[Trame des Engeances] Il faut bien commencer quelque part.

2ème jour de la 2ème ennéade de Favriüs – Premier mois de l’Automne.
Caserne de Fort Hardrek – Cité de Lante – Brissalion.

La journée de la veille avait été des plus chargées. Oh, il ne s’agissait pas de la mise en revue des bataillons présents à Lante, non. Il ne s’agissait pas non plus des premières discussions à propos des futures offensives visant à reprendre les territoires de l’Est, non. Il s’agissait de cette justice, rendue à l’encontre de la Fraternité du Marteau, aujourd’hui dissoute en Zagazorn… Et de son chef, Nimir dit Le Rouge.

Nimir, prêtre défroqué, combattant fou furieux à n’en point douter, aurait pu être un atout des plus importants et des plus intéressant pour Harald, et le Zagazorn tout entier… Si seulement il avait renié sa foi… Cette foi impie, honnie, abandonnée, interdite même… Et qui expliqua pourquoi Harald imposa une telle justice violente, et expéditive. Ceux qui refusèrent de renier cette foi furent bannis… Nimir, lui, fut banni, et sa main d’arme fut coupée. Un exemple de force, qui, bien-sûr, ne plairait point du tout au principal condamné… Mais qui était nécessaire.

Aujourd’hui, l’heure était à nouveau aux planifications. Harald allait devoir retourner à Kirgan dans les plus brefs délais, car son royaume nécessitait un Roi présent sur son trône. Et, il allait devoir être présent lorsqu’enfin, la justice serait rendue… Si justice il y avait. L’enquête Péninsulaire devrait bientôt montrer des résultats, il le fallait… Et cet incident diplomatique demandait une attention de tous les instants, pour le souverain de tous les Nains.

Face à lui, Harald pouvait observer les faits et gestes de Brynhild, sa liée, et une des combattantes Lantaises les plus talentueuses, mais aussi la Première Hache de Lante, et certains officiers commandant les régiments de la cité la plus Orientale du royaume Nain.

« Fiers frères et sœurs d’armes, il nous faut avancer. » Commença-t-il. « Voilà des ennéades déjà que nous nous préparons à reprendre les territoires perdus à l’Est, afin de soulager Almis. Nos cognards, poilus, et tresses, vivant là-haut, subissent les assauts quotidiens des Engeances et des Sauvageons, ainsi que les reliquats de Grobis qui vivotent encore dans nos montagnes. Par la hache d’Ikthor, cela doit finir ! » Assomma-t-il, frappant son poing ganté d’acier sur l’épaisse table de bois qui se trouvait devant lui. « J’en ai par-dessus le joufflu de recevoir les corbeaux d’Almis, m’indiquant les noms de ceux qui meurent ! Voici votre mission, et vous vous y attèlerait dès ce jour, car je dois me rendre à Kirgan dans les plus brefs délais ! » Il s’était penché sur la table, et, après sa dernière phrase, il s’était lentement redresser, comme pour capter l’attention de l’assemblée davantage par charisme que par une poigne forte frappée sur une table innocente. « Maître Dardusorg, du clan Crin-d’Acier, et son thane, nous ont autorisés à utiliser leur ancienne loge clanique, afin d’en faire une forteresse de départ pour nos activités militaires. La zone doit donc être reconnue, et dès maintenant : trajets, reliefs, état de la loge et des demeures, menaces à proximité, relevés des sols… Nous devons tout savoir ! Dans le même temps, une autre place forte doit être bâtie à la frontière avec les terres Elfiques. Elfes et Nains étudieront ensemble ces créatures maudites, et assumeront les mêmes risques ! Cet endroit doit être bâti rapidement ! Alors, je compte sur vous ! Mon fils Thorald et sa section seront mis à contribution ! Par Ikthor, Almis sera bientôt libérée de toutes les menaces ! Je compte sur vous, mes amis ! »

Il y avait de ça plusieurs énnéades que la cheffe de clan entrainait ses bavettes au départ pour l'est. Et si ce n'était pas elle, ses subalternes avaient leurs ordres. Elle avait rédiger des dizaines de rapports sur la progression des préparations, consulter des spécialistes de la fortification, de l'alchimie, discuter du ravitaillement avec des fermiers. Elle avait trouver du temps pour entrainer Dardusorg et ses assistants, ils ne seraient pas des guerriers, mais s'ils venaient à mourir, cela aura été après une défense de leur part. Des gestes balbutiants mais qui les maintiendraient en vie jusqu'au fort et surtout qui permettraient aux soldats de ne pas s'inquiéter, ou tout du moins à moindre mesures, des alchimistes.
Brynhild avait reçu à plusieurs reprises l'alchimiste dans sa loge afin de voir ses souvenirs de son ancienne loge, la liste de leur équipement, connaitre leurs besoins, ainsi que d'élaborer une armure légère pour eux. Rien de bien sérieux, mais quelques choses qui les protégeraient et leur serait utile dans leur recherche.
La naine s'était déplacé avec Dard chez un forgeron pour commander des cures dents épées courtes, légère et suffisante pour leur besoin. D'une certaine manière, elle avait l'impression d'être une mère poule qui s'occupait de ses petits poussins. Ses neveux grandissaient dans une maison avec des guerriers, c'était intuitif pour eux, organique. Dard et ses apprentis ne connaissaient que peu de chose aux armes, à leur maniement.

La naine n'avait pu passer que peu de temps en présence de son Lié, il avait eut beaucoup à faire entre son arrivé et le problème Nimir. Et jusqu'à son départ, ils n'en auraient certainement pas plus. Tout avait été précipiter.
Le mot avait tourner dans le fort tout l'après-midi auprès des gradés qu'une réunion se tenait le soir même avec le Roi.

Elle avait l'habitude de ses mimiques durant ses discours, mais cela ne faisait que lui ouvrir l'appétit, mais là n'était pas le sujet. La naine attendit le départ de toutes les barbes pour l'informer de l'avancé de la situation.
Elle s'asseya en s'appuyant sur la table, en croisant les bras, lui faisant face.

- Dard et ses assistant sont prêt à essayer de faire quelques choses, je pense qu'il faudra poursuivre leur entrainement une fois là bas. Je dirais même que dans l'ensemble nous sommes prêt et nombreuses sont les bavettes voulant t'impressionner, tu vas avoir du pain sur la planche à leur retour. Elle esquissa un sourire amusé avant de reprendre. Mais de ton côté tout est-il prêt?

Le conseil s’était bien déroulé. Des soldats du génie seraient envoyés à la frontière pour ériger un campement sécurisé, aux côtés des Elfes, afin que les Engeances capturées y soient étudiées en toute sécurité. Barrières magiques, barreaux runés, présence militaire au corps-à-corps et à distance… Tout devait être protégé, secret, et éloigné de toute civilisation.

Des soldats des troupes d’éclaireur seraient envoyés jusqu’à la frontière avec la Nérania et la Haute-Virnée, afin de reconnaître les lieux de l’ancien hameau du clan Crin-d’Acier. Cette phase prendrait plusieurs ennéades, bien-sûr, mais une des particularités qui expliquent la légendaire efficacité des armées naines, réside dans la planification, et la préparation. Rares sont les batailles où les Nains foncèrent tête baissée, comptant uniquement sur leurs forces et leur hargne. La plupart du temps, les Nains préparaient les batailles avec tant de professionnalisme, qu’ils connaissaient les moindres recoins de leurs champs de batailles. Autrement dit, il fallait étudier, et préparer.

Lorsque tous les officiers disparurent, il ne restait plus que Harald et Brynhild. Les deux liés profitaient donc d’un des rares instants de calme, pour discuter et, sans doute, s’entraider. S’aider les uns les autres.

« Par les pognes d’Ikthor, je suis bien aise de le savoir ! Ma liée, je n’ai aucun doute en toi, ni en celles et ceux que tu commanderas. » Dit Harald, gratifiant sa liée d’un sourire déformant sa moustache, et posant son épaisse pogne caleuse sur celle de Brynhild. « De mon côté… Il manque encore quelques étapes. Je dois retourner à Kirgan. Tant que cet incident avec ces traîtres Péninsulaires n’est pas résolu, je ne peux lancer la reconquête. Aussi, il me faut me montrer ferme en ces circonstances troubles. Prenez le temps de tout préparer. Je reviendrais quand tout ira mieux. » Conclut-il, avant de reprendre, tout en se relevant. « J’ai aussi d’ores-et-déjà fait parvenir à Oësgard, ainsi qu’à Kirgan, des corbeaux afin d’expliquer ce qu’il s’est passé hier, à propos de Nimir Le Rouge. Tous seront au courant bien rapidement, et je me dois de rattraper ceux de la Fraternité qui demeurent encore sur nos terres. S’ils venaient à passer par Lante, ou le Brissalion, ou le Lörn, et tenter de franchir le mur… Arrêtez-les. Ils auront eux aussi le droit de s’engager dans les forces de Lantes, s’ils abjurent leur foi… Sinon… Ils seront bannis. Et s’ils lèvent leurs haches… Tuez-les. »

Tuer des Nains… Cela lui rappelait malheureusement l’époque de Dun Eyr, où des Nains se battaient contre d’autres Nains, à cause de la folie d’un seul… Harald pensait avoir prit la bonne décision en ne faisant que bannir Nimir, et en lui coupant une seule pogne. Bien qu’il soit un mogarite convaincu, et donc, un danger… Il était hors de question de tuer un Nain.