Mémoire de pierre [Glumtol Barbe-de-Fer]

Même pour l’initié, il était toujours impressionnant de déambuler dans les venelles aux murs emplis de bas-relief de la Cité d’Arkan. Thorgrel pouvait le sentir au plus profond de sa chaire : chacun de ces cartouches, chacune de ces scènes, chacune de ces gravures étaient un témoignage direct d’un âge passé et pourtant si important. C’était la mémoire et non l’or, le réel trésor du peuple des montagnes, car elle était le ciment de la race toute entière. Ainsi, ou elle se perpétuait encore, aucunes barbes et aucunes tresses ne seraient jamais perdus. C’est avec un respect tout particulier qu’il arpentait les corridors et les rues. On ne le reconnaissait pas toujours, car voila des mois qu’il n’avait mit un poil dehors, mais quelques voix familières et autres faciès connus lui firent des signes qui ne trompaient pas.
Son voyage c’était déroulé sans grande encombre hormis un temps horrible ; il n’avait rencontré ni danger, ni monstre, au contraire. Il avait emprunté un itinéraire plus direct, évitant les routes, et il avait croisé en chemin quelques patrouilles naines. Bien qu’on pouvait le penser commun, ce fait dénotait un changement profond qui réjouissait le coeur du Gormisson : les nains avaient repris possessions de leurs terres. Le Grand Roi et ses conseillers avaient dut oeuvrer sans relâche dans ce but et leur travail portait ses fruits.

C’est fort de cette expérience et de ce ressentit, que le Fils du Puissant passa les portes de la célèbre Salle de Granit. Coeur pensante de la cité, l’endroit était le lieu unique ou se tenait les séances plaignèrent du Haut-Conseil. En son centre, la Table de Granit qui avait donné son nom à l’endroit, était le siège de chaque membres siégeant. Et ils étaient bien tous présent.

Sans ciller devant le regard de ces nains qu’ils connaissaient presque tous, Thorgrel s’avança, sur de son fait, sur de son rang, sur de sa condition.



« Baruk Skaruni et baruk à vous, membres du conseil. Je suis heureux de pouvoir me tenir à vos cotés en ce jour. »

Il se frappa la poitrine d’un poing aussi large qu’une bûche de chêne et le coup feutré résonna pourtant entre les murs à l’acoustique impeccable. Thorgrel était vêtu des plus simplement, une simple tunique rehaussée de cuir, des bottes de marche lourde et sa hache qui pendait à son ceinturon. Rien ne le distinguait d’un nain lambda si ce n’était l’aura de puissance qu’il laissait dans son sillon. Il avait la mine enjouée, mais ses sourcils broussailleux s’arquèrent et son visage se durcit rapidement.

«  J’apporte avec moi des nouvelles. Des nouvelles qui me furent confiés. Aussi je jouerais le rôle du messager, car tel est mon devoir. Mais, je crains de n’avoir rien de bon à vous annoncer. Les Temps qui arrivent, seront sombre mes amis. »



Tel était les paroles qu’Ikthor lui avait susurré pendant une de ses transes. S’en rappelait-il avec précision, ou tout ceci n’était au fond que le produit de son esprit malade ? Quoiqu’il en soit, il avait été désigné pour porter ce poids et il lui faudrait affronter son destin. Quoiqu’il en coute.

« Il n’existe ni bon, ni mauvais vent, Glumtol des Barbe-de-Fer, le vent se contente d’être et de remplir sa fonction, comme tu le fais en siégeant à cette place, Skaruni. » 

Annonça t-il d’un ton un brin paternaliste.

Il ne connaissait en vérité pas bien la nouvelle Voix du Haut-Conseil de Thanor. Sa nomination avait eu lieu alors qu’il était plongé dans les limbes, entre la vie et la mort, entre l’existence et le néant. Mais à son réveil, jours après jours, les membres fidèles des Haches d’Or avait réussit à lui dresser fier portrait de chacun des nains qui jouaient maintenant office de dirigeant dans ce monde.

Depuis son réveil, Thorgrel n’était plus très sur d’appartenir totalement à cette existence, il se sentait comme déchiré entre deux. Avec Ikthor, il avait vécut une existence pleine à parcourir la cité d’Ankorong dans ses moindres recoins, il avait évolué, vieillit et il avait presque faillit par y mourir de vieillisse. Quand le choix lui fut proposé, il était un ancêtre, à la barbe longue et blanche, aux esgourdes fatiguées, qui avait maintes fois dépassé l’âge de son propre père. Père qui était lui aussi mort aujourd’hui, une nouvelle qui ne l’avait pas vraiment affecté, tant il avait changé.



Malgré cela, le Gormisson connaissait la majorité du reste des barbes et des tresses présentes. Il avait été le premier à ce rallier à la Cité d’Arkan alors que le Zagazorn était encore tiraillé par les stigmates trop récents du Voile. Ensemble, avec le défunt et renommé Oeil-Tempête, ils avaient repris la Perle du Nord et sauvé la communauté de survivant s’y trouvant toujours. Ce fut la première pierre de l’ouvrage qui mena a la réunification du royaume nain. Royaume qui aujourd’hui, devrait continuer à rester fort pour affronter les dangers qui continuaient à le menacer.


Adressant un regard à chacune d’entres eux, il fit un signe de tête saluant à Valya Brisétoile, la naine qu’il avait eu un moment sous ses ordres, la naine avec qui il avait tenu la hache, dos contre dos dans les combats meurtriers des profondeurs d’Almis.


« J’ai été longtemps…absent. A dire vrai, il était fort probable que je ne réapparaisse jamais, mais je fus renvoyé et j’en suis convaincu aujourd’hui : pour une bonne raison. Dans les Halls, les Dieux attendent, ils attendent de nous, que nous soyons fort et que nous fassions face. Ils attendent, que chacune des barbes et de tresses, accomplissent la mission confiée à la création. Que ce soit une oeuvre épique, un chef-d’oeuvre d’artisanat, ou une grande renommée, nous nains sommes tous à la recherche de l’accomplissement. Si je suis aujourd’hui, présent devant vous, Barbe-de-Fer, Brisétoile, Veinebronze, Tête-de-Fer et…Barbedrue - l’intéresserais n’était point présent…C’est pour requérir votre aide afin d’accomplir la mienne. »

D’un geste lent, il tira une petite fiole d’une sacoche de cuir qui pendait à son ceinturon. L’ouvrage était fait dans un acier fin, presque translucide au point qu’on puisse y deviner le liquide qu’elle contenait. Thorgrel s’avança et posa cette dernière sur la grande table de granite. 



« Voici le sang de l’ennemi. Voici le sang du dragon. Naragdrakka. » 



Il laissa un instant de silence afin que chacune comprennent bien de quoi il était question.

«  Bien que le Zagazorn soit tiraillé sur de nombreux sentiers, comportant tous leur lot de danger, il semble que nous avons oublié cette menace. Mais, tapis dans le lointain Nord, lui, le Grand Ver n’à point oublié. Il pense et remâche toujours sa défaite, attendant le bon moment pour mettre à l’oeuvre sa vengeance. Le Père des Haches m’a mit en garde pour que je puisse le faire à mon tour, alors moi, Thorgrel, fils du Puissant,  Gunzandrakka, ai juré de ne pas le laisser faire. » 



Il releva la tête et toisa la Voix de Thanor.

«  Voici la raison de ma venue Skaruni. M’apporteras tu ton aide dans cette entreprise ? »

D’instinct, Thorgrel fronça les sourcils.
Son épaisse masse de poils s’arqua jusqu’à ne former qu’une ligne compacte et unis entre ses deux orbites. Son visage durcit, ses traits se creusèrent et ses yeux aux couleurs différents s’emplirent d’une flamme peu commune. Sa pupille mordorée en particulier, semblait luire comme un petit soleil, captant les rayons des flammèches qui éclairaient la Salle de Granite. Le Gormisson c’était attendu à moult réponse, mais aucunes de ce types ; aucunes qui ne soient entaché par la peur.



«  Si cela ce passe ainsi, alors notre peuple fera face. Car c’est ce que nous avons toujours fait, Glumtol des Barbe-de-Fer. Ou suis-je resté trop longtemps dans les limbes pour m’éveiller dans un monde ou les nains fuiraient devant le danger ? Si tel est le cas, alors peut être aurais-je dus rester à combattre les léviathans antique dans la lointaine Première Citée. » 



Sa voix blanche avait résonné sans véritable colère, mais avec le même tranchant que celui d’une hache. Une hache manié par le Fils du Père des Haches, une hache qui aurait sut trouver sa cible dans le coeur de tout les nains et naines présents à cette grande table.



«  Que tu le souhaites ou non, le Naragdrakka vie toujours. Nous affrontions encore il y a moins d’une dizaine d’années, des jeunes drakkes dans l’Almion. Depuis, nous vivons à crédit, faisant pour certains, semblant d’oublier la menace. Mais tu dois me croire Skaruni, je ne me serais pas présenté devant toi si elle n’avait pas été aussi tangible qu’un éboulement dans une mine mal construite : le Grand Ver patiente, fomentant sa riposte. Je compte m’occuper de son cas avant qu’il ne soit trop tard. »



Cette fois ci, le Gormisson avait modelé sa voix pour qu’elle inspire plus de bravoure que de crainte. Dans ses propos, Thorgrel ne mentait pas, il était prêt à donner tout son être pour que réussisse sa quête.



«  Enfin, je vous l’annonce à tous, et plus particulièrement à toi, Skaruni. Je pense pouvoir vaincre l’ennemi. J’irais seul, du moins, ne le suis-je jamais vraiment, car Ikthor m’accompagne. Mais je n’obligerais aucunes barbes et aucunes tresses à me suivre contre leurs volontés. Mais pour que je réussisse, toi, Skaruni, tu disposes d’un atout, qui me sera nécéssaire à la réalisation de cette mission. Seras tu prêt à m’écouter maintenant ? Ais-je répondu à suffisamment de tes questions ? » 


Thorgrel sentit qu’il avait effleuré un point sensible de la Voix. Non pas qu’il ait cherché à le ridiculiser, loin de là, mais le Gormisson n’était pas en ces lieux pour ménager les esprits. Bien conscient que sa demande pourrait paraitre insensé voir farfelue, il n’en annonçait pas moins une vérité qui était souvent difficile à entendre. Pourtant, Glumtol Barbe-de-Fer avait comme tout les poilus, était piqué au vif, juste sous le menton, la ou cela démange et c’était exactement l’effet recherché. 
Dans sa barbe strié de gris et de roux, Thorgrel afficha une première esquisse de sourire, car maintenant, il le savait, il serait entendu à sa juste valeur. Laissant s’installer un silence durant lequel il en profita pour toiser à nouveau tout les membres du Haut-Conseil présent, il reprit, laconique.



«  En ces murs Skaruni, se trouve une arme qui me permettra de vaincre notre adversaire. »



La voix blanche, le regard intense, brûlant, tous purent distinguer l’iris mordorée de Thorgrel luire d’une curieuse lueur. On pouvait le comparer à un brasier qui alors éteint, venait de reprendre vie, intensément. 



«  Alors que nous nous entredéchirions encore, alors que nos cités étaient recluses et que les espoirs d’unions ne valaient point plus que du mauvais minerais, ton prédécesseur, Glumtol, le Vénérable Oeil-Tempête, me fit mander à Thanor. Ensemble, lui et moi, nous estimions nos différences et nous balayâmes nos différents pour poser les premières pierres de l’entente sur laquelle nous reposons à nouveau tous aujourd’hui. En sa compagnie, nous reprenions Almis durant la terrible campagne et, c'est en c’est durant la dernière bataille qui scella le souterrain, qu’il perdit la vie en se sacrifiant pour nous tous. Ce jour la vie la mort d’un nain estimable, d’une vieille barbe comme le Zagazorn n’en reverra surement plus, mais dans son trépas, il nous légua son héritage. » 



Thorgrel à mesure qu’il parlait, se souvenait de chacune des moments qu’il décrivait. Il pouvait encore sentir la sueur, la poussière et les odeurs de charogne.



«  Kharogan » Reprit-il. « Le Marteau de l’Oeil-Tempête. »

Une arme antique, forgerunée et qui résidait toujours dans la cité, dans le cénotaphe dédié à l’Ancien. Thorgrel posa alors un genou à terre, acte puissant, signifiant sa soumission et sa bonne volonté. 



«  Je suis venu ici, devant vous, pour vous mander un prêt, celui du Marteau qui me permettra de détruite le Narragdrakka. Car les runes forgées dans cette arme, immunise son porteur aux folies de l’esprit. Avec cette arme entre les pognes et le soutient d’Ikthor, voici comment je compte venir à bout de la menace tapis dans le Grand Nord, Skaruni. Ainsi, moi Thorgrel Poing-de-Fer, jure que moi ou mes descendants si je trépasses dans ma tâche, devront rendre l’arme à son présentoir, sous peine d’en perdre la face, la barbe et l’honneur.» 



Un serment à ne pas prendre à la légère, pour tout ceux de la race naine. 



Relevant de la guibole, Thorgrel jeta son regard d’airain sur la Voix de Thanor.

Il ne connaissait pas ce nain comme on pouvait connaitre un frère d’arme ou de misère, mais aujourd’hui, à ses yeux, il avait fait preuve d’intelligence et de courage. Révisant son jugement qu’il avait faussé, Glumtol des Barbe-de-Fer remonta dans son estime et le Gormisson sut, qu’il pourrait compter sur ce nain influent à travers le Grand Royaume. Les autres conseillers se levèrent à leurs tours et c’est ainsi, qu’ensembles, tous se tinrent dressé dans la salle de granite. L’instant n’avait rien de solennel et pourtant, le Zagazorn venait de mettre le doigt dans un engrenage qui le conduirait à une sortie d’on il ne pouvait point encore imaginer les contours.

Sans mot, Thorgrel emboita le pas à Glumtol et toute la délégation se déplace dans les vastes couloirs de la Cité d’Arkan en direction de la place centrale. C’était dans le grand hall que résidait le Cénotaphe d’Alaric. Un monument construit par feu la précédente Voix, Morek des Tête-de-Fer. Criant de réalisme, on y distinguait une flamme éternel qui éclairait les contours d’une statue de bronze coulée d’un seul bloque à l’effigie de l’Oeil-Tempête. Un oeuvre pleine de réalisme et Thorgrel aurait presque put jurer le voir bouger tant il était semblable au nain qu’il avait connut. Sans contours ni jointure, le nain éternel tenait dans ses mains le puissant marteau Kharogan.

Tous prirent un instant de recueillement devant l’édifice. Thorgrel en profita pour adresser quelques prières silencieuse à l’Ancêtre, mais il ne put bien longtemps détourner le regard de la suite runique qui ornait le manche et la tête de l’arme. De la forgerune parfaite, Jugement, car c’était son nom en langue des hommes, était une prouesse d’artisanat digne des plus grands seigneurs des runes. Alaric lui avait confié les pouvoirs de l’arme de son vivant et il était simple, mais redoutable : quiconque en sa possession se retrouvait immunisé à la magie sournoise de l’esprit et pouvait ainsi, distinguer le faux de la réalité. Sans doute prophétique, car aujourd’hui, le Grand Ver Noir usait de cette art étherique pernicieux pour duper les nains.



Se tenant droit comme un i, le Gormisson grogna une fois son introspection terminé et s’avança sous le regard de la Voix. Avec habilité, il se rendit devant la statue qui faisait presque sa taille et murmura : «  Nous nous retrouverons un jour mon vieil amis. » Avant de saisir avec délicatesse la puissante arme. Dans un premier temps, rien ne se passa, puis, il put sentir une énergie vibrante lui pénétrer la chair tel une vague saline. L’effet ne dura qu’un temps et ne modifia en rien sa perception, mais il sut que le pouvoir des runes agissait en cet instant. C’est alors que des hauteurs sombres de la cité, deux petites formes volante se détachèrent du plafond et virevoltèrent en direction du sol. Thorgrel les reconnus d’instinct et se prépara à leurs contacts dévastateur qu’il avait déjà expérimenté par le passé.
Mais quand le premier et le second se posèrent sur son épaule, il ne sentit rien. Rien outre un puissant sentiment de reconnaissance et de bienvenue. Les drakes jumeaux d’Alaric le reconnaissaient et feraient maintenant partis de son aventure tant qu’il tiendrait le marteau et c’était grâce à ce dernier, qu’il était immunisé aux effets pervers de la télépathie.



«  Kashok et Mursal, les jumeaux. » Annonça Thorgrel à la délégation de Haut-conseillier. «  Par le passé, nous avons put échanger d’important messages grâce à leurs aides. Ils nous soutiendront une nouvelle fois. Le premier restera ici à Thanor et sera te trouver s’il le faut Glumtol. Le second m’accompagnera. Ainsi, tu seras toujours ou se trouve le marteau. Ce jour n’est que le premier d’une longue suite qui me conduire loin d’ici, j’aurais encore besoin de ton aide Skaruni, mais tu viens de faire preuve d’une grande sagacité. Grace à toi, le Zagazorn à une chance de vaincre. Maintenant, il serait peut être temps de dîner ? »