Une bien chaude journée pour voyager [Wenwen]

L'air du désert était brûlant ce jour-là. Pas une once de vent ne venait rafraîchir le groupe d'hommes aux foulards blancs perchés sur quelques roches rougeâtres dépassant du sable.  Ils étaient quatre à attendre qu'une caravane ou un marchand plein aux as se montre, abrités entre les rochers, à l'abri du soleil. Il y en a avait un dernier qui guettait la route un peu plus loin.

-Du nouveau ?
L'un de ceux qui attendaient se leva soudain, allant rejoindre le guetteur.
-trois mouettes. Deux paims et un couple d'amoureux paumés. La réponse était faite sur un ton maussade
-La prochaine sera la bonne.

La tape sur l'épaule du chef de l'Aile blanche ne sembla pourtant pas soulager son humeur. Au contraire, le semi-elfe eut l’air de vouloir se confier à son principal lieutenant.

-Je les envie des fois...
-Qui donc? Les mouettes ?
-T'es con Ren.
-Nan mais sérieux. Le grand blond pris une pause faussement nonchalante. Je vois pas ce qu'il ont qu'on ait pas...
-Un peu d'innocence déja. Viliam soupira. T'as pas l'impression que ce qu'on fait n’a aucun sens et qu'on devrait juste partir se planquer au fin fond du désert des fois ? Quitte à crever de chaud…
-Faut vraiment que tu trouves quelqu'un Vil', ça te détendrais. Ou alors c'est peut être juste le soleil qui commence à te taper dessus. Ren lui tendit soudain un outre, l'air mis figue mi-raisin. Tient au moins tu déblatèreras des trucs un peu moins déprimants.

Mais alors que le semi-elfe saisissait la gourde, un nuage de poussière attira à nouveau son attention et celle de Ren. Alors tout deux, ils se couchèrent à nouveau pour se cacher et guetter ce qui arrivait.

-Tient tu vois…'Suffisait d'attendre.
-C’est bizarre, y a qu’un cheval. En plus il ne va pas bien vite… Attend c'est une femme ?
-Merde, regarde là-bas. On n’est pas les seuls à l’avoir repérée.

Ren pointa du doigts un escarpement quelques centaines de mètres plus loin,où un autre groupe de coupe jarret n’attendaient qu’une chose :  que l’inconnue passe dans leur guet append et de là, il était trop facile de savoir ce qui arriverait.

-Je m’en occupe, hors de question qu'ils lui mettent la main dessus. Prévient les autres.

Viliam se leva soudain, rejoignant un cheval attaché non loin. Rapidement, l’inconnue put alors voir un cavalier s’approcher d’elle tranquillement. Ses vêtements semblaient certes usés, mais il semblait tout de même plutôt propre sur lui. Il avait une rapière à la hanche, mais cela n’avait rien de vraiment étonnant dans un milieu aussi dangereux.

-C’est rare de voir des gens voyager seuls. Fit-il en lui adressant un visage amical et faisant en sorte que son cheval se mette au niveau de l’autre. A moins que votre escorte ne se soit laissée distancer ? Ce n'est pas très prudent vu l'endroit...

A la bravade de la jeune femme, Viliam répondit par un rire. Il ne s’agissait ni de mépris ni de méchanceté, mais bien d’un rire franc et chaud de la part d’un homme réellement amusé par la rebuffade de son interlocutrice.

-Non ce n’était pas une menace. Répondit-t-il tranquillement, un éclat rieur ne quittant pas ses prunelles sombres. Si j’avais voulu m’en prendre à quelqu’un j’aurais choisit un poisson plus gros et plus gras, sans vouloir vous vexer. Un nouveau sourire joueur accompagna ses paroles absolument sincère et emprunte d'une vérité qu'elle ne pouvait tout à fait saisir.

-Jusqu’où vous comptez aller comme ça si ça ne vous semble pas trop indiscret ?

Attiré par le cris d'un animal, son regard s’égara sur le lointain l’espace de quelques secondes et le laissa presque songeur. Elle ne lui faisait pas confiance, et à juste titre, et ne le croirait certainement pas s’il l’enjoignait à faire demi-tour ou à prendre un tout autre chemin. Pourtant ils allaient tout droit dans le coupe gorge des bandits rivaux. Lentement mais surement.

-Avec un peu de chance nous avons un bout de chemin similaire. C'est toujours plus sécurisant...même si vous avez déja l'air armée jusqu'au dent...Ironisa-t-il à propos de la dague qu'elle portait à la hanche

Pourtant une partie de son esprit riait de la scène et de lui même malgré le danger car il avait l’impression d’être un de ces lourds imbéciles cherchant l’attention des dames avec autant de maladresse qu’un tentapatte tombé de ses branches. Pourtant Viliam se fichait bien de l’inconnue et il ne comptait pas l’importuner une fois la principale menace du chemin éloignée. Tout ce qui l’importait c’est que ceux qui n’étaient sans foi ni lois n’obtiennent pas gain de cause aujourd’hui. Tout les bandits n'avaient pas ses principes.

-Vous vous méprenez.

Sans perdre son sang-froid Viliam avait simplement repoussé le harpon de sa gorge du plat de la main. Il voyait bien que derrière ce geste, il n'y avait aucune menace sérieuse. Ce n’était qu'une manière de montrer qu'elle avait des griffes. Très bien. Tant mieux pour elle.

-Déjà vous ne m’intéressez absolument pas, qu’on soit clairs. C'était dit sans méchanceté, comme un simple constat, la suite en revanche il l'ajouta avec un peu plus d'amusement dans la voix. Vous êtes sans aucun doute très mignonne mais vous manquez d’un peu de poil sur votre joli menton et d’une carrure un tantinet plus large pour me faire de l’œil. Expliqua-t-il faisant tranquillement référence à son attirance pour la gente masculine plutôt que les demoiselles, même celles avec une telle flamboyance… Par contre, il soupira retrouvant un ton un peu plus sérieux. Je me doute que vous avez dû en croiser de biens plus intéressés. Et j’ai beau être un homme, vous n’imaginez même pas à quel point ça me fout en rogne. 

A nouveau, Viliam ne mentait pas. S’il y avait bien un acte qui lui faisait vite sortir de ses gonds c’était le genre d’abus dont la rouquine semblait vouloir l’accuser de chercher à commettre. Et c’était bien pour ça qu’il avait pris la peine de se montrer et qu’il n’avait pas encore faire demi-tour. D’un geste de la main, ils désigna le col entre deux escarpement rocheux qu’ils devaient traverser et où les bandits les attendaient certainement.

-Si vous connaissez la région, je pense que vous vous doutez que vous foncez droit dans le guet-apens idéal. Alors oui vous avez un sacré tour de main avec votre harpon, mais si j’étais vous je ferais un détour par le sud. Là où il fait certes un peu plus chaud mais au moins il n'y a pas de planques par lesquelles vous surprendre.

Il la fixa en biais l’espace de quelques secondes. Il connaissait le nom de l’auberge dont elle avait parlé. Les rumeurs parlaient d’un établissement ayant rapidement atteint le statut de luxueux en quelques mois grâce au mécénat d’un de ces foutus princes.

-D’autant plus si vous travaillez dans une auberge de luxe. Votre mule vaut peut-être rien, mais j’imagine que vous devez avoir des gérants qui paieraient cher pour vous retrouver en un seul morceau. Il marqua une très légère pause avant de renchérir sur un ton toujours aussi nonchalant tandis qu’il guettait toujours le lointain mine de rien. Et non ce n’est toujours pas une menace. Pas de ma part en tout cas.