliers lancés sur les routes, elle est éreintée et elle doit enfiler d’autres vêtements qui, à défaut d’être pratiques, rappelleront qu’elle est une Dame. Une simple robe de tissu bleu au galon d’argent sera parfaite, ainsi qu’une cape pour préserver le tissu des aléas des déplacements.
Louise chevauche beaucoup, certes, et toujours en tenue pratique composée de toile, de cuir souple et de voile pour empêcher que le soleil ne hâle trop son teint. Et elle chevauche de la sorte parce qu’elle est une excellente cavalière, qu’elle aime cela et que chevaucher en robe sur de longues distances relève du sadisme. Ou de l’inconscience. Vu que Louise n’a aucun penchant pour la mortification personnelle et qu’elle n’est nullement idiote, elle s’habille en effet de vêtements légers et simples, pour revêtir des atours plus distingués dès qu’elle a pris soin de sa personne et enlevé ses habits de voyage.
Pour se rendre chez le tailleur, il est évident qu’elle doit d’abord revêtir d’autres atours, infiniment plus féminins. Aussi la châtelaine ne fait-elle qu’opiner en souriant, imaginant la tête du digne artisan si elle pénétrait dans son atelier ainsi vêtue. Il ne la recevait sans doute pas…
- J’attendrai votre missive avec joie, Dame Prudence.
Elle boit encore une gorgée de son verre puis se lève tranquillement.
- Je n’y vais pas de suite, je dois rentrer à l’auberge, me changer et enfiler une tenue un peu plus…un peu moins…Vous me comprenez.
La châtelaine écarte un pan de sa cape et fouille dans une petite bourse, pour déposer sur la table quelques pièces, largement de quoi payer les boissons, celles de sa suite, et aussi faire preuve d’une certaine libéralité envers l’aubergiste qui en sera sans doute ravi.
- Je vous ai invitée, permettez-moi vous dédommager pour ce temps que vous avez bien voulu m’accorder. Je vous souhaite une excellente journée, Dame Prudence. Messieurs ?
D’un seul homme la garde de Louise se lève et approche d’elle qui s’incline légèrement, tout sourire.
- A bientôt.
Et elle s’éloigne déjà, de son petit pas rapide et souple, ainsi qu’elle se déplace toujours.
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| | | Griffon de Langehack
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| Sujet: Re: Sur du velours | Griffon Mar 25 Mai 2021 - 19:14 | |
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Prudence hocha la tête, accompagnant le mouvement d’un sourire de connivence. Elle comprenait mais sans doute ces vêtements qu’elle allait quitter serait de retour sur elle dans peu de temps, si tout se passait comme l’héritière du marquisat le désirait. S’il n’était pas nécessaire pour la châtelaine de payer les consommations, Prudence apprécia tout de même le geste. « Je vous souhaites également une excellente journée. » Une fois que les nordiens s’en furent allé de leur côté, la langecine et ses cerbères firent de même, elle lança un clin d’œil à Alfred qui répondit d’un sourire furtif qui disparut aussi vite qu’il était apparu. Et puis elle retourna au palais ducal mais elle n’y resta pas bien longtemps, à peine une heure ou deux. Ses pérégrinations l’amenèrent ensuite au Collège Langecin où elle entreprit de chercher une personne qui se trouvait dans l’aile réservée à l’alchimie. Quelques mots glissés dans une oreille attentive plus tard, la jeune femme retourna dans son bureau pour y poursuivre son travail. Ce ne fut que le soir venu qu’on toqua à sa porte. Prudence releva la tête et referma l’épais volume qu’elle consultait. « Entrez. » Ordonna-t-elle d’une voix ferme et la personne de l’autre côté de ladite porte s’exécuta avant de la refermer derrière elle. Le voir lui donnait toujours froid dans le dos. Adrien avait toujours l’air d’avoir un pied dans la tombe, il était si maigre que la seule fois où elle l’avait vu torse-nu, elle aurait juré que ses côtes semblaient vouloir percer sa peau pour se libérer de cette prison de chair ; le pire c’était que lesdites côtes semblaient gagner. Elle se demandait même comment il faisait pour ne pas s’envoler lorsque le vent se faisait un peu trop violent. Mais pour ça il fallait le voir lorsqu’il ne revêtait pas ses vêtements amples qui faisaient davantage penser à une robe de prêtre qu’à un accoutrement de savant qu’il était pourtant. Et puis il y avait aussi ses lèvres fines en bas d’un visage creusé qui étaient devenues presque noires à force boire ce liquide qui donnait son nom à La Goutte Noire. Adrien la mettait mal à l’aise mais c’était un mal nécessaire, il était suffisamment utile pour qu’elle se force à supporter la vision qu’il offrait. « Tu en a mis du temps. » On ne pouvait entendre aucune réprimande dans sa voix, c’était davantage une remarque qu’autre chose mais Adrien ne sembla pas le prendre comme tel, ses lèvres fines s’étirèrent en un mince sourire contrit avant qu’il n’exécute une révérence qui, si elle n’était pas parfaite, n’était pas mauvaise pour autant. Lorsqu’il se releva il se racla la gorge en mettant son poing devant sa bouche mais le raclement de gorge se transforma rapidement en quinte de toux. Auparavant Prudence s’en inquiétait mais elle avait appris à l’ignorer, il avait toujours l’air malade mais il ne l’était pas tout le temps, tenter de déterminer s’il était souffrant était un jeu auquel elle avait rapidement arrêté de participer. « Que son Excellence pardonne son humble serviteur, j’ai eu un contretemps avec un agent de son frère mais maintenant je suis à sa disposition. » Prudence fit la moue en entendant la nouvelle mais elle n’y accorda pas grande importance, la situation semblait réglée et si ce n’était pas le cas elle en entendrait rapidement parler de toute façon. Quant à la voix d’Adrien, elle était douce, mielleuse, ce qui jurait avec la quinte de toux qui l’avait secoué comme une feuille morte prise dans une bourrasque quelques secondes auparavant. « Tu seras peut-être content d’apprendre qu’une noble est curieuse d’en savoir davantage sur la… substance. J’aimerais que tu arranges le nécessaire. » « Avec plaisir, votre Excellence. » « Merci, je te souhaites une bonne soirée, Adrien. » « Je vous retourne ce doux souhait, ma dame. » Après avoir exécuté une nouvelle révérence, le squelette vivant s’en alla en refermant la porte derrière lui. Cinquième jour de la cinquième ennéade de Verimios, 18:XI A l'auberge de résidence de Louise de Fernel, en début d’après-midi. La veille, de bon matin, l’aubergiste avait reçu la visite d’un homme comme il y en avait tant dans cette grande ville du sud de la Péninsule ainsi ses vêtements colorés ne juraient absolument pas avec le reste de la population et s’il ne semblait pas riche, sa démarche avait tout de même une élégance aisée. Il s’arrêta au comptoir et bien vite une pièce noire changea de main et quelques mots furent échangés puis l’aubergiste en question transmit un message à sa cliente nordienne : son Excellence Prudence de Langehack viendrait ici pour venir la chercher pour ce dont elles avaient parlés et que l’héritière priait Louise de bien accepter ses excuses pour le petit changement ; en effet elle espérait que la dame de Fernel n’avait pas rien prévu l’après-midi. En ce cinquième jour, Prudence arriva avec une poignée de soldats du tercio langecin montés, elle descendit de cheval et entra dans l’établissement, faisant taire l’assemblée alors que son escorte la suivit à l’intérieur. Toutefois son regard émeraude, embrassant la pièce, suffit à faire détourner les yeux des curieux, à faire en sorte que leurs regards plongeant dans le fond de leur coupe ou qu’ils reprennent leur conversation où elle s’était arrêtée. Tandis que sa garde, de jaune et de noir vêtue et armée, s’installait à une table, la jeune femme attendit au comptoir sans rien commander, attendant que Louise ne se montre.
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| | | Louise de Fernel
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| Sujet: Re: Sur du velours | Griffon Ven 28 Mai 2021 - 13:25 | |
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Les jours se suivent et ne se ressemblent guère, dans le Sud. Louise pourrait presque en faire une maxime car cette parenthèse langecine lui est douce, sans drame ni larmes ni combat à mener. Outre sa rencontre avec Mère Zofia, elle a également profité de ces quelques heures volées à un protocole rigide pour se rendre chez Maître Galliano et pour visiter brièvement les alentours de l’auberge.
Les essayages ont été longs, tout autant que la prise de mesure étant établi que Louise refusait catégoriquement de se dévêtir. Une gageure pour l’habile tailleur qui a grommelé beaucoup en posant les rubans, en piquant les tissus, en observant la pâleur de cette peau blanche, si différente de ces teints hâlés qu’il côtoie si souvent. Et cet accent terrible, qui lui piquait si fort les oreilles…Offensé dans son besoin d’élégance et de raffinement, Maître Galliano n’a pas cherché plus avant le contact de Louise, même s’il admet volontiers qu’elle est plutôt jolie. Il lui a annoncé que ses tenues seraient prêtes dans quelques jours, ce qui laisse à la châtelaine tout le loisir de ne rien faire.
Bien entendu, il y a des endroits qu’elle aimerait voir de plus près, comme tout le monde. Ses voyages la mènent souvent très loin de chez elle mais c’est la première fois qu’elle se rend à Langehack et la voilà donc à l’auberge, à attendre que les jours passent, sans faire d’histoire. Elle a appris à ses dépens que la prudence est mère de sûreté, en terres étrangères, aussi prend-t-elle désormais grand soin de ne pas sortir seule et toujours en plein jour. A la nuit tombée, elle regagne sa chambre et se repose le plus possible ou se rend aux écuries pour prendre soin de Lasgalen, ce qui lui a valu des regards plein de surprise.
Ces regards, c’est bien aussi à cause de cela qu’elle ne sort pas tellement de l’auberge. Il lui est particulièrement pénible d’être constamment jugée en silence sur son apparence, sur son teint, son accent, sa coiffure, la façon qu’elle a de traiter son cheval, de lui parler aussi. Même si personne ne lui en fait la remarque à haute voix, elle n’est pas stupide et elle a bien compris ces regards, ces sourires railleurs, ces moqueries chuchotées à son passage ou celui de son escorte. Être examinée de la sorte alors qu’elle a côtoyé les plus grands lui est difficile. Et Lasgalen est un peu son petit refuge, son petit monde avec lequel elle peut communiquer sans barrière en cette terre du Sud où sa suite et elle-même sont considérés au mieux comme des gens sans manières, au pire pour des paysans endimanchés…
Pourtant, Louise est très loin d’être dépourvue de manières et d’élégance. Elle a certes grandi dans le Nord, loin de tous les raffinements du Sud mais cela ne fait pas pour autant d’elle une paysanne. Elle a reçu une éducation noble, tout à fait complète, elle est instruite, autant par ses livres que par ses voyages et si on prend la peine de parler avec elle, de discuter posément sans lui faire sentir qu’elle n’est pas grand chose, elle est une compagne amicale et joyeuse, espiègle et amusante. Pleine de ressources. Des traits charmants qu’elle n’a que très rarement l’occasion de déployer…
En ce cinquième jour de la cinquième ennéade, il fait plutôt beau et chaud. Debout à la fenêtre de sa chambre, elle a vu s’avancer la Dame de Langehack tout autant que son escorte. Elle avait bien reçu le message transmis la veille aussi avait-elle eu le temps de correctement se préparer, tout autant qu’Enguerrand et Aymeric dont elle ne sépare jamais. Ces derniers portent d’ailleurs une tenue infiniment plus légère que celle de leurs homologues langecins : celle qu’ils portaient lors des célébrations du mariage du Roi Harald mais pourvues de quelques améliorations récentes obtenues auprès de Maître Galilano.
Un petit serviteur de l’auberge se précipite dans les escaliers pour avertir la châtelaine de l’arrivée de Prudence de Langehack. Elle entend le petit garçon parler à Aymeric, là dehors, dans le couloir, qui lui répond de sa voix profonde et calme. Un petit dialogue qui amuse Louise. Inutile de la prévenir, Louise sait qu’elle est attendue et, polie, ne va guère faire attendre plus que de besoin la noble dame qui se trouve dans l’auberge.
Elle ouvre la porte et fait un signe de tête à Aymeric qui s’incline avec un sourire. Le petit serviteur, lui, repart aussi vite d’où il vient pour dire, de sa petite voix fluette de galopin :
- Elle arrive, Madame !
Et de fait, Louise descend les escaliers en silence, suivie par la capitaine de sa garde puis rejointe par Enguerrand qui se trouvait déjà dans la salle commune. La châtelaine a un sourire pour Dame Prudence avant de s’incliner, tout comme ses hommes. Elle a troqué, ainsi qu’elle le fait toujours quand elle reçoit ou est reçue, ses habits de voyage pour une jolie robe à l’élégante simplicité. Point de fioritures, ni de rubans ou de colifichets, il n’y a qu’une simple robe de tissus bleu aux longues manches collantes et à la longue jupe couvrant ses pieds chaussés de petits souliers de cuir souple. Le tissu est décoré, aux ourlets, d’un fin galon de fils argenté, des fils noués de manière à former des feuilles de chêne. Une longue cape de tissu léger couvre ses épaules et ses longs cheveux bouclés sont relevés en une coiffure simple, tressée et soulignée par ce cercle de métal gravé qu’elle aime tant porter.
Ainsi habillée, elle paraît plus jeune, plus fine et bien plus féminine et jolie qu’elle ne l’est en tenue de voyage.
- Bonjour Dame Prudence, j’ai bien reçu votre message.
Elle a ensuite un regard pour l’escorte de Prudence et ajoute :
- Souhaitez-vous que nous nous entretenions ici ou désirez-vous vous rendre en quelque autre endroit ?
Si c’est le cas, il faudra juste quelques instants de patience, le temps de préparer Lasgalen.
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| | | Griffon de Langehack
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| Sujet: Re: Sur du velours | Griffon Ven 28 Mai 2021 - 18:10 | |
| Les langecins escortant l’aînée de Langehack n’eurent malheureusement pas la chance de s’asseoir longtemps et, pour leur plus grande déception, ne purent boire, ils se levèrent lorsque les nordiens mirent pied dans la salle commune et retournèrent près de leur protégée. Cette dernière se retourna alors pour leur faire face avant de tourner la tête vers Louise. « Bonjour, vous m’en voyez ravie. » Elle n’en avait eu aucun doute, le gros gaillard qui faisait semblant de regarder ailleurs tout en écoutant attentivement d’une oreille avait fait le nécessaire pour que ledit message atteigne bien la nordienne, sachant pertinemment qu’il ne voulait pas être la cible du courroux de Prudence. « A ce propos, je tenais à vous présenter mes excuses en personne. Je sais que je vous avais dit que je viendrais vous voir lors d’une soirée mais j’ai appris la veille que nous aurons un peu de chemin à faire. Si je me doutais qu’il nous faudrait cheminer quelque peu, après tout quel genre de secret serait-ce s’il était acceptable de le révéler dans une auberge ? Toutefois il va nous falloir chevaucher pendant un certain temps, ce sera l’affaire de deux heures, trois tout au plus. » La jeune femme passa une main dans sa chevelure tirée en arrière jusqu’à toucher la broche d’argent au motif floral qui aidait à tenir sa coiffure. L’ample manches de sa robe d’un rouge profond, qui n’était pas sans rappeler le vin que la suderonne et la nordienne avait partagé deux jours auparavant, se déployèrent, laissant presque penser à une aile. Elle rebaissa rapidement son bras qu’elle croisa avec l’autre sur sa poitrine. « Si vous n’y voyez pas d’inconvénient je vous servirais de guide jusqu’au pittoresque village d’Abaucourt et la beauté de Bois-Clair qui l’entoure. Une fois là-bas je crains que nous devions fausser compagnie à nos escortes respectives, vous comprendrez sans doute que plus un secret est connu et moins il a de valeur. Si jamais vous avez besoin de temps pour vous préparer, je vous attendrais dehors. »
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| | | Louise de Fernel
Humain
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| Sujet: Re: Sur du velours | Griffon Dim 30 Mai 2021 - 19:06 | |
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- Je vous en prie, il n’y a rien à pardonner, Dame Prudence.
Un gentil sourire, une mine aimable, qui contraste avec le visage sévère d’Enguerrand qui ne cesse d’observer cette escorte qui accompagne la Dame de Langehack. Aymeric n’est pas en reste, même s’il pose un regard bien plus doux sur la jolie dame qui se trouve face à lui. Le capitaine de la garde n’a jamais été insensible aux charmes féminins et s’il a toujours eu un profond respect de la Dame de Fernel, il n’en demeure pas moins un homme qui découvre les beautés du Sud.
La châtelaine a un bref haussement de sourcil à l’annonce d’un voyage long de plus de trois heures. Instinctivement, elle regarde sa tenue, parfaite pour une discussion de salon, totalement inadaptée pour des heures de promenade à cheval. En admettant même que le voyage ne dure que trois heures – ce qui est déjà en soi énorme –, chevaucher requiert une tenue adéquate, pas une longue et lourde robe aux manches collantes, encombrante à souhait. Intérieurement, elle peste outrageusement contre ce revers. Louise n’a pas de camériste à disposition, s’habiller et se coiffer lui demande du temps, un temps qui est donc perdu puisqu’il est bien entendu hors question de chevaucher en pareille tenue et qu’il lui faut donc se changer.
- Je ne peux chevaucher de la sorte, il faut que je me change, en effet. Je ne m’attendais guère à sortir Lasgalen aujourd’hui et j’aime avoir toute liberté de mouvements quand je chevauche.
Elle a un regard pour la robe de Prudence. Peut-être devrait-elle investir dans ce genre de tenue. Deux ou trois ensembles de voiles et de soie, pour les promenades courtes, intra muros, même si elle n’en voit guère l’utilité à part peut-être pour se pavaner, ce qui n’est absolument pas sa nature. Même si Louise aime les jolies tenues et les beaux tissus, elle les conserve pour son intérieur, pour les réceptions qu’elle donne et celles où elle est reçue, pas pour la monte.
Elle se tourne vers Enguerrand, le regarde en silence et l’observe ensuite s’éloigner afin qu’il puisse dire au reste de l’escorte à quel endroit se rend la châtelaine, une châtelaine qui reporte son attention sur Prudence. Un petit silence s’installe. C’est une chose de se promener avec une escorte, c’en est une autre d’abandonner la dite escorte pour courir les bois en compagnie d’une personne dont on ne sait rien, même si cette personne est une jolie et gracieuse dame. La confiance se mérite et Louise a découvert, toujours à ses dépens, que l’apparence peut être l’arme la plus redoutable qui soit. Aussi ne se privera-t-elle pas d’emporter son arme. On n’est jamais trop prudent en terres étrangères, après tout.
- Je ne serai guère longue.
Elle s’incline et s’éloigne déjà, remontant en silence les escaliers jusqu’à sa chambre afin de revêtir une tenue plus simple, celle qu’elle porte toujours en voyage. Une chemise claire aux manches amples qui ne compriment pas ses coudes ni ses épaules, un justaucorps de tissu foncé brodé de feuilles de chêne, des pantalons sombres et des bottes de cuir souples. Sa ceinture de cuir épais, supportant la lame qui est la sienne, est habilement dissimulée par une longue cape de tissu léger pourvue d’une capuche. Elle enfile ses mitaines de cuir et attrape le voile qui lui sert de protection avant de descendre, se déplaçant déjà bien plus rapidement, plus souplement qu’en robe, un sourire bien plus franc et plus naturel fiché sur ses lèvres.
Elle va chercher elle-même son cheval, sellant tranquillement Lasgalen, avec dextérité, avant de le sortir de sa stalle et de rejoindre Dame Prudence, la main posée sur l’encolure de son hongre, l’autre tenant encore le petit voile qu’elle place sur son visage, amusée. Aymeric et Enguerrand suivent, armés eux aussi, emmenant leur cheval respectif par la bride.
- Je comprends la nécessité du secret, vous comprendrez aussi, je n’en doute pas, mon besoin de revêtir une tenue bien plus adaptée. Y allons-nous ? Je vous suis.
Si Prudence est aérienne dans ses tenues, Louise l’est dans sa façon de grimper sur sa monture. Une souplesse conférée par l’habitude lui donne une grâce insolente à cheval. Lasgalen renâcle quelque peu, elle le caresse tranquillement.
- Que de mystères pour une goutte noire…Je suis réellement curieuse d’en savoir davantage. C’est de plus l’occasion de passer un peu de temps en compagnie d’une dame de qualité.
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| | | Griffon de Langehack
Humain
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| Sujet: Re: Sur du velours | Griffon Dim 30 Mai 2021 - 21:45 | |
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« Et bien je vous en pries, allez vous changer. » Répondit Prudence sur le ton de la conversation. « Je vous attendrais dehors pour ne pas perdre davantage de temps. » La jeune femme hocha alors la tête lorsque Louise lui précisa qu’elle ne serait pas longue. Elle en doutait un peu mais elle ne se sentait pas d’ajouter quoi que ce soit, c’était sa faute si elle devait attendre de la sorte. Enfin ce n’était pas vraiment de sa faute mais ce ne serait pas Prudence qui attendrait le plus mais bien le responsable : Adrien. Tant pis pour lui, pensa-t-elle alors qu’elle fit demi-tour, les soldats du tercio langecin sur les talons, poussant quiconque se trouvait sur leur chemin à s’écarter avant d’être poussé sur le coté de façon peu agréable il fallait bien l’admettre. Une fois dehors l’héritière attendait à côté de sa monture, un coursier aussi fin qu’élégant à la robe d’un noir profond. Elle flatte son encolure et un de ses gardes se mets à côté d’elle pour l’aider à monter. Les autres, pendant ce temps, lancent un coup d’œil derrière eux. Le plus jeune, un jeune homme qui ne devait pas avoir plus d’un quart de siècle, les sourcils froncés, se tourna alors vers ses aînés. « Ça vous semble pas étrange que des nordiens obéissent à une femme ou qu’une femme détienne des terres en son nom propre au-delà du médian ? » Demanda-t-il à voix basse alors qu’à l’aide de son pousse il replaçait le morion trop grand pour lui qu’il avait sur la tête, ce qu’il était obligé de faire régulièrement sous peine de ne plus voir grand-chose, le casque penchant en avant finissait par obstruer sa vision. « Si. » Ce fut un homme bien plus âgé que le premier qui répondit, ses cheveux poivres et sels étaient élégamment coupés courts, sa moustache en guidon et son bouc étaient visiblement quotidiennement entretenus et avec des yeux d’un bleu glacé il était connu pour être un coureur de jupons. Contrairement à son subordonné il ne porte pas un casque en guise de couvre-chef mais une tarte de feutre noir réhaussé de deux plumes de merial d’un bleu pétant. Avec sa hallebarde tenant contre son épaule, il alluma sa pipe et tira une seconde dessus avant de souffler un peu de fumée un autre instant plus tard. « Mais qui sait, peut-être que ceux-là sont un peu plus civilisés que les autres. » Contrairement au premier, le second ne cherche pas la discrétion, il parle à voix haute, normalement, ne s’embarrassant pas de précaution comme la recrue qu’il a devant lui. « Ou alors c’est sorcellerie, sergent. » « Si elle utilises la magie pour envouter ses sujets elle le cache très bien. » Le jeune homme se figea en entendant la voix de Prudence, il ne s’était pas attendu à ce qu’elle prenne part à la conversation et parler ainsi de l’Art, comme les érudits aimaient l’appeler, ne devait guère lui plaire. Il se mit alors de profil pour pouvoir regarder les deux personnes avec qui il conversait. « Peut-être qu’elle utilise les mêmes sortilèges la sorcière de Missède. » Sa voix baissa d’autant plus alors qu’il se retourna rapidement bien que la jeune femme ne savait pas si c’était pour voir si Louise approchait, ou pire, l’écoutait, ou si mentionner le nom de Cécilie était suffisant pour l’invoquer. Dans tous les cas la superstition du soldat l’amusait beaucoup mais il fallait malheureusement y mettre un terme, elle ne voulait pas risquer de mettre de mauvais poil la nordienne si jamais elle venait à l’entendre. « Fermes-la au lieu de dire des conneries Leonio, ça changera. » Si Prudence ne l’avait pas formulé exactement ainsi, elle devrait admettre que ce qu’elle s’apprêtait à dire était, en substance, sensiblement similaire. « Montes à cheval, ça t’occupera. » La recrue s’exécuta et il fut suivi de ses compagnons qui mirent pied à l’étrier avant de se hisser sur leurs selles, loin de la grâce dont fit preuve Louise peu après. Lorsque cette dernière apparut finalement, Leonio sursauta en grommelant quelque chose que l’ouïe fine de Prudence n’entendit pas entièrement mais compris comme un vilain juron à propos des sorciers. « Mais bien sûr, il n’y a pas de mal, dame Louise. » Prudence fit faire un demi-tour à son cheval pour se diriger vers les remparts de la ville et plus précisément vers la porte de Tall. Si les nordiens voulaient visiter la ville ils étaient à la fois servis et probablement déçus car s’ils la traversèrent et purent alors en voir l’une des parties les plus impressionnantes, ils passèrent notamment devant le grand-temple de Néera ; Leonio se signa en passant devant l’imposant édifice et le sergent du tercio, sifflotant une balade, masqua un clin d’œil à une prêtresse en tirant son chapeau aux ecclésiastes qui s’occupaient des bonnes œuvres inhérentes à leurs sacerdoces. Ladite prêtresse recula d’un pas pour cacher le rougissement de ses joues à l’ombre du gigantesque porche du temple. Et puis ils finirent pas sortir de l’enceinte de la ville pour se diriger vers les vastes étendues vertes, les collines paisibles et les hameaux et autres villages colorés, bien que pas autant que Langehack elle-même, de la campagne langecine. Les maisons, pour celles qui étaient peintes, étaient plus souvent rouges et les couleurs étaient loin d’être aussi vives que celles de la ville mais avec une nature abondante, loin de l’urbanisation rampante, la campagne se parait d’une aura féérique pour laquelle Prudence avait un petit faible. Lorsqu’ils passaient dans un village la jeune femme donnait un nom et une anecdote audit village. Dans l’un, on avait chassé une grande wyvern il y avait de ça des cycles, dans l’autre, c’était une cannibale qu’on avait chassé. Le coursier, avançant au pas sur le chemin de terre à la sortie d’un hameau, passa à l’ombre d’un moulin dont la roue à aube faisait un peu de bruit l’obligeant à élever la voix pour être entendue. « C’est un bon ami qui a construit ce moulin. » Elle tourna la tête jeter un coup d’œil à l’édifice qui s’élevait à une poignée de mètres au-dessus du sol, servant également de grenier. « Malgré bon nombre de problèmes, il l’a construit en un temps record. » Leonio fronça les sourcils en écoutant Prudence mais ne dit rien, il le connaissait bien, ce moulin, et ce village, pour y être né et y avoir grandis, l’ayant quitté à peine deux ans auparavant. De plus, c’était son oncle, meunier de père en fils depuis des générations, qui s’en occupait. S’il avait eu des doutes quant à la véracité de certaines histoires, il était à peu près certain que celle-ci était fausse. « Malheureusement tout le monde n’apprécies pas forcément le travail bien fait. » Ajouta-t-elle dans un soupir. « Regardez comme ils le traitent. » D’une main blanche et menue elle désigna l’édifice qui n’avait pas l’air dans un état enviable, en effet il aurait bien besoin de rénovations. Si elle l’attribuait à la négligence de ses propriétaires, Leonio, quant à lui, mettait ça sur le dos du passage du temps. « Je pries la Bienveillante pour que vos gens s’occupent plus soigneusement de l’infrastructure que vous mettez gracieusement à leur disposition. » Le jeune langecin manqua de s’étrangler en entendant ça, lui qui savait plutôt bien à combien s’élevait l’impôt pour l’utilisation du moulin. « Mais c’est souvent le problème avec la paysannerie : ils sont souvent ingrats, ils ne se rendent pas compte des services que nous leur rendons. » Puis ils sortirent définitivement du village, entrant dans Bois-Clair, la forêt se faisant progressivement plus dense et les villages se faisaient bien plus rares, l’endroit étant plus dangereux, les hommes avaient moins envies de s’y installer, surtout quand il y avait des terres fertiles encore inexploitées dans les seigneuries du marquisat. Sans compter que la forêt était le domaine personnel du marquis et un terrain de chasse de premier choix, être accusé de braconnage n’était pas forcément ce qui tentait le plus grand nombre. Une demi-heure plus tard ils arrivèrent dans un village situé dans une grande clairière, organisé autour d’un petit temple dédié à Néera et d’un autel en l’honneur de Kyria. Les occupants dudit village regardèrent les arrivants avec des yeux curieux. « Dame Louise, je vous présente Abaucourt qui est récemment devenu célèbre, laissez-moi vous montrer pourquoi. » Ils s’approchèrent du temple, en face se trouvait un chêne plusieurs fois centenaire et au bout d’une de ses branches pendait une corde avec un nœud coulant mais ce dernier était vide, personne ne se balançait à son bout. « C’est ici, il y a un peu plus d’un an, qu’un nécromant a été traîné en justice et exécuté. » Leonio se signa en entendant le récit de Prudence tandis que le reste de l’escorte lancèrent un juron à l’encontre du nécromant en question ou bien se contentèrent de cracher pour manifester leur mépris. « Un adolescent d’une quinzaine d’années, le nécromant, si mes souvenirs sont exacts. » « C’est bien ça votre Excellence. » Confirma le sergent en tirant sur sa pipe. « Une sombre affaire, ça c’est certain. » « Ce que les hommes ne feraient pas pour un peu de pouvoir… » elle secoua tristement la tête avant de faire demi-tour. « Mais je ne vous ai pas emmené ici pour contempler un arbre et une corde vide, n’est-ce pas ? C’est ici que nous allons devoir nous séparer de nos escortes respectives. Ne vous inquiétez pas, nous n’allons pas très loin. » Prudence lança alors un coup d’œil à la hanche de la nordienne en se disant que si cette dernière n’aurait pas besoin d’une lame, elle comprenait pourquoi elle l’avait tout de même prise. Et puis elle se demanda si c’était surtout pour intimider ou bien si la châtellaine savait se servir d’une épée.
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| | | Louise de Fernel
Humain
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| Sujet: Re: Sur du velours | Griffon Lun 31 Mai 2021 - 11:54 | |
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Louise perçoit le mouvement de ce jeune Leonio, sans pour autant le relever. Elle n’entend pas non plus ce qu’il grommelle entre ses dents, elle se contente de regarder ailleurs. Cela fait presque partie du paysage, désormais, cette attitude étrange envers son escorte et sa personne qui font pourtant le déplacement afin de dépenser leur argent en terres du Sud. Et cette attitude précise l’exaspère même si elle n’en montre rien. En pensée, elle se dit que si sa présence ne leur plaît pas, elle aura tout le loisir d’aller acheter ailleurs, puisqu’il semble que provenir du Nord soit une tare, un désagrément avec lequel ils sont forcés de composer. Et ce n’est guère agréable, comme sensation. Fort heureusement, Enguerrand et Aymeric sont là, elle se sent un peu moins seule face à cela. S’il n’y avait la perspective de chevaucher un peu en compagnie d’une dame de qualité, Louise aurait déjà rebroussé chemin. Même elle, elle a ses limites quand il s’agit de supporter les remarques, les regards et les préjugés des gens.
Elle qui était de bonne humeur en arrivant a perdu son sourire. Un regard, un mouvement, cela a suffi à lui faire perdre la petite joie qu’elle s’était fait de converser avec Prudence de Langehack. Elle se tait, elle écoute, elle regarde, mais elle ne répond rien, ou presque aux paroles de la noble dame, cherchant un apaisement dans les paysages – charmants au demeurant – qu’elle lui montre du moins jusqu’à ce qu’elle lui montre ce moulin en piteux état. Elle l’écoute, toujours en silence, observant plutôt l’édifice. Il est vrai qu’il aurait bien besoin d’une remise en état mais à priori rien qui n’empêche son bon fonctionnement. Alors Louise se décide-t-elle à sortir de sa réserve.
- Les Fernelois ne sont pas ingrats. Quand ils ont besoin de quelque chose, je me rends disponible afin de les aider. Et ils prennent soin de ce que je mets à leur disposition.
Elle a un regard pour Prudence, un regard neutre, celui d’une personne qui ne dit que des lieux communs maintes et maintes fois répétés.
- Ils sont tout à fait conscients que la relation qui nous unit est une relation d’échanges. Je leur apporte la protection, un bourg fortifié, un refuge au creux des montagnes, la présence de soldats de reîtres, d’hommes de guerre, en échange de leur travail, sur lequel je veille quotidiennement. Personne n’a jamais eu à se plaindre de mes méthodes et Fernel est florissant.
Elle reporte son attention sur le moulin, sans un sourire.
- Après, il est vrai qu’on ne gère pas tout petit domaine comme l’est Fernel de la même manière qu’un pareil fief aussi étendu. Je garde le contact avec mes gens, parce que c’est important selon moi, chose qui est impossible ici.
Elle ne dit rien de plus, elle suit la Dame. Lorsqu’ils pénètrent dans la forêt, automatiquement, la châtelaine se concentre sur les alentours, tout comme Enguerrand et Aymeric. L’arrivée à ce village dans cette clairière ne dissipe pas cette concentration, dans un premier temps. Elle a un regard pour ces gens qui les observent, distraite un instant par tous ces visages tournés vers eux puis s’arrête. Pour plisser les lèvres si fort qu’elles en deviennent blanches. Derrière elle, Enguerrand et Aymeric baissent la tête, avant de se regarder, puis de regarder la châtelaine face à ce spectacle qui lui brise le cœur en deux.
Un chêne, presque semblable à l’arbre-seigneur de Fernel, le symbole de sa seigneurie, utilisé comme potence…Quelle horreur. Mais quelle horreur, par tous les Dieux. Rien que cette vision lui chavire le cœur mais c’est bien pire encore quand Prudence évoque un nécromancien. De 15 ans.
- Un néc…quoi ?
Les paupières battent un peu plus vite, tout autant que son cœur. Enguerrand, soudain très inquiet, approche son cheval de celui de Louise. La châtelaine lève la main en guise d’apaisement et ne dit rien, les larmes aux yeux.
Des dizaines de sentiments contradictoires et intenses se bousculent en son esprit, tandis qu’elle regarde cette corde se balancer légèrement sous l’effet du vent.
Elle se sent littéralement insultée par l’utilisation aussi dévoyée d’un arbre qui lui est cher mais ce n’est pas cela le pire. Le pire c’est d’apprendre qu’il existe des nécromanciens aussi jeunes. Et dans la région. Qui était ce garçon ? Et qui était son maître ? Parce que cela, elle le sait : pour maîtriser la magie, il faut l’apprendre et donc avoir un maître…Et pourquoi le punir ici, précisément ? Est-ce son village ? Et ces personnes qui les regardent depuis tout à l’heure ??? Des membres de sa famille ? Est-ce bien raisonnable de vouloir se promener à deux dans les bois si ce village est celui de ce nécromancien ? Qui dit que les villageois ne voudront pas se venger, hein ? Un nécromancien de 15 ans, il devait être doué…et en avance sur son apprentissage…Y en a-t-il d’autres ? Lasgalen recule d’un pas puis de deux, très agité à son tour, tout autant que Louise qui regarde désormais partout, en proie à une panique intense, qu’elle ne cherche pas à dissimuler.
- J’exècre la magie, je ne la comprends pas et cela m'effraye. Dame Prudence, je me sens très mal à l’aise à l’idée de savoir que d’abominables nécromanciens se promènent peut-être par ici…
Elle a un nouveau regard pour l’arbre puis regarde ailleurs, émue.
- …et qu’on les pend à des arbres qui sont le symbole de ma seigneurie.
Un fait qui ne peut être ignoré. Le Chêne est le symbole présent sur ses armoiries, sur son sceau, ses armes et mêmes ses habits, d'où l'émotion qui l'étreint. C'est abaisser tout ce qui symbolise Fernel à du mauvais bois pour criminel.
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| | | Griffon de Langehack
Humain
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| Sujet: Re: Sur du velours | Griffon Lun 31 Mai 2021 - 18:00 | |
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Prudence faillit se lancer dans l’explication de ce qu’était un nécromant, même si elle savait pertinemment que les nordiens devaient avoir une idée assez précise de ce que ces mages noirs pouvaient bien être, puis elle se ravisa, se disant que la blague risquait peut-être d’aller un peu trop loin. En effet si ses leçons d’histoires récentes étaient justes, et elle savait qu’elles l’étaient, la relation qu’entretenaient les serramirois avec la nécromancie était… complexe, pleine d’inimitié, pour user d’euphémismes qu’aimait tant Maître Delray. En tout cas elle ne s’était pas attendue à une réaction si violente de la part de la châtellaine mais en y réfléchissant elle aurait sûrement dû, le sujet était, après tout, assez sensible. Elle nota dans un coin de sa tête que peut-être lui parler de la malédiction qui pesait sur une hutte non loin n’était pas des plus sage, s’imaginant sans mal qu’elle risquait d’y croire, après tout les gens peuvent être si superstitieux ; et les nordiens d’autant plus, eux qui n’ont pas la chance d’avoir des institutions dédiés à la recherche du savoir et de l’explication des étranges phénomènes qu’on peut trouver sur Miradelphia. Toutefois si la peur de Louise amusait un peu Prudence, elle rassurait Leonio sur les doutes qu’il avait exposé auparavant sur l’emplois de la sorcellerie de Louise. En effet soit cette dernière était une profane, tout comme lui, soit elle était très bonne actrice or il ne pouvait s’imaginer se faire duper par une femme, il en déduisit donc qu’il avait en face de lui quelqu’un qui, finalement, n’était peut-être pas une sorcière ce qui ne répondait pas à ses interrogations sur le pourquoi est-ce que des hommes du nord l’avaient accepté comme souveraine. « Il n’y a aucune raison d’avoir peur, j’entends que l’Art puisse être effrayant, d’autant plus lorsque l’on ne le comprends pas mais ce n’est qu’un outil tout comme l’épée qui pend à votre ceinture. Une arme qui, je n’en doute pas, n’est pas là que pour embellir votre auguste silhouette, je suis prête à parier que vous savez vous en servir. » Le coursier de Prudence la mena plus près de Louise, leurs montures respectives se tenant presque l’une contre l’autre, d’un geste de la main elle désigna alors l’arbre et la corde qui se balançait doucement dans le vent. « Qu’on pende un nécromant à la branche d’un arbre qui représente votre seigneurie est, à mon sens, un symbole fort. Un symbole de défaillance, que Fernel a le courage de se dresser contre les horreurs de ceux qui pervertissent l’œuvre de Néera ; vos chevaliers ne se sont-ils pas battus contre les noirelfes, les pires nécromants que Miradelphia ait pu voir, lorsqu’ils s’en sont pris au royaume pour en faire une terre ravagée dénuée de toute vie ? Vous portez l’épée, vous ordonnez à des hommes réputés pour leur prouesses martiales, vous êtes proche d’une terre qui n’est pas connue pour sa clémence ; je ne doutes pas un instant que vous êtes la digne descendante de ces grands chevaliers qui se sont dressés contre les ténèbres lorsque les eldéens, ivres de carnage et de sang, semant la mort partout sur leurs passage, se sont heurtés à leurs boucliers. Qu’est-ce, alors, qu’un mage noir adolescent alors que vous avez combattu, et défait, bien pire ? »
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| | | Louise de Fernel
Humain
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| Sujet: Re: Sur du velours | Griffon Ven 4 Juin 2021 - 12:17 | |
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Même avec la plus douce voix du monde et la plus noble de toutes les intentions, Louise ne parvient pas à s’apaiser immédiatement. Elle a un très profond souci avec la magie, pour bien des raisons, la plus importante d’entre elles étant que l’Art est associé à toutes ces personnes qui lui ont fait du mal. Elle ne la comprend pas, elle ne sait pas, elle ne sait rien, et elle n’a pas tant envie de savoir ce qu’il en est parce que, selon sa propre expérience, la Magie n’est rien de plus qu’une très déplaisante source d’ennuis, de peurs et de cauchemars dont elle n’est pas encore parvenue à se défaire. Aussi, les paroles de Prudence, aussi tranquilles soient-elles, résonnent comme du bois creux aux oreilles de la châtelaine.
- Un outil ?
Elle a un regard pour la lame qui pend à son côté.
- Je vous en prie…Les Magiciens, quels que soient leurs domaines de compétence, profitent toujours de cet avantage magique pour écraser, dominer et briser. Ne comparez pas le noble art qu’est l’escrime à l’utilisation honteuse de quelque faculté dévoyée, cela n’est en rien semblable.
Une fois encore, elle parle et réagit en fonction de son propre vécu. Jamais, jamais, jamais elle n’a eu de contact positif avec la Magie, hormis peut-être…
- La seule occasion où j’ai pu ressentir autre chose que du dégoût ou de la peur, Dame Prudence, c’est quand le Roi Harald m’a mené au tombeau de son prédécesseur, inhumé avec sa hache ornée de runes magiques. Là, et uniquement là, je n’ai pas eu envie de fuir. Ici, vous me parlez d’un Nécromancien. De quinze ans…Par tous les Dieux, comment un garçon de quinze ans peut-il corrompre des Souffles ?
Enguerrand et Aymeric ne perdent rien de la conversation, le premier posant un regard sur les mains crispées de la châtelaine, puis sur Prudence. Il est attentif et ne dit rien. Louise, elle, continue, d’une voix étranglée par l’émotion.
- Je sais m’en servir oui. Pas aussi bien qu’un homme dont c’est le métier ou aussi bien qu’un noble seigneur élevé dans cet art depuis son enfance, mais je m’applique…
Enguerrand finit par froncer les sourcils. Il sait à quel point la châtelaine s’entraîne, toujours en secret, pour être prête à se défendre en cas de besoin. Il sait aussi qu’elle a bénéficié des enseignements d’un tout autre maître qui excelle dans un art bien différent, très nettement moins académique que celui qui est ordinairement enseigné en Péninsule. Cela l’agace prodigieusement d’ailleurs, parce qu’elle se déplace comme un chat, tout en utilisant les techniques d’Enguerrand, ce qui en fait un curieux mélange, à vrai dire. Plusieurs fois, elle a réussi à le déstabiliser, sans jamais parvenir à le toucher. Il sait pourtant que cela arrivera, avec de la patience et de la persévérance, ce dont ne manque pas la châtelaine.
Le digne Enguerrand finit lui aussi par regarder ailleurs en songeant à Eudes de Fernel et à toutes ces batailles qu’il a suivies à ses côtés. Lui, il sait. Le grondement sourd d’un sol martelé par des centaines de chevaux lancés à pleine charge vers l’ennemi. Le bruit assourdissant du métal heurtant le métal, celui des cris de rage, de souffrance et d’agonie. Le chaos carmin généré par toutes ces gorges tranchées, ces membres arrachés, ces corps piétinés, servant de support pour les guerriers qui tombent, un à un, gênés par ces cadavres encore frais ou ces mourants plaintifs. Il sait la couleur de la terre, l’odeur de fer et de feu dont l’air est empesté, une odeur rance qui brûle les narines et pique les yeux, une odeur dont on ne peut se défaire avant des jours…et dont le souvenir vous hante toute une vie.
Louise, elle, elle ne sait pas. Elle sait juste ce que les chroniques lui ont appris, ce que Eudes lui a raconté, ce que son maître d’armes lui a décrit. Elle ignore tout des réalités des batailles puisqu’elle n’y a jamais été confrontée. Pourtant…Il sait aussi que ce cœur-là, celui qui pulse sous cette toute petite et fragile apparence de noble demoiselle, est de la même trempe que le sien. Peu de femmes aurait supporté ce qu’a traversé la châtelaine et c’est bien pour cette raison qu’il lui est dévoué. Il n’a pas honte de la servir. Très loin de là.
- Je n’ai jamais combattu les Noirelfes. Ce sont eux qui s’en sont pris à moi, par contre, par le truchement de leur Haute Prêtresse de Kiel, infâme créature.
Elle se raidit, le visage soudain fermé, dur, aussi inflexible que celui des deux hommes qui l’accompagne.
- Sachez que cette engeance du Mal circulait au Nord, non loin de mes terres et m’a fait parvenir un très alarmant message que j’ai relayé à tous les pairs du Royaume ainsi qu’à sa Majesté. Imaginez donc dans quel état d’esprit je me trouve, Dame Prudence…
Louise porte le regard sur la corde, se rappelant le message qu’elle a fait parvenir en retour à cette horreur aux yeux de néant.
- …quand je sais que ces monstres maîtrisent des choses abominables. Non, j’abhorre la Magie, elle n’est que source de malheurs et de souffrance en ce qui me concerne et je préfère m’en tenir aussi loin que possible. Pouvons-nous nous éloigner, s'l vous plaît?
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| | | Griffon de Langehack
Humain
Nombre de messages : 345 Âge : 27 Date d'inscription : 22/07/2018
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 43 Taille : 1m83 Niveau Magique : Non-Initié.
| Sujet: Re: Sur du velours | Griffon Sam 5 Juin 2021 - 20:03 | |
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Elle l’écouta mais elle ne répondit rien. Pourtant elle aurait pu. Elle aurait pu dire que le grand-temple devant lequel ils étaient passés fut bâtis et étendus avec, entre autres, le concours de la magie ou bien que les plus grands soigneurs du royaume étaient souvent des magiciens. Mais à quoi bon ? La discussion était intéressante en elle-même mais, comme elle s’y attendait, c’était un débat qu’elle ne pourrait avoir que dans l’hémicycle du Collège Langecin même si, entourée de ses pairs, elle ne trouverait sans doute pas grand monde pour la contredire. Son visage refléta un peu la tristesse qu’elle ressentit devant le portrait que dressait Louise, elle voulu soupirer mais elle s’en garda bien également, préférant éviter de communiquer davantage de son état d’esprit. Elle aurait également pu expliquer comme un adolescent pouvait corrompre des souffles, et ce sans magie, mais elle préféra s’abstenir, ce n’était pas vraiment le moment. Quant aux noirelfes, l’héritière ne s’en préoccupait pas, les choses suivraient leur cour normal, si jamais ils devaient venir, comme d’ordinaire, ils s’écraseraient sur les remparts des places fortes péninsulaires avant de s’en aller, laissant Langehack intact. Au final ce ne serait même pas plus mal, pensa-t-elle, la dévastation infligée au nord serait une belle opportunité d’étendre son influence en aidant à la reconstruction mais en attendant il n’y avait qu’à observer. Au final, si Prudence aurait beaucoup aimé pouvoir dire qu’elle comprenait la châtelaine, elle ne pouvait le faire sans lui mentir, ce qu’elle préférait éviter tant que faire se pouvait. A la place la langecine fit faire demi-tour à sa monture et la fit avancer au pas de par où ils étaient venus avant de décrocher la broche d’argent qu’elle avait dans les cheveux, libérant une bonne partie de ceux-ci qui tombèrent en cascade sur son épaule droite ; sa coiffure ainsi ruinée, ou du moins une partie, elle eut une pensée pour sa camériste qui passait un certain temps à s’en occuper chaque matin. « Nous allons nous en éloigner, ne vous inquiétez pas. » Le coursier souffla un bon coup comme si se remettre en mouvement lui était désagréable. « Et je vous proposes d’en profiter pour rentrer. » Elle baissa alors la tête et regarda la broche dans sa main avant de recouvrirle bijoux de la deuxième et de fermer les yeux. Elle entendit les sabots des autres cavaliers, au moins ceux de sa suite, s’approcher d’elle mais elle n’y fit pas attention. En dehors de ce qu’elle avait dans les mains rien n’existait plus. Les oiseaux qui s’envolèrent de branches non loin, la douce chaleur du soleil qui ne tarderait pas à se coucher et qui illuminait son chemin, les soubresauts réguliers de la démarche du cheval sur lequel elle était, l’odeur musquée des sous-bois ; tout ça n’était plus de ce monde.
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| | | Louise de Fernel
Humain
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| Sujet: Re: Sur du velours | Griffon Lun 7 Juin 2021 - 8:43 | |
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L’émotion de Louise est visible. Assez en tout cas pour qu’Enguerrand fasse avancer son cheval de manière à être à la hauteur de la châtelaine. En silence, d’un simple regard, il lui pose une question, à laquelle elle répond d’un petit hochement de la tête. « Tout va bien », semble-t-elle lui signifier. De fait, physiquement, elle va très bien. Moralement par contre, il lui est toujours difficile d’évoquer les Drows ainsi que la Magie. Tant pis pour ce secret relatif à cette goutte noire, elle ne préfère pas s'aventurer sur un pareil terrain.
Prudence a l’élégance de ne rien relever, au grand soulagement de Louise qui fait avancer son cheval d’un léger mouvement de son genou. Oui, elle préfère partir, elle ne se sent pas confortable, ni très à l’aise, elle est bouleversée. Cela étant, elle n’en tient pas rigueur à la dame de Langehack. Pas le moins du monde.
- Je vous remercie Dame Prudence.
Elle la regarde alors défaire sa coiffure, haussant un sourcil avant d’observer ses hommes qui semblent fascinés par la scène. Si Enguerrand se remet vite de son émoi par une toux ostentatoire, il n’en va pas de même pour Aymeric qui a un léger sourire. Avisant le regard désapprobateur de Louise, il reporte son attention ailleurs, gêné. La châtelaine, elle, approche de la dame de Langehack et l’observe, avec la plus grande curiosité.
- Dame Prudence, tout va bien ?
Un regard pour l’escorte d’or, perplexe, puis pour la noble dame qui agit curieusement, là, sous ses yeux, tenant sa broche dans ses mains, les yeux clos.
- Vous vous sentez mal ? Avez-vous besoin d’assistance ?
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| | | Griffon de Langehack
Humain
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| Sujet: Re: Sur du velours | Griffon Mar 8 Juin 2021 - 11:11 | |
| Prudence rouvrit lentement les yeux, après avoir ignoré Louise. Le regard d’abord dans le vague, tout ce qui se trouvait devant elle n’était qu’un flou même pas artistique et petit à petit sa vision se reconcentra. D’abord sur l’arbre qui lui faisait face à quelques mètres devant elle, marquant un virage dans le chemin qu’elle empruntait. Puis le ruissellement chantant d’un ruisseau lui arriva aux oreilles, enfin l’odeur plus douce des sous-bois, en tout cas plus douce que celle des abords du village, pénétrèrent ses narines. Les deux dernières questions de la nordienne lui revinrent alors, doucement, progressivement, comme les dernières brumes d’un rêve au réveil. « Non, merci, je vais bien. » Ses mains se séparèrent et elle tendit sa broche à la châtelaine mais au lieu du motif floral qui donnait sa beauté à l’objet se trouvait un chêne d’argent, les pétales remplacées par des feuilles. Elle n’avait aucune idée de ce à quoi ressemblait les armes de Fernel, ou du moins s’il y avait autre chose que l’arbre. Apprendre les blasons des familles péninsulaires fit partie de son éducation mais au fil des années sans réviser, toutes ces informations qui n’étaient pas d’une utilité folle, finirent par disparaître de son esprit. « Tenez, je sais que la magie peut être effrayante mais elle n’est pas que source de souffrance même si je conçois que pour vous ce soit difficile de l’imaginer. »
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| | | Louise de Fernel
Humain
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| Sujet: Re: Sur du velours | Griffon Mer 9 Juin 2021 - 13:18 | |
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La châtelaine demeure perplexe quelques secondes, alors que la Dame de Langehack semble reprendre peu à peu ses esprits. Louise a un regard pour ses hommes puis pour l’escorte d’or, un peu inquiète néanmoins. Puis lorsque Prudence lui tend la broche, modifiée, elle n’a pas un mouvement. Elle ne dit plus rien, elle regarde le métal modifié avec de grands yeux ronds, les mains se serrant peu à peu sur les brides.
- …
Ainsi donc, Dame Prudence de Langehack est de cette engeance-là ? Elle semblait sympathique pourtant, au premier abord. Et ce triste constat n’est pas sans lui rappeler un autre Mage. Un autre qui a dévié la trajectoire de son lancer d’un simple geste de la main. Louise semble être au bord du malaise à présent, pâle comme un linceul. Alarmé, Enguerrand approche et se tient à ses côtés, non sans observer la broche à son tour. Son regard se trouve soudain obscurci par deux épais sourcils froncés. Sa monture s’agite soudain beaucoup, tout autant que Lasgalen qui renâcle avec bruit.
La châtelaine a un regard indéfinissable pour la cavalière qui lui tend le bijou. Le refuser serait un affront. On ne refuse pas un cadeau, encore moins quand il provient d’une noble dame au nom aussi illustre. Pourtant, il aurait sans doute mieux valu, diplomatiquement, que Prudence s’abstienne de faire montre de son talent face à Louise. Prendre la châtelaine par surprise est une tactique regrettable qui ne sera sans doute pas sans conséquences, immédiates et à long terme.
Elle s’empare du bijou donc, le gardant dans sa main sans oser le serrer complètement, observant avec méfiance les détails apparus à la place des fleurs. Un chêne. Fort joli au demeurant. Charmant.
- Merci…
Elle murmure, d’une voix éteinte, tout en saluant poliment :
- La souffrance peut prendre bien des visages et bien des formes. Veuillez m’excuser mais je ne me sens pas bien du tout et il se fait tard. Je rentre à l’auberge. Je vous remercie pour cette promenade, cela a été…instructif. Mes hommages, Dame Prudence.
D’un mot prononcé par Louise que Prudence ne comprendra certainement pas, Lasgalen hennit bruyamment et s’élance au galop sur le chemin de la ville, talonné par Enguerrand et Aymeric qui le suivent de très près. Ils sont déjà loin, dissimulés par le nuage de poussière soulevé par les sabots des chevaux. Presque couchée sur l’encolure de Lasgalen, Louise ne regarde que la route, traçant son chemin aussi vite que possible, afin de rentrer et de s’enfermer dans sa chambre, désireuse de mettre le plus de distance possible entre la troupe langecine et la sienne.
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