Le gras, c'est la vie ! | Libre

7ème jour de la 7ème ennéade de Karfïas, Second mois de l’Eté.
Kirgan – Taverne « Grizdalogorog af Girdon »

Au lendemain de L’Althinkalan, la taverne des fidèles de Girdon, tenue par les prêtres, commençait déjà à voir ses chambres et ses tablées diminuer en fréquentation. Pleine à craquer depuis plusieurs ennéades, à mesure qu’arrivaient les thanes, les curieux, les inquiets, se présentaient jours après jours afin de mander le gîte et le couvert chez ceux qui représentaient la Ripaille et le bien vivre, la fin de l’Althinkalan représentait la fin de l’affluence… Et une pause, à n’en point douter, pour ces prêtres qui enchaînaient jusque quatre offices par jours, en plus d’animer des banquets des premières lueurs de l’aube jusqu’au beau milieu des nuits…

Le calme était réellement appréciable pour la majorité des Dawis qui venaient de vivre plusieurs ennéades difficiles au cour de cette taverne, mais l’un d’eux, trouvait cela plutôt triste. Ce Dawi n’était autre que Lünn.

En tant que digne prêtre de Girdon installé dans les plaines du Brissalion, il avait rejoint Kirgan dès lors que L’Althinkalan devint proche, rejoignant alors la taverne Grizdalogorog af Girdon afin de jouer son rôle au sein de cet établissement désirant accueillir celles et ceux qui souhaitaient communier avec Girdon, et qui, malheureux, n'avaient point les moyens ou la place pour pouvoir vivre dans les nombreuses tavernes et auberges de Kirgan. Tous les jours, il avait donné des sermons ; des communions ; animé des banquets gargantuesques, et ce, dans l’unique but de faire preuve de bienveillance et de rendre hommage au Ripailleur en ces temps difficiles.

Mais voilà : le calme de la taverne rendait soudainement l’endroit presque triste. Assis sur une table, non loin du bar de forme octogonale au-dessus de laquelle trônaient des fûts suspendus, Lünn fumait sur un épais cigare aux herbes aux propriétés psychotropes… En cuisine, des odeurs s’élevaient déjà, mais autrement moins prégnantes que la veille… Il fallait dire que cuisiner pour 150 clients affamés ne produisait bien plus de nourritures et de senteurs que pour 10 clients seulement.

Les lieux étaient devenus vides, l'agitation de cette fourmilière naine qu'était devenue la noble Kirga avait été à la fois fascinante et terrifiante. A l'appel de l'évènement, lls fondirent sur la cité tels des fourmis sur une proie, ce qui renvoyait un sentiment de puissance et d'invincibilité. Hjolgrim s'imaginer parfois ce que cela donnerait si le Zagazorn rentrait en guerre sur une frontière unie. Les forces en présence seraient tout simplement colossales à l'échelle du peuple nain. Parfois, il tréssaillait d'une allégresse couplable rien qu'a cette idée.

Aujourd'hui cependant, ce ne sont pas ces vagabondages de son esprit dawi qui avaient pris le dessus ça non, car elles ne duraient jamais assez longtemps pour l'impacter. Il découvrait le sens profond de ses racines et son appartenance, avant de tout oublier la seconde d'après pour se vider un godet.

D'un naturel agité, le nain aujourd'hui ne fait guère exception bien qu'il soit l'un des rares à en faire autant. Il parle, il mange, boit, rigole et tout ceci dans une absence de gêne propre au Zagazorn. Il n'avait guère fini de digérer ce qu'il avait boulotté sur les tables de l'Altinkhalan qu'il était de nouveau ici à faire festin avant son départ vers Thanor. Le peuple nain était solide et endurant, et il en profitait pleinement.

Au bout d'une dizaines de minutes à faire le zouave à différentes tablées, il vint finalement s'asseoir en compagnie du bon vieux prêtre avec qui il avait sympathisé quelques jours auparavant, sans pour autant mener de conversation tout à fait sérieuse au sujet de la religion. Après sa prêche à l'Altinkhalan cependant, il était désormais découvert et il n'aura guère échappé aux prêtres qu'il lui manquait une bonne remise à niveau ainsi qu'un énorme coup de gourdin pour lui remettre le cerveau à l'endroit.

Cependant présentement, il ne semble pas s'en préoccuper outre mesure.

- Baruk ! s'écria t-il en posant son lourd fessard sur un tabouret de taverne de peur que deux nains fassent flancher la table, voilà donc un bon plaisir que tu t'fais, ça sent bien bon.

Chaque herbe à pipe, qu'elle soit d'ailleurs psychotrope ou pas avait une odeur bien différente selon l'année, le temps, la qualité, la provenance et d'autres facteurs concernant sa conception. Chaque fois, c'était toute une histoire qui s'écrivait a côté d'un fumeur de pipe ou de cigare et son tabac.

- J'crois que tous tes interlocuteurs s'sont rentrés chez eux, t'as plus grand monde à prêcher dans l'coin.

C'était sans doute une demi-verité si l'on excluait Hjolgrim qui nécessitait quelques prêches a lui tout seul, car quand on était isolé de tous dans une mine en comité restreint et que les activités tournaient principalement en interne dans un clan, on avait vite fait d'oublier avec les âges certaines choses ou en dévoyer d'autres, surtout depuis les massacres religieux. Il tendit une choppe de bière au prêtre.

- Tu veux la rasade ?

Comme à son habitude, il ne semble pas trop se préoccuper de savoir si son interlocuteur était triste, fâché ou bienheureux.

Ah ! L’instant était toutefois fort agréable. Le calme était… Presque surnaturel, étant donné le fait que cette taverne, ses environs et cette cité toute entière avaient été surpeuplés depuis des ennéades et des ennéades. Partout l’on criait, hurlait, riait, pleurait même parfois… Partout, la vie. Et, alors que les politiques eurent enfin terminé cet Althinkalan d’une importance cruciale étant donné l’environnement politique et les tensions religieuses qui menèrent à telle assemblée… Le calme était en train de retomber sur la ville, comme le silence recouvre une plaine une fois le crépuscule tombé derrière les reliefs des montagnes du Nord.

Je suis évidemment attristé, car alors que les Braises s’en retournent à leurs vies, mon rôle de prêtre m’appelle rapidement ailleurs, dans d’autres lieux… D’autres contrées. Si je suis évidemment prêt à voyager partout où Girdon me le demande, je l’avoue sans détours : je ne me sens jamais aussi proche de la Ripaille qu’avec des frères et sœurs Dawis. Point que les autres races ne savent point faire pareil… Mais leur vision des choses diffère d’autant que diffèrent les races. Ainsi, Ripailler dans le lointain Est n'est point vu de la même manière que chez les Elfes qui, d’ailleurs, ne ripaillent pas avec la même intensité non plus, eu égard au respect des formes de vies animales et végétales… Les Nains, sans doute, maîtrisent le mieux l’art de la Ripaille et du bien vivre… Mais la mission de Girdon est sans équivoque : toutes les races, tous les êtres vivants, se doivent de goûter à telle chose, tels cadeaux, et il est du devoir du prêtre de Girdon de réaliser tout cela. Et je ne faillirais jamais à ma mission ! Jamais !

La tristesse ne sera donc qu’éphémère. Entre nous, prêtres, nous allons sans doute ripailler ce soir, avec les quelques adeptes et autres clients qui seront restés, ou qui auront eu la bonne fortune de nous rejoindre pour la première fois. Nous ferons alors les comptes : quelle fût la qualité de nos offices ? De nos prêches ? Avons-nous seulement été à la hauteur de tout cela ? Avons-nous rempli nos missions divines ? Nous en reparlons, oui… Nous en reparlons ce soir, autour de bonnes bières, d’une bonne viande, d’alcools forts et d’autres moyens d’enivrements.

Fier de moi, fier de nous, je recule alors doucement ma chaise pour placer mes guiboles et mes petons sur la tablée devant moi. Ainsi détendu, ainsi placé comme un pacha dans son antre de velours ô combien confortable pour ses bourrelets graisseux et autres membres potelés, je savoure de cigare aux herbes spéciales.

Celles-ci, d’ailleurs, me viennent des hauteurs d’Almis. Rares, elles poussent sous les rocs glacés qui souffrent des assauts des neiges éternelles. Plus mousses qu’herbes, elles possèdent toutefois des propriétés psychotropes qui s’expliquent par la proximité avec un champignon autrement plus rare encore, mortel pour tous les êtres vivants, mais qui, bizarrement, offre cette particularité chimique dont je raffole… Et qui se paie à prix d’or.

Une voix, soudaine, me tire de mon début de rêverie. Des plaines enneigées du Nord, je reviens au cœur de cette taverne bénie du demi-dieu. Je tourne vers celui que j’ai reconnu par la voix, un œil curieux – tandis que l’autre reste fermé – et un visage rougi tant par l’alcool résiduel dans mes veines que par la chaleur de cette herbe emplissant mes poumons. Mes joues se font plus rondes alors que se dessine un large sourire, répondant à son « Baruk » par un signe de tête, trop embué pour réellement répondre avec une quelconque force de voix ou de conviction.

Il remarque, bien-sûr, les herbes que je fume d’une pogne détendue. Cela me fait sourire, d’un sourire contenu, tressautant alors dans un rythme pulsé, mes épaules se secouant, mon visage s’enfonçant dans ma barbe car ce rire est sincère, bien qu’alimenter par un état second. Il me propose alors une rasade de bière, via une chope qu’il me propose. Evidemment, cela me plaît ! Et, alors qu’il me tend une bière que j’accepte de ma pogne vide, je lui tends mon cigare dont les volutes m’enivrent une dernière fois.

« Que Girdon te bénisse, mon Fils ! » Lui dis-je, une voix légèrement fatiguée, avant de plonger mon tarin dans cette chope très remplie, manquant alors d’inspirer cette bière au lieu de l’air pourtant si vital. « Il est vrai… Nombreux sont les fidèles à être rentrés chez eux une fois l’Althinkalan terminé… Mais nous avons fait notre rôle, mon Fils. Je suis fier de nous. »

Aux yeux d'Hjolgrim, toutes les bénédictions étaient bonnes à prendre de la part d'un prêtre, surtout quand ce dernier prêchait dans la capitale. Parmi ces bénédictions, l'on pouvait compter sur celles des Dieux mais aussi sur celles des bonnes choses, et ce cigare tendu lui semble être une magnifique bénédiction. Du moins sur l'instant.

Une robe brunâtre, une odeur toute particulière qu'il ne reconnait pas mais semblant néanmoins ne pas avoir tué le prêtre en face de lui, une bonne ambiance et surtout, le tout offert de bon coeur par les différents protagoniste de cette tranche de vie dawi. C'est donc sans aucune appréhension qu'il se saisit du cigare, remerciant son propriétaire ainsi que sa bénédiction d'un geste de la tête et tire un grand coup sur ce dernier.

Hjolgrim n'était pas fumeur ça non, ou du moins pas un fumeur régulier. Il l'était occasionnellement lors de grands évènements comme celui-ci d'ailleurs ou autours d'un feu lors des chants et récits de légende, mais ce n'était que des pipes ou des cigares remplis d'une herbe à pipe somme toute banale. Alors qu'il tendit le cigare pour le rendre à son interlocuteur, le fier dawi fût pris d'une forte quinte de toux alors qu'il chasse la fumée de sa pogne gauche, surpris par ce mélange dont il ne connaissait ni l'origine ni les effets. Comme si il était soudainement fatigué, le nain s'affale sur son assise. Sa voix se fait moins prégnante et plus monotone, sans doute alors qu'il est en proie quasiment immédiatement aux effets de la substance, car peu habitué à ce genre de divertissement.

- C'est bien bizarre que vous soyez fier au vu du sujet abordé. Nous autre on a fait l'déplacement pour s'entendre dire des hérésies, pis même que y'avait quelques personnes d'accord. Z'êtes sûrs qu'ils vous écoutent pas par politesse sans rien comprendre ? J'crois qu'vous avez perdu quelques fidèles sans l'savoir.

Il aurait d'habitude tourné sa phrase autrement, mais présentement sa tête tourne légèrement et il ressent une sensation d'être complètement hors sol en plus d'être assommé.

Le cigare revient bien rapidement jusqu’à moi. Mais je ressens que cette seule et unique bouffée de fumées d’herbes aura déjà atteint la caboche, le cœur et les humeurs de mon ami du jour, Hjolgrim. J’entends également les grincements de son assise, hurlements de douleurs d’un bois déjà maintes fois éprouvés et rendu à nouveau meurtri par le poids et la désinvolture de la posture du Nain qui s’affale dessus. Un petit rire hoqueté me secoue : il me fait rire, Hjolgrim.

Mais sa réponse me fait soudainement arquer un sourcil. L’impression que nous ne nous sommes point compris me vient soudainement à l’esprit. Oh, je ne parlais évidemment point de la fierté de nous être réunis aujourd’hui… En tant que prêtre de Girdon, je suis fier d’avoir offert aux miens, à mes enfants, l’occasion de célébrer, de fêter, de boire et de manger pour oublier ces moments ; les rendre moins tristes ; leur permettre de se rappeler leur fierté Naine.

« Oh… » Lui dis-je, l’air soudainement las et triste. Sans ouvrir réellement les yeux, reprenant ma cigare de la pogne droite, j’appose ma pogne gauche sur son bras en signe de compassion. « Mon Fils… Pardonne mon égoïsme… Je parlais de notre fierté en tant que clergé et fidèles de Girdon. Vois-tu, tu as été ici, avec nous, tous ces jours précédant cette réunion des thanes. Tu nous as vus œuvrer, mes frères et moi : tous les jours, d’avant l’aurore jusque bien après l’avènement des deux lunes au cœur de la nuit, nous étions debout ; nous brassions, cuisinions, nous chantions, nous buvions, nous mangions… Tous ensemble. C’est de cela que je suis fier, Hjolgrim. » Lui dis-je, tirant à nouveau sur mon cigare afin de poursuivre la détente. Je tapote à nouveau son bras. « Tu sais… Un des enseignements de Girdon est sans doute son plus sacré d’entre tous : Jamais un Nain ne doit s’assoiffer ; jamais il ne doit s’affamer ; jamais il ne doit se sentir délaisser ni ressentir les affres d’une panse et d’un esprit bien satisfaits. Nous avons appliqué ces principes, durant toutes ces ennéades… Je ne crois point que nous ayons perdu de fidèles, aujourd’hui… Mais nous avons sans doute perdu quelques fiertés, ou quelques confiances que ce soit, aujourd’hui. »

Point la confiance de nos fidèles en Girdon, ou notre clergé. Du moins, je n’en vois point les raisons. Mais réunir ainsi tant et tant de choses, tant et tant de Nains, pour les convictions d’un seul… Est un pari risqué. Je reconnais pourtant en Braähm la force de conviction des Nains : envers et contre tout, dans sa lutte quasiment solitaire, il maintint sa course, poursuivit son chemin, de sorte que la question pour laquelle il ne trouvait aucune réponse auprès du Roi puisse obtenir celles de tous les thanes de notre monde. Quelle cruelle déception, sans doute…

« Un autre enseignement réside en le devoir de philosopher. Aujourd’hui, Braähm s’est battu pour ses idées. Des idées que d’aucun jugera bonnes ou mauvaises, mais ses idées tout de même. En cela, il s’est comporté comme un Nain. L’essence de ses idées est un autre débat, qu’il appartient de juger de manière séparée… Mais si l’on ne peut être tout à fait fier des propos tenus par Braähm, l’on peut au moins être fier du fait qu’il ait été fidèle à lui-même jusqu’au bout. »

Il me faut une bière !

Hjolgrim souffla et se mit à chasser de nouveau de la fumée devant lui, bien que cette dernière soit imaginaire. Ses yeux sont mi-clos alors il les ferme un bref instant avant de les écarquiller. Ne voyant pas de résultat probant, il se mit quelques claques sur la tempe afin de reprendre consistance, avec un effet plutôt modéré. C'était de sacrées herbes que le prêtre avait dégoté.

Son esprit se perdit un court instant alors que des images dansent devant ses yeux. Hjolgrim vit Glumtol face à lui en train de fumer la même herbe a pipe que le prêtre. Le son se fait flou tout autours de lui dans la taverne, un léger sifflement se fait entendre tel un acouphène alors que Glumtol se lève avant de se mettre à chanter de toute sa voix, pétant en rythme avec les vers. Harald était là lui aussi, dansant frénétiquement avec d'autres membres du conseil, buvant et rotant leur bière comme au temps de ses ancêtres.

Cette scène disparut bien vite dans un nuage de fumée alors que la jolie Rubissea se mit à écrire un livre à l'endroit ou se tenait précédemment Glumtol, sa plume dansante sur le parchemin en face d'elle. Ce dernier s'envole dans les airs alors qu'Hjolgrim lève la tête sur le plafond de la taverne, comme s'il suivait une mouche. Au bout de quelques secondes, le parchemin se transforme en phœnix dans un éclair de flammes, ce dernier redescendant dans son champ de vision.

Les mots de Lünn l'atteignent et dès lors qu'il parle de nourriture, un gigantesque banquet apparut devant lui avec des morceaux de viande de choix, des dawis chantants et dansants avec leur matériel. Des marteaux entrechoquant des piques, des choppes se percutant et de la bière coulant a flot. Ses ancêtres étaient là eux aussi, son père et sa mère, le visage rieur et les traits heureux. Il tendit la main devant lui et attrapa une choppe pour boire avec eux.

Mais dès l'instant ou il en saisit la poignée, à deux centimètres de son visage presque nez contre nez, il vit l'air guerroyant d'Hilda, la flamme dans son regard de braise, son souffle chaud dans son oreille. Sa bouche s'approche de la sienne. Dans le coin de son regard, Harald le fixait des yeux avec un air cauchemardesque. Il fit un net mouvement de recul. La chaise bascula sous son poids avant qu'il ne tombe à la renverse avec cette dernière, le contenu de sa choppe de bière se vidant sur son visage.

Les quatre fers en l'air, Hjolgrim secoua la tête et passa la main sur son visage, revenu à lui ; il s'était assoupi l'espace de quelques secondes.

- EH BEH PAR TOUS LES DIEUX D'LA MONTAGNE.

Il se retourna sur lui même dans un râle avant de se redresser avec difficulté. Cette aventure avait eu l'avantage de l'avoir réveillé de sa léthargie, mais son palpitant avait bien failli y rester. Couvert de bière de la tête aux pieds, sous le rire des quelques autres dawis présents dans la taverne, il se remit debout avant de se secouer comme un chat ayant été dans l'eau.

L’air plein de volutes reste agréable pour mes narines. Je dois dire que j’y suis habitué, et même, que j’apprécie autant sentir ces odeurs que j’apprécie le fait de fumer, boire et manger. Ah ! Que les arts de la tablée et du bien vivre sont magnifiques ! Que les enseignements de Girdon sont beaux et parfaits ! Oh ! Que tout est beau !

Jusqu’à-ce que le bruit tonitruant de la chaise meurtrie par une chute alambiquée ne m’éveille moi aussi. Me redressant légèrement – c’est-à-dire très peu car la position presque horizontale me plaît énormément – je détourne un regard vers Hjolgrim alors que je le vois au sol, les quatre fers en l’air. Il a l’air si agité que l’on dirait une araignée sur un plat trop chaud pour ses huit pattes. Il bouge, s’agite, tente de sortir de ce qui semble être un rêve initiatique. Initiatique, car il s’agit bien d’une première pour Hjolgrim ! Et son cri, ses mots, trahissent toute la découverte face à cette expérience. Le caractère inattendu, impressionnant même, pour celui qui n’en demandait point tant.

« Par ma barbe ! » Dis-je, à voix haute tandis que je sens la gausserie me prendre.

Mon poitrail se met soudainement à se mouvoir sous les à-coups des rires hoquetés qui deviennent de plus en plus grands, profonds et gras. Voir Hjolgrim dans une telle panade était tout simplement excellent et réellement agréable. Sans doute que, pour lui, ce qu’il avait pu voir, ressentir, vivre durant cette période, était tout aussi nouveau qu’impressionnant ; aussi inattendu que vivifiant. Ou peut-être terrifiant ? Allez-savoir… Je crois me souvenir que mon premier rêve, ma première rêverie, communion spirituelle, partage divin, était aussi magnifique qu’impressionnant… Et parfois même, terrifiant. Mais je me gausse… Je ris si fort que je viens à en tousser et en cracher mes poumons ! Par ma barbe que ce fidèle boustifailleur est impressionnant et vif d’esprit.

« Qu’as-tu vu mon Fils ? » Demandais-je enfin, essuyant une larme sur le contour de mes mires. « Personne ici n’a de doute : tu viens de vivre ta première rêverie initiatique ! Raconte-nous tout ! »

« M’enfin ! Père Lünn ! » Dit soudainement un autre prêtre, étonné, mais debout aux côtés d’autres prêtres et fidèles, tous rieurs mais qui comprirent aussi l’importance de l’instant. « Une rêverie initiatique ! Ca ne se raconte pas comme n’importe quelle rêverie ou autre pochtronade ! Neh ! Il faut le faire autour d’un banquet ! » Poursuit-il. « Mettez deux tonneaux en perce ! Et par Girdon, faites rôtir quelques poulets et griller quelques poiscailles ! J’veux du bœuf bin’ saignant sur nos plaques de cuissons ! Aller, aller ! »

« Hjolgrim ! » Lui dis-je, sans me mouvoir pour autant. « Tu devras tout nous dire ! »

Le nain trempé, après s'être secoué, passa sa pogne sur son visage partant du front jusqu'à la pointe de sa barbe, d'abord l'air sérieux, c'est en entendant ses frères rire de bon cœur qu'il en fît de même, un sourire s'était dessiné jusqu'à ce que lui aussi ne devienne hilare l'espace d'un instant. Cela l'avait détendu, car il était finalement parmi les siens et avait échappé à l'emprise de ce qui venait de se passer.

Il laissa la conversation entre les autres se poursuivre, regardant sa triste tenue. Ce n'était pas bien grave, mais faudra t-il sans doute qu'il se change en fin de soirée, pour l'instant les effluves de bière n'allaient pas le déranger. Lui qui ne pensait qu'avoir été assommé par quelques herbes n'avait pas vraiment émis l'hypothèse que ce soit un rêve initiatique ou une révélation quelconque, mais maintenant qu'ils en parlaient c'était peut être bien le cas et il allait bien devoir passer à table dans tous les sens du terme.

Lentement, il redressa la chaise qui ne tenait plus vraiment en place, ainsi il la leva en évidence tout en riant grassement alors que son pied pendouillait dans le vide, il n'était plus rattaché que par quelques fibres de bois. Il la redéposa proprement sur la table, bien qu'elle ne tenait plus complètement et s'en saisit d'un tabouret, qui ne risquerait pas de céder au vu de l'épaisseur de ses pieds taillés à même une buche.


- Z'avez bien raison mes braves, mangeons et rions parcequ'cette vision l'est pas de bonne augure.

Toujours bien heureux, son dos se posa contre la table alors que la taverne s'activait, comme si finalement, les différents évènements n'étaient pas complètement terminés. La seule chose que Hjolgrim craignait était que cette sombre vision, ou peu importe comment elle était qualifiée ne vienne leur gâcher le goût de la bière.

- Pas du tout même.

Son teint se fit un peu plus blême et son visage plus sérieux, il souffla un bon coup avant de poser ses deux pognes sur une tablée. Le regard flamboyant d'Hilda ne quittait plus sa vision, ni même celui d'Harald. Il tentait de se rappeler de tout ce qu'il avait vu et ressenti, puis tenta de le mettre en forme afin d'en faire un conte de taverne à la mode des dawis du Zagazorn, rythmé et fiable. Plutôt que d'utiliser ses mots ou son argot, il cherche déjà dans sa tête comment utiliser des mots communs bien compréhensibles de tous.

Pendant le temps de cette réflexion, les cuisines s'activaient déjà et le feu qui dormait au fond du four fut ravivé à l'aide d'un soufflet a pied et quelques buches. Les viandes furent décrochées, enfournées et laquées, assaisonnées. Le bruit sourd de lourds tonneaux du poids d'un nain se fit entendre dans la taverne alors qu'ils furent déposés sur le comptoir, bientôt, un robinet fut placé et un grand coup de marteau vint faire gicler la bière dans la pièce.

Bientôt alors que l'ambiance s'était calmée dans la taverne et que tous discutaient de choses et d'autres, tantôt bienheureux, tantôt l'air grave, les tables furent dressées, les plats arrivèrent les uns après les autres et vingt litres de bière étaient déjà engloutis dans les larges goitres de quelques nains bien repus.

En plein repas, Hjolgrim prit la parole après presque une heure de réflexion sur le ton et les mots à employer. Il avait griffonné quelques notes pour n'oublier aucun détail de sa vision. Couteau en main, un morceau de poulet prisonnier entre la lame et son pouce, il débuta son discours. La taverne se fit plus silencieuse, certains demandèrent le silence a d'autres soit par un petit bruit soit par un geste de menton en direction du mineur encore humide. Il ne restait plus que la projection des flammes du four sur les murs afin de tamiser l'ambiance, seuls quelques bruits venant encore des lieux passants se faisaient entendre.

Quelques dawis s'étaient rajoutés à la fête, certains curieux étaient appuyés sur l'entrée de celle-ci.

- Alors mes braves, voila donc que j'vais m'confesser à vous.

Il leva légèrement sa pogne tenant le morceau de viande bien rouge histoire de marquer le début de son intervention.

La taverne était en fête, d'une célébration comme l'on en connut depuis des temps ancestraux. Les vivants dansaient  Glumtol du clan Barbe-De-Fer était présent et festoyait d'bien bonne humeur, Harald Barbe-Sanglante était avec lui, ainsi que la totalité du Haut-Conseil ; Ils étaient tous dans le hall des vivants.

Il marqua une pause. En utilisant des termes plus généraux il s'assure ainsi de ne nullement attribuer à quiconque cette vision ni en tirer des déductions qui lui sont propres sur le plan religieux.

S'en vint un sifflement en fond, comme l'sifflet pour appeler les fiers béliers et tout d'vint flou et tous disparurent dans la fumée d'une pipe consumée par Glumtol du clan Barbe-De-Fer. A sa place apparut Rubissea Barbe-De-Fer fille de Glumtol Barbe-De-Fer, le temps des fêtes dans les halls s'étaient achevés et elle écrivait d'une plume sur un parchemin quelques textes ; ces derniers s'envolèrent vers le plafond pis s'enflammèrent en un oiseau de feu, tel un dragon, venant s'abattre vers le sol.

Une autre pause fit marquée, pour signaler une pause dans le conte. Tous étaient silencieux.

Tout disparut dans le feu, et un banquet apparut d'vant mes yeux, mais cette fois-ci les ancêtres s'étant r'tournés dans les halls du temps des calamités s'tenaient dans le hall des vivants, riant et chantant avec leurs enfants. Y'avait aussi les ancêtres Brokkgog partis festoyer aux halls des morts, et p'tet bien d'autres faces que j'connais pas, eux aussi étaient tous dans le hall des vivants. L'on y voyait des marteaux, pis des fières pioches de mineurs, d'la bière pis tous semblaient bien-heureux.

Hjolgrim avala finalement le morceau de viande a son pouce avant de se servir de la lame pour argumenter, la tournoyant et décrivant des mouvements avec au fur et a mesure de son discours.

J'ai voulu saisir une bonne chopine pour festoyer en leur honneur, en l'honneur d'nos morts mais j'ai pas eu l'temps. Hilda Brise-Os elle même se tenait en face d'moi au moment ou j'ai l'vé les yeux. Son regard était braiseux, le même regard qu'elle avait quand elle bataillait dans la montagne contre les sauvages ayant fondu sur nous autres. Elle s'approchait d'mon visage, nos nez s'touchaient presque, elle m'fixait mais j'pense pas qu'elle m'voyait, elle fixait quelque chose au travers moi, ses yeux ardents bougeaient pas. Pis Harald Barbe-Sanglante il m'est apparu à droite un peu plus loin, il m'fixait, lui il m'voyait j'ai senti son r'gard, ses yeux étaient emprunts d'rage mais il bougeait pas, sa mine était terrible, affligée, c'était pas d'la colère c'était aut' chose. Quelque chose d'grave comme s'il était plus vraiment là, j'l'ai jamais vu d'son vivant avoir pareille tronche. Pis là en l'voyant j'ai rempli mon frocard, j'ai eu peur qui m'emporte, pis j'ai été arraché d'tout ça.

La suite, ils la connaissaient tous. Il leva légèrement son couteau comme pour signifier qu'il n'en savait pas plus. Il n'avait fait que mettre en forme chaque détail tel qu'il les avait vu de ses yeux éveillés.

- V'pensez quoi vous aut' ?

Il se saisit d'une chope pour se remettre un coup afin de combattre le frisson qu'il venait d'avoir et gagner en courage. Les conversations reprirent un bref instant en messe-basse, les uns les autres se regardaient à la recherche d'une réponse ; tous avaient arrêté de manger.

Ce serait sans doute mentir que de dire que les propos de Hjolgrim ne jetèrent point une aura négative sur le début de ce banquet. Une vision qui n’était point de bon augure, mais qui demeurait, selon nous, une vision… Un rêve initiatique… Quelque chose d’important que Girdon lui aura envoyé par le biais d’une rêverie aidée par les herbes qu’il nous permet de cultiver. L’art de la philosophie, oui… Mais l’habileté à voyager entre songes et idéaux transmis par impulsion divine, demeurait suffisamment importante pour qu’on la prenne en compte. Il n’appartiendrait qu’à nous de décider quoi en dire et quoi en faire.

Mais manger, nous le devions. Boire, nous le devions. Et c’est que nous fîmes. Un repas gras aux sauces relevées et assaisonnées, faites de bouillons tantôt de volailles et tantôt de bœufs, dans lequel trempait de monstrueuses pièces de gigots cuits à l’étouffée durant des heures. Avec eux, plusieurs pièces de viandes rouges, cuites sur plaques et sur grilles à la flamme et à la conduction de chaleur, permettant d’obtenir deux méthodes différentes de saisies de cuisson. Des pommes-de-terres confites dans le gras ; des champignons fins ; des frongols bien épais, bourratifs ; des tranches de lards grillées… Et d’autres accompagnements tels qu’un peu de riz, par exemple. Enfin : de la viande de sanglier à la bière ! Oh, qu’elle était bonne cette boustifaille ! Oh oui !

Mais une dernière chose était en train de cuir dans un petit secret que seuls les prêtres connaissaient. Aujourd’hui, seul Hjolgrim serait surpris… Mais au moins, quelqu’un le serait. Cette surprise ? De la viande de Bearög ! Une viande succulente, très gouttue et très rare ! Oh oui, très rare. Mais point pour tout de suite…

Le fier Dawi que nous voulions écouter tant et tant se met enfin à table. Ha ! Façon de parler bien-sûr ! Mais nous le faisons. Nous l’écoutons, et ce dernier n’est ni avare en paroles ni prompt à causer comme un charretier des bas-fonds. A quelques tournures près, ce discours pourrait être transcrit en runes sur le vélin, dans nos livres sacrés. Et d’ailleurs, je crois ne point être le seul à trouver cela intéressant : un des prêtres se met soudainement en quête de ramener le livre que nous remplissons actuellement. Des tomes et des tomes de livres sacrés, que les prêtres remplissent des témoignages et autres rêveries et preuves des fidèles et ouailles depuis des cycles. Le plus vieux doit certainement remonter aux premiers cycles de notre existence sur le Monde du Dessus… Oh… Que j’aime les lire, ces tomes !

« Il faut que je transcrive cela mes frères ! Que Girdon guide ma plume sur ce vélin dédié à ses versets. »

Silencieusement, nous validons son initiative par des gestes de tête, acquiesçant sans avoir besoin de prendre la parole. Et il se met à griffonner. Mais voilà, le discours prit fin et maintenant, il nous fallait prendre la parole et comprendre, analyser tout cela… Comprendre avec toute l’humilité possible ce que Girdon a pu nous dire aujourd’hui, ou montrer à son Fils Hjolgrim.

« Une vision bien étrange mon Fils… » Lui dis-je, passant alors une pogne dans ma barbe et me grattant le menton par-dessous tout en agrippant un boc de l’autre main laissée libre. « De mémoire, les témoignages de célébrations mêlant les vivants et les morts, sont des signes d’évènements à venir. D’évènements de grandes ampleurs, du genre que l’on termine avec un banquet pour féliciter les vivants et les morts ; reconnaître quelques sacrifices ; ou quelques découvertes historiques d’importance. Sans doute que de grandes choses sont à venir… » Lui dis-je, analysant la chose avant de m’humecter le glissoir par une goulée de bière. « Le regard ardent d’Harald et l’apparente transparence d’Hilda à ton propos signifie peut-être quelque chose de plus personnel… Comme… Des sentiments… Ou un vécu commun qui vous éloignera définitivement. Allez savoir… »

Les autres prêtres acquiesçaient, les yeux dans la vide, cherchant à en apprendre plus et à analyser la chose différemment si cela était possible.

Alors qu'il fut question d'une transcription, Hjolgrim fit les gros yeux pour lui-même, il n'aurait jamais imaginé qu'un jour l'on puisse transcrire quoi que ce soit venant de lui. Il ne se dévalorisait pas et faisait de son mieux en toute chose, mais elles n'étaient pas inférieures ou plus grandes que d'autres. Certains avaient donné leur vie pour leurs croyances, d'autres avaient bâti des cités, construit d'immenses galeries, polis la pierre, sculptés les grands halls, forgés des pièces légendaires, mais finalement, d'aucun n'avait tiré une gloire personnelle, ils étaient un unique peuple et toutes leurs pognes communes formaient les légendes à la gloire des leurs et d'aucun autre.

Il observa silencieusement les mots de personnes plus sachantes que lui former de magnifiques runes sur l'éternité, usant de mots emprunts de grande sagesse et surtout d'émotions. Certaines langues étaient intemporelles, les plus prégnantes étaient celles dont les écrits ne représentaient guère des sons mais des idées et des concepts, car elles parlaient à l'âme et non à l'oreille.

Une question que beaucoup de gens se posèrent au moins une fois dans leur vie arriva sur les lèvres de Hjolgrim, une question que beaucoup de religieux n'avaient que trop entendue.

- Pourquoi moi ? Y'a bien d'fiers dawis a l'écoute pis des fidèles dans l'amour qu'y portent à leur Dieu, pourquoi donc un mineur d'fond l'a bien pu voir des choses ?

Hjolgrim se gratta la barbe, l'air sérieux et concerné.

- J'dois faire quoi de tout ça ?

Alors qu'il mentionna la situation d'Hilda, il regarda le plafond de la taverne un court instant, y cherchant une réponse. Alors que ces informations tournent dans sa caboche. Il n'avait aucun vécu commun direct avec cette dernière, et si il était extrêmement reconnaissant d'avoir été une fière guerrière ayant sauvé sa caboche et celle des siens, ce ne pouvait pas être qualifié réellement de quoi que ce soit d'autre. Il l'avait bien vu grandir pendant des années mais n'avaient guère partagé quoi que ce soit qui sortait du commun. Il tira une mine interrogative, il ne comprenait pas vraiment ce qu'il en retournait du moins pas en l'état.

- Et pis ça peut pas vouloir dire qu'Hilda elle va prendre des décisions qui n'sont plus du r'ssort du Haut-Roi pis le contrarier ? Ptet qu'elle voudra s'battre pis qu'lui y voudra pas.

Au vu de son regard ardent, il se l'imaginait observer non pas lui mais une situation dans son dos, que lui-même ne connaissait pas ou ne se doutait pas, et qu'elle l'affrontait seule ou contre le gré de son paternel. Il ne comprenait cependant pas ce qu'il faisait au milieu de tout ça. Allait-il contrarier Harald et se ranger du côté de la guerrière ? Il lui devrait bien ça et ce serait pas improbable, mais au point de le contrarier à ce niveau, il ne se l'imaginait pas.

Fatigué de réfléchir, il semble avoir fait bien trop d'efforts en un si court laps de temps. Il leva ses pognes pour taper sur la table d'un ton bon vivant, mais finalement s'arrêta avant afin de ne pas faire bouger ceux qui emplissaient les pages de savoir. A la place, il dévia sa main et frappa sur son torse.

- Bon bah moi j'pense qu'le plus important c'est qu'on va bien festoyer avec tous nos aïeux dans les temps à venir pis que ca va être une sacrée bouffe. D'ailleurs en parlant d'ce bon vieux Glumtol j'dois m'entretenir avec lui dans pas long pour un projet dans les montagnes, et y'aura ptet un bon banquet à Thanor vous n'aurez qu'a passer, y'a jamais un banquet d'trop.

Il se mit à rire grassement, d'un banquet à l'autre, d'une beuverie à l'autre, la vie de mineur et d'artisans n'était finalement pas si éloignée de celle des prêtres et des religieux, leur culture commune était un ciment à leur civilisation. Une odeur lui chatouilla cependant les narines alors qu'un doux fumet s'échappait du four.

« Ah ! Pourquoi toi et pas un autre… Je crois que toutes celles et tous ceux qui ont fait face à ce genre de chose, ce sont tous demander pourquoi eux… Mais qui sommes-nous pour juger cela ? Les voies de Girdon sont grasses et glissantes et difficiles à comprendre… Sans doute aurons nous la réponse à l’avenir ? »

Repus, nos entrailles commencent déjà à se rappeler à nous. J’entends ça et là quelques intestins en train de digérer le gras et les sauces, gargouillant avant de s’échapper en quelques flatulences qui nous font rire. Si cela pouvait être associé à un quelconque cliché de race, nous n’en avons que faire ! Nous sommes de bons vivants, et donc, nous rotons, nous pétons et nous savons boucher des toilettes comme personne !

Il ne nous reste que la bière ! Bière que nous consommons à outrance, par habitude et parce que nous parlons toujours mieux avec quelque chose pour humecter le glissoir. Mais tous, nous cherchons à comprendre et nous cherchons quelques analyses que ce soit à ces propos et ces visions. Peut-être faisons-nous fausse route ? Peut-être pas ? Allez-savoir… Nous ne sommes point avatar de Girdon et nous ne devisons point à sa place, ou pour lui. Tout ce que nous faisons est analyser une situation au regard des précédents et de ce que nous connaissons des écritures saintes.

« Hilda est définitivement un chaînons important de cette vision… Et Harald aussi, sans doute. Nous, nous ne pouvons qu’analyser, tenter d’expliquer… Mais la clé réside en toi. Peut-être seulement n’est-elle pas encore visible aujourd’hui, à l’instant… Continuons de festoyer et, si tu t’y sens près à l’avenir, nous reprendrons un peu de cette herbe. »