Rester vifs ou mourir [PV Aegden]

Fin de la 2nde ennéade de Verimios
20e année du Onzième Cycle
Caserne d’Alëandir
Fin de matinée

Tu éloignes la barre de fonte de ta poitrine dans un râle sourd. Puis tes coudes se plient à nouveau. Avec une lenteur toute mesurée. Tu inspires profondément. La peau de ton torse goûte la fraîcheur du métal. Puis tu pousses à nouveau. Ton dos s’arque, tes jambes s’ancrent dans le sol, tu serres les dents, et lentement, trop lentement, la masse de granit et de métal s’éloigne à nouveau. Lentement, trop lentement, elle imite le trajet qu’elle venait de sept fois faire.
Mais la huitième fois est la fois de trop. Tes bras chancellent, ton coeur saute un battement, ton expiration se coupe et tes genoux tremblent. Et alors que le poids contre lequel tu luttes redescend inexorablement vers ton sternum, tu trouves tout juste l’énergie de prononcer quelques mots.

- Besoin d’un peu d’aide par ici !

Pressés par ta voix sifflante, deux elfes se ruent à ton secours, et à vous trois, vous vous débarrassez de ton étau, et reposez le poids à sa place. Ton buste se soulève avec lenteur, tes épaules, pectoraux et abdominaux encore brûlants. Puis enfin assis, tu regardes le sol entre tes genoux, un sourire aux lèvres, profitant de l’agréable douleur fusant au travers de tes chairs.

- Moi qui pensais que tu ferais pas plus que le mois dernier ! l’un de tes sauveurs, le coeur encore battant te met une tape contre l’épaule T’en es presque à quatre quintaux là quand même !

- Presque ! tu souffles Donne-moi encore un ou deux mois.

- À ce rythme, l’an prochain on assoit les Mathandils sur ton dos !

- Tsh ! tu pestes, bousculant ton camarade en te relevant Passe-moi plutôt une toile que je me débarbouille un peu. Pas envie de faire attendre Aegden.

Tu attrapes le bout de tissu au vol, et immédiatement, commences à éponger la pellicule de sueur qui te couvre la peau. Transpirer dans ta combinaison d’entraînement n’était pas particulièrement désagréable. La mettre après avoir sué par contre était autre chose. Et là, n’ayant pas le temps de prendre un bain, tu commençais à regretter de ne l’avoir enfilée que jusqu’à la ceinture. Tu soupires et te lèves, résigné à ce que le tissu te colle plus que de raison à la peau. Mais l’entraînement n’était pas terminé. Tu continuerais de toute façon de transpirer. Probablement plus d’ailleurs – pour peu qu’Aegden fasse honneur à ses talents – que tu ne l’avais fait jusque-là. L’inconfort ne serait que de courte durée.

- Ahem… tu soupires, roulant désespérément des épaules Amathwain ?

- Ha ! le soldat s’approche dans ton dos en riant La voluptueuse poitrine de notre cher Aran lui ferait-elle soudainement obstacle ?

- Aide-moi à serrer mon lacet au lieu de te moquer un peu. tu serres les dents alors qu’il tire sur le fil Mais oui, je pense qu’il va me falloir une petite retouche. J’y penserai après l’entraînement.

- Bonne chance d’ailleurs. Aegden n’y va pas de main morte en ce moment. Il fait presque plus peur aux jeunes recrues que moi !

Vous en souriiez, mais étais-ce le moins du monde étonnant ? Face à une Anaëh semblant petit à petit redevenir aussi imprévisible qu’à son premier jour, et à une Aduram dont l’influence – contre toute attente – semblait chercher à ronger la frontière avec sa sœur saine… vous n’aviez pas d’autre choix que de vous endurcir. Le plus rapidement possible. Toi y compris. Toi d’autant plus qu’aujourd’hui, c’était ton bâton et non plus ton Art qui te permettrait de mettre le coup mortel.

Voilà en grande partie pourquoi tu te tenais, ici et maintenant, au centre de l’arène de fortune de la caserne, en attente de celui dont la mission du jour était de mettre au défi tes passes d’arme.

La tenue du jour:

-D’après la milice, aucun nouvel incident ne s’est déclaré près des murs.

-J’aimerais quand même que l’attention ne se relâche pas tant que nous ne sommes pas certains de pouvoir encaisser un évènement inattendu.

Tout en discutant avec l’officier, Aegden s’appuyait, d’une main contre la barrière du petit terrain d’entrainement. Il tendait l’une de ses jambes devant lui et se pencha dans un souffle, son bras accompagnant le mouvement. L’autre soldat semblait au moins respecter ce bref instant de flottement car il n’ajouta rien le temps que dura l’étirement.

C’était probablement le seul moment de temps libre qu’il aurait ce jour-là et malgré tout, une partie s’en voyait sacrifiée par la présence de ces discussions qui ne savaient attendre. Alors plutôt que de pouvoir danser seul et sans pensée extérieures, il se contentait de ces quelques mouvements d’exercice, entre deux phrases.

-Votre commandant est déjà au courant, nous en avons discuté il y a quelques ennéades. vous devriez connaitre vos répartition des jours à venir d'ici peu.

Cette fois, l’elfe souleva son corps sur la pointe de ses pieds. Puis relevant sa jambe, joua sur un précaire équilibre, répétant lentement ce mouvement dont la fluidité le rendait faussement simple pour un œil extérieur.

-C’est qu’il est efficace notre ancien mainyth. Plaisanta alors l’officier d’un ton plus léger en se penchant un peu, les coudes appuyé contre la clôture. J’entends même dire qu’il donne du fil à retorde à ses hommes ces derniers temps…

-Que veux-tu…Une nouvelle posture vint remplacer l’ancienne, en quelques répétition strictes. Les temps sont ce qu’ils sont. Un souffle trancha sa réplique. Et nous connaissons tous deux assez la vitesse des langues lëandrine pour savoir qu’ils savaient déjà dans quoi ils s’engageaient, avant même d'avoir accepté mon arrivée.

Mais aussi rapidement qu'il était apparu, l’instant de liberté et de plaisanterie légère pris fin, sous la forme de deux nouveau soldats qui arrivaient au trot apporter un nouveau rapport. Alors le lancier dû se résigner à abandonner là son propre entrainement et s'occuper entièrement des nouvelles de ses camarades.

Il n’y pouvaient pas grand-chose, mais la discussion s’éternisa un peu, et ce fut certainement la raison pour laquelle quelques minutes s’écoulèrent avant que le mainyth ne parviennent enfin à rejoindre celui qui l’attendait déjà.

-Salut Artiön. Excuse-moi pour l’attente. Lui lança-t-il alors qu'il terminait d'arriver au pas de course.

Il ne s’agissait guère que d’une brève poignée de minutes mais me soldat n’aimait les retards, que ce fut les siens où ceux de ses interlocuteurs, c’était un fait connu.

Il tenait une lance toute simple, une arme d’entrainement dénuée de la magie d’Ailagos -laissée en lieu sûr pour le moment- et qu'il fit machinalement tourner une fois ou deux dans sa main, comme pour en tester encore la prise. Pour le reste, il n’avait pas vraiment pris le temps de se changer, et portait la même tenue d’entrainement composée d’un haut dénué de manche et d’un pantalon de tissu résistant. Ses cheveux roux étaient quant à eux noués en une stricte tresse militaire dans son dos.

-J’imagine que tu es prêt ? Il tendit le bras qui tenait l’arme vers le grand elfe, dans une forme de salut alors qu’il lui souriait avec un air de défi.

- Pas de souci.

Une longue inspiration soulève ta poitrine. Machinalement, ton attention se partage entre Aegden, l’elfe en chair et en os dont l’image se détache du paysage face à toi et Aegden, l’essence, la pulse faisant vibrer les perceptions qui n’appartiennent qu’à toi. Le moment était finalement venu. Et tu étais prêt, impatient même, de te mesurer au maître d’arme. Comme lui tu soupèses ton arme, faisant tourner ton sceptre entre tes doigts, jusqu’à ce que tu finisses par en attraper la garde pour t’en saisir comme on se saisirait d’un sabre.

- Quand tu veux !

Tu rends au Mainyth son sourire, et tends le pied de ton arme en sa direction. Puis la danse commence. Lentement, vous prenez chacun votre gauche, entamez le dessin d’un cercle, l’un autour de l’autre. C’est le moment de respectivement vous jauger et de dessiner vos plans d’action respectifs. Et pour toi, c’est aussi et surtout le moment de définitivement te rappeler que ton Art était hors limite. Certes, sans les limitations de tes rituels, tes gestes en seraient d’autant plus libres, mais la grande question était : saurais-tu seulement profiter de cette liberté nouvelle ? Tu n’en es pas certain.

D’entre vous deux tu es le plus prévisible. Aegden s’est assez entraîné et a assez combattu avec toi pour être capable d’identifier tes passes d’armes de confort. Et tes passes d’armes de confort sont plus limitées dans leur diversité que les siennes, parce que tu dois penser à la manière dont tes sortilèges s’y inscrivent. Si tu veux lui offrir duel digne de ce nom, il va te falloir t’en éloigner. Ce qui veut dire qu’il va te falloir réfléchir de nouveaux enchaînements sur le vif, ce que lui aura beaucoup moins à faire.

D’entre vous deux tu es aussi le moins adroit. Aegden est vif, a le geste précis, et moins de masse à déplacer. Ton adversaires à moins de zones mortes et prendra moins de temps que toi à couvrir ses zones mortes. Si vos échanges devaient s’éterniser à courte portée, il aurait un avantage indéniable.

Mais d’entre vous deux, c’est toi qui a le plus d’allonge. Et de loin. Tes bras sont plus longs, ton arme est plus longue, et son centre de gravité te permet d’en profiter bien plus aisément que lui ne le peut avec sa lance. Le maintenir à une distance respectable serait certainement la clef de ton succès. Ce qui voulait dire que ton sceptre devrait rester sabre le plus longtemps possible.

D’entre vous deux, c’est aussi toi le plus puissant. Tes gestes sont plus explosifs. Tes accélérations plus brusques que les siennes, et tes enjambées plus longues. Tu aurais beau ne pas être à ton avantage au cours de vos engagements, tu le serais au moins à leur début, et à leur fin, pour peu que tu arrives à les briser à ta guise.

Votre cercle se referme juste assez. Tu brises une foulée. Tu bondis. De bas en haut le pied de ton sceptre tranche l’air. L’air. À un saut ton adversaire a répondu par un saut. Tant mieux. Tes pieds touchent le sol juste avant les siens. Ton arme croise son premier sentier. Tu as de l’avance sur son tempo, et tes foulées sont plus longues que les siennes. Il ne peut pas fuir. Tu touches. La hampe de sa lance reçoit le coup, et Aegden se laisse emporter par la force de l’impact. Le lancier trouve ton flanc droit, mais plutôt que de se risquer à attaquer là où est ton arme, il cherche ton flanc gauche. Ton coude recule, le pied de ton sceptre trouve sa lame. Avec force, tu projettes à nouveau ton arme vers le haut. Pour peu que sa poigne faillisse, c’était là ton moment. Tu peux le désarmer. Mais si sa poigne se desserre, ce n’est que pour mieux rattraper une lance dont la pointe – après un tour que tu auras provoqué – va droit vers toi.

Ton flanc gauche est ouvert. Ton bras droit ne porte pas son renfort. Mais si le Mainyth pense être le seul à avoir les doigts agiles, il se trompe. Sans avoir à bouger ton bras, tu changes ta prise juste à temps pour parer son estoc. Maintenant… tu te penches en arrière. Ton genou se plie, et ton pied va chercher son buste. L’avant-bras du lancier bloquer le coup, mais tu as eu ce que tu voulais. Tu l’as repoussé à une distance respectable. La balle est à nouveau au centre.

Le premier assaut n’avait donné qu’un statu quo entre les deux adversaires, mais après tout, en avaient-il attendus autrement l’un de l’autre ? En terminer aussi rapidement aurait été bien décevant en plus de difficilement digne de leurs capacités respectives. Alors, un pas en arrière, quelques arcs de cercles tracé dans le sable, ils se jaugeaient à nouveau.

Aegden observait les pas de son adversaire, sur ses gardes, arme tournant une ou deux fois entre ses doigts. S’il semblait prêt à bondir à chaque instant, il n’en faisait rien et se contentait de jouer le même jeu que son vis-à-vis. Il attendait, une feinte tranquillité dans ses propres déplacements…et finalement la patience paya. Artiön fut le premier à céder et rompre la danse pour en lancer une autre.

Le grand elfe bondit vers l’avant, bras tendu et arme prête à frapper. Seulement à nouveau l’assaut de son sceptre-sabre ne trouva pas son adversaire. L'air lui répondit alors que d’une roulade, Aegden se refusait à subir un face à face et avait prestement esquivé sur le coté, cherchant plutôt le dos du mage devenu bretteur.

Artiön ne se laissa pas déstabiliser de si peu semblait-il pour le Maintyh. Son corps valsa et son sabre tournoya alors aussitôt dans sa direction. Aegden trouva réponse de propre lame qu'il abatit net contre l'arme en mouvement. Le bois entrechoqua le métal et par une brève épreuve de puissance l’un força l’autre à s’abaisser vers le sol, et devenir inoffensive l'espace de quelques secondes décisives.

Le métal tinta alors qu'il glissa contre le bois, cherchant une fuite par le haut. Le brusque écart de son bras aussitôt forcé par le daranovan pour se dégager de l’échange devenu inconfortable n’y put cependant rien et l’issue de ce combat semblait déjà décidé. Artiön tenta de reculer mais la lance tournoyait déjà dans les mains du Mainyth qui  d'une impulsion du talon feintait en avant. Sa lance tenue d'une main, forma soudain un mortel arc de cercle et  la hampe alla inexorablement frapper le dos -ou plutôt le ventre puisqu'il se retourna in extremis - de son adversaire.

Le tout pour le tout, ultime défense, lui lança son coude. Il n'y eut que la rigueur de l'entrainement militaire qui leur donnait assez de précision pour les stopper à temps dans leur mouvement. La lance s’arrêta net, aussi proche du ventre d'Artiön, que le coude  de ce dernier du visage d'Aegden et ainsi en fut scellé ce deuxième échange.

- Comme quoi je ne suis pas trop rouillé.

Tu souris, il rit, et la danse recommence. Le souffle un peu plus long, vous vous jaugez à nouveau, attendant que l’un ou l’autre fasse le premier pas. Mais cette fois tu n’avances pas. Tu te contentes de conserver ta garde haute, ton sceptre te tournoyant entre les doigts. À lui de prendre le prochain risque.

- Tu sais normalement c’est moi le mage. Ça devrait être à toi d’essayer de fermer la distance.

Vos sourires se font écho, et vos appuis à tous les deux se baissent. Aegden ne se sera pas fait attendre. Le lancier s’élance à ras du sol, sa lame à la recherche de tes jambes, seulement là où fauche son arme ne reste plus que du vide. Tu as sauté. Plongé au-dessus de lui, et par le haut, c’est au tour de ton sceptre de le chercher. Alors à son tour Aegden plonge, et le temps que que tes pieds trouvent à nouveau le chemin du sol, se retourne vers toi. Il a ton dos. Une occasion de frapper. Et tu penses savoir où.

Tu te retournes in extremis, ton focaliseur contre la garde de ton bras d’arme, accueillant la hampe que tu avais anticipé être là. Vous êtes plus proches l’un de l’autre que ton allonge n’aurait dû l’autoriser, mais qu’à cela ne tienne. Ni lui ni toi ne pouvez frapper de vos armes, c’est l’allonge de vos bras qui compte maintenant. Tu tends la main vers lui, frôles son épaule, tu te vois t’en saisir, tu te vois en finir. Mais le lancier s’échappe. Il glisse un peu plus vers sa droite, forcé de t’offrir de l’espace. Maintenant il est à ta portée, mais tu n’es plus à la sienne. Alors de bas en haut, comme la première fois, tu frappes.

Cette fois il ne recule pas. Cette fois il ne joue pas la sécurité. Aegden, évitant ton arme de peu, plonge dans ta garde, sa lame devient sa hampe, et sa hampe cherche ton visage. De peu aussi, tu évites l’estoc, te glissant vers l’arrière, ton arme dans ton dos, ta jambe prête à frapper. Tu te donnes deux occasions, l’une après l’autre, de le cueillir, car tu sais que la première ne te sera jamais offerte. Ta jambe de frappe, passée à quelques pouces à peine du lancier, devient ta jambe d’appui, et à son tour ton arme se prépare à s’abattre sur lui. Seulement Aegden est trop près, et trop prêt.

Aurais-ce été un combat à mort, que sa lance aurait trouvé ton visage juste avant que ton coup ne porte. Mais dans un duel, il suffit d’une fraction de seconde pour décider du vainqueur, et cette fois tu as perdu.

Tu relâches ta garde, et quitte ta position de combat. Il en fait de même. Tu soupires. Tu es déçu, mais ça va, tu n’es pas déçu de toi-même.

- Alors ? tu lances, souriant, au Commandant Qu’est-ce que tu en dis ?

-Eh bien, je suis plutôt content de t’avoir parmi mes alliés plutôt que mes ennemis, Artiön.

Le mainyth hocha la tête en signe de reconnaissance. La hampe de son arme contre le sol, il s’y appuyait un peu signe que, tout comme son camarade, le duel l’avait éreinté. Pourtant un fin sourire étirait ses lèvres. L’échange avait été plus que satisfaisant. Qu’il gagne ou qu’il perde, cela n’avait qu’un intérêt secondaire. Il avait pu apprécier les compétences d’un de ses frères d’armes autant que les siennes propres, le tout sans retenue. C’était plus précieux qu’on ne pouvait souvent l’imaginer.  D'autant que le duel avait été serré et donc d'autant plus digne d’intérêt..

Après un dernier cercle intimé à son arme, il la fit retrouver le baudrier à son dos puis étira machinalement ses bras.

-La dernière passe à bien failli m’avoir d’ailleurs. Je ne t’apprends rien en te disant que ta rapidité est surprenante pour quelqu’un de ton gabarit. A quelques secondes près je ne suis pas sûr que j’aurais encore pu tenir debout vu le coup que tu t’apprêtait à envoyer.

- J’ai eu de très bons professeurs.

Tu accueilles le compliment avec gratitude, et tu ris, te lançant dans de machinaux tours de bâton, pour t’aider à laisser retomber ce qu’il reste d’adrénaline dans tes veines. Qu’il s’agisse de tes premiers duels livrés contre Maltlin il y a déjà de longs siècles de cela, ou de ces quelques passes d’arme avec Aegden, affronter un allié avait quelque chose de presque plus effrayant qu’affronter un ennemi. Parce que finalement, affronter un allié hors du cadre de simples jeux forçait à faire face – d’une manière tout à fait particulière – au fait que vous étiez entraînés à tuer. Affronter un allié, quelque part, c’était une manière de toucher du doigt ce qu’ont ressenti ceux ayant péri face à vos lames.

- Et on dirait bien qu’il en sera de même pour la prochaine génération.

Imitant ton comparse, tu finis par rendre ton arme à son baudrier. Tu te rapproches ensuite du lancier, et lui passes un bras amical autour des épaules. Tu soupires un coup, à défaut de – sur l’instant – trouver un commentaire exprimant correctement ta pensée, mais pour cette fois, ton camarade aura su te tendre la perche.

- Méfie-toi. tu tournes légèrement la tête à la recherche de son regard Adolescent, en commençant à prendre de la masse je me suis vite rendu compte qu’en soi, rester rapide n’est pas vraiment un souci. tu fronces un instant les sourcils En tout cas pas tant que c’est de la masse qui aide à déplacer de la masse. tu tends et replies ton bras libre, observant ton propre biceps en action Ce qui est difficile c’est surtout de ne pas perdre en flexibilité. ta main libre se pose contre ta hanche, tandis que celle posée contre l’épaule d’Aegden s’anime pour illustrer ton discours Quand on est lourd l’inertie de chaque mouvement devient plus grande. Du coup il faut absolument être décisif et bien choisir ses gestes. Ou alors en choisir qui nous donnent une porte de sortie au cas où l’adversaire trouverait un contre. tu tapotes contre son épaule Mais parfois, quoi qu’on fasse, certains adversaires trouveront le moyen de faire des manœuvres assez serrées pour s’engouffrer dans une faille. N’est-ce pas ? tu roules ironiquement des yeux Mais je suis assez content de ne pas m’être trop laissé aller à machinalement utiliser mes passes d’incantation. Parce que celles-là, sans magie pour aller avec, Hiril Lôthren sait à quelle vitesse tu les aurais déjouées.