Ohé ! Ohé ! Qui est là ? C'est le joyeux Arétan ! [Renaud]

Magnus de Terresang a écrit:: 2ème ennéade de Verimios de l'An 18 du XI:
Arétria, Marquisat de Sainte-Berthilde

A l'attention de Renaud, Seigneur du Lyron et Duc d'Erac de la part de Magnus, Seigneur de Terresang et Comte d'Arétria,

Votre Grâce,

Je vous adresse ce courrier pour vous faire part de mon souhait de me rendre en votre demeure pour une nuit.

Comme vous le savez sûrement, notre bon Roy sera investi par le pouvoir des dieux pour régner sur nous tous en digne et légitime souverain de la Péninsule et protecteur des Hommes.

Je fais donc le trajet depuis Arétria pour m'y rendre et nous arriverons à Erac au 3ème jour de la 7ème ennéade.

Lorsque vous recevrez ce messager, nous serons probablement sur la route. Si nous ne voyons pas d'éclaireur venant à notre rencontre, nous prendrons cela comme un refus et passerons la nuit à la belle étoile.

En espérant que ce courrier vous trouve en bonne santé,

Magnus
Comte d'Arétria
Seigneur de Terresang

Le missive était bien arrivée à Erac et Renaud n'avait pas envoyé de réponse puisque le Comte disait qu'il serait probablement parti, et qu'un éclaireur suffirait comme réponse au moment où ils franchiraient la frontière avec Sainte-Berthilde. Le Duc n'avait que peu d'informations sur celui qui dirigeait Aretria, il fallait dire que les Comtes s'étaient succédé régulièrement depuis quelques années et qu'il était difficile de suivre tout cela, surtout quand ce n'était pas un vassal et que les échanges que vous aviez avec étaient presque inexistant. Renaud n'avait donc aucun apriori, que ce soit positif ou négatif sur celui qui allait traverser ses terres pour se rendre aux festivités de Diantra. Les préparatifs pour sa suite et lui même allaient bon train d'ailleurs et il n'excluait pas, si l'entretien se passait bien, d'accompagner le Comte sur la route jusqu'à la Capitale péninsulaire.

Lorsque la troupe arétane arriverait à la frontière, elle y trouverait celle d'Erac, composée de dix hommes, et pas n'importe lesquels, parce qu'un Comte, ça n'est pas n'importe qui. Ce dernier ne reconnaitrait sans aucun doute absolument pas l'élite du Duché, mais les soldats qui étaient face à lui en faisaient bien parti. Dix imposants cavaliers, tous montés sur des destriers eraçons pur race, tous noir, et caparaçonnés aux couleurs d'Erac. Leurs armures aussi sont noires, si ce n'est une cape et un panache sur leur casque, tous les deux bleu clair. Il s'agit ni plus, ni moins, de membres de l'Ordre du Merle. En constatant la suite du Comte, l'amusement et la méfiance sont de mises

"Dis Bertrand, as tu vu leur nombre ? es tu certain qu'ils viennent en ami, on dirait plus une invasion ?"

Le ton était sarcastique, amusé, mais avec un petit voile qui amenait un soupçon de crainte que ce qu'il dise se révèle exact

"Les ordres du Duc sont clairs, nous devons les escorter, alors ne me fais pas honte Hugues."

Bertrand ne pouvait pas sincèrement écarté l'idée que lui avait amené la question de son homologue

"Vincent, tu resteras ici pendant que nous irons à leur rencontre, si tu vois qu'ils nous attaquent, tu iras avertir la forteresse la plus proche, puis le Duc"

Après un acquiescement, il regarda ses amis talonner leurs montures pour se rendre auprès du Comte. Lorsqu'ils arrivèrent au niveau de la "délégation", Bertrand se porta en avant des huit autres, puisque pour cette mission, c'est lui qui avait été désigné pour la diriger.

"Bonjour, Je me nomme Bertrand d'Oréon, j'ai été chargé de vous escorter jusqu'au Castel d'Erac. A votre service"

« Mon seigneur ? »

Magnus se mit à soupirer, il avait eu le sourire durant tout le trajet … bon, peut être pas en Sainte-Berthilde où il avait évité soigneusement toute les forteresses Berthildoises et même Cantharel, le fief du régent et suzerain des Arétans. Il se savait en territoire ennemi ou presque depuis l’affaire entre le vieux Gaubert et lui. Le régent ne le portait pas dans son coeur encore moins les Berthildois notamment les Kelbourg, oh certes, sa mère avait tissé des liens avec la plupart des familles du territoire mais il ne fallait pas s’attarder ici. Il n’était pas Anna de Bisvert, il n’était que le fils bourrin d’une notable Berthildoise.

Il se tourna alors vers le seigneur Enryk d’Olrina, un petit seigneur de la Malelande qui était l’un des éleveurs de roncins Malelandois. Il avait prit ses plus beaux spécimens pour la foire commerciale de Diantra tout comme les trois autres nobliaux d’Arétria.

« Hm ? »
« N’arrivons près d’Erac et … d’après l’arrière garde, il semblerait qu’des catins et d’marchands s’soient mêlé à l’cohorte lors de d’la traversée du Berthildois. »

Ils ont cru que la délégation Arétanne était une armée en campagne ? Bon sang … il soupira une nouvelle fois et fit un geste de la main.

« Qu’importe. Envoyez quelques hommes en plus à l’arrière p’surveiller c’monde. »

Enryk partit alors à sa besogne puis ce fut un autre seigneur qui s’approcha de Magnus par sa droite, c’était Rathord de Sorosd. Il avait un sourire mesquin sur les lèvres, il savait que le comte n’avait pas été à l’aise durant la traversée du territoire de son maître. Parce que oui, Terresang en était certain désormais, le petit freluquet était un espion Berthildois. Il n’avait rien fait pour le moment à son encontre mais il allait lui servir d’ici peu.

« La nuit va bientôt tomber, messire. »
« Z’avez peur, Sorosd ? »
« Non, bien sûr mais peut être que ces marchands n’en sont pas. »
« Eh bien, j’ferais en sorte qu’vous ayez à tomber dessus s’ils s’amusent à m’pourfendre. Z’êtes chevalier n’est ce pas ? Vot’ serment vous demande de protéger vot’ comte d’la mort. »
« C’est vrai qu’un vieil homme est plus lent à peine réveillé. »
« Qu’vous croyez, Sorosd. En tout cas, vot’ cousin, not’ regretté comte, était bien éveillé quand l’gobelins l’ont tué. »

Magnus eut un sourire à son tour et Rathord allait répliquer mais le seigneur le stoppa d’un geste de la main quand il vit deux cavaliers lourds s’approchaient de la délégation et ils se présentèrent.

« Je suis Magnus, Comte d’Arétria et Seigneur d’Terresang. »

Il regarda le seigneur de Wenden qui allait se présenter comme l’arrogance de la jeunesse lui ordonnait mais il se tut lorsque Magnus l’envoya tel un serviteur prévenir l’ensemble des hommes de la cohorte.

«L’Duc d’Erac a donc accepté d’nous accueillir. J’en suis ravi, menez nous au castel, messire d’Oréon. N’vous suivons. »

Bertrand ne savait pas trop ou donner de la tête, ne connaissant pas l'apparence du Comte. il fut donc soulagé lorsqu’enfin, un vieil homme s'avança, annonçant son titre et demandant à être mené à Erac

"C'est un honneur, votre Grandeur, le Duc est ravis de vous recevoir. Par contre, je suis navré, mais nous n'arriverons pas au castel avant la nuit, il nous faudra nous arrêter dans une taverne."

Il regarda la suite que composait les aretans, toujours surpris par le nombre qu'il distinguait

"Tout le monde ne rentrera pas, vous vous en doutez, et cela doit être le cas depuis votre départ de chez vous. De même, il faudra nous communiquer ceux que vous souhaitez voir séjourner à Erac. La forteresse est grande, mais votre suite l'est encore plus, vous m'en voyez navré. Il va de soit que nous ferons en sorte que tous soient accueillis dans les meilleures conditions"

Il n'existait aucune taverne, ni aucun château, aussi grand soit il, pour avoir assez de chambres pour loger tout ce monde qui suivait le Comte

"Si vous voulez bien me suivre ?"

Bertrand fit faire demi tour à sa monture, et il lança le départ. Chemin faisant, il demandé à l'un des hommes de l'Ordre de partir en avant afin de prévenir le Duc du nombre conséquent qui allait arriver. Il fallait que tout soit prêt pour les accueillir, de même qu'un champ assez vaste et des latrines creusées pour que les meilleurs conditions soit réunies

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Enfin Erac était en vue, imposante forteresse plus proche de celles du nord que des Palais du Sud. Bertrand mena le Comte, accompagné d'un nombre restreint de sa suite pour ne pas engorger la cité. Renaud attendait à l'entrée de l'impressionnant donjon plein de sa longue histoire datant de la fondation du Duché, premier à avoir été fondé par le Roy. Une fois le Comte descendu de sa monture, le Duc le rejoignit

"Votre Grandeur, je suis honoré de vous recevoir à Erac, vous êtes la bienvenue tout le temps de votre séjour"

Il fit la révérence adéquate en rapport à leurs titres respectifs avant de faire signe à son hôte de le suivre à l'intérieur

"Diantra va être le cœur d'un évènement qui va réunir toute la noblesse péninsulaire, personne ne voudra manquer cela pour rien au monde. Je vous avoue qu'il me tarde d'y être, vous aussi je présume ?"

Il était évident qu'il ne fallait pas louper cela alors qu'il y avait tout le gratin qui allait se présenter dans la capitale péninsulaire. C'est la qu'il faudrait être et pas ailleurs si l'on voulait nouer des connaissances, voir des alliances.

Magnus s’imaginait bien que Erac, aussi grande soit-elle, n’allait pas accueillir presque trois cents personnes en son sein ni même la taverne qui allait les accueillir pour la nuit. Non, il s’en doutait bien. Il hocha alors la tête pour signifier qu’il avait compris et il savait déjà qui il allait prendre pour rencontrer le Duc Renaud d’Erac et cela promettait assurément d’être intéressant comme échange. Peut-être allait-il pouvoir nouer des liens, c’était la première fois depuis sa nomination en tant que Comte qu’il rencontrait un Pair et il y avait tout à y gagner comme à y perdre.

Il suivit alors les cavaliers du Merle dont il nd connaissait rien mis à part de ce qu’on avait bien voulu lui dire : Que c’était des guerriers d’excellences, l’élite du duché. Il n’avait pas besoin d’en savoir plus et il s’en fichait un peu.

Après une nuit relativement normale pour un convoi de cette taille, le comte et sa suite arrivèrent finalement aux portes de la Cité. Magnus demanda à ses frères, sa sœur, ses deux enfants mais également aux seigneurs et représentants de Stern, de Rimbert et quelques noms obscurs Arétans. Il prit même la peine de se faire accompagner des représentants de chaque guilde et des gardes reîtres tout en laissant le commandement du reste du convoi à à l’un de ses intendant qui sonna comme une insulte envers le Seigneur Rathord de Sorosd. Ce gamin était un emmerdeur et il n’était pas question qu’il vienne avec Magnus rencontrer Renaud d’Erac.

Il dessella de sa monture tout en mettant son heaume sous son aisselle et eut un immense sourire en voyant le Duc l’accueillir. Ce n’était pas fréquent que Magnus sourit à ce point, mais il était heureux d’être ici, cela faisait une année qu’il n’avait rien vu d’autre que la boue de la Malelande et être en territoire « civilisé » lui ferait presque du bien. On sentait le stress de sa fonction fondre comme neige au soleil.

« Et moi heureux qu’vous fassiez abstraction d’l’animosité qu’mon suzerain à envers m’personne. Au moins, j’aurais l’loisir d’voir l’architecture Médianais. »

C’était une façon comme une autre de dire que lui aussi était honoré. A la Magnus quoi. Il suivit alors en compagnie de sa suite, son hôte et hocha positivement la tête à la question.

« En effet, même s’des événements fâcheux s’passent en c’moment même dans l’Nord, rien n’vaut l’déplacement pour rencontrer c’pairs… même s’Arétria prône l’isolationnisme tout c’la est terminé, n’nous ouvrons désormais au reste de la Péninsule et rien d’mieux qu’le couronnement d’not’ bon Roy pour l’montrer et c’la s’ra une bonne occasion aux péninsulaires d’vraiment s’réunir après d’années d’guerre. »

Le Comte semblait rayonner de se retrouver en ce lieu, ce qui mettait du baume au cœur contrairement à certaines personnes qui étaient de marbre. Renaud ne savait bien évidemment pas si c'était sincère ou feint, mais il s’évertuerait à rendre le séjour de son hôte le plus agréable possible, et être digne de son titre, ne voulant pas non plus que son nom soit calomnié en raison d'un accueil médiocre. Lui même arborait un sourire amical alors qu'il écoutait le Comte parler des tensions qui existaient entre lui et le Marquis de Sainte-Berthilde. Le Duc fronça très légèrement les sourcils alors que Magnus parlait, il devait faire un effort de concentration pour comprendre ce qu'il disait, peu habitué par un langage aussi haché de la part d'un noble avec un titre aussi élevé. Cela ne le dérangea pas pour autant, n'étant pas celui qui l'avait nommé, et n'ayant rien à dire sur sa légitimité, cela ne le regardait aucunement

"Vous savez, votre Grandeur, les problèmes entre le Marquis et vous même ne me regardent pas, et il serait bien peu avisé de ma part de m’immiscer dedans. Vous êtes Comte et vous traversez mes terres, il est donc naturel de vous accueillir comme vous le méritez. Et je me réjouis de faire votre connaissance."

Les têtes avaient beaucoup changé ses dernières années en péninsule et il était complique de connaitre tout le monde après tous ces chamboulements.

"La péninsule est plus grande qu'on ne le penserait de prime abord. Je suis navré de constater qu'on ne se connaissait pas encore alors que nos terres ne sont pas si éloignées que cela, alors je ne vous parle pas du nord ou du sud. Il est bon d'apprendre qu'Aretria s'ouvre, cela sera un bienfait indéniable. Il y a bon nombre de gens que je n'ai jamais rencontré, le couronnement de sa Majesté permettra de remédier à toutes ces lacunes. J'espère bien faire la rencontre de beaucoup de monde à Diantra et qui sait, nouer des amitiés."

Alors pour se lier d'amitié avec le Duc il fallait se lever de bonne heure, et encore c'est peu dire. Il en faudra du temps pour percer sa carapace pleine d'appréhensions. Renaud dirige Magnus vers une grande salle de réception capable d'accueillir du monde, et ou il y a de quoi se sustenter et se rafraichir. S'il s'attarde sur l'architecture et la décoration, le Comte ne manquera pas de constater l'équilibre recherché entre une demeure de Duc avec tout le faste que cela demande, et l'austérité toute martiale qu'Erac revêt, plus proche du nord que de Diantra ou encore du Sud tout proche. Renaud savait, bien entendu, que la troupe avait du dormir dans une auberge, et que même si celle choisit était agréable et avait pignon sur rue, cela ne valait jamais une château

"Le voyage à du être éprouvant, aussi, j'ai fait préparer cela en votre honneur. Ensuite, l'on vous montrera vos quartiers si vous désirez vous reposer"

Le Duc ne manqua pas de relever l'allusion de Magnus sur des évènements fâcheux dans le nord. Il ne savait pas bien de quoi il en retournait, mais vu que son hôte en parlait, alors ce ne devait pas être un secret, et il pouvait demander des clarifications

"Vous parlez d'évènements fâcheux, de quoi il en retourne ? Je ne pense pas avoir été avisé d'un quelconque soucis, est ce que je serais ma informé ?"

Il ne parlait bien entendu pas d'espionnage, tout le monde savait que chacun cherchait à savoir ce qu'il se passait chez le voisin, la question était légitime et sans arrière pensée. La seule chose notable à relever était la missive de Louise de Fernel concernant une sombre, mais comme Magnus semblait dire qu'il y en avait eut plusieurs, la question était légitime.

Au moins, Magnus et sa suite sortiront vivant du Duché d’Erac. On n’avait pas payé le Duc pour emprisonner le Comte ou pire, c’était déjà ça de pris et le Pair semblait ne pas vouloir se mêler de la chose. Au moins, Louis n’avait pas le bras si long en fin de compte mais il restait tout de même un allié de son suzerain et il ne fallait pas trop en dire.
Le Malelandois hocha alors la tête lorsque le seigneur du Lyron expliqua les bienfaits possibles que le couronnement procurera à la Péninsule et c’était assurément une bonne idée. Comme le Duc l’avait dit à l’instant, trop peu d’échanges avaient lieu entre les différents seigneurs de la Péninsule, la fin de ces guerres incessantes et la paix nouvelle ouvrira de nouvelles possibilités à n’en point douter.

Ils se dirigèrent donc dans une salle de réception qui semblait plus tenir du Nord que du Sud … après tout, le Médian était au centre de la Péninsule et il avait opté pour la meilleure des cultures qu’il soit, c’était déjà une bonne chose. Au moins, les Nordiens en visite n’étaient pas dépaysés. Il se tourna alors vers Renaud qui semblait curieux de savoir ce que Magnus voulait dire par « fâcheux événements ». Il se mit à sourire.

« Un Drow a décidé d’faire une randonnée dans l’Nord, Dame d’Fernel à dû v’prévenir, non ? Elle n’viendra probablement pas jusqu’ici. Mais p’le reste, c’ne sont qu’des problèmes internes, Monsieur l’Duc. Rien d’problématique pour l’reste d’la Péninsule, vous connaissez l’Nord. D’ici quelques temps tout c’sera calme. »

Le Duc n’avait pas besoin de savoir qu’un complot de grande envergure se préparait dans l’ombre, il n’avait pas non plus besoin de savoir que Magnus ne rêvait que d’une chose : mettre une dague dans le coeur de son bien aimé suzerain. Nooon, il n’avait pas besoin de savoir.

« En t’cas c’parfait, Monsieur l’Duc. N’nous sentons comme chez nous, ici. »

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