Avoir un futur...

7ème jour de la 3ème ennéade de Karfïas, second mois de l’Eté.
Année XXI | XI Cycle
Lante – Fort Hardrek.

La chevauchée fut rapide depuis le lieu de rencontre entre les forgerons Nains et leurs homologues Elfes. Au cœur de ce campement étoffé au fil des mois, les deux races cohabitaient et s’échangeaient quantités de savoirs tous plus utiles les uns que les autres… Mais surtout, ils apprenaient à vivre ensemble. Certes, une telle vie cosmopolite ne serait point aisée à reproduire au Nord de Lante… Mais Harald était satisfait de se dire que dorénavant, après plusieurs années de labeur, Nains et Elfes parvenaient à cohabiter ensemble dans cette partie-là plus au Sud du royaume Nain, et cela, pour le meilleur – actuellement.

Repartant à ses occupations, Harald n’était pas resté aux discussions entre artisans. Ralliant la capitale en deux jours de chevauchée, il chercha immédiatement la bavette responsable des lieux. Elle était celle qui, d’entre tous, était en passe de se voir accorder l’honneur de devenir Gazanundi, la Gardienne des Pleines. Courageuse, inflexible à la tâche, belliqueuse autant qu’elle savait faire preuve d’ouverture d’esprit, elle était devenue, depuis le départ de Harald pour la capitale, la bavette sur qui tout le monde pouvait compter, et ce n’était qu’une question de temps avant que le conseil des anciens de Lante, ne la nomme au poste tant désiré : Brynhild Odomar.

Mais avant cela, d’autres projets réclamaient une attention bien plus proche et bien plus ardente. Brynhild, liée de Harald, avait quitté la capitale voilà plusieurs ennéades maintenant pour pouvoir préparer et peaufiner les actions militaires qui auraient lieu dans la Nérania, avec, pour principaux buts, la sécurisation des voies de communications, la chasse faite aux Engeances… Et l’étude de celles-ci. Pour ce faire, runistes, érudits et guérisseurs, prêtres mais aussi combattants devaient être préparés, rassemblés, et équipés… Et Harald venait s’en assurer.

7ème jour de la 3ème ennéade de Karfïas, second mois de l’Eté.
Année XXI | XI Cycle
Lante – Fort Hardrek.
Lante

Le Zagazorn avait été secoué par les derniers évènements, une situation que la naine avait suivit de près sans pour autant prends part à l'organisation. Elle avait eut beaucoup de pain sur la planche depuis son retour entre la gestion du clan, les réunions militaires, les conseils de Lantes, la préparation des engeances, l'accueil des elfes, elle avait peu de temps libre devant elle.
Son seul plaisir était l'entrainement avec ses troupes, un moment privilégié où elle pouvait laisser son esprit se reposer et ne pas penser à ses responsabilités. Ses blessures étant complétement guérit, elle avait pu reprendre sa routine guerrière sans aucun problème. Un soulagement pour elle qui n'avait jamais été au repos aussi longtemps. L'action lui manquait, la guerrière ne pouvait le nier, mais elle devait rester concentrer sur la fin des préparations en vu du départ pour la Nérania. Elle avait retrouver sa pleine forme physique très rapidement après son retour, consultant un guérisseur régulièrement pour s'assurer que tout allait bien. Elle ne pouvait se permettre de mal se soigner, sa position ne lui laissait pas cette liberté, mais surtout, elle craignait la réaction de sa belle-sœur.
Ceux qui ne connaissaient pas cette bavette ignorait à quel point elle pouvait être effrayante quand elle le voulait. Une simple petite toux virait aux grogs en tout genre, cataplasme et surveillance accru de la mère.
Aldwine veillait chaque jour à ce que la guerrière prenne des repas complets, s'hydrate comme il se doit et qu'elle dorme suffisamment, la tirant de son bureau quand elle trainait un peu trop tard le soir. Si bien que Brynhild se demandait parfois si elle ne devait pas l'envoyer en Nérania pour s'occuper des recherches.

Certaines troupes avaient été envoyer en amont pour préparer la voie avec quelques artisans. Quand Brynhild irait sur place avec les érudits, ruinistes et autres chercheurs nains et elfes, le plus gros de l'œuvre serait fait et livrer. Elle mènerait les dernières troupes restante jusqu'au centre de recherche des engeances, relevant ainsi les troupes en place depuis qu'elle avait quitté le lieu.

Assise dans son bureau, elle étudiait les dernières demandes des elfes, encore du matériel à faire venir et qu'ils n'avaient pas prévu en amont. La naine consulta le planning des livraisons et s'assure qu'elle puisse les faire livrer lors du prochain ravitaillement. Même avec le maximum de préparation, il y aurait toujours des oublis, ils feraient avec.
Le départ approchant, la naine sentait la charge de travail baisser, ce qui n'était pas pour lui déplaire. Cela signifiait la fin de la planification, des rendez-vous et de la paperasse à compléter. Mais aussi qu'Harald viendrait la voir. Brynhild ne pouvait mentir sur le fait que son lié lui avait manqué, d'autant plus qu'elle avait une nouvelle importante à lui annoncer qui avait été difficile de caché jusque là.

Cela avait commencé le mois précédant, elle s'était levée nauséeuse en sentant l'odeur du petit déjeuner préparer par Aldwine, c'était étonnant, elle se demanda si la bière qu'elle avait bu la veille n'était pas bien passé. Cependant, cela avait continuer le lendemain et le surlendemain, puis était apparu de la fatigue ainsi que des courbatures. Alors qu'elle terminait son entrainement matinale, elle alla voir le guérisseur de la caserne. Elle ne pouvait être malade alors qu'il lui restait encore tant à prévoir pour le départ des engeances.

Brynhild s'enfonça dans son fauteuil et ferma les yeux, les mains poser sur son ventre. Le temps était passé si vite depuis qu'ils s'étaient vu. Elle espérait qu'ils puissent profiter l'un de l'autre. Une moment ensemble, ou ils parleraient tranquillement, se laissant aller à la tendresse qu'ils avaient l'habitude de partager, Harald allongé sur les genoux de sa liée pendant qu'elle lui caresserait les cheveux.
Du bruit la tira de sa rêverie, ouvrant les yeux elle vit la porte de son bureau s'ouvrir et un jeune baveux entrer.

- Le roi vient d'arriver au fort thane Brynhild.

- Merci petit, je viens tout de suite.

Elle se levant tant bien que mal de son fauteuil et sortit dans la cours accueillir son roi comme il se doit. Elle laissa le protocole se dérouler avant de le convier dans son antre. Une fois la porte passée, la naine le prit dans ses bras et l'embrassa. Ce n'était pas dans son habitude d'être aussi démonstrative de ses sentiments, mais elle n'arrivait pas à retenir ses émotions dernièrement. Elle vit son lié la regarder avec étonnement et posant ses mains sur elle, sentir une différence et l'interroger du regard.

L’arrivée à Lante et au Fort Hardrek, fut célébré de la seule manière connue des Dawis : dans de grands cris et hourras, ajoutés aux bruits des boucliers frappés par les gardes des marteaux et des haches et des plastrons secoués par les avant-bras gantés d’aciers. Des « Baruks » et autres acclamations fusaient dans tous les coins, signes d’une vie à la fois forte et florissante dans cette citée martiale assurant la sécurité du Sud du Zagazorn. La présence de Harald, comme soldat puis Ongaraz puis Gazanundi, était encore palpable.

Descendant de sa monture, laquelle soufflait à pleins nasaux la poussière accumulée par la traversée, Harald salua l’ensemble de la population Lantaise et des guerriers qui s’étaient rassemblés. Les entraînements furent stoppés, tout comme les revues des troupes, les transactions… Bref, durant un court instant, toutes les mires étaient rivées sur Fort Hardrek et la venue du Roi.

Les salutations allaient bon train… Mais Harald se savait déjà en retard : en retard sur ses plans, sur ses projets, et dans sa vie personnelle. Voilà pas mal de temps maintenant qu’il n’avait point revu Brynhild… Sa liée. Aussi se dirigeait-il vers elle, sachant où était son office.

Alors qu’il entrait dans le bureau, un sentiment de plénitude l’envahit soudainement. Revoir Brynhild était toujours un bonheur pour Harald, tant la jeune mais néanmoins courageuse bavette avait su lui apporter bonheur et réconfort, dans des temps parfois difficiles. S’approchant, il lui offrit d’abord un salut lambda, portant son avant-bras au poitrail, avant de s’approcher plus encore afin de la prendre dans ses bras.

« Tu m’as manqué, ma liée. » Lui dit-il, dans un chuchotement intime. « Le temps est long quand tu n’es pas à mes côtés. Comment te portes-tu ? »

L'excitation des Lantais résonnaient dans les couloirs du fort, leur éclat de rire et la bonne humeur ambiante faisait chaud au coeur. Tous étaient heureux de la visite de leur roi, cela les comblaient de fièrté qu'il vienne aussi souvent leur rendre visite, leur donnait l'impression d'être à la hauteur de leur royaume. Il avait fait partit des leurs, il s'était battu pour l'honneur du Zagazorn et de Lantes. Alors comment en aurait-il pu en être autrement?
À chaque visite du roi, l'on organisait un festin pour les soldats du fort. Bière et bonne boustiffiaille les attendaient pour célébrer la grandeur du royaume, leurs accomplissements et leur valeur au combat. A vrai dire, un rien justifiait un banquet pour ces amoureux de la bonne chose.
Après le voile, de nombreux clans se retrouvèrent sans terre où rendre. Ils s'étaient retrouver dans cette ville sans aucune attache, la peur au ventre de devoir continuer à chercher une nouvelle terre promise, devoir reconstruire leur vie, leur foyer. Cependant, ils s'étaient très bien implanté et ils s'étaient sentit suffissament bien pour clamer hardiment être Lantais. Les anciens avaient garder leur souvenir de leur "vrai" foyer, mais qui pouvait les blâmer que de garder dans leur coeur l'endroit où ils prirent leur premier souffle? Où ils vécuèrent leur premier printemps? Leurs premières batailles? Malgré tout, ils faisaient partit du coeur de la ville et cela réjouissait la naine de voir la ville battre à l'unisson avec ces citoyens.

Mais pour l'heure, la guerrière plongea son nez dans la barbe du roi, son lié. Son odeur, sa chaleur, sa voix lui avaient manqués. Ses bras l'envelopèrent pour son plus grand plaisir. Elle passa ses bras autour du cou de son amant et relevant les yeux vers lui, répondit à sa question.

- Bien mieux depuis que tu es là. Et toi? ton voyage c'est passé sans encombre?

Avant qu'il ne puisse lui répondre, elle déposa un doux baiser langoureux sur ses lèvres et vint poser sa tête sur son épaule pour l'écouter.
Ils se tenaient là, debout au milieu de la pièce, se serrant l'un contre l'autre, sans crainte d'être déranger car quiconque savait qu'il n'était pas une bonne idée de venir interrompre le roi et sa liée après autant d'énnéeade séparé. Non pas de les trouver dans une position compromettante, mais simplement de les laisser à leur retrouvaille.
Ceci ne serait pourtant jamais arriver quelques années auparavant, quand ils commencèrent à se fréquenter. Où chaque instant était rendu plus excitant par la peur d'être surprit. Ce qui avait faillit se produire à plusieurs reprises.

Lorsqu'il eut finit de lui raconter son périple jusqu'à Lante, elle lui tint la main et l'attira jusqu'au bureau, où elle le fit s'asseoir.

- Harald, il faut que l'on parle de quelque chose.

La naine était gênée, elle ne savait pas comment lui annoncer la nouvelle. Une annonce comme celle-ci survenait que peut de temps après le décès de son fils, elle craignait que cela soit encore trop tôt, mais que pouvait-elle y faire? Cela s'était pourtant produit et ils étaient tout deux responsables de son état.
Le trac la gagna, elle n'en avait parler à personnes. Quand elle en parlerait à Harald, cela deviendrait réel. Elle cherchait les mots, les images qu'elle pourrait emprunter, mais rien ne lui vient. Elle essaya de se remémoré Aldwine qui avait dû l'annoncer par trois fois à Leif.
Elle prit une grande inspiration et se saisit des mains du roi et les porta à son ventre. Elle planta son regard sur le visage de son aimé, attendant de déceler une réaction de sa part.

Brynhild s'étonna qu'il ne l'avait pas remarquer quand ils s'étaient étreint. Sa grossesse ne passerait pas inaperçu encore longtemps. Elle avait réussit à la camoufler en portant des vêtements plus ample en se justifiant de raideurs résiduelle à sa blessure.

- Alors? Qu'en pense-tu?

Le doux baiser déposé par Brynhild fit rougir le Roi, qui tenta maladroitement de la masquer quand bien même il savait sa liée capable de le déchiffrer à la moindre réaction. Souriant, bien que très soucieux, Harald resserra son étreinte sur celle qu’il aimait. L’instant était doux, agréable, reposant… Le temps sembla se figer, comme si cette étreinte pouvait durer éternellement sans que ni l’un ni l’autre ne puisse être assailli par la vieillesse. Une sorte de parenthèse temporelle, typique de ces instants magiques que l’on adore et que l’on aimerait ne jamais voir s’interrompre.

Mais Brynhild fut la première à stopper cette étreinte, invoquant la nécessité d’une discussion. En son for intérieur, Harald ressenti une sensation étrange : ces derniers temps, les discussions impérieuses étaient loin d’être agréables et constructives… Au contraire, les dernières discussions étaient extrêmement désagréables pour Harald, d’autant depuis que Braähm combattait pour le retour du Père… Sans pour autant se qualifier lui-même de Mogarite.

« Oui… J’ai beaucoup de choses à te dire. »

S’apprêtant à s’asseoir d’un côté ou de l’autre du bureau de la Naine au cœur de Fort Hardrek, il fut étonné de voir la Naine capturer les pognes caleuses et épaisses de Harald pour les apposer contre le ventre de sa liée. Au début, il ne comprit point… Mais peu à peu, son expérience de père revint à lui : le ventre était arrondi, et la peau ferme ; les habits de la naine semblaient de plus en plus serrés autour de sa taille ; son teint était resplendissant…

« Tu… Tu… » Bredouillait-il. « Tu es… Enceinte ? » Rajoutait-il, son palpitant s’accélérant, ses joues prenant le rouge et l’excitation se mêlant à sa voix. « Par les dieux… Un enfant… Un enfant…. Notre enfant… »

Harald abandonna alors son casque et déposa son imposante hache de guerre. S’agenouillant, il posa une oreille attentive contre le ventre de sa liée, protégé encore par le tissu de sa tunique. Et il resta là… Attendant… Profitant… S’imaginant.

Il allait être un père à nouveau.