Les entrailles sombres et humides des geôles Ydrilote, étaient étrangement silencieuses pendant cette nuit. Si généralement l’on pouvait entendre résonner les échos des chaînes et alors que la faible lueur des éparses torches dansait sur les murs de pierre usés. Les yeux perçants du capitaine scrutaient les ombres dans l'obscurité, gardant un air de défi même face à la disgrâce. Ses vêtements en lambeaux, autrefois symboles d'une vie libre et sauvage sur les océans tumultueux, témoignaient des batailles féroces qu'il avait menées. La barbe emmêlée, la peau tannée par le soleil et marquée par d'innombrables aventures, tout cela avait été remplacé par la froideur de la pierre et le murmure sinistre des geôliers. À travers les barreaux rouillés, Holden lançait un regard farouche aux gardes qui patrouillaient, gardiens d'un trésor qu'ils ne pouvaient comprendre. Ses pensées, cependant, naviguaient loin des murs oppressants de la cellule. On aurait pu penser que ce dernier revivait les jours glorieux là où, dans son esprit des plus imaginatif - il était accueilli comme un héros parmi les siens. Mais non, Holden avait des pensées bien précises, une envie de vengeance qui grondait dans ses veines. Son regard fixé sur les barreaux, il pouvait passer des heures ainsi, à imaginer ce qu’il ferait aux deux gamins qui l’avaient piégé. Le mécan avait pensé pouvoir s’en sortir vainqueur - qu’il était le plus manipulateur et qu’il pourrait obtenir ce qu’il désirait réellement… Mais la réalité étaient toutes autres. Il avait perdu. Perdu son équipage, son navire et surtout toute chance d’obtenir la rose et la gloire qui s’en suivrait.
Et pourtant, il ne pouvait cesser de penser, de se faire des scénarios. Les minutes s’étaient transformé en heures, les heures en jours. Ce dernier n’avait aucune idée du temps qu’il avait passée dans cette pièce sombre. On lui donnait à manger ici et là, mais rien qui ne pouvait lui permettre d’avoir une quelconque notion du temps. Mais même dans ce lieu de désespoir, le cœur du pirate continuait de battre au rythme inaltérable des vagues, en attente du jour où il retrouverait l'horizon infini de l'océan. Il savait ce qu’il avait à faire et pour une fois, il ferait les choses pour quelqu’un d’autres que lui-même. Le bruit des clés cliquetant dans la serrure le ramena à la réalité. Le garde, un homme massif aux yeux sans pitié, fit son entrée avec une lanterne vacillante.
« Le grand Vitale Pantone, réduit à un simple rat de prison, » ricana-t-il.
La mécan releva doucement sa tête, la laissant tomber sur la pierre froide de sa cellule. Si au départ, il ne broncha pas, un léger sourire sembla se former sur ses lèvres gercées alors qu’il reconnaissait l’homme devant lui, comme si une étincelle, une lueur d’espoir venait de se former. Le geôlier l'observait, cherchant peut-être une étincelle de peur dans ses yeux.
« S’fait longtemps, Armel… » Répondit-il avec une arrogance méprisante.
Son commentaire sembla amuser le garde, qui lui répondit rapidement ;
« Dans les emmerdes à ce que je voie… Des plans pour les prochains jours ? »Holden eut un sourire amusé avant de faire frétiller ses chaînes.
« T’as de la chance… Le Comte et son frère sont partis au mariage. C’est bien tranquille dans le coin en ce moment. » Le garde lui tira les clés dans les mains, et le mécans les attrapa sans problème.
« Y’a d’nouvelles au sujet d’la duchesse? »Sa réplique firent sourciller le garde qui haussa les épaules ;
« Rien d’autre que son mariage pour le moment. Pourquoi ? »Le mécan enleva rapidement ses chaînes avant de se lever d’un bond.
« P’arce que j’l’ai mise dans l’merde. »« J’ignorais que tu avais un quelconque attachement à une autre personne que toi-même. » Il souffla du nez avant de reprendre ;
« Si j’entends un truc, je te le ferai parvenir… Dis-moi où? »« Jesebel à Ojiane.»
Le soldat hocha rapidement la tête, il lui tendit un sac contenant une armure des gardes Ydrilote.
« Allez, enfile ça. On a une patrouille à faire sur le port avant ton départ pour Timenze. Mais tout ça va te coûter cher. »Holden eut un sourire amusé, avant d’attraper le sac, l’ouvrant rapidement pour enfiler le déguisement. Il mit le heaume avant de rétorquer avec une voix déformée ;
« Je ne m’attendais pas à autre chose de ta part… » 
Sujet: Les chaînes aux poings 
Jeu 30 Nov 2023 - 11:36
