Concertation | Magnus de Terresang

Thorus de Terresang. Elle ne souvient pas de l’avoir rencontré lors de son récent séjour arétan. Quoiqu’il en soit, les deux frères sont vraiment dissemblant, jusqu’ à leur langage. Si l’un demande un réel effort de concentration afin de saisir toutes les nuances de son discours, point besoin de traduction en compagnie du frère de Magnus. Au moins, elle n’en sortira pas avec un mal de tête cette fois.
Elle suit donc le seigneur et s’installe à la place qu’il lui désigne avant qu’il ne s’exprime à nouveau. Et là, Louise ne peut s’empêcher de légèrement froncer les sourcils, autant à cause de la révélation de l’absence du comte que par ce sous-entendu qui n’est pas tellement un.

- Cela ne vous concerne en rien, en effet. Quoiqu’il en soit, je suis réellement inquiète. Ce que vous m’apprenez est préoccupant.

Et elle comprend dès lors que le Comte n’apparaisse pas ou que son frère n’ait rien mentionné en public. Un aveu de faiblesse est toujours dommageable quand on se trouve dans une situation délicate et cela Louise l’a parfaitement bien compris.

- Puisse la Bienveillante veiller sur votre frère. C’est un homme rude mais c’est un homme bon. Et puisqu’il s’agit de ménager son anxiété, peut-être vaut-il mieux que je discute avec vous de ce qui m’amène en urgence.

Louise plante son regard dans celui de Thorus. Il pourra y lire de la fatigue mais également une certaine détermination.

- Si vous êtes l’homme de confiance de votre frère, il vous aura dès lors averti qu’un conflit couve entre le Zagazorn et la Péninsule. Un soupir un tant soit peu exaspéré. L’on peut bien se moquer du Nord et de nos manières brutales, il n’en demeure pas moins que les Suderons n’ont guère à se vanter de leurs déplorables façons de procéder. Nous devons cette fort jolie situation au Marquis de Langehack qui a été visiblement incapable de faire régler l’ordre au sein de sa propre cour, avec de désastreuses conséquences. Des Nains ont été tués. Le Zagazorn menace de rompre toute communication diplomatique et vous savez certainement ce que signifiera cette rupture pour la Péninsule et en particulier pour le Nord qui se trouve à la frontière directe avec le Zagazorn.

L’on s’est moqué de ses paroles évoquant l’aspect militaire de la situation. C’est une femme, certes, mais elle ne manque pas de bon sens. Les premiers à gouter à l’acier nain seront les Nordiens, en passant par les Wandres ou par Oesgard. Arétria est donc concerné au premier plan.

- Je suis Amie des Nains. J’accompagnerai donc une délégation diplomatique sous peu. Ce qui m’amène en droite ligne au motif de ma visite.

Elle lisse les plis de sa jupe.

- Votre neveu Harven est mon pupille. Vous le savez sans doute. Il devait rentrer en ma compagnie à Fernel, ainsi qu’une de vos nièces. Cela ne pourra se faire, bien entendu. Cela étant, si je ne peux accompagner Harven à Fernel, cela ne veut pas dire que je l’abandonne.

Un sourire, tout aussi fatigué que son regard, mais bien présent.

- Votre frère m’a demandé de lui apprendre tout ce que je sais. Or, ce que je sais, je le tiens de mes voyages et de mes rencontres. Le voyage que je m’apprête à faire sera sans doute le plus important de toute ma vie. J’aimerais que mon pupille m’y accompagne.

Elle hoche la tête, toujours occupée à regarder Thorus, sans ciller.

- Je n’ai que peu de temps. S’il m’accompagne, l’enseignement qu’il recevra sera sans doute plus riche que n’importe quel héritier péninsulaire pourrait jamais rêver obtenir mais cela ne sera pas sans risque. S’il ne m’accompagne pas, il rejoindra Fernel en compagnie de mon escorte et devra attendre mon retour en terres qui lui sont étrangères.

Elle croise les mains sur sa robe, attendant une réponse :

- Vous comprenez maintenant toute l’importance de ma présence en ces murs, Seigneur. Quelle est dès lors la meilleure des décisions selon vous ?