Secrets dans l'étreinte [Adélina]

Sujet: Secrets dans l'étreinte [Adélina] Dim 26 Nov 2023 - 22:03

Fin de la 6ème ennéade de Favriüs, premier mois de l'Automne
An 21 du XIe Cycle
Soltariel

Plus d'une ennéade complète avait passé depuis l’union d’Adélina et d’Adriano. C’était officiel, le duc avait sa nouvelle duchesse, et ce mariage avait déjà été consommé plusieurs fois, selon les rumeurs qui couraient déjà dans le château au grand bonheur des servants et les adolescents et adolescentes nobles qui se mettaient à rêver. Si Louis parvenait à montrer de l’enthousiaste, riait et profitait de la joie et de la bonne humeur générale, son cœur n’y était pas. Chaque soir, il retrouvait son oreiller et sa couchette, et fixait le plafond en silence, discutant parfois jusqu’à très tardivement avec le chevalier Grégoire qui partageait toujours sa chambre. Leur départ approchait. Bientôt, ils quitteraient Soltariel pour retourner à Ydril. Norbert avait déjà quitté la cité avec sa suite, et le duo s’était attardé pour que le comte héritier règles ses affaires avec la princesse ducale. Catarina était investie dans leur projet, et ses idées fusaient. Il allait bientôt être temps de véritablement lancer tout cela, et Louis ne pourrait le faire d’ici.

Pourtant, il aurait bien aimé rester encore longtemps : au moins, il pouvait voir Adélina fréquemment, et échanger quelques paroles sans grand intérêt avec elle. Le contenu de leurs échanges n’était pas important, mais le fait de pouvoir se côtoyer et se parler lui était cher. Il avait remarqué le regard du duc le jour du mariage, et son cœur avait manqué un battement. Ce n’était pas celui d’un homme insensible au charme de sa nouvelle épouse, non. La femme lui avait pourtant assuré qu’Adriano ne ressentait rien pour elle, et pourtant… et pourtant, Louis n’en était plus aussi certain. Au-delà de cette inconnue qui l’inquiétait quotidiennement, la voir si belle en cette journée de fête avait ravivé son manque. Il avait envie de la retrouver, de la serrer contre lui, de l’embrasser, de se confier à elle. Les jours passaient, et aucune opportunité ne venait s’offrir à lui. Il fallait qu’il la provoque, et il savait exactement quand. Il avait entendu une servante dire que la duchesse aimait passer un peu de temps dans ses appartements et son jardin privé avant le dîner. C’était le moment parfait pour la retrouver en cachette. Le comte héritier avait discrètement étudié les rotations des gardes qui patrouillaient dans le palais, et trouvé une fenêtre pendant laquelle un mur ne serait pas surveillé.

Et c’est exactement ce qu’il exécuta. À l’extérieur, dans un coin un peu à l’écart, il attendit sur un banc que les prochains gardes disparaissent avant de se redresser. Il tendit les bras pour agripper le haut du mur qui cachait les jardins privés de la duchesse, se hissa par-dessus et sauta avec délicatesse de l’autre côté. Adélina était là, quelques mètres plus loin, lui tournant le dos, penchée sur un bosquet de roses dont elle humait le doux parfum. Discrètement, il se faufila derrière elle et posa une main sur sa bouche pour l’empêcher de crier, collant avec douceur son corps contre le sien.

« Ne crie pas, Lina, » murmura-t-il au même moment à son oreille. « C’est moi. »

Sujet: Re: Secrets dans l'étreinte [Adélina] Mer 29 Nov 2023 - 16:27

Elle était finalement duchesse.

Et pourtant, ses mots laissent un goût amer dans sa bouche. Un titre qu’elle n’avait jamais voulu, ni même imaginé recevoir. La jeune femme avait même abandonné son nom à la demande de son futur mari. Un coup encore plus dur. Adélina avait l’impression d’avoir perdu son identité. Si à Siriac elle avait choisi d’être une nouvelle personne - se le faire imposer ainsi avait été beaucoup plus difficile à accepter. Adriano lui avait donné d’innombrables tâches, l’amenant dans d’innombrables conseils restreint, réunion en toute sorte pour déterminer les tâches qui lui seraient assignées. Mais la jeune femme avait ses propres projets. Déjà, son aide avait été proposée à Norbert d’Ydril, afin d’aider le Comté à organiser ses effectifs, et puis il y avait la disparition d’Holden… Ce dernier avait complètement disparu. Les meilleurs hommes qu’elle avait, n’avaient pu mettre la main sur le traître qui avait trop parlé et puis il y avait Louis… Adélina soupira alors qu’elle avançait doucement dans ses jardins. Elle ne savait que penser de tout cela, et en était presque venue à penser que cette aventure était maintenant terminée. Le jeune homme n’avait pas tenté de la contacter, de lui envoyer un message. Rien. Comme si elle n’était qu’une de ces nombreuses filles qui ouvrent ses jambes à n’importe qui… Adélina soupira, avant de s’arrêter devant un des rosiers, ses doigts prenant délicatement la fleur. Pourquoi tout devait être si compliqué ? Relâchant la rose d’une beauté spectaculaire, cette dernière due s’avouer une chose ; Alonna lui manquait.

Soudainement, une main vint se poser sur sa bouche, et la duchesse se braqua complètement. Ses sens deviennent entièrement alertes, prête à en découdre avec la personne qui venait de l’attaquer ainsi. Mais avant même qu’elle ne puisse faire quelque chose, avant même qu’elle ne puisse faire un mouvement contre l’inconnu, elle entendit sa voix. Son coeur manqua un battement alors qu’elle se détendit légèrement. Sa main alla doucement trouver la sienne, pour se libérer de ce bâillon alors qu’il collait son corps contre le sien. « Louis… » murmura-t-elle dans un souffle, fermant les yeux alors qu’elle savourait ce contact. Puis, semblant se ressaisir, la jeune femme se retourna vivement, regardant les alentours, pour s’assurer qu’ils soient seuls. Ne voulant pas prendre de chance, elle lui prit la main afin de l’entraîner dans le fond des jardins, là où une petite cabane en pierre était camouflée entre d’immenses bosquets finement taillés. Sans attendre, elle ouvrit la porte, avant d’entraîner le noble à l’intérieur, refermant rapidement la porte derrière elle. Depuis qu’elle avait pris possession des lieux, les jardiniers la laissaient expressément tranquille avant le dîner, et elle savait que personne n’oserait la déranger pendant cette petite sortie. C’était son moment de solitude, là où elle pouvait se retrouver avec ses pensées, ses songes et jusqu’à maintenant cela avait été respecté par les serviteurs, mais aussi les autres nobles et Adriano… « Tu ne devrais pas être ici. » Murmura-t-elle alors qu’elle s’approchait doucement du noble. Sa robe en taffetas de soie, traînant sur la pierre sale, alors que les broderies dorées captaient le fin rayon de soleil qui traversait la cabane. Adélina passa doucement sa main sur sa joue, caressant celle de l’ydrilote. Il y aurait tellement de choses qu’elle voulait lui dire, mais ce n’était pas le moment… Si quelqu’un entrait dans ses jardins, ils auraient été dans une position des plus inconfortables…

Sujet: Re: Secrets dans l'étreinte [Adélina] Jeu 30 Nov 2023 - 0:27

Le garçon sentit Adélina se tendre, et se détendre tout aussi soudainement. Peut-être la prendre par derrière n’était pas une si bonne idée : si la duchesse avait une arme, ça aurait pu très mal finir. La caresse sur sa main fit frémir son corps, tout comme son murmure tant attendu. Quel plaisir de la sentir de nouveau contre lui ! Ce contact, cette chaleur, lui avaient manqué. Louis humait son léger parfum à plein poumons, parfum qu’il n’avait fait que deviner lorsqu’ils s’étaient croisés dans les couloirs trop peuplés du palais. Ici, ils étaient enfin seuls. Il avait enfin trouvé une solution. Elle n’avait cependant pas le même avis, et la jeune femme l’entraîna vers une cabane au fond du jardin. Il nota du regard l’endroit où il avait atterri pour être certain de repartir sans problème, et se laissa tirer et emmener dans le repaire sombre. La porte ne claqua pas mais grinça doucement contre la pierre en se refermant. Il la voyait à peine ici, mais il devinait facilement ses traits. Peu à peu, ses yeux s’habituèrent à l’obscurité, et il lut dans les siens une vraie inquiétude.

La femme avait peur, qu’ils se fassent surprendre, certainement. Mais comment lui en vouloir ? Louis avait pris un risque en venant ici. Peut-être inconsidéré, et pourtant bien réfléchi. Il avait réduit au maximum les chances de se faire prendre, attendant que l’activité du mariage retombe, que le stress des gardes et des servants disparaisse, laissant place à un peu plus de légèreté dans leur vigilance. Il avait noté les passages autour du jardin, et s’était une fois assuré que personne ne venait déranger la duchesse à cette heure. Toutefois, Adélina n’en savait rien. Il était temps de la rassurer. Entrouvrant la bouche, le garçon sentit la paume fraîche et les doigts froids de son amante contre sa joue. Son cœur s’emballe, un sourire incontrôlé se dessinant sur ses lèvres. Il pose sa main contre la sienne et lui embrasse doucement le poignet, rapprochant de nouveau son corps pour sentir l’air de sa respiration contre son menton.

« Tu m’as tant manqué, ma douce, » lui murmure-t-il dans un souffle. « J’ai cru ne jamais pouvoir te retrouver. »

Louis s’approche et se penche pour l’embrasser. Il sent alors son autre main l’arrêter, posée sur son torse. Il se bloque et l’observe, la bouche toujours à moitié ouverte, clignant une fois des yeux. Sur son visage, il ne voit que de l’inquiétude, et une pointe de tendresse. Le sien ne reflète plus son désir, ayant laissé sa place à l’incompréhension et au doute. Il glisse son autre main sur son bras, presque stupéfait de le sentir ici. Pourquoi l’arrêtait-elle maintenant ? L’avait-elle déjà oublié ? La duchesse peut sentir le garçon reculer imperceptiblement quand son visage se sépare doucement de sa main.

« Je ne comprends pas… » dit-il simplement à voix basse, la bouche sèche, les yeux baissés sur ce membre qui ne le laisse pas approcher plus près.

Sujet: Re: Secrets dans l'étreinte [Adélina] Jeu 30 Nov 2023 - 9:30

Le léger baiser qu’il laissa sur son poignet la fit frissonner. Ils s’étaient croisés dans les couloirs, de nombreuses fois d’ailleurs, mais jamais l’ydrilote avait tenté de faire quoique se soit, de l’approcher. Pendant quelque temps, la jeune femme dut même se dire que cela était pour le mieux, comme ça, elle ne lui briserait pas le coeur, ou ne mettrait pas sa vie en danger pour une histoire de pure passion. Mais le voir, là, maintenant devant elle, laissant finalement toute cette envie transparaître, la nordienne comprit que ce dernier ne laisserait pas tomber aussi facilement. Il lui murmura de douces paroles, qui lui semblaient plus que sincères, avant de se pencher pour l’embrasser. Prenant panique, la jeune femme posa délicatement sa main sur son torse, arrêtant son mouvement. « Non » murmura-t-elle à travers son souffle. On aurait presque dit que ces paroles étaient imperceptibles, comme si elle ne voulait pas que son amant l’entende.

Il aurait été sot de dire qu’elle n’avait pas vu le changement d’expression du jeune homme alors qu’elle l’arrêtait. Il ne comprenait pas. Et qui aurait pu le blâmer ? Il ne faisait part de ce monde que depuis peu. Ne comprenant pas les aléas et les réels dangers de la noblesse. « C’est trop dangereux. » Murmura-t-elle, enlevant sa main du torse de Louis. Son regard semblait attristé. Le temps qu’elle avait passé avec le jeune homme avait été extrêmement apprécié. Cette nuit-là. Adélina avait presque oublié qui elle était, laissant son cœur se panser des innombrables blessures qu’elle avait soufferts au cours des derniers mois. Pour la première fois depuis des lunes, elle s’était sentie aimée, désirée. Elle avait voulu que Louis la possède, mais maintenant au beau milieu du palais du Soltaar, elle ne pouvait se laisser aller à ses pulsions ni à ses envies. « Si le Duc apprend ce qui se passe, nous ne nous en sortirons pas vivants… » Devrait-t-elle aller plus loin? Elle fit un pas vers ce dernier, comblant le vide qui les séparait. Sa main, se posant sur la joue chaude du garçon. Elle pouvait sentir son souffle chaud sur son visage, son parfum l’enveloppait tandis que sa présence la faisait sentir désirée. « Méfie-toi du Duc… Il n’est pas l’homme que tu crois. Il a probablement des yeux et des oreilles partout. Je ne veux pas mettre ta vie en danger. » Adélina se redressa, se mettant sur le bout des pieds pour déposer un doux et chaste baiser sur les lèvres du garçon. Sa main - toujours sur sa joue - caressant doucement ses lèvres, alors qu’elle se faisait violence pour ne pas en prendre plus. « Je serai à Ydril à la fin du mois… Nous discuterons là. » Murmura-t-elle finalement avant de faire un pas de reculons, créant un espace entre eux.

Sujet: Re: Secrets dans l'étreinte [Adélina] Jeu 30 Nov 2023 - 16:32

Dangereux ? Dangereux ? Ce mot, il le répéta pour lui-même du bout des lèvres, incrédule. N’avait-elle donc pas ressenti cette tension dans chacun de leurs regards ? Était-il le seul à avoir espéré leurs retrouvailles dans l’intimité ? S’était-il complètement fourvoyé sur les attentes de cette femme ? Il sentit la main d’Adélina quitter son torse, emportant avec elle un peu de lui, de sa tendresse, de son innocence d’adolescent dont le cœur avait l’erreur de s’éprendre d’un amour interdit. La situation lui échappait complètement, et il restait là, les yeux fixant le vide, le regard perdu presque dans les siens, mais pas vraiment.

Elle se rapprocha cette fois, mais Louis ne réagit pas. Ses paroles, il les entendait mais ne les écoutait pas vraiment. Le garçon savait pertinemment ce qu’elle voulait lui dire. Après tout, elle l’avait averti du danger, de cette impossibilité pour elle, qu’elle était maintenant sa suzeraine, et que le duc était un homme mauvais. Là-dessus, l’ancienne baronne n’avait pas tort. Il avait pu l’apercevoir de nombreuses fois pendant ces ennéades. Le comte héritier savait très bien ce qui l’attendait si leur secret était dévoilé. Ce qui les attendait tous les deux. Et pourtant, il avait risqué gros pour elle, pour la revoir, pour la sentir de nouveau contre lui. De nouveau, Adélina voulait prendre soin de lui, le sauver de ce destin funeste qui l’attendait s’ils continuaient ainsi. Quand sa main caressa de nouveau sa joue, il y ressentit un léger picotement, et son corps vibra. La première fois, il avait ressenti de la tendresse. Maintenant, il n’y voyait que de la pitié.

Elle continua de s’épancher, de chercher des excuses, d’essayer de le rassurer, mais le garçon restait impassible. Même lorsqu’elle déposa ses lèvres mouillées contre les siennes si sèches, sa seule réaction fut d’entrouvrir légèrement la bouche, laissant un léger son terriblement douloureux sortir du fond de lui-même. Il déglutit, comprenant bien que ce baiser serait définitivement leur dernier. Son pouce hasardeux lui arracha encore une partie de lui-même, alors qu’il continuait d’être muet et immobile. Il ne percuta pas tout de suite sa promesse de le retrouver à Ydril dans quelques ennéades, mais quand enfin le garçon comprit, il sortit de sa torpeur et tenta de parler. Sa gorge se serra, incapable de prononcer le moindre mot. Et l’envie n’y était pas. Il rentra les épaules, découragé, le dos rond et fixa le sol d’un air las, puis prit une profonde inspiration.

« Si c’est que vous voulez, ma Dame… »

Il ne se douta pas que c’était Norbert qui l’avait invitée à venir le rejoindre à Ydril. Louis pensa qu’Adélina faisait le voyage spécialement pour lui, avec un prétexte qu’elle inventerait auprès du Duc. Il ne tenta pas de l’avertir du danger qu’elle pouvait courir, ne le devinant pas. Il ne voulut pas non plus l’empêcher de venir pour son propre salut. La déchirure de son cœur blessé bien trop grande encore, il ne souhaitait prendre aucune décision. Deuxième soupir, plus triste encore que le premier. Relevant la tête, il regarda celle qui fut son amante pendant cette courte nuit. La réalité le rattrapait, et il n’aimait pas ça du tout.

Cette discussion n’allait vraiment pas dans la direction qu’elle avait imaginée. Louis s’était refermé, arrêtant le moindre signe d’affection qu’il avait eu il y a quelques secondes à peine. Le mince filet de lumière révéla son expression à la duchesse, qui eut l’impression que son coeur s’était fait transpercé par une arme. Il avait mal. Très mal. Un mélange d’incompréhension et de douleur comme elle en avait rarement vu. Elle aurait presque pu entendre son coeur se briser. Il n’avait pas compris. Peut-être était-ce sa jeunesse ou son éducation inexistante. Peut-être était-ce l’envie qu’il avait exhibée il y a quelques minutes qui le brûlait, le tuait à petit feu. Mais la certitude était que l’ydrilote ne comprenait pas pourquoi elle le repoussait. Il n’avait pas bougé sous ses caresses. Adélina aurait voulu prendre sa douleur, le consoler. Après tout, cette dernière tenait énormément au noble. Peu importe son statut, peu importe son nom. Ils avaient partagé des choses ensembles, des secrets. Louis semblait la connaître mieux que son propre mari. À Louis, elle avait montré sa fragilité, le fait qu’elle était brisée, changée. Ce n’était guère facile pour la jeune femme, et pour être honnête, elle ne savait guère quoi dire.

Adélina n’était guère cette personne si confiante. La duchesse avait bien du mal avec sa propre réflection dans le miroir, sachant qu’elle ne pouvait le changer. Pourtant, Louis l’avait vu. Louis l’avait compris et avait semblé comprendre. Elle avait tellement peur, et cette peur n’allait nulle part. C’était trop réel, il était trop bien pour elle. La nordienne enleva doucement sa main de la joue du suderon, avant de faire un pas vers l’arrière, tenant sa main comme si cette dernière était blessée, brûlée, par un feu qu’elle n’avait pas pu contrôler. Son regard azuré se porta sur le sol, incapable de supporter la vision qui s’offrait à elle. La façon dont il la regardait en ce moment lui brisait le cœur. La nordienne ne voulait que le protéger… Mais il ne semblait guère comprendre. Les mots s’étranglèrent dans sa gorge, et elle eut besoin de longues secondes pour finalement souffler une dernière réplique douloureuse ; « Partez Louis… Vous ne pouvez rester ici. » Incapable de le regarder, la nordienne se concentra sur le sol, ses mains se rejoignent sur son bas-ventre. Un mélange de honte et de peine, ne sachant pas comment agir. Peut-être était-ce mieux ainsi.

Le court instant où leurs regards se croisèrent, Louis sentit une nouvelle vague de tristesse l’envahir. Ces quelques minutes dans l’intimité lui étaient devenues douloureuses, et il ne pouvait plus rester là. Dévasté, il réprima l’envie de la supplier de le reprendre, de reconsidérer ce risque, de retrouver le confort de ses bras, et la passion de leur étreinte. Le visage de la duchesse était indéchiffrable, le garçon était bien incapable de se rendre compte de ce qu’elle ressentait, lui-même bouleversé par cette vague de sentiments qui l’animaient. Tristesse, colère, doute, désir, amour, renoncement… Il avait encore sur les lèvres son goût presque sucré. Il la voulait de nouveau contre lui, qu’elle le prenne dans ses bras, qu’elle réconforte sa peine, et qu’elle s’abandonne à lui. Elle baissa alors les yeux, et le jeune homme sentit ses yeux s’embrumer. Sa voix cassée lui transit de nouveau le cœur, et il plaça une main sur sa propre poitrine. Louis avait l’impression de ne plus savoir respirer tellement il avait mal, mais il ne pouvait pas la laisser ainsi, pas avec cette tristesse dans sa voix. Il tendit les mains pour attraper les siennes, s’avançant légèrement pour combler à moitié la distance entre eux deux.

« Lina… Si tu as besoin de moi, viens me chercher. Je ne serais jamais très loin. »

Sans une autre seconde d’hésitation, il la relâcha et se détourna, ouvrit la porte de cette cabane qui habiterait nombre de ses prochains cauchemars, reprit la direction du mur qu’il avait escaladé quelques minutes auparavant seulement. Un rapide calcul lui fit estimer que la prochaine patrouille n’était pas encore passée, il avait le temps. D’un bond, il se hissa et retomba de l’autre côté, sans un regard en arrière. Le cœur brisé, il s’effondra sur le banc où il était encore assis peu de temps auparavant et prit sa tête entre ses paumes. Sa décision était prise, il partirait dès demain. Le comte héritier n’avait plus rien à faire à Soltariel aujourd’hui.

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