[Afflux] La vie des landes mortes

Quatrième ennéade de Karfias,
An Vingt du Cycle XI

Le kyorl arpentait le sol mort et craquelé des Terres Stériles. Juché sur son morgal, le drow arborait un regard confiant malgré l’inconnu qui les attendait lui et ses guerriers, filant à vive allure sous la voûte étoilée dans le silence macabre de ces lieux abandonnés. Et en cette nuit, il n’y avait ni vent ni nuage, mais le froid, lui, était bien présent. Le froid qui depuis des siècles s’emparait de ces vastes plaines moribondes, incapables de retenir ne serait-ce qu’un soupçon de la chaleur du Soleil une fois la nuit tombée.

Ils approchaient de cet îlot de verdure récemment apparu. Une anomalie dans ce désert de terres sans vie, une tâche au tableau. Comment une telle chose était-elle possible ? Et pourtant…

Ils ralentirent vivement l’allure à une quinzaine de toises des fourrées et de ces jeunes arbres bien vivaces pour ce paysage désolé. Les soldats échangèrent des regards entendus, quelque chose avait bougé, tous l’avaient remarqué et leurs mains rejoignaient déjà la garde de leurs lames.
Un sifflement dans l’air, une ombre dans la nuit. Le morgal du kyorl s’ébroua dans un vagissement étouffé avant de s'effondrer sur son cavalier. Les soldats du Puy eurent un instant d’hésitation, les yeux rivés sur cette lance meurtrière ayant percé la protection et le cuir de l’animal si aisément.
Les ricanements fous de leurs ennemis les forcèrent à l’assaut. Là, dans le noir, ils distinguaient clairement les formes bipèdes se détachant des végétations. Des bêtes imposantes, toutes en muscles, plus grandes qu’un homme, autant qu’un drow. Des têtes de chien aux crocs saillants, la bave à la gueule et l’œil vicieux.

La bataille fut brève. La surprise et l’inconnu causèrent leur perte, seul l’un des guerriers et sa monture parvinrent à rejoindre l’Elda, ne rapportant avec lui que plus de craintes et de questions qu’avant son départ.