Étrangère en ses terres (Aegden)

Verimios de l'An 19:XI ~ Hiver
Tariho de la deuxième ennéade.

Depuis qu’elle avait rallié les forêts de la Prime Œuvre, son sourire rayonnait tant et si bien qu’il aurait pu se substituer à l’astre diurne et réchauffer les cœurs en ces débuts de la froide saison. Haradwen n’avait plus revu les contrées qui l’avaient vu naître depuis la Débâcle d’Ellyrion, depuis qu’elle et les siens furent séparés des autres, depuis qu’ils furent capturés lors de leur fuite pour Naélis et vendus aux esclavagistes Thaaris. Et si le tableau, semblait bien sombre, elle avait pourtant retrouvé espoir, elle s’était même émerveillée des terres par-delà des forêts et reprit goût à la vie lors de ses aventures dans le désert. Et même après l’effroyable guerre à Naélis, elle avait fait le choix de rester. Elle avait fait le choix d’embrasser la beauté violente des peuplades et des coutumes étrangères, fait le Choix de se joindre à la cohorte diplomatique venue d’Anaëh, le Choix, d’être à partir de cet instant, un lien certes ténu et peut-être naif, mais volontaire, entre les siens et le reste du monde.

Déambulant dans les rues de la Cité Blanche, qu’elle n’avait encore jamais eue l’occasion de voir, Haradwen attirait les regards, de par ses accoutrements originaires des contrées humaines, son teint halé et les tatouages lui courant de l’épaule gauche jusqu’à l’avant-bras, souvenir de ses années thaaries. La jeune diplomate qu’elle était désormais devenue, obéissant à son mentor, se faisait la messagère de sa délégation et apportait ainsi des nouvelles du Royaume de Naélis, de ses habitants et des travaux qui y étaient menés. Entre autres choses.

Cependant, pour l’heure, elle se promenait, arpentait le pavé blanc, discutait de temps à autre avec des passants. Jusqu’à ce que, malgré elle, Haradwen se retrouve au beau milieu d’une foule de badauds venus écouter ses histoires exotiques, faisant autour d'elle autant de visages emplis de perplexité que d’excitation ou bien de curiosité. Et en quelques minutes, la voilà qui distribuait des écus aux plus jeunes et tentaient, en vain, de leur expliquer le concept de « monnaie » qui régissait le monde en dehors des forêts. Et l’idée même que lesdits écus valaient autant de tomates que d’épées ou encore de spectacles et de danses étiraient les sourires et soulevaient les sourcils.

Quant aux enfants, eux, n’avaient d’intérêts que pour son aventure dans le désert Zurthan et les superstitions des sociétés claniques qui y vivaient. Alors Haradwen leur conta sa rencontre avec ses étranges compagnons, Doromos le bon vivant ne jurant que par « l’art de la boustifaille », Forgas, ce vieil homme dont la Mort ne voulait pas, Nasser et Ungas, des frères bien mystérieux originaires du désert et T’sisra, une bien étrange nécromancienne qui, plus tard, avait rejoins les naélisiens pour combattre les armées puysardes. L’évocation de cette dernière eut son petit effet, bien que ce qui intéressait le plus son auditoire juvénile restait ces fameux esprits du désert qu’Haradwen comparait à des « Ëalas du désert », alors la jeune diplomate y allait, en rajoutait et se plaisait grandement à emplir d’étoiles les yeux de ces jeunes pousses avides d'anecdotes abracadabrantes. Tout du moins jusqu’à ce que ces histoires ne commencèrent à en lasser, voire agacer, certains et que la foule ne se dissipât petit à petit, laissant la jeune elfe seule assise sur son banc de pierre.

-Il y a beaucoup de monde aujourd’hui. Je me demande ce qu’il y a par là-bas. On va voir ?

Pour une fois le commandant n’avait pas l’air pressé de traverser les rues, au contraire même. Au lieu de s’élancer Kÿria savait où au pas de course, cette fois-là il flânait entre les différentes fontaines et rivières des Telluimë. En même temps, comment aurait-il pu en être autrement en portant dans ses bras un enfant dont les petites jambes ne le portaient pas encore ?

Voilà bien trop longtemps qu’Elben n’avait pas eu l’occasion de découvrir le monde du haut des bras de son père. Alors, pour une fois, Aegden avait laissé de côté armes et insignes et avait pris l’enfant en charge. L’entrainement attendrait bien que le petit s’endorme… Il devait admettre qu’il en avait probablement autant besoin que lui d’ailleurs vu le rythme qu'il s'était imposé pour maitriser sa nouvelle arme.

Mais tandis qu’il esquivait un petit groupe de jeunes taledhels inattentif et bavards, il aperçut une silhouette familière assisse tranquillement sur un banc. Alors, curieux il s’approcha de la jeune rescapée, la saluant de sa main libre. Il ne s'était pas attendue à la croiser ici étrangement.

-Haradwen ça fait longtemps. Il lui offrit un sourire amical avant de désigner le banc. Je peux ?

Une fois son accord obtenu, il installa simplement son fils sur ses genoux, le laissant saisir et agiter ses doigts entre ses petites mains. Les prunelles gris-bleutée de l'enfant fixèrent avec attention l’inconnue auquel son père s’adressait avec gentillesse.

-Comment vas-tu depuis Naëlis ? J’imagine que tu as finalement passé ta cérémonie du choix. Félicitation si c'est le cas.

Il ignorait ce qu’était devenue l’elfe puisqu'elle n'était pas rentrée avec eux lorsque la guerre avait été enfin terminée. Mais à la voir là, il se disait qu’elle devait avoir atteint les objectifs dont elle avait rapidement parlé avant que tout ne commence. Après tout il n’y avait pas de raison du contraire. Comme pour Cilastiel, il était heureux de voir une nouvelle rescapée des rapts des guerres s'intégrer à nouveau à son chez-elle.

Levant les yeux vers son interlocuteur, la surprise s’empara de ses traits l’espace d’un bref instant. Moins surprise de le revoir, Haradwen l’était beaucoup plus par le marmot gesticulant dans ses bras protecteurs.

- O-oui bien sûr, je t’en prie, installe-toi. Souffla-t-elle en se fendant d’un sourire.

Ses yeux suivirent le soldat, avant de bien vite retourner à l’enfant, puis de remonter jusqu’à visage son père. Tout cela pour recommencer ce manège encore deux fois de suite.

- Le temps a passé bien vite, la guerre me paraît encore être hier. Mais que sont deux petites années après tout ? Demanda-t-elle avec un air malicieux. Et oui, désormais, je suis affairée à la diplomatie, auprès de mon mentor, qui lui est resté à Naélis. Je suis ici à sa demande, j’apporte des nouvelles du Royaume et de ses habitants ! Mais comme c’est la toute première fois que je découvre la Cité Blanche alors… Je visite !

La jeune diplomate en devenir laissa échapper un rire qu’elle vint vite étouffer en barrant ses lèvres de sa main.

- En-tout-cas, les nouvelles sont plutôt bonnes ! Reprit-elle dans la foulée comme pour rassurer son cœur de soldat battant dans le poitrail d'Aegden. Des nains venus du Zagazorn aident depuis bien des ennéades maintenant à la reconstruction de la cité, bien que cela ne soit pas sans contreparties pécuniaires, de ce que j’en ai compris. Mais que veux-tu ? Ainsi est faite la marche du monde en dehors de nos forêts. Ils ont un terme pour ça d’ailleurs, « les bons et loyaux services à régler en monnaie sonnante et trébuchante ». Avait-elle lâché platement en mimant des guillemets avec ses doigts. Bien que je n’aie toujours pas saisi ni comment ni pourquoi les écus sonnent et trébuchent…

Un haussement d’épaules, le regard pensif et perplexe, elle revint bien vite à son voisin en lui donnant une légère tape dans son épaule à lui, le tout dans un large sourire. Une habitude qu’elle avait emprunté des hommes peu recommandables ayant concouru à la victoire naélisienne, car elle les voyait, mine de rien, encore assez souvent.

- Mais dis-moi, as-tu revu le Roi Régent Nakor depuis la guerre ? Et T’sisra ? Et ton amie aux cheveux bruns, qu’est-elle devenue ? Un silence. Et puis… Il est de toi celui-ci ? Enfin, je veux dire, j’imagine que oui, mais enfin… Enfin voilà !

-Oui c’est bien mon fils. Aegden se mit à doucement rire. Il s’appelle Elben. Il a 3 mois.

Le petit garçon comprit qu’on parlait de lui et se mit à s’agiter sur ses genoux. Doucement il chercha à le calmer en lui offrant une petite caresse sur sa joue du dos de la main mais l’enfant émit quelques syllabes malhabiles et montra le sol avec insistance.

-La vie à suivit son cours de notre côté aussi. Continua Aegden tout en permettant au bambin de descendre et de vaguement se mettre debout, toujours en s’appuyant sur lui et tenant ses mains pour ne pas tomber. Surveillant un instant que tout allait bien, le soldat se permit ensuite de retrouver le regard de son interlocutrice. « Mon amie », si tu parles de Sinieth, va bien. Nous sommes fiancés à présent. Il pencha un peu la tête sur le côté amusé. Effectivement ces deux dernières années sont passés bien vite. Par contre je n’ai revu ni Nakor, ni T’sisra. Son sourire mua en une moue songeuse. D’ailleurs j’ai encore une arme que T’sisra m’avait prêtée et je n’ai pas eu le temps de la lui rendre après…tout ça. Malheureusement je ne suis pas certain de pouvoir sortir des terres avant un moment et ça me semble encore plus improbable de la voir ici. J’aimerais quand même la lui rendre à l’occasion et la remercier. Elle m’a bien sauvé la vie quelques fois…

Il se demandait bien où elle pouvait bien être à présent la nécromancienne…Elle avait dit vouloir rejoindre les terres des nains après la bataille, mais vu son tempérament, il doutait de sa capacité à rester si longtemps au même endroit…

-En revanche je suis curieux. Il ajouta avec un air amusé. Qu’est-ce que ça donne Naëlis gouverné par ce vieux Nakor ?

Il avait déja du mal à comprendre comment le mage humain arrivait à se gouverner lui même par moment, alors le royaume entier... Il ne comprenait pas non plus l’expression utilisée par la jeune elfe d’ailleurs. Mais à vrai dire, le concept derrière le système monétaire des peuples mortel lui avait toujours paru très obscur, même immergés dans les rues de Thaar. Difficile d’imaginer comment un bout de métal pouvait autant valoir la réparation complète d’un royaume qu’une simple botte de foin…

Les paroles d’Aegden glissaient jusque dans les oreilles d’Haradwen, cependant son attention semblait accaparée par le petit Elben qui jouait les équilibristes soutenus par les mains puissantes de son paternel. Ses doigts vinrent caresser cette petite tête et en ébouriffer quelques cheveux, et lorsqu’elle croisa son regard, elle tira la langue et loucha du mieux possible.

- Mmh… La dague, oui. Et Nakor… Un silence. C’est un très joli nom Elben. Conclut l’elfe dans un sourire pour son voisin.

Réalisant que son esprit s'eut été quelque peu égaré, elle resta coite quelques secondes supplémentaires alors qu’elle rassemblait mentalement les informations auxquelles elle n’avait pas prêté assez d’attention.

- Improbable, c’est le mot avec elle. Mais… Ses doigts vinrent gratter sa tempe. Elle finit toujours par être là où l’attend le moins, alors je ne vais jurer de rien. Quant à Naélis et bien… Nakor a, semble-t-il, de grands projets. Il espère former de jeunes mages, il a des idéaux nobles, il imagine une magie au service du peuple, des chantiers et des champs. Et je dois dire que c’est une idée séduisante ! Haradwen se fendit d’un sourire puis, tapotant son menton de l’index, elle afficha une moue d’incertitude. En revanche, il rêve toujours d’une union entre les peuples d'où qu'ils viennent. Personnellement, je doute que le Royaume de Péninsule ne puisse voir en Naélis qu’une terre à faire entrer dans son giron, mais que veux-tu ? Il faut bien de beaux idéaux pour contrebalancer les pessimistes ! En-tout-cas, les naélisiens sont d’une résilience à toute épreuve. Après ce qu’ils ont subi, ils rebâtissent, n’abandonne pas et sont, malgré tout, toujours très ouvert d’esprit. La guerre les aura soudés, que leur peau soient blanche ou sombre et leurs oreilles arrondies ou pointues.

La jeune diplomate garda pour elle son sentiment profond, car dans la bonté sincère du Roi régent, elle craignait que s’y cache une ombre de naïveté. D’autant qu’elle savait les nains assez cupides pour en profiter, mais, ainsi fonctionnait le monde là-bas, au-delà des forêts.

- J’espère que les relations entre l’Anaëh et le Zagazorn aboutiront à la création d’une entente sincère. Naélis ne pourra échapper à notre influence comme à celles des autres royaumes. Cependant, si nous marchons main dans la main avec les nains, j’imagine que ni eux ni nous ne pourront imposer trop fortement leur politique à Naélis et je veux croire que c’est dans cet équilibre que naîtra quelque chose qui nous dépasse.

Tandis qu’ils discutaient, un badaud vint les interrompre. Curieux, méfiant, son index vint pointer la diplomate en herbe.

- Est-ce vous qui contez des fables aux enfants ?

- O-oui.

- Je n’ai rien contre, mais est-ce bien raisonnable de leur dépeindre le reste du monde sous un jour aussi… Mélioratif ? Surtout quand vos histoires mentionnent des drows et d’abjectes magies ?

- Euh… Ce n’était que pure vérité. Mais j’en prends bonne note. Soyez-en assuré, elle cherchait du regard l’enfant en question qui épiait de loin, il n’en entendra plus parler de cela.

Haradwen afficha son plus beau sourire et ses yeux se firent assez rieurs pour apaiser les craintes du taledhel.

Alors qu’il avait éclaté d’un joyeux rire sonore devant les grimaces d’Haradwen, lorsque le badaud approcha, Aegden sentit le petit elfe devant ses pieds ses renfrogner et chercher à se protéger de l’inconnu auquel son père ne donnait aucun signe amical particulier. Le bébé exprima vocalement sa contrariété et le soldat n’eut d’autre choix que de le ramener contre lui. Il sentit ses petites mains accrocher quelques mèches de cheveux roux dans son dos et il lui murmura quelques paroles rassurantes afin de le calmer un peu avant de se focaliser à nouveau sur les deux adultes.

-Les contes n’ont jamais fait de mal à personne. Fit-il tranquillement tout en caressant le dos de son propre fils. Nos enfants ne réaliseront que trop vite à quel point le monde extérieur est terrifiant. Laissons-leur un peu de répit vous ne croyez pas ?

Bonne ou mauvaise chose, l’Anaëh se retrouvait de plus en plus exposée à l’extérieur ces dernières années. Qu’ils le veuillent ou non. Un jour, tôt ou tard ces enfants y seraient confrontés. Le leur cacher n’était guère plus bénéfique que d’en vanter des mérites imaginaires.

A la jeune elfe, il offrit un sourire presque désolé.

-Je ne crois pas non plus aux rêves de Nakor je dois bien l’avouer. Je pense les humains trop inconstants pour qu’une entente durable se fasse un jour. Quant aux drow, était-ce bien nécessaire d’en parler... ? Pour ce qui est des nains…Aegden pencha un peu la tête. A vrai dire, je n’en ai jamais côtoyé. Je ne sais pas de quoi ils sont capable mais j’aurais tendance à m’en méfier aussi. Il aurait haussé les épaules sans Elben. Je n’ai jamais réussi à comprendre leur façon de voir l’or et les « richesses » … Enfin, d’un autre côté, j’ai envie de voir moi aussi ce que donnera cet équilibre. A nouveau un sourire quelque peu pensif étira ses lèvres. L’avenir à rarement été si incertain j'ai l'impression.

Haradwen se fendit d’un nouveau sourire, puis d’un signe de la main salua l’elfe venu se plaindre, l’invitant par la même à prendre congé. Un regard en coin pour son comparse, la jeune elfe haussa vaguement les épaules, puis l’écouta disserter à son tour. Comme elle comprenait sa méfiance de ce monde qu’il tenait en horreur, elle aussi avant, l'avait partagée. Et à plus d’un titre après l’avoir découvert, et pourtant…

- Certes, il faut agir avec prudence, mais de là à se méfier de tout le monde… Il y a un grand pas, tout de même ! Et le « monde extérieur », dit-elle en mimant les guillemets avec les doigts, n’est pas uniquement terrifiant. Alors, oui, il y a certains éléments effrayants, je te l'accorde volontiers, mais… C’est bien plus que ça. Il y a du bon, partout. En tant que peuple, les Hommes ne sont pas si inconstants, simplement pressés par la mort qui vient les prendre rapidement. Quant aux nains, s’ils sont indéniablement attirés par la richesse, aucun doute là-dessus, leur longue vie et l’attachement qu’ils ont à l’honneur en font aussi des personnes de confiance.

Les enfants, s’étant cachés un peu plus loin, continuaient à l’observer elle et le Commandant, tout en guettant le départ de l’elfe n’appréciant que peu les contes du dehors. Haradwen leur accorda un bref et discret signe de la main ainsi qu’un clin d’œil complice.

- Et tous ces gens, finalement, pris en tant que personne, sont, dans l’extrême majorité, animés de bonnes intentions. Les seules dissensions, elles se font lorsque les intérêts divergent, mais là encore, ceux prompts à tirer l’épée et pourfendre quiconque oserait se mettre en travers de leur route sont bien peu nombreux.

Haradwen tapota le sac de cuir qu’elle arborait en bandoulière. C’est après tout ce qui l’avait mené jusqu’en les murs de la cité Blanche, elle qui fut faite messagère par son mentor resté à Naélis.

- Tiens d’ailleurs, saurais-tu me conduire au Trône Blanc ? C’est bien la première fois que je mets les pieds ici. Et je suis presque certaine d'être passée deux fois par cette rue.

La jeune diplomate se grattait désormais la tempe et offrait un regard suppliant à son voisin. De toute évidence, elle est complètement perdue bien que cela n'ait en rien entamé sa bonne humeur.

-Bien sûr. Aegden se mit à rire. Je suis né et j’ai grandi ici. Je connais la ville par cœur alors le Trône Blanc ça ira. C’est au centre, difficile de le rater.

Avec précaution il se releva et tendit sa main vers Haradwen pour l’aider à faire de même. Mine de rien, il ne pouvait s’empêcher d’apprécier l’occasion de se mettre à nouveau en marche. Aegden avait toujours eu du mal à rester longtemps en place, et avoir un enfant dans les bras n’aidait pas franchement…

D’ailleurs, le bambin semblait non seulement s’être remis de sa peur à présent, mais surtout avait fini par tomber de sommeil une fois le sentiment de sécurité retrouvé au creux des bras du soldat. Ses petits poings serraient toujours quelques mèches rousses dans le dos de son père mais sans grande force. Leur balade se verrait drastiquement écourtée une fois que la jeune diplomate aurait trouvé son chemin.

-Viens on va prendre un raccourcit.

Aussitôt dit aussitôt fait, Aegden se mit à la guider à travers les ruelles parcourues par les dizaines de petits cours d’eau scintillants, tournant et traversant les rues sans même y réfléchir tant cela lui était naturel au sein de sa cité natale.

-Comme ça tu n’as vraiment jamais mis les pieds en Alëandir, même pas une fois ?

Étant donné l’endroit où ils se trouvaient, le chemin ne fut pas bien long jusqu’à apercevoir les tours blanches du palais royal se découpant parmi les arbres épais. En revanche l’air qu’affichaient les soldats qui en gardaient l’entrée inquiéta rapidement Aegden. En s’approchant d’eux, les deux soldats voulurent adopter une posture un peu plus présentable mais il leur intima le repos d’un geste.

-Haradwen est venu apporter des nouvelles de Naëlis. Fit-il en désignant la jeune diplomate. Je ne fais que l’accompagner. Mais qu’est-ce qu’il se passe pour que vous affichiez des tête pareilles ?