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| [Incident Langehack] Des témoignages pour une enquête | |
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Harald Barbe-Sanglante
Hôte
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Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 171 ans (An 21:XI) Taille : 1m49 Niveau Magique : Non-Initié.
| Sujet: [Incident Langehack] Des témoignages pour une enquête Dim 3 Oct 2021 - 16:15 | |
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6ème jour, de la 6ème ennéade de Karfïas – Second mois de l’Eté. Année XIX du cycle XI. Dans la salle du trône de Kirgan, capitale du royaume du Zagazorn.
Ainsi donc, les négociations avaient eu lieu. La délégation Humaine, représentée par Athanase de Cley, avait obtenue le laisser-passer des Nains, la Voix de Thanor Glumtol Barbe-de-Fer s’assurant en tout premier lieu de l’innocuité des Humains, avant de les escorter jusqu’à Kirgan. Là, ils s’entretinrent avec le Grand-Roi Harald Barbe-Sanglante, encore fraîchement élu. Moins de deux années de règne, et voilà que ce pourrait être un règne centenaire allait sans doute trouver son point d’orgue durant ce second mois de l’Eté de l’an XIX. Car nombreux furent les combats menés par le Grand-Roi Harald, nombreux sont ceux qui allaient s’en suivre… Mais peut-être que rayonnement de celui-ci, la portée de son pouvoir, allaient atteindre un paroxysme en ce mois-ci ? La négociation se passa, fort heureusement, sous de bons hospices. Peut-être point les meilleurs, car cet Athanase de Cley avait la langue aussi acérée que ses positions étaient bien campées. Une enquête allait être diligentée, du côté des Nains, et du côté des Humains, sous l’égide des deux couronnes. Et pourtant, bien que le Chancelier Humain représentant la couronne, et le Grand-Roi des Nains, soient tombés d’accord sur la justice, et sur la réparation de cet affront, tout n’était pas encore terminé… Car là où Harald voyait de la réparation, les accords commerciaux ressemblaient, pour certains, à du marchandage, et l’achat d’une paix ou d’un silence. Des voix ne tarderaient pas à s’élever pour reprocher cela au Grand-Roi, tout comme d’autres, qui seraient heureuses de tels accords commerciaux, sans doute. Mais voilà, que se passerait-il si cette enquête démontrait la culpabilité du Marquis de Langehack ? La couronne Humaine allait-elle réellement amener un Marquis, Pair du royaume, jusqu’au-devant de la couronne Naine, où celui-ci serait exécuter ? Les Humains avaient tout intérêt de suivre à la lettre les accords de cette rencontre… Sinon, la paix négociée ici serait définitivement enterrée. Définitivement. Du côté des Nains, la parole allait être tenue. A peine Athanase était-il parti pour Thanor et le navire qui le ramenerait à Diantra, que Harald avait fait envoyer un corbeau demandant aux deux thanes des clans meurtris – qui étaient responsables des rites funéraires – de se présenter à Kirgan le plus rapidement possible, au nom d’une enquête royale. Il avait aussi fait mander Günjär Porte-Bourse, l’émissaire Nain qui était à la tête de cette expédition commerciale, et qui avait tout vu de ses propres yeux. Les trois Dawis prirent alors la route, et, onze jours plus tard, les voici qui s’approche du trône. Harald y siégeait. Il ne portait pas son armure, mais des vêtements cossus bien que brutes. De la fourrure chaude, des tissus de velours et de cuir, et sa couronne de pouvoir. A ses côtés, à gauche, trônait sa hache judiciaire sur un épais socle d’acier, suffisamment résistant pour la recevoir, suffisamment sobre pour en exprimer tout le sens profond. A sa droite, sur une assise plus petite et plus frêle, et légèrement au-devant de lui, se trouvait Louise, avec une petite tablée remplie de vélins, d’encriers, et de plumes. A la droite de Louise, voisin de tablée, l’émissaire Péninsulaire d’Athanase de Cley, qui n’aurait là qu’un rôle de Scribe, car seule Louise était autorisée à parler. Dans un coin de la pièce, légèrement à l’abri des regards, se trouvait un quatuor de Dawi, dont le rôle était similaire. Deux devaient tout consigner en langue Dawi, deux autres devaient le faire en langue Péninsulaire. Le but : que rien ne se perdre, jamais. Ce qui se jouait ici devait être consigné, car si les Humains venaient à mentir, il fallait de quoi le leur reprocher. Enfin, dans un autre coin de la pièce, à l’opposée du trône, se trouvait un peintre, ou plutôt, un sculpteur. Il devait immortaliser sur la toile la pièce qui se jouait devant lui, avant de la transposer sur une tablette, laquelle serait elle aussi gardée en lieu sûr. Lorsque les trois Dawis se présentèrent, tous se levèrent, sauf le Roi. Toutefois, lorsque les trois appelés s’avancèrent pour prendre place sur leurs assises, derrières leurs tablées – lesquelles étaient remplies de victuailles et de bières – Harald inclina son visage vers le bas, et frappa son poitrail de sa pogne, lui offrant un puissant « Baruk ! » qui, pour les Nains, était une salutation tout à fait respectueuse et suffisante. Ce « Baruk » fut répété par les nains de l’assemblée, et le travail commença. « Mes amis, je vous suis reconnaissant de vous présenter ici, en ce jour. Vous êtes les dignes représentants de notre race, et, en ce jour, nous œuvrons pour rendre hommage à ceux des vôtres, à ceux des nôtres, qui sont morts pour que notre royaume puisse prospérer. Puissent les divinités être les témoins de ce jour fatidique : nous allons obtenir justice. » Commença Harald, en langue Dawi, car les thanes ici présents ne parlaient pas forcément la langue commune, et que, afin de ne froisser personne, mieux valait s’adresser à eux dans la langue Khazalide. Vu le regard de ces nains, aucun d’entre eux n’appréciait la présence de l’Humaine, et aucun d’entre eux n’avait pardonné, ni même oublié. « Vous n’êtes pas sans savoir qu’une délégation d’Umgis est parvenue jusque sous mon regard. Eux étaient désireux d’éviter la guerre, et, selon leurs dires, de faire appliquer la justice. Leur seule demande fut celle-ci : qu’une enquête soit diligentée. Car le traître Umgi à l’origine de vos pertes, n’est autre qu’un de leurs chefs, un « Pair » comme ils aiment se nommer. En échange de cette enquête, les Umgis ont promit de nous faire parvenir le traître, dès sa culpabilité prouvée, afin qu’il soit décapité ici, sur nos terres, et que la justice soit rendue de nos propres pognes. Vos témoignages sont donc d’une importance capitale. » Les visages étaient fermés, les expressions dures, et les regards passaient du Roi à Louise, de Louise à l’émissaire Humain, puis de l’émissaire au Roi des Nains. Les deux thanes présents avaient encore les images de leurs morts ancrées dans leurs caboches. Ils avaient sorti les leurs des tonneaux de vinaigres sensés conserver les corps… Durant les rituels, et face aux prêtres, ils avaient dit aurevoir à ceux qui furent les leurs, et qui moururent aussi loin de leurs terres natales, des mains d’un Umgi à la traîtrise incommensurable. Ils n’étaient pas heureux, et ils désiraient la vengeance plus qu’autre chose, et en cela, Harald pouvait leur paraître hésitant, ou du moins, échappant à sa réputation de guerrier sanguinaire. Mais ils étaient là, alors, ils se plieraient à l’exercice. Le premier à se lever fut Günjär Porte-Bourse. Emissaire royal envoyé par Harald en personne depuis l’an XVII pour établir, développer et entretenir le commerce Nain en Péninsule, il parlait, avec une redoutable efficacité, la langue commune, le Khazalide, et même le Péninsulaire – bien que cette langue là ait besoin d’être encore peaufinée. Thane d’un clan commerçant prospère de Lante, riche, éduqué, et rôdé aux affres de la négociation, et donc, des compromis, il connaissait ses rôles aujourd’hui : il devait être témoin et traducteur. Mais avant toute chose, il devait se présenter. Pour cela, il devait obtenir l’accord de Harald, car la parole n’était pas donnée à n’importe qui, n’importe quand, n’importe comment, lors d’une séance judiciaire en salle du trône. Harald le savait, bien-sûr. Aussi, il acquiesça, et présenta sa pogne, paume vers les cieux. « Merci, mon ami. » Commença Günjär. Outre le fait qu’effectivement, les deux Dawis étaient amis, il était courant pour des Nains de se nommer de la sorte, surtout lorsque deux Dawis se connaissaient aussi bien que Günjär et Harald. « Maîtresse Louise… » Commença-t-il. « Je suis Günjär, thane du clan Porte-Bourse, et l’émissaire de notre Grand-Roi Harald Barbe-Sanglante, sur les terres des vôtres, au royaume de Péninsule. Je dirigeais la délégation commerciale à Langehack. J’étais présent, lors des graves évènements qui s’y déroulèrent. Je suis ici pour témoigner, comme me l’a demandé Harald, mais aussi pour servir d’interprète. » Harald, satisfait, acquiesça sobrement. Ce faisant, il tourna ensuite son visage vers Louise, située légèrement devant lui, et sur sa droite. Ne sachant pas si elle le voyait, ou même si elle se retournerait, il prit toutefois la parole. « Maîtresse Louise. En tant qu’envoyée de la couronne Péninsulaire, et Ongrumthrong du clan Barbe-de-Fer, vous avez la parole dans cette enquête. Allez-y. »
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| | | Louise de Fernel
Humain
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| Sujet: Re: [Incident Langehack] Des témoignages pour une enquête Lun 4 Oct 2021 - 13:23 | |
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Assise à la droite du roi, Louise garde les yeux rivés sur l’anneau d’or qui brille à son doigt, le seul petit lien tangible qui l’unit à Fernel alors que peu à peu les frémissements des personnes présentes annoncent le début de l’audience. Personne ne peut réellement savoir à quoi songe la châtelaine en cet instant où le noisette s’égare sur les petites finitions dorées de l’anneau sigillaire de sa seigneurie. Tout ce qui est visible par contre, c’est l’absence de sourire, le regard parfaitement neutre et la toilette simple qu’arbore Louise. A son front, le cercle de métal martelé qu’elle porte en toutes occasions, à son cou cette même parure d’argent et de pierre de lune, ces pierres au froid éclat qu’elle aime tant et s’accordant au velours bleu bordé de fourrure blanche qu’elle porte. Elle n’a pas d’autre tenue d’apparat ayant quitté la capitale sans avoir eu le temps de préparer un bagage et préférant emporter de quoi tenir sa promesse envers Glumtol au lieu de quelques chiffons. Pourtant, malgré sa jeunesse, le teint blanc, les beaux cheveux tressés tombant en volutes compliquées sur ses épaules et tout son dos, Louise n’a plus rien de la jeune femme insouciante qu’elle a été. Il y a désormais dans cet œil qui balaye l’assemblée cet éclat étrange de ceux qui ont beaucoup encaissé en très peu de temps, une raideur dans la mâchoire, deux plis sur le front.
Elle était entrée, avait dignement salué le Roi, l’assemblée, avant de s’asseoir, silencieuse, aux côtés du diplomate envoyé par la Couronne, un diplomate auquel elle ne parle pas, se limitant à un bref salut de la tête, tout ce qu’il y a de plus formel. Quand, comme elle, on connait la propension des péninsulaires à planter des poignards dans le dos, elle préfère limiter les contacts au strict nécessaire. Il est présent pour faire un travail, elle pour effectuer la mission qu’on lui a confiée alors elle s’y astreint, le plus dignement, le plus silencieusement du monde. Il écrira, elle parlera. Ce qui ne l’empêchera pas de prendre ses propres notes, toujours dans ce souci permanent de garder une trace écrite de sa main et non de celle d’un autre.
A l’entrée des trois Dawis, Louise se lève également, les mains nouées devant elle, avant de s’incliner légèrement. A Thanor, elle avait eu mal en voyant ces regards haineux posés sur elle, juste parce qu’elle est humaine. Ici à Kirgan, elle a ressenti une peine intense en ressentant ce regard absolument indescriptible du Roi à son entrée dans la salle du trône, un regard plein de désapprobation et de mépris. Ici, en présence de tous ces Nains, elle retrouve la même sensation, le même dédain et ne ressent plus qu’une résignation dépitée. Non, elle ne cherchera plus à prouver sa valeur et ne tentera plus de s’expliquer. Elle ne cherchera pas davantage à revenir dans les bonnes grâces de ceux qui se trouvent face à elle. Dans quelques jours elle sera partie, de toute façon, elle restera quoiqu’il arrive la traîtresse qui a fait entrer des Humains sur le sol sacré du Zagazorn. Elle ne lutte donc pas, elle se rassoit posant son regard neutre et dénué de tout sentiment sur l’assemblée alors que le roi s’exprime en cette langue qui leur est propre. Elle reconnaît bien un mot ici et là, rien qui puisse cependant l’éclairer ce qui est dit. Aux regards qu’on lui lance, elle comprend pourtant qu’il s’agit d’elle. Et elle reste parfaitement digne, sans sourire, l’œil morne posé sur les trois Dawis là-bas plus loin.
En son cœur malmené, écrasé par la raison, tout l’élan de ce respect qu’elle voue au Zagazorn s’envole silencieusement vers ces trois Dawis qui se trouvent non loin. Ils peuvent bien la haïr, elle, elle ne ressent qu’une peine sincère pour cette perte immense qui les afflige tous et qu’elle ne peut pourtant pas partager avec eux. Ils le refuseraient de toute façon et cela paraitrait totalement malséant aux yeux de ce diplomate qui ne manquerait sans doute pas de rapporter à la Couronne les moindres faits et gestes de Louise. Cela discréditerait totalement sa position...
Le premier d’entre eux s’avance alors et se présente. Louise se lève à nouveau et s’incline, respectueusement, avant de s’asseoir et d’écouter les propos. Sa main droite cherche une plume, qui se plonge dans l’encre et un nom est écrit sur le parchemin devant elle : Gunjar Porte-Bourse. Sa tête se tourne vers le Roi Harald, elle opine et pose la plume sur le pupitre avant de prendre la parole, d’une voix étrangement claire pour quelqu’un qui n’a presque parlé depuis bien des jours.
- Je vous remercie, Grand Roi Harald.
Le regard noisette se pose alors sur Gunjar. Elle est calme, posée et directe, dans sa façon de s’exprimer, de sa douce voix de femme qui s’élève dans la salle du trône pour s’adresser au Thane du clan Porte-Bourse.
- Maître Gunjar, je suis ici pour recueillir vos paroles, votre témoignage. Racontez, en détails, ce à quoi vous avez assisté. Vous avez ma plus totale et complète attention, soyez-en assuré.
La châtelaine se souvient très bien de ce qu’elle a entendu au conseil de Diantra. Elle veut d’abord entendre la version des Dawis et posera les questions adéquates par après, si besoin est.
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| | | Harald Barbe-Sanglante
Hôte
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| Sujet: Re: [Incident Langehack] Des témoignages pour une enquête Mar 5 Oct 2021 - 19:49 | |
| Günjär, qui connait bien mieux les us et les mœurs Péninsulaires qu’aucun autre Nain présent en ce jour, octroya à Louise un léger signe de tête, lorsque cette dernière lui offrit son indéfectible attention. Avec toute la prestance nécessaire à un moment d’une telle solennité, Günjär se déplaça, passant par la gauche de la tablée – sa gauche à lui – pour venir se planter au-devant de la table, les bras croisés dans le dos. Il eut un regard pour Harald, mais ne s’éternisa pas : le souverain connaissait le résumé des évènements, pour l’avoir déjà entendu de la bouche du même nain une fois qu’il était revenu du son voyage chez les Elfes. Maintenant, tout devait être dit pour Louise de Fernel. « Maître Souffle-Lave, Scriberune originaire de Lante, et Maître Rude-Poing, soldat de l’infanterie lourde de Lante, étaient tous les deux membres de mon escorte personnelle, et de l’expédition commerciale, depuis bien des lunes. Nous arrivâmes au château de Langehack au beau milieu d’un voyage du Marquis, parti à la chasse. Durant trois jours, nous attendîmes qu’il rentre, afin de mander audience. Lorsqu’il revint, et qu’il nous accorda son attention, nous n’eûmes que le temps de nous présenter, et de présenter le but de notre visite : ouvrir un comptoir commercial. » Ainsi Günjär planta-t-il le décorum, avec le verbe et la prestance d’un commerçant habitué à jouer de l’éloquence et de l’art oratoire afin de pouvoir vendre son morceau de viande, ou, ici, d’offrir un témoignage poignant. « C’est alors que les choses se précipitèrent. Dans notre dos se joua un bagarre que nous ne pûmes discerner, car notre attention était tournée vers le Marquis Griffon de Langehack… » Harald eut un grognement sourd, tel le fauve regardant une proie en s’impatientant… Quelques secondes après que ces heurts n’éclatent dans notre dos, et alors que le tumulte se propageait tout autour de nous, et que j’étais le seul membre de la délégation royale capable de traduire votre langue, trois soldats Langecins se mirent à courir vers l’arrière salle, depuis le piédestal du Marquis. Ils nous foncèrent dessus, sans annoncer ni leurs attentions ni leurs idées. Face à l’incompréhension, Maître Souffle-Lave décida de se défendre, en usant de sa magie. Quatre soldats Langecins furent touchés, et tués. Un assassin profita du carnage pour se glisser jusqu’au trône et intenter à la vie du Marquis, qui n’était plus protégé par ses soldats car ceux-ci étaient occupés à nous désarmer. J’ai tenté, Maîtresse Louise, et ce à plusieurs reprises, d’expliquer aux soldats et nobles que tout ceci était un quiproquo, et que quelqu’un tentait d’assassiner le Marquis, car j’avais alors une vue imprenable sur la scène. Nul ne cru à mes propos. Le Marquis est sorti vainqueur de sa confrontation, et, une fois à nouveau debout, il nous intima l’ordre d’abandonner nos armes, ce que nous fûmes, car nous ne voulions pas plus de morts. Maître Souffle-Lave abandonna son stylet, mais point sa tablette, car le déshonneur aurait été insupportable pour lui et les siens. Jamais un Humain ne pourrait poser la main sur les outils d’un runiste ! Jamais ! J’ai tenté de l’expliquer au Marquis, à plus de trois reprises, mais celui-ci n’a rien voulu entendre… Il a d’abord fait exécuter Maître Rude-Poing, après un premier ultimatum intimant au Maître Runiste d’abandonner sa tablette, qui était alors sans arme et les mains en l’air, de deux coups de hallebardes plantées dans la poitrine et le ventre, de telle sorte à le planter au sol comme un insecte. Le Marquis formula un second ultimatum… Mais jamais Maître Souffle-Lave ne déposa sa tablette. Malgré mes suppliques et mes explications, le Marquis ordonna sa mise à mort. Il fut frappé à plusieurs reprises par des hallebardes, égorgé, puis, une fois décédé et tombé au sol, décapité devant moi. Puis, je fus moi-même enfermé durant deux ennéades, avant d’être libéré sur ordre du Marquis. Ceci, Maîtresse Louise, est la stricte vérité. » Et, ce faisant, il retourna à sa place, offrant à nouveau un petit mouvement de tête, avant de s’asseoir, prêt à répondre aux questions, ou à laisser la parole à un des deux thanes.
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| | | Louise de Fernel
Humain
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| Sujet: Re: [Incident Langehack] Des témoignages pour une enquête Mer 6 Oct 2021 - 8:51 | |
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Maître Souffle-Lave
Maître Rude-Poing
Deux noms inscrits de sa petite main, à l’encre noire, sur le parchemin pour ne pas être oubliés et Louise regarde ces quelques mots une fraction de seconde, en songeant que jusqu’alors ces deux braves ne portaient pas de noms. Ils n’étaient que les « victimes », les « tombés », les « défunts ». Désormais, ils prennent une nouvelle dimension, presque tangible pour la châtelaine. Elle n’oubliera pas ces noms-là. Jamais.
Elle écoute Günjär avec la plus grande attention écrivant rapidement, tout aussi rapidement que l’émissaire assis à ses côtés, non sans parfois suspendre son geste, concentrée sur les propos du Dawi.
Ce qui a été fait à ces deux Nains est absolument inqualifiable. Un tel traitement est tout simplement scandaleux et toute la sensibilité de Louise frémit à l’écoute de ce qu’il s’est passé là-bas, à Langehack. La plume qu’elle tient tremble littéralement en sa main secouée par l’indignation mais elle continue sa rédaction, soucieuse de ne perdre aucun détail, aucun mot, aucun fait. Il faut faire fi de ses sentiments pour pouvoir garder l’esprit clair, ne pas se laisser envahir par ses émotions pour rester objective.
Lorsque Maître Günjär termine son allocution, Louise dépose la plume et relit les mots posés sur le parchemin, un pli barrant son front. Elle ne dit pas un mot mais en son for intérieur les raisonnements logiques se succèdent, à tel point que ce silence s’étend sur plus d’une minute, ce qui est énorme, en ce genre de rencontre.
Donc la délégation est arrivée à Langehack et le Marquis ne s’y trouvait point, parti à la chasse.
- Maître Günjär, aviez-vous annoncé votre venue à Langehack ? Le Marquis savait-il qu’une délégation du Zagazorn se présenterait chez lui, à une date bien définie ?
La question fait sens pour son esprit pratique et élégant. A Fernel, toute personne annoncée est reçue avec dignité, quel que soit son rang, sa position et sa race, sauf si elle manifeste de mauvaise intention. Généralement, elle en est avertie par un courrier bien des jours à l’avance, ainsi que le veut l’usage, et si une personne arrive impromptu alors elle met tout en œuvre pour que la réception soit organisée de manière à ce que tout soit parfait pour celui qui se présente à son seuil. Une telle délégation, avec un tel objectif, a probablement du être discutée et annoncée par échange de courriers ainsi qu’elle l’a elle-même fait bien avant que ses hommes n’arrivent à Thanor. Et ils ne sont que de simples chevaliers. L’on parle ici d’une délégation commerciale composée d’un Scriberune, un membre éminent de la société Dawi, ainsi que de la Cour Marquisale de Langehack. Il est évident, selon elle, que Griffon savait à quelle date les Nains seraient présents en ses terres. Et pourtant il est parti « à la chasse » ? En laissant patienter pendant trois jours les Dawis qui s’étaient déplacé pour le rencontrer ? Si Maître Günjär confirme l’envoi d’un tel courrier, on peut déjà sincèrement se demander à quoi pensait le Marquis en abandonnant de précieux émissaires en son palais, en pays étranger, dont ils ne connaissent pas les usages. Préférer la chasse à un tel honneur venant du Zagazorn est déjà, en soi, une démonstration d’un cruel manque du sens de l’à-propos de la part de Griffon de Langehack.
La suite du récit lui offre de plus intenses réflexions qu’elle garde pour elle, bien consciente qu’elles pourraient plonger la salle dans un vacarme de voix outrées.
Ce qu’elle pensait donc lors de ce Conseil à Diantra semble se vérifier ici, à Kirgan. La mort cruelle des chevaliers de Péninsule et celles des Dawis aurait pu être évitée si le Marquis avait fait preuve de bon sens. La première chose à faire aurait été de mettre les Dawis à l’écart, or il semble qu’ils soient restés en plein milieu des luttes, pris entre un combat à l’arrière et une tentative de meurtre à l’avant, des luttes qui ne les concernaient en rien du tout et cela au milieu de toute la Cour langecine, incapables de comprendre quoi que ce soit et non écoutés de surcroît alors que Maître Günjär parle parfaitement la langue commune.
Griffon de Langehack est Pair du Royaume, un des hommes les plus puissants et riches de Péninsule. Il a sans nul doute de très nombreux ennemis et la venue des Nains a du se répandre un peu partout comme une nouvelle heureuse pour certains, une aubaine pour d’autres, ou encore…une occasion. Une magnifique occasion de se défaire de lui tout en profitant de la venue des Nains afin de semer la discorde dans un but qui lui échappe encore. Sauf sur un point, un tout petit point qui a retenu son attention et sur lequel elle revient, levant ses yeux noisette pleins de commisération sur Günjär.
Quelque chose l’indispose dans toute cette histoire, quelque chose dont elle parle à nouveau d’une voix douce :
- Ce qui est arrivé à Langehack est atroce, le traitement réservé à Maître Rude-Poing et Maître Souffle-Lave est totalement abject. En tant qu’Amie des Nains, cela me brise le cœur en deux mais je dois pourtant poser des questions, rester la plus objective possible afin de rapporter des paroles et des faits exacts à la Couronne de Péninsule. J’imagine qu’il ne doit pas être agréable pour vous de devoir revivre ces événements mais j’ai besoin d’une précision importante.
Elle tourne la tête un bref instant vers le Roi Harald avant de revenir à Günjär.
- Peu après cette tragédie, vous avez été enfermé durant deux ennéades complètes. Le Roi Harald nous a fait savoir lors de notre dernière entrevue que c’est vous qui aviez récupéré la tablette de Maître Souffe-Lave peu avant votre départ vers Oësgard. Pouvez-vous me décrire en quelles circonstances vous avez récupéré ce précieux patrimoine, Maître Günjär ? Est-ce le Marquis qui vous l’a rendue ? L’avez-vous revu, d’ailleurs, avant votre départ ?
De cela elle ignore tout, le Marquis ne l’a jamais mentionné au Conseil et le roi Harald n’a guère donné de détails sur ce point important. Durant ces deux ennéades, la tablette a été irrémédiablement souillée et ornée d’un message codé. Le temps nécessaire pour peut-être tenter de percer ce secret Dawi, le plus farouchement gardé d’entre tous…Louise attend, la plume à nouveau plongée dans l’encrier, l’œil fatigué posé sur Günjär.
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| | | Harald Barbe-Sanglante
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| Sujet: Re: [Incident Langehack] Des témoignages pour une enquête Mer 6 Oct 2021 - 15:35 | |
| A l’appel de son nom, Günjär se releva et repassa ses vêtements à l’aide de ses épaisses pognes. La châtelaine avait, visiblement, l’esprit très occupé par toute cette histoire… Et, d’une certaine manière, cela le rassurait. L’émissaire avait beau avoir passé beaucoup de temps aux côtés des Humains, il n’oubliait pas, il n’oubliait jamais qui il était, et de quel peuple il était issu. Aussi, savoir la châtelaine désireuse d’être honnête, bien que ses sentiments soient véritablement biaisés – à la faveur des nains – rassure l’émissaire… Ainsi que Harald. Car, durant la longue, très longue minute qui sépara la dernière diatribe de Günjär de la première prise de parole de Louise, Harald s’était renfrogné sur son trône, attendant, soupesant. Finalement, il écouta : « Maîtresse Louise… »Commença Günjär. « Non, nous ne nous étions pas annoncés. Quelques ennéades auparavant, nous nous présentions à Missède. Nous comptions sur la surprise de nos arrivées pour maintenir un climat propice et sécuritaire. Le Marquis n’était donc pas au courant. » Précisa-t-il, écoutant ensuite l’autre question de la châtelaine avant d’y répondre à son tour. « J’ai mandé la restitution des corps et de toutes les affaires, et le Marquis y a concédé. J’ai toutefois retrouvé la tablette enfouie dans mes affaires, après le départ du navire. J’ai dû fouiller longtemps. »
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| | | Louise de Fernel
Humain
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| Sujet: Re: [Incident Langehack] Des témoignages pour une enquête Ven 8 Oct 2021 - 6:31 | |
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La châtelaine écrit rapidement sur son petit support quelques mots fluides.
Donc, ils n’avaient pas averti le Marquis. Elle ne réagit pas ouvertement même si un seul petit froncement de sourcils apparaît. Le noble seigneur ne savait donc rien, à priori. Là encore un petit silence s’installe. En l’esprit de Louise, les mouvements des rouages se font plus rapides et la pointe de la plume tapote distraitement le parchemin, tandis qu’elle réfléchit. Il ne savait rien, il a donc trouvé les Nains chez lui à son retour. Les Dawis ont demeuré trois jours durant à Langehack…trois petits jours durant lesquels tout est possible. Y compris l’élaboration d’un complot. Le sourcil toujours froncé, la châtelaine tente de démêler un à un les petits fils d’un écheveau complexe dans lequel diplomatie et coup d’état semblent se mêler sur fond de crise internationale.
Puis soudain, elle se rappelle l’endroit où elle se trouve et où se trouve ce seigneur. Elle est ici à Kirgan, à risquer sa tête, son rang et possiblement toutes ses relations nouées ici pour un autre qui est resté là-bas, en Péninsule. Pourquoi devrait-elle s’inquiéter de son sort, de ce qui se trame à Langehack ? Un souci de méticulosité peut-être. Ou alors ce besoin irrépressible de voir la justice triompher qui l’habite toujours. Elle ne sait pas. Elle sent pourtant qu’il y a là-dessous des choses dont elle ferait mieux de rester éloignée. Il lui semble soudain vain de perdre son temps à tenter de comprendre une situation que de toute façon personne ne lui expliquera jamais de manière claire alors elle dépose la plume et se limite à écouter ces témoignages qu'on déclame devant elle.
Elle restera loin de la famille de Langehack, quoi qu’il arrive, ce qui peut arriver à ce seigneur est donc le cadet de ses soucis. Personne ne s’est inquiété de ce qui pouvait lui arriver, à elle, après tout. On l’a envoyée au front en se servant de son titre d’Amie des Nains, comme un bouclier, puis comme un paravent avant de finalement la laisser là à faire le sale boulot et subir le courroux silencieux des Nains.
- Je vous remercie infiniment pour toutes ces précisions, Maître Günjär. Puis-je entendre les autres témoignages à présent ?
Elle ne posera plus de questions et se contentera de prendre quelques notes et d’écouter, ainsi qu’il lui a été demandé.
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| | | Harald Barbe-Sanglante
Hôte
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| Sujet: Re: [Incident Langehack] Des témoignages pour une enquête Ven 8 Oct 2021 - 14:32 | |
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Le temps que mit à nouveau la châtelaine à analyser, réfléchir, et comprendre les mots qui lui furent dis par l’émissaire, passa encore pour un temps bien plus long que ce qu’il ne fut réellement. Mais, encore une fois, le respect dictait le silence en réponse, et la patience comme vertu. Harald, lui, profita – malgré lui – de ce silence pour réfléchir. Toute cette situation lui déplaisait au plus haut point. Pour la première fois depuis le début de son règne, pour la première fois depuis son élection à la mort de son prédécesseur, Harald se sentait… En danger. Il n’était pas Roi de droit divin. Il n’était pas Roi par les droits du sang. Il était Grand-Roi, car la confiance du peuple fut placée en lui, par eux-mêmes, selon leurs propres décisions et leurs propres volontés. Et cette décision pouvait être infléchie. S’ils le désiraient, les Naines et Nains du royaume pouvaient lui retirer cette couronne, malgré tous les efforts faits pour s’en trouver digne… Il s’imaginait déjà tous les ragots, et les pensées des êtres de son peuple. Il savait, du moins il se doutait, que son peuple allait être divisé suite à toute cette histoire. Mais qu’aurait-il dû faire ? Repousser la délégation ? Cela aurait maintenu le quiproquo, et tout le peuple entier lui aurait sans doute reprocher cette inaction, lui tournant le dos. Anéantir la délégation ? Cela aurait été une déclaration de guerre, directe et indirecte. Certes, les Humains n’auraient jamais mis un pied sur les terres sacrées du Zagazorn, et certes, un sentiment de vengeance aurait pu être assouvi, mais point celui de justice, et surtout le peuple tout entier aurait été obligé de subir une guerre non désirée par une partie de celui-ci. Accepter la délégation, mais refuser l’enquête, et imposer des choses irrecevables ? Même résultat, sans doute. Et puis la guerre aurait provoqué des morts, beaucoup de morts, trop de morts. Le commerce aurait été interrompu brutalement, obligeant le Zagazorn à reprendre une position isolationniste, non mortelle pour celui-ci, mais très désagréable vu les innombrables chantiers qui le parsèment. Et l’arrêt du commerce aurait signifié la mort des Mille-Caves, d’autres nains importants pour l’économie du Zagazorn, et de trop nombreuses instabilités sur tout le continent, y compris à Naélis, où le Zagazorn était engagé. Personne ne pouvait être entièrement satisfait dans toutes ces histoires, dorénavant. Frajlia Rude-Poing fut la première à se lever, à l’invitation de Günjär, qui faisait office de traducteur. Son faciès buriné se posa d’abord sur Louise, qu’elle jugea avec une sévérité tout à fait naine, avant de se reporter sur l’autre Humain qui, lui, n’avait point osé lever le bout du nez depuis le début des recueils. Occupé à écrire, sans aucun doute, peut être aussi un peu surpris, ou impressionné. Celui-ci, elle le jugea plus sévèrement encore. Ses mires se posèrent sur lui avec la virulence d’un tumulte guerrier… Mais elle daigna prendre la parole, et chacun de ses mots furent traduits en direct par Günjär, resté debout. « Le corps de Fjördrim nous a été rendu dans un tonneau d’vinaigre. » Commença-t-elle, Günjär arrondissant les bords d’un franc parlé peu orthodoxe, même pour des nains. « En tant que thane, j’ai assisté au rite funéraire des prêtres d’Heidum et d’Ikthor. Fjördrima été transpercé par deux pointes de hallebardes. La première à frappé par l’abdomen, sous l’ombilic, remontant jusque dans la poitrine par sous le diaphragme, jusqu’à la cinquième côte gauche. La seconde hallebarde à frappé presque au centre du thorax, brisant l’os et les attaches thoraciques des 4 premières côtes, redescendant de manière oblique sur la droite, traversant à nouveau le diaphragme, l’estomac, le foie, et s’arrêtant derrière le rein droit. De cette manière, le corps de Fjördrim fut fiché au sol, tel un insecte. D’après les prêtres, l’hémorragie interne a provoqué la mort en moins de 6 minutes. » Puis, une fois son témoignage terminé, elle reprit sa place, s’étala avec nonchalance, et avisa à nouveau l’homme avec un regard dardant la haine.
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| | | Nimir le Rouge
Nain
Nombre de messages : 82 Âge : 34 Date d'inscription : 04/02/2017
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 167 ans Taille : 1 mètre 42 Niveau Magique : Arcaniste.
| Sujet: Re: [Incident Langehack] Des témoignages pour une enquête Sam 9 Oct 2021 - 3:35 | |
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« Eh bien, en voilà un qui a dû le sentir passer. » Souffla Oda à son comparse d'on elle n'était même pas sur de connaître le réel nom. C'était un de ses frères du Marteau, cela suffisait, le reste elle n'en avait strictement rien à secouer. Karulf le Fou ou Barulf la Touffe peut être, voir Tarulf le Souffre ? Quelque chose dans le genre, pas une flèche ca c'était sur, à peine plus de jugeote que la bête de bas qu'il montait sur la lande, mais au moins, il avait un côté sympathique et pratique. Elle couchait quelques fois avec lui, quand elle en avait l'envie et quand il avait pris soin de démêler sa barbe et de la peigner, mais ça n'allait pas plus loin. Quand le matin arrivait, elle était généralement loin, regagnant la solitude qu'elle appréciait par-dessus tout. Prenant le temps de lorgner dans la salle du trône, elle en apprécia les contours et les moulures, mais l'art ancien avait tendance à lui en cogner une sans bouger l'autre. Elle n'avait jamais vraiment eu de côté artistique ou de goût pour les vieux rochers ou les pierreries, bien qu'elle comprenne le respect qu'on puisse apporter à ce genre d'œuvre. Mais pour elle, le réel artisanat nain se résumait à un seul art : celui de la guerre. Car Oda était comme ça, elle appréciait le chaos du combat, la sauvagerie de passes d'armes, et même, l'odeur du sang. D'aussi loin qu'elle s'en souvienne, elle avait toujours eu se penchant, et cela n'avait d'ailleurs pas plu à tout le monde. À un point tel, qu'un jour, celui qui dans une autre vie fut son père, décida de la bannir, marqué au fer rouge de la honte et pour une raison plus que trivial ! Son frère a qui elle avait fait mangé ses dents vivaient encore, bon, il lui manquait une paluche, et alors ? Un cul-de-jatte trouverait l'avenir d'un manchot plus qu'acceptable, radieu même. Depuis ces temps lointains, Oda, était habitée par une unique émotion : la haine. Elle haïssait tout le monde, et cela, presque en permanence. Comparable à un véritable volcan, c'était ainsi qu'on l'avait affublé de son sobriquet de Mange-Magma et garde à celle ou celui qui souhaitait en avoir la preuve. Et pourtant, bien qu'elle ait vécu des moments terribles et une existence à la limite du raisonnable, elle trouvait aujourd'hui au sein de la Fraternité du Marteau, un équilibre qu'elle appréciait. Nimir le Rouge était pour elle, un père de substitution et il avait pour qualité de ne pas la blâmer quand elle laissait libre cours à sa cruauté. Ainsi, elle n'avait pas refusé quand, au matin de ce jour, il l'avait envoyé en « mission ». Observer, écouter et rapporter, voilà ce qu'elle devait faire avec précision et c'est exactement ce qu'elle faisait. Pourtant, parmi ses frères et ses sœurs, elle n'avait jamais été la meilleure pour ce genre de chose qu'on laissait plus facilement à la solde des gratte-papiers et autres froussards en tout genre. Mais bon, les ordres, étaient les ordres. Ce spectacle avait de quoi la faire gerber. Le Grand-Roi était pourtant un fort beau nain, dans d'autres circonstances elle lui aurait avec plaisir, proposé une partie de chasse nénuphar dans les boyaux sombres de la cité Maudite ; mais aujourd'hui, il ressemblait à un être trop écartelé entre deux feux pour en être suffisamment séduisant. De plus, les nains et l'humaine qui discutaillaient sec, ne lui laissaient aucun répit et ce qui s'avouait ici dans la salle du trône, aurait bientôt de quoi retourner un grand nombre de cœurs. Oda y veillerait.
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| | | Louise de Fernel
Humain
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| Sujet: Re: [Incident Langehack] Des témoignages pour une enquête Sam 9 Oct 2021 - 20:22 | |
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Le second témoin a au moins le mérite d’allumer dans les deux yeux noisette une petite lueur depuis bien longtemps éteinte, la lueur d’une certaine admiration, bien vite dissimulée par un battement de paupières garnies de longs cils. Louise soutient le regard sans pour autant afficher de la morgue ou de la suffisance, juste un respect plutôt bienveillant ainsi qu’une certaine compassion silencieuse tandis que son comparse, lui, a à peine osé la regarder. Un soupir s’échappe de la châtelaine qui écoute, toujours avec le plus vif intérêt, toutes les paroles de Frajila Rude-Poing.
Et quelles paroles. L’exactitude et la précision dans les descriptions des blessures lui font froid dans le dos. Les soldats sont armés de vouges à Fernel et, bien que rustiques et certainement moquées par les visiteurs venus du Sud ou de contrées plus riches, ces armes sont redoutablement efficaces, tranchantes. Létales. Elle ne peut donc qu’imaginer en quel état devait se trouver la dépouille de Maître Rude-Poing. Un tel déferlement de violence…
Elle écrit une ou deux choses sur le parchemin puis pose la plume avant d’observer son voisin de table qui consigne, consciencieusement, tout ce qui a été dit. Il ne voit donc rien. Alors elle a un regard pour Frajila avant de la saluer d’un lent mouvement de la tête. Louise sait que toutes ses paroles seront vaines, en ces lieux. Il y a trop de haine, trop de ressentiments, trop d’appels à la vengeance dans tous les regards Dawis posés sur elle. Parler pour apporter une parole bienveillante et compatissante pourrait peut-être être mal perçu, ici, dans un pareil contexte. Cependant, elle sait que personne n’a pris la peine de prononcer des paroles de réconfort vis-à-vis de la perte qu’ont subie les Dawis. Enfin, si, elle a essayé de le faire lors de cette entrevue de conciliation mais…le seul retour qu’elle a obtenu ne lui a guère donné envie de recommencer. Louise a compris qu’il serait très certainement malvenu de réitérer l’expérience, alors un salut silencieux vaut toutes les paroles du monde. Elle espère juste que Frajila le comprendra…
Se redressant quelque peu, elle dit enfin :
- J’ai bien pris note des outrages endurés par Maître Rude-Poing et suis bien navrée que vous ayez eu à revivre ces horreurs en me les répétant. Toutefois, vos paroles apportent un éclairage sur ce qu’il s’est passé là-bas. Je vous en remercie.
Elle inspire et expire longuement avant de regarder les présents, soutenant ici et là un regard, parfaitement neutre, même en avisant Oda qui pourtant semble prête à en découdre sur le champ. La châtelaine se tourne alors vers Günjär en disant, d’une voix quelque peu altérée par l’émotion :
- Maître Günjär, pouvez-vous présenter le troisième témoignage, s’il vous plaît ?
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| | | Harald Barbe-Sanglante
Hôte
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| Sujet: Re: [Incident Langehack] Des témoignages pour une enquête Dim 10 Oct 2021 - 12:58 | |
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Günjär, toujours debout, regardait l’Humaine avec une curiosité tout à fait calculée. Le commerçant était doué dans l’analyse des expressions et des mimiques, surtout chez celles des Humains. Bien plus expressifs que les Nains – qui grommèlent et grognent tellement que l’on ne saurait dire s’il s’agit de colère, d’impatience ou d’ennui – les Humains pouvaient être faciles à discerner, et leurs faiblesses, et cordes sensibles, s’en trouvaient d’autant plus simples à exploiter. Il pouvait donc lire l’inquiétude, l’empathie, le dégoût… Louise, pour sûr, était une curiosité, selon Günjär. Mais bien vite, la châtelaine mandata le dernier témoin. Sans se faire prier, Günjär s’exécuta. Ouvrant la paume de sa pogne en direction du thane du clan Souffle-Lave, ce dernier se leva, doucement, difficilement. Son grand âge – rendu peu visible par ses cheveux toujours poivre-et-sel, en lieu et place du blanc plus commun lorsqu’un nain dépasse les deux siècles d’existence – rendait difficile ses déplacements, mais surtout, ses transitions. Se relever, s’asseoir, cela le faisait souffrir, d’une manière ou d’une autre… Mais il se leva. Et ses petits yeux fatigués refusèrent de se poser sur l’Humaine. Un runiste était mort de la main d’un Humain… Et tous les Humains se ressemblent, car ils naissent des débris, des imperfections… Ils ne méritent aucunement la moindre once de respect. Pas pour Throrund Souffle-Lave. « Feu Rognar, a été massacré sans aucune pitié, sans aucun honneur, sans aucun respect. Tout d’abord, il fut égorgé par une hallebarde. La lame s’enfonça, mais le porteur était trop prêt pour que le coup ne soit mortel. Sa trachée fut à moitié tranchée, tout comme ses artères et la veine gauche, mais pas la droite. Il a ensuite été transpercé de trois piques, alors qu’il était au sol. Un premier transperça le poumon gauche et le cœur, pile au niveau du ventricule gauche ; un second transperça la rate et les intestins sous-jacents ; un dernier perça l’aorte abdominale, juste avant qu’elle ne se divise vers les deux jambes. Rognar était déjà mort au moment du second coup, car le cœur s’était arrêté une fois transpercer. Les autres coups furent post-mortem et complètement inutiles… » Il s’arrête, et baisse la tête. Durant deux longues secondes, on vit le vieillard prendre une grande inspiration, avant de souffler par les narines, doucement, comme le ferait une personne exaspérée… En vérité, le Nain tentait de masquer sa peine… Thorund arborait l’âge vénérable de 265 ans, et il était le père de Rognar. Dire la suite de ce qui fut imposé à son fils était aussi douloureux que de s’arracher soi-même son propre cœur. Une fois ses poumons complètement vides, il reprit, plus doucement. « Il a ensuite été décapité, au sol, alors qu’il était déjà mort. Lorsque nous avons récupéré son corps, il était en morceaux, ce qui signifie qu’il a été mutilé encore après, à huit clos… Les prêtres ont eu toutes les peines du monde à lui rendre sa dignité… » Et puis, il prit à nouveau sa place. Mais cette fois, il ne fit aucun effort articulaire… Il se laissa choir, et sembla ensuite disparaître dans les abimes de ses pensées. Toute la salle fut comme transie de froid… Un froid intense, transperçant les chaires…
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| | | Louise de Fernel
Humain
Nombre de messages : 1064 Âge : 42 Date d'inscription : 09/02/2020
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| Sujet: Re: [Incident Langehack] Des témoignages pour une enquête Dim 10 Oct 2021 - 14:42 | |
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La violence inutile dans toute sa démonstration.
Le manque de respect le plus évident face à une dépouille.
Voilà, en l’essence, ce que note Louise sur son parchemin avant de poser à nouveau sa plume. Celui qui s’adresse à tous en cet instant ne la regarde même pas. D’autres s’en seraient sans doute offusqué. Pas elle, non. Elle affiche juste une certaine résignation, quelque chose d’indéfinissable à mi-chemin entre la peine et la colère, ne pouvant manifester ni l’une ni l’autre en public sans heurter un camp ou l’autre.
Ainsi, non content d’avoir massacré des Dawis désarmés, les hommes du Marquis ont donc profané la dépouille du runiste dans un but tout à fait obscur et ignoble. Louise a cette fois un long regard pour son voisin de table. Toute cette affaire est sordide, scandaleusement sordide et elle comprend la haine, le dégoût, la rancœur des Dawis envers les Hommes, elle les comprend parfaitement étant elle-même dégoûtée par tout ce qu’elle a entendu. Ces Suderons n’ont absolument aucun sens de la dignité et ce qu’elle pensait en sortant du Conseil à Diantra est toujours d’actualité. Il y a là-dessous des choses dont elle ne s’approchera pas même si elle confiera ses soupçons au Chancelier à son retour, des soupçons qu’elle n’écrira nulle part. Il y a bien trop de recoupements, de déductions menant à une recherche intense de magie étrangère, de secrets, pour que cela soit une coïncidence.
Louise ne peut s’empêcher de penser à Prudence de Langehack, cette femme étrange qui lui a confié un bijou transformé sous ses yeux. Elle le possède toujours, bien à l’abri dans un des coffres emportés par son escorte. La Magie…Encore et toujours elle…
Un silence s’est installé dans la salle. Plus personne ne parle, il n’y a pas un bruit, pas un seul grognement, juste une stupeur générale que la châtelaine ne rompt pas. Elle sait très bien ce qui est en train de se produire ici. Pour certains d’entre eux, c’est la première fois qu’ils entendent le récit de ce qui est arrivé à leurs frères, là-bas, à Langehack. Et ce silence est lourd. Vraiment lourd. Assez pour soudainement inquiéter le diplomate qui range nerveusement ses notes d’une main fébrile. Louise pose la main sur l’avant-bras de son voisin, autant pour lui demander en silence de s’apaiser que de respecter la douleur qui s’exprime ici, en un frisson de colère presque palpable.
Louise attend avant de parler, priant intérieurement la DameDieu qu’aucun d’entre eux n’aura de geste inconsidéré.
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| | | Harald Barbe-Sanglante
Hôte
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Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 171 ans (An 21:XI) Taille : 1m49 Niveau Magique : Non-Initié.
| Sujet: Re: [Incident Langehack] Des témoignages pour une enquête Dim 10 Oct 2021 - 15:46 | |
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C’était comme si, soudainement, l’air était devenu plomb. C’était comme si, soudainement, la montagne s’était refermée sur chacune des vies présentes en cette salle du trône. Les mots du vieux runiste prononcés en Khazalide, avaient agis tels autant de poignards dans les cœurs et les esprits de tous les Dawis de cette salle. Le silence était digne d’un office religieux, comme si, en cet instant, toutes les Braises-Vies ici présentes se recueillaient ensemble, leurs cœurs battant à l’unisson, dans une ferveur raciale fraternelle, et un amour patriotique. « Bien. » Dit alors Harald, en Khazalide, sa voix revêtant une aura réverbérée dans cette immense salle. « Mes amis, mes frères, mes sœurs, au nom des divinités, merci de vos témoignages. Je prie Heidum qu’il guide vos chères disparus jusqu’au Monde du Dessous. Que Girdon apaise vos douleurs. Ces témoignages, si difficiles à entendre, nous permettront d’obtenir la justice… Mais je vous fait la promesse solennelle, mes amis, que si les Humains osent protéger le Marquis félon, honnis, ce cloporte puant… Nous les anéantirons tous. La justice s’exercera, je vous en fait le serment. » Il avait terminé cette phrase lourde de sens, en se levant d’un bond, et en s’avançant, rejoignant peu ou proue la hauteur de la tablée des Humains. Il fit ensuite un quart de tour vers sa droite, regardant droit dans les yeux de Louise et du diplomate mandaté par Athanase. « Ainsi, vous avez obtenus les témoignages nécessaires à la réalisation de votre enquête. N’oubliez pas, Maîtresse Louise, Maître émissaire, que cette enquête ne trouvera d’utilité dans aucun cœur Dawi. Nous nous y sommes pliés, car vous vous êtes engagés, sur l’honneur, à mener ladite enquête, afin de confondre le Marquis félon devant votre justice, et devant vos divinités. Face à cet effort, je vous dirais une seule chose : ne nous mentez pas. Il apparaît clairement que le félon de Langehack est à la fois l’auteur, le marionnettiste et le menteur de toute cette histoire. Si les conclusions de votre enquête l’innocentent, si qui que ce soit manipule la vérité, si le félon échappe à la justice… Je viendrais moi-même planter ma hache dans son crâne, dussé-je mettre la Péninsule à feu et à sang. » Il laissa ensuite un lourd silence aux sens si profonds, s’abattre sur la tablée humaine, avant de reprendre. « Que tout le monde sorte… Sauf maîtresse Louise. » Günjär répercuta l’ordre en Khazalide, et, en quelques minutes, tous les gardes et tous les Nains, témoins ou dans l’assemblée, furent conduits en dehors de la salle du trône, avant que celle-ci ne soit condamnée. Harald, lui, s’était à nouveau assis, et attendait que la châtelaine se place face à lui. Quand ce fut chose faite, il reprit la parole… « Maîtresse Louise… » Commença-t-il, soufflant alors longuement. « J’ai vu votre cœur bondir face aux récits atroces des miens. J’ai ressenti votre émotion. En ces instants, je reconnais, sans doute, les qualités qui sautèrent aux yeux de Glumtol Barbe-de-Fer, et qui le poussèrent certainement à vous octroyer un honneur, qui d’ordinaire demanderait des années de labeur et de preuves, afin de pouvoir le posséder pleinement. Je reconnais aussi la place qui est la vôtre dans cette partition diplomatique, et ô combien elle est désagréable… » Il souffle à nouveau avant d’afficher une mine sévère, mais surtout, une attitude grave. « Si Griffon venait à survivre, ou à être innocenté, alors ce sera la guerre. Toutefois, sachez que votre contribution ne sera point oubliée. Si la Péninsule venait à subir notre courroux, vos terres s’en trouveraient épargnées, pour autant que nous puissions trouver encore une fois un soutien chez vous. Je compte sur vous, Maîtresse Louise, pour que la justice soit rendue. Vous pouvez retourner à vos quartiers, et vous reposer. Demain, un long voyage vous attend. »
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