Alors que le Soleil avait disparu à l'horizon, la populace n'en démordait pas, en la belle Alonna : quand fête il y avait, il était toujours trop tôt pour se coucher ! Au bord de l'eau, les torches illuminaient les paysans dansant dans la nuit, tandis que de leur rire et leurs chants, ils repoussaient un peu plus l'obscurité. Les bêtes étaient à l'étable, les outils rangés. Au milieu des humbles masures, une grande table avait été dressé, afin que chacun puisse s'y sustenter et y boire à satiété. Ce n'était pas tous les jours que deux jeunots se mariaient, et entre les journées de labeur, une telle aubaine se savourait jusqu'à l'aube !
Parmi ces figures tannées, le barde détonnait. Cela aussi, était des plus précieux : pour l'occasion, même un sieur sachant gratter un instrument avait été trouvé ! Ainsi, le bellâtre coloré faisait profiter l'assistance de son timbre chaleureux, alors que ses cordes tintaient harmonieusement, invitant aux sautillements. En réponse, comme mus par un même cœur, les paysans faisaient claquer leurs sabots sur la terre. Les anciens couvaient les danseurs d'un œil bienheureux, se racontant d'autres épousailles. Les plus petits s'amusaient au milieu des poules et des chiens, libérés de leurs corvées. Quant aux jeunes gens, habillés de leurs plus beaux atours et de leurs quelques bijoux, démontrer leur agilité faisait luire leur derme, au gré des sourires échangés. Dans un coin, les parents des mariés parlaient de leur projets d'avenir... Et les deux amoureux étaient entrainés de part et d'autre de la fête, par leurs amis et voisins.
Incapable de faire de l'ombre à telle joie, un vieillard s'était isolé au bout d'un petit ponton, canne à pèche en main. Tant d'excitation n'était plus à son goût, aigri qu'il était, sans sa tendre disparue pour le ramener dans le giron chaud de l'humanité. Mais bon, après quelques poissons péchés, peut-être irait-il boire, ne serait-ce qu'un peu, du bon vin des mariés... Avec le roulement sourd du moulin aqueux, il vit plus qu'il n'entendit une petite grenouille bondir dans l'eau sombre, et s'éloigner d'un jolie jeu de pattes, vives et musclées. Par contre il sentit bien la tension sur sa ligne, et il pria pour un gros morceau. S'il l'était suffisamment, il en ferait don aux mariés, comme bénédiction et vœux de prospérité...
Les yeux globuleux qui apparurent à la surface de l'eau n'avaient rien de communs avec ceux d'un batracien.
Inconscient du triste devenir de l'un de ses anciens, le village poursuivit ses festivités tandis que ses pauvres sentinelles, privées de danse, se faisaient égorgées et traînées à l'écart... Jusqu'à ce que l'une d'entre être, qu'une envie pressente préserva, ne se mette à gueuler dans un péninsulaire rural :
"A-a-lerte... ALERTE ! Ca vient sur la route !"Et pour venir, cela venait, et n'avait pas des gueules de saints. Quand le jeunot réalisa que ses camarades ne relayaient pas, il hurla de plus belle... Avant d'avoir les tendons coupés par le bandit bon nageur, arrivé dans son dos.
"S'lo d'ma'mot..." grommela-t-il en estréventin, indifférent au regard terrifié du jeune qu'il étripait.Non content d'avoir manqué se noyer, pris au dépourvu par le courant - les marais ne lui posaient pas ce genre de problème -, il était passé à côté de l'un des gus qui guettait. M'enfin... Ses quenottes pourries n'en étincelèrent pas moins, alors que la musique paysanne déchantait à ses oreilles : les copains arrivaient, la suite ne serait qu'une partie de
plaisir.
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Ayant accosté à l'écart du village, les bandits de l'Aduram firent leur petit effet sur les villageois : sortis du bois corrompus, les jambes mouillées par le fleuve, dépareillés et vilainement gaillard avec leurs figures féroces clamant que les bains n'étaient que perte de temps, ils chargèrent sans aucune autre stratégie que le jeu de l'épouvante et de la surprise. Tombant sur le pif de ceux qui croyaient leur fourche utile, courant après les damoiselles qui n'avaient que leurs guibolles pour défense, ils semèrent la zizanie avec ferveur. Les lames coupaient, les gorges gueulaient, et les vilains raflaient tous butins opportuns, nourriture comme bijoux - on en vit un ou deux rouler momentanément sous des barils entamés -. Les poules furent honteusement piétinées, quand elles n'étaient pas enfournées dans des sacs, et les vieux se répandirent en lamentation, jusqu'à ce que certains bandits en aient assez.
Un temps, il y eut comme un mouvement de résistance : plusieurs costauds avaient sorti marteaux et longues lames pour s'opposer à la troupe de vandales... Bien mal leur en pris : au milieu des cris et des bousculades, un rugissement couvrit un brutal instant tout le reste. Les villageois n'en crurent pas leurs yeux. Là où se tenaient l'instant d'avant leurs hommes, ne restaient que des cadavres brûlants et des survivants hurlant, après qu'une boule de feu ait surgi du néant. Les bandits jubilèrent, et redoublèrent d'ardeur, alors que certains esprits vacillaient, croyant à une nouvelle apparition de Néera.
La grande silhouette grise, qu'une danse martiale avait habitée un instant, se recula entre deux maisons, laissant mourir le reflet des flammes dans ses yeux. Il retourna en arrière, gardant une oreille sur ce qui se passait, mais surtout sur l'extérieur... Et les quelques villageois qui parvenaient à s'échapper, à peine poursuivi par les malandrins surexcités. Sauf un, qui eut le malheur de se prendre une flèche. Tous les fous de l'Aduram ne s'étaient pas oubliés dans le pillage.
Sa lame rougie du sang d'une fuyarde, le drow se réservait, laissant aux autres la joie de plus humbles destructions. Quelque part en lui, il y avait toujours ce goût pour l'anéantissement. Une part de lui se languissait des bêtes qu'il eut pu lâcher sur les mortels cherchant refuge dans l'obscurité. Et puis... Il y avait aussi un vide qui l'appelait ailleurs. Par habitude, il se secoua.
La nuit était loin d'être finie.
Au cœur du chaos, avec un grand éclat de rire, un semi-nain bondit sur la table des festivités, en piétinant les plats déjà renversés, trainant à sa suite un homme fébrile tenant une cithare.
"R'ga'dez-donc ! Y en a un qu'sait jouer, hé ! De la pointe de son coutelas, il raviva l'esprit du sir, ainsi que sa créativité. Joue-nous donc que'que chose ! ALLEZ !"Parce que sa vie en dépendait, ayant sous les yeux son devenir courant pour mieux se faire lacérer au détour d'une maison, le barde trouva il ne sait où la faculté de jouer encore. Les notes étaient hésitantes, et pincées, loin des airs enjoués joués plus tôt... Mais la pression aigüe maintenue, perçant le tissu couvrant ses reins, fit des merveilles, et bientôt, la musique accompagna le pillage à son tour, les bandits ne se privant pas pour chanter quelque belle chanson de chez eux.
Est-il utile de préciser que, suite à la boule de feu, l'une des bâtisses commença à prendre feu ?
- Info:
Pistes de jeu : - incarner un villageois tentant de sauver sa peau.
- incarner des voyageurs de passage, pris dans le conflit ou voyant le feu au loin.
- incarner le barde dans une position fâcheuse.
- incarner un bandit d'Aduram qui rafle tout ce qu'il peut.
- incarner une patrouille passant bien heureusement par là... Chargeeeeez !
Autres précisions : PJs comme PNJs bienvenus ! Possibilités de blessures, pas d'intention de tuer des PJs ici, plutôt de donner corps aux 'relations' qu'entretiennent les bandits de la Dross avec leurs chers voisins.
La date peut être changée pour arranger.
Le lieu peut aussi être changé pour arranger le plus de joueur, et devenir un pillage en frontière de l'IV (un peu de réécriture et c'est dans le post) s'il y a plus de disponibilité par là.