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 Le piège Ydrilotte | Louis.

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Adriano Cortès di Alcacio
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MessageSujet: Le piège Ydrilotte | Louis.   Le piège Ydrilotte | Louis. I_icon_minitimeJeu 7 Déc 2023 - 20:39

3ème jour de la 9ème ennéade de Favriüs – Premier mois de l’Automne.
Année XXI | XI Cycle.
Cité de Soltariel | Palais ducal.




Dire qu’Adriano était inquiet à l’idée de voir sa femme s’éloigner à nouveau de lui, était un euphémisme. Bien qu’il l’ait autorisée à rejoindre à nouveau Ydril pour la seconde fois en très peu de temps, le fait que les corsaires et autres flibustiers soient toujours une menace le mettait sur les nerfs. Mais que faire ? Adélina était son épouse, et ce faisant, la nouvelle duchesse de ces terres. Ce faisant, elle devait aussi régner… Et cela demandait de se déplacer régulièrement.

Alors lorsqu’il vit arriver ce garde dédié au pigeonnier, ses sourcils s’arquèrent. Lorsqu’il reconnu en ses mains la missive soigneusement roulée qu’il lui tendait en haletant, ses yeux se firent plus ronds encore qu’une bille. Lorsqu’il lu les mots écrits au vélin, sans fioritures et sans aucune forme traditionnelle de discussion épistolaire… Son sang ne fit qu’un tour.
« Merde ! » Laissa-t-il échapper au milieu de sa salle du conseil restreint. « Par Tyra ! » S’exclama-t-il à nouveau, avant de se relever d’un bond, de sortir de la salle du conseil sous les regards incrédules de ses conseillers. « Que l’on prépare un navire ! Un équipage ! Et une garde rapprochée ! Je dois appareiller pour Ydril dans l’urgence ! Filez, aller ! Ou Néera me vienne en aide, je vous ferais fouetter jusqu’au sang ! » Héla-t-il un garde à proximité, avant de se tourner vers ses conseillers. « Nous reporterons ce conseil ! Je dois aller quérir Adélina ! »

Puis, sans donner plus d’explications, il disparut. Chemin faisant, il courait presque à perdre haleine, rejoignant ses appartements pour enfiler son armure, le chemin n’étant point sûr, y compris le long des côtes de Péninsule.


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6ème jour de la 9ème ennéade de Favriüs.
Cité d’Ydril | Capitainerie du port.



Le voyage fut court, car Adriano insista pour que l’on garde la voile dressée de jour comme de nuit. Lui-même veilla le plus souvent, aidant à manœuvrer le navire dans usant des instruments indispensables à la navigation lorsque certains quarts avaient besoin d’être aidés par une présence supplémentaire. Aucun doute sur le fait que cette présence et cette surveillance ducale avait été épuisante pour les soldats : ils ne purent ni se détendre, ni s’assoupir, ni discutailler avec d’autres sentinelles ou matelots de garde… Il fallait toujours œuvrer.

Mais ces efforts portèrent leurs fruits, et bien vite, ils arrivèrent en vue d’Ydril et de son port. Des signaux, réalisés à l’aide de petits drapeaux que l’on croisait, agitait, plaçait de haut ou de bas, de droite ou de gauche, instruisaient la capitainerie d’un message de la plus haute importance. Si tous purent rapidement reconnaître les armoiries de la famille ducale, les signaux rajoutèrent à l’urgence de la situation. Sans expliquer réellement pourquoi – car quelques fanions de couleurs que l’on agite ne suffiraient jamais à faire de véritables phrases – les officiers et fonctionnaires de la capitainerie comprirent toutefois bien vite qu’il fallait s’occuper de cette visite surprise, avec la plus grande rapidité. Aussi, lorsqu’il mit pied à terre engoncé dans son armure, Adriano ne perdit point de temps.
« Conduisez-moi jusqu’au palais Comtal, sur le champ ! »

Puis, lorsque l’on s’exécuta sans attendre, Adriano indiqua, d’un geste, que sa petite troupe personnelle devait lui emboiter le pas prestement.
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Louis d'Ydril
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MessageSujet: Re: Le piège Ydrilotte | Louis.   Le piège Ydrilotte | Louis. I_icon_minitimeDim 17 Déc 2023 - 13:06



Dans la cité ydrilote, la tension était à son apogée. La nouvelle de l’arrestation d’Adélina n’était pas sortie des murs du palais, mais les entrées et sorties bloquées avaient engrangé maintes rumeurs et suspicions, toutes plus ou moins en lien avec la duchesse. Quelque chose était en train de se passer ces derniers jours, et lorsqu’on aperçut la bannière du duc sur son vaisseau amiral, les gens se réfugièrent chez eux. Les rares curieux courageux qui osaient mettre le nez dehors purent être soulagés en voyant que le navire était seul, et que seule une petite troupe menée par le duc en personne débarquait du port. Il n’était pas question d’invasion ou de guerre, mais le pas pressant du petit groupe guidé par l’un des gardes du port vers le palais suggérait que l’affaire était loin d’être réglée.

Ce fut l’intendant en personne qui accueillit le duc en s’inclinant sobrement. Les gardes aux portes du palais laissèrent entrer la troupe, et il la guida à travers les jardins, les couloirs et les étages, vers une porte doublement gardée. A leur passage, on les regardait d’un air suspicieux, nerveux ou désolé, n’oubliant jamais de s’incliner respectueusement. On pensait encore la duchesse prisonnière ici, personne n’avait eu vent de l’acte de Louis et de Grégoire – les deux gardes corrompus qui étaient au  courant pour Antioche gisaient toujours au fond de la prison – mais tous savaient pour l’accusation de piraterie. En passant la porte de la chambre, une décoration sobre les accueillirent.

La pièce aux fenêtres aux volets fermés et aux rideaux tirés était tristement éclairée par quelques chandelles et bougies posées à même le sol. Des draps noirs avaient été installés au plafond qui tombaient jusqu’au parquet, cachant la décoration murale pour donner à la chambre un air de deuil. Tout au fond, un grand lit aux draps blancs contrastait avec le décor sinistre. Sous cette draperie riche à la broderie soignée, on distinguait une forme qui ne bougeait pas. Aux côtés de ce lit, l’archonte d’Ydril, qui venait de se relever en voyant la porte s’ouvrir, afficha un air désolé.

« Votre Altesse… » dit-il simplement à voix basse.

Adriano s’approcha alors, doucement. Ses yeux ne quittèrent point cette silhouette humaine qui se dessinait sous des draps de soie. Aucun mouvement n’était perceptible : aucun soulèvement de la poitrine ; aucun mouvement souple d’un drap soulevé par le souffle exhalé d’une vie qui respire. Rien, que la silhouette morne et froide d’un corps que d’aucun pourrait penser sans vie. Alors qu’il s’approchait, ses mains se joignirent toutes deux devant sa taille, comme s’il s’apprêtait déjà à réitérer les gestes déjà maintes fois réalisés au cours de sa courte existence. Joindre les mains en une prière dédiée à la Damedieu, l’implorant de revenir sur un choix ou une erreur ; une damnation crachée au visage de la Noyée pour cette perte si soudaine et si odieuse. Par deux fois, déjà, il avait perdu une épouse. Par de trop nombreuses fois, aussi, il avait perdu un enfant… Aujourd’hui, il perdait les deux à la fois : une épouse qu’il commençait à aimer et un enfant qui n’était encore point né.

Il s’arrêta une première fois à mi-chemin, ses yeux grands ouverts semblant soudainement en proie à la peur. Combien de cadavres avait-il vu ? Combien d’êtres avait-il tué ? Combien d’autres avait-il fait souffrir dans ses geôles et au cours de combats âpres et féroces ? Allez savoir… Mais aujourd’hui, toutes ces morts et toutes ces souffrances infligées en tout état de cause et de bon gré par son Altesse, ne sauraient l’aider ni le prévenir de cette peur renouvelée face à la découverte d’un corps inerte… Qui était celui de son épouse. S’avançant encore, il s’arrêta, ploya le genou, et maintint ses mains à proximité du corps, ne sachant quoi faire.

« Que s’est-il passé ?! » Demanda-t-il alors.

La main de la forme sous le drap sortit brusquement et attrapa le poignet du duc, pendant que le voile se soulevait. Une jeune adolescente se révéla devant lui, et elle le tenait, la pointe d’un poignard touchant la peau de son cou.

« Tu bouges pas, » dit-elle d’une voix tremblante, « ou je t’égorge comme un petit porcinet. »

À leurs côtés, Norbert tirait un sourire presque démoniaque, que l’intendant arborait également. Les nombreux draps autour de la garde du duc se mirent à bouger, et une quinzaine d’hommes et de femmes apparurent, brandissant épées, hachettes ou massues et tenant en respect la garde rapprochée du duc.

« Lâchez vos armes, vous autres, ou votre petit chef meurt. » La voix de l’intendant était monotone et très neutre, sans aucune trace d’émotion.

Ces quelques secondes durant lesquelles tout semblait basculer, durèrent presque des heures en l’esprit et la réflexion d’Adriano. Son esprit - calculateur et manipulateur - ne pouvait s’empêcher d’analyser, de suranalyser, de réfléchir encore et encore, tant et tant, qu’il en resta quoi. Bouche bée, seuls ses yeux s’écarquillèrent lentement à mesure que s’affichait alors l’étendue de la supercherie. Un instant après l’autre, l’esprit du Duc parvient à combattre la torpeur d’une stupeur empreinte d’angoisse et de terreur, pour finalement comprendre : une trahison ; un coup d'État.

Alors, il se redressa doucement, lame devant la gorge. Il portrait son armure de cuir, qu’il appréciait pour sa souplesse et sa robustesse dans les combats de traîtres qui se déroulaient souvent dans les cales et les cabines des navires, en plus des ponts au-dessus desquels - et souvent au travers desquels - dansaient ça et là boutres, mâts, voiles, gréements et autres filets d’escalades aux attaches parfois un peu anarchiques. Il fallait pouvoir se faufiler, frapper de l’estoc entre deux marches d’un escalier tortueux ou entre deux literies suspendues dans les ponts inférieurs. Une armure de plate, d’acier ou que sait-on encore, était purement inutile. En cet instant, toutefois, quelle que soit l’armure qu’il portait… Il était à la merci de cette mercenaire patentée qui avait osé être l’instrument d’une trahison ô combien vil.

Une fois redressé, Adriano maintint ses bras et ses mains en évidence, devant lui. Bras fléchis - pour pouvoir réagir - il ne montrait point d’agressivité dans le geste… Mais son visage, lui, montrait tout autre chose. Ses yeux ronds firent place à quelques mirettes malicieuses, froncées par des sourcils fins que quelques rides parachève dans ce tableau de colère et de rancœur. Son regard trahissait toute la violence et la froideur dont il était capable ; et il regardait alors les protagonistes de cette scène absurde comme un charognard regarde une proie agonisante.

« Lâchez vos armes, gardes. Ce n’est pas aujourd’hui que vous mourrez. Nul besoin de voir votre sang couler aujourd’hui, non. » Leur dit-il, dans un ordre semblant aussi être une réflexion interne. « Il n’y a besoin du sang que d’une personne. »

Le sien. Mais surtout, celui de Norbert, qu’Adriano devinait comme l’instigateur de tout cela. Adriano se planta alors dans ses iris, sans craintes ni recul. Il en avait vu d’autres ; il avait vu d’autres combats ; essuyé d’autres pertes… Oui, il avait vécu pire. Et la main froide et squelettique de la mort drapée était déjà parvenue bien plus proche encore de son Souffle qu’à cet instant…

« Tout cela… Pour m’assassiner ? » Lui demandait-il. « Vous barbotez à peine dans la cour des puissants, et déjà, vous tentez vos va-tout ? J’ai vu des étrons flotter avec plus d’aisance que vous, Norbert ; et des eunuques faire preuve de plus de courage ! » Assénait-il, furieux. « Qu’avez-vous fait d’Adélina, mon épouse ? Si vous lui avez fait le moindre mal… A elle, ou à notre enfant à naître, je jure sur tous les dieux qu’aucune de leurs actions ne saurait vous sauver d’une mort douloureuse et longue. Où… EST… ELLE ?! »

Le sourire de l’archonte se transforma en un rire incontrôlable. Les gardes désarmés se firent encercler par la petite troupe de bandits qui les menaçaient tous de leurs armes. L’intendant croisa les bras et observa d’un regard sévère le jeune noble qui avait presque réussi son coup, mais il ne fallait pas traîner plus longtemps. Il lui lança d’une voix forte :

« Norbert, nous avons assez traîné. »

L’hilarité du comte se calma lentement, et il s’éloigna du duc pour se positionner à quelques mètres des soldats aux visages crispés.

« Vous avez raison, conseiller. Mes amis… Liquidez-moi ça. » Il se retourna vers le duc. Derrière lui, l’exécution des gardes impuissants fut prompte et sans appel. Leurs corps sans vie tombaient lourdement au sol, et une flaque de sang se forma à leurs pieds. Adriano regardait la scène avec un stoïcisme affolant. La mort, encore une fois, il ne la connaissait que trop bien. Pour l’avoir vu, ressenti et même donné plus souvent qu’à son tour, il pouvait faire abstraction de ses pensées et voir autrui mourir sans ressentir de grandes peines. La mort de ses gardes, et de son capitaine, toutefois, lui tirèrent quelques grimaces de colère et de rancœur. « Cher Adriano, vos menaces sont vaines. Votre compassion pour votre femme me surprend, tout de même. J’ai été étonné de voir que vous vous soyez associée à une pirate de son espèce. Je me demande bien ce qu’elle a pu vous dire pour vous faire croire qu’elle n’est pas restée à Méca de son plein gré, par amour pour le Rok. Ne vous inquiétez donc pas, elle survivra jusqu’à son procès devant le Roy. Et pour votre enfant… Il ne verra jamais le jour. » Un sourire sinistre se dessina sur ses lèvres. Il se détourna de nouveau, marchant lentement parmi les cadavres pour se placer auprès de l’intendant, à côté de la porte. « Vi. Finissons-en. »


***


Deux jours auparavant, Louis avait contemplé le départ de la petite troupe composée d’Antioche, d’Adélina et des trois chevaliers, jusqu’à ce qu’ils disparaissent derrière une colline. Grégoire et lui restèrent un moment de plus côte à côte, dans le silence le plus total. Au bout de quelques minutes, le soupir du comte héritier brisa ce mutisme et il déclara à voix basse.

« Il est temps de lui faire payer ses actes. Tu es avec moi, Grégoire ? »
« Louis… » répondit le soldat en chuchotant et en se tournant vers lui. « Norbert est trop bien protégé, l’arrêter maintenant ne nous causerait que des problèmes. Nous ne pouvons rien faire aujourd’hui. »
« Je ne peux pas rester là à rien faire, il faut qu’on le neutralise tout de suite. »
« Pas de précipitations, ou nous finirons nous-mêmes en prison, ou pire. »
« Alors quoi, tu veux attendre que le duc arrive et que Norbert le bute, c’est ça ? »

Le chevalier leva ses deux sourcils et entrouvrit la bouche. Visiblement, il ne s’attendait pas à ça.

« Qu’est-ce que tu veux dire ? » demanda-t-il, abasourdi.
« C’est son plan depuis le début, depuis le jour où il est devenu l’archonte d’Ydril. Comte, ce n’est pas suffisant pour lui. Il veut le duché tout entier. »
« … Et quand est-ce que tu as été mis au courant ? »
« Je lui étais loyal, mais tu as raison, Antioche a raison, je ne peux pas lui faire confiance. Je ne peux plus. Et ce qu’il a fait à Lina… Je ne peux pas lui pardonner. »

La bouche du chevalier se referma, et le regard qu’il offrit à Louis en disait long.

« Dans quoi est-ce que tu t’es fourré, Louis ?... »
« Écoute, on n’en est plus là. Il faut qu’il paie, c’est tout. »
« Et tu dis que le duc doit arriver d’un jour à l’autre ? »
« Une missive est partie il y a quelques jours. Je ne comprenais pas pourquoi Norbert a attaqué Adélina, mais maintenant que j’ai vu… La naissance d’un héritier lui aurait causé problème, cela ne faisait pas de doute. »
« Alors attends, ne brusquons pas les choses, et montons un plan. Si tout va bien, nous pourrons mettre un terme à tout ça sans aucun risque pour nous. Retournons au palais, il est important que Norbert ne se doute pas qu’Adélina s’est enfuie. »


***


La nuit même, la porte de la chambre de Louis s’ouvrit. Norbert, en passa le cadre et alla s’asseoir près de lui. Il était très tard, et le garçon était profondément endormi, dans un sommeil aux rêves sinistres, tristes, où Adélina répétait ses adieux. Il ne pouvait qu’y voir un mauvais présage. Il l’appelait, mais elle ne l’entendait pas. Un navire la prenait et le drapeau noir des pirates emplissait tout l’espace. Le comte le réveilla d’une petite secousse qui le tira de ce cauchemar terrible.

« Louis, » murmura-t-il doucement. « Si mes calculs sont bons, Adriano sera là dans quelques jours. Je ne veux pas que tu sois là pour sa mort, il faut que tu aies un alibi si jamais ça tourne mal, afin de pouvoir me tirer de là. »

Mal réveillé, le cadet observa son aîné en se frottant les yeux.

« Quoi ? Et les mercenaires alors ? »
« J’ai fait ce qu’il fallait, j’ai engagé d’autres personnes pour faire le sale boulot. »
« Je… Très bien. Tu as prévu quoi exactement ? »

L’aîné regarda son frère et hésita une demi-seconde. Était-il vraiment nécessaire de lui partager la partie finale de son plan ? L’intendant le lui avait déconseillé, mais l’archonte, au fond de lui, avait peur. Il ne pouvait pas ne pas compter sur son frère. Son absence serait déjà difficile au moment le plus critique, il avait besoin de se confier. Louis était le seul en qui Norbert pouvait avoir confiance, au final. Il déclara à voix basse, ayant presque peur que les murs aient des oreilles.

« Le piège aura lieu dans la chambre d’Adélina, là-haut. Je vais lui faire croire que la duchesse pirate est morte, et lorsqu’il sera éloigné de sa garde… Je n’aurais qu’à le soumettre, et le tuer. Enfin, le faire tuer. »

Le jeune homme acquiesça et referma les yeux.

« Très bien. Laisse-moi dormir maintenant, je ne me sens pas bien. »
« Bien sûr. Bonne nuit frangin. »


***


Deux jours plus tard, le duc arrivait, et comme prévu, Louis n’était pas dans la chambre, mais bien caché dans ce fameux passage secret, aux côtés des trois mercenaires dont la mission avait bien changé. Dorénavant, ils étaient garants de la survie du duc, et le comte héritier leur avait partagé son propre plan à lui. Quand Grégoire apparut devant eux, sa voix retentit en écho dans le couloir sombre.

« C’est l’heure, tenez-vous prêts. »

Le petit groupe se faufila vers le palais et surgit dans les couloirs du palais. C’est en courant qu’ils traversèrent et montèrent les étages qui menaient jusqu’à l’ancienne chambre d’Adélina. Quelques gardes tentèrent bien de les arrêter mais les ordres du chevalier leur laissent finalement le champ libre. Louis repensait à ce Michail qu’il avait croisé presque un mois plus tôt. Il n’aurait peut-être pas été de trop, ici. Le comte héritier se demandait combien d’hommes son frère avait réussi à dénicher, et s’ils seraient suffisamment pour se battre contre les ennemis du duc. Leur course lui parut durer une éternité. C’est bien échauffés qu’ils parvinrent jusqu’à la porte gardée par deux soldats qui les regardaient les yeux écarquillés.

« Laissez-nous entrer ! » La voix de Louis retentissait dans le couloir qui avait presque une allure glauque en cet instant. « Son Altesse est en danger ! »

L’hésitation dans le regard des gardes ne dura qu’un bref instant, avant qu’ils ne s’écartent de la porte en dégainant leurs épées, imitant le groupe armé jusqu’aux dents. Louis s’avança et frappa d’un coup sec le battant en bois du pied, le brisant ainsi pour débarquer en force dans la pièce en hurlant le nom de son frère.

« NORBERT ! »

L’irruption de Louis dans la chambre interrompit le geste de l’adolescente qui s’apprêtait à égorger le duc. D’un bond, le cadet rejoignit son frère et l’empoigna par la hampe de sa veste, la lame de l’épée sous la gorge. Grégoire qui le suivait de près menaça l’intendant qui eut un mouvement de recul, le visage apeuré. Le reste du groupe entra dans la pièce en rang serré, contemplant le spectacle de mort devant eux avec nervosité.

« Qu’est-ce que tu fous, Louis ? »

Mais le frère n’écoutait pas. Il avait reconnu le visage de ces hommes et de ces femmes, et son ventre se tordit de haine. Pas étonnant qu’il ait trouvé leur cache vide à Tylère. Norbert les avait amené ici et les avait lié à ce complot, eux, sa propre famille. Le poing de Louis se serra sur le manche de son épée.

« Vi, lâche le duc. »
« Lou ?... »

La voix tremblante de l’adolescente lui fit surgir une vague d’émotions. Elle relâcha imperceptiblement le poignet de son prisonnier, et sa lame s’écarta de sa gorge. La stupeur fut également de rigueur en l’esprit d’Adriano. Point qu’il ait déjà abandonné toute envie de se battre ou tout instinct de survie face à la supériorité tactique et numérique de Norbert de ses traîtres acolytes, non. Mais il ne s'attendait pas à l'entrée fracassante et impressionnante du frère du Comte félon, Louis d’Ydril. Il voulut dire son nom, mais sa gorge, nouée par la colère et la frustration, ne pouvait laisser passer autre chose qu’un mince filet d’air jusqu’à ses poumons… Jusqu’à-ce qu’une autre sensation ne fasse rejaillir la colère, la haine et la rancœur qui bouillonnaient en Adriano comme le ferait le magma au cœur d’un volcan prompt à entrer en éruption… Cette sensation : l’éloignement de la lame de sa gorge et la perte de force de l’adolescente face à l’irruption de Louis.

Ni une, ni deux, Adriano prit l’ascendant. Il agrippa la lame de l’adolescente de sa main forte, et de sa main faible, lui asséna un violent coup de poing sous le menton. Chancelante et sans doute rendue nauséeuse, Adriano pu largement et facilement la coller contre lui avant de placer à son tour la lame de la dague contre la gorge fluette de la jeune femme.

« Lâchez vos armes ! Et vous vivrez peut-être ! »

Le cri de stupeur et de douleur de Vi fit grincer des dents le cadet, qui lança un regard plein de rage à son frère. Il l’empoigna plus fermement et le poussa contre un mur et lui crachant au visage :

« Pourquoi tu les amenés ici ?! »

Il cria à son tour de colère. Son regard se planta dans celui de son frère qui ne comprenait pas. Louis voyait rouge. Il repensa à Adélina et la perte de son enfant, à cause de Norbert. Il se souvint de ce coup dont il le frappa pour s’échapper de la prison, de cette sensation en le voyant se lier avec Antioche en l’ignorant presque. Et sa famille, qu’il chérissait toujours, et le danger dans lequel son aîné la mettait. Une larme perla dans ses yeux, et il serra les dents. Le visage de son frère le débectait. Il avait appris à le détester. Pendant toutes ces années, Louis lui avait été loyal, son bras exécuteur, son garde du corps, sa force. Norbert ne l’avait jamais considéré au-delà d’un outil. Aujourd’hui, rien n’avait changé. Il ne pouvait plus lui pardonner. Il leva son arme au-dessus de sa tête. Le regard terrifié de son frère suivit la lame et sa bouche s’entrouvrit.

« Louis, att- »

Sa voix se coupa sec. Dans un cri presque animal, les yeux pleins de larmes, le cadet asséna un coup direct vers le bas. Il entendit Grégoire crier son nom, mais rien n’arrêta son geste. Sa lame vint se planter dans le crâne de son frère dans un craquement sinistre. Haletant, Louis fit un pas en arrière et cligna des yeux, lâchant la poigne de son arme, et regarda les paumes de ses mains en tombant à genoux.

Le groupe d’hommes et de femmes regardaient avec stupeur le drame se déroulant sous leurs yeux. Ces deux garçons qui les avaient réunis et accompagnés pendant tant d’années étaient maintenant ennemis ? Ils ne comprenaient pas. Et Vi qui était menacée par l’homme qu’ils étaient censés tuer. Rien n’avait de sens. Les mercenaires et les deux gardes avancèrent vers eux, sans peur, l’épée au poing. Les bandits hésitèrent, échangèrent des regards terrifiés, et finirent par jeter leurs armes et se mettre eux aussi à genoux.

L’esprit d’Adriano, lui, était de moins en moins sensible aux évènements qui se déroulaient devant lui, et de plus en plus arc-bouté sur ses pensées belliqueuses, violentes, pleines de revanche et de châtiments. Sa respiration était lente et profonde ; les battements s’étaient faits puissants, presque douloureux. Ses yeux voyaient presque la scène au ralenti… Une sensation que ne connaissent que les combattants au plus forts et profonds des combats ; ceux qui passent si proche de la mort qu’ils ont pu ressentir le toucher froid de la mort elle-même ; ceux qui auront connu une souffrance si forte, une violence si intense, une peur si poignante, qu’ils n’ont eu d’autres choix que de s’adapter afin de survivre… Ou mourir en essayant. Que faire ? Que dire ?

Ses entrailles ne désiraient qu’une chose : la sensation poignante d’une vengeance assouvie et sanglante. Son esprit, lui, voyait la scène avec la précision d’une lame chirurgicale. Se venger maintenant lui apporterait la satisfaction bestiale d’une vengeance assouvie… Mais risquerait de s’aliéner Louis… Maintenant nouvel Archonte d’Ydril. Car voilà que la lame s’enfonce dans le crâne de Norbert, lui ôtant la vie, avant de laisser choir ce corps devenu telle une poupée de paille. Le sang coulait déjà depuis l’emplacement de la plaie, dans un flux presque linéaire et continu ponctué parfois d’un flux pulsatil, signe que veines et artères avaient été sectionnées avec une précision presque chirurgicale.

« Va-t-en ! »

D’un geste brusque, Adriano éloigna la lame de la dague du cou de Vi, avant de la pousser avec force en direction des autres bandits qui, déjà, se rendaient à Louis et ses forces armées. Plaçant la dague dans sa pogne gauche, il dégaina son épée courte de sa main de force, et s’avança. La colère était si visible que ses yeux s’animèrent d’une pulsion viscérale. Nul doute qu’Adriano, aujourd’hui, était prêt à faire un carnage pour pouvoir retrouver son honneur, son épouse et asseoir sa vengeance sur quiconque aurait un jour aider à tuer son fils à venir. Il se planta devant Louis, protégé par ses gorilles armés, avant d’attraper l’intendant par le cou. De son poing droit - aidé par le pommeau de son épée - il frappa l’homme qui tomba à genou.

« Où est Adélina ?! OU EST-ELLE ?!! PARLE !!! »

Grégoire relâcha l’intendant quand Adriano s’avança vers lui. L’homme semblait tétanisé. L’instant d’avant, tout était parfaitement sous contrôle, et voilà que le frère du Comte était venu tout gâcher. Il encaissa le coup dans un grognement sourd et leva les yeux vers la figure colérique du duc. Il se savait condamné, à présent. Rien ne le sauverait de son courroux. Il lui rendit un sourire à toutes dents couvertes de son propre sang et déclara d’une voix morose :

« En prison, là où cette pirate mérite d’être. »

Le sourire de l’intendant rajouta quelque chose de plus insupportable à cette situation déjà difficilement vivable. Voir invivable, tout court. Adélina était en prison… Accusée encore une fois d’être une pirate… Des choses qui résonnaient dans le crâne du Duc entre deux pensées morbides et violentes, mais qui attisèrent bien plus le feu de sa propre curiosité.

« Adélina n’a jamais été une pirate ! Vous n’avez aucune preuve ! N’ajoutez pas la calomnie à votre coup d’état raté ! »

« Pas de preuve ? Interrogez donc les pirates dans vos cellules. Demandez-leur donc à qui la Rose se serait mariée dans les eaux de Meca. Ce qu’elle aurait donc fait pour les mécans. Et surtout, dîtes-moi pourquoi elle portait ce poignard sur elle ? » Il passa la main sous le revers de son manteau et jeta une lame au sol. « Vous avez épousé une pirate, votre Altesse, l’alliée de celui qui vous considère peut-être aujourd’hui comme son pire ennemi. »

Les yeux d’Adriano se firent plus ronds que des billes. Ses iris s’épaissirent sous l’action de l’adrénaline. Son souffle fut comme coupé pendant quelques secondes, alors que ce qu’il pensait être un mensonge éhonté devint de plus en plus tangible et crédible. Un mariage, sur le navire de ce maudit pirate ? Une dague Mécane attachée à elle ? Par tous les Saints… Il commençait à l’aimer, cette femme… Maudit soit-elle.

« La rose ? » Répétait-il. Ne l’appelait-on point « La rose de Lodiaker » dans le Nord ? « Mariée au Rokvenha… ? » Répétait-il, se redressant, s’éloignant alors de l’intendant, avant de saisir la lame Mécane pour l’observer de plus près. « La rose… »

Il s’éloigna pour de bon… Avant de prendre la direction des geôles. L’épée en main, la dague dans l’autre. Il avait la ferme intention de confronter Adélina.

« C’est inutile, votre Altesse. » La faible voix de Louis sonna comme un glas dans cette chambre maudite. Il refoula d’autres larmes et tourna la tête vers le duc. « Elle n’est plus en prison. Messire Grégoire et moi-même l’avons fait sortir il y a deux jours. » Soudainement, Adriano s’arrêta et, sans attendre, fit demi-tour. Il posa alors son regard sur Louis, avec la même intensité que depuis le début des évènements. Le chevalier d’Ydril acquiesça et reprit à sa suite, l’épée menaçant de nouveau l’intendant. « Elle est à Tylère, en compagnie d’Antioche d’Essenburg et de trois chevaliers loyaux au comté. Elle ne craint absolument rien. » Le regard médusé de l’intendant passa du Comte au chevalier. Il s’apprêta à parler mais le noble sentit la lame de Grégoire lui titiller le menton. « Ne dites plus rien, conseiller. Vous êtes en état d’arrestation pour complot contre son Altesse ducale, et pour avoir trahi le Comté et le Comte d’Ydril, sa Grandeur Louis. »

En entendant ce préfixe à son nom, le cœur de Louis se resserra. Il lança un dernier regard au corps inerte de son frère, et se releva difficilement. Ses yeux s’arrêtèrent sur ceux du duc, et il s’inclina très bas.

« Votre Altesse… Vous n’avez plus rien à craindre de nous. Je nettoierai la noblesse ydrilote par le sang, et je punirai ceux qui vous ont voulu du mal. Je ne désire pas de guerre, et j’ose espérer que vous saurez pardonner à notre comté. »

Face à tout cela, Adriano resta d’abord muet. Il avait vu l’intendant qui, avant d’être interrompu par le chevalier, avait voulu reprendre la parole. Sans doute pour insulter Louis d’avoir libérer Adélina ? Ou pour autre chose de ce genre, ou du même acabit… Il regarda alors tour à tour Louis, et le chevalier… Puis à nouveau Louis.

« Vous le saviez ? » Demandait-il, avec cette intonation dans la voix qui interdisait tout mensonge, tout propos fallacieux, toute insubordination. « Votre promesse ne sera que vide, si vous le saviez avant aujourd’hui. Et jamais je ne pourrais vous le pardonner, ni à vous, ni aux vôtres. » Reprit-il, insistant avec force. « Louis d’Ydril… Antioche vous aura retrouvé, vous et votre lignée, et cela reste encore un exploit à ce jour. Mais votre lignée retrouvée vient d’ores-et-déjà de recevoir l’opprobre sur son nom, et, par extension, la ville… Et mon nom. J’ai accepté le serment de vassalité de votre félon de frère. Et si vos gestes d’aujourd’hui, et vos actions d’aujourd’hui, suffiraient presque à redorer votre blason tant à mes yeux qu’aux yeux du Roy et du monde… Ils fondraient comme neige au soleil… Si vous saviez pour ces accusation de piraterie. Aussi, je vous le demande… Non, je vous l’ordonne. » Il se planta face à Louis, plaça le plat de sa lame sur l’épaule gauche du nouveau Comte, avant de reprendre. « Vous qui avez été accueilli dans mon palais ; vous êtes attiré la sympathie de ma propre fille ; venez de me sauver la vie… Je vous ordonne de me dire : saviez-vous qu’Adélina était mariée au Rokvenha ? Et sinon, saviez-vous au moins son accointance avec les pirates ? Et… Pourquoi l’avez-vous faite s’évader jusqu’à Tylère, alors que mon arrivée prochaine était plus que connue ? » Reprit-il. « Votre frère a tué mon fils à naître… Fils conçu le soir de notre mariage. Adélina me l’avait assuré. Parlez… Car aujourd’hui, vos mots décideront de votre vie, et de celle de votre lignée. »

Louis sentait le fil de l’épée du duc sur son épaule. Tenant le regard de cet homme à peine sauvé qui le menaçait sous les yeux de tout ce beau monde, son visage resta de marbre. En un geste vers les mercenaires qui firent un pas vers lui, vers Grégoire qui semblait pris d’une colère sourde, vers les gardes qui ne savaient trop que faire, vers toute sa famille prête à bondir à son secours, il rassura et stoppa dans son élan l’incertitude et l’envie de protéger l’employeur, l’ami, l’ancien chef, le frère d’armes, le Comte, le suzerain, avant de faire un lent mouvement pour écarter cette lame d’un revers de main, Adriano laissant faire. Le garçon n’avait rien à craindre du duc qui se montrait si antagonisant, semblant tout ignorer de la situation qui n’était clairement pas à son avantage. Le nouvel archonte respirait le calme, bien qu’au fond de lui, une tempête rugissait.

« Écartez cette arme, messire, nos morts engendreraient des guerres bien inutiles. N’allez donc pas me dire que vous croyez à ces piètres tentatives des pirates de semer la discorde et le chaos. J’ai eu vent de ces dires, oui. Ces rumeurs sont belles et bien connues. Je suis donc moi-même allé les vérifier. Vous connaissez mon aversion pour les pirates, je me devais de tirer tout cela au clair. J’ai suivi la trace du Rok, jusqu’à Siriac, pour vous amener sa tête, et la preuve que dame Adélina y soit liée. Eh bien, tout cela était faux. Votre femme n’a rien fait de ce qu’on raconte, j’en suis convaincu. Et ce poignard… Je doute même qu’il lui ait appartenu un seul instant. » Son regard se dirigea vers l’intendant et il pencha la tête sur le côté. « Cette tentative de complot contre vous n’est clairement pas terminée, et l’intendant souhaite probablement jouer ses dernières maîtresses. Ne vous laissez donc pas manipuler, votre Altesse. » Ses yeux se tournèrent de nouveau vers lui. « Quand à la raison qui m’a poussé à éloigner la duchesse… N’est-ce pas évident ? Vous savez pertinemment que Norbert et l’intendant n’ont pas pu agir seuls. Je ne sais pas qui est digne de confiance à Ydril, c’est pour cela que j’ai envoyé la duchesse et Antioche en lieu sûr. »

Adriano restait là, attentif, la main sur le pommeau de son épée tandis qu’il écoutait les dires de celui qui était le nouveau Comte de ces lieux. Dire qu’il était rassuré serait sans doute un mensonge ; dire qu’il était inquiet, un euphémisme. Il sentait, bien-sûr, que des choses s’étaient jouées dans son dos. Bien d’autres choses que ce coup d’état qui manqua de réussir, sans l’intervention de Louis pour déjouer tout cela. En cette action, le nouveau maître des lieux faisait preuve d’un incroyable courage et sens de la loyauté, trahissant son sang pour que survive son suzerain. Mais Adriano trouvait également l’occasion très belle - trop sans doute - de faire là, la démonstration d’un pouvoir et d’une abnégation qui, dès les premières secondes, placeraient Louis sur un piédestal auprès de toute la population Ydrilotte. Nul doute qu’en rentrant, Adriano convoquerais alors ses espions… Et remettrait les points sur les i.

« Point de menace ni de fiel dans mes propos ni dans cette lame sur votre épaule. Vous ne le savez peut-être pas, ou pas encore, mais c’est ainsi, en apposant l’épée d’un souverain sur une épaule offerte, que l’on débute l’adoubement des chevaliers. Ce n’était donc point une menace, mais un symbole… Tout ce que vous diriez, avec cette lame sur votre épaule, serait un serment fait en votre nom, sur votre vie, pour les temps à venir. » Dit-il, expliquant une chose que le jeune noble ne connaissait manifestement pas. La faute à son extraction, sans doute ; avant d’être redécouvert et tiré de là par le fidèle régent. « S’il y a bien une chose que j’ai appris, messire, c’est que rien n’est réellement tel que nous le voyons. Votre frère n’était point un Comte, mais un traître ; le Rokvenha n’était point un simple marin en détresse, mais un pirate que la bonté d’Adélina aura épargné voilà des ennéades. Rien n’est jamais simple… Et les camouflés sont légions. » Rajoutait-il, avant de remettre sa lame au fourreau. « Accordez-moi quelques quartiers, je vous prie. Il me faut dès à présent rassurer ma fille, et prévenir le Roy. Il me faut aussi faire venir quelques gardes supplémentaires pour ma protection personnelle, en plus de vous aider à nettoyer cette ville. Enfin, il me faut donner mes ordres : qu’un navire aille quérir Adélina et Antioche prestement. » Dit-il, pensant déjà à l’après. Il regarda l’intendant, en état d’arrestation. « J’aimerais assister aux exécutions des traîtres. » Ajoutait-il, avant de retourner son attention vers Louis. « Et je ne saurais que trop vous conseiller de mettre immédiatement votre cité en état d’alerte et sous loi martiale, au moins pour quelques jours. Que vos gardes, soldats et officiers contrôlent tous les navires, calèches, tavernes et autres lieux malfamés. Qu’ils contrôlent les lieux publics et les lieux d’exercices du pouvoir. Il semblerait que les partisans de votre frère aient toujours une longueur d’avance : dès lors que la nouvelle ou même la rumeur de votre implication dans la destruction de ce complot sera lancée, ils utiliseront cette avance pour vous distancer, se faire oublier, et même… Préparer quelque chose contre vous. »

Le nouvel archonte regarda le duc en plissant les yeux. Dans ses propos, il ne décelait plus de menace ni d’arrogance, mais une attitude de suzerain protecteur. Ses conseils, il les écouta et les entendit. Louis hocha la tête et s’écarta d’un pas, avant de mettre un genou à terre, et baissa la tête.

« Vous pourrez rester autant qu’il vous plaira, votre Altesse. Vos appartements doivent déjà être prêts. J’assigne messire Grégoire à votre protection rapprochée jusqu’à votre départ. C’est un chevalier fidèle, je n’aurais jamais réussi sans lui. » Le comte se releva lentement et planta son regard dans celui d’Adriano. « Nous avons fort à faire, en effet. La nouvelle de la mort de Norbert… » Il eut une courte pause, et ses yeux se tournèrent tristement vers son défunt frère, avant de reprendre d’une voix tremblante : « … doit parvenir aux seigneurs du Comté. Je me chargerais de les prévenir, il m’en incombe le devoir. Pour le reste des traîtres, je ne les laisserais pas prendre les devants. Je suppose que notre cher intendant possède des informations très intéressantes à ce sujet. » Il eut un sourire sinistre et fit craquer les jointures de ses mains. « Son exécution ne tardera pas. Je nettoierais la noblesse ydrilote de ses intentions grotesques. La lignée d’Ydril ne tombera pas avec moi, je peux vous l’assurer. »

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Le piège Ydrilotte | Louis.
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