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 Le savoir n'est jamais vain

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Solange d'Escault
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MessageSujet: Le savoir n'est jamais vain   Le savoir n'est jamais vain I_icon_minitimeMer 18 Mai 2022 - 11:58

         
2ème ennéade de Vérimios, 19:XI


La comtesse d’Odélian se ré-acclimatait petit à petit à Diantra. Habitant au palais sur l’invitation du Régent, elle avait officiellement pu porter sa plainte ; mais elle restait néanmoins dans l’expectative.
Bien entourée par le seigneur de Lantenes et de ses hommes, elle était également protégée - voire surveillée - par dix hommes du palais.

Dévorée par l’angoisse et l’incertitude, la jeune femme s’était replongée dans la prière ; mais ce matin-là, il lui semblait avoir atteint ses limites. L’inaction la rendait folle. Il lui fallait agir, tenter de reprendre sa vie en main ! Du moins, jusqu’à sa possible condamnation, ou quoi qu’il puisse se passer.

Le Seigneur Aurel n’avait-il pas mentionné qu’il gérait son domaine grâce à son savoir ? Ce fut ainsi que, forte de cette pensée, elle demanda à sa servante de la préparer à sortir, s’enquit de son protecteur. Lui-même se trouvait en rendez-vous d’affaires - ainsi, la Comtesse d’Odélian se résigna à sortir « seule », accompagnée de sa suite.

Observant un silence digne, elle se rendit à la bibliothèque, située à un niveau inférieur à ses appartements ; et entra dans la vaste salle. Elle respira à pleins poumons cette odeur si caractéristique des livres parfois anciens - ici, elle se sentait dans son élément, comme si elle était faite pour y évoluer, pour se noyer dans le savoir.
Brièvement, elle repensa à Eran. Il était analphabète, ignorant, fier de l’être … tout son exact contraire.

La noble dame exhala un soupir, se força à esquisser un sourire, devant le gentilhomme qui semblait ordonner quelques livres d'une seule main.

- « Messire ? Veuillez m’excuser de vous déranger, je crains avoir besoin de vos lumières. J’aurai besoin de compulser les traités commerciaux qui ont été mis en place avec Odélian, et j’ai besoin aussi de traités sur la justice péninsulaire. De ce qui serait relatif au commerce, mais aussi sur des points de droits concernant des criminels. »

Elle croyait fermement que le savoir n’était jamais vain, et Solange d’Escault avait du pain sur la planche.


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Clothaire de Chtoll
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MessageSujet: Re: Le savoir n'est jamais vain   Le savoir n'est jamais vain I_icon_minitimeDim 22 Mai 2022 - 3:26



Clothaire est heureux. La chose est suffisamment rare que pour être soulignée. Oh, fut un temps, pas si lointain, où il rêvait de redevenir un noble avec terres. Ce rêve aurait pu se concrétiser une première fois, lorsqu'une rumeur l'invita à rejoindre l'Aretria pour devenir, pensait-il, intendant de Lün, là où finalement ne lui était offert qu'un rôle de potiche pour un Comte à l'esprit étroit. Clothaire était revenu à Diantra plus vite encore qu'il n'avait fait le chemin vers la Comté. Son précepteur, aretran, et qui l'a élevé jusque là, déçu par son attitude, coupera les ponts avec lui et poussera notre jeune noble à devenir bibliothécaire à la Bibliothèque royale, là où il a passé la majeure, pour ne pas dire l'intégralité de sa vie, à étudier et s'instruire.

La seconde fois, le rêve eut pu devenir concret. Adelina de Lourbier, dont la famille est une solide alliée de la famille des Chtoll, s’apprêtait à reprendre le pouvoir en Alonna, permettant au jeune noble de retrouver ses droits et le trône seigneurial. Puis advint l’Élévation et l'apparition de la Déesse Néera. Et lorsque la Divine a dit, en parlant du faux roi Bohemond, qu'un enfant ne doit pas être jugé à l'aune des crimes de son père, Clothaire y a entendu qu'un fils n'avait pas à suivre les traces du père. Il ne lui appartenait pas de redorer le nom des Chtoll, dont le père avait été déclaré Félon à l'époque en soutenant les Lourbier. Et rien ne l'obligeait à gérer des terres si son bonheur était dans le savoir et les études. Ainsi, son poste de bibliothécaire/copiste/archiviste n'était-il plus un moyen de s'assurer de quoi pouvoir se nourrir et se vêtir mais un choix professionnel. Son handicap, lui qui est mal né, n'est pas un problème et il s'y sent respecté.

Il n'a pas remarqué l'entrée de la dame dans la bibliothèque car du passage, il y en a souvent et que ce qui attire l'attention et le regard, ce sont les gens bruyants. Et lorsqu'il fait du rangement, surtout en sachant qu'il n'a qu'un bras valide, le droit. Il lui faut toute sa concentration. Un ouvrage mal rangé est parfois impossible à retrouver et ne l'est souvent que par hasard, quand quelqu'un s'aperçoit que ledit ouvrage est mal classé, ailleurs.

- Madame ?

Interroge-t-il avant de l'observer et de remarquer sa suite. Des gens de la Haute, que ça soit noblesse ou bourgeoisie, il en croise à la Bibliothèque, mais avec une telle suite, c'est moins courant. Soit c'est une noble, soit la représentante d'une importante guilde et les deux hypothèses sont plausibles, car la Dame présente bien et ses vêtements sont de qualité. Oh, sur ce plan, Clothaire tente de donner le change et a une tenue de bonne facture, un peu trop pour son salaire, mais ce n'est pas la première chose qu'on remarque chez lui. Il est petit, à peine un mètre cinquante, et famélique (45 kgs). Ses traits sont fins et son visage n'exprime que douceur. Mais il y a une étincelle dans son regard où s'expriment sa vivacité d'esprit et son intelligence. Il ne contrôle pas, à son regret, des tics nerveux qui apparaissent sans raison, ni son bras gauche, qui quand il est en phase d'écriture ou de lecture semble soutenir le parchemin ou l'ouvrage sur lequel il travaille mais quand il est debout est ballant ou replié sur son ventre, au prix d'un effort pour dissimuler au mieux cette faiblesse.

- Clothaire de Chtoll. Je travaille ici, effectivement.

Il lui sourit. La Dame ne s'est pas présentée. Et cette présentation pourrait revêtir d'une importance capitale pour une partie de ses demandes. Son sourire s'élargit et devient tendre quand il se lance dans une explication qu'il sait longue, pour répondre aux attentes de la dame en face de lui.

- Les traités commerciaux avec l'Odelian sont bien archivés ici, mais pas tous. La plupart des contrats se font sur l'honneur, principalement quand ils se font au sein d'un même territoire. Si l'accord se fait entre deux territoires n'appartenant pas au même seigneur, nous parlons ici de Duché ou de Marquisat, alors l'écrit est un gage de sécurité. Les copies sont conservées ici, pour pouvoir traiter un éventuel litige. Il en va de même pour les contrats entre les guildes marchandes et les seigneuries. Mais si la guilde peut consulter ses propres archives et un noble ses archives seigneuriales, il ne nous appartient pas d'ouvrir ces registres à d'autres personnes. Vous n'êtes pas Charles de Prademont, Comte d'Odelian car jusqu'à preuve du contraire, il n'est pas une femme. Vous n'êtes pas son seigneur lige. Et à moins que la preuve du contraire ne me soit fournie, vous n'êtes pas non plus mandatée par l'un d'eux ou par le précepteur royal pour faire ces vérifications. Or, hormis ces gens que je vous ai cités, personne, à l'exception des copistes qui recopient les contrats en autant d'exemplaire qu'il n'y a de signataires du traité commercial, n'a accès à ces archives. Si vous avez passé un contrat avec l'Odelian, je peux vous fournir le contrat en question, mais en aucun cas d'autres contrats pour que vous puissiez, par exemple, comparer les différents accords faits pour voir si le vôtre est ou non à votre avantage. J'imagine que vous comprenez l'intérêt et l'importance de ce secret.

Didactique, il l'a été. S'il faut émettre un refus ou exiger une preuve pour répondre à une attente, autant expliquer pourquoi. Et malheureusement, la suite sera du même tonneau.

- Le droit pénal, l'exercice de la justice, le droit commercial et les questions de criminalité sont beaucoup trop vastes pour que je puisse vous aider. Je compulse ces ouvrages et bien d'autres depuis que je suis en âge de lire, et j'ai su lire avant de marcher correctement.

Cela est malheureusement vrai, l'esprit de Clothaire s'est éveillé avant son corps et il lui a fallu plusieurs années pour pouvoir se déplacer "naturellement", même s'il reste un peu plus lent que la moyenne.

- Mais toutes ces années à lire ne suffiraient pas pour savoir ce qu'il y a à savoir sur un seul de ces domaines. Soit il faudra m'expliquer en détail ce que vous cherchez et je pourrai lancer une recherche pour vous, et j'avoue que le défi m'intéresse et est stimulant, soit il vous faudra consulter un législateur spécialisé dans chacun de ces domaines. La tradition orale reste importante et ils viennent ici vérifier des points précis et parfois les étudier des journées entières. En étant plus précise, je pourrai vous trouver un ouvrage ou quelques ouvrages traitant du sujet, ou vous trouvez le législateur ou la législatrice qui pourra vous fournir une réponse précise.

Si le sujet est d'importance, elle devra lui faire confiance. Mais via sa réponse, il est possible que son interlocutrice réalise que le secret des recherches sera conservé avec lui. Et de sa suite s'ils s'éloignent un peu, ce qu'il semble prêt à faire. Nul garde ne devrait s'inquiéter de lui, il semble incapable physiquement de nuire à quiconque tant il parait fragile. En combat singulier entre lui et la Dame, ils ne seraient pas nombreux à parier sur lui.
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MessageSujet: Re: Le savoir n'est jamais vain   Le savoir n'est jamais vain I_icon_minitimeMar 24 Mai 2022 - 12:37



Clothaire de Chtoll ?

Le nom de l'ascendance de son interlocuteur n'était pas inconnu à la Comtesse, qui avait appris, son enfance durant, les longues listes généalogiques de la noblesse péninsulaire. Elle s'étonna néanmoins, brièvement, de la place de ce noble à la bibliothèque royale ; mais poser la question n'eut été point délicat, aussi la jeune femme se contenta t-elle d'esquisser un sourire bienveillant, avant d'ouvrir la bouche pour se présenter.
Mais le bibliothécaire aux tics musculaires ne lui en laissa guère le temps. Il se lança dans une longue tirade enflammé et passionnante, qui piqua tout de suite l'intérêt de la noble, et lui fit, brièvement, toute forme de politesse élémentaire.

A nouveau, elle eut un sourire, un peu plus triste, à l'évocation de son époux, et, sans perdre son maintien parfait, poussa un soupir discret.
La question de la confidentialité était d'importance ; et elle n'était pas tout à fait sûre encore de la moralité de sa démarche.

Bien sûr, Solange était fâchée contre son époux. N'avait-il pas tenté de la faire assassiner ? N'était-il pas un criminel devant les dieux ? Mais, d'une certaine manière, la comtesse se savait sa complice : ne serait-ce que par son silence. Mais rechercher de nouvelles preuves de sa culpabilité ? C'était vouloir lui faire du tort directement - et elle savait pas vraiment si Néera approuverait jamais sa démarche.

Enfin, la jeune femme se reprit. Elle accentua son sourire, passa ses deux mains sur le tissu velouté de sa robe brodée de dentelle.

- "Vos scrupules vous honorent, messire de Chtoll. Mais je vais vous rassurer... Je suis la Comtesse d'Odélian, l'épouse du comte Charles. Vous n'avez aucune crainte à me révéler les contrats qui unissent Odélian à autrui, puisque je dois, moi aussi, être au courant de tous les détails qui pourraient être utiles à son administration."

Elle fit quelques pas dans la vaste pièce encombrée de livres, dans un bruit soyeux d'étoffe, promenant son regard sur les étagères poussiéreuses. Elle était pensive, angoissée à l'idée de sauter le pas.
Initialement, la comtesse avait bien pensé aux assemblées de justice, où elle devrait, peut-être, trancher elle-même des litiges d'importance ; mais il lui semblait maintenant évidemment qu'un législateur à ses côtés serait plus efficace pour lui apprendre les bases du droit, et l'aiguiller sur la bonne décision.

- "A défaut de détails juridiques, j'ai également besoin de connaitre le montant des impôts exigé à mon comté chaque année, et comment il a été prélevé. Voyez-vous, je ne suis malheureusement pas vraiment informée de ces détails, et je vais devoir les connaitre, si je suis amenée, un jour, à en assumer les responsabilités. Du moins, je dois pouvoir l'inculquer à mon enfant. Sauriez-vous m'aider ? Je suis prête à y passer du temps, mais je serai une élève attentive. Je désire apprendre."

Elle s'était retournée sur le jeune homme, qui semblait avoir à peu près son âge.

- "Vous auriez toute ma reconnaissance, et même une récompense, si vous vous acquittez bien de votre tâche. J'ai toute confiance en vos compétences, si le Régent vous a employé ici."

Elle se trouvait parfaitement sincère, les bras détendus, le sourire doux et un peu timide.

Cela promettait d'être une journée intéressante !
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Clothaire de Chtoll
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MessageSujet: Re: Le savoir n'est jamais vain   Le savoir n'est jamais vain I_icon_minitimeMer 25 Mai 2022 - 21:25



- La Comtesse d'Odelian, Solange d'Escaut. Dans la liste des possibles, je vous ai effectivement oubliée, je vous présente mes excuses pour cet impair.

Une belle leçon, il s'est montré didactique pour expliquer pourquoi elle ne pouvait avoir accès aux archives demandées, elle lui a prouvé qu'il n'avait pas tout envisagé. Et bizarrement, Clothaire aime être pris en porte-à-faux, car cela lui prouve, soit que son interlocutrice est plus brillante que lui, ce qui a le don de le titiller car des plus brillants que lui, il n'en croise pas souvent, soit qu'il est encore perfectible, ce dont il est conscient, même si sa modestie doit en souffrir. Et ici, pour l'heure, c'est la seconde option qu'il privilégie, mais cela ne l'empêche pas d'écouter la Comtesse avec intérêt.

- ... !

C'est avec un silence presque religieux qu'il l'accompagne quand elle se déplace, plutôt ravi de cette "gymnastique", qui si elle reste minimale, lui évite de s'ankyloser. L'homme, en raison de son handicap, est obligé de se mobiliser régulièrement, sans quoi ses muscles se durcissent au point de l'empêcher de se mouvoir. Il se masse aussi son bras paralysé et le met dans une position qu'il espère naturelle quand elle ne l'observe pas.

- Des cours de fiscalité ? Je ne travaille pas pour le percepteur royal mais c'est un domaine qu'il m'a fallu étudier dans mon enfance. Mon précepteur aimait tout ce qui avait trait aux calculs, à la gestion et il m'a transmis cette passion. Si cela peut paraître rébarbatif aux yeux de certains, c'est aussi un jeu de l'esprit et j'aime avoir l'esprit occupé. Par contre, je n'ai jamais enseigné et je doute être doué dans le domaine. Car pour moi les meilleurs précepteurs sont ceux qui ont eu des difficultés à apprendre. Ils ont conscience de ce qui peut être compliqué à cerner pour leur élève. Alors que ceux comme moi qui cernent de suite la logique de la chose peuvent parfois sauter dans leurs explications des étapes importantes et rendre la chose on ne peut plus obscure. Si vous deviez vous sentir perdue, ce ne sera pas parce que vous êtes mauvaise élève mais parce que je suis piètre professeur.

Il accepte donc la mission, l'idée semble l'amuser, même s'il semble honnête sur ses capacités à enseigner.

- Je vous invite à vous asseoir et à prendre des notes. Je vais d'abord vous faire un exposé théorique. Qu'est-ce qu'un impôt, à quoi sert-il ?

Et c'est un exposé didactique qui démarre, où la chose est vulgarisée dans un premier temps. Il se doute que la Comtesse est au courant de la majorité des points qu'il expose, entre autres sur le fait que le Roi utilise les impôts perçus pour défendre le royaume, faire que Diantra et ses édifices restent debout, protéger la route d'or, payer l'armée, qu'elle soit composée de soldats ne surprendra personne, l'armée des fonctionnaires peut surprendre, par contre, et le point le plus complexe, établir des politiques qui soient en accord avec l'argent dont la royauté dispose.

- Exposé théorique terminé, je vous propose de regarder les contrats passés avec une guilde des marchands, car du type de contrat peut naître plusieurs impôts différents. Je vais chercher les documents qui remontent à deux ans, puis nous pourrons comparer avec ceux de cette année. Votre époux a probablement renégocié pas mal de contrats entre son entrée en fonction et aujourd'hui et vous verrez que fiscalement, ça n'est pas toujours chose simple.

Il prendra plusieurs minutes et se fera aider pour le transport des documents, feignant d'étudier un parchemin pendant que son collègue porte plusieurs ouvrages à bout de bras, sans s'en plaindre. Clothaire s'imagine qu'il fait illusion et parvient à cacher les choses, mais dans les faits c'est encore plus simple que cela : parfois, il oublie son handicap physique. Et ses collègues savent qu'il ne sait pas porter ce qui doit être porté à deux mains et ne s'en offusquent pas. En échange, lui sait reclasser avec une minutie certaine là où eux s'épuisent parfois à le faire.

- Voici un premier accord avec une guilde. Le Comte a fait changer le contrat. Avant, l'autorisation pour la guilde d'avoir un comptoir sur vos terres était liée à un montant fixe. C'est simple, clair et sans fioriture. La guilde fait des bénéfices monstrueux ou y perd sa culotte, la Comté reçoit le même montant. Ici, c'est un pourcentage sur les ventes qui a été négocié. Les intérêts de la Comté et de la guilde sont les mêmes. Plus la guilde gagne des sous et fait du commerce, et plus la Comté reçoit des impôts. Les bonnes années, c'est évidemment le contrat le plus intéressant, mais les mauvaises années, les impôts perçus peuvent être nuls. C'est donc, aussi, une prise de risque.

Il est bien content d'avoir un exemple comme celui-ci, cela sert bien son propos et c'est dû au hasard, car évidemment il n'a pas eu le temps de préparer son cours, vu qu'il l'improvise.

- Le fixe est sécurisant pour chaque partie mais un peu stressant pour le commerçant, ici la guilde. Une mauvaise année, et il suffit parfois d'un événement météorologique pour nuire à tout un commerce et tout peut s'effondrer, endettant gravement la guilde. Et avoir des dettes est à proscrire, car il faut emprunter et emprunter signifie devoir encore plus d'argent. Et perdre de l'argent n'est pas la meilleure méthode pour en gagner, vous en conviendrez. Avec le pourcentage, c'est la Comté qui prend des risques. La guilde ne s'endettera pas, mais en cas de catastrophe, c'est la Comté qui perdra des sous. Toute la difficulté est dans l'équilibre. Un mélange entre un fixe et une part des bénéfices est la solution que personnellement je privilégie. Et l'avantage de la négociation est qu'on peut aussi y adjoindre certaines missions sociales. Je diminue votre fixe ou ma part sur les bénéfices si vous, guilde des vêtements, vous habillez nos orphelins. Ou si vous, maçons, rénovez tel bâtiment à un meilleur prix. Ou si vous acceptez de prendre en apprentissage autant d'odelianais pour leur permettre d'acquérir un métier. Une manière de joindre l'utile à l'agréable. Et les impôts ne sont dûs que sur la part pécuniaire.

Voici des pistes qui pourraient intéresser une femme, souvent plus portée qu'un homme sur les œuvres sociales. Évidemment, cela nécessite des calculs pour que ce qui est "perdu" en impôt soit compensé, tout en sachant que la guilde fera le même calcul pour voir si l'action est ou non rentable. Mais la réputation joue beaucoup aussi, et être bien vu du peuple qui achète et des dieux n'est jamais perdu. Il souhaite, par ce biais, lui ouvrir un champ des possibles histoire que l'idée de gérer les impôts ne soit pas une corvée mais un moyen de servir ses ouailles sans s'oublier soi.

- Pour la Comté, le fait d'être passé du fixe, j'imagine que le prédécesseur de votre époux n'était pas trop porté chiffre et fiscalité, a été rentable. Les rentrées ont été meilleures, et les impôts dus au Roi aussi. Mais comme je l'avais souligné, quand les rentrées sont bonnes, tout le monde est gagnant. C'est quand elles sont mauvaises que cela pose problème. Et entre nous, je ne connais pas un secteur qui n'ait pas été en difficulté une année au moins depuis que je suis né.

Il se détend ouvertement les muscles en faisant quelques étirements et lui tend les contrats d'une autre guilde marchande, histoire qu'elle puisse envisager ce qui peut être fait. Avec ce qu'il lui a expliqué, est-elle en accord avec le contrat en cours ? Estime-t-elle qui faudra le modifier ? Et si oui, comment. Après, il lui expliquera le calcul pour déterminer l'impôt à payer au Roi. Les parts les plus importantes viennent de ces contrats-là, puis de toute manière, il n'a pas accès à toutes les déclarations. Ce qui concerne les accords internes en odelian n'appartiennent qu'au comte et au percepteur royal. Et il doute pouvoir y accéder, même dans le cadre d'un cours offert à la Comtesse en personne. S'il est bien vu à la Bibliothèque, où il fait partie des meubles car il y a grandi, il n'est connu ni du percepteur, ni du Régent. S'il a été informé de son engagement, ça a dû être quelque chose du style : "un excellent élève formé dans notre bibliothèque et qui en maîtrise déjà les us et coutumes a souhaité être engagé, ce que nous avons fait. Nous n'aurons pas à le former". Gain de temps, économie, bingo. Tiens, il n'a même pas demandé à la Comtesse si elle souhaitait avoir son premier cours de suite. Faudra qu'il évite cet impair par la suite et qu'ils négocient les prochaines venues. Puis qu'il s'y prépare, aussi. Présenter les calculs concrets sera un poil plus ardu et moins intéressant que la réflexion sur la qualité des contrats commerciaux. Mais si on ne comprend pas les contrats, faire le calcul de la part qui revient au Roi devient vraiment fastidieux.
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MessageSujet: Re: Le savoir n'est jamais vain   Le savoir n'est jamais vain I_icon_minitimeJeu 26 Mai 2022 - 12:07



Silencieuse et attentive durant la longue leçon - qu'elle n'avait pas prévu immédiate, il fallait bien l'avouer - Solange d'Escault s'était saisit d'un parchemin de qualité et avait réclamé, d'une voix discrète, une plume et de l'encre.

Elle avait aimé, autrefois, les séances avec ses précepteurs, et c'était avec une certaine nostalgie que la dame avait écouté Clothaire de Chtoll, le bibliothécaire qui semblait tout à la fois savant et capable.
Et s'il exposa au début des faits tout à fait évidents, car elle n'était pas ignare au point de ne pas savoir ce qu'était un impôt, la suite fit briller ses yeux aux reflets de saphir d'un éclat d'intérêt.

Elle prit les documents, les lut durant de longues minutes, reposa ensuite les parchemins, en écoutant les explications de son interlocuteur.

Les options de l'impôt était intéressante ; il fallait sans cesse établir une mesure entre les besoins de chacun, ce qu'ils pouvaient fournir et ce dont le comté avait besoin.

Doucement, en prenant son temps, la jeune femme prit la parole.
Elle se sentait un peu stupide de savoir si peu, alors que Louise de Fernel était une femme de son âge, qui gérait sa seigneurie avec autant d'adresse ; mais il fallait probablement en passer par l'apprentissage, avant de pouvoir le transmettre à son tour à sa chère enfant.

- "En somme, il existe trois possibilités de négocier l'impôt aux marchands : soit en fixe, soit en pourcentage, soit en partie en nature, et le reste en pourcentage, ou en fixe, ce qui pourrait enrichir indirectement le comté en lui évitant de redistribuer directement l'argent. Ce serait alors le marchand qui s'en acquitterai à sa place. Je vois."

De sa main droite, la noble péninsulaire saisit le dernier contrat commercial qu'on lui tendit, s'abima à nouveau dans la lecture.

- "Le Comte Gaubert avait opté pour un revenu fixe, et mon époux, pour un revenu fluctuant. Cela a le désavantage de ne pas permettre précisément de savoir quelle somme sera touchée, et oblige le percepteur à étudier les comptes de chaque guilde, pour déterminer le montant précis de l'impôt à verser, mais permet aussi aux marchands de survivre, ce qui les encourage à rester, et donc... au Comté à continuer de toucher l'impôt, même si les années précédentes ont été mauvaises. Je vois."

Solange se sentait passionnée par le sujet. Son étude lui ouvrait un nouveau champ de possibilité, de rêves et de projets pour l'avenir, et elle avait encore une foule de questions.

- "Chaque méthode a ses défauts et ses qualités. Pour développer le commerce, pourrait-on envisager d'autres solutions, comme un impôt régressif selon la fortune, pour encourager les marchands les plus fortunés à s'installer dans le Comté ? Et comment cela se passe t-il avec le Roi ? L'impôt est-il négociable, ou la somme, ainsi que les biens, sont fixés et imposés à l'avance ? Je sais que l'on reçoit souvent des fermages en nature, car les paysans n'ont pas les moyens de payer. Dans leur cas, la somme dû est-elle en fonction de leur fortune, ou le montant est-il fixe ? Peut-on également changer le mode de prélèvement ?"

La noble dame rougit, inclina légèrement sa tête en signe d'excuse.

- "Veuillez m'excuser mon avalanche de questions. Je suis malheureusement novice en la matière, mais j'aimerai apprendre, et devenir plus savante. J'ai découvert récemment que l'argent était extrêmement important, si l'on voulait de la stabilité et de la prospérité. J'aimerai pouvoir en expliquer le principe à ma fille héritière, la jeune Elisabeth. Mais peut-être désirez-vous aborder ces sujets dans une autre leçon ? Je conviens être arrivée sans m'être fait annoncée, et vous avez sans doute du travail..."
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Clothaire de Chtoll
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MessageSujet: Re: Le savoir n'est jamais vain   Le savoir n'est jamais vain I_icon_minitimeJeu 26 Mai 2022 - 17:22


Les réactions de la Comtesse réjouissent Clothaire, qui sent qu'elle se passionne pour le sujet. Avoir besoin de comprendre est une chose, y trouver de l'intérêt en est une autre. Et si intérêt il y a, l'apprentissage n'en sera que facilité. Et si les questions tombent en avalanche, cela n'ennuie pas notre bibliothécaire.

- Il faut comprendre ceci. Tout est possible et tout est négociable... En théorie. Dans la pratique, c'est un peu plus compliqué. Je vais illustrer mon propos par un exemple tout simple. Les Seigneuries, les Baronnies et les Comtés ont toutes des terres qui peuvent être mises à disposition d'agriculteurs. Ils travaillent la terre et pour l'avoir reçue en location, ils paient un tribut au seigneur des lieux. Si ce tribut, en Odelian, est de 50% des récoltes et dans une Baronnie pas trop lointaine il n'est que 25% des récoltes, tout laisse à penser que les agriculteurs iront dans la Baronnie. Ceci, c'est la donnée brute, chiffrée. Seulement, voilà, le Baron qui n'a que 25% des récoltes n'a pas beaucoup de sous ou beaucoup de nourriture et ne peut pas avoir une armée importante pour protéger les lieux et les fermes. Si le brigandage est important, que le labeur des agriculteurs peut être pillé sans espoir d'être protégé par la garde, l'agriculteur préférera payer le double mais avoir de meilleures chances de sauver ses récoltes et sa famille. L'argent n'est pas la seule motivation, que la personne soit aisée ou non. Le bien-être joue aussi. Sur certains points, vous n'avez aucune prise. Le temps est-il souvent agréable par chez vous ou y fait-il régulièrement trop chaud, trop froid ou trop humide ? La région est-elle souvent en guerre ou est-elle préservée. Les brigands y sont-ils sous contrôle ? Les innovations y sont-elles bien accueillies ? Les artisans et inventeurs y sont-ils reconnus ? Bref, qu'est-ce qui fait, hormis un système fiscal avantageux, que quelqu'un ira s'installer chez vous plutôt que chez votre voisin ou à l'autre bout du pays ? Et pour les riches et les commerçants : la route royale est-elle facile d'accès ?

Il sourit et espère que la Comtesse réalise qu'il ne suffit pas de créer un incitatif fiscal pour qu'aussitôt les grosses fortunes accourent.

- Celui qui détient les cordons de la bourse détient un grand pouvoir. La manière dont vous gérerez la fiscalité de votre Comté déterminera aussi sa politique. Vous souffrez de dénatalité ? Proposez une réduction d'impôt dès le 4e enfant. Vous voulez attirer les grosses fortunes, créez l'impôt dégressif. Vous avez trop peu d'artisans ? Créez des écoles pour les former. Vous manquez de soldats de métier ? Offrez une terre au vétéran qui aura servi dans votre armée durant 20 ans. Et si tout se négocie au sein de votre Comté, tout peut se négocier aussi avec le Roi.

Il sourit, espérant que la Comtesse se rappelle de son "en théorie".

- Sur l'impôt et les rentrées que vous percevez, vous devez un certain montant au Roi. Autant de tonnes de blé, autant d'argent, autant de soldats que vous avez à gérer pour lui. Mais le Roi est aussi un partenaire commercial. Pour son armée, il a besoin de fer, qu'il lui faut acheter. Il a besoin de nourriture, parfois aussi pour ce qui excède ce qu'il reçoit par l'impôt. Imaginons, vous devez cent chariots de blé au Roi mais cette année a été catastrophique à cause d'une invasion d'insectes qui ont détruit les récoltes. Vous êtes en pénurie et vous souhaitez conserver l'ensemble de vos stocks pour éviter une famine. Vous l'expliquez au Roi. Son intérêt est-il qu'il y ait une famine en Odelian. Certes non. Mais comme il manque de blé, nourrir le bétail n'est pas simple et du bétail, vous en avez en surplus. Plutôt que fournir du blé, vous proposez de payer le double en bétail. Le Roi a sa nourriture, vous n'avez pas de famine et tout le monde est content. En ce sens, la négociation fonctionnera. Mais si la pénurie de blé est pareille sur toute la péninsule, l'intérêt du Roi sera de préserver d'abord sa population et son armée. Le souci, avec la fiscalité, est de toujours trouver un équilibre qui convienne à tous ou qui nuise le moins possible. Si votre fiscalité est trop lourde et ne permet pas l'investissement, le commerçant ira voir ailleurs. Si elle est trop légère, vous ne pourrez pas mener une politique fiscale qui serve les intérêts communs, le commerçant ne saura pas vendre ses productions et il ira aussi voir ailleurs. Si vous n'avez pas en Odelian une plus value naturelle et certaine, il faudra faire preuve d'imagination. Car c'est sur ce plan que vous pourrez faire la différence. Les artisans aiment transmettre, que ça soit leur savoir à la prochaine génération, ou leur création aux générations futures. Vous imaginez la fierté qu'a du ressentir celui qui a fait bâtir la Cathédrale Sainte Deina ? Et tous ceux qui ont aidé à la bâtir ?

Un projet peut attirer du monde, une idée originale, quelque chose qui fait qu'on a envie de dire "ça, c'est leur marque de fabrique". Lui ne connait pas l'Odelian, mais la Comtesse connaît les lieux et pourrait avoir des pistes.

- Je vous laisse imaginer ce qui pourrait être une plus value dans votre Comté et quelle politique fiscale serait à tenter pour mettre en place un projet qui attirera les gens, voire les fortunes, ou attirerait des artisans, des érudits ou des guerriers vers chez vous plutôt qu'ailleurs. De mon côté, parce que l'impôt royal est complexe aussi, je prendrai des exemples d'impôts que le Comte a payé au Roi et vous en expliquerai les calculs. Je propose qu'on se voit ici demain après le repas du matin, si cela vous va ?

Un tic plus important qu'à l'ordinaire, qui a surpris Clothaire lui-même, qui s'en est excusé d'un geste de la main.

- Vous êtes Comtesse, vous aviez des questions à poser. Notre mission est aussi de vous aider. Si j'avais eu des priorités plus importantes, j'aurais fait appel à un ou une collègue. Nous avons bien avancé je pense et vous avez des pistes de réflexion. Nous continuerons de survoler ces questions demain, en entrant un peu plus dans le concret. J'espère que vous aimez le calcul, on en fera pas mal. Lorsqu'on parle fiscalité, malheureusement, c'est un passage obligé.
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Solange d'Escault
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MessageSujet: Re: Le savoir n'est jamais vain   Le savoir n'est jamais vain I_icon_minitimeVen 27 Mai 2022 - 7:37



La comtesse d'Odélian, très droite sur sa chaise de bois, ignorait avec superbe les dix gardes qui ne la quittaient pas du regard à quelques pas de là, disséminés entre l'entrée de la bibliothèque et les différentes fenêtres.

A sa table de travail, sa main gauche éternellement gantée négligemment posée près du pot à encre, elle continuait d'écouter son précepteur improvisée avec attention. Elle prenait plusieurs notes à mesure qu'il parlait, mais avait du mal à les organiser. Les informations étaient nombreuses, et si elle les comprenait plutôt aisément, il n'était pas si facile de savoir ce qu'il était important de noter et de se souvenir précisément.

Elle considéra le bibliothécaire, lui enviant confusément la masse de savoirs qu'il possédait, et qu'elle aurait dû connaitre sur le bout des doigts, voilà déjà plusieurs années.
Ce qu'il évoquait était intéressant ; et l'inclinait également à plus de respect envers son père, le Comte Gaubert et son propre époux, ainsi que son amie Louise de Fernel et Aurel de Lantenes.

Ils assumaient, ou avait assumé des années durant une très lourde charge, tandis qu'elle s'était toujours complu dans l'oisiveté.

N'était-elle pas la pire des épouses, la pire des mères ? Elle avait négligé et dénoncé son époux, pécheur certes, mais à qui elle avait juré obéissance et fidélité ; et pratiquement abandonné sa malheureuse enfant en cours de route. Si d'aventure sa fille accédait au trône comtal, il faudrait trouver des conseillers avisés et des précepteurs compétents, car elle ne désirait que sa fille fut aussi ignorante qu'elle.

- "Je m'entends en calcul, messire de Chtoll, donc je ne crains pas les leçons de demain. Mais, si vous me permettez, j'aimerai tenter de résumer vos propos, afin d'être sûre d'avoir bien comprise. Je n'entends vraiment rien à ces questions, mais je veux progresser rapidement. Je ne sais pas combien de temps il me reste avant ..."

La Dame s'interrompit, eut un sourire fier et triste tout à la fois, et reprit la parole, comme s'il ne s'était rien passé.

- "Donc, il faut comprendre qu'il faut attirer des commerçants, garder les paysans et satisfaire la noblesse. C'est tout à fait logique, mais j'imagine que c'est ce qui en rend l'administration complexe. Le clergé ne peut être également négligé, et satisfaire tout le monde doit relever de l'exploit. La question de l'imposition est importante, mais ne fait pas tout puisque le contexte, ce qui fait que la vie est agréable, les retiendra tout autant. Sur ce point, la question du banditisme doit être réglée en Odélian.."

Elle ne put s'empêcher de pâlir, au bord d'un malaise qu'elle tenta de réfréner.

- "Mais c'est un lieu où il fait bon vivre en général, du moins, je le crois. Votre propos est de se montrer souple et créatif, et de savoir improviser face aux imprévus, comme de mauvaises récoltes, et de pouvoir négocier des impôts qui seraient bénéfiques à chacun en fonction de nos besoins respectifs. Ai-je raison ? J'ai grande hâte d'être à demain pour vos exemples, messire. Vous êtes un homme compétent, ce que j'apprécie particulièrement."

La demoiselle d'Escault attendit qu'il lui réponde, avec politesse, puis se redressa avec un sourire aimable, les couleurs revenant lentement sur son visage délicat et encore émacié.

- "A demain, messire Chtoll. Je serai là après le repas du matin. Je vous souhaite la bonne soirée, et que Néera vous garde."

Dans un bruit d'étoffe, elle s'en fut, entrainant les gardes royaux à sa suite, le laissant seul à ses recherches et à son travail, se félicitant intérieurement de ne s'être jamais occupée que de charité.


***

La nuit avait été éprouvante cette nuit-là. Comme ses démons étaient revenus la hanter dans leur ronde infernale, elle avait oscillé entre cauchemars ardents et insomnie - au matin elle s'était réveillée faible et agitée.

Incapable de prendre un déjeuner consistant, l'estomac noué, elle avait grignoté un peu de pain en buvant une tasse de lait aux épices fumante préparée par Coline, avant de s'habiller d'une robe plus stricte que la veille. Elle ne désirait pas rencontrer la noblesse dans son état ; et la noble ne désirait pas non plus s'exposer trop aux regards masculins.

- "Coline... Voudrais-tu demander au seigneur de Lantenes s'il désire m'accompagner à la leçon de ce matin ? Je vais en apprendre plus sur les Impôts dû au Roi ce matin à la bibliothèque, et je me demande si cela pourrait l'intéresser. Il pourrait m'y rejoindre, s'il le souhaite."

La jeune femme n'avait pas pu s'en empêcher. Toutes ces ennéades passées ensemble lui avait donné confiance en lui, bien plus qu'en ces dix gardes dont la mission était de la surveiller - sa présence, bien que froide, avait été pour elle source d'apaisement autant que de réconfort, surtout dans un lieu public. Mais plus que tout, la noble désirait, sans qu'elle ne se l'avoue ouvertement, qu'il soit fier d'elle, qu'il se rende compte qu'elle n'était pas un enfant stupide.

Il était son seul ami en ce monde, et elle ne voulait sûrement pas le décevoir.

Ce fut ainsi, bien couverte dans une robe de jour bleue marine un peu sévère, accompagnée de sa servante, qu'elle se rendit à nouveau dans la bibliothèque, suivie de près par son petit chiot et par les gardes qui continuaient de la suivre sans faillir.

O comme elle avait hâte de la suite !
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MessageSujet: Re: Le savoir n'est jamais vain   Le savoir n'est jamais vain I_icon_minitimeVen 27 Mai 2022 - 11:52

-Les règles sur l'impôt royal ? S'étonne Aurel. Qu'est-ce qui lui a fait penser que le sujet m'intéresserait ?

Le Seigneur est plus que sceptique. Déjà parce que, payant ses taxes depuis des années, il sait pertinemment comment cela fonctionne. De plus, la Comtesse s'attachera plutôt à comprendre ce qu'il en est pour Odélian. Olyssea étant une terre royale, les choses sont légèrement différentes du point de vue de Lantenes. Et puis, ce sujet n'a rien d'attrayant et l'ancien Général ne voit aucune raison d'accompagner Solange dans un tel moment. Cependant, c'est sans compter sur Coline qui, pour une fois, dépasse un peu le cadre de ses obligations pour insister auprès de son maître.

-Je crois... qu'elle cherche avant tout la compagnie de quelqu'un qu'elle connaît.

Aurel regarde la servante sans rien dire avant de détourner les yeux dans un soupir. Même lui a entendu la Dame cette nuit. Pourtant, depuis qu'ils sont ici, il ne percevait plus rien. Sans doute à cause de l'épaisseur des murs qui séparent leurs chambres. Et puis, ce ne sont pas ses hommes qui montent la garde devant la porte de la Dame, ils ne lui doivent rien en terme de rapport.

-Je croyais que ses cauchemars étaient terminés.
-Non, Monseigneur. Pas du tout...
-Ce sont des choses que je dois savoir, Coline.
-Oui, Monseigneur.

Ainsi dont, le militaire apprend que sa protégée est encore très tourmentée. Sans doute par son passé en même temps que son avenir. Il espérait pourtant que les choses iraient mieux après leur escapade et l'arrivée de sa petite chienne. Mais ce n'est pas suffisant. Il aurait dû s'en douter... Et il semble bien qu'il soit le seul sur qui elle puisse se reposer pour le moment.

-Le temps de reporter un engagement et je vous rejoins. Finit-il par répondre après un petit moment de réflexion.

Coline étire un sourire tout heureux, fait une rapide révérence et file retrouver la Dame à laquelle il l'a assignée. Elle prend son travail à cœur et semble apprécier la maîtresse temporaire. C'est une suivante fidèle, malgré de potentielles maladresses. Elle n'était pas destinée à cette tâche à l'origine mais son exercice auprès de Solange semble très formateur et ce poste lui plaît visiblement davantage que celui de femme de ménage. Il devra peut-être songer à une reconversion. Voire à lui proposer de rester aux côtés de Solange si cela leur convient à toutes les deux. Ce sera à la Comtesse d'en décider mais il faudra qu'il le lui suggère.


~~~~~~~~~~~~~~


Au détour d'un couloir, Aurel apparaît, suivi de près par une petite boule de poils qui lui court après pour le rattraper. Comme à son habitude, il est vêtu sobrement, arborant des couleurs foncées qui durcissent ses traits déjà assombris par son regard presque noir. Pourtant, à sa démarche assurée, à son maintien parfait et à la qualité de sa vêture, on ne peut douter de la noblesse de son sang ainsi que de son passé militaire. Alors que la porte de la bibliothèque n'est plus qu'à quelques pas, il aperçoit sa protégée, bien encadrée avec son escorte et sa suivante. Qu'il est triste qu'elle doive se déplacer de la sorte au sein même du palais royal...
Le Seigneur s'approche sans la moindre hésitation et les gardes ne réagissent évidemment pas. Tandis que les deux chiots se retrouvent joyeusement, Aurel s'incline devant Solange et, relevant les yeux sur elle, il semble seulement la détailler, s'arrêtant presque dans son mouvement. Il voit sa robe et sa présentation générale, presque aussi sombres que la sienne et il fronce les sourcils avant d'achever de se redresser. Il échange un bref regard avec Coline, comprenant la raison de son insistance à se présenter à elle ce matin. Il revient alors sur la Dame, la regarde un instant sans rien dire. Il ne va pas lui demander comment elle va, la réponse est assez évidente. A la place de cela, il pivote légèrement et lui propose son bras afin d'achever ensemble le chemin qui les conduira à la bibliothèque. C'est d'un appui dont elle a besoin ? Alors c'est le rôle qu'il jouera. Et peut-être s'enquiera-t-il de la raison de ce revirement d'humeur ultérieurement. Pour l'heure, elle a une leçon à suivre.
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Clothaire de Chtoll
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MessageSujet: Re: Le savoir n'est jamais vain   Le savoir n'est jamais vain I_icon_minitimeVen 27 Mai 2022 - 17:51

En théorie, il n'aurait dû prendre qu'une heure ou deux pour préparer le cours du lendemain, maîtrisant les calculs nécessaires à l'établissement de la somme due une seigneurie, peu importe sa taille, au Roi. Mais en poussant le vice jusqu'à trouver le document qui prouve que la guilde a payé tel montant à la seigneurie, ici en l'occurrence au Comté, il a levé un lièvre. Au tout début, il a cru à une erreur d'écriture, ce qui peut arriver. Mais frapper d'un doute, il a entamé d'autres vérifications, et depuis qu'il les a entamées, le soleil qui était haut dans le ciel s'est couché, puis des bougies ont dû être utilisées pour lire, puis que se déplacer la nuit dans une bibliothèque requiert une grande attention, puis le soleil s'est levé. Et la vérification est toujours en cours à l'heure où la Comtesse devrait arriver, et notre homme n'a ni mangé ni dormi. C'est à peine s'il a pu faire prévenir l'adolescent qui s'occupe de son chien qu'il ne rentrera pas. Parfois il rentre tard, mais ne pas rentrer du tout n'est pas dans les habitudes de notre homme, qui par faute de dette de sommeil a les muscles douloureux. C'est un visage moins tendre qui accueille la Comtesse et son accompagnateur et des cernes apparentes qui témoignent d'une grande fatigue.

- Comtesse... Messire... Vous m'excuserez si mes propos dépassent ma pensée, mais je n'ai pas mangé, je n'ai pas dormi et c'est le genre de situation qui autorise parfois un écart de langage malvenu.

Deux chiots ? Il grimace, et cette fois ça n'est pas un tic nerveux. Puis il se rappelle que les nobles ont des domestiques pour sortir les animaux s'ils doivent faire leurs besoins, mais il précise quand même.

- J'adore les chiens, j'en ai un que je fais garder. Mais la bibliothèque n'est pas un lieu qui leur convient. Si l'un d'eux mordille un meuble ou pire un ouvrage ou un parchemin, il sera prié de sortir. De même s'il aboie et perturbe les lieux.

Ses yeux se ferment un court instant, il fait bouger ses muscles, comme pour les réveiller, puis avise à nouveau l'homme à qui la Comtesse a offert son bras. Il fait une vérification rapide.

- Vous n'êtes pas Charles de Prademont, Comte d'Odelian, n'est-ce pas ?

Une question qui est plus une affirmation qu'une interrogation. S'agit-il d'un vassal, du chef de sa garde ou d'un ami ? Voire d'un galant ? Dans le fond, peu lui chaut, puisqu'il ne s'agit pas du Comte. Sa présence rend la suite beaucoup plus délicate.

- Comtesse, en préparant le cours, j'ai remarqué ce qu'on appelle dans notre jargon une "erreur d'écriture". Nul n'est parfait et si à l'écrit on peut penser un mot et écrire un autre, en matière de chiffres, il arrive aussi qu'on se trompe ou qu'on inverse deux chiffres. Rien de dramatique lorsqu'on est dans le cas d'une erreur d'écriture, un correctif est fait et on répare. Ce n'est ni malversation ni malhonnêteté.

Il n'a pas souri et ses tics sont difficilement contrôlés. On pourrait croire que c'est la faute au manque de sommeil mais la vérité est autre : Clothaire est nerveux.

- Mais si l'erreur se répète, et toujours au détriment de l'un et à l'avantage de l'autre, il devient... possible... qu'on soit face à un problème. Le sujet est particulièrement délicat et je ne voudrais pas m'en entretenir avec vous si des personnes qui n'ont pas votre confiance peuvent entendre ce que j'ai à dire. Car si mon intuition se confirme, cela pourrait nuire à votre Comté.

Il lève le regard vers la personne qui accompagne la Comtesse et qu'il ignore être Aurel de Lantenes, tout comme il ignore les liens qui les unissent. Mais quand bien même seraient-ils amants qu'il n'est pas certain que la Comtesse veuille partager un secret qui pourrait bien poser problème.
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MessageSujet: Re: Le savoir n'est jamais vain   Le savoir n'est jamais vain I_icon_minitimeSam 28 Mai 2022 - 9:16



Cernée, le teint pâle, mais aussi souriante et polie qu'à l'ordinaire envers tout ceux qu'elle croisait - à commencer par son escorte - la demoiselle d'Escault finit de descendre l'escalier qui menait à l'étage de la bibliothèque.

Mais a peine eut-elle fait quelques pas qu'elle entendit le pas familier de son protecteur, Aurel de Lantenes. Il s'inclina, elle s'inclina à son tour, en le dévisageant. Sa présence apaisa un peu la tension en elle, les images traumatiques qui défilaient en boucle depuis la veille dans sa tête, et elle prit son bras qu'il lui proposait, sans un mot.

La jeune femme lui était reconnaissante d'être venu, de faire preuve de délicatesse, bien qu'elle ne fut pas surprise. Elle reconnaissait bien là sa manière de procéder, sa gentillesse masquée par une apparence de froideur. Il n'y avait rien à dire ; mais Solange eut l'impression qu'il la comprenait, et son coeur se réchauffa un peu, en entrant dans la vaste pièce.

L'état du pauvre bibliothécaire la frappa. Il semblait épuisé et nerveux lui aussi, et elle ouvrit de grands yeux surpris en écoutant ses propos.
Il était impensable de se priver de manger pour ses leçons ; tout aussi impensable que de déranger la paix des lieux avec les deux chiots qui faisaient les petits fous dans toute la pièce en jappant à qui mieux mieux.

Elle allait interpeller Coline pour la prier d'apporter à manger, lorsque son attention fut détournée par son interlocuteur.
La Comtesse d'Odélian rougit que l'on puisse penser qu'elle était avec son époux, ne put s'empêcher de secouer délicatement la tête.

- "Messire, ne vous en faites donc pas. J'ai une confiance absolue en mon ami ici présent. Parlez, je vous prie, aussi librement que possible. Vos propos sont inquiétants, mais je dois savoir ce qui se passe concernant mon comté. Bien que je ne l'administre pas, j'en suis pleinement responsable, et je ferai de mon mieux pour trouver des solutions aux problèmes que vous avez rencontré."

Ses yeux ne reflétaient qu'une absolue innocence. Elle offrit un sourire poli au jeune noble de Chtoll, tout en songeant que les gardes aussi entendraient tout - mais elle ne pouvait les chasser.
Mais que pouvait-elle faire, à part assumer les erreurs potentielles du Comte Gaubert, voir de son époux ? C'était le rôle qu'elle avait pris en devenant Comtesse, et c'était en Comtesse qu'elle tâcherait de protéger ses terres, même s'il ne lui restait probablement que peu de temps pour le faire.

- "Voilà, je suppose, un bon exercice. Mon devoir est de protéger les sujets d'Odélian, même si je dois demander de l'aide pour cela."

Continuant de se tenir droite, les mains sagement posées sur le lourd tissu qui protégeait ses genoux, elle garda son calme.
Personne ne savait qu'elle avait été souillée, que les brigands avaient piétiné son honneur, et elle pouvait gérer tout le reste, elle en était certaine. Néanmoins, la péninsulaire ne put s'empêcher de déglutir, la gorge nouée. Elle ne s'était pas attendue à des problèmes - mais elle supposa qu'il était dans la nature même de l'administration d'un Comté de devoir y faire face.

La jeune femme darda un sourire sur son protecteur.

- "Je vous remercie d'être ici avec moi. Je vous en prie, ne partez pas. En votre présence, je peux tout affronter."

Des propos ingénus mais ô combien sincères. La Damedieu lui avait fait un beau cadeau, car sa présence même lui offrait une muraille qui renforçait sa détermination.
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MessageSujet: Re: Le savoir n'est jamais vain   Le savoir n'est jamais vain I_icon_minitimeSam 28 Mai 2022 - 15:43


Un bras dans le dos, l'autre prêté à Solange, Aurel découvre le jeune homme qui fait la leçon à sa protégée. Il le détaille discrètement et en silence tandis qu'il les salue et les prévient pour leurs animaux. L'ancien militaire baisse les yeux sur son chiot, un petit labrador au pelage plus noir encore que son collier. Celui-ci penche la tête sur le côté en croisant son regard, sans comprendre, puis il se met à remuer la queue. Jusque là, il n'a fait aucune bêtise et il se montre obéissant lorsque son maître le reprend. N'étant pas là pour suivre la leçon, le Seigneur les gardera personnellement à l'œil.
Lorsque le jeune bibliothécaire -dont il ne connaît pas le nom- s'adresse à lui, il a une réaction presque instantanée.

-Par les Dieux, non. Je suis le protecteur de sa Grandeur.

Oui, c'est un peu insultant pour le Comte de réagir ainsi mais il fait l'objet d'une enquête pour meurtre alors il a d'office perdu le peu de respect que le Seigneur aurait pu lui témoigner.
Sur ces mots, Aurel libère son bras, le temps de saisir le dossier d'un siège qu'il propose à Solange avant de le repousser sous ses genoux au moment où elle s'assoit avec la galanterie qu'elle doit désormais lui connaître puisqu'il agit ainsi assez souvent. Puis il reste debout pour découvrir en même temps que la Dame que le Comté est redevable de taxes envers la couronne. De mieux en mieux... Si elle doit hériter d'Odélian, elle aura un certain nombre de torts à redresser.
Mais alors qu'il ne semble pas vouloir prendre place, la jeune femme lève la tête vers lui, lui demandant de bien vouloir rester. Si Coline l'a convaincu de venir, ce n'est pas pour partir déjà... Elle en sera vite rassurer.

-Je n'ai pas prévu de m'en aller, Madame. Cependant, votre sujet d'étude ne me passionnant guère, je vais m'absenter le temps de trouver quelques ouvrages pour m'aider dans mon projet. Puis il toise à nouveau le bibliothèque. Pouvez-vous m'indiquer les rayons traitant des animaux marins et de leur élevage ? Ainsi que peut-être les constructions immergées ? A moins que vous ne préfériez que je sollicite un de vos collègues pour ne pas perturber davantage votre leçon.

Aurel est certes froid mais il ne fait pas pour autant preuve d'insincérité. Il sait que Solange veut apprendre pour être capable de diriger ses terres par elle-même et il trouve cela louable de sa part. Il n'est pas fait pour les lettres mais il trouve utile les hommes tels que ce précepteur improvisé. Il ne souhaite donc pas faire outrage et empêcher la jeune femme d'étudier, bien qu'il ne soit guère adepte des ronds de jambes et du beau langage...
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Clothaire de Chtoll
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MessageSujet: Re: Le savoir n'est jamais vain   Le savoir n'est jamais vain I_icon_minitimeSam 28 Mai 2022 - 16:42


- Votre Grandeur, je ne m'en ferai donc pas, mais j'espère que vous comprendrez qu'il me fallait vérifier que je pouvais m'exprimer en sa présence.

Le reste de la suite semble plus discret et Clothaire n'étant pas connu pour avoir une voix qui porte, le tout pouvait rester discret, mais avec une personne à même distance que la Comtesse, c'était beaucoup plus délicat. Voilà qui ne l'est plus. Et la grande confiance qu'elle témoigne à cet homme est là pour le rassurer aussi.

La précision quant au fait qu'il s'agit de son protecteur permet de clarifier définitivement les choses. Il est lié à la Comtesse, pas au Comte qu'il ne semble pas avoir en haute estime s'il a bien su déchiffrer le non verbal exprimé par le garde du corps de la Comtesse, il est plus surpris par le fait que l'homme ne marque aucun intérêt pour les choses fiscales. Sans doute n'a-t-il d'autres responsabilités que celles de protéger la Comtesse. Ce n'est pas Clothaire qui le lui reprochera, s'il devait assister à un cours magistral sur la fabrication des épées, possible qu'il préfère s'intéresser à des sujets plus passionnants. Ah, quoi que... La demande du garde du corps est assez surprenante et incongrue.

- L'élevage des animaux marins ? Si cela se limite à la pisciculture, j'ai un ouvrage de référence à vous conseiller, qui concerne tant les poissons de lac et de rivière que ceux de mer. Rédigé par un passionné, flore marine nécessaire à l'élevage, qualité gustative ou danger de se nourrir de tel ou tel poisson. Si cela dépasse l'élevage des poissons, il va falloir faire des recherches. L'autre sujet... Je vous avoue que des habitations immergées... hormis sur pilotis. Ce serait une recherche tout à fait passionnante à faire, voire peut-être des démarches à entreprendre avec les bibliothèques situées près de port pour voir si elles ont des documents à nous proposer.

C'est visiblement le genre de recherche que Clothaire ferait volontiers, il semble être un passionné et aimer apprendre, quel que soit le sujet, mais cela l'éloigne du cours qu'il a à donner.

- Si cela peut attendre la fin de mon exposé auprès de celle que vous protégez, je pourrai à minima chercher la personne la plus apte à vous orienter dans cette recherche précise. Si vous restez encore quelques jours à Diantra, je pourrai même entamer les démarches dès demain, après avoir récupéré un peu. Mais pour ne pas perdre le fil de mes idées, je vais me concentrer sur le problème que j'ai repéré en préparant le cours.

La Comtesse ayant demandé qu'il reste non loin d'elle, il s'imagine que le protecteur de la Comtesse restera à ses côtés. Il prend un premier document et le tourne afin que le "couple" face à lui puisse y jeter un œil.

- Ceci est un récapitulatif des rentrées en Odelian liées aux contrats passés avec les guildes marchandes. Vous avez plusieurs montants répertoriés et un total. La somme des montants est exacte. Mais quand on consulte les livres de compte, donc les accusés de réception des sommes versées par les guildes au Comté, on remarque, quatrième ligne, que le 5 et le 7 ont été inversés. Le 75 est devenu 57. Clairement, une erreur d'écriture. N'importe qui l'interpréterait comme tel.

La différence est minime, et il faut être terriblement méticuleux pour s'en apercevoir. En général, on jette un oeil. Telle guilde, tel récépissé, les chiffres semblent les mêmes, l'inversion, il faut être très concentré pour la voir. Pas de quoi fouetter un chat.

- Seulement, voilà, votre époux, par la suite, n'a plus fourni les preuves de paiement, considérant que comme chaque guilde devait elle aussi signaler ses dépenses, puisqu'elles réduisent les bénéfices réalisés et donc l'impôt qui revient au Roi. Et si ça n'est pas illégal, cela ne facilite pas le contrôle. Et donc, pour cette année, il fallait aller dans chaque déclaration de chaque guilde, pour consulter chaque ligne de chaque livre et le faire correspondre à la déclaration faite pour la Comté. Un travail titanesque si vous considérez qu'il faudrait faire cette vérification, qui s'ajoute à plein d'autres. Alors je me suis interrogé. Et si la fin des doubles récépissés cachaient une volonté de rendre les contrôles trop complexes ? Et si, en fait, l'erreur d'écriture qui paraît accidentelle ne l'était pas et avait été un test pour voir si les contrôles seraient vraiment pointilleux à ce point. Et sur base de cette hypothèse, nous serions face à une fraude.

C'est le genre de jeu intellectuel auquel il s'astreint depuis tout petit. C'est un être intelligent, pointilleux, méticuleux, à l'extrême. Son seul plaisir est là, dans les jeux d'esprit. Et vu son état de fatigue, le jeu l'a motivé, car il a cherché.

- J'ai pris les déclarations de cette année, concernant les paiements déclarés et par le Comté d'Odelian et par les guildes marchandes auprès du percepteur royal. J'ai comparé les livres et les montants déclarés par les guildes... d'ailleurs, j'y ai relevé là aussi trois erreurs d'écriture, mais par deux fois en défaveur de la guilde, preuve que les erreurs d'écriture arrivent, et les montants déclarés par le Comté. Une fois sur quatre, j'ai relevé une inversion de chiffre, toujours, et j'insiste bien sur ce "toujours" en faveur du Comté qui déclare donc avoir perçu moins que ce qu'il a perçu réellement. Pour l'heure, je n'ai pu vérifier que la moitié des livres, c'est vraiment un travail lourd. Alors, actuellement, chaque montant, pris individuellement, n'est pas important mais l'erreur apparaît auprès des guildes qui doivent inscrire le plus de lignes dans leurs livres de compte. Les guildes aux livres les plus simples sont retranscrites correctement. C'est donc là où la vérification est la plus complexe que se trouvent les "erreurs d'écriture".

Clothaire ne doute pas que la Comtesse et son protecteur voient où il veut en venir. Ce qu'il décrit, c'est un système frauduleux.

- Alors, chaque erreur, prise individuellement, n'est pas conséquente. Mais au final, cela fait quand même un petit montant. Et ce montant on va dire "économisé" devait lui aussi être soumis à l'impôt royal. S'il ne s'agissait que d'une erreur, un correctif serait demandé et la somme due devrait être remboursée. Mais j'ai l'intime conviction, et je pense qu'une fois informé le percepteur aura la même conviction, qu'il s'agit d'une fraude. Et si on peut pardonner une erreur, voire de l'incompétence, je doute qu'il soit apprécié qu'on ait volontairement volé le Roi. Et si la chose se sait en dehors du percepteur et de nous trois, vu que beaucoup de contrats se font sur l'honneur, et que quelqu'un qui vole le Roi perd toute honorabilité, s'il ne perd pas la tête, je ne suis pas au fait de ce point législatif, on est face à un énorme problème.

Et il en paraît désolé. La Comtesse était-elle au courant ? Il l'ignore. Que va-t-elle faire de cette information ? Il l'ignore. Son protecteur va-t-il vouloir le faire taire ? C'est un risque, qu'apparemment il est prêt à courir.

- Votre Grandeur, j'espérais réellement qu'on puisse discuter des manières de payer moins d'impôts, de les utiliser à bon escient, utiliser des trucs législatifs, trouver des pistes qui fassent que vous ayez des rentrées sans courir de risque pour mener à bien un projet, toutes ces choses qui m'amusent. Je ne me doutais pas, en compulsant vos documents, tomber sur... ça... Et il me faut avouer que je ne suis pas féru de législation au point de pouvoir vous conseiller sur quelle attitude adopté pour éviter une importante sanction. Je sais juste quelle attitude j'adopterais si j'étais non plus bibliothécaire actuellement mais Seigneur de Chtoll et que j'avais été informé... ou que j'avais découvert, d'ailleurs... cette fraude ou une fraude du même type.

Il se masse les tempes. Ils ne sont plus dans un cours magistral, là, ils sont dans un concret particulièrement désagréable et il en est sincèrement désolé. Il tend d'ailleurs les preuves qu'il a trouvées, montrant du doigt les montants repérés et qu'il fait correspondre avec les récépissés. Le plus inquiétant, finalement, est qu'il n'a vérifié que la moitié des documents jusqu'ici. Et il tait le fait qu'il imagine qu'il a dû y avoir complicité du côté des vérificateurs, donc corruption.
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MessageSujet: Re: Le savoir n'est jamais vain   Le savoir n'est jamais vain I_icon_minitimeSam 28 Mai 2022 - 20:59



Bien qu'il s'agisse de gestes naturels envers une dame, l'expérience insolite de la vie de la Comtesse d'Odélian l'avait désormais rendue sensible aux égards. Et si elle se laissa installer, elle ne manqua cependant pas de le remercier à mi-voix, avant de prêter une oreille plus attentive au pauvre bibliothécaire épuisée.

Elle n'interrompit personne alors que les deux hommes échangeaient des informations concernant les pêcheries, le cœur empli d'une appréhension vague et non définie - eut égard à la solennité du préambule du noble de Chtoll - avant de se concentrer plus avant sur ses propos concernant la gestion des impôts.

D'une main posée, elle saisit le premier document qu'on lui tendit, ouvrant un énorme livre relié de cuir avec intérêt. Ses yeux saphir parcoururent le livre de compte en se plissant pour mieux y lire les chiffres inscrits, reporta son regard sur le jeune homme qui lui parlait.

Bien qu'elle maitrisait les chiffres, la jeune femme avait du mal à suivre la masse d'informations livrées par son interlocuteur. Elle avait le sentiment qu'un carrosse arrivait à grande vitesse dans sa direction, tandis qu'un poids se rajoutait sur sa poitrine, alors que la réalité se faisait lentement jour en elle.

On trafiquait les chiffres donnés au Roi. Odélian trichait et volait son suzerain, en utilisant des rouages bien organisés ; elle le laissa lui montrer les livres, les preuves, le laissa discuter sans subtilité des terribles conséquences, l'écouta se targuer de savoir quelle attitude adopter, laissant la comtesse sans voix, pâle comme la mort, pratiquement paralysée devant l'énormité de ce qu'il avait trouvé.
Brusquement, Solange se remit à respirer - depuis quand retenait-elle son souffle ? - posa une main sur une livre de compte.

Elle allait mourir pour avoir volé le Roi, alors même qu'elle n'était que tout juste informée de la malversation. Son mari allait mourir, et sa fille se retrouverait orpheline.

Sa bouche était sèche comme un vieux parchemin, et elle finit par articuler difficilement :

- "J'aimerai à boire, je vous prie."

Elle porta une main blanche et délicate à sa bouche, se mordit la chair tendre à l'intérieur, essaya de rassembler ses esprits, de conserver la même détermination qu'elle avait gardé tout le long de son terrible voyage. Elle savait depuis le début qu'elle n'était pas destinée à survivre, mais même cela n'était pas la question par ailleurs...

La noble péninsulaire renforça sa stature roide, essaya de reprendre contenance. Comment étais-ce seulement possible d'être aussi stupide ! Elle avait envie de vilipendé son époux, de le faire fouetter pour son infâme traitrise et sa cupidité - mais il était trop tard. Beaucoup trop tard. La seule solution était de protéger Odélian, autant que faire se pouvait.

- "J'aurai besoin que vous trouviez tous les livres de comptes et que vous les passiez au crible. Vous devez prendre du repos, bien sûr, mais j'aimerai vos résultats au plus vite. Je voudrais tout vérifier. Il faut savoir quelle somme... les gens de mon époux auraient pu détourner. Puis, s'il s'avère..."

Elle s'arrêta quelques secondes, en laissant sa phrase en suspens. Rien ne prouvait que Charles était au courant !

- "S'il s'avère que vous avez vu juste, je dois effectivement demander une nouvelle audience avec le Régent. Pour cela, je dois avoir toutes les preuves, et vous m'accompagnerez, afin de les expliquer de manière précise. Nous devons déterminer qui sont les coupables. Il faut sauver Odélian de tout soupçons de rébellion. ...Depuis.. combien de temps croyez-vous que ces malversations durent-elles ?"

La Dame avait du mal à respirer. Engoncée dans son corset, elle se sentait sur le point de se sentir mal, mais les odieux chiffres dansaient devant ses yeux écarquillés. Son chiot, un labrador à la robe claire, jappa à ses pieds - mais elle n'y prêta aucune attention.

Elle était responsable, au même titre que son mari. Qu'importait si elle avait donné les ordres ou non ; son nom serait forcément lié à celui de son époux.

- "Oui, il faut.. Il faut retrouver toutes les preuves. C'est une priorité."
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Aurel Fribourg d'Escault
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MessageSujet: Re: Le savoir n'est jamais vain   Le savoir n'est jamais vain I_icon_minitimeLun 30 Mai 2022 - 12:41

Aurel voudrait reprendre le bibliothécaire sur l'interprétation qui fait de sa requête mais il n'en a pas le temps. Peut-être est-ce la fatigue qui lui a tout fait comprendre de travers, sans compter le manque d'informations, en tout cas il ne semble pas chercher à faire le lien entre l'élevage marin et les constructions qu'il a évoqué. Il confond même les termes "émergés" et "immergés", croyant qu'il veut construire sur pilotis. Cependant, le jeune homme enchaîne aussitôt avec l'affaire qui l'a visiblement occupé toute la nuit et, un peu dépité et en même temps intrigué, l'ancien Général soupire à moitié en s'accoudant sur le haut du dossier de Solange sans chercher à l'interrompre. Sa position est fort peu conventionnelle, surtout envers une Comtesse doublée d'une femme mariée, mais, comme à son habitude, il ne s'en soucie guère. Les sourcils froncés, d'abord par agacement puis par réflexion, il écoute et suit les explications du noble de Chtoll avec attention. Après les crimes dont sa protégée lui a parlé, il ne croit pas un instant à une erreur d'écriture, et ce bien avant que d'autres "coquilles" n'apparaissent et se rélèvent trop nombreuses pour qu'il s'agisse d'une coïncidence.

S'il ne dit rien, Aurel baisse néanmoins les yeux sur Solange en dessous de lui lorsqu'elle demande à boire. Il ne voit d'elle que sa chevelure mais il devine à sa gestuelle comment elle se porte, d'autant qu'il a une vue parfaite sur ses épaules tendues. Il ne peut que confirmer une fois encore les observations de Coline pour dire qu'elle ne va définitivement pas bien... Et l'absence de nouvelles de l'enquête de Serramire ne doit pas l'aider. Il faudra d'ailleurs bientôt penser à se rendre au duché.
Le Seigneur se tourne vers la servante et, d'un signe de la tête, lui commande d'apporter ce qu'il faut à la Comtesse. Celle-ci se mit aussitôt en quête d'une cruche et d'un verre qu'elle apporta rapidement. Lorsqu'elle s'approcha pour tendre la boisson à la jeune femme, Aurel le lui prit d'un geste posé puis il lui désigna les chiots du regard avant de lui faire une nouvelle demande à mi-voix afin de ne pas déranger la discussion en cours.

-Confie-les à Samson. Nous allons avoir besoin de plus de tranquillité que prévue.

Coline fit une brève révérence puis entraîna comme elle le put les deux animaux à l'extérieur tandis que Solange achevait de passer ses consignes au bibliothécaire. Lorsqu'elle eut fini, il se pencha afin de déposer le verre près de la Comtesse et en profita pour lui glisser quelques mots, une main toujours sur le dossier et l'autre sur la table.

-Cessez de craindre les représailles. Il est de notoriété publique que vous ne vous préoccupiez que des affaires religieuses et charitables jusqu'alors. Et vous ferez preuve d'honnêteté en informant les autorités de cette découverte et en cherchant à réparer ce tort. Vous n'avez rien fait de mal, défendez cela.

Puis il se redresse, conscient que cet échange n'a pu échapper à personne, bien que sa teneur ne puisse être connue que de la Dame. Cependant, il ne s'en soucie guère. Tout ce qui le préoccupe en l'état, c'est le sentiment de culpabilité de Solange et sa peur constante de se retrouver sanctionnée pour des choses qu'elle n'a pas faite. Mais ce qui l'inquiète le plus, c'est qu'elle serait prête à assumer la sentence alors même qu'elle n'a commis aucun crime. Simplement par loyauté envers un mari qui a pourtant commandité son enlèvement.

-Est-ce bien nécessaire de faire les vérifications au préalable ? Demande-t-il à voix haute, en toute sincérité. Il semble que vous ayez assez d'éléments pour mettre en lumière ces malversations. S'il y a soupçon de fraude, la Couronne mandatera ses propres experts pour tout repasser au peigne fin quoi qu'il arrive. Si des lignes ont été omises dans votre analyse, cela pourrait-il se retourner contre Dame Solange ?

Si Aurel n'est guère avenant, sa voix monocorde ne trahit ni soupçon ni méfiance. Le simple fait que le bibliothécaire ait trouvé ces preuves et en parle à la Comtesse et non aux autorités suffit à le convaincre qu'il peut lui témoigner une certaine confiance. Le militaire cherche simplement à comprendre la situation dans son ensemble et à rassembler tous les éléments afin d'aider Solange à prendre la meilleure décision. Tout contrôler prendra du temps, d'autant plus pour un homme seul dont ce n'est pas la tâche. S'il manque des éléments, comment les autorités le prendraient-elles vis-à-vis de sa protégée ? Lui-même n'est pas un expert mais le jeune de Chtoll a sans doute plus d'éléments que lui pour répondre. Et, avant de se lancer tête baissée, il vaut peut-être mieux évaluer tous le contexte ainsi que les conséquences inhérentes aux différentes options qui s'offrent à eux.
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Clothaire de Chtoll
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MessageSujet: Re: Le savoir n'est jamais vain   Le savoir n'est jamais vain I_icon_minitimeLun 30 Mai 2022 - 14:10


Il a lâché l'information explosive et finalement la Comtesse réagit comme il l'espérait. Elle tient à ce que la lumière soit faite sur cette fraude et que les autorités en soient informées. Sauf qu'en prime, alors qu'il est juste copiste au départ, elle exige de lui qu'il vérifie tout avant que les informations ne soient soumises au Régent. Pourquoi le Régent, d'ailleurs, il y a un responsable des impôts placé sous ses ordres : le Percepteur Royal. Mais c'est une autre information qui fait écho dans son esprit.

- Une "nouvelle" audience ?

Nouvelle, cela signifie qu'elle a déjà ou déjà eu une audience auprès de lui. Et sauf erreur de sa part, si le Régent doit rencontrer des nobles, il s'agira des pontes péninsulaires, à savoir les Ducs et les Marquis. Et si une audience est accordée à une noble de plus basse extraction, toute proportion gardée évidemment, c'est qu'il y a déjà un souci qui doit être réglé en haut lieu.

- Dans quel merdier je me suis fourré, moi...

Soupire un Clothaire qui semble prendre conscience des implications que tout ceci pourrait avoir. C'eut été trop beau que cette fraude soit le seul problème. Mais a-t-il besoin de tout savoir ? Certes non. Il est copiste, s'amuse à former une Comtesse à sa demande, dans l'espoir de pouvoir payer la garde de son chien et de son cheval et d'améliorer un peu son quotidien à lui, en prime, et ça s'arrête là.

- J'ai vu juste, je n'en doute pas. Nous sommes face à des faits, concrets. J'ai voulu trouver assez d'éléments pour constituer la fraude et ils sont là, clairs comme le nez au milieu du visage. Qui sont les responsables de la fraude, il ne m'appartient pas de le déterminer. Mais on peut poser des questions simples. A qui profite la fraude ? A celui qui détient les cordons de la bourse. L'autre option serait que quelqu'un veuille lui nuire, à lui. Pour prendre sa place ou pour se venger d'un acte dont il aurait été la victime et le fraudeur désigné l'auteur. Cela, je n'ai pas les moyens de le vérifier.

La Comtesse et son garde discutent, ou plutôt lui la soutient, elle, et lui rappelle qu'elle n'est pas responsable des actes de son époux. Clothaire n'est pas certain qu'elle sera automatiquement innocentée, mais il n'est pas législateur non plus. Mais il rejoint le garde sur un point : elle aidera à prouver son innocence en dénonçant elle-même les faits. Et à la question de savoir s'il est nécessaire de faire toutes les vérifications au préalable, Clothaire a la réponse : Non.

- Nous avons un faisceau d'éléments qui est largement suffisant pour dénoncer la fraude. Mais je ne la signalerai pas au Régent d'abord, mais au Percepteur royal. Car si la fraude n'est pas visible "instantanément", en un coup d'oeil, un vérificateur sérieux, même pas zélé, aurait pu, voire dû, repérer la faute. Et sil ne l'a pas fait, c'est soit qu'il est incompétent, et l'incompétence doit être signalée, soit qu'il a été acheté pour fermer les yeux, et là on parle de corruption. Et il sera nécessaire aussi qu'il puisse découvrir, voire piéger, le ou les incompétents ou corrompus, en plus du ou des corrupteurs.

Il ferme les yeux dans une grimace, pris apparemment d'un mal de tête. La fatigue n'aide pas et il n'a clairement pas le corps pour encaisser des efforts, le sien a visiblement assez souffert depuis toujours que pour n'avoir qu'une résistance faible, même pour un effort qui était surtout intellectuel.

- Ce que je vous propose, c'est d'aller voir le Percepteur Royal avec ce qui a été découvert, lui signaler la fraude et lui permettre de trouver les preuves qui incrimineront les bénéficiaires de la fraude et les éventuels corrompus. Si corrompu il y a et qu'on le fait parler, on aura aussi le nom du corrupteur, ce qui aidera aussi à vous innocenter, puisque visiblement vous ne gériez rien en matière fiscale dans votre Comté. En cela, je rejoins votre protecteur. Et je pense que la fraude est récente, mais j'ai fait mes recherches seul, sans être mandaté ou formé à cet effet par le Percepteur. Lui et son équipe pourront confirmer ou infirmer mon impression, il a une équipe formée à disposition.

Cette option présente aussi un avantage certain pour la Comtesse et s'il se serait montré discret en pleine possession de ses moyens, ici il dit la chose assez platement.

- Ensuite, il vous appartiendra d'en informer le Régent, si cela sert vos intérêts. Je présume que le Percepteur le fera de toute manière, lui aussi. Mais cela présente l'avantage que je n'aurai pas à savoir pourquoi vous l'avez déjà rencontré. Si je ne suis pas, ou ne serai pas, celui qui retranscrira les notes pour les dossiers, pour peu que trace écrite il y ait, je n'ai pas à savoir de quoi il en découle. Pour l'heure, je sais juste qu'il y a eu fraude car c'est moi qui l'ai découvert, et c'est tout. Et j'estime que c'est très bien ainsi.

Il ne cherche pas à nuire, il est honnête. Mais il en parlera de lui-même au percepteur, pour une raison toute simple. Si la fraude est découverte plus tard, qu'on sait qu'il a consulté les livres de compte (et cela se saura forcément) et qu'il n'a rien dit, au mieux, il perd sa place. Et vu son physique, il ne pourra pas faire un travail autre qu'intellectuel. Avoir été renvoyé de la bibliothèque royale, cela n'aide pas à être engagé ailleurs. Il en est conscient. Pour cela qu'il est respectueux à l'extrême des règles ici, tout comme ses collègues. Il y aurait trop à perdre à vendre ne serait-ce qu'une information.
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MessageSujet: Re: Le savoir n'est jamais vain   Le savoir n'est jamais vain I_icon_minitimeMar 31 Mai 2022 - 8:34



Les propos de son protecteur fit mouche dans son esprit.

La Comtesse devait défendre sa propre vie, ne serais-ce que pour sauvegarder son enfant, la douce Elisabeth ; mais aussi pour elle-même. Supporterait-elle de voir sa réputation salie ? Ses parents mourir de honte le peuple l'agonir d'injures pour un crime qu'elle n'avait pas commis ?

De ce qu'elle en savait, le Percepteur devait être passé au château d'Odélian au moins deux fois depuis sa disparition - ce qui l'excluait de la tentative de fraude, si cette dernière était récente. la jeune femme parvint à se calmer un petit peu, en respirant profondément, et si elle remercia, d'un signe de tête et d'un sourire, le seigneur Aurel pour le verre d'eau, elle continuait également de fixer le copiste qu'elle avait improvisé précepteur la veille.

Les propos de ce dernier était réfléchi et logique. Elle ne devait pas prendre de décision à la légère, bien que le coup porté soit rude, et qu'elle était grandement affectée par ces terribles problèmes. Il ne fallait pas mettre en danger Odélian, voilà qui était sûr.
Peu importait qui était le coupable : il devait être châtié, et son devoir était d'en être l'instigatrice.

- "Bien. Nous verrons alors le Percepteur Royal ensemble. Je demanderai personnellement une enquête approfondie, afin de découvrir... les corrompus, et les corrupteurs."

Solange d'Escault offrit un sourire sans joie à son interlocuteur. Intérieurement, elle se sentait épuisée d'un combat de plus, que la perspective de reprendre la route prochainement n'améliorait pas.

- "Il faut faire tout cela dans les règles, et vous ne serez pas impliqué plus qu'il ne sera nécessaire, messire. Je comprends que cela doit vous sembler effrayant, et certainement dangereux pour votre carrière, aussi, je ne vous dérangerai pas plus. Je contacterai le Percepteur Royal moi-même, et j'en prendrais ainsi toute la responsabilité, car c'est mon devoir."

Cela faisait presque quatre mois, à quelques ennéades près, qu'elle avait été privée de sa vie, que l'adversité et sa détermination l'avait jeté sur les routes. Elle ne pouvait aspirer au repos, étant donné les circonstances, car c'était un luxe qu'elle ne pouvait se permettre.

- "Je vous prie de rassembler les livres de compte et de vous tenir prêt. S'il y en a le besoin, j'écrirai à vos supérieurs pour leur signifier ma requête. Ainsi, vous ne serez pas réprimandé."

D'un geste, elle détacha un peigne en argent massif, orné de petites roses d'excellente facture de ses cheveux, avant de le déposer sur la table.

- "Je vous remercie infiniment de vos services, messire."

Enfin, la Comtesse se redressa, en tâchant de ne pas trembler comme une feuille ; fit face à Aurel, qu'elle regarda familièrement dans les yeux.
Elle aurait tant aimé lui exprimer que sa présence lui était d'un grand secours, qu'elle n'avait guère que lui au monde pour la soutenir, et qu'elle appréciait son sens du devoir - mais elle n'osa pas le lui faire savoir en public.
Aussi la jeune mère se contenta t-elle d'ajouter :

- "J'ai abusé de votre temps. J'espère vous retrouver ce soir, pour le souper ? Vous devrez tout me raconter à propos des Kathrals !"

Elle était très pâle et cernée, mais une joie brève illumina ses yeux à l'éclat de saphir.

- "Je prends congé, j'ai à faire, comme vous le savez. Que Néera vous garde, ainsi que vous, messire bibliothécaire."

Une brève inclinaison de la tête, puis Solange prit la direction de la sortie, suivie de près par sa lourde escorte royale.
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