La fondation d’Ashaï se confond avec les premières occupations du territoire Vaani, lors de l’époque Nisétienne. L’expansion de l’ancienne capitale le long du rivage de l’Olienne a permis l’installation d’une population modeste, mais qui au fil des ans a su s’installer durablement sur le delta du fleuve. D’abord limitée, le pouvoir local se partageait à l’époque entre les guerriers, les prêtres et les forgerons de bronze et de cuivre. Alors que la ville gagnait en popularité, la garde est devenu la représentation même de cet étrange triumvirat, accrochant à leurs vestes des petites clochettes. Véritables objets d’arts, elles étaient destinée à montrer la bravoure des soldats et appeler la bénédiction des Dieux sur eux.
L’armée cliquetante constituée fut rapidement affublée du nom des Milles Braves d’Ashaï. La légende veut qu’ils furent les derniers à résister à l’avancée de Nisétis. Grâce à leur connaissance des eaux du delta et des marais avoisinants, ils attirèrent l’avant-garde dans les hautes herbes à la tombée de la nuit. Dans la pénombre, les clochettes retentissaient de part et d’autres, perturbant l’ennemi. La bataille qui fit rage alors que la brume se levait est resté dans les légendes ; si la plupart des guerriers périrent sur le champ d’honneur, on loua longtemps leur bravoure. Ils n’auront guère fait gagner que quelques mois de sursis à l’indépendance d’Ashaï, mais une légende était néé, légende que les bardes chantent encore.
La cité d’Ashaï est à l’aûne des merveilles qui longent la côte de l’Ithri-Vaan. Ses bâtiments blanchis à la chaux s’ouvrent tous sur le port, niché au cœur de la ville. Car s’il existait une organisation architecturale particulière, l’on dirait qu’elle s’arrange dans une valse concentrique d’arrondissements et de faubourgs dont le cœur battant demeure la portée économique. En effet, alors que les navires pénètrent dans l’enclave, on retrouve sur les quais les premiers commerces. Il ne faut guère plus de quelques minutes pour rejoindre le grand marché couvert, épicentre de vie. C’est un lieu unique de rencontre et d’animation, où l’on a tôt fait de se perdre dans les petites ruelles agitées. Il y a toujours quelque chose à voir ou à faire là-bas ; on y négocie à même la rue, on y vend mais on y troque également. Ce lieu complexe à appréhender pour qui n’est pas Asharite est un ensemble de placettes, de venelles et d’étales et échoppes. Le marché ne se restreint pas à un lieu précis, mais habite tout un quartier. Même lors des jours les plus calmes, quand vient l’hiver, on y retrouve toujours cette douce folie et ses éclats de voix. Car, au-delà de l’aspect économique, le Souq est un vecteur social non négligeable de la cité ; lieu idéal pour les rencontres publiques comme privées, c’est un point de repère et un lieu d’information inégalé. Un vieux proverbe Asharite dit : « A qui veut savoir s’en va au Souq. A qui sait, revient du Souq ».
Et ce n’est qu’en approchant les limites du Marché que l’on remarque la première dichotomie d’Ashaï. Au Sud-Est, un large mur se dresse, haut de plusieurs mètres, dont l’immense porte de bois est recouverte d’émail vert ; l’impressionnante menuiserie a d’ailleurs valu le surnom d’Ashaï : la cité d’émeraude. Il n’y a pourtant nulles pierreries précieuses dans le coin, mais le vermeil luisant impressionne et annonce la couleur de ce qui se tient derrière. Les Quartiers Sud sont l’apanage des castes dirigeantes de la cité. A peine eut on franchit les portes que l’on se retrouve devant des bâtisses plus cossues sur les pentes d’une colline, pour certaines parées de bas-reliefs aussi beaux que mystérieux. Beaucoup attribuaient ces dessins aux influences nisétiennes, mais d’aucun n’aurait su l’affirmer totalement. Cela faisait partie aujourd’hui de l’artisanat local, et une marque de réussite sociale. Au sommet de la colline s’élève la plus haute tour de la ville, accrochée solidement à un bâtiment carré : l’Hélianthe, palais d’Or, haut lieu de pouvoir Asharite. Surmonté de sa coupole de bronze, il semble s’illuminer lorsque le soleil lèche le métal.
A l’opposé, la partie Nord de la ville est composé des quartiers plus populaires. Mélange d’habitations modestes et de charpentes de bois grinçants, ils sont le cercle le plus éloigné de la cité d’Emeraude. Le vent vient s’engouffrer méchamment dans les terres, longeant les murs qui protègent les Quartiers Sud. Cette branle incongrue de maisons de fortune offre un spectacle saisissant, loin du faste et l’opulence des bâtisses aux bas-reliefs. Ces contreforts sont occupés par des gens simples, qui de rien construisent un tout. Si les travailleurs les mieux lotis ont la chance de posséder des murs de pierre, la plupart des Asharites se contentent de peu, juchant même certaines habitations sur des poteaux de bois, plongeant dans le fleuve. Quatre ou cinq marches – sur une échelle bricolée – séparent le sol du porche.
Et entre, dans une confluence amère, les deux pans de la même cité sont obligés de se côtoyer dans le Quartier des Hommages, où fleurissent les temples et les autels. Peut-être par respect pour l’histoire d’Ashaï, les autorités religieuses se sont toujours fermement opposées à l’installation de lieu de culte dans l’enceinte de murs Glauque. A l’instar du Souq, c’est un lieu où toute la ville se mêle sans distinction. Néanmoins, les chemins pavés intime une certaine pudeur, et il est moins aisé de s’y retrouver pour autre chose que sa dévotion. Bien moins fréquenté, il n’en demeure pas moins un quartier idéal pour une balade introspective, à l’ombre des nombreuses petites courettes abritées par les branches d’un olivier ou d’un oranger.
Le territoire sous le joug des Asharites est relativement étendu pour une cité se situant à l’embouchure de l’Oliya. Enclavée entre les bras du delta, cette partie regroupe la cité dans son ensemble et repousse par-delà l’un des bras du fleuve le reste de la zone contrôlée. Aussi appelée Autre-Terre, son commencement est marqué au Sud-Est par la porte des Gardiennes. Cette impressionnante construction à même la roche a toujours interrogé tant par ce qu’elle représente que son esthétique particulière. Ces femmes ailées aux seins nus encercle le passage étroit qui mène aux plaines fluviales et aux marais salants. C’est un héritage encore bien vivant de leur longue histoire, bien que la signification et même l’artiste se soient perdus dans le temps. Aujourd’hui, elles sont le symbole de la famille dirigeante – quelle qu’elle soit – et pour beaucoup synonyme d’opulence et de prospérité. Toutefois, il existe dans la culture populaire quelques adages plus sinistres à leur propos : « L’ombre des Gardiennes veille, puissante et millénaire, et viendrait à manger quiconque se rirait d’elles ».
Voisine de Thaar au Nord, Baaz’Hima à l’Est et d’Ys au sud, elle profite des mêmes denrées fournit par la terre enrichie par les eaux du fleuve. Ce limon extrêmement nutritif permet de faire pousser quelques céréales, principalement des rizières dans les zones les plus inondées. Vers l’intérieur des terres Vaanies, l’ensemble donne un air chatoyant et prospère, bien loin des secrets que cache la côte. Car en partant vers Ys, c’est le sel qui domine les paysages ; les bassins sont nombreux, s’habillant de teintes rosées, et faisant pousser le cristal blanc si précieux. Un seul chemin serpente entre les marécages, et les anciens aiment à le nommer le marais des Morts, en hommage à l’âpre bataille qui jadis s’y était déroulée. Aujourd’hui, la consonnance était plutôt prêtée à ceux qui, par malheur, succombait dans les salants.
La cité d’Ashaï s’inscrit dans un système oligarchique. Gardant un vestige d’un passé vaguement démocratique, la voix du peuple est encore présente – bien que faiblement – au sein de la classe politique. Les castes sociales sont, par ailleurs, issues des choix politiques établis depuis plusieurs cycles. De manière plus exacte, la société peut se découper en quatre classes distinctes, définissant le poids de chaque individu sur l’organisation générale :
Les Cinq : Organisés dans une chambre suprême, ils représentent le corps souverain depuis la fin du despotat Eldéen. Composés uniquement des Cinq familles marchandes et aristocrates les plus puissantes de la cité, c’est un titre uniquement transmis par le sang. La Chambre est un organe exécutif, complètement soumis à la volonté du Légat. Le Légat (aussi appelé Grand-Pensionnaire) est le quant à lui le seul dépositaire législatif de la gouvernance d’Ashaï. Désigné parmi les Cinq, son accession au titre doit se faire unanimement et seulement à la mort de son prédecesseur ou son abdication. Outre son rôle prépondérant au sein du conseil aristocratique, il est tient également le rôle de chancelier, et dirige les débats de la Diète. Le seul organe dont il ne fait pas directement partit est le Sulpicius, duquel il reçoit et transmet à ses compatriotes les recommandations. Les réunions de la chambre des Cinq se fait au cœur du palais de l’Hélianthe, où seul le Légat a le droit d’habiter à temps plein.
Le Sulpicius : Le Sulpicius est un ordre relativement récent eut égard à la longue histoire de la cité, et qui pourtant n’a pas tardé à obtenir une notoriété impressionnante dans les villes vaanies voisines. C’est un ordre secret, dirigé par le ou la Maximus, dont l’identité pas toujours connue, fait également partie de l’un des autres Hauts-conseils (parmi les Cinq ou la Diète). Au cours du dernier cycle, le Sulpicius s’est établit en congrégation de moins d’une dizaine de membres, extrêmement influents dans les marchés parallèles. Ils représentent donc légalement la partie immergée de l’iceberg ; maitres-assassins, voleurs, trafiquants d’armes et d’humains peuvent alors s’exprimer au travers du Maximus. Le caractère subversif de l’existence d’une telle organisation parallèle a longtemps été décriée, mais permet en un sens de maintenir un status-quo indispensable à la bonne gestion d’Ashaï aujourd’hui. Cela a permis notamment de limiter les conflits ouverts et le truandisme anarchique.
La Diète : La Diète est composée de cent et un représentants, élus parmi et par les Patriciens capables de vote. Elle représente l’équivalence d’une magistrature, découpée en cinq charges administratives. Cette administration complexe a pour vocation d’exécuter la volonté de la Chambre des Cinq, mais également de garantir la prospérité de la cité.
Les Consuls (30) : premiers magistrats d’Ashaï, ce sont les représentant de chaque grande famille, dont les Cinq. C’est le plus haut pouvoir exécutif possible et ainsi, représentent ensemble la plus haute autorité. Ils veillent à la bonne exécution des lois éditées et gèrent eux-mêmes la levée des soldats. Ils nomment d’ailleurs les commandants et les officiers des Mille Braves. Ils sont les seuls à posséder un droit de véto unique contre les décisions prises par le Légat. Toutefois, cette mesure rare est lourde de responsabilité, car seule l’unanimité des votes pourra permettre l’arrêt d’une décision prise par ce dernier.
Les Censeurs (5) : Les censeurs sont nommés tous les cinq ans. Ils allègent la charge des consuls en organisant la taxe péage ainsi que toutes les taxes obligatoires sur le territoire Asharite. C’est une magistrature très honorifique qui permet d’accéder à certains privilèges. Ils sont d’ailleurs souvent choisis comme Consuls à terme. Leur mission, outre le prélèvement de l’impôt, est de répertorier et classer tous les habitants de la région. Ils peuvent ainsi émettre les proportions démographiques, et cartographier les zones les plus sens. Cela permet notamment aux Cinq de discuter des zones habitables, en prenant certaines mesure (comme l’augmentation ou la baisse des taxes). Ils tiennent également les registres civils.
Les Prêteurs (20) : Les prêteurs sont en charge de la justice. C’est une tâche importante car ils se doivent de faire appliquer les lois et sont souvent jury des affaires les plus épineuses. Ils ont aussi un rôle de conseiller judiciaire auprès des Cinq, et a fortiori du Légat. Avec chaque assemblées, ils leur transmettent un billet ayant pour objectif de cibler les plus grosses lacunes juridiques. Ils peuvent suppléer les consuls dans le commandement des Milles Braves – en cas d’absence de ces derniers. Les prêteurs sont pour la plupart les dirigeants des plus grosses corporations, ou des bourgeois.
Les Ediles (6) : Ils ont un rôle clef dans l’entretien d’Ashaï et sa région, puisqu’ils sont en charge du bon approvisionnement en eau et en nourriture. Ils sont aussi garants des travaux sur les bâtiments publics ou privés. Ils se doivent de veiller au pavement des axes primaires, se charge des égouts et de la propreté des sources. Ce sont eux qui doivent organiser les fêtes populaires et les spectacles officiels, conjointement avec les responsables religieux.
Les Questeurs (40) : Ils se chargent de la gestion des finances d’Ashaï, sous la houlette de la Chambre des Cinq, du Légat et des Consuls. Ils sont les gardiens du trésor public et prennent en charge les enquêtes financières ainsi que la gestion des amendes.
Les Patriciens : Les Patriciens sont les habitants d’Ashaï nés et demeurés libres. Ils possèdent la citoyenneté Asharite. Si la cité d’Emeraude n’a pas gardé son système purement démocratique, il reste toutefois l’implication de la plèbe dans la vie politique. Hormis pour les Consuls, les Patriciens ont le droit de participer aux votes ainsi que de se présenter aux sièges de la Diète. Les magistrats sont élus tous les deux ans – sauf dans le cas des Censeurs – parmi une liste exhaustive de noms. Pour pouvoir prétendre au poste, il faut non seulement jouir de la citoyenneté, mais aussi avoir plus de vingt-huit ans et passé l’Honorifique (voir section Culture).
Ashaï s’étend dans le delta de l’Oliyan, ne lui offrant guère de ressources minérales importantes. La région, globalement plane, a permis la mise en place d’un marais abondant, et de plaines fluviales. Le limon apporté par le cours d’eau est assez riche, et permet l’installation de cultures assez vastes au regard du territoire disponible. Cela n’assure peut-être pas l’indépendance alimentaire, mais soulage les finances d’importation. Du reste, l’économie d’Ashaï, ainsi que sa richesse principale, proviennent principalement de la production haline et de ses artisanats locaux.
La ville d’Emeraude tire sa richesse des bassins de sel et les mines, dans les marais non loin de la cité. Passant la porte des Gardiennes, au Sud-Est de la cité d'Ashaï, les eaux saûmatres de l'embouchure ont créé il y a des millénaires de cela un bassin parfait pour la collecte de sel. Ces marais à la merci des grandes marées profitent d'un large réseau de canaux, qui emplissent d'eau salée les vasières. Ces bassins permettent peu à peu la formation de cristaux, richesse suprême pour la conservation de la plupart des aliments. Pour qui n'est pas des environs, les réservoirs à sel sont un drôle de spectacle ; arborant des couleurs rosées, les paludiers tamisent avec attention cette bouillasse stagnante (plus d’informations ici).
Sur les collines en marge du marais, s’étendent la majeure partie des cultures, notamment de chanvre. L’écosystème ainsi créé est propice à l’installation de vers à soie, dont l’élevage est contrôlée par une compagnie. Pauvre en minerai, carrière et bois, la cité est toutefois entièrement dépendante de ses partenaires commerciaux. La principale source de roche est celle des marchands nains des Mille-Caves, bien que certaines compagnies aillent exploiter d’anciennes carrières nisétiennes dans le Nord de l’Ithri-Vaan pour préserver la cohérence architecturale de certains quartiers. Le bois est principalement importé de Péninsule, de même que les minerais de base.
L’industrie d’Ashaï s’articule autour de trois pôles distincts ; le textile, les ressources maritimes et le sel. La première est totalement aux mains de la compagnie l’Aiguille-Dorée, qui depuis de nombreuses années ont su diversifier leurs activités. Les drapiers de la ville se trouvent en amont de l’Oliya, où la plupart des tissus sont foulés et teints, donnant une étrange couleur iridescente à l’eau s’en écoulant. Les tisserands se retrouvent dans les mêmes quartiers, ainsi que les merciers et autres traiteurs de fourrures. Les voileries se trouvent non loin des tanneries, sur la côte opposée à la ville principale.
La façade maritime est occupée par quelques chantiers navals, organisés en arsenaux. Spécialisés dans les bateaux de pêche, et autres barques à fond plat, ils permettent aux populations locales de tirer le meilleur parti de la mer. Certains récifs de la côte présentent également de rares coraux, aux couleurs prisées pour les teintures mais aussi pour la conchyliculture. Cette aquaculture de perles, de fruits de mer et de coraux a permis d’offrir à une petite caste de plongeurs – spécialisés dans la pêche avec de grands oiseaux dressés – et de bijoutiers une émergence dans le système politique Asharite.
Enfin, la Compagnie de Sel, aux mains de la maison Angharad, fait aussi l’une des fiertés locale. Elle emploie une bonne partie de la population citadine précaire, en utilisant notamment des contrats courts, d’une à deux journées, permettant à chacun de se proposer à volonté. Leurs entrepôts, à l’extérieur de la cité, sont reliés par canal au fleuve, ce qui permet à la compagnie de faire transiter l’or blanc facilement. Parmi la chaîne impliquée, on retrouve de nombreux paludiers, souvent esclaves de part la rudesse du travail, mais aussi une milice privée qui s’occupe de la sécurité générale, des négoces et revendeurs.
Si Ashaï n’a pas la primauté, l’existence de nombreuses compagnies est assez notable pour être mentionnée. Principalement Vaanies, les Compagnies regroupent plusieurs corporations sous l’égide d’une seule et même autorité, souvent représentée à la Diète par quelques consuls, voire même à la chambre des Cinq pour les plus importantes. Leur organisation varie d’une compagnie à l’autre, pouvant être centralisée et puissante à l’extérieur ou au contraire, plus lâche et régionale. On compte quatre compagnies aujourd’hui :
L’Honorable Confédération des Fermiers, Brasseurs et Boulangers d’Ashaï, regroupant la plupart des échoppes alimentaires de la ville et d’organisation/obédience libérale.
La Compagnie de l'Aiguille Dorée, principale puissance économique de la ville avec la Compagnie de Sel, elle regroupe toutes les activités liées à la mercerie, draperie, pelleterie, et tissage. Elle gère notamment les corderies et voileries. Une même famille en contrôle les actions depuis trois cent ans et favorise le pouvoir oligarchique actuel.
Les Plongeurs d'Ashaï est certainement la compagnie la plus faible et la moins impliquée dans la politique de la ville. Souvent sous l'influence des Serpents-de-Mer, qui protègent leurs intérêts, les spécialistes des crustacés et mollusques et autre conchyliculture ne s'intéressent que peu à la politique.
La Compagnie de Sel est le contre-pouvoir le plus important aux velléités des autres compagnies. Depuis plusieurs cycles présente à la Chambre des Cinq, elle est uniquement contrôlée par une dynastie familiale. Œuvrant beaucoup au rayonnement global de la cité, elle est très impliquée dans la politique interne et externe, siégeant aujourd’hui au conseil de Thaar.
L’Honorifique est la seule voie possible pour prétendre à la Diète. Outre le titre de patricien obligatoire, les Asharites doivent également avoir suivit ce cursus éducatif particulier. Il s’agit d’un apprentissage commencé avant même la majorité. Les jeunes patriciens doivent se plier aux rigueur des mœurs et des savoirs nécessaires à la prise de fonction. A leur vingt-cinq ans, ils prennent les armes afin d’accomplir deux ans de service militaire en tant qu’officiers au sein des Mille-Braves. Ce n’est que durant une année qu’ils seront promus en tant que « promagistrats ». Ils seront alors au service de la Diète et devront s’acquitter des tâches secondaires (entretien des routes de l’axe secondaire, surveillance de la frappe des monnaies, chargé de la police nocturne, chargé de l’entretien des rues, juges chargés des petits procès…).
Seuls les patriciens ayant une fortune foncière conséquente ou alors les officiers de la garde ayant atteins cette somme peuvent suivre le cursus Honorifique. Ainsi, malgré la citoyenneté donné à un très grand nombre d’habitat, seuls les plus fortunés pourront prétendre à se faire inscrire candidat à la magistrature.
Devenir Patricien d’Ashaï n’est pas simple. Il n’y a que peu de façon d’obtenir la citoyenneté. Le droit peut être acquis de naissance, si l’enfant naît sur le territoire et a au moins l’un de ses parents natif lui aussi. Il peut aussi provenir d’un service rendu à la cité ou être obtenu après au moins deux années passées à tenir commerce ou dans la garde civile. La citoyenneté s’acquiert aussi par mariage, au bout de sept ans. La dernière solution – et la plus improbable – reste l’accord de cette dernière par le Légat lui-même. Ce sont de très rares cas qui nécessitent le rassemblement du pouvoir afin de statuer d’une situation particulière (réfugiés de guerre, demande d’asile). Très peu de demandes aboutissent.
Si l’on distingue les Patriciens des habitants n’ayant pas la citoyenneté, c’est sûrement à cause de la politique particulière de la cité vis-à-vis de l’esclavage. A contrario de la capitale voisine, l’esclavage – quoique toléré et largement pratiqué – est accompagné d’un droit inaliénable des esclaves à pouvoir racheter leur liberté. Le prix de celle-ci est souvent fixée au prix d’achat, mais peut également découler d’une décision de justice. Les malfrats ayant une amende non solvable, ou par décision des Prêteurs, un homme libre peut être destitué de sa citoyenneté (donc de son titre de patricien) et/ou de son libre-arbitre. Les esclaves ayant racheté leur contrat d’esclavage à leur maître ne pourront jamais prétendre à devenir patricien, mais pourront déambuler librement et même s’installer en commerce.
Pur produit de l'Ithri'Vaan, Ashaï a su tirer profit de son héritage nisétien dans sa culture. Toutefois, les ambitions de l’Elda ayant mis à mal la plupart des cités Vaanies ont également eut un contrecoup sur le mélange racial au cœur de la cité d’Emeraude. De plus, la proximité de Thaar ponctionne pour beaucoup la population non humaine. S’il demeure quelques autres races, elles sont minoritaires à l’intérieur de la ville. Il est important de noter que les différentes races font généralement parties de la bourgeoisie, et la plupart sont même des patriciens reconnus. Les Doeben, et dans une moindre mesure les Eldéens, s’ils atteignent le rang de citoyen sont les seuls à ne pouvoir prétendre à la Diète en raison du passé colonialiste de ce peuple, et en mémoire des événements d’Ys la Brûlée.
L’ensemble de la diplomatie est laissée à la discrétion du Légat. Cependant, chaque traité peut être débattu par la Diète et la Chambre des Cinq, à titre consultatif. Le Légat peut généralement nommer des émissaires et des représentants, sauf lors de ses représentations à Thaar ou devant un souverain péninsulaire ayant au moins le titre de Marquis ou de Duc.
Ashaï a été une des premières cités à rejoindre l’association qui deviendrait les Principautés Thaaries en signant nombre de traités avec la ville tentaculaire. Elle est impliquée dans la vie du Conseil et politique de l’ensemble du territoire vaani. Sans viser une image de luxe telle que la raffinée Ys, Ashaï multiplie les efforts pour être perçue comme une ville prospère et civilisée. Si certaines compagnies sont implantées en Péninsule, Ashaï dépend économiquement de la proximité des autres Principautés et de la vente de ses spécialités à ses voisines pour ses exportations.
L’histoire de la ville est lointaine, parfaitement ancrée dans l’Histoire générale des empires qui se sont succédés dans le temps. Ashaï a toujours été une cité épargnée par la présence eldéenne, beaucoup plus établie à Thaar. Les préjugés envers les habitants du Puy sont réels, et les gouvernements de ces dernières décennies ont montré bien du ressentiment à se rapprocher d’eux. Si le commerce avec Esion est acceptable, le Légat s’opposeraient à tout autre rapprochement de la ville avec le Puy.
Cette méfiance provient, en partie, du souvenir encore vif du sort réservé à Ys. Les relations commerciales avec cette voisine sont prospères et florissantes, qui sont bien souvent mentionnées comme les « Jumelles Oliyennes ». Leurs histoires respectives ont développé des industries très différentes mais complémentaires. Par exemple, les libraires d’Ashaï n’hésitent pas à se fournir en papier à Ys, de meême que les tanneurs travauullent en collaboration avec les alchimistes de la Perle. Dans l’autre sens, les chantiers navals d’Ys dévorent une partie de la production de cordage de l’arsenal d’Ashaï, ainsi que les voiles fournies par les drapiers.
Pour autant, la cité d’Emeraude n’est pas dépourvu d’accords commerciaux avec d’autres puissances. Ashaï commerce puis plusieurs génération avec les marchands médianais et du sud du royaume humain, notamment grâce aux compagnies. La ville est la première cité marchande que les marchands péninsulaires atteignent par la voie maritime avec Thaar, facilitant les échanges sans être comparable à la capitale voisine. De plus, la production active de sel est très prisée par les marchands nains, pour maintenir les denrées lors des longs voyages vers le Zagazorn. Quelques flottes profitent aussi de cette richesse pour traverser la mer avec des marchandises sensibles.
Ahsaï est une cité ouverte sur le monde, à l'héritage ancestral. Par conséquent, elle ne fait exception au mélange cultuel qui existe en Ithri'Vaan. On retrouve au coeur du quartier religieux un ensemble de temples, non seulement pentiens mais aussi eldéens et elfiques. Chacun est libre de pratiquer sa foi, pour peu que cela se fasse dans un esprit d'acceptation et de fraternité ; ce qui n'a pas été toujours le cas. Même aujourd'hui, les rancoeurs notamment contre les Puysards poussent quelques courageux à saccager les lieux de culte controversés, et il reste bien entendu une défiance certaine pour tous ceux qui y mettent un pieds. Pour autant, les lois de la ville sont claires, et les punitions envers les auteurs à la hauteur de leurs crimes blasphématoires.
S'il existe une égalité dans le traitement religieux, il n'en est rien pour l'équité : partant du principe que la cité d'Emeraude a grandit autour d'une majorité pentienne, ses temples sont les plus importants, et tout particulièrement le clergé de Tyra. La Voilée possède le plus bel édifice ecclésiastique, eut égard à son importance dans la culture locale. Car Ashaï se distingue par deux pratiques singulières, héritées d'on-ne-sait plus où mais qui sont de véritables liesses populaires :
Les Cloches : Journée chaumée au début de l'hiver, elle est une cérémonie religieuse citadine exceptionnelle qui met en branle tous les habitants dans une procession au travers les rues. A l'origine, cette journée rendait hommage aux fondeurs de cloches, ayant fournit à l'armée locale sa particularité. Durant cette journée, l'on fait sonné le Bourdon, cloche de bronze ancestrale, lançant les festivités dans tous les quartiers de la ville. Le clergé s'occupe de fournir trois offices par Déité en plein air. Le soir venu, ils mènent une retraite aux lampions jusqu'à un arbre au bord de l'eau, qu'on allume en jetant les bougies à son pieds. Le brasier symbolise le renouveau et la prospérité, à laquelle s'ajoute une prière collective à la Noyée pour sa clémence. Le reste de la nuit est dévolue aux chants et aux danses.
Le jour des Morts : Il est coutume au 1er jour du printemps pour les femmes de la ville, de se voiler et aller au bord de l'eau. Mer, étang, fleuve ou même les marais, chacune se doit de porter avec elle une narcisse pour chaque personne regrettée. C'est un jour de souvenir, offert à Tyra elle-même, car elles se devront de rester masquée de tissus jusqu'à la tombée du jour. Il est dit qu'une année de malheur attends celle qui ne se plie pas à la tradition : "qui ne porte ses narcisses à la Soeur Voilée, en rajoutera une à son bouquet".
En dehors de ces deux célébrations particulières, Ahsaï suit les mêmes fêtes que dans le reste des terres.
La Fée Tüss : Il est raconté que bien avant que Nisétis installe la première communauté durable sur le territoire Asharite, résidait un petit groupe de fées. Ces êtres joyeux, aujourd’hui disparus de la région, vivaient paisiblement de la terre et de ses bienfaits. Mais lorsqu’arriva les premiers Hommes, les choses commencèrent à changer. D’abord enjouées à l’idée de partager leurs maigres biens, elles s’aperçurent peu à peu que ces nouveaux arrivants étaient bien moins enclin à répartir équitablement les ressources. Car telle était la constitution des Hommes. Ils s’accaparèrent les champs, bâtirent des murs haut et épais. Le fleuve lui-même fût investit, si bien que les fées n’eurent plus rien. Peu à peu, vidée de tout, elle perdirent leur essence magique jusqu’à disparaitre, toutes. Toutes sauf une. Tüss, la plus gentille et la plus douce de toutes les fées demeura là, hantant de son petit corps cette région qui était autrefois sienne. Si elle ne pouvait faire face aux adultes, elle plongea tant et si bien dans la noirceur qu’elle jura de s’en prendre à tout ce qu’elle pouvait. On dit qu’elle lutte depuis contre les enfants prenant le même chemin que leurs aînés, profitant de leur sommeil pour voler leur dent afin d’offrir un sépulcre à ses sœurs, tombées à cause de l’avarice des humains.
La légende de la Genaude Caligula : Il y a bien longtemps, avant que les premiers écrits ne furent fait, vivait une jeune femme. On disait de Caligula que c'était la plus belle à des lieues à la ronde ; les cheveux blonds, la peau pâle, elle avait les atours que l'on attendait d'une donzelle bonne à marier. Douce, polie, aimable et dévouée, elle faisait la fierté de sa famille. C'est à l'aube de ses quatorze printemps qu'un homme, affable et bien engoncé, vint à sa rencontre. Il lui dit tout ce qu'une jeune fille voulait entendre. Elle en tomba éperduement amoureuse, mais ses parents, inquiets, refusèrent qu'elle ne le fréquente d'avantage. Il n'avait de toute façon fait aucune demande en ce sens et les braves gens ne pouvaient risquer qu'il compromette leur fille chérie. Alors, éplorée, lorsqu'il demanda à Caligula de prendre ses biens les plus précieux et de se vêtir de ses plus beaux habits pour le rejoindre le soir venu, elle n'hésita pas. Elle s'enfuit de chez elle, à peine éclairée par la lune. Elle s'enfonça dans les marais, appelant le nom de celui qu'elle aimât de son coeur. Il finit par la rejoindre, mais lorsqu'il l'étreignit, ce fut sa lame froide qu'elle sentit dans son ventre. Son horreur se mêla à sa peine lorsqu'il la dépouilla, la laissant pour morte au milieu des roseaux, certains qu'on ne le retrouverait jamais plus. On ne sait pas vraiment ce qu'il advint réellement, mais la légende raconte que dans son agonie, Caligula implora Tyra de lui porter son aide afin qu'elle puisse un jour assouvir sa vengeance. Elle lui aurait dit : "Ô Dame Vengeance, soeur tranquille et voilée, toi qui influe sur le monde en silence, entends ma prière. Prends donc ma beauté et donne moi ta Grâce, permet moi d'être ta main et ton doigt en ce monde. Laisse moi devenir ton vaisseau, octroie moi tes pouvoirs, et je te servirai jusqu'à la nuit des temps". Touchée par la détresse de l'humaine, la déesse de la Mort refusa de la prendre en son sein, et la transforma en une créature aquatique aux pouvoirs magiques. Caligula avait perdu tout de sa jeunesse et de sa beauté ; elle avait les cheveux filasses, la peau verdâtre... Même ses propres parents n'auraient pu la reconnaitre. L'on raconte que depuis elle vient en aide aux malheureuses venues dans sa tanière, mais que le prix à payer est toujours bien plus élevé que le résultat. Quant aux hommes malintentionnés s'égarant aux abords de sa chaumière, ils sont inexorablement transformés en concombres de mer, qu'elle déguste le soir venu.
Le sou planté sous le porche : On raconte qu'il y a bien longtemps, un homme était venu tenir commerce à Ashaï. Il était jeune, fringuant et pleins de rêves. Il disait à qui voulait bien l'entendre qu'il serait bientôt l'homme le plus riche du monde ! Et si, dans les premiers temps, on le prit au sérieux, il ne fallut que quelques mois à tous pour comprendre qu'il était sans le sou. Pire encore, il passait simplement ses journées à palabrer sur ses ambitions futiles sans jamais chercher plus de travail. Alors un soir qu'il trainait dans un bouge, un client aviné finit par dire ce que tous pensaient : "et comment vas-tu devenir l'homme le plus riche du monde ?". Ce à quoi, le jeune répondit simplement : "grâce à mon arbre à sou". L'hilarité s'empara de la foule, mais lui ne rit pas - il était même tout à fait sérieux. Les jours qui suivirent il ne cessa de le répéter à qui lui demandait, si bien qu'on fini par lui ordonner de prouver ses dires. "D'accord, en échange de deux sous je te donne le secret pour planter un arbre à sou". Une première personne lui donna sa dîme, puis une seconde et ce fût après toute la ville et même le monde entier qui se bouscula à la porte du jeune homme. Chacun voulait son arbre sou, et si aujourd'hui il n'en existe pas encore, il est clair que grâce à son histoire, le garçon était devenu l'homme le plus riche du monde. C'est pour cela qu'il est coutume de planter un sou sous le seuil des maisons et des commerces, afin qu'y pousse la prospérité.